Soixante-neuvième session
22e & 23e séances plénières – matin & après-midi
AG/11568

L’Assemblée générale débloque une somme de 50 millions de dollars pour les trois premiers mois de la Mission de l’ONU pour l’action d’urgence contre l’Ebola

L’Assemblée générale a décidé aujourd’hui de suivre la recommandation de sa Commission administrative et budgétaire et de débloquer une somme de 50 millions de dollars pour les trois premiers mois de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE)*.  L’Assemblée générale a ensuite entendu une trentaine de délégations sur le suivi du Programme d’action relatif à la population et au développement de 1994.

C’est un montant précis de 49 millions 943 600 dollars que l’Assemblée générale a débloqué pour permettre à la MINUAUCE ainsi qu’à ses 283 agents de fonctionner, jusqu’au 31 décembre 2014, et de faire face à une épidémie qui a déjà affecté près de 7 500 personnes en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.  Créée par le Secrétaire général de l’ONU, la « Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola », qui réunira la perspective stratégique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de solides moyens logistiques et opérationnels, aura cinq priorités: stopper l’épidémie, traiter les personnes infectées, assurer les services essentiels, préserver la stabilité et prévenir de nouvelles flambées épidémiques ». 

Avant la fin de cette année, M. Ban ki-moon devrait présenter à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires un « budget détaillé » de la Mission pour l’année prochaine.  

L’Assemblée générale a entendu aujourd’hui les 37 délégations qui n’avaient pas pu s’exprimer, faute de temps, le 22 septembre lors de sa session extraordinaire, sur la mise en œuvre et l’avenir du Programme d’action relatif à la population et au développement, adopté au Caire, en 1994.  Les questions du « dividende démographique », de l’éducation sexuelle complète et des droits à la santé sexuelle et reproductive sont revenues au centre des interventions.

Les jeunes ont en effet acquis un poids démographique sans précédent**.  L’évolution de ces dernières décennies a abouti à la plus importante génération d’adolescents de 10 à 19 ans et de jeunes de 15 à 24 ans, que le monde a jamais connue.  Les jeunes âgés de 10 à 24 ans représentaient, en 2010, 28% de la population mondiale, soit une proportion légèrement supérieure à celle de la population asiatique et 31% de la population africaine.  Au cours des 25 prochaines années, cette population restera supérieure à 20% partout sauf en Europe, et dépassera 30% en Afrique.

Les délégations se sont dites conscientes de ce « dividende démographique », phénomène qui survient lorsque la baisse du taux de natalité entraîne des changements dans la ventilation par âge d’une population et qui signifie que moins d’investissements sont nécessaires pour répondre aux besoins des groupes les plus jeunes et que les adultes sont relativement plus nombreux dans la population active.  C’est donc une opportunité d’accélérer la croissance économique et le développement humain puisque plus de ressources sont disponibles pour les avancées économiques et le bien-être familial.

Le défi du relèvement du dividende démographique grâce à des investissements stratégiques est ainsi devenu le « pilier important » de l’émergence de la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2020, a dit son représentant.  Son homologue de l’Indonésie s’est dit convaincu que son pays parviendra à la « phase haute » du dividende démographique entre 2028 et 2031, compte tenu de l’apport de 65 millions de jeunes au développement socioéconomique à long terme.  Le représentant de l’Iran a qualifié « d’occasion en or et de bien précieux » pour le développement durable, la moitié de la population iranienne âgée de moins de 30 ans. 

Encore faut-il qu’il y ait une baisse effective de la natalité.  Le représentant du Royaume-Uni a ainsi regretté que 20 ans après le Programme d’action du Caire, des millions de femmes et de filles n’aient toujours pas le droit de décider des questions liées à la planification familiale et soient toujours privées d’une éducation sexuelle complète leur permettant de prendre des décisions informées sur leur vie.  Son homologue de la Norvège s’est voulu rassurant: le ferme appui des dirigeants du monde à la session extraordinaire de l’Assemblée générale est également un message fort en faveur de la nécessité de faire de l’accès universel à la santé et aux droits sexuels et reproductifs une priorité dans le programme de développement pour l’après-2015.

Le représentant du Qatar a lancé une mise en garde: il n’existe pas de consensus sur « l’orientation, la santé et l’éducation sexuelles ».  Il a défendu « le droit souverain » de tous les pays de mettre en œuvre les recommandations de la Conférence du Caire, conformément à leur droit national et « selon les considérations culturelles des peuples ».  Le représentant de Malte a regretté que le Programme d’action du Caire ait été associé et lié exclusivement aux droits à la santé reproductive.  Aucun débat sur les droits et les soins de santé ne peut avoir lieu en dehors du cadre de l’un des plus importants droits de l’homme qui est le droit à la vie.  L’utilisation de termes et de phrases qui ne jouissent pas d’un consensus et qui prêtent à controverse ne fera que compliquer les futures discussions sur les questions de population, y compris l’élaboration du Programme d’action au-delà de 2014, a prévenu son homologue de l’Iran. 

L’Assemblée générale a aussi décidé aujourd’hui, toujours sur recommandation de sa Commission administrative et budgétaire*** que les Comores, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie seront autorisées à participer à ses votes jusqu’à la fin de sa soixante-neuvième session, appliquant ainsi les dérogations prévues par l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*A/69/422  **A/69/62 ***A/69/428

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES: SUIVI DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT: RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/69/62 ET A/69/122)

Déclarations

M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a détaillé les avancées notables accomplies par son pays dans des domaines clefs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), bien que celles-ci, a-t-il reconnu, aient été ralenties par la décennie de crise que le pays a connue.  Il a aussi reconnu que le profil démographique reste marqué par un fort taux de fécondité estimé à cinq enfants par femme en 2012 avec une contribution de 13% des adolescentes.  Le taux de croissance démographique qui est de 2,7 demeure l’un des plus élevés au monde.  Le taux d’abandon scolaire reste lui aussi élevé, surtout pour les filles, du fait de la pauvreté, des pesanteurs socioculturelles et du fléau des grossesses précoces.  Par ailleurs, des menaces pèsent sur la biodiversité, accentuant la paupérisation des populations, créant l’insécurité alimentaire et posant des problèmes de santé publique. 

Après avoir détaillé le travail que fait son gouvernement pour faire face à ces défis, entre autres, la réalisation de la couverture maladie universelle, l’insertion économique des jeunes, la gestion durable des ressources environnementales et la poursuite du vaste programme national dénommé « zéro grossesse en milieu scolaire », le représentant a affirmé que son pays s’active à bâtir les fondements de l’émergence à l’horizon 2020 avec comme pilier important le défi du relèvement du dividende démographique à travers les investissements stratégiques nécessaires à une économie forte et prospère.  Le représentant a réaffirmé les engagements auxquels son pays a souscrit au plan international et régional, en conformité avec ses textes institutionnels et réglementaires, ses priorités de développement, ses mœurs, ses cultures et ses croyances.

M. YOUSEF SULTAN LARAM (Qatar) a relevé des lacunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD, car de nombreuses personnes vivent dans la pauvreté dans le monde.  Le Qatar, qui accorde une grande importance aux questions de la population et du développement, consent des efforts inlassables pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant l’échéance de 2015.  En outre, sa « Vision 2030 » vise à se transformer en un État développé capable de fournir un niveau de vie élevé à toutes les générations futures. 

Le Qatar souligne le nécessaire équilibre entre croissance démographique et exigences du développement durable post-2015.  Le représentant a rappelé qu’il n’existait « pas de consensus concernant l’orientation, la santé et l’éducation sexuelles ».  Il a insisté sur « le droit souverain » de tous les pays de mettre en œuvre les recommandations de la Conférence conformément à leur droit national et « selon les considérations culturelles des peuples ».  Il a conclu en réaffirmant l’engagement en faveur des droits de l’homme.

M. BHAGWANT SINGH BISHNOI (Inde) a dit que la priorité était d’assurer et de promouvoir la santé et le bien-être des jeunes, en particulier des adolescents, des femmes et des enfants.  Les produits et services de santé génésique sont ainsi l’un des services essentiels de la couverture universelle de santé qui devrait être fournis gratuitement.  En accroissant l’engagement financier aux services de santé, l’Inde continue d’offrir cette couverture à 100 millions de femmes qui utilisent actuellement des méthodes de contraception.  Quelque 48 millions de nouvelles utilisatrices devraient apparaître vers 2020.  En outre, une stratégie nationale de santé des adolescents a été lancée et couvrira 250 millions de filles.  Cette stratégie a six priorités dont la santé sexuelle et reproductive, la nutrition, la santé mentale, les violences domestiques et sexuelles, l’utilisation de substances nocives et les maladies non transmissibles. 

L’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et la lutte contre la discrimination et la violence contre les femmes restent des priorités.  Des lois et des cadres politiques ont été adoptés et des campagnes de sensibilisation de lutte contre les préjugés et les stéréotypes ont été menées.  Le représentant s’est dit sensible aux avantages et défis associés à l’urbanisation et à ses implications environnementales, sociales et économiques.  Faire face à cette question est une préoccupation majeure des décideurs politiques indiens.  Le principe fondamental qui sous-tend nos politiques est que les zones rurales et urbaines sont interdépendantes et doivent grandir ensemble, a-t-il dit.

Mme JOSEFINA BUNGE (Argentine) a indiqué que le processus de changement enregistré par les pays d’Amérique latine depuis la Conférence du Caire reflétait l’efficacité des politiques mises en œuvre pour parvenir à une meilleure qualité de vie des populations.  L’investissement dans les droits de l’homme et le respect de la dignité humaine sont à la base même du développement durable, a-t-elle dit, en commentant le rapport du Secrétaire général.  Elle a ensuite détaillé les progrès « marquants » enregistrés par son pays dans les domaines prioritaires du Programme d’action.  Elle a cité la loi sur les migrations adoptée en 2004 qui garantit l’accès des migrants aux services sociaux et de santé.  Elle a également mentionné les initiatives visant à fournir des cours d’éducation sexuelle dans tous les centres d’enseignement publics.

Des défis demeurent, a-t-elle convenu, ajoutant que les besoins de base des populations de l’Amérique latine n’étaient pas toujours satisfaits.  Elle a insisté sur la pertinence du modèle économique et social choisi par l’Argentine, ainsi que sur la transparence de sa vie démocratique.

Mme LESLIE BERGER KIERNAN (États-Unis) a renouvelé le plein appui de son pays au Programme d’action de la CIPD.  Selon elle, les objectifs « transformateurs » de ce Programme, en particulier les droits liés à la santé sexuelle et reproductive et à l’autonomisation des femmes, restent la base du travail pour garantir « des sociétés plus prospères et plus stables ».  Notant des progrès inégaux en matière de mortalité maternelle et infantile, elle a proposé de se concentrer d’urgence sur les objectifs de la Conférence au-delà de 2014.  La représentante a souligné qu’il fallait défendre les individus, « quelle que soit leur orientation ou identité sexuelle ».  Des choix libres, sans discrimination ou violence, doivent pouvoir se faire. 

Il ne faut pas oublier que plus de 40% de la population mondiale est âgée de moins de 25 ans et que les choix que feront les jeunes sont essentiels.  Les États-Unis, a dit la représentante, déplorent la prévalence du VIH/sida, des mutilations génitales féminines et des mariages forcés; une fille sur trois se trouvant mariée avant l’âge de 18 ans dans les pays en développement et beaucoup de jeunes mères ne terminent pas l’école.  Il faut mettre fin au fléau de la violence basée sur le sexe en temps de guerre comme en temps de paix, a insisté la représentante.  Enfin, « il faut accorder des services de planification familiale à tous ceux qui le souhaitent » et les États-Unis appuient l’élaboration d’un objectif spécifique à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mme MAY-ELIN STENER (Norvège), au nom des pays nordiques, a particulièrement insisté sur l’accès à une éducation sexuelle complète.  Le ferme appui des dirigeants du monde à la session extraordinaire, a-t-elle estimé, est également un message fort en faveur de la nécessité d’inclure et de faire une priorité de l’accès universel à la santé et aux droits sexuels et reproductifs dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il est temps d’aller au-delà du Programme d’action du Caire, a dit la représentante.  Chaque personne a le droit de vivre à l’abri de la discrimination et de jouir pleinement de tous ses droits, sans distinction aucune et quelle que soit son orientation ou identité sexuelle.

Mme DILYARA RAVILOVA-BOROVIK (Fédération de Russie) a indiqué que les orientations stratégiques du Programme d’action étaient toujours d’actualité.  Elle a souhaité que les questions de population fassent partie intégrante des discussions relatives au développement durable.  « Il n’est pas productif de concentrer nos efforts sur des notions qui n’ont pas un appui universel et qui vont à l’encontre des valeurs défendues par un certain nombre d’États », a-t-elle prévenu.  Elle a indiqué que l’une des priorités de son pays était de surmonter la crise démographique commencée dans les années 90.  Elle a, une nouvelle fois, déploré que la Fédération de Russie et 60 autres pays n’aient pas pu présenter leur position lors de la récente session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le suivi du Programme d’action.  « Le discours du Vice-Ministre des affaires étrangères est disponible sur le site de notre mission », a-t-elle indiqué, espérant qu’il le soit bientôt aussi sur le site de la présidence de l’Assemblée générale. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a expliqué qu’au cours des 20 dernières années, son pays, « tout en traversant une transition politique et socioéconomique », a fait de grands progrès dans l’application des objectifs de la CIPD.  Le Gouvernement a introduit en 2013 un programme de couverture maladie universelle et fait de l’autonomisation des femmes une priorité.  Les femmes sont aujourd’hui plus nombreuses dans des postes ministériels, au Parlement et à la tête d’entreprises et la Géorgie a réussi à combattre la traite des femmes.  Au début de cette année, une politique spécifique pour les jeunes a été adoptée, a expliqué le représentant qui a toutefois reconnu qu’il reste beaucoup à faire, notamment pour les personnes marginalisées.  C’est la raison pour laquelle la Géorgie applique des mesures visant à assurer une croissance inclusive et durable dont les bénéfices seront répartis dans l’ensemble de la population.  Enfin, une stratégie nationale des droits de l’homme pour 2014-2020 est en cours d’application. 

M. NEKIGUCHI (Japon) a souligné l’importance de l’autonomisation des femmes lesquelles ont besoin d’accès aux services de santé et à l’éducation parmi les engagements du Programme d’action du Caire.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, qu’après l’adoption du Programme d’action en 1994, son pays a lancé une initiative mondiale sur sept ans, dans les domaines de la lutte contre le sida, l’autonomisation des femmes et la promotion des services de santé sexuelle.  Lors du dernier débat général, a rappelé le représentant, le Premier Ministre du Japon a promis un autre apport financier, alors qu’il a déjà donné une somme supplémentaire au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) pour aider les familles et les communautés victimes de Boko Haram au Nigéria. 

S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, le représentant a voulu qu’il résolve les problèmes qui se posent encore comme les changements démographiques rapides en Afrique subsaharienne, le chômage et la malnutrition.  Il devra aussi faire une place de choix à la santé sexuelle et reproductive.  Face à la baisse des taux de fertilité en Europe et en Asie ainsi qu’au vieillissement des populations, il est important, a ajouté le représentant, que le programme prévoie des mesures de santé publique.  Au Japon, a-t-il précisé, une personne sur quatre a plus de 65 ans, ce qui a conduit le Gouvernement à mettre en place une couverture santé universelle qui vise, en particulier, les populations vulnérables.  Le programme de développement pour l’après-2015 doit en effet appuyer les sociétés vieillissantes.  Il n’y a pas de solution miracle mais il faut garantir une bonne santé et le bien-être à toutes les catégories de population. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a déclaré que la moitié de la population iranienne est âgée de moins de 30 ans, une génération qui est considérée comme « une occasion en or et un bien précieux » pour réaliser le développement durable.  Mais, la population iranienne se dirige très rapidement vers le vieillissement et une telle évolution aurait des implications économiques et sociales réelles.  En effet, l’amenuisement d’une génération novatrice de jeunes dotés de compétences et d’énergie serait à long terme un obstacle à un développement résilient et durable.  Après quelques décennies de politiques réussies pour faire baisser les taux de fertilité, l’Iran a décidé de changer de direction pour maintenir une dynamique démographique capable d’assurer une société autonome, éduquée et prospère.

L’Iran a réussi à réaliser de nombreux objectifs du Programme d’action du Caire, a affirmé le représentant, en dénonçant les mesures coercitives illégales et les sanctions aux implications négatives sur la jouissance des droits de l’homme et le programme national de développement, sans compter qu’elles sont en flagrante contradiction avec la lettre et l’esprit de la Charte des Nations Unies et du Programme d’action du Caire.  Ces sanctions, a-t-il dit, ont entravé un accès garanti et abordable aux médicaments, aux vaccins, aux équipements, aux biens et aux technologies nécessaires aux services de santé.  Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à de tels actes « cruels et inhumains ».

Commentant les rapports dont est saisie l’Assemblée générale, le représentant n’a pas manqué de souligner que l’utilisation de termes et de phrases qui ne jouissent pas d’un consensus parmi les États Membres et qui prêtent à controverse ne fera que compliquer les futures discussions sur les questions de population, y compris l’élaboration du Programme d’action au-delà de 2014. 

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) s’est dit convaincu que les lacunes dans la mise en œuvre du Programme d’action devaient être comblées par les efforts concertés des gouvernements, et ce, à tous les niveaux.  Il a détaillé les avancées de son pays dans certains domaines du Programme, en particulier une réduction du taux de pauvreté de 17% en 2007 à 11,4% en 2013 grâce à des politiques spécifiques de création d’emplois et au bénéfice des pauvres.  Il a reconnu le lien évolutif entre population et développement, reflété notamment dans les objectifs poursuivis par les politiques familiales.

L’Indonésie parviendra à la phase haute du dividende démographique entre 2028 et 2031, a-t-il dit, soulignant l’apport de 65 millions de jeunes pour le développement socioéconomique à long terme.  Il a également indiqué que son pays avait réduit le taux de mortalité infantile de 57 cas de décès pour 1 000 naissances en 1994 à 32 en 2012.  Pour faire face au taux de mortalité maternelle, M. Percaya a affirmé que son pays avait amélioré l’accès aux services de santé reproductive, en élargissant graduellement la couverture de santé universelle.  En 2019, tous les Indonésiens, soit 259 millions de personnes, devraient bénéficier d’une telle couverture, a-t-il d’ailleurs affirmé.

En ce qui concerne le défi posé par les changements climatiques, le délégué a indiqué que son pays visait à réduire le taux d’émissions de gaz à effet de serre de 26%.  Enfin, M. Percaya a affirmé que la mise en œuvre du Programme d’action devait se faire dans le respect des lois nationales, des priorités de développement et des valeurs culturelles et religieuses.

M. FRED SARUFA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a souscrit pleinement aux objectifs fondamentaux du Programme d’action de la CIPD, notamment pour ce qui est de stabiliser la population mondiale.  « Une pierre angulaire du développement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est la gestion de la population », a-t-il indiqué, en mettant l’accent sur le rôle des femmes et des filles « qui doivent pouvoir améliorer leurs moyens de subsistance ».  Le pays a adopté une stratégie nationale pour un développement responsable et durable et juge crucial de tenir compte de la question de la dégradation de l’environnement dans le programme de développement pour l’après-2015.  Le représentant a appelé à des engagements renforcés pour lutter contre la pauvreté et promouvoir l’autonomisation des femmes et indiqué que concrètement, son pays « a modernisé les capacités des sages femmes et systèmes de santé pour faire face à des grossesses compliqués ».  Il a aussi mis en place des microcrédits pour les femmes et donné la priorité aux petites et moyennes entreprises pour faire avancer le développement.  A ce sujet, la santé procréative et sexuelle est essentielle, a insisté le représentant qui a affirmé qu’au niveau de la région Pacifique, « la volonté politique de promouvoir les droits de la femme est galvanisée ».

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a dit que l’année dernière, son pays avait lancé sa dernière politique pour le développement international qui renouvela son engagement à la protection et à la promotion des droits de l’homme.  Cette politique comporte aussi un engagement explicite au Programme d’action du Caire en appuyant les efforts pour réduire la mortalité infantile et maternelle, promouvoir l’accès universel aux services de santé reproductive y compris les soins anténataux, les services de planification familiale qui permettront aux femmes de maîtriser leur fertilité.

M. IOANE NAIVALURUA (Fidji) a insisté sur les défis particuliers auxquels devait faire face son pays.  Fidji compte plus de 300 îles et sa population est très dispersée, a-t-il expliqué, avant de mentionner les menaces existentielles que constituent les changements climatiques et les fréquentes catastrophes naturelles.  Il a indiqué que l’accès aux services de santé reproductive et sexuelle était crucial pour répondre aux besoins des groupes les plus vulnérables.  Il a aussi précisé que son gouvernement menait un programme de la santé sexuelle et reproductive en faveur du milieu rural et des jeunes, grâce aux 60 centres de ressources qu’il a fait construire sur le territoire.  Il a fait part de la détermination de son pays à renforcer la participation des jeunes et des femmes aux processus de prise de décisions dans les secteurs politique, social et économique.  M. Naivalurua a tenu à souligner l’importance de la collecte de données fiables pour la planification du développement.  Eu égard aux lacunes dans la région Pacifique, il a insisté sur le besoin urgent d’un financement adéquat.

Mme KUNZANG C. NAMGYEL  (Bhoutan) a déclaré qu’il restait de nombreux défis à surmonter pour réaliser le Programme d’action de la CIPD dans sa région.  Le Bhoutan est engagé dans un développement inclusif et durable et est déterminé à rester « climatiquement neutre », en dépit d’une « pauvreté multidimensionnelle ».  À cette fin, l’appui continu de ses partenaires de développement sera crucial.  Des changements démographiques rapides caractérisent le Bhoutan.  Avec 65% de la population âgée de moins de 25 ans, l’accès à une éducation et à une formation de qualité, ainsi que la création d’emplois sont des priorités.  L’urbanisation représente aussi un défi complexe.  Si 60% de la population vit encore en milieu rural, il va falloir prévoir des infrastructures de base pour le nombre croissant de personnes pauvres vivant en milieu urbain.  Mme Namgyel a ajouté que le Bhoutan s’efforce de promouvoir l’autonomisation des femmes et de faciliter leur pleine participation au développement socioéconomique et politique.

M. JIM MCMAY (Nouvelle-Zélande) a avoué qu’en Nouvelle-Zélande et dans les pays voisins du Pacifique, l’on fait face à des taux élevés de violence contre les femmes.  Les gouvernements font donc en sorte que toutes les survivantes de ces violences aient un accès immédiat et sûr aux services essentiels.  Nous devons aussi nous focaliser, a reconnu le représentant, sur la réduction de la violence en impliquant les hommes et les garçons dans des initiatives de prévention.  Quelque 220 millions de femmes dans le monde, a-t-il poursuivi, ne reçoivent toujours pas de méthodes contraceptives.  Toutes les femmes, a-t-il insisté, ont le droit à des informations et à des conseils sur le large éventail des méthodes contraceptives abordables, accessibles et fiables. 

Malgré les progrès, a aussi reconnu le représentant, d’autres défis se présentent à la Nouvelle-Zélande, dont la persistance des disparités ethniques.  Les Maori et les populations du Pacifique sont affectés, de manière négative et disproportionnée, dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive.  Nous devons faire en sorte, a dit le représentant, que les peuples autochtones reçoivent les services appropriés, et plus important encore, nous devons nous attaquer aux facteurs socioéconomiques qui désavantagent ces peuples.  La Nouvelle-Zélande se concentre aussi sur l’aide à la région Pacifique pour assurer les progrès dans la réalisation du Programme d’action du Caire, y compris en appuyant des organisations multilatérales comme le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) et ONU-Sida. 

Mme SHARMAN STONE (Australie) a souligné que les femmes et les enfants supportent le fardeau de conflits violents et de crises humanitaires prolongées dans le monde entier.  C’est inadmissible au XXIe siècle, s’est-elle indignée.  Des femmes et des enfants sont traités de façon barbare par l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) et des filles et des femmes iraquiennes ont été emmenées de force en Syrie pour servir d’« esclaves sexuelles » aux combattants de l’EIIL.  De même, a-t-elle rappelé, 732 filles ont été enlevées, il y a exactement 178 jours, par Boko Haram au Nigéria.  Un nombre croissant de mariages précoces et forcés sont enregistrés en réponse aux déplacements de population et à l’insécurité.  C’est le cas parmi les réfugiés syriens, a dénoncé la représentante.

« Nous ne permettrons pas que les conflits ou les catastrophes servent d’excuse pour amoindrir notre volonté d’autonomiser et de protéger les femmes et les enfants », a insisté Mme Stone.  Elle a annoncé que l’Australie allait fournir 2 millions de dollars supplémentaires pour appuyer le travail du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) en Iraq.  Enfin, a-t-elle rappelé, la majorité des pays de la région de l’Asie et du Pacifique ont appuyé à Bangkok, l’année dernière, une Déclaration qui consacre les droits sexuels et reproductifs pour tous.

M. FERNANDO JORGE WAHNON FERREIRA (Cabo Verde) a indiqué que son pays avait placé l’être humain au cœur de ses efforts dans la mise en œuvre du Programme d’action.  La santé procréative et la lutte contre les violences sexuelles font partie de nos priorités absolues, a-t-il dit.  Le délégué a indiqué que son pays allait bientôt atteindre l’objectif 4 des Objectifs du Millénaire pour le développement relatif à la santé maternelle et infantile et était en bonne voie pour réaliser les autres objectifs.  Il a ensuite affirmé que le phénomène migratoire pouvait peser sur la capacité des structures sociales de son pays et demandé le soutien du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) afin d’y faire face.  Enfin, le délégué a redit l’attachement de son pays à l’application du Programme d’action et sollicité l’appui du FNUAP pour mettre en œuvre les actions contenues dans son rapport sur Cabo Verde. 

M. HASSAN HAMID HASSAN (Soudan) a rappelé les défis de l’élimination de la pauvreté et des changements climatiques et de leurs conséquences qui nécessitent une coopération internationale coordonnée.  Il faut améliorer les partenariats en vue d’une politique climatique globale qui mobilisera les ressources financières et tiendra compte des niveaux de développement entre les pays et des objectifs du programme de développement pour l’après-2015.  Le Soudan, a indiqué le représentant, traverse une transition démographique.  Avec ses 30 millions d’habitants, il lui faut une nouvelle stratégie nationale qui prendra en compte notamment les conséquences de la sécession du Soudan du Sud. 

Le Soudan fait aussi face à des migrations importantes, a dit le représentant qui a dénoncé en particulier la traite des femmes.  Il a demandé des efforts internationaux pour affronter ce phénomène.  Il a également évoqué les sanctions internationales contre son pays et le lourd endettement dont il souffre qui n’ont toutefois pas empêché la mise en œuvre des politiques d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes.  Le Gouvernement encourage la participation politique des femmes, a expliqué le représentant, qui a cité d’autres mesures en faveur de cette catégorie de la population comme les microcrédits et les filets de protection sociale, sans oublier les efforts pour réduire le chômage des jeunes.  Il a déclaré que son Président a lancé, en janvier dernier, un Dialogue national impliquant toutes les forces politiques du pays et dont l’objectif est le développement et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a indiqué que son pays avait souscrit au Consensus de Montevideo, adopté par la région d’Amérique latine et des Caraïbes en 2013, qui reconnaît l’importance de l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive et de l’égalité des sexes, ainsi que des droits en matière d’orientation et d’identité sexuelles.  La politique nationale du Brésil sur ces questions s’aligne sur les principes du Programme d’action du Caire. 

Le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté représente aujourd’hui un tiers de ce qu’il était lors de la tenue de la CIPD.  Le revenu par habitant des 10% des Brésiliens les plus pauvres a augmenté quatre fois plus vite que celui des 10% les plus riches, a cité en exemple M. Patriota.  Les conditions de travail se sont considérablement améliorées, le taux moyen de chômage étant de 5%, l’un des plus bas au monde.  Quant à l’espérance de vie, elle s’est accrue de 10 ans.  Aujourd’hui moins d’1% des municipalités brésiliennes ont un indice de développement humain « très bas », comparé à près de 85% dans les années 90.  Par ailleurs, la Cour suprême du Brésil a validé en 2011 les unions de même sexe.

M. Miguel Camilo Ruiz Blanco (Colombie) a indiqué que 2,5 millions de personnes étaient sorties de la pauvreté en Colombie sur les quatre dernières années.  Il a défendu une conception  multidimensionnelle de la pauvreté, qui n’est pas seulement monétaire, mais inclut des éléments tels que l’accès aux soins et à l’emploi.  Le délégué a indiqué que son pays menait une politique intégrée des droits de l’homme qui bénéficiait à tout un ensemble de groupes, au nombre desquels les personnes âgées, les populations autochtones ou bien encore les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT).  Il a également affirmé que la lutte contre les grossesses précoces était une des autres priorités poursuivies.  Le délégué de la Colombie a souhaité que les discussions relatives au programme de développement pour l’après-2015 soient centrées sur les besoins des personnes.  Il a affirmé que les objectifs de développement durable pouvaient changer la réalité et accomplir les objectifs fixés au Caire en 1994.

M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a fait part des nouveaux défis au développement économique de son pays notamment le chômage qui est devenu un facteur majeur de migration interne et externe, en particulier des jeunes.  La migration de la main-d’œuvre nationale continuera dans les cinq prochaines années, ce qui réduira le niveau du chômage mais aura une influence négative sur les tendances démographiques, la population active et l’institution familiale.  En dépit des progrès réalisés, beaucoup restent à faire en matière d’emploi des jeunes, d’autonomisation des femmes, en particulier dans le milieu rural et de protection des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées.  Pour atteindre ces objectifs, une Stratégie nationale de développement pour la période 2014-2017 a été adoptée.  Elle sera focalisée sur la santé, l’éducation, la protection des droits de l’homme et les libertés ainsi que le rôle de la famille, l’égalité de genre et la protection sociale.  

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a expliqué que son pays avait accompli des progrès dans de nombreux domaines relatifs, entre autres, à l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive.  Le recours à la contraception a augmenté et la mortalité infantile et maternelle a nettement reculé au cours des 20 dernières années.  En plus de la Stratégie de la santé reproductive et du Programme national de planification familiale, le Maroc a mis en place la Stratégie de la santé des jeunes, pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes et des adolescents, notamment en termes d’information, d’éducation et de prestations cliniques, pour la prévention des grossesses non désirées, des risques liés à l’avortement, des maladies sexuellement transmissibles et de la violence fondée sur le genre.

Par ailleurs, a indiqué M. Hilale, « le Maroc a engagé des réformes audacieuses, tant sur le plan institutionnel que législatif ».  D’après lui, « cette marche assurée vers la réalisation d’un projet de société garantissant l’effectivité des droits et des libertés est renforcée par les efforts du Maroc visant l’harmonisation du droit national et l’alignement des politiques publiques avec les Conventions ratifiées au niveau international ».  Sans une contribution efficace de la communauté des donateurs, il sera difficile d’atteindre les objectifs du Programme d’action du Caire qui demeurent valides au-delà de 2014, a-t-il averti en conclusion. 

M. GORDON BRISTOL (Nigéria) a souligné que le Programme d’action du Caire devra inclure des volets sur l’investissement dans l’éducation, les soins de santé et l’emploi en faveur des jeunes.  Il devra aussi prévoir l’élimination de la faim et de la pauvreté extrême, l’éducation sexuelle, la réduction de la mortalité infantile et maternelle, la lutte contre les violences contre les femmes dans les zones de conflits, la sécurité sociale pour tous en particulier les personnes âgées, l’investissement dans les technologies et le recueil des données en matière de population, la stabilité interne dans les pays où le principe de reddition de compte et de l’état de droit devront prévaloir.

M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a regretté que le Programme d’action du Caire ait été associé et lié exclusivement aux droits de la santé reproductive.  Certes, les chapitres 7 et 8 sont importants mais il faut prendre en compte tous les autres, a-t-il expliqué.  Malte réaffirme qu’aucune recommandation ou aucun engagement ne devrait obliger une partie à considérer l’avortement comme une forme légitime du droit à la santé reproductive.  Aucun débat sur les droits et services de santé ne peut avoir lieu en dehors du cadre de l’un des plus importants droits de l’homme qui est le droit à la vie.  Le droit à la vie s’applique aux enfants qui ne sont pas encore nés, de la conception à la naissance, et considérer l’avortement comme un moyen de résoudre les problèmes de santé et sociaux est un déni du droit, a dit M. Grima.    

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a jugé important que les stratégies de développement tiennent dûment compte des conditions particulières de chaque État.  Ces stratégies doivent avoir pour objectif suprême l’élimination de la pauvreté, a-t-il dit.  Au plan national, le délégué a indiqué que son gouvernement avait fourni les services de base aux communautés et veillé à ce qu’elles soient associées à l’élaboration des politiques de développement les concernant.   L’Érythrée a atteint les objectifs 4, 5 et 6 des OMD, s’est-il aussi félicité.  Au nombre des défis qui demeurent, il a cité l’autonomisation des femmes et des jeunes filles et la nécessité de mettre un terme aux mariages forcés.  Depuis l’adoption du Programme d’action, les questions migratoires ont revêtu une importance croissante, a-t-il affirmé, avant de souhaiter que les défis migratoires auxquels les pays en développement doivent faire face bénéficient d’une attention accrue.

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a attiré l’attention sur une diversité sans précédent des situations démographiques, offrant à la fois des opportunités et des défis pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Pour sa part, la Malaisie a élaboré et appliqué un plan national qui lui a permis d’atteindre la plupart des OMD.  Elle espère devenir un pays développé à revenu élevé d’ici à 2020.  Elle a réussi à réduire la pauvreté grâce à une participation économique renforcée et à l’amélioration de la qualité de l’éducation et de la santé.

Le Gouvernement a accordé une attention particulière à l’éducation des filles et à leur participation à la vie active, qui est passée de 46,8% en 2010 à 52,4% en 2013.  De même, 33,7% des femmes occupaient des postes de direction dans le secteur public en 2013.  Par ailleurs, a fait remarquer le représentant, une stratégie nationale pour le VIH/sida pour la période 2011-2015, qui s’adresse aux jeunes en particulier, a été mise en place.  La Malaisie s’attache à promouvoir une éducation volontaire en matière de santé sexuelle et reproductive et elle est l’un des premiers pays d’Asie à avoir introduit un vaccin pour prévenir le cancer du col de l’utérus.  Consciente du déclin du taux de fécondité et du vieillissement de la population, elle met en œuvre un plan d’action en faveur des personnes âgées. 

M. LIBRAN L. CABACTULAN (Philippine) a indiqué que le statut économique et politique dont jouissent les femmes philippines faisait partie, selon le Forum économique mondial de 2013, des 10 plus enviables au monde.  Au moins 5% du budget total des agences gouvernementales sont consacrés au financement d’initiatives en faveur de l’égalité des genres et du développement, a-t-il affirmé.  Il a ajouté que son pays s’était particulièrement distingué dans la fourniture d’un accès universel à une santé reproductive et sexuelle de qualité.  Le délégué a également affirmé que son gouvernement prêtait une attention particulière au bien-être des 10 millions de Philippins expatriés, dont les envois de fonds en 2013 se sont élevés à 22,8 milliards de dollars.  Enfin, il a souhaité l’inclusion des recommandations du rapport mondial de la session extraordinaire sur le Programme d’action du Caire au-delà de 2014 dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. AARON HOLTZ (Royaume-Uni) a regretté que 20 ans après le Programme d’action du Caire, des millions de femmes et de filles n’aient toujours pas le droit de décider des questions liées à la planification familiale et soient toujours privées d’une éducation sexuelle complète leur permettant de prendre des décisions informées sur leur vie.  Le développement durable restera impossible si la discrimination prévaut, a prévenu le représentant.  Il a dénoncé deux barrières culturelles: les mutilations génitales féminines et les mariages forcés.  Ni la culture ni les traditions ne devraient être invoquées par les États pour nier les droits à leurs citoyens. 

M. ANDRIANARIVELO RAZAFY (Madagascar) a indiqué que des réalisations significatives avaient été enregistrées par son pays, parmi lesquelles l’élaboration d’un cadre juridique pour répondre aux besoins des personnes âgées et la mise à jour des politiques de développement dans les secteurs de la santé et de la jeunesse.  « Le développement du pays est en bonne voie », a-t-il dit.  Il a précisé que la politique générale de l’État, qui a défini la vision « Madagascar, État moderne et prospère », lançait des orientations stratégiques concernant l’accès aux services sociaux de base, notamment la priorité à la santé maternelle et infantile et la gratuité de l’enseignement primaire dans les établissements publics.  « Madagascar fait face à des défis immenses mais réalisables, en l’occurrence la mise en place d’un système de protection sociale efficace et harmonisé, le renforcement de la réinsertion professionnelle, sociale et économique de la population à travers la réduction du secteur informel ainsi que l’amélioration de la gouvernance des affaires publiques », a-t-il conclu.

M. TUY RY (Cambodge) a déclaré que son pays avait fait des progrès considérables dans les domaines de la réduction de la mortalité maternelle, de l’égalité des sexes et de la prévention du VIH/sida.  Il a remercié le système des Nations Unies, en particulier le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), qui a aidé le Cambodge à mettre au point un « Cadre d’action pour le suivi du Programme d’action de la CIPD au-delà de 2014 », en partenariat avec la société civile et le secteur privé.  Par ailleurs, a poursuivi M. Ry, le Cambodge se trouve dans une phase de transition démographique, avec l’arrivée d’un nombre croissant de jeunes en âge de travailler.  L’assistance et l’expertise de la communauté internationale sont indispensables à cet égard pour développer les ressources humaines et renforcer les capacités institutionnelles.  Enfin, le Cambodge souhaite que les objectifs de la CIPD continuent de figurer dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a rappelé que les jeunes représentaient 45,5% de la population de son pays.  La Zambie a érigé en priorité les investissements pour répondre aux besoins de cette catégorie de la population, a-t-il dit, et parmi ceux-ci, la mise en place d’une éducation sexuelle complète « afin que les jeunes disposent des informations nécessaires pour faire des choix informés », ainsi que l’amélioration de l’éducation.  Le délégué a également affirmé que son gouvernement visait à mettre un terme aux grossesses précoces et aux mariages forcés.  Un projet de loi est en discussion et fixerait l’âge légal du mariage à 18 ans, y compris dans le droit coutumier, et exigerait le consentement des deux parties.  Insistant sur l’importance de la santé sexuelle et reproductive, M. Chinyonga a indiqué que son gouvernement s’était attelé à la construction de 650 centres de santé à travers le pays afin de rapprocher les services de santé des populations, en particulier dans les zones rurales.  En conclusion, il a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme d’action au-delà de 2014.

M. BARNIKO (Kiribati) a dit qu’il convenait d’éradiquer rapidement toutes les inégalités et de prendre en compte l’évolution démographique des populations.  « Nous devons nous assurer que nous allons poursuivre ce qui est juste pour nos populations, car ce qui était important il y a 20 ans, continue de l’être aujourd’hui », a-t-il souligné.  C’est le cas de la préservation de l’environnement pour les générations à venir.  Ayant salué la tenue du Sommet sur le climat, le 23 septembre dernier, il a estimé qu’il fallait traduire les annonces qui ont été faites en action sur le terrain.  Les défis et les niveaux de développement varient selon les pays, mais cette diversité ne doit pas les diviser dans l’élaboration d’un nouvel ordre économique mondial.  « Il faut agir maintenant », a insisté le représentant.  La fonte de la calotte polaire aura une incidence très importante sur les générations futures.  Les atolls comme Kiribati « sont sur la ligne de front de la lutte contre les changements climatiques ».  C’est « une question de survie et de dignité humaine ».  Pour cette raison, il faudrait que les objectifs de la CIPD au-delà de 2014 s’articulent autour des droits de l’homme.  « L’avenir de la planète dépendra d’un leadership visionnaire ».

M. AHMED SAREER (Maldives) s’est dit fier des succès de ces 20 dernières années en matière de développement qui a été couronné en 2011, par la sortie des Maldives de la liste des pays les moins avancés (PMA).  Cinq des huit OMD ont été réalisés et les trois restants sont en voie de l’être.  Les problèmes du pays sont notamment la répartition équitable de revenus et les violences contre les femmes.  À cet égard, le Gouvernement a adopté une loi sur l’égalité des sexes et formulé une loi sur la santé reproductive.  Le représentant a souligné que les jeunes constituent 44% de la population mais qu’ils sont confrontés à l’alcoolisme et à la consommation de drogues.  Le Gouvernement s’est donc résolu à adopter des programmes d’autonomisation des groupes vulnérables et de soutien aux enfants à risques.  En septembre 2014, un nouveau recensement de la population a été lancé avec pour objectif de définir de nouvelles politiques et mesures de développement.

M. BERNARDITO AUZA, Saint-Siège, a déploré que 1,2 milliard de personnes vivent encore dans la pauvreté extrême.  Nous ne devons pas nous contenter des résultats actuels, a-t-il dit, ajoutant que sortir de la pauvreté était le meilleur moyen pour un individu de jouir de ses droits fondamentaux.  Il a également regretté que de nombreux responsables politiques, ainsi que de larges secteurs des sociétés, perçoivent les migrations comme un phénomène négatif.  « Les clichés défavorables sur les migrants sont utilisés afin de promouvoir des politiques préjudiciables à leurs droits et dignité. »

Qualifiant la santé de pilier d’un véritable développement, M. Auza a regretté que le rôle de la CIPD en ce qui concerne la santé maternelle soit utilisé pour « promouvoir des droits à la santé reproductive préjudiciables à la vie humaine non encore née et aux besoins des femmes elles-mêmes ».  Les efforts pour remédier à la mortalité maternelle, la fistule obstétrique, la mortalité infantile et les maladies sexuellement transmissibles sont entravés par des politiques qui ne prennent pas en compte le droit à la vie des enfants non encore nés, a-t-il poursuivi.  Il a enfin indiqué que la santé reproductive incluant un droit à l’avortement contrevenait explicitement aux mots de la CIPD, défiait les normes morales et juridiques de certaines communautés et entravait les efforts pour répondre aux besoins véritables des mères et des enfants.

Mme AMY MUEDIN,Organisation internationale pour les migrations (OIM), a indiqué qu’il y avait 154 millions de migrants dans le monde en 1994, contre 232 millions aujourd’hui et que ce chiffre ne cessait d’augmenter.  « Les migrations contemporaines sont beaucoup plus complexes que dans les années 90 », a-t-elle expliqué.  Elles représentent une dynamique démographique très importante dans le cadre des discussions sur le programme de développement pour l’après-2015.  Si les liens entre migration et développement sont mieux reconnus, il faut néanmoins appeler les États à protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous les migrants indépendamment de leur statut.  Il faut également lutter en faveur de l’intégration économique des migrants et contre la discrimination, le racisme et l’exploitation.  La représentante a proposé d’identifier des indicateurs concrets pour suivre le potentiel de développement des migrants et le respect de leurs droits.  « Si la migration est inévitable pour des raisons économiques et environnementales, elle est désirable pour répondre aux besoins des sociétés d’accueil », a-t-elle conclu.

M. ISLAM ABDULLAH HASSAN AL-AMRI,Ligue des États arabes, a dit qu’il est important d’établir la paix et combattre la violence dans la région arabe pour pouvoir réaliser le Programme d’action du Caire et relever les défis démographiques.  En 2013 précisément, la Ligue des États arabes a organisé au Caire, une Conférence sur la population et le développement en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population.  Cette Conférence a été une occasion pour les États membres de renouveler leurs engagements en matière de population et de développement.  Elle a aussi été une opportunité de demander l’inclusion du Programme d’action du Caire dans le programme de développement pour l’après-2015.  Cette vision arabe est un élément essentiel qui permettra de réaliser une politique démographique arabe et de parvenir à des objectifs démographiques parallèlement aux OMD, a indiqué le délégué. 

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