Assemblée générale: l’AIEA invoque sa contribution à la lutte contre Ebola et demande l’intégration de la technologie nucléaire dans le futur programme de développement
Le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a invoqué aujourd’hui la contribution de son Agence à la lutte contre Ebola pour demander à l’Assemblée générale d’intégrer la science et la technologie nucléaires dans le programme de développement pour l’après-2015. L’Assemblée a entendu M. Yukiya Amano présenter son rapport annuel d’activités, avant d’adopter une résolution sur l’AIEA*.
Le Directeur général de l’Agence internationale a en effet rappelé que le mois dernier, son Agence a annoncé la fourniture d’équipements spécialisés de diagnostic pour aider la Sierra Leone à lutter contre la maladie à virus Ebola, un appui semblable étant prévu pour la Guinée et le Libéria. Ces équipements aideront les pays à diagnostiquer la maladie en quelques heures à peine grâce à la technologie RT-PCR dérivée du nucléaire.
Il faut reconnaître, a dit M. Yukiya Amano, que la science et la technologie nucléaires ont beaucoup à offrir au développement durable dans des domaines tels que la santé, l’agriculture, la gestion des eaux et les applications industrielles, sans oublier l’énergie. Le Directeur général a donc appelé les États à faire en sorte que l’importance de cette science et de cette technologie soit explicitement reconnue comme élément central du programme de développement pour l’après-2015.
Pour les décennies à venir, a-t-il prévenu, un des défis majeurs sera l’approvisionnement en énergie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or, a souligné le Directeur général, le nucléaire est l’une des sources d’énergie qui émet le moins de dioxyde de carbone au même titre que l’électricité hydraulique ou éolienne. Plusieurs pays ont appuyé cet argument, défendant le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Avec ses 180 millions d’habitants, le Pakistan, a indiqué son représentant, prévoit de produire 40 000 mégawatts avant 2050 à partir, entre autres, de cinq nouvelles centrales nucléaires, toutes surveillées par l’AIEA.
Le Directeur général de l’Agence internationale a affirmé avoir vu partout des progrès dans la sûreté nucléaire depuis l’accident de Fukushima Daiichi sur lequel l’Agence publiera « un rapport important ». Le Japon, a d’ailleurs indiqué son représentant, a déposé, le 23 juin dernier, son instrument d’acceptation de l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matériels nucléaires.
Devant cette réponse favorable à l’appel qu’il n’a cessé de lancer, le Directeur général de l’AIEA a en effet prévenu que dans les années à venir, il faudra examiner la dimension « sécurité » d’autres questions importantes, comme le déclassement de vielles centrales nucléaires et la prolongation de la durée de vie des centrales. La prochaine Conférence internationale sur la sécurité nucléaire, qui aura lieu en décembre 2016, sera l’occasion d’examiner les progrès et de définir le travail futur, a-t-il espéré.
S’il n’a rien révélé de neuf sur les programmes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée et de la Syrie, le Directeur général de l’AIEA a constaté des « développements importants » dans la mise en œuvre des garanties par l’Iran qui « a mis en œuvre la plupart des mesures pratiques prévues dans le Cadre de coopération avec l’AIEA mais pas toutes ». Par conséquent, s’est résigné le Directeur général « l’Agence ne peut conclure que tous les matériels nucléaires en Iran sont dédiés à une utilisation pacifique ». Il a appelé l’Iran à proposer de nouvelles mesures pratiques pour la prochaine étape de leur coopération.
L’Iran est attaché à poursuivre sa coopération, a assuré son représentant, tout en rejetant la « possible dimension militaire » ou « PMD », « notion peu pertinente » dont aucune mention n’est faite dans le Cadre de coopération avec l’AIEA. L’Iran continuera à travailler avec l’AIEA pour « clarifier certaines ambigüités » mais réaffirme que les domaines liés à la sécurité nationale, dont les capacités de défense, ne font l’objet d’aucune négociation à quelque niveau que ce soit, a précisé le représentant.
Si le travail de l’AIEA est fondamentalement un travail technique, il ne fait aucun doute que ses opérations se déroulent dans un contexte politique, a souligné le représentant iranien qui, avec des pays comme la Chine ou la Fédération de Russie, a jugé « essentiel » que l’AIEA fasse preuve d’impartialité dans ses vérifications. Une solution mutuellement acceptable sera possible quand la réalité du programme nucléaire iranien sera dûment prise en compte et les exigences excessives abandonnées, a tenu à ajouter le représentant iranien en pensant au Plan d’action conjoint que son pays a signé avec les E3+3 – Allemagne, France, Royaume-Uni + Chine, États-Unis, Fédération de Russie.
La Fédération de Russie a justement dû répondre aujourd’hui à la « rhétorique belliqueuse » de l’Ukraine. Le représentant de cette dernière a appelé les autorités russes à s’abstenir de toute action pouvant constituer une violation du statut non nucléaire de l’Ukraine, y compris la prétendue « République de Crimée » et la ville de Sébastopol occupée.
Depuis le référendum libre du 16 mars 2014, le statut des sites nucléaires de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol se trouve sous la juridiction de la Fédération de Russie qui est prête à fournir à l’AIEA la possibilité d’organiser des vérifications complètes, a affirmé le représentant russe.
Dans la résolution qu’elle a adoptée aujourd’hui, l’Assemblée générale réaffirme son appui à l’AIEA pour le rôle indispensable qu’elle joue en encourageant et en facilitant l’application pratique des utilisations de l’énergie atomique à des fins pacifiques ainsi que pour ce qu’elle apporte dans les domaines du transfert de technologies aux pays en développement et de la sûreté, de la vérification et de la sécurité nucléaires.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
*A/69/L.7
RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE (A/69/255)
Déclarations
Au moment où les États examinent les objectifs de développement durable pour l’après-2015, a estimé M. YUKIYA AMANO, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il faut reconnaître que la science et la technologie nucléaires ont beaucoup à offrir à ce type de développement dans des domaines tels que la santé, l’agriculture, la gestion des eaux et les applications industrielles sans oublier l’énergie. Le Directeur général a appelé les États à faire en sorte que l’importance de la science et de la technologie nucléaires soit explicitement reconnue comme élément central du programme de développement pour l’après-2015.
Le programme de coopération technique de l’AIEA, a souligné le Directeur général, joue un rôle clef pour ouvrir l’accès des pays en développement à la science et à la technologie nucléaires à des fins pacifiques.
L’impact du travail de l’AIEA sur la vie quotidienne de millions d’individus dans le monde est extraordinaire et mérite d’être mieux connu, a estimé le Directeur général en citant l’irradiation pour maintenir plus longtemps la fraîcheur des aliments et les protéger des parasites ou l’analyse du rapport isotopique pour déterminer l’authenticité des aliments comme le vin ou le miel.
Le contrôle du cancer dans les pays en développement reste en tête des priorités de l’Agence, a poursuivi le Directeur général, en rappelant que le Programme d’action pour le traitement du cancer travaille avec d’autres partenaires comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour aider les pays en développement à mettre sur pied leurs propres programmes.
Le mois dernier, l’AIEA a annoncé la fourniture d’équipements spécialisés de diagnostic pour aider la Sierra Leone à lutter contre la maladie à virus Ebola, un appui semblable étant prévu pour la Guinée et le Libéria. Ces équipements aideront les pays à diagnostiquer la maladie en quelques heures à peine grâce à une technologie dérivée du nucléaire appelée RT-PCR.
Un des défis majeurs, pour les décennies à venir, a prévenu le Directeur général, sera l’approvisionnement fiable d’énergie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le nucléaire, a-t-il dit, est l’une des sources d’énergie qui émet le moins de dioxyde de carbone comme l’électricité hydraulique ou éolienne. Cette année, a-t-il indiqué, le Forum scientifique de l’AIEA, qui s’est tenu en septembre dernier, s’est focalisé sur la gestion et la destruction des déchets radioactifs. Par ailleurs, des progrès continuent d’être faits dans l’amélioration de la sûreté nucléaire: « j’ai vu des améliorations concrètes dans chaque centrale nucléaire que j’ai visité depuis l’accident de Fukushima Daiichi ». L’année prochaine, a annoncé le Directeur général, l’AIEA publiera un rapport important sur cet accident.
Dans les années à venir, a-t-il estimé, il faudra examiner la dimension « sécurité » d’autres questions importantes, comme le déclassement de vielles centrales nucléaires et la prolongation de la durée de vie des centrales. En l’occurrence, le Directeur général a affirmé qu’il faut travailler de toute urgence à l’entrée en vigueur de l’Amendement de 2005 à la Convention sur la protection physique des matériels nucléaires. La prochaine Conférence internationale sur la sécurité nucléaire aura lieu en décembre 2016 et ce sera l’occasion d’examiner les progrès et de définir le travail futur.
Le Directeur général a ensuite abordé les questions liées au programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), sans rien dire de neuf. Sur la Syrie, il a affirmé qu’aucune information n’est venue contredire l’évaluation de mai 2011 selon laquelle l’immeuble détruit sur le site de Dair Alzour abritait probablement un réacteur nucléaire qui aurait dû être déclaré à l’Agence.
En revanche, s’agissant de l’Iran, il a fait part de « développements importants » dans la mise en œuvre des garanties. En novembre 2013, a-t-il rappelé, l’Agence et l’Iran ont convenu de coopérer pour résoudre toutes les questions passées et présentées en vertu d’un Cadre de coopération. L’Iran, a dit le Directeur général, a mis en œuvre la plupart des mesures pratiques prévues par le Cadre mais pas toutes.
Parallèlement, le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA a autorisé cette dernière à mener des activités de contrôle et de vérification liées aux mesures consacrées dans le Plan d’action conjoint signé entre les E3+3 et l’Iran. Après avoir effectué cette « double charge de travail », a conclu le Directeur général, l’AIEA « n’est pas en mesure de donner des assurances crédibles sur l’absence de matériel et d’activités nucléaires non déclarés. Par conséquent, l’Agence ne peut conclure que tous les matériels nucléaires en Iran sont dédiés à une utilisation pacifique ». Le Directeur général a proposé à l’Iran de proposer de nouvelles mesures pratiques pour la prochaine étape de leur coopération.
M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne, a salué le projet de résolution qui est sur la table de l’Assemblée générale par laquelle cette dernière réaffirme « le rôle irremplaçable » que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) joue, en encourageant et en facilitant la mise au point et l’application pratique des utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il a aussi salué l’apport de l’AIEA dans le transfert des technologies aux pays en développement, et dans la sûreté, la vérification et la sécurité nucléaire. L’Union européenne, qui est favorable à une action multilatérale contre la prolifération des armes de destruction massive, attache la plus grande importance à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). De même, elle appuie le Plan d’action adopté en 2010 lors de la Conférence des parties chargées d’examiner le TNP et réaffirme son engagement en faveur d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. À cet égard, le représentant a regretté que la Conférence sur la création d’une telle zone, prévue pour 2012, ait été reportée.
L’Union européenne, a déclaré M. Mayr-Harting est « profondément préoccupée » par les défis que la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la Syrie et l’Iran posent au régime de non-prolifération. Il a noté les développements importants qui se sont produits au cours de l’année écoulée dans le cas de l’Iran. Pour l’Union européenne, le Conseil de sécurité, en tant qu’arbitre final de la paix et de la sécurité internationales, est mandaté pour agir en cas de non-respect des obligations du TNP, y compris les accords de garanties. L’Union, qui est très attachée aux normes de sûreté nucléaire, appelle à l’universalisation sans délai des accords de garanties généralisées et des protocoles additionnels.
Le représentant a indiqué que le Conseil européen avait adopté le 8 juillet 2014 une nouvelle directive pour renforcer la sûreté des installations nucléaires. Elle vise à prévenir les accidents, et, s’il s’en produit, à en atténuer les conséquences et à limiter l’introduction de substances radioactives dans l’environnement. À ce sujet, le représentant a dit attendre avec impatience la Conférence diplomatique de 2015, au cours de laquelle sera également discutée la Convention sur la sûreté nucléaire. Enfin, l’Union européenne fait partie des principaux contributeurs au Fonds pour la sécurité nucléaire, ayant déboursé environ 40 millions d’euros à ce jour en faveur d’une centaine de pays. Elle appuie aussi le Programme de coopération technique de l’AIEA et a débloqué 225 millions d’euros pour la période 2014-2020 afin de promouvoir la sûreté nucléaire, la protection contre les radiations et l’application de garanties efficaces pour les matières nucléaires dans des pays tiers.
M. ABHISHEK SINGH (Inde) a tout d’abord mentionné les bénéfices découlant du programme nucléaire de l’Inde pour la production d’électricité, avant de détailler les garanties de sécurité qui entourent ce programme. Le protocole additionnel à l’Accord signé entre l’Inde et l’AIEA pour l’application des garanties relatives aux installations nucléaires civiles indiennes est entré en vigueur le 25 juillet dernier, a-t-il dit. Le délégué a insisté sur le rôle majeur que joue l’Agence pour balayer les malentendus au sein de l’opinion publique et dans le chef des États membres sur la sûreté des installations nucléaires. L’Inde s’est engagée à appliquer les normes de sécurité les plus strictes, ce que l’AIEA a pu apprécier lors de la visite qu’elle vient d’effectuer sur le site des réacteurs Tarapur 1 et 2, a-t-il dit. En ce qui concerne le défi posé par les déchets nucléaires, le délégué a indiqué que son pays était l’un des deux pays nucléaires avancés à pouvoir séparer les actinides mineurs des déchets de haute activité. « Cette approche pourrait permettre de réduire substantiellement la durée de vie des déchets radioactifs, approximativement de 1 000 ans à environ 300 ans. »
Le délégué a souligné l’apport de l’énergie nucléaire pour la réalisation des objectifs de développement durable que l’Inde s’est fixés, avant de dire son appréciation des programmes conduits par l’AEIA dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de la gestion des eaux et de la protection de l’environnement. L’adhésion de tous à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et l’entrée en vigueur rapide de son Amendement de 2005 seraient cruciaux pour l’intensification des efforts internationaux dans le domaine de la sûreté nucléaire, a-t-il enfin affirmé. Rappelant que son pays est partie à ladite Convention et qu’il a ratifié l’Amendement de 2005, le représentant a encouragé l’Agence à continuer ses efforts en vue de l’entrée en vigueur dudit Amendement.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (Iran) a prédit que l’énergie nucléaire allait jouer un rôle essentiel dans le développement d’un grand nombre de pays en développement. Sur 72 réacteurs nucléaires en construction dans le monde, 42 se trouvent en Asie, a-t-il noté. Dans ce contexte, il est évident que l’AIEA a une responsabilité dans la gestion de cet intérêt accru pour l’énergie nucléaire au niveau mondial. En vertu des Articles II et III de son Statut, a souligné M. Dehghani, l’AIEA doit aider les États Membres à faciliter la mise au point et l’application pratique des utilisations de l’énergie atomique à des fins pacifiques. Toutefois, a-t-il averti, tout effort visant à renforcer les garanties doit respecter la souveraineté des États Membres.
L’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques revêt une grande importance pour le développement scientifique, technologique et économique de l’Iran, a insisté son représentant. L’Iran reconnaît ses obligations juridiques en vertu du TNP, mais elle est déterminée à exercer ses droits nucléaires et à satisfaire les besoins énergétiques de son pays, a-t-il ajouté. À cet égard, le pays a beaucoup investi dans la construction d’une infrastructure nucléaire et réalisé des progrès importants dans l’application civile de la science et de l’énergie nucléaires dans les domaines médical, agricole et industriel. Ainsi, la centrale de Bushehr est-elle maintenant opérée par un personnel iranien avec l’assistance de spécialistes russes.
« La coopération avec l’AIEA occupe une place centrale dans la politique nucléaire de l’Iran », a affirmé M. Dehghani. Toutes les activités et installations en Iran sont placées sous le régime de garanties de l’AIEA. L’Iran a coopéré avec l’Agence bien au-delà de ses obligations juridiques découlant du TNP et de l’Accord de garanties, a-t-il ajouté. Par conséquent, le non-détournement des matériels et des installations nucléaires déclarés a toujours été vérifié et confirmé par tous les rapports de l’Agence.
L’Iran est attaché à poursuivre sa coopération avec l’Agence et l’année dernière, un nouveau chapitre de coopération a été ouvert et des progrès importants ont été faits. L’Iran a démontré sa volonté politique de continuer son approche constructive pour résoudre toutes les questions passées et présentes. Mais, a souligné le représentant, l’Iran n’a pas reconnu la prétendue « possible dimension militaire » ou « PMD », et d’ailleurs aucune référence à une « notion aussi peu pertinente » n’est faite dans le Cadre de la coopération avec l’AIEA. D’après le représentant, il n’y a jamais eu de documents authentifiés pour les allégations liées à la « PMD » et même l’Agence n’a pas les moyens de valider, de manière indépendante, les documents en question. L’Iran continuera à travailler avec l’AIEA pour « clarifier certaines ambigüités ». Toutefois, les domaines liés à la sécurité nationale, dont les capacités de défense, ne font l’objet d’aucune négociation à quelque niveau que ce soit.
Si le travail de l’AIEA est fondamentalement un travail technique, il ne fait aucun doute que ses opérations se déroulent dans un contexte politique, a souligné le représentant qui a jugé « essentiel » le respect d’une totale impartialité dans l’exécution du mandat de l’AIEA pour préserver son autorité, sa crédibilité et la confiance des États Membres. Les droits inaliénables des parties au TNP de développer l’énergie atomique doivent être respectés par tous et les divergences ne peuvent être résolues que de manière pacifique, a-t-il conclu. Une solution mutuellement acceptable sera possible quand la réalité du programme nucléaire iranien sera dûment prise en compte et les exigences excessives abandonnées.
M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) s’est dit en faveur du renforcement des capacités de l’AIEA. Il a tout de même invité l’Agence à faire preuve d’impartialité dans ses vérifications. Il a défendu les droits des États parties au TNP à développer l’énergie nucléaire à des fins civiles. Il a encouragé l’Agence à intensifier ses efforts pour l’échange des pratiques exemplaires dans le domaine de la sûreté nucléaire. Avant de conclure, le représentant a jugé « inadmissible » la modification de l’ordre du jour de l’Agence. Il a donc demandé au secrétariat de l’AIEA de tenir dûment compte du point de vue de tous les États dans l’élaboration de cet agenda.
M. KHALIL HASHMI (Pakistan) a déclaré que son pays est confronté à de graves déficits énergétiques et pour y faire face, il puise à toutes les sources. Le Pakistan prévoit de produire 40 000 mégawatts avant 2050. Le pays a installé cinq centrales nucléaires dont deux réacteurs de recherche. Les plus anciennes ont été déclassées en 1972 et deux autres centrales, qui produisent 340 mégawatts chacune, le seront en 2016. Toutes les centrales nucléaires du Pakistan sont garanties par l’AIEA, a souligné le représentant qui s’est enorgueilli de l’existence de 18 centres pour le traitement du cancer et de médecine nucléaire. Le représentant a aussi souligné l’importance de la technologie nucléaire dans la production agricole et alimentaire pour un pays de 180 millions d’habitants. Le Pakistan souhaite partager son expérience et celle de ses centres de formation, en collaboration avec l’AIEA.
Le représentant a également dit que durant la dernière décennie, le mécanisme de réglementation nucléaire est devenu un système efficace soutenu par une infrastructure robuste. L’autorité de régulation nucléaire du Pakistan se fonde sur les normes de sûreté de l’AIEA. L’autorité s’est aussi soumise à un examen indépendant par les pairs. Une mission de 25 experts de l’AIEA issus de 15 pays différents a été conduite cette année. Au Pakistan, la sécurité nucléaire repose sur cinq piliers à savoir un système de contrôle et de commandement, un système de renseignement intégré, un régime de réglementation rigoureux, un régime de contrôle des exportations et une coopération internationale active. Le Pakistan a aussi déployé ses mécanismes de détection à plusieurs points de sortie et d’entrée pour prévenir le trafic de matériaux nucléaires et radioactifs. Le Pakistan a contribué volontairement aux sources d’information de l’AIEA y compris la base de données sur les incidents et les cas de trafic.
Mme FARAH AL-GHARABALLY (Koweït) a félicité les pays qui viennent d’accéder à l’AIEA. Soulignant que son pays fête le cinquantième anniversaire de son accession, elle a appuyé tous les programmes et activités liés au développement pacifique de l’énergie nucléaire, car les avancées socioéconomiques des pays passent par l’accès à l’énergie, dont l’énergie nucléaire, a-t-elle souligné. À ce sujet, le Koweït coopère avec les États du Conseil de coopération du Golfe dans un programme conjoint d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.
Depuis son accession au TNP, le Koweït collabore avec le programme de coopération technique de l’AIEA, a poursuivi la représentante qui a jugé nécessaire de renforcer les capacités des pays dans la gestion des matières radioactives. Le Koweït accorde une grande importance à la base de données de l’Agence sur le combustible nucléaire, à laquelle elle a versé 10 millions de dollars. Convaincue que l’AIEA joue un rôle clef dans la prévention de l’utilisation du nucléaire à des fins militaires, la représentante a demandé à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu’il place ses installations nucléaires sous le contrôle et le système de garanties de l’AIEA, car son refus empêche l’universalisation du TNP et la réalisation d’un régime de non-prolifération au Moyen-Orient.
Mme LIM MING JING (Singapour) a rappelé que son pays avait adhéré à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires (CPPNM) et ratifié l’Amendement de 2005, avant d’encourager les États qui ne l’ont pas encore fait à faire de même. Elle a apporté le soutien de son pays à la proposition d’amendement introduite par la Suisse lors de la sixième Conférence d’examen de la Convention sur la sûreté nucléaire d’avril 2014 en vue de renforcer la sûreté des nouveaux et anciens réacteurs nucléaires. « Nous attendons que l’AIEA publie son rapport complet sur l’accident nucléaire de Fukushima », a-t-elle poursuivi.
Elle s’est ensuite dite encouragée par les développements positifs enregistrés dans le dossier du programme nucléaire iranien. Notant néanmoins que l’Iran n’avait pas pleinement appliqué les mesures agréées lors de la troisième phase du cadre de coopération, elle a invité ce pays à les mettre en œuvre rapidement. Elle a ensuite exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité et à coopérer promptement avec l’AIEA, avant de se dire en faveur de l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est. Enfin, la déléguée de Singapour a tenu à saluer la coopération entre l’AIEA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’utilisation de la technologie nucléaire pour améliorer la sécurité alimentaire.
M. EVGENY LAZAREV (Bélarus) a reconnu que son pays dispose d’un projet de construction de centrale nucléaire mais qu’il est ouvert à la coopération avec l’AIEA et avec d’autres pays. Le représentant a souligné l’importance des programmes de coopération technique de l’AIEA et l’a exhorté à les élargir. Il a ajouté que l’aide aux régions touchées par l’accident de Tchernobyl reste d’actualité et que l’AIEA devait être le chef de file de ces opérations d’assistance.
M. NEGASH KIBRET (Éthiopie) a indiqué que les garanties de sécurité de l’AIEA étaient les éléments essentiels du régime de non-prolifération. Il a détaillé la coopération technique fournie par l’Agence pour le renforcement des capacités de son pays, notamment en ce qui concerne le contrôle des mouches tsé-tsé, le traitement contre le cancer ou bien encore l’analyse hydraulique isotope. Il a plaidé pour un financement suffisant et adéquat des programmes de l’AIEA, en veillant à ce que les ressources soient allouées équitablement entre les activités de sûreté nucléaire et celles de coopération technique.
M. Kibret a indiqué que le projet de coopération le plus important avec l’AIEA, celui visant à éradiquer la mouche tsé-tsé au sud de la vallée du Rift, avait permis des progrès importants. Il a demandé à l’Agence de renforcer davantage encore les unités de médicine nucléaire et de radiothérapie mises en place dans les Facultés de médecine éthiopiennes. Enfin, il a demandé que le Programme de coopération technique de l’AIEA, « crucial pour le transfert de technologies vers les pays en développement », bénéficie d’un financement accru.
M. WANG MIN (Chine) a constaté que l’AIEA avait réalisé son mandat « de bonne foi » au cours de l’année écoulée. La Chine et l’AIEA ont mené une coopération complète et efficace à différents niveaux et dans plusieurs domaines. Il s’est félicité de constater que l’application de la technologie nucléaire était de plus en plus large et que les garanties couvraient un nombre croissant de structures. Préoccupé toutefois par le manque de progrès dans la non-prolifération, le représentant a estimé que « le risque de terrorisme nucléaire ne peut être ignoré ». Il a préconisé une coopération approfondie en matière d’énergie et de technologies nucléaires et concrètement, a encouragé l’AIEA à traiter des conséquences de l’accident de Fukushima avec le Japon, au nom de la sûreté et de la sécurité nucléaires. Il a réclamé une application impartiale et volontaire du régime de garanties, avant de souligner que les questions relatives à l’énergie nucléaire doivent être gérées par le dialogue et les consultations.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a indiqué que la gestion des conséquences de l’accident de Fukushima Daiichi reste importante pour son pays. Le Gouvernement a formulé des plans de prévention et est déterminé à travailler, de manière intégrée, pour résoudre la question de la contamination de l’eau. La dissémination de l’information à la communauté internationale et au Japon reste essentielle, a affirmé le représentant. Avec la mise à jour du processus de déclassement et les mesures sur les eaux contaminées, des informations sont rapportées à l’AIEA sur une base régulière et publiées sur le site Internet de l’Agence. La sûreté alimentaire est assurée par des systèmes administratifs renforcés et un rapport sur la sûreté des produits de la pêche couvrant tout sur cette question a été publié et mis à la disposition de la communauté internationale en mai dernier. En ce qui concerne l’amélioration de la sûreté nucléaire nationale et internationale, le Japon a déposé son instrument d’acceptation de l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matériels nucléaires le 27 juin de cette année. De plus, il recevra en février de l’année prochaine la mission internationale de Service consultatif international sur la protection physique de l’AIEA.
À propos de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant a indiqué que la poursuite du programme de missile et nucléaire de ce pays est préoccupante non seulement pour le Nord Est de l’Asie mais aussi pour toute la communauté internationale. Le Japon exhorte que la RPDC abandonne tous ses programmes nucléaires, y compris l’enrichissement de l’uranium de manière complète, vérifiable et irréversible et suspende toutes les activités qui y sont relatives. Le Japon exhorte fortement la RPDC à prendre des actions concrètes vers la dénucléarisation, à s’abstenir d’actes de provocation et à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et la Déclaration commune des Pourparlers à six. À propos du programme nucléaire iranien, le Japon, a dit le représentant, appuie pleinement les efforts menés par les Gouvernements des E3+3 pour une solution définitive. Le Japon supporte aussi le rôle de vérification et de contrôle de l’AIEA pour garantir la nature pacifique du programme nucléaire de l’Iran ainsi que ses efforts pour résoudre toutes les questions en suspens.
M. JAMAL JAMA AL MUSHARAKH (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays continuait de faire des progrès significatifs dans le développement de son programme nucléaire à des fins pacifiques. « Les leçons de l’accident de Fukushima ont été tirées et des mesures ont été prises rapidement pour une évaluation complète de la sécurité de la centrale nucléaire de Barakah qui est en cours de construction », a-t-il affirmé. Le délégué a mentionné le Plan de travail intégré signé avec l’AIEA en 2013 qui coordonne l’action de l’Agence dans son pays, notamment dans les domaines de l’énergie nucléaire, de la santé et de l’agriculture.
Il a rappelé que l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques demandait que les instruments internationaux adoptés dans le domaine de la non-prolifération soient pleinement appliqués. Le délégué a en conséquence exhorté tous les États Membres sur le point d’acquérir la capacité nucléaire à permettre à l’Agence de conduire ses activités de vérification. En conclusion, il a appelé de ses vœux la tenue dans les plus brefs délais d’une Conférence en vue de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a fait remarquer que son pays participait activement aux activités du Réseau des organismes de réglementation nucléaire ou des autorités compétentes de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEANTOM). La Malaise appuie aussi les initiatives du Projet international sur les réacteurs nucléaires et les cycles du combustible nucléaire innovants (INPRO) de l’AIEA. Pour ce qui est du régime de sûreté nucléaire, la Malaisie attend avec impatience la finalisation du rapport complet de l’Agence sur l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi.
En tant que Centre d’appui national pour la sécurité, la Malaisie se félicite de sa coopération avec l’Agence pour disséminer les meilleures pratiques et partager les expériences dans la région, a ajouté le représentant. La Malaisie appuie l’utilisation pacifique de la science et de la technologie nucléaires dans l’agriculture, la biotechnologie, l’industrie, l’environnement et la médecine. À cet égard, le représentant a reconnu les progrès réalisés dans les projets conduits dans le cadre des activités coordonnées de recherche de l’AIEA. Le cinquantième anniversaire de la collaboration entre l’AIEA et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a été célébré à Vienne en septembre dernier, un évènement lors duquel la Malaisie a reçu un prix pour ses applications nucléaires de la sélection par mutation.
Par ailleurs, M. Haniff a salué le Programme de coopération technique de l’AIEA qui devrait selon lui recevoir des ressources suffisantes. Il a indiqué que son pays accueillait depuis 11 ans un programme de formation sur la sûreté des sources de radiation.
M. NURAN NIYAZALIEV (Kirghizistan) a dit que son pays a mis en place des mesures efficaces pour renforcer le régime de contrôle des exportations nationales et renforcer la supervision et la surveillance des flux de matériels et équipements utilisés dans le développement et la fabrication des armes de destruction massive. Il a ajouté que la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité reste un instrument politique et juridique international d’une grande importance qui a un réel potentiel pour prévenir la prolifération des armes de destruction massive. Le Kirghizistan a pris des mesures pertinentes pour sa mise en œuvre effective et a soumis son Plan national de mise en œuvre.
Le Kirghizistan est fier de l’entrée en vigueur, en 2009, du Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale. Le représentant a salué la signature en mai 2014 du protocole sur les garanties de sécurité négatives au Traité. Il s’est félicité que le Gouvernement français ait annoncé la ratification du protocole quelques jours plutôt et a exhorté les autres États à le ratifier le plus tôt possible.
M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a rappelé que son pays avait introduit, lors de la sixième Conférence d’examen de la Convention sur la sûreté nucléaire qui s’est tenue en avril 2014, une proposition d’amendement en vue de renforcer la sûreté des nouveaux et anciens réacteurs nucléaires. Cet amendement doit être discuté lors de la Conférence diplomatique en février 2015, a-t-il dit, ajoutant que cette Conférence sera l’occasion de restaurer la confiance de la société civile dans la sûreté de l’énergie nucléaire. Sur le dossier des garanties, il a dit son appréciation pour le travail mené par le Secrétariat au cours des deux dernières années sur le « State-Level Concept » qui doit apporter des améliorations en termes de coût et de réduction d’efforts, a-t-il poursuivi, avant d’insister sur le fait que ces améliorations bénéficieront à l’AIEA comme à l’État concerné. Il a encouragé l’AIEA et l’Iran à continuer de renforcer leur coopération afin de faciliter une solution diplomatique. Enfin, le délégué a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’Amendement de 2005 de la CPPNM ainsi que le Code de conduite sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives.
Mme SUSAN B. NATIVIDAD (Philippines) a tout d’abord détaillé les bénéfices de l’étroite coopération technique avec l’Agence dans les domaines de la santé et de l’agriculture notamment. Elle a expliqué que l’utilisation des rayonnements gamma en coopération avec l’Agence avait permis l’élaboration d’un traitement contre le charançon de la mangue, ce qui devrait renforcer la compétitivité de la « Super mangue » des Philippines. « Notre générateur de Technétium 99m, qui a reçu l’appui technique et financier de l’AIEA, diminuera le coût des procédures hospitalières d’au moins de 50% grâce à des diagnostics moins onéreux, plus rapides et accessibles à un plus grand nombre », a-t-elle ajouté.
Elle a ensuite apporté le soutien de son pays aux objectifs du Traité sur la non-prolifération avant d’espérer que la Conférence d’examen de 2015 soit couronnée de succès. Elle a ajouté que son pays était prêt à continuer le dialogue avec les États dotés de l’arme nucléaire au sujet de leurs réserves relatives au Protocole au Traité établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est. Dans la même veine, elle a demandé la tenue d’une Conférence en vue de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, et ce, avant même que ne se tienne la Conférence d’examen du TNP. En conclusion, elle a fait part de sa satisfaction devant les progrès accomplis dans l’évaluation de la sûreté des centrales nucléaires grâce à l’étroite coopération entre les États et l’AIEA.
Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a applaudi l’assistance apportée par l’AIEA à une trentaine de pays, dont le sien, pour préparer l’infrastructure nécessaire à l’introduction de l’énergie nucléaire. L’AIEA, a-t-elle noté, aide aussi les pays en développement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et à préparer les objectifs de développement durable pour l’après-2015 en les guidant sur les applications nucléaires. Elle a apprécié le rôle de l’Agence en matière de vérification et de garanties, lequel contribue à rendre le monde « plus sûr ».
Depuis 2000, a précisé Mme Nga, l’AIEA a aidé le Viet Nam à réaliser plus de 200 projets aux niveaux national, régional et interrégional d’une valeur de 15 millions de dollars. Plus de 1 200 scientifiques et techniciens vietnamiens ont bénéficié de ces projets, notamment dans les domaines de la santé, de l’industrie et de la protection de l’environnement. En 2013, en collaboration étroite avec l’AIEA, le Viet Nam a préparé deux études de faisabilité sur deux sites pour ses premières centrales nucléaires. À cet égard, le pays s’est engagé à respecter les plus hautes normes de sécurité.
M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a rappelé que dans la résolution de 2014 sur le « Renforcement de l’efficacité et l’amélioration de l’efficacité des garanties de l’Agence », la Conférence générale a salué, appuyée par le Brésil, les clarifications et les informations supplémentaires données par le Secrétariat. La Conférence générale a salué en particulier les assurances contenues dans le document et les déclarations faites par le Directeur général de l’AIEA et le Secrétariat. Le Brésil compte que le Secrétariat respectera les assurances données et qu’aucune nouvelle « interprétation » du « State Level Concept » ne sera défendue unilatéralement. Toute mesure liée au développement du concept ne serait acceptable que si elle découle d’une consultation étroite avec les États Membres et qu’elle est soumise par la suite au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA.
S’agissant du programme nucléaire iranien, le représentant a répété, a-t-il dit, ce que son pays dit depuis longtemps à savoir qu’il n’y a pas d’alternative à une solution politique négociée. Il faut préserver l’atmosphère positive dégagée depuis novembre de l’année dernière qui a permis les accords obtenus à la fois par l’AIEA et le P5+1. Pour sa part, le Brésil, a indiqué le représentant, a renforcé sa coopération dans le domaine nucléaire avec les pays lusophones d’Afrique, s’agissant en particulier des licences, des applications médicales et de la gestion des projets de coopération technique. La coopération technique doit en effet être l’un des points principaux de la Conférence d’examen du TNP, l’année prochaine, a estimé le représentant.
M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a rappelé que son pays était le premier pays producteur et fournisseur d’uranium au monde. Il a insisté sur les progrès que son pays continuait à faire dans l’établissement d’une banque d’uranium faiblement enrichi sur un site à Ust-Kamenogorsk. « En 2013, nous nous sommes concentrés sur les arrangements techniques, juridiques et financiers et sur l’évaluation de la viabilité du site. » Relevant que cinq États avaient désormais signé le Protocole au Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, il a indiqué que la région pouvait continuer de travailler pour faire face à la menace du terrorisme nucléaire et à la contrebande d’armes nucléaires et de matériaux radioactifs. « Mon pays maintient le contrôle le plus strict sur son équipement et ses installations d’enrichissement de l’uranium », a affirmé M. Rakhmetullin, ajoutant que le Kazakhstan était en train de désactiver le réacteur nucléaire BN-350.
« Bien que mon pays soit un membre important et responsable de l’AIEA, il n’a toujours pas la possibilité de participer aux travaux des organes électifs en raison des actuelles règles de procédure », a-t-il poursuivi. Dans ce contexte, il a appuyé l’entrée en vigueur anticipée des amendements à l’article VI du Statut de l’AIEA et espéré qu’une solution soit trouvée.
Mme ANASTASIA CARAYANIDES (Australie) a assuré que son pays, en tant que membre du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA et membre non permanent du Conseil de sécurité, prenait ses responsabilités très au sérieux. Elle a dit apprécier la rapidité avec laquelle le Directeur général de l’AIEA a établi une équipe chargée de renforcer les capacités de réaction des États Membres face aux épidémies de maladies zoonotiques, comme le virus de l’Ebola. Notant ensuite l’augmentation de la demande globale de médecine nucléaire, elle a indiqué que l’Australie avait élargi sa production de molybdemum-99 qui est utilisé dans 80% des procédures. En 2016, l’Australie produira à elle seule plus de 20% de ce précieux radio-isotope.
Par ailleurs, Mme Carayanides a souligné que tous les membres de l’Agence devaient œuvrer de concert pour assurer un système de garanties efficace. À cet égard, elle a dit appuyer les efforts du Directeur général de l’AIEA. L’Australie demande à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de signer le Modèle de protocole additionnel aux accords relatifs à l’application de garanties, pour permettre son entrée en vigueur rapide. De même, la représentante a encouragé les États Membres à ratifier l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.
Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a dit attendre avec impatience la publication, l’année prochaine du rapport sur l’accident de Fukushima Daiichi. Elle a dit espérer que les enseignements et les recommandations importants qui pourraient en être tirés soient intégrés dans les infrastructures de sûreté nucléaire de chaque État Membre, et nous préparent à éviter ce genre de catastrophes et à minimiser l’impact de ce type d’accidents à l’avenir. À cet égard, l’engagement à partager des informations de manière transparente et en temps utile doit être maintenu.
En ce qui concerne les questions relatives aux garanties, la représentante a dit que le concept de « State Level Concept » permettra à l’Agence de faire un meilleur usage de ses ressources en concentrant ses efforts sur les domaines de garanties significatives et d’améliorer la réponse aux changements de circonstances. Elle a cependant estimé que les cas de non-coopération de la RPDC, de l’Iran et de l’Iraq continuent de poser de graves défis au régime de non-prolifération et au système de garanties de l’AIEA. Elle a exhorté la RPDC à se conformer pleinement à ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité et aux engagements qu’elle a pris en vertu de la Déclaration commune des Pourparlers à Six, de septembre 2005. L’ambition nucléaire de la RPDC ne peut pas être tolérée et la République de Corée continuera ses efforts pour réaliser la dénucléarisation totale, vérifiable et irréversible de la RPDC avec la communauté internationale. S’agissant de la question du nucléaire iranien, Mme Paik a appelé l’Iran à travailler étroitement avec l’Agence pour résoudre les questions en suspens, y compris celles relatives à la « possible dimension militaire » de son programme nucléaire.
M. AHMED EL SHANDAWILY (Égypte) a souligné que la coopération de son pays avec l’Agence est d’autant plus importante que l’Égypte est en train d’élaborer un programme de construction de centrales nucléaires pour l’électricité et la désalinisation des eaux. Il a réaffirmé le rôle central de l’Agence dans l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. M. Shandawily a insisté sur l’importance cruciale qu’il y a à ce que le dernier pays du Moyen-Orient à ne l’avoir pas fait accède au TNP, en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire. « Nous soulignons l’urgence qu’il y a à ce que cet État applique pleinement les garanties de sécurité de l’AIEA à ses installations nucléaires, ce qui serait un bon pas vers la paix et la sécurité dans le contexte de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. »
Le représentant a jugé essentiel que les mécanismes de l’AIEA soient clairs et transparents et activés avec la pleine participation des États Membres. « C’est à ce prix que le plein respect du droit inaliénable des États de développer, produire et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques peut être garanti. » En conclusion, il a voulu que le développement des garanties de l’Agence ne conduise à l’imposition d’obligations nouvelles en sus des obligations existantes.
M. RODOLFO BENITEZ VERSON (Cuba) a indiqué que son pays avait réalisé 97,34% de son programme de coopération technique avec l’AIEA pour la période 2012-2013. À ce sujet, il a considéré que l’Amérique latine devait recevoir davantage de ressources pour la coopération technique. Pour la période 2014-2018, Cuba concentrera ses efforts sur la détection précoce et le traitement du cancer, première cause de mortalité dans le pays, a précisé le représentant.
« La politique criminelle du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba depuis plus de cinq décennies affecte la mise en œuvre de notre programme de coopération technique avec l’AIEA », a déploré M. Verson. Par ailleurs, a-t-il continué, la gestion efficace de la sécurité physique nucléaire n’admet ni exclusion ni sélectivité. Les normes internationales en la matière doivent être adoptées dans le cadre de l’AIEA, sur la base de négociations multilatérales, transparentes et inclusives, avec la participation de tous les États. À cet égard, le représentant a souhaité l’entrée en vigueur de l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, ratifié par Cuba en 2013.
Pour ce qui est des garanties de l’AIEA, Cuba a reçu, pendant sept ans d’affilé, la double certification et des résultats satisfaisants lors des inspections de l’Agence. M. Verson a indiqué que son pays appuyait les efforts visant à améliorer l’efficacité des garanties, tant qu’ils n’affectent pas les droits légitimes des États et qu’ils n’établissent pas de pratiques discriminatoires et sélectives.
Mme NATALIA BABIO (Argentine) a considéré que l’un des piliers de l’AIEA était la sécurité nucléaire et radiologique, de même que la sécurité du transport et de la gestion des déchets radioactifs. L’Agence joue un rôle fondamental dans la promotion de la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Depuis la création de l’AIEA en 1957, l’Argentine participe activement au Programme de coopération technique, y compris le programme ARCAL pour l’Amérique latine. Ainsi, a-t-elle pris part à 20 projets de coopération nationaux, régionaux et interrégionaux pour la période 2014-2015.
En outre, a ajouté le représentant, l’Argentine travaille avec les groupes d’experts sur les réacteurs de puissance et de recherche, le cycle du combustible nucléaire et le développement des infrastructures. Elle promeut la formation au niveau régional avec la plateforme en ligne de son principal réacteur d’entraînement, le RA-6, et en tant qu’acteur central du réseau latino-américain LANENT. Enfin, l’Argentine considère qu’il faut intensifier les efforts en vue de créer des infrastructures nucléaires plus solides, efficaces et durables.
M. SARMAD AL-TAIE (Iraq) a réaffirmé le droit inaliénable des pays en développement de développer, produire et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. « Toute tentative visant à réduire le programme de coopération technique de l’AIEA ne sera pas favorablement accueilli par les pays en développement », a-t-il poursuivi. Il a espéré que le financement de ce programme ne sera pas lésé lors de l’élaboration du prochain budget de l’Agence.
Le délégué a affirmé que son pays œuvrait au démantèlement des centrales nucléaires construites antérieurement en Iraq et qu’il s’attachait à neutraliser la dangerosité des déchets radioactifs, et ce, dans un contexte sécuritaire dégradé. À ce titre, il a sollicité l’assistance de l’AIEA et de la communauté internationale pour appuyer davantage les efforts de son pays.
Se disant conscient du danger posé par les groupes terroristes, il a indiqué que l’Iraq faisait le nécessaire pour assurer la sûreté des centrales nucléaires. Au plan international, l’Iraq a signé la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, a-t-il précisé, avant de demander le placement des installations nucléaires israéliennes sous le système des garanties de l’AIEA.
Mme KATERYNA BILA (Ukraine) a souligné que l’atténuation des conséquences de l’accident de Tchernobyl et la réhabilitation sociale et économique des régions contaminées constituent la priorité du Gouvernement. La construction d’un nouveau sarcophage sécurisé sur l’Unité 4 de la centrale nucléaire est en cours. Ce travail, qui devrait être terminé en 2015, permettra de transformer le site en un système écologique et environnemental sécurisé. L’Ukraine, a poursuivi la représentante, ne reconnaît ni la « République de Crimée » illégitimement proclamée ni son annexion illégale par la Fédération de Russie. Cette dernière a violé de manière flagrante les garanties de sécurité qu’elle a offertes avec les États-Unis et le Royaume-Uni, à l’Ukraine dans le Mémorandum lié à l’accession de l’Ukraine au TNP. L’occupation actuelle d’une partie du territoire ukrainien, la « République de Crimée » et la ville de Sébastopol, qui abrite des installations et des matières nucléaires, sape le régime de non-prolifération établi par le TNP auquel l’Ukraine a adhéré comme État non nucléaire.
Dans ce contexte, la représentante a souligné que la souveraineté de l’Ukraine s’étend à tout son territoire, lequel est indivisible et inviolable dans ses frontières actuelles. L’Ukraine garde, a-t-elle insisté, sa souveraineté sur toutes les installations et matières nucléaires situées dans le territoire temporairement occupé; les accords qu’elle a signés avec l’AIEA s’appliquant à ces installations et matières.
La représentante a tenu à souligner que dans tout le territoire de l’Ukraine, y compris dans la « République de Crimée » et la ville de Sébastopol, il est interdit de déployer des armes nucléaires ou de détourner les installations et matières nucléaires de l’Ukraine. L’Ukraine appelle donc la Fédération de Russie à s’abstenir de toute action pouvant constituer une violation du statut non nucléaire des territoires occupés ou une tentative d’étendre l’application de l’Accord de 1985 signé entre l’Union soviétique et l’AIEA ou du Protocole additionnel du 22 mars 2000 aux installations et matériels nucléaires de l’Ukraine.
M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a dit que pour son pays la technologie nucléaire représentait un outil précieux pour réaliser plusieurs aspects de son programme de développement national, notamment dans les domaines de la santé, de l’alimentation et de l’agriculture, de la gestion des eaux, de la protection de l’environnement et de l’industrie. À cet égard, il a salué les activités entreprises par l’AIEA dans ces domaines. Pour sa part, l’Indonésie a appliqué des mutations induites par les radiations et d’autres techniques nucléaires et isotopiques, en vue d’améliorer la qualité et la productivité des cultures.
Du fait de la croissance du secteur industriel en Indonésie, il y a une demande d’énergie accrue et le pays est déterminé à ajouter l’énergie nucléaire à ses sources d’énergie et à construire des centrales à cette fin. M. Percaya a remercié l’AIEA pour l’assistance technique qu’elle fournit à son pays dans le développement des infrastructures. Par ailleurs, il s’est dit convaincu que les garanties de l’Agence avaient contribué à renforcer la sécurité collective et à créer un environnement propice à la coopération nucléaire. Il a souhaité que le rôle de l’AIEA pour assurer la sûreté de toutes les activités nucléaires dans le monde soit renforcé dans la limite de ses mandats.
Explication de position
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit avoir voté le projet de résolution en raison de l’hostilité des États-Unis à l’égard de son pays. « Ce sont les États-Unis et l’AIEA qui ont contraint mon pays à prendre les mesures de défense qui s’imposaient et à se retirer du TNP », s’est-il expliqué. Il a précisé que son pays n’avait pas eu d’autre choix que de développer une doctrine de dissuasion nucléaire afin de préserver son existence. La politique hostile des États-Unis et les manœuvres navales conjointes doivent cesser, a-t-il voulu, en ajoutant que c’est la seule manière de délivrer la péninsule coréenne du danger nucléaire. « Nous continuerons d’exercer notre droit à la légitime défense si les États-Unis continuent de nous menacer avec des armes nucléaires », a prévenu le représentant en qualifiant de « partial » le projet de résolution.
Droits de réponse
La représentante de la Lituanie, s’adressant au Bélarus, a exprimé sa préoccupation « lorsque des centrales d’énergie nucléaire sont construites dans des pays voisins dans un manque de transparence et d’informations essentielles ». Le respect des conventions, la confiance et une sûreté maximum sont des conditions indispensables pour le développement de l’énergie nucléaire, a-t-elle ajouté.
Son homologue de la Fédération de Russie a reproché à la délégation ukrainienne d’utiliser « une rhétorique belliqueuse ». Depuis le référendum libre du 16 mars 2014, le statut des sites nucléaires de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol se trouve sous la juridiction de la Fédération de Russie, qui est prête à fournir à l’AIEA une possibilité d’organiser des vérifications complètes. Ces sites sont maintenant inscrits dans la liste des sites nucléaires pacifiques qui peuvent faire l’objet de garanties avec l’AIEA.
En ce qui concerne l’affirmation selon laquelle les garanties généralisées ne seraient pas stables en Fédération de Russie, le représentant a fait remarquer que son pays n’avait pas violé ses obligations vis-à-vis de l’Ukraine, notamment dans le cadre du Protocole de Budapest.
« On ne peut pas dire que des documents liant la Russie et l’AIEA s’appliquent à des sites se trouvant dans le territoire ukrainien », a rétorqué la représentante de l’Ukraine, après avoir déploré les « mensonges proférés par la Russie ».