Le Libéria et la Sierra Leone témoignent devant l’Assemblée générale de la lutte pour leur survie face à l’épidémie d’Ebola
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Assemblée générale
Soixante-neuvième session
17e, 18e & 19e séances plénières
Matin, après-midi & soir
LE LIBÉRIA ET LA SIERRA LEONE TÉMOIGNENT DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DE LA LUTTE POUR LEUR SURVIE FACE À L’ÉPIDÉMIE D’EBOLA
Les États Membres entendent également les avertissements des dirigeants israélien et syrien
L’Assemblée générale a poursuivi, aujourd’hui, le débat général de sa soixante-neuvième session, qui doit s’achever demain, en voyant se succéder à sa tribune les dirigeants de 33 pays venus plaider les grandes causes de ce monde, tout en exprimant leurs difficultés particulières sur la voie du développement, ainsi que l’ont fait deux pays d’Afrique de l’Ouest gravement touchés par l’épidémie d’Ebola.
La sécurité du monde est aussi mise en péril par l’épidémie d’Ebola, ont souligné avec détresse les dirigeants de deux pays frappés par ce terrible fléau, le Libéria et la Sierra Leone. Rappelant les ravages que fit la guerre civile au Libéria, le Ministre des affaires étrangères de ce pays a estimé que l’ennemi Ebola était d’autant plus perfide qu’il n’existait aucune ligne de front.
Selon certains experts, a-t-il indiqué, l’épidémie pourrait, dans le pire des cas, coûter la vie à environ 1,4 million de personnes dans la région d’ici au mois de janvier 2015.
« Depuis les six derniers mois, un sombre nuage plombe le paysage libérien, de telle manière qu’au lieu de faire état de croissance économique, nous nous voyons contraints de signaler un déclin économique. La mise en œuvre de pratiquement tous les piliers de l’Agenda pour la transformation du Libéria a été interrompue et au lieu de consacrer son attention à l’intégration régionale, le Libéria envisage à présent la coopération régionale pour affronter un ennemi mortel, à savoir la maladie à virus Ebola », a déclaré le Ministre.
Un soutien mondial fort, tant par voies aérienne que terrestre, est nécessaire pour vaincre une épidémie qui, sous beaucoup d’aspects, est « pire que le terrorisme », a estimé, pour sa part, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone.
Il a affirmé que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest constituait « une question de vie et de mort pour l’humanité » et a vigoureusement plaidé pour une riposte internationale renforcée.
Par ailleurs, alors que la coalition antidjihadiste poursuit et accélère ses raids aériens en Syrie et en Iraq, deux pays de la région directement concernés ont fait part de leurs inquiétudes quant à la progression de l’État islamique en Iraq et au Levant.
L’État islamique en Iraq et au Levant est l’« organisation terroriste la plus dangereuse du monde en termes de financement et de brutalité », a déclaré le Vice-Premier Ministre de la Syrie. M. Walid Al-Moualem, qui a regretté le manque de détermination pour appliquer la résolution par laquelle le Conseil de sécurité a condamné le terrorisme de ce groupe, a voulu prévenir des risques qu’il y avait à se battre sur le plan militaire tout en continuant, pour certains États, à soutenir les mouvements terroristes.
Les avertissements ont aussi visé l’Iran, que le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a accusé de vouloir produire l’arme nucléaire. Il a demandé à la communauté internationale de ne pas se leurrer avec les élections en Iran et « l’offensive de charme » menée par ce pays.
M. Netanyahu a également saisi cette occasion pour répliquer au discours prononcé vendredi à la même tribune par le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qui accusait notamment Israël de « crime de génocide ». Il s’est révolté contre le fait que l’on accuse les juifs d’un tel crime, avant de parler lui-même de « crime de guerre », en dénonçant les milliers de tirs de roquettes lancés par le Hamas sur Israël. À ce moment de son discours, M. Netanyahu a brandi une photo d’enfants côtoyant des missiles pour illustrer son propos.
Après avoir mis en garde la communauté internationale contre ce qu’il a appelé « l’islamisme militant », il a affirmé que « l’État islamique en Iraq et au Levant et le Hamas sont les branches d’un même arbre empoisonné ». Selon lui, « le Hamas a pour objectif immédiat de détruire Israël, mais il veut aussi un califat ».
Le Secrétaire d’État du Saint-Siège, Mgr. Pietro Parolin, a dénoncé la persécution des chrétiens et des minorités religieuses en Iraq et en Syrie. « Nous sommes face à des comportements criminels qui n’avaient pas été prévus dans la Charte des Nations Unies », a-t-il observé, suggérant des normes de prévention et d’intervention du Conseil de sécurité en cas de guerre provoquée par un acteur non étatique. « Cette réalité nous demande une Organisation des Nations Unies renouvelée et active qui renforce et défende la paix », a-t-il plaidé. Cet appel a été repris par d’autres intervenants qui, à l’instar des jours précédents, veulent donner un coup d’accélérateur à la réforme de l’ONU.
Aujourd’hui, plusieurs pays lusophones ont également pris la parole, comme Sao-Tomé-et-Principe, dont le Premier Ministre a demandé à la communauté internationale de poursuivre les efforts pour consolider le respect de l’état de droit en Guinée-Bissau. Ce pays a en effet toujours besoin du soutien de la communauté internationale pour se stabiliser, a reconnu M. Domingos Simoes Pereira qui a ensuite demandé la réactivation du groupe de contact international sur la Guinée-Bissau sous les auspices de l’ONU.
La suite et la fin du débat général aura lieu demain, mardi 30 septembre, à partir de 9 heures.
Suite du débat général
M. GABRIEL ARCANJO FERREIRA DA COSTA, Premier Ministre de Sao Tomé-et-Principe, a estimé que le développement durable de l’Afrique devait se faire sur la base des piliers proposés par l’Union africaine et a appelé l’ONU à adapter son programme aux réalités spécifiques de l’Afrique et sans perdre de vue les avancées réalisées par certains pays pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a également jugé nécessaire d’accélérer le processus de réforme de l’ensemble du système de l’ONU afin de le rendre plus dynamique, représentatif, effectif et légitime, entre autres.
M. da Costa s’est félicité de la résolution de la situation en Guinée-Bissau et a appelé l’ONU, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) à poursuivre leurs efforts pour consolider le respect de l’état de droit dans ce pays. Il a également salué la signature récente de l’Accord de paix au Mozambique, pour ensuite appeler à la résolution des conflits en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Sahara occidental.
Le Premier Ministre a aussi appelé la communauté internationale à coordonner son action dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, s’inquiétant notamment des activités de Boko Haram au Nigéria, ainsi que du « récent phénomène de l’État islamique ». Il a salué la conclusion d’un cessez-le-feu entre Israël et la Palestine ainsi qu’entre les parties au conflit en Syrie.
M. da Costa a rappelé que son pays était situé dans le golfe de Guinée, une région, a-t-il souligné, fortement touchée par la piraterie, le terrorisme et le trafic de drogues. Le Gouvernement de Sao Tomé-et-Principe a donc pris plusieurs mesures pour combattre ces phénomènes, à commencer par l’élaboration d’un cadre législatif pour moderniser ses forces armées, ainsi que la mise en œuvre des recommandations du Sommet de Yaoundé. Il s’est félicité des progrès réalisés pour établir un centre de coordination interrégional. Le Premier Ministre a ensuite appelé les pays développés à assurer la continuité du mécanisme pour un développement propre, notamment à l’intention des pays les moins avancés, et à mobiliser la volonté politique nécessaire pour conclure, à Paris, en 2015, un accord juridiquement contraignant sur les changements climatiques.
Après avoir appelé à la levée de l’embargo imposé à Cuba, M. da Costa a engagé la communauté internationale à identifier d’urgence les synergies nécessaires pour combattre l’épidémie d’Ebola. Sao Tomé-et-Principe a préparé un plan de prévoyance et mis en place des mesures préventives, notamment des restrictions sur l’accès à ses aéroports et ports ce qui, a averti le Premier Ministre, risque d’avoir un impact sur l’économie déjà fragile du pays.
Le Premier Ministre a ensuite dit souhaiter que Taiwan puisse participer aux activités de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il a par ailleurs annoncé la tenue, le 12 octobre dans son pays, des élections législatives, régionales et locales longtemps attendues, précisant que le processus électoral se déroule normalement et que son gouvernement était parvenu à résoudre les difficultés financières en découlant, grâce à l’appui de ses partenaires en développement.
M. MANUEL DOMINGOS VICENTE, Vice-Président de l’Angola¸ a souligné l’importance du rôle des Nations Unies pour trouver des solutions face à la montée des crises internationales ainsi que l’intensification des conflits.
L’Angola réitère l’importance pour les États Membres de faire des efforts pour que les Nations Unies soient une organisation forte et efficace, plus équilibrée, inclusive et crédible qui promeut la confiance entre les États et renforce les relations, l’amitié et la coopération internationale.
Il a souligné le rôle de L’Organisation pour prévenir la résurgence des conflits armés et leurs conséquences négatives, en faveur du désarmement, lutter contre les trafics d’êtres humains et de drogues, le crime organisé, le terrorisme ou la piraterie. Le fondamentalisme religieux dans certains pays d’Afrique a pris de violentes proportions qui posent des menaces à la sécurité régionale, avec des conséquences graves à la paix, la stabilité et le développement. L’Angola estime que le dialogue et la négociation sont les meilleurs moyens de résolutions de conflit.
L’Angola, qui a pris la présidence tournante de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs en janvier dernier, continue de promouvoir la résolution de conflits sur la continent africain en vue d’atteindre la stabilité, le développement économique et institutionnel, la sécurité interne et aux frontières, la bonne gouvernance et les droits de l’homme. L’Angola est engagé dans le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs. L’épidémie d’Ebola constitue aussi un grand problème, a dit le Vice-Président.
En outre, l’Angola réitère la nécessité de réforme et de revitalisation du système des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, qui devrait refléter le contexte international actuel et respecter la représentation géographie, par une augmentation du nombre des membres permanents, dont un siège devait revenir à l’Afrique.
M. Vicente a aussi déclaré que le conflit israélo-palestinien et le manque de progrès dans la recherche d’une solution était à l’origine de l’instabilité au Moyen-Orient et de la résurgence du terrorisme dans la région. L’Angola fait appel à la volonté politique et à la flexibilité des parties et encourage le Secrétaire général et le Secrétaire d’État américain à poursuivre leurs efforts de médiation en vue de la création d’un État palestinien indépendant et souverain.
Concernant l’impasse dans la question du Sahara occidental, l’Angola invite les parties à continuer leurs négociations sous les auspices des Nations Unies et de l’Union africaine en vue de trouver une solution en accord avec les principes de la résolution 1514 (XV) de décembre 1960.
S’agissant des questions de développement, le Vice-Président a indiqué que l’Angola avait mis en œuvre son plan national de développement pour 2013-2017 qui a pour objectif d’accroître la fourniture de services sociaux aux populations, la diversification de l’économie et la stabilité macroéconomique qui sont à la base du processus d’un pays à revenu intermédiaire. Le Vice-Président a appelé à la fin de l’embargo frappant Cuba et a remercié les États qui ont apporté leur appui à la candidature de l’Angola à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2015-2016.
M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a appelé l’ONU et ses partenaires à n’épargner aucun effort pour mettre un terme à l’épidémie d’Ebola et prévenir d’autres pertes en vies humaines. Il a souligné que la question des changements climatiques était une question essentielle pour les pays en développement du continent africain, notant que le phénomène avait un impact direct sur leur production alimentaire. Il s’est félicité du fait qu’alors que la communauté internationale procédait à la définition du programme de développement pour l’après-2015, elle n’avait pas perdu de vue l’échec collectif à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté. Il a aussi insisté sur l’urgence, pour les partenaires en développement, d’honorer leur engagement en matière d’aide publique au développement (APD).
M. Dlamini a expliqué que la sécurité alimentaire demeurait un défi critique pour le continent africain et a jugé nécessaire de poursuivre l’octroi de ressources financières, le transfert de technologies respectueuses de l’environnement et l’assistance technique à l’intention des pays en développement. Il a indiqué que le « Royaume d’Eswatini », continuait de consacrer une part importante de son budget à l’agriculture et qu’il était prévu de construire des barrages pour irriguer l’ensemble du Royaume. Les petits agriculteurs reçoivent une aide sous forme d’intrants, ce qui a contribué à augmenter la production alimentaire du Royaume.
Le Premier Ministre a ensuite fait part de son appui à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ainsi qu’au renforcement du commerce intra-africain et à la création d’une zone continentale de libre-échange. Il a aussi dit souhaiter que l’accès aux marchés mondiaux se fasse dans des conditions qui profitent à tous. M. Dlamini a souligné la nécessité, dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, d’accorder une attention particulière à la situation des pays à revenu intermédiaire où, a-t-il précisé, vivent la majorité des pauvres du monde.
M. DOMINGOS SIMÕES PEREIRA, Premier Ministre de Guinée-Bissau, a exprimé sa gratitude aux Nations Unies, ainsi qu’au Timor-Leste et à la sous-région à laquelle appartient son pays pour leur soutien dans le processus de consolidation de la paix de la Guinée-Bissau, mentionnant aussi l’aide apportée par tous les autres partenaires internationaux. La société bissau-guinéenne a un espoir renouvelé dans un nouveau cycle politique, a-t-il indiqué tout en rappelant que, dans la situation d’après-conflit, les institutions et les ressources financières restent fragiles. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle aide le pays à se stabiliser au cours de la période postélectorale, en soutenant les programmes adoptés par le Gouvernement.
En ce qui concerne le programme d’urgence, il vise à assurer la sécurité alimentaire et la stabilité sociale, en soutenant la production alimentaire, l’accès à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, à l’eau et à l’énergie. Le Premier Ministre a ensuite parlé d’un autre programme qui garantit la transparence et la reddition de comptes dans l’exploitation des ressources naturelles. Ce programme, a-t-il ajouté, vise en outre à mettre un terme aux pratiques nuisibles qui ont conduit au pillage des ressources des forêts et de la pêche au cours des deux dernières années.
M. Peireira a ensuite parlé du programme de développement à moyen terme de son pays qui sera soumis à ses partenaires internationaux lors de la conférence de donateurs qui se tiendra plus tard cette année ou en 2015. Il s’est félicité de la confiance croissante dans le Gouvernement et de l’approbation de son programme par le Parlement. Il a insisté sur l’importance du soutien des partenaires internationaux et régionaux pour que ces efforts portent leurs fruits, en particulier pour le secteur de la défense et de la sécurité, ainsi que pour étendre la présence étatique sur tout le territoire. Il faut aussi, a-t-il ajouté, aider le pays dans sa lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée.
Le Premier Ministre a demandé la réactivation du Groupe de contact international pour la Guinée-Bissau sous les auspices des Nations Unies, afin de surveiller la situation nationale et de promouvoir la mobilisation de l’aide internationale. Il s’est prévalu d’efforts du consensus atteint sur les principales questions politiques, qui est ancré dans un protocole politique.
Il a ensuite parlé de l’épidémie d’Ebola, en saluant les efforts déployés sur le plan international pour y faire face. Il a aussi appelé à réformer le Conseil de sécurité des Nations Unies, en prévoyant d’allouer au continent africain deux sièges permanents dotés du droit de veto et cinq sièges non permanents. Il a également plaidé en faveur du développement durable et de la lutte contre les changements climatiques. À cet égard, il a fait valoir que 12% de son territoire est constitué de zones protégées, un chiffre qui devrait être doublé d’ici à 2020.
M. JOE Y. NATUMAN, Premier Ministre de Vanuatu, a salué le peuple des îles Fidji pour l’élection pacifique d’un nouveau gouvernement démocratique, ainsi que le Premier Ministre, pour avoir honoré sa promesse à la communauté internationale à ce sujet. Petit État insulaire en développement, Vanuatu est vulnérable aux chocs tant internes qu’externes, mais a réussi, depuis quelques dizaines d’années, une croissance économique graduelle, reflétée dans une amélioration du revenu par habitant, a déclaré M. Natuman. Il a souligné que son pays avait bénéficié d’une période de grâce de quatre ans pour lui permettre une « transition douce » de sortie de la catégorie de pays les moins avancés, prévue en décembre 2017.
Il a précisé que son pays examinait actuellement les avantages qu’il serait susceptible de perdre, dans une perspective de négociation pour conserver certaines concessions jugées importantes, voire vitales, pour un développement économique durable. Dans ce cadre, il a mis l’accent sur la nécessité de se concentrer davantage sur les vulnérabilités de Vanuatu que sur une « transition douce ».
S’agissant de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le Premier Ministre de Vanuatu en a souligné la difficulté, en raison notamment de la dispersion géographique de la population sur 83 îles, et a invité les pays développés à honorer leurs engagements d’accroître l’aide publique au développement de 0,7% de leur PNB.
M. Natuman a enfin réitéré le fait que les changements climatique étaient un défi mondial majeur pour tous. Il constitue une menace pour l’existence même des États du Pacifique, qui ne sauraient séparer la problématique du développement durable de celle des effets des changements climatiques.
Par ailleurs, en sa qualité d’ancien combattant pour l’indépendance de Vanuatu, il a prié les Nations Unies de finaliser l’œuvre de décolonisation de son pays et a salué le fait qu’en 2012 la France ait exprimé sa disposition à dialoguer. Il a émis le vœu que cette ouverture permette aux peuples autochtones de se réapproprier l’exercice de leurs droits culturels et spirituels dans les deux îles d’Umaenupne (Mathew) et de Leka (Hunter), et de revitaliser les routes traditionnelles des ancêtres dans la province de Tafea.
Il a également appuyé les conclusions et recommandations du rapport de la mission de l’ONU en Nouvelle-Calédonie en vue de l’application de l’Accord de décolonisation de Nouméa, et a sollicité l’appui de l’ONU au Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) et au peuple Kanak.
Mgr PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a rappelé les paroles du pape François dénonçant la mondialisation de l’indifférence politique, économique et sociale qui a fait qu’une grande partie de l’humanité ne bénéficie pas du progrès et est reléguée au statut de citoyen de seconde zone. Cette apathie est synonyme d’irresponsabilité. C’est le cas aujourd’hui quand cette « union des États » reste passive face à la souffrance des populations sans défense. Mgr Parolin a réitéré l’appel du pape qui a proposé à l’Assemblée générale d’approfondir sa compréhension de « ce moment complexe et difficile où nous vivons ».
Avec la situation dramatique dans le nord de l’Iraq et en Syrie, il faut se rappeler que ces violences ne sont pas la volonté de Dieu et dévient la religion elle-même, a dit Mgr Parolin. Face aux défis de la sécurité et dans un monde de communication mondialisée, il a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur deux points. Le premier est d’examiner les origines politiques et culturelles des défis contemporains en reconnaissant la nécessité de mettre en place des stratégies innovantes tenant compte des aspects culturels des crises. Le deuxième point est l’examen du droit international notamment sa mise en œuvre par des mécanismes des Nations Unies pour prévenir les guerres, arrêter les agresseurs, protéger les populations et aider les victimes.
Le Secrétaire d’État s’est ensuite posé la question de la voie à suivre vers le renforcement du dialogue et de la compréhension entre les cultures. Ce chemin doit devenir un objectif de la communauté internationale et des gouvernements, si vraiment nous sommes engagés à établir la paix dans le monde. Dans le même temps, il a rappelé que ce n’est ni le rôle des organisations internationales ni celui des gouvernements d’inventer une culture. Les gouvernements ne sont pas les porte-parole des cultures et ils ne sont pas les premiers acteurs responsables du dialogue culturel et interreligieux. Les organisations internationales et les gouvernements ont le devoir de promouvoir et d’appuyer, de manière décisive et avec des moyens financiers, les initiatives et les mouvements qui favorisent le dialogue et la compréhension entre les cultures, les religions et les peuples.
La situation actuelle requiert une compréhension incisive du droit international en donnant une attention particulière à la notion de « responsabilité de protéger ». En fait, une des caractéristiques des phénomènes terroristes est qu’ils ne tiennent pas compte de l’existence des États et de l’ordre international. Cette réalité nous demande une Organisation des Nations Unies renouvelée et active qui renforce et défend la paix. Mais contenir le terrorisme dépasse parfois ses capacités. Dans ce sens, nous sommes face à des comportements criminels qui n’avaient pas été prévus dans la Charte des Nations Unies. Aussi, faudra-t-il reconnaître que les normes en place pour la prévention de la guerre et d’intervention du Conseil de sécurité soient dans le cas d’une guerre provoquée par un acteur non étatique. Mgr Parolin a en outre déploré la persécution des chrétiens et des minorités religieuses en Iraq et en Syrie.
Dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, le Secrétaire d’État du Saint-Siège a demandé à ce que les nouveaux objectifs de développement soient formulés avec générosité et courage, qu’ils aient un impact réel sur les causes structurelles de la pauvreté et de la faim, permettent d’aboutir à des réalisations substantielles dans la protection de l’environnement, contribuent à donner des emplois dignes et productifs à tous et offrent une protection appropriée aux familles.
M. WALID AL-MOUALLEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, a rappelé que, depuis trois ans et demi, son pays ne cessait de lancer des avertissements pour éviter les « transformations importantes » qui ont eu lieu ces derniers mois. Il a estimé que ces évènements étaient bien plus dangereux que les crises politiques et économiques mondiales. « Nous avons dit que le terrorisme qui frappe la Syrie ne resterait pas à l’intérieur des frontières syriennes car le terrorisme ne connaît pas de frontières », a-t-il dit en qualifiant l’État islamique d’Iraq et du Levant d’« organisation terroriste la plus dangereuse du monde en termes de financement et de brutalité ».
« N’est-ce pas le moment de la vérité et de reconnaître que l’État islamique d’Iraq et du Levant, le Front al-Nosra et les autres groupes affiliés à Al-Qaida ne vont pas se cantonner à l’intérieur des frontières de la Syrie et de l’Iraq, mais vont s’étendre partout où ils peuvent, en commençant par l’Europe et l’Amérique? » Le Vice-Premier Ministre a invité la communauté internationale à unir ses efforts pour faire front à ces organisations. « Ces organisations elles-mêmes ont rassemblé des extrémistes de partout dans le monde pour les entraîner et les armer, avant de les déployer dans leurs pays d’origine pour qu’ils disséminent leur idéologie et le terrorisme. »
« Mieux vaut tard que jamais », a reconnu M. al-Mouallem, en évoquant la résolution adoptée par le Conseil de sécurité le 15 août dernier. Il a cependant regretté l’absence de détermination pour appliquer de texte. Il a dénoncé une politique de deux poids, deux mesures de la part du Gouvernement américain qui, selon lui, ne cherche qu’à promouvoir son propre agenda politique. On ne peut pas combattre le terrorisme si on n’applique pas les résolutions des Nations Unies, a-t-il averti, avant de plaider en faveur de l’assèchement des ressources du terrorisme. À cet égard, il a prévenu des risques qu’il y avait à se battre sur le plan militaire tout en continuant, pour certains États, à soutenir les groupes terroristes.
« Mettons, ensemble, un terme à l’idéologie des terroristes et à ceux qui les exportent. Mettons, en même temps, la pression sur les pays qui se sont joints à la coalition menée par les États-Unis pour qu’ils cessent de soutenir les groupes terroristes armés ». Le Vice-Premier Ministre a expliqué que ce n’est que dans ces conditions que la lutte militaire contre le terrorisme serait efficace.
Passant à la crise syrienne, il s’est dit convaincu que seule une solution syrienne, sur le territoire syrien, pouvait aboutir, regrettant l’échec de la deuxième Conférence de Genève, à cause du manque de crédibilité de l’opposition. Il a rappelé la tenue récente de l’élection présidentielle et appelé à respecter cette expression de la volonté du peuple syrien. La solution politique en Syrie doit être trouvée avec une opposition qui recherche la prospérité, la stabilité et la sécurité de la Syrie, a-t-il dit. « Une opposition qui ait des racines profondes en Syrie et non dans des hôtels et des capitales occidentales. »
Le Vice-Premier Ministre a ensuite parlé de la situation humanitaire dans son pays en se plaignant des « sanctions inhumaines imposées par l’Union européenne et les États-Unis qui aggravent les conditions de vie des civils ». Concernant les Syriens qui ont trouvé refuge dans des camps de pays voisins, des camps qui s’apparentent selon lui à des camps d’entraînement militaire ou à des lieux de détention, il les a invités à revenir en Syrie. Il leur a garanti un retour en toute sécurité et des conditions de vie décentes.
M. al-Moualem a ensuite rejeté les actions menées par Israël pour changer la nature, la géographie et la démographie du Golan syrien occupé. Il a aussi soutenu les droits inaliénables du peuple palestinien. Sur le plan du désarmement, il a rappelé que son pays avait adhéré à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et rempli ses obligations à ce titre. Il s’est dit attaché à l’instauration d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, ce qui exige, a-t-il expliqué, l’accession d’Israël à tous les traités qui interdisent ces armes.
M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a affirmé que les pays les moins avancés rencontrent de nombreux défis pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment des conflits armés, des troubles politiques, des pandémies, et la dégradation de l’environnement. Il a insisté sur la nécessité de créer un environnement sûr et favorable pour assurer le développement socioéconomique des pays.
M. Sisoulith a ensuite indiqué que depuis la fin de la guerre, il y a 39 ans, son pays avait consacré tous ses efforts au développement, mettant notamment en œuvre sept plans socioéconomiques quinquennaux. Il a expliqué que l’examen à mi-parcours du septième de ces plans avait démontré que son pays avait réalisé des avancées remarquables en matière de croissance économique, de stabilité politique et de respect de l’ordre social, le plaçant sur la bonne voie pour se voir radier, d’ici à 2020, de la liste des pays les moins avancés.
Il a reconnu que des défis persistaient toutefois, notamment en matière de réduction de la malnutrition infantile, d’égalité entre les sexes et de réduction de la mortalité maternelle et infantile. L’impact des engins non explosés déposés pendant la guerre représente aussi un fardeau de taille, lequel entrave le développement économique du pays ainsi que l’élimination de la pauvreté. Le Gouvernement lao compte ainsi parmi ceux qui ont initié la Convention d’Oslo sur les armes à sous-munitionset appelle à la pleine mise en œuvre de ce texte.
Après s’être inquiété de l’impact des sanctions, sur Cuba notamment, le Vice-Premier Ministre a appelé l’ONU à se renforcer afin de pouvoir mieux s’acquitter de son mandat. Il a aussi parlé de la vision post-2015 de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui, a-t-il expliqué, vise à renforcer l’unité de cette communauté d’États. Il a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer la création de cette communauté, notamment lorsque la République démocratique populaire lao en assumera la présidence, en 2016.
M. Sisoulith s’est par ailleurs dit préoccupé du fait qu’après 10 ans de mise en œuvre, nombre des objectifs du Programme d’action d’Almaty, destiné à répondre aux besoins des pays en développement sans littoral, n’aient toujours pas été réalisés. Il a souligné toute l’importance que revêt la tenue, en novembre, en Autriche, de la deuxième Conférence des pays en développement sans littoral et a appelé l’ensemble des parties prenantes, notamment les pays de transit et les partenaires en développement, à y participer de manière active.
M. SHEIKH KHALID BEN AHMED BEN MOHAMMED AL KHALIFAH, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a dit soutenir l’appel du Secrétaire général de l’ONU, lancé au Sommet sur le climat du 23 septembre dernier, afin qu’un accord global sur le climat soit trouvé au cours des prochaines vingtième et vingt-et-unième réunions des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP20 et COP21), respectivement à Lima, au Pérou et à Paris, en France.
Il s’est ensuite félicité du fait que le Bahreïn soit classé parmi les « pays ayant un très fort indice de développement humain » dans le rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (UNDP). Il a ajouté que sur initiative du Roi du Bahreïn, M. Hamad Ben Isa Al-Khalifah, un tribunal arabe sur les droits de l’homme verra bientôt le jour, avec l’approbation de la Ligue des États arabes. Le Ministre a en outre noté que grâce à des mesures prises au niveau national, le pays a pu réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant l’échéance de 2015.
M. Mohammed Al Khalifah a par ailleurs relevé que le Moyen-Orient faisait face à de nombreux défis, parmi lesquels l’émergence des groupes terroristes qui persécutent des minorités ethniques et religieuses et déclarent la guerre à des États souverains, en violation, a-t-il expliqué, des doctrines propres à toutes les religions, y compris l’islam, qui prônent les valeurs telles que la tolérance, l’égalité et le respect de la diversité culturelle. « Ces groupes terroristes détruisent les valeurs de l’islam sous le fallacieux prétexte de l’islam auquel ils sont étrangers », a ajouté le Ministre. Il a déclaré que les groupes terroristes tels que Al Qaida, l’État islamique en Iraq et au Levant et le Hezbollah ainsi que leur affiliés recrutaient des combattants en Orient comme en Occident pour perpétrer leur actes horribles, avec comme objectif de saper la sécurité des États et de propager l’anarchie et renverser des régimes.
Il a souhaité que la lutte contre le terrorisme se fasse de manière coordonnée au sein de la communauté internationale, et il a souligné que l’aviation de Bahreïn avait déjà effectué des frappes sur des positions de l’État islamique en Iraq et au Levant, en coordination avec les pays hôtes. Il a également suggéré que les imams soient mis à contribution pour combattre l’idéologie de ces groupes terroristes, et il a aussi plaidé afin que leurs sources de financement soient bloquées. Sur ce dernier point, le Ministre a annoncé que le Bahreïn organisait, en début du mois de novembre, une conférence internationale de haut niveau sur le financement du terrorisme, afin d’examiner, a-t-il affirmé, les voies et moyens de mettre un terme au financement du terrorisme.
M. Mohammed Al-Khalifa a ensuite noté que l’un des problèmes du Moyen-Orient est la question de « l’expansionnisme et des tentatives d’ingérence dans les affaires internes des États, en violation du principe de souveraineté des États ». Il a ainsi expliqué que tous les pays de la région ont souffert de ce phénomène dont l’une des manifestations, a-t-il présenté, est l’utilisation de médias satellitaires et de médias sociaux, dans le but de changer les faits et créer l’instabilité dans la région. Il a ensuite abordé un certain nombre de sujets en rapport avec les pays arabes. Il a relevé que le Yémen vivait actuellement cette situation de déstabilisation causée par l’ingérence étrangère, et il a réaffirmé le soutien du Bahrein au Président Abd Rabo Mansour Hadi dans sa volonté de renforcer le consensus national inhérent au dialogue national.
Il a ensuite dit sa satisfaction de voir que l’Iraq, en proie à l’insécurité, connaissait en ce moment des développements positifs avec la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Il a également salué les avancées de la démocratie en Égypte, et, au sujet de la Syrie, il a déploré la crise humanitaire dans le pays. Il a par ailleurs souligné son vœu de voir le Sahara Occidental se doter d’un gouvernement propre, sous la souveraineté marocaine et en conformité avec la légitimité internationale, a-t-il déclaré.
Le Ministre a aussi salué la mise en place d’un nouveau gouvernement en Libye, et il a dit son souhait de voir l’ordre constitutionnel être respecté. Sur la question du programme nucléaire iranien, il a souhaité que les négociations entre l’Iran et les gouvernements des E3+3 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, États-Unis, Fédération de Russie) permettent de préserver le Moyen-Orient de toute arme de destruction massive.
Sur un tout autre sujet, il a déploré la mort de 2 000 « martyrs » dans la bande de Gaza, et il a plaidé pour une protection internationale des Palestiniens dont le territoire est occupé. Il a estimé qu’il était important d’établir un calendrier pour la fin de l’occupation israélienne afin que les Palestiniens puissent jouir d’un État indépendant installé sur les frontières qui étaient en vigueur le 4 juin 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale. Le Ministre a terminé son propos en condamnant l’occupation, par la République islamique d’Iran, de trois îles, la Grande Tunb, la petite Tunb et Abu Moussa, appartenant aux Émirats arabes unis.
Mme AURALIE FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a dénoncé les violations massives des principes de la Charte des Nations Unies en Ukraine. En tant que petit pays niché au cœur de l’Europe et membre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), « nous espérons un consensus rapide sur les questions de sécurité en Europe », a souhaité la Ministre, pour qui les événements en Ukraine soulignaient la nécessité d’appliquer le droit international et si nécessaire devant un tribunal. « Nous avons l’opportunité historique de criminaliser les utilisations illégales de la force devant la Cour pénale internationale (CPI) à partir de 2017 », a-t-elle averti.
Elle a ensuite souligné l’urgence d’un changement au Conseil de sécurité en matière de recours au veto surtout de la part des membres permanents pour prévenir et mettre fin aux crimes atroces. En ce qui concerne les droits de l’homme, elle a énuméré les cas de violations dans différents secteurs comme Internet, les discriminations fondées sur le genre, la nationalité, la religion, et le statut social. L’Assemblée générale doit être unie face aux persécutions des défenseurs des droits de l’homme. Elle a également regretté les violations des principes de l’utilisation proportionnée du recours à la force et la distinction entre les civils et les combattants. Mme Frick s’est félicitée de la création par le Liechtenstein du réseau des ministres qui défend le travail de la Cour pénale internationale composée aujourd’hui de 26 membres.
Pour ce qui est du programme de développement pour l’après-2015, elle a annoncé trois domaines qui méritent une attention particulière notamment la mise en place d’institutions responsables, l’accès à la justice; et la lutte contre la corruption, l’autonomisation des femmes, et la création d’un système qui mesure les progrès dans la mise en œuvre du programme à l’exemple du Forum politique de haut niveau.
M. ERLAN ABDYLDAYEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a indiqué que les prochaines élections parlementaires et présidentielle, qui devaient se dérouler en 2015 et en 2017, seront un pas important pour le renforcement de la démocratie au Kirghizistan. Il a aussi annoncé la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2016-2018.
Le Ministre a ensuite indiqué que la situation en Afghanistan représentait un grave défi pour la région d’Asie centrale, notamment à cause des problèmes de terrorisme, d’extrémisme et de trafic de drogues qui en émanent. Il a appelé la communauté internationale à jouer un rôle plus proactif pour renforcer les capacités des agences locales de répression et promouvoir la coopération régionale. Le Kirghizistan accorde par ailleurs beaucoup d’attention au Processus d’Istanbul et espère que la formation d’un nouveau gouvernement afghan permettra de stabiliser le pays.
M. Abdyldayev a aussi souligné que les questions frontalières non résolues représentaient une autre source d’instabilité pour la région. Il a appelé les pays de la région à signer des accords bilatéraux de renforcement de la confiance concernant le tracé des frontières.
Poursuivant son intervention, le Ministre a voulu que le programme de développement pour l’après-2015 accorde une attention notable aux pays ayant des besoins particuliers en matière de développement. Il a expliqué que plus de 70% du territoire du Kirghizistan est montagneux et qu’un tiers de sa surface se trouvait de surcroît à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer, aggravant l’isolement et l’inaccessibilité du pays, ainsi que la sévérité des conditions géoclimatiques et le coût élevé de la vie. L’absence d’un littoral limite le développement économique du pays, de même que son éloignement des principaux réseaux de transport et le coût élevé des transports. Il a appelé à la création d’un fonds international de développement à l’intention des pays en développement sans littoral dans le but d’appuyer leurs économies.
M. Abdyldayev a également dit l’urgence d’adopter un instrument juridiquement contraignant pour lutter contre les changements climatiques. Il a notamment averti que d’ici à 2025, le Kirghizistan pourrait avoir perdu 40% de ses glaciers, ce qui réduirait d’un tiers ses sources en eau potable. Il a souligné que les ressources en eau sont un élément clef pour la prospérité et a avancé que le « développement hydroélectrique » est essentiel pour le développement durable. Cela, a-t-il affirmé, est en accord avec l’initiative de la Décennie « Énergie durable pour tous », qui couvre la période 2014-2024. Le Ministre a aussi voulu que la question de l’énergie abordable figure au sein du programme de développement pour l’après-2015.
Poursuivant, le Ministre a indiqué que la situation des résidus d’uranium en Kirghizistan pose un grave problème transfrontalier en Asie centrale. Il a expliqué que la plupart de ces résidus se trouvent dans des zones à haute densité de population et se sont gravement détériorés au cours de la dernière décennie. Ces résidus sont vulnérables au risque de glissement de terrain et d’inondation, et se trouvent de surcroî1it dans une zone à forte activité sismique, a-t-il ajouté. Il a appelé la communauté internationale à aider son gouvernement à trouver une solution pour assurer la gestion des déchets radioactifs et toxiques et réhabiliter les sols contaminés.
M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre et Ministre des affaires publiques et de la diaspora d’Israël, a déploré les « mensonges exprimés à partir de cette tribune » contre son pays et contre les « braves soldats » qui le défendent. « Partout où nous regardons, l’islam militant avance », a-t-il prévenu, en précisant qu’« il ne s’agit pas de militants, il ne s’agit pas d’islam, mais d’islam militant » dont les premières victimes sont souvent des musulmans. Il a aussi remarqué qu’aucun groupe ethnique n’était à l’abri de cet islam militant. Il a comparé ce phénomène à un cancer, qui commence lentement mais se répand ensuite partout.
Notant que, la semaine dernière, beaucoup avaient salué le Président américain Barack Obama pour son action contre l’État islamique d’Iraq et du Levant, le Premier Ministre israélien a aussi fait remarquer que ces mêmes pays s’étaient opposés à l’action d’Israël face au Hamas. « Ils ne comprennent pas que l’État islamique d’Iraq et du Levantet le Hamas sont les branches d’un même arbre empoisonné. » « Le Hamas a pour objectif immédiat de détruire Israël, mais il veut aussi un califat », a expliqué M. Netanyahu. C’est pour cela, a-t-il argué, que les dirigeants du Hamas avaient condamné les États-Unis lorsqu’ils avaient tué Osama ben Laden, car celui-ci était considéré comme un combattant saint. Les accusant d’adopter une « idéologie fanatique », il a noté que ces personnes veulent créer des enclaves où ne règne aucune liberté, où les femmes sont traitées comme du bétail et où les chrétiens sont décimés.
M. Netanyahu a fait le parallèle entre ce phénomène et l’idéologie fanatique des Nazis. Si cette idée paraissait folle, car elle croyait à une race supérieure, il a rappelé que certains croient aujourd’hui en une religion supérieure. Auront-ils les moyens de réaliser ces ambitions? Répondant à cette question, il a estimé que cela devait être considéré comme une possibilité en Iran car ce pays, depuis 30 ans, tente d’exporter sa révolution au monde entier et se prépare à un gouvernement islamique du monde.
Il a jugé « ridicule » les « larmes de crocodile » du Président iranien à cette même tribune lorsqu’il a parlé de « la mondialisation du terrorisme ». Il lui a conseillé de demander plutôt aux gardes révolutionnaires iraniens de mettre fin à leur terreur, alléguant qu’ils avaient commis des attaques dans les cinq continents depuis 2011. « Dire que l’Iran ne pratique pas le terrorisme, c’est comme dire que Derek Jeter ne joue pas pour les Yankees », a-t-il dit, en faisant référence à la star du baseball américain.
Le Premier Ministre israélien a demandé à la communauté internationale de ne pas se leurrer avec les élections en Iran et « l’offensive de charme » menée par ce pays. Il a prêté à l’Iran des intentions qui n’auraient comme but que de lever les sanctions et d’éliminer les obstacles à la voie vers la bombe nucléaire. « L’Iran, le régime le plus dangereux au monde dans la région la plus dangereuse du monde, va produire l’arme nucléaire », a-t-il affirmé.
Après avoir rappelé que tout le monde s’inquiétait, l’an dernier, de l’utilisation des armes chimiques en Syrie, il a invité à imaginer combien cela serait plus dangereux si l’Iran possédait l’arme nucléaire. « Une fois que l’Iran produira la bombe atomique, a-t-il averti, tout ce charme va disparaître et on verra alors le vrai visage des imans ». Il a dès lors exigé le démantèlement complet des capacités nucléaires de l’Iran. Pour résumer, M. Netanyahu a expliqué que vaincre seulement l’État islamique en Iraq et au Levant sans arrêter la course de l’Iran à l’arme nucléaire reviendrait à gagner une bataille mais pas la guerre.
« La lutte contre l’islamisme militant est difficile », a poursuivi le Premier Ministre, en appelant chacun à rejoindre sa lutte contre le Hamas. Il a indiqué que le Hamas avait tiré des milliers de roquettes sur son pays, dont beaucoup fabriquées par l’Iran. « Que feriez-vous si cela se passait chez vous? Vous ne laisseriez pas des terroristes tirer contre vos peuples », a-t-il imaginé. Il a dénoncé « une guerre de propagande » dans laquelle le Hamas a utilisé les civils comme des boucliers humains, et fait de ses écoles, ses mosquées et ses hôpitaux des réserves de missiles. Il a expliqué que les soldats israéliens avaient opéré des « tirs chirurgicaux » contre ces réserves, qui avaient malheureusement causé des pertes civiles « que nous regrettons profondément ». Le Hamas a placé ses batteries de missiles dans les zones résidentielles et a demandé aux citoyens d’ignorer les avertissements d’Israël qui leur disait de partir, a-t-il aussi expliqué.
Pour illustrer ses propos, M. Netanyahu a brandi une photo agrandie, œuvre d’une équipe de télévision de France 24, qui montre « deux lanceurs de roquettes du Hamas utilisées pour nous attaquer et trois enfants qui jouent juste à côté ». Il s’agit là d’un crime de guerre, « commis par vos partenaires du Hamas dans le Gouvernement d’unité nationale », a-t-il lancé à l’adresse du Président Obama. Il a souligné qu’Israël protégeait ses enfants en les envoyant dans des bunkers, tandis que le Hamas utilisait les siens pour lancer des missiles.
Le Premier Ministre a ensuite fustigé le Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui, a-t-il estimé, « a trahi sa mission de protection des innocents ». Israël est condamné alors que le Hamas, qui visait les civils, a carte blanche, a-t-il regretté. Il a estimé que le Conseil des droits de l’homme envoyait ainsi le message qu’on peut utiliser les civils comme boucliers humains. « Le Conseil des droits de l’homme est devenu un conseil de terrorisme », a-t-il lancé, prévenant que cela aurait des répercussions. Il a aussi souligné que, dans un monde où règne la terreur, comme au Nigéria, en Syrie ou en Iraq, près de la moitié des résolutions du Conseil des droits de l’homme se concentre sur un seul pays, Israël, qui est pourtant, a-t-il assuré, « le seul pays où règne la démocratie au Moyen-Orient, où les femmes, les gays et les minorités vivent dans une société vraiment libre ».
« Le Conseil des droits de l’homme est une absurdité », a-t-il ajouté, estimant que ce traitement partial n’était que l’une des « manifestations du retour d’une des conceptions les plus anciennes dans le monde ». Il a noté en effet les revendications de certains manifestants qui voulaient gazer Israël, ainsi que la comparaison d’Israël aux nazis. « Cette maladie a un nom: l’antisémitisme, qui est en train de se répandre même dans les milieux polis », en a-t-il dit. Il s’est révolté qu’on accuse les juifs de génocide, avant d’affirmer, haut et fort, que le peuple juif avait le pouvoir de se défendre.
Enfin, le Premier Ministre israélien a demandé de saisir l’occasion historique qui se présente pour créer un partenariat avec le monde arabe en vue de faire front face aux menaces d’un Iran nucléaire et de l’islamisme militant. Ce partenariat peut aussi faciliter la paix entre Israël et la Palestine, a-t-il ajouté. Il a appelé à se tourner vers le Caire, Aman, Abu Dhabi et Ryad, c’est-à-dire vers ces pays qui peuvent nous fournir un appui militaire et politique. Je suis prêt à faire un compromis, a-t-il dit, en reconnaissant qu’il fallait une paix véritable, avec des accords de sécurité durable, forts et solides sur le terrain. Les retraits d’Israël du Liban et de Gaza ont créé deux enclaves islamistes à nos frontières, a-t-il fait remarquer en mettant en garde contre l’islamisme militant qui est en train de remplir le vide.
M. GUNNAR BRAGI SVEINSSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande, a déclaré que le soixante-dixième anniversaire de la création des Nations Unies, s’il était un motif de réjouissance, ne pouvait pas conduire la communauté internationale « à se reposer sur ses lauriers ». En témoignent au besoin, a-t-il dit, les agissements du groupe terroriste de l’État islamique en Iraq et au Levant, les souffrances endurées par les Syriens, que ce soit à l’intérieur des frontières de leur pays, ou dans les pays voisins où ils sont réfugiés, ou encore l’occupation étrangère de l’État de Palestine.
La violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriales de l’Ukraine est un autre exemple de manquement aux principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et de nombreux traités, a poursuivi M. Sveinsson. Le comportement d’un membre permanent du Conseil de sécurité, a-t-il dénoncé, remet en cause sa crédibilité même, alors qu’il s’avère déjà incapable de défendre les populations civiles assujetties à l’occupation étrangère ou de prévenir l’emploi d’armes chimiques. Aussi cet organe, auquel incombe le maintien de la paix et de la sécurité internationales, doit davantage s’orienter vers la recherche de solutions aux situations de crise et s’impliquer plus activement.
Évoquant ensuite le programme de développement pour l’après-2015, le Ministre a demandé que soient formulés des objectifs relatifs à la sécurité alimentaire et à la protection des océans, et qui tiennent compte de la nécessité d’optimiser les capacités des pêcheries, tout en se gardant de tomber dans la surpêche. Le programme doit également, pour M. Sveinsson, faire une priorité de la lutte contre la désertification, la détérioration des terres et la sècheresse, accélérées par les changements climatiques.
Dans le domaine énergétique, il faut s’efforcer de hâter le développement des sources durables, a-t-il ajouté. À cet effet, l’Islande fait partie d’un groupe de pays, l’Alliance géothermique mondiale, qui œuvre, avec le concours de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, à intensifier la production géothermique.
Par ailleurs, le Ministre a dit que son pays était engagé, aux côtés d’autres pays nordiques, dans la promotion des droits des femmes et de l’égalité entre les sexes, qui doivent figurer pleinement dans le programme de développement. De ce point de vue, la pleine mise en œuvre des engagements pris, il y a 20 ans, dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing doit être assurée par l’ensemble des États Membres, a ajouté le chef de la diplomatie islandaise en conclusion.
M. PHANDU T.C. SKELEMANI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana, a constaté que la communauté internationale avait rencontré de nombreux défis pour réaliser l’intégralité des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a expliqué que les avancées réalisées par son pays en la matière l’avaient été en dépit de ressources et de capacités limitées. Le Ministre a ensuite appelé l’Assemblée générale à engager les partenaires à n’épargner aucun effort pour aider les pays de l’Afrique de l’Ouest à faire face au fléau qu’est l’épidémie d’Ebola.
M. Skelemani a poursuivi son intervention en se félicitant de l’esprit de consultation et de l’engagement de la communauté internationale à définir des objectifs de développement durable « ambitieux, inclusifs, quantifiables et durables ». Il a indiqué que son pays subissait de plein fouet les effets des changements climatiques, à commencer par des températures extrêmes, la dégradation des sols et des sécheresses persistantes.
Il a voulu que cette question bénéficie de la plus haute attention lors des délibérations sur le programme de développement pour l’après-2015, de même que la situation des pays à revenu intermédiaire et des pays en développement sans littoral. Le Ministre a aussi voulu que l’examen décennal du Programme d’action d’Almaty, qui doit se tenir à Vienne au mois de novembre, accorde une attention spéciale à la situation des pays dont la population d’éléphants est en hausse. Cette situation, a-t-il expliqué, provoque des « conflits sérieux » entre humains et animaux et dégrade de surcroit l’environnement sur lequel les éléphants dépendent pour leur propre survie. Il a précisé que le Botswana compte la plus importante population d’éléphants au monde.
Le Ministre du Botswana s’est ensuite inquiété de la situation entre Israël et la Palestine, ainsi qu’en Syrie, au Soudan du Sud et en République centrafricaine, sans oublier le « siège » que subit l’Iraq de la part de groupes terroristes. Il a dénoncé l’incapacité des États Membres à honorer leur responsabilité de protéger les populations, avertissant qu’ils sont en train de « consentir, par inadvertance, à l’annihilation des générations à venir ». M. Skelemani a fait savoir que le Botswana et les Pays-Bas avaient coprésidé, au mois de juin, la quatrième réunion du Réseau mondial des points focaux pour la responsabilité de protéger.
M. Skelemani a aussi dit être gravement préoccupé par les tentatives de certains membres permanents du Conseil de sécurité de saboter les efforts déployés pour trouver des solutions durables aux situations de conflit, pointant notamment du doigt l’échec de cet organe à adopter une résolution qui aurait référé la situation en Syrie à la Cour pénale internationale. Il a salué la proposition de la France qui vise à limiter l’utilisation du droit de véto dans les situations d’atrocités de masse.
M. U WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a dit que les États Membres étaient réunis alors que le monde faisait face à de nombreux défis et menaces sécuritaires qui devaient être résolus collectivement et rapidement. La planète subit aussi le réchauffement climatique, le danger du terrorisme et l’épidémie du virus Ebola. Les tensions et la défiance entre les grandes puissances montent et nous rappellent la rivalité de la guerre froide. Les changements climatiques appellent des actions urgentes, a-t-il ajouté, mettant l’accent sur la nécessité d’atteindre un engagement mondial sur la protection du climat et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et un accord universel sur le climat à Paris en 2015.
S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, il faut intensifier les efforts pour mettre le monde sur la voie du développement durable dans ses dimensions environnementales, sociales et économiques. L’élimination de l’extrême pauvreté doit rester au cœur du programme. Dans ce processus, il convient non seulement de travailler ensemble mais aussi de trouver les moyens de mise en œuvre, y compris la mobilisation des ressources financières et des technologies.
Concernant le processus de réforme au niveau national, M. Lwin a indiqué que le Myanmar avançait sur la voie de la transformation démocratique depuis trois ans, avec trois vagues de réformes politiques et économiques. La première vague fut le changement de régime militaire vers un système démocratique et multipartite dans lequel toutes les forces politiques travaillent ensemble pour dépasser les différences à travers le dialogue. La deuxième vague de réformes concernait les réformes des secteurs privé, économique et administratif.
La troisième vague de réformes a été lancée avec pour objectif de jeter les bases d’un nouvel État démocratique. L’un des chantiers en cours est la réforme constitutionnelle. Après avoir recueilli les suggestions et les recommandations du public et des partis politiques, le comité de mise en œuvre de la réforme constitutionnelle a été créé afin de mener la réforme sur la base des recommandations reçues.
Le renforcement de la réconciliation nationale est une partie intégrale du développement national. « Nous travaillons avec tous les groupes ethniques et armés, de bonne foi, pour parvenir à un cessez-le-feu national », a-t-il dit, notant qu’un accord a déjà été obtenu auprès de 14 groupes sur 16.
En outre, Myanmar s’est engagé dans la lutte contre les trafics d’êtres humains, la violence fondée sur le genre et la protection des enfants. Le Ministère de l’intérieur met actuellement en œuvre le deuxième plan quinquennal de lutte contre les trafics d’êtres humains qui s’étale de 2012 à 2016.
Myanmar déploie enfin des efforts pour réduire la violence à laquelle se livrent deux communautés dans l’État de Rakhine. L’histoire, la diversité et la complexité de cette question doivent être examinées avant toute conclusion hâtive. La situation ne devrait pas être étudiée de façon superficielle. La communauté internationale devrait apporter sa contribution de manière pragmatique et objective pour trouver une solution durable. Un plan d’action est en cours de finalisation et sera bientôt lancé. Au plan du développement, Myanmar a transmis, au Secrétaire général de l’ONU, sa demande d’être retiré de la liste des pays les moins avancés, a fait savoir le Ministre.
M. ALBERT F. DEL ROSARIO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a expliqué que le Président Benigno S. Aquino III avait proposé un contrat social au peuple philippin qui place l’individu au cœur de son approche, à l’instar de celle adoptée pour la définition des objectifs de développement durable pour l’après-2015. Pour ce qui est des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les Philippines ont enregistré des progrès considérables dans les domaines de l’éradication de la pauvreté, de la réduction de la mortalité infantile, de la lutte contre le paludisme et la tuberculose, de l’accès à l’eau potable ainsi que de la parité entre les sexes.
Le pays connaît toutefois encore des défis à relever dans d’autres secteurs, ce qu’il a imputé en partie aux conséquences des catastrophes naturelles qui l’ont frappé au cours de la dernière décennie comme le typhon Haiyan. Reconnaissant de l’aide internationale apportée au peuple philippin suite à ce typhon, le Secrétaire d’État a émis l’espoir de voir les leçons tirées de cette expérience mises à profit lors de la troisième Conférence mondiale sur la réduction des risques liés aux catastrophes naturelles qui doit avoir lieu à Sendai, au Japon, ainsi qu’au Sommet international humanitaire qui va se dérouler à Istanbul, en Turquie. En vue de faire un état des lieux sérieux, son gouvernement a pris conscience de la nécessité d’améliorer la collecte de données pour pouvoir faire une analyse éclairée de la situation et faciliter la prise de décisions.
À l’instar de la mobilisation de la communauté internationale suite au typhon Haiyan, le Secrétaire d’État l’a invitée à faire de même face à l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique et à l’émergence de l’État islamique en Iraq et au Levant. Le Secrétaire d’État a également abordé la question du processus de paix dans le sud des Philippines, et notamment l’impact positif de l’Accord global sur le Bangsamoro. Il a saisi cette occasion pour remercier les Nations Unies et la communauté internationale pour le rôle positif qu’ils ont joué tout au long de ce processus.
Toutefois, alors que la situation au plan national se stabilise, de nouvelles menaces planent sur les territoires maritimes de la région, a-t-il regretté, expliquant que son gouvernement avait opté pour une approche basée sur l’état de droit pour régler ses différends maritimes, et en particulier sur la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. Cependant, l’État partie concerné par ce différend a refusé cette approche et a poursuivi ses activités unilatérales expansionnistes en mer de Chine, ce qui menace la paix et la stabilité de la région.
Cette année, ce même État a imposé un moratoire unilatéral sur les activités de pêche dans certaines parties de la mer de Chine qui empiètent sur les droits de souveraineté légitimes des Philippines et d’autres États côtiers sur leurs zones économiques exclusives, a encore dénoncé le Secrétaire d’État. À cet égard, les Philippines soutiennent la proposition du Secrétaire général qui a demandé à tous les États parties concernés de définir clairement la limite de leurs zones maritimes respectives en vue de pouvoir y apporter plus de certitude. Le Gouvernement philippin reste convaincu que la Convention est un mécanisme viable pour résoudre ce différend, notamment par l’arbitrage.
Lors du quarante-septième Sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), les Philippines ont proposé un plan pour une triple action en vue de réduire les tensions. Ce plan comprend des propositions immédiates, à moyen et long termes, pour répondre aux activités « provocantes et déstabilisantes » en mer de Chine et y trouver une solution durable, a encore expliqué le Secrétaire d’État.
M. DJIBRIL YIPÈNÈ BASSOLÉ, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Burkina Faso, a assuré que son pays, malgré les conditions géoclimatiques défavorables et un contexte économique international difficile, s’était engagé sur les chantiers du développement. La réduction du niveau de la pauvreté, l’autonomisation des femmes et le plein emploi pour les jeunes font partie des grands objectifs des plans et programmes stratégiques qui ont été élaborés et exécutés.
Ces efforts ont permis au Burkina Faso d’enregistrer pendant plusieurs années consécutives, un taux moyen de croissance annuelle de l’ordre de 5% et de réaliser des investissements conséquents dans de nombreux domaines, notamment la santé, l’éducation, l’agriculture, l’hydraulique, les infrastructures routières et énergétiques. Soulignant le lien direct entre paix et développement, le Ministre a expliqué que le Président Blaise Compaoré et son gouvernement continuaient d’œuvrer à l’enracinement d’une culture de tolérance et de coexistence pacifique, en faisant du dialogue et de la concertation les ressorts essentiels de la cohésion sociale, du renforcement de la dynamique démocratique et du respect des libertés individuelles et collectives.
Le Ministre s’est félicité des avancées significatives enregistrées au cours des derniers mois en matière de restauration de la paix et de la démocratie, sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment en Guinée Bissau et au Mali. Pour la poursuite du processus de paix au Mali, le Burkina Faso appuie l’Algérie pour les efforts qu’elle déploie dans la recherche d’une solution durable de paix, conformément à l’Accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013.
Abordant la question des conflits armés qui se complexifient et se radicalisent dans la sous-région du Sahel, en raison de l’émergence de l’extrémisme violent et du terrorisme étroitement associé à l’économie criminelle caractérisée par le trafic d’armes, de stupéfiants et d’humains, le Ministre a lancé un appel à la responsabilité commune pour leur éradication. À ce titre, il a cité l’éradication des causes profondes, les mesures préventives, la mise en place de mécanismes de réaction rapide et la coopération internationale en matière d’échange d’information.
S’agissant de la République centrafricaine, le Burkina Faso se félicite de la tenue du Forum de Brazzaville qui s’est conclu par un Accord de cessation des hostilités. Il soutient le Gouvernement de transition et se félicite de la mise en place effective de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Le Ministre a souligné l’impérieuse nécessité de restaurer et de maintenir un environnement de paix et de stabilité en Afrique de l’Ouest, faute de quoi les efforts de développement et d’intégration resteront vains. Comme par le passé, le Burkina Faso continuera à participer à l’action collective de maintien de la paix, notamment au Darfour, au Mali, en Guinée Bissau, en République démocratique du Congo (RDC) et en Haïti.
En matière de résolution de conflits, il prône le dialogue et la concertation. En tant que membre du Groupe des amis de la médiation, il encourage les actions menées sous le leadership de la Finlande et de la Turquie. L’instauration de la paix et de sécurité internationales resteront un vain mot, tant que la question du désarmement ne sera pas résolue, a averti le Ministre. De plus, pour asseoir durablement la paix, la sécurité et la liberté, il est nécessaire de créer les conditions d’un développement équitable et durable pour tous. C’est pourquoi le Burkina Faso reste attaché à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et plaide pour qu’une attention particulière soit accordée à des secteurs vitaux comme l’agriculture, les énergies renouvelables, l’industrialisation et les infrastructures dans le processus d’élaboration des objectifs de développement durable.
M. HOR NAMHONG, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Cambodge, a dit que dans l’optique de participer au processus de paix au Moyen-Orient et en Afrique, le Cambodge était impliqué dans les opérations de maintien de la paix, comme en témoigne les quelque 2 000 soldats de la paix que le pays avait eu à fournir aux Missions onusiennes au Liban, au Mali et au Soudan du Sud. Il a promis qu’en novembre prochain, le Cambodge allait fournir un autre contingent de 216 Casques bleus en République centrafricaine, dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
Il a également émis le vœu que la communauté internationale accordera l’importance requise à la gestion de l’épidémie à virus Ebola qui sévit en ce moment en Afrique de l’Ouest. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, il a noté que malgré le fragile cessez-le-feu en vigueur, la situation demeure préoccupante, et il a appelé les parties à reprendre les pourparlers de paix afin d’aboutir à la solution politique viable de l’existence de deux États vivant en paix l’un à côté de l’autre.
Le Vice-Premier Ministre a ensuite indiqué que les pays en développement, dépendant davantage de l’agriculture, étaient les plus affectés par les conséquences des changements climatiques. Citant des phénomènes climatiques telles que les typhons, les tempêtes, les inondations et la sécheresse, il a rappelé que l’année 2013 avait par exemple été marquée par des pluies de mousson qui ont créé des inondations au Cambodge, faisant 168 morts et affectant 1,8 million de personnes, tout en conduisant à des pertes économiques estimées à 1 milliard de dollars.
Il a ajouté que depuis le début de cette année, 12 des 25 provinces du Cambodge ont été affectées par des inondations qui ont fait 45 morts et affecté près de 100 000 familles. Dans ce contexte, il a plaidé afin que la communauté internationale adopte des mesures pour lutter contre les changements climatiques, en se basant, a-t-il précisé, sur le principe onusien de la « responsabilité commune mais différentiée ». Il a également émis le vœu de voir la vingt-et-unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), de décembre 2015 à Paris, donner lieu à l’adoption d’un accord qui serait juridiquement contraignant à tous.
Sur le plan national, M. Namhong a souligné que le Cambodge avait adopté son « Plan national stratégique pour un développement vert pour la période 2013-2030 », afin de promouvoir le développement économique et social du pays de manière durable. Il a ensuite affirmé que l’Asie du Sud-Est qui est très vulnérable aux conséquences des changements climatiques a établi l’initiative de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) contre les changements climatiques en 2009, afin de renforcer les capacités d’adaptation et d’atténuation de la région face aux changements climatiques.
Au sujet des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a relevé que de nombreux pays en développement n’avaient pas pu réaliser les huit objectifs préétablis du fait du manque de fonds, d’un manque de volonté et parfois aussi à cause de l’insécurité alimentaire. Il a annoncé que le Cambodge allait réaliser certains des huit OMD d’ici à la date butoir de fin 2015, et il s’est félicité du fait que le pays avait reçu un prix des Nations Unies pour avoir réduit la faim dans le pays, en droite ligne de l’OMD numéro 1.
Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs souhaité que le prochain programme de développement pour l’après-2015 s’inspire de l’esprit de la Déclaration du Millénaire et des meilleurs résultats engrangés par les OMD. Il a aussi suggéré que ce nouveau programme soit centré sur des thèmes majeurs tels que la pauvreté, la faim, l’eau, les sanitaires, l’éducation et la santé.
Il a ainsi souhaité que l’Assemblée générale ait plus de pouvoir afin qu’elle puisse jouer un rôle de chef de file pour le renforcement du système des Nations Unies. Il a espéré que le Conseil de sécurité soit plus représentatif des réalités du monde actuel, ajoutant qu’une représentativité plus équitable au sein des différents organes onusiens devrait refléter le besoin de gérer les défis mondiaux auxquels l’Organisation fait face.
M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a mis l’accent sur l’importance de la promotion des énergies renouvelables pour les petits États insulaires en développement et notamment les îles du Pacifique en rappelant que les nations du Pacifique consacraient 10% de leur PIB et 30% de leurs factures d’importations aux dépenses d’importations d’essence pour produire de l’électricité.
Il a dit que des progrès significatifs avaient été réalisés depuis le Sommet du Pacifique sur les énergies renouvelables organisé à Auckland, en Nouvelle-Zélande, en mars 2013 en partenariat avec l’Union européenne. Il a indiqué que cet événement a permis de récolter 635 millions de dollars aux fins du financement de 50 projets de promotion des énergies renouvelables. Illustrant son propos, il a indiqué que les îles Tokelau étaient passées de 100% de dépendance au pétrole à 93% de dépendance aux énergies renouvelables. Il a cité aussi l’ouverture d’un réseau de production de 2,2 mégawatt d’électricité d’origine solaire à Samoa, de 1,2 mégawatt à Tonga et de 1 mégawatt à Rarotonga. Il a précisé que 100% des îles extérieures de Tonga et la presque totalité des îles Cook seraient reliées à 100% d’électricité d’origine renouvelable.
Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères néo-zélandais a mis l’accent sur la durabilité de la pêche, en notant que sur les 3,3 milliards de dollars de thon pêchés dans le Pacifique en 2013, seulement 460 millions de dollars étaient parvenus aux États du Pacifique. Pour faire face à cette situation, la Nouvelle-Zélande compte investir 70 millions de dollars dans les cinq prochaines années en vue d’améliorer la surveillance et la gestion des pêches. Il a dit la nécessité pour les États insulaires en développement des différentes régions de partager leurs expériences en matière de gestion des pêches.
M. McCully s’est aussi félicité du retour sain et sauf des Casques bleus fidjiens qui avaient été enlevés au Golan. Il a aussi estimé que l’intensité et les coûts humains des bombardements israéliens sur Gaza n’avait pas bénéficié à la paix. Il a aussi appelé à trouver une solution pour faire face à la folie de l’État islamique en Iraq et au Levant avant d’appeler à une solution durable à la crise en Ukraine. Alors que l’on doit procéder dans 18 jours au renouvellement de deux sièges du Conseil de sécurité, le Ministre des affaires étrangères a rappelé que son pays était candidat à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité depuis 2004.
M. K. SHANMUGAM, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a déclaré que la communauté internationale était confrontée à une série de crises mondiales de plusieurs types: des conflits internes et transfrontaliers, des épidémies, des catastrophes naturelles et d’autres provoquées par l’homme, les changements climatiques et la criminalité organisée. Il a ensuite tenu à rappeler que la menace du terrorisme et de l’idéologie radicale n’était pas confinée au Moyen-Orient, mais touchait le monde entier, comme en témoigne le fait que 15 000 étrangers en provenance de plus de 80 pays, notamment de l’Asie du Sud-Est, se sont rendus en Syrie et en Iraq.
Dans ce contexte, le Ministre a souligné l’importance des efforts de coopération internationale et régionale pour faire face à des menaces comme l’État islamique en Iraq et au Levant, en s’appuyant sur le leadership des États-Unis et sur la mise en œuvre d’instruments comme la déclaration de Djeddah adoptée par les pays arabes et la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité.
En ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015, M. Shanmugam a indiqué que Singapour juge prioritaires que les États Membres fassent leurs les principes suivants: bonne gouvernance et transparence, des institutions étatiques sûres et des politiques économiques et sociales justes. Il a également souligné que les villes devaient être viables, alors qu’aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale est citadine et que 70% le sera en 2050.
Une urbanisation durable est donc absolument nécessaire, et notre pays s’est efforcé d’y contribuer en tant que coprésident du Groupe des amis pour les villes durables, a précisé le Ministre, qui a conclu que la coopération Sud-Sud revêtait une importance vitale dans le renforcement des capacités et du partage des pratiques optimales.
M. CHARLES FLANAGAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a fait valoir que l’Organisation devait revoir ses méthodes de travail et ses priorités, afin de mieux faire face aux défis qui dominent cette année le débat général. En particulier, l’Irlande s’efforce de promouvoir la responsabilité, la cohérence et la transparence au Conseil de sécurité. À ce sujet, tout en souhaitant l’abolition du droit de veto, M. Flanagan a appuyé l’initiative de la France visant à réglementer son usage, ainsi qu’une augmentation du nombre de membres du Conseil.
Se tournant vers la situation au Moyen-Orient, le Ministre a dit qu’il était grand temps de réaliser une paix juste et durable entre les peuples israélien et palestinien. Pour ce qui est de la guerre civile en Syrie, a-t-il poursuivi, « la solution n’est pas militaire ». Il a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura. En outre, la violation flagrante du droit international par toutes les parties dans le conflit syrien doit être référée à la cour pénale internationale (CPI).
« Nous devons nous unir et nous mobiliser » pour contrer d’urgence la menace de l’extrémisme, a insisté M. Flanagan après avoir énuméré les atrocités commises par l’État islamique en Iraq et au Levant.
Le Ministre a jugé ensuite que l’Ukraine représentait la « crise politique la plus dangereuse en Europe depuis plusieurs décennies ». À son avis, la crise a des implications profondes pour l’avenir de l’état de droit, dans la mesure où les actions de la Russie, tant en Crimée que dans l’Est de l’Ukraine, enfreignent un grand nombre d’accords internationaux. Il a encouragé la voie du dialogue diplomatique et le plan de paix du Président ukrainien, M. Petro Poroshenko.
Pour sa part, l’Irlande reste impliquée dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec actuellement 370 hommes et femmes sur le terrain, en majorité au Moyen-Orient. C’est la raison pour laquelle M. Flanagan a accordé une importance particulière à la sécurité et à la sûreté de son personnel.
Enfin, l’Irlande travaille avec ses partenaires en Afrique sur les effets des changements climatiques, notamment dans le domaine agricole. Jeudi dernier, le Ministre a coprésidé une réunion pour appuyer l’Initiative « Défi faim zéro » du Secrétaire général.
M. LUIS ALMAGRO LEMES, Ministre des relations extérieures de l’Uruguay, faisant un sombre état des lieux dans le monde, a déclaré sans équivoque que les Nations Unies avaient échoué car elles avaient failli dans leur dimension éthique. Certes, il y a eu des documents et des réunions mais ce qui a fait défaut, ce sont des solutions pour les peuples, a-t-il déclaré, encourageant à embrasser une éthique collective capable d’intégrer la diversité et de libérer par la démocratie et la participation.
Il a souligné avec force que la définition des objectifs de développement durable doit s’articuler autour de l’élimination de la pauvreté, et être fortement ancré sur les droits de l’homme et la reconnaissance des droits. À titre d’exemple, M. Almagro Lemes a indiqué que, depuis 2004, le taux de pauvreté avait chuté de 39,9% à 12,4%, et l’indigence, de 4,5% à 0,5%, grâce à un plan national ciblant la population en situation d’indigence, la scolarisation et les contrôles de santé.
Insistant sur l’égalité, sans laquelle le développement serait dénué de sens, il a fait un plaidoyer en faveur des groupes les plus vulnérables et de l’élimination de toutes les formes de discriminations, y compris celles fondées sur le sexe, le statut migratoire ou encore l’orientation sexuelle. Il a rappelé à ce propos que l’Uruguay avait adopté la loi sur l’égalité devant le mariage et celle sur l’union concubine, et faisait partie du Groupe de défense des droits des LGBT à New York, qui a organisé une réunion ministérielle sur les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.
Il a rappelé en outre aux États Membres leur engagement en matière de migration et de développement, soulignant qu’il leur incombait d’améliorer la façon dont le thème des droits de l’homme était abordé, avec un accent particulier sur ceux des femmes et des enfants. Le chef de la diplomatie uruguayenne a aussi soutenu la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles à travers la coopération internationale et le transfert technique. Il a fait un plaidoyer appuyé contre le tabagisme, l’inactivité physique, les régimes alimentaires déséquilibrés et l’abus de la consommation d’alcool.
Il a rappelé d’autre part que dans le cadre de réponses efficaces en matière de santé publique qui respectent les droits de l’homme, l’Uruguay avait légalisé, en 2013, la vente du cannabis, adoptant de la sorte un modèle alternatif de régulation pour combattre le narcotrafic et ses méfaits au sein de la société. Cette nouvelle politique de santé est censée constituer une nouvelle pièce dans l’échafaudage de santé-droits de l’homme visant à éviter que les citoyens soient exposés à un « marché ennemi de tous, anonyme, dangereux et hostile » et à restituer à l’État le contrôle des espaces clandestins marqués jusqu’à présent par la criminalité et la sous-culture du délit, a-t-il expliqué.
Le Ministre des relations extérieures de l’Uruguay a déclaré, d’un autre côté, que la sécurité alimentaire était au centre de l’ordre du jour du développement de l’Uruguay, convaincu que la situation critique actuelle provient de causes structurelles qui doivent être résolues d’urgence et d’une manière collective. Ainsi, la faim dans le monde n’est pas un problème conjoncturel mais structurel. « La faim est le prix d’une mauvaise politique due à une distribution injuste de la richesse », a-t-il estimé, en appelant à mettre fin à la spéculation financière représentée par les « fonds vautours ».
À ce propos, le Ministre a jugé indispensable que les pays puissent compter sur une restructuration de leur dette souveraine dans des conditions prévisibles, inaltérables, justes et sans affecter leur développement et le bien-être des pays et de leurs peuples.
M. JOSE BADIA, Conseiller du Gouvernement pour les relations extérieures et la coopération de Monaco, a déclaré que la contribution, inclusive et participative de tous les États mais aussi de toutes les parties de la société, y compris le secteur privé, les universités, le milieu philanthropique et les organisations non gouvernementales étaient les bases qui devraient définir l’après-2015.
Il a affirmé d’un autre côté que les conflits existants ont « connu une escalade vers l’inacceptable ». L’utilisation des armes chimiques en Syrie et l’assaut sur les cibles civiles dans ce pays encore, mais aussi en Iraq, à Gaza, au Soudan du Sud, au Mali, en République centrafricaine et au Nigéria ont répandu l’horreur et les pratiques les plus barbares, a constaté M. Badia.
« Ceux qui commettent ces crimes odieux au nom d’une religion qu’il blasphème annihilent le fondement de nos sociétés en violant l’état de droit et le respect des normes que nous avons élaboré ensemble », a-t-il poursuivi, ajoutant que la réponse à leurs motivations « prend certainement ses racines dans l’exclusion et la marginalisation des personnes qui n’ont pas pu bénéficier, encore à ce jour, de ce que nous avons appelé le progrès ».
En conséquence, pour M. Badia, il convient de formuler des politiques d’intégration sociale inclusives en favorisant l’éducation et l’emploi des jeunes, qui doivent faire partie intégrante du processus de décision pour leur permettre de réaliser leur plein potentiel humain. Il a salué l’Initiative du Secrétaire général « Les droits avant tout », lancée en novembre dernier, avec pour objectif d’empêcher que les violations des droits de l’homme ne se « transforment en crimes de masse » et de permettre à l’Organisation d’agir plus vit en plaçant les personnes au cœur de ses stratégies et de ses activités opérationnelles.
À la veille du dixième anniversaire du Sommet social de 2005 et en mémoire « de bien sinistres génocides », M. Badia a appelé à la promotion de la responsabilité de protéger, responsabilité première de chaque État, selon lui, et à la fourniture d’une assistance au renforcement des capacités et des moyens des États qui peineraient à le faire.
Il a apporté son appui au nouveau Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et estimé que la politisation de l’aide humanitaire devrait être un point prioritaire à examiner lors du Sommet mondial de 2016. M. Badia a également apporté son soutien à l’établissement d’une Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’envergure de la menace que le virus de l’Ebola représente pour la paix et la sécurité internationales.
Concernant l’autonomisation des femmes, il a souligné qu’il était temps de réaliser la « transformation » que le Secrétaire général a annoncé, en « brisant les plafonds » qui les ont trop longtemps maintenues en deçà de leurs capacités. « Sans la pleine participation de celles qui constituent 50% de l’humanité, le développement durable ne sera pas atteint », a-t-il encore dit, en invitant à saisir l’occasion du quinzième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, pour mettre fin à l’impunité des crimes liés aux violences sexuelles et sexistes, ainsi qu’à tous les abus subis par les femmes.
M. SAMURA M. W. KAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a insisté sur la lenteur de la réponse apportée à l’épidémie d’Ebola. « Nos partenaires internationaux ont été lents à reconnaître la menace pour ce qu’elle est, et lorsqu’ils l’ont fait, cela s’est accompagné d’une réaction spontanée de peur et de panique qui a conduit à la fermeture des frontières et à des restrictions aux déplacements de et vers la Sierra Leone », a-t-il dit.
Il a précisé que l’épidémie d’Ebola avait touché la Sierra Leone, et ce pour la première fois, à un moment où le pays était loué par la communauté internationale pour son prompt relèvement après 10 années d’un conflit dévastateur. La communauté internationale a finalement réalisé que l’épidémie d’Ebola était un défi lancé à chacun, a-t-il poursuivi. Si la Sierra Leone et ses « républiques sœurs » sont en première ligne, il a relevé qu’un soutien robuste du monde, tant par voies aérienne que terrestre, était nécessaire pour vaincre une épidémie qui, sous beaucoup d’aspects, est « pire que le terrorisme ».
« Notre peuple vit dans la peur et ne peut comprendre la nature d’une maladie qui prend ses victimes et empêche leurs familles de les enterrer », a-t-il déploré. Il a également mentionné le coût économique de l’épidémie, le PIB de la Sierra Leone devant baisser de 3,3% en 2014, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). Le Ministre a mentionné les deux axes de la lutte contre Ebola, avec, sur le plan international, une accélération de la mobilisation et le développement de vaccins, et, sur le plan national, des efforts accrus en milieu rural et urbain. « Ebola va plus vite que nous, nous devons disposer de plus de lits médicalisés que de cas de virus pour commencer à avoir un effet », a-t-il affirmé. Rappelant qu’aucun pays n’était protégé contre la menace, il a indiqué que c’est uniquement lorsque le nombre de lits disponibles dépassera le nombre de cas que l’épidémie sera sous contrôle.
Le Ministre a également demandé une révision des interdictions de vols de et vers les pays concernés par Ebola, jugeant qu’elles constituaient une stigmatisation de leurs habitants. Le monde est trop globalisé pour ne pas respecter ses engagements envers une nation démocratique, a-t-il affirmé. « Les Nations Unies ont été fondées avec le mandat de combattre l’insécurité humaine, pas de l’éviter », a-t-il dit. En conclusion, le Ministre a rappelé que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest constituait « une question de vie et de mort pour l’humanité » et vigoureusement plaidé pour une riposte internationale renforcée.
M. AUGUSTINE KPEHE NGAFUAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria, s’est félicité à la perspective que les concepts et stratégies définis dans le cadre de chacun des six piliers de la position commune africaine deviennent une partie intrinsèque du programme de développement pour l’après-2015. Il s’est inquiété de la propagation d’idéologies extrémistes et d’activités terroristes dans le monde, en Afrique notamment. Le Ministre a ensuite indiqué que son Gouvernement s’était engagé de manière concrète pour favoriser un développement durable et sensible aux changements climatiques. Il a appelé l’ensemble des États Membres à prendre des « engagements proportionnés » pour sauver la planète.
M. Ngafuan a ensuite indiqué que dans son discours prononcé depuis cette tribune, il y a un an, la Présidente du Libéria était porteuse d’un message positif qui faisait notamment état des avancées notables réalisées par le pays depuis la fin de la guerre. Un an plus tard, a-t-il poursuivi, je suis le porteur d’une toute autre histoire, triste de surcroit. Depuis les six derniers mois, un sombre nuage plombe le paysage libérien, de telle manière qu’au lieu de faire état de croissance économique, nous nous voyons contraints de signaler un déclin économique. La mise en œuvre pratiquement de tous les piliers de l’Agenda pour la transformation du Libéria a été interrompue et au lieu de consacrer son attention à l’intégration régionale, le Libéria envisage à présent la coopération régionale pour affronter un ennemi mortel, à savoir la maladie à virus Ebola, a déploré le Ministre.
Il a expliqué qu’afin de faire face à ce fléau, son gouvernement avait lancé diverses mesures, en décrétant notamment une situation d’urgence, en fermant les écoles et en lançant des campagnes de prévention afin de répondre aux problèmes causés par le déni et par les pratiques culturelles et traditionnelles qui créent un terreau fertile pour la propagation de la maladie. Le Libéria consacre également une part importante de ses maigres ressources à ce combat.
En dépit de tous ces efforts et de ceux de nos partenaires, a-t-il enchaîné, l’Ebola a devancé de loin tous nos efforts collectifs, faisant plus de 1 800 morts et infectant près de 3 500 personnes dans le pays. En outre, les femmes, qui représentent la majorité des soignantes, ont été frappées de manière disproportionnée par la maladie. Alors que l’Ebola élargit sa circonférence mortelle, la maladie crée un sillage d’orphelins traumatisés et le nombre de professionnels de la santé, qui était déjà limité, s’est vu d’autant plus réduit avec la mort de 89 des leurs.
M. Ngafuan a expliqué que la panique qui s’est emparée des travailleurs de santé lorsqu’ils ont vu leurs collègues mourir a provoqué la fermeture de nombreux centres de santé dans le pays. Qui plus est, le pays n’a plus de ressources adéquates, ni le temps ou le personnel pour faire face aux maladies quotidiennes comme le paludisme, la fièvre typhoïde et la rougeole. De plus en plus de femmes meurent en couche. En bref, a-t-il déploré, notre système de santé publique qui s’était complètement effondré pendant les années de conflit et qui était en train d’être reconstruit progressivement, a été démantelé sous le poids de ce virus mortel.
Le Ministre a aussi indiqué que sur le plan économique, la maladie avait provoqué une baisse de 3,4% de la croissance économique qui est passé de 5,9% à 2,5% en 2014. Selon certains experts, s’est-il alarmé, Ebola pourrait provoquer une baisse de 12% en 2015. De nombreux secteurs productifs du pays, notamment la production alimentaire, l’extraction minière et les transports, ont enregistré des baisses notables. Les concessionnaires ont revu les activités à la baisse, provoquant le départ de nombreux expatriés et le budget fiscal pour l’année 2014-2015 a été revu 20% à la baisse. La capacité du Libéria à fournir des services sociaux de base et à continuer de financer des projets de développement clefs a été sévèrement limitée. M. Ngafuan a ajouté que la suspension des vols et les autres restrictions imposées au Libéria, et ce contre l’avis de l’Organisation mondiale de la Santé, avaient non seulement entravé la réponse humanitaire mais également aggravé les effets économiques adverses de cette crise sanitaire.
Aussi destructrice que fut la guerre civile, a-t-il enchaîné, au moins nos populations savaient qui étaient les parties au conflit et où se trouvaient les lignes de front. Avec l’Ebola, l’ennemi est d’autant plus perfide et il n’existe aucune ligne de front car un enfant, un mari ou un collègue peut être à la fois l’ennemi et la ligne de front. Le Ministre a salué le fait que suite aux appels lancés par la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria, la communauté internationale a fait preuve d’une profonde appréciation pour l’ampleur et l’étendue sans précédente de l’épidémie Ebola. Il a passé en revue les principaux évènements de ces dernières semaines, notamment le déploiement de 3 000 soldats annoncé par les États-Unis et la création par le Secrétaire général de la Mission pour l’action d’urgence contre l’Ebola.
Le Ministre a indiqué qu’alors que son pays s’est engagé dans une « première guerre » qui consiste à interrompre la transmission du virus Ebola, il doit également, de concert avec ses partenaires, se préparer pour une « deuxième guerre », à savoir répondre à l’impact socioéconomique à long terme de la maladie et bâtir un nouveau système de santé publique capable de faire face aux prochains défis sanitaires.
M. Ngafuan a souligné que la présence continue de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) serait essentielle pour aider son pays à opérer une sortie de crise sans heurts et à reprendre la mise en œuvre de son agenda pour le développement. Il a indiqué que selon certains experts, dans le pire des cas, l’épidémie pourrait coûter la vie à environ 1,4 million de personnes dans la région d’ici au mois de janvier 2015. Malgré la morosité actuelle, a-t-il affirmé, nous ne sombrons pas dans le défaitisme, mais estimons que le virus Ebola a placé devant nous une épreuve pour laquelle il n’y a qu’une réponse possible: se battre.
M. NICKOLAS STEELE, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de la Grenade, a invité la communauté internationale à réfléchir aux moyens à mettre en place pour lutter contre les nouveaux ennemis de la paix. Des ennemis « sinistres, qui évoluent dans le cyberespace, lieu de violence et de haine » et de diffusion d’images toujours plus choquantes. Pour M. Steele, chaque nouvelle escalade de la violence terroriste fait naître en nous un sentiment d’horreur d’autant plus grand que nous sommes impuissants à empêcher les actes odieux commis notamment par l’État islamique en Iraq et au Levant. Il a ainsi plaidé pour une action collective visant à empêcher que les autoroutes de l’information au XXIe siècle ne facilitent la circulation virale des menaces transnationales.
M. Steele a ensuite cité l’ouvrage à succès de l’économiste français Thomas Piketty, Le capitalisme au XXIe siècle, qui décrit, chiffres à l’appui, les causes profondes du creusement grandissant des inégalités sociales. « Les riches deviennent plus riches, et plus vite », a-t-il noté, ajoutant que pour réduire les inégalités, seule la redistribution des richesses mais aussi du savoir était efficace. C’est pourquoi, a-t-il demandé à l’ONU de promouvoir activement une politique globale propice à la croissance durable et au partage des connaissances. « Nous avons besoin d’un Plan-cadre d’information afin de faire face intelligemment aux défis du XXIe siècle », a-t-il encore dit. Le Ministre des affaires étrangères de la Grenade a également attiré l’attention sur la nécessité d’investir dans la sécurité des citoyens et leur accès égal à la justice et au marché de l’emploi, autant de moyens, a-t-il jugé, de réduire partout et durablement la violence.
Sur les conséquences économiques des catastrophes naturelles liées aux changements climatiques, M. Steele a fait observer que celles-ci impactaient le PIB des petites îles comme la Grenade à hauteur de 10 à 50%. « En comparaison, l’ouragan Sandy a coûté près de 70 milliards de dollars à l’économie américaine, soit moins d’1% du PIB du pays », a-t-il précisé. Assurant que les pays comme le sien doivent avoir accès aux prêts à taux réduits, il a affirmé qu’une économie solide adossée à une gestion efficace des risques leur permettrait d’être pleinement résilients et à redresser leurs finances.
Le Ministre grenadien a rendu un hommage appuyé à Cuba « qui envoie gratuitement ses ingénieurs, ses professeurs et ses docteurs dans les pays de la région pour y améliorer les conditions de vie des populations ». « N’est-il pas temps de reconnaître les contributions de Cuba à la communauté internationale? N’est-il pas temps, à cette aune, de mettre fin à l’embargo qui frappe ce pays », a-t-il demandé avec gravité.
Enfin, il a donné rendez-vous aux États Membres qui se réuniront, en janvier 2015 à la Grenade, pour le lancement de l’Initiative globale pour la croissance bleue et la sécurité alimentaire.
M. CAMILLO M. GONSALVES, Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a dit que son pays ne pouvait plus accepter que sa survie dépende des lubies et des négligences des plus puissants. Il a appelé tous les États Membres, petits et grands, à respecter à la lettre la Charte des Nations Unies. Il a appuyé les efforts visant à éliminer le fléau de l’État islamique. Il a souhaité qu’on ne fasse plus de différence entre les groupes en notant que certains États financent des groupes terroristes. Il a particulièrement fustigé le « terrorisme d’État » des États-Unis dont Cuba est victime. Le droit d’Israël d’exister ne peut pas donner à ce pays le droit de violer les droits souverains du peuple palestinien, a aussi dit le Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines.
Par ailleurs, il a particulièrement dénoncé les conséquences des changements climatiques, en précisant que son pays consacrait en moyenne 10% de son PIB pour faire face aux conséquences des catastrophes naturelles dont on impute la responsabilité aux changements climatiques. « En décembre 2013, 17% de notre PIB a été balayé par trois heures de tempête », a-t-il précisé. En dépit des promesses, le compte n’y est pas pour éviter de limiter la hausse des températures à 1,5 degré par rapport aux températures antérieures à la période industrielle. « Nous sommes inquiets de la possibilité que l’accord juridiquement contraignant que nous devrions adopter en 2015 ne sera pas suffisant pour faire face aux défis climatiques », a dit M. Gonsalves, après avoir fustigé « les diplomates qui se rejettent la faute » sur les causes des changements climatiques.
En outre, M Gonsalves a jugé indispensable que les objectifs de développement pour l’après-2015 s’appuient sur les priorités des pays en développement et comprennent des engagements mesurables pour les partenaires au développement.
M. JAMAL ABDULLAH AL-SALLAL, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a déclaré que cette session coïncidait avec l’anniversaire de la double révolution du Yémen pour mettre un terme à l’injustice et au despotisme qui n’avaient que trop duré. Il a remercié tous ceux qui ont appuyé son pays pour sortir de la crise politique, économique et humanitaire du pays.
Il a fait savoir que la Commission constitutionnelle était sur le point d’achever le projet de constitution qui sera soumis à un référendum. Il a ensuite fait état des défis de taille suite aux récents évènements « très dangereux » avec le siège de la capitale, Sanaa, par des milices.
En dépit de tous ces défis, le Gouvernement s’est efforcé de traiter cette question avec modération et sagesse pour endiguer cette nouvelle crise. Cependant, le groupe armé a opté pour la solution militaire et le saccage des maisons et autres biens publics et privés. Le Ministre a attribué cette situation troublante à des tentatives désespérées de membres de l’ancien régime politique.
Toutes les parties politiques doivent, en conséquence, faire preuve de sagesse et honorer leurs engagements en vertu de l’accord de réconciliation nationale issu de la Conférence sur le dialogue national. Le Ministre yéménite a indiqué que 14,7 millions d’habitants avaient besoin d’une assistance humanitaire et que le pays accueillait en outre, environ un million de réfugiés de la corne de l’Afrique. Dans ce contexte, le Gouvernement a accepté de stabiliser les prix des denrées de base et d’assurer une couverture sociale à environ 250 000 personnes.
Notant des améliorations dans la situation sécuritaire, même si elle demeure fragile, il a souligné que son pays avait souffert du terrorisme qui menace toute la région et le monde. Le Gouvernement a aussi pris des mesures pour lutter contre les groupes terroristes dont 70% sont des étrangers. Le Ministre yéménite a également appelé à l’assistance internationale pour combattre ces groupes dans la région et mettre un terme à la polarisation et a l’hégémonie.
M. Al Sallal a ensuite dénoncé la barbarie à laquelle le monde a assisté à Gaza et a espéré que le peuple palestinien puisse recouvrer ses droits. Certains groupes armés profitent aussi de la grave situation qui prévaut en Syrie et en Iraq ou l’État islamique en Iraq et au Levant commet des atrocités qui n’ont rien à voir avec l’islam ou les communautés musulmanes.
Déplorant le report d’un accord sur un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires, il a appelé à l’octroi d’un siège permanent au Conseil de sécurité pour la région arabe car elle a un rôle vital à jouer dans la paix et la sécurité internationales. Il a aussi averti que faute de désarmement nucléaire, on risquait d’assister à une course effrénée à l’arme nucléaire au Moyen-Orient.
M. MOHLABI KENNETH TSEKOA, Ministre des affaires étrangères et des relations internationales du Lesotho, a préconisé « une approche holistique » pour prendre en considération les causes profondes du terrorisme, car la stratégie militaire « n’est plus une panacée ».
Évoquant le conflit israélo-palestinien, le Ministre a reproché au Conseil de sécurité de s’être détourné de sa responsabilité de protéger « dans le cas du massacre de milliers de civils palestiniens ». À ce sujet, il a appelé de ses vœux une réforme de l’ONU et, en particulier, du Conseil. Il faut effacer « ces tâches noires » sur l’histoire que représente l’occupation de Cuba, de la Palestine et du Sahara occidental.
M. Tsekoa a salué le thème retenu par le Président de l’Assemblée générale pour sa soixante-neuvième session, « Élaborer et concrétiser un programme de développement porteur de transformation pour l’après-2015 ». Le Lesotho a réalisé des progrès dans les domaines de l’éducation primaire universelle, de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, mais il lui reste encore « un long trajet » à parcourir pour réaliser « une vie digne pour tous ». Le Ministre a souligné que le VIH/sida constituait encore une menace grave pour son pays. De plus, de nouvelles pandémies incurables comme le virus de l’Ebola ravagent d’autres pays africains.
Les nouveaux objectifs de développement devront tenir compte des aspirations de tous les États Membres et c’est dans un esprit de compréhension mutuelle que devra se dérouler la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Ababa, en Éthiopie, en juillet 2015. M. Tsekoa a expliqué que le Lesotho était l’un des pays les plus affectés par les changements climatiques qui produit des conditions météorologiques extrêmes, telles que gel, sécheresse, désertification et dégradation des terres arables. À ce sujet, il a appelé la communauté internationale à simplifier l’accès aux fonds affectés aux initiatives en matière des changements climatiques.
M. JEAN-PAUL ADAM, Ministre des affaires étrangères des Seychelles, a rappelé que le monde commémorait cette année le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle de nombreux Seychellois ont donné leur vie pour un idéal de paix mondiale. Au vu des turbulences sur la scène internationale cette année, il est peu probable d’affirmer que cet idéal de paix est une réalité, a-t-il relevé, tout en citant, à titre de preuve, les actes terroristes au Moyen-Orient et des conflits internes dans certains États. « Pour construire la paix, a-t-il affirmé, la communauté internationale doit renforcer son engagement en faveur du multilatéralisme à travers les Nations Unies, tout en accordant la plus grande priorité à un développement plus inclusif. » Il s’est ensuite félicité du fait que les Seychelles aient réalisé la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et que le pays soit bien parti pour réaliser ceux restant avant fin 2015.
Il a en outre noté que pour les petits États insulaires en développement, les objectifs de développement durables sont essentiels pour leur transformation, ajoutant aussi que malheureusement, le programme de développement mis en place par la majorité des institutions de développement n’est pas favorable au développement des PEID. Il a déclaré que la plupart des avancées en terme de développement sont toujours mesurées à travers le prisme du produit intérieur brut par habitant, un indicateur qui, a-t-il souligné, ne traduit pas fidèlement les menaces au développement humain de ces pays, encore moins les opportunités qui existent pour eux.
M. Adam a rappelé que la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, qui a eu lieu en début de mois à Samoa, a permis de relever le besoin d’établir un index de vulnérabilité pour rendre compte plus fidèlement des besoins réels de développement des petits États insulaires en développement. Il a également dit que cette conférence avait fait état du besoin de trouver une solution à l’endettement des petits États insulaires en développement à travers des mécanismes comme « l’échange de la dette contre les efforts d’adaptation aux changements climatiques », ou encore le besoin de construire des opportunités pour les petits États insulaires en développement, comme le besoin de soutenir l’économie bleue pour une meilleure utilisation, par les petits États insulaires en développement, de leur potentiel océanique. Il a aussi rappelé que le vrai développement ne se mesure pas par les richesses amassées, mais par l’amélioration constante du bien-être des populations, et par la construction d’un avenir meilleur pour les générations futures.
Le Ministre a par ailleurs rappelé que l’objectif, internationalement agréé, de maintenir l’augmentation de la température terrestre à 2 degrés celsius au maximum était réalisable, mais qu’il fallait pour cela un engagement international afin de parvenir à un accord à la vingt-et-unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) de Paris en décembre 2015. Il a en outre dit l’importance de mobiliser 100 milliards de dollars par an, d’ici à l’an 2020, dans le cadre du Fonds vert pour le climat, et il a plaidé afin que les pays les plus vulnérables, notamment les petits États insulaires en développement et les pays africains, aient accès aux ressources nécessaires au plus vite pour faire face aux changements climatiques. Le Ministre a ensuite rendu hommage à la mobilisation internationale, menée par les Nations Unies, et qui a permis de lutter efficacement contre la piraterie maritime dans l’océan Indien, un phénomène ayant un très grand impact sur l’économie de la région, a-t-il dit. Il a en outre salué le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine dans le contexte de la transition en cours en Somalie.
M. PATRICE NISBETT, Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, a rappelé que l’Objectif du millénaire pour le développement numéro 8, portant sur la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement, restait inachevé. Dès lors, il est important de s’assurer que le projet d’objectif de développement durable consacré aux moyens de mise en œuvre servira de catalyseur pour la réalisation du programme de développement pour l’après-2015. En tout cas, Saint-Kitts-et-Nevis accordera la plus grande importance à la première manifestation de haut niveau de l’Assemblée générale convoquée par le Président de l’Assemblée générale et qui sera consacrée précisément aux moyens de mise en œuvre.
Réaliser le développement durable requiert la mobilisation effective des ressources financières, le transfert de technologies, le renforcement des capacités à tous les niveaux, l’investissement dans les secteurs sociaux et les infrastructures, le développement communautaire, le financement climatique et la protection des biens communs. Il faut aussi renforcer la collaboration entre les gouvernements, accroître le rôle du secteur privé, assurer un commerce international équitable et augmenter les investissements directs nationaux et internationaux. Saint-Kitts-et-Nevis est devenu champion en la matière dans les Caraïbes, en particulier dans le secteur touristique et l’industrie légère.
Mais le pays est vulnérable face aux chocs économiques et environnementaux, a prévenu le Ministre, qui a regretté son endettement élevé. Après restructuration, le ratio de la dette du pays est de 95% du produit intérieur brut après avoir atteint un taux de 145%. Ce ratio descendra à 85% à la fin de cette année, a-t-il annoncé. M. Nisbett a tenu à souligner que la classification de son pays parmi les pays à haut revenu avait rendu difficile l’accès aux ressources pour un développement économique, social et environnemental durable.
Emprunter des fonds à un taux élevé sur le marché financier international perpétue le cercle vicieux de l’endettement et menace le développement durable. Cela va à l’encontre des buts et objectifs du programme de développement pour l’après-2015, a dénoncé le Ministre, qui a exhorté la communauté internationale à prendre des initiatives comme la conversion de la dette pour l’adaptation et l’atténuation du dérèglement climatique.
M. Nisbett a enfin réitéré l’appel de son pays à la communauté internationale pour permettre à la République de Chine (Taiwan) de participer dans les institutions du système des Nations Unies. Cet appel n’a en aucun cas un caractère arbitraire, a-t-il précisé mais est le résultat du partenariat dans de nombreux domaines du développement durable. Il a rappelé que Taiwan avait récemment été invité à prendre part à l’Assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour la première fois depuis 1971, et avait également participé à l’Assemblée mondiale de la santé.
M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères du Togo, a souhaité que les objectifs de développement pour l’après-2015 prennent en compte la diversité et la complexité des situations ainsi que les évolutions résultant de l’expérience acquise dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Mettant l’accent sur les efforts de son pays, il a cité une baisse de trois points de l’indice de la pauvreté au cours des dernières années grâce aux impacts fructueux de plusieurs programmes de promotion de l’emploi et de développement de base. Il a aussi fait état de la mise en place d’un Fonds national pour la finance inclusive dont le but est de rendre accessibles les services financiers aux populations les plus vulnérables et particulièrement aux femmes.
Dans le domaine de l’agriculture, le Togo poursuit la mise en œuvre du Programme national d’investissements agricoles et de sécurité alimentaire dont l’application a abouti non seulement à des résultats satisfaisants dans le cadre de l’autosuffisance alimentaire, mais encore, à des excédents agricoles depuis plusieurs années. Sur le plan de la santé, le Ministre des affaires étrangères du Togo a aussi cité des résultats encourageants en matière de réduction du taux de mortalité infantile et maternelle, de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose ainsi que dans le domaine de l’accès à l’assainissement et à l’eau.
M. Dussey a aussi indiqué que son gouvernement avait lancé en avril 2014 la Vision Togo 2030 qui vise à s’appuyer sur la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi pour mieux assurer la réalisation des OMD et des objectifs de développement pour l’après-2015. Fort de son expérience de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013, le Togo a acquis davantage la certitude que l’Agenda de la paix et la nouvelle architecture pour la sécurité internationale doivent tenir compte de cette nouvelle situation de régionalisation des conflits, a encore dit M. Dussey.
M. MARTEN GRUNDITZ (Suède) a dressé la liste des régions du monde qui sont secouées par des situations graves exigeant une solidarité collective pour faire face aux défis majeurs qu’elles posent. Parmi ces situations, il a cité la brutalité d’une organisation terroriste qui a forcé des populations entières à fuir et a choqué le monde; l’épidémie du virus de l’Ebola en Afrique; et l’agression continue de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.
La Suède est partie intégrante de cet effort commun, a-t-il dit, ajoutant que son pays avait aussi été l’un des premiers à répondre présent à la demande d’assistance du Gouvernement iraquien en vue de contrer ce groupe et de fournir une aide à ses victimes. Toutefois, a-t-il fait observer, l’aide humanitaire ou l’action militaire ne suffisent pas et l’engagement politique demeure indispensable, tant pour épauler le Gouvernement iraquien que pour aboutir à une solution politique au conflit syrien.
Parallèlement, a-t-il poursuivi, il importe de s’employer à arriver à un accord avec l’Iran sur son dossier nucléaire, d’une part, et à lever le blocus de Gaza, d’autre part. À cet effet, il est important de renouer les négociations entre Israéliens et Palestiniens pour mettre fin à l’occupation et, arriver enfin, à une solution de deux États viables.
Il a fustigé, d’autre part, les actes d’agression russes et l’annexion illégale du territoire ukrainien, qui constituent une sérieuse entaille au droit international et ont créé une crise de sécurité en Europe, porteuse de risques significatifs pour la stabilité mondiale.
Enfin, 53 ans après le décès de Dag Hammarskjöld dans une mission en Afrique, le représentant a salué le rapport de la Commission (A/68/800) portant le nom de l’ancien Secrétaire général de l’ONU et la requête du Secrétaire général invitant l’Assemblée générale à l’examiner. À l’instar d’autres délégations, il a encouragé à déclassifier toutes informations pertinentes pouvant contribuer à faire la lumière sur les circonstances de l’accident de l’avion dans lequel il a trouvé la mort.
Droit de réponse
Le représentant de la République islamique d’Iran a fustigé les allégations sans fondements du représentant d’Israël ce matin en regrettant que ce dernier fasse un amalgame entre le groupe terroriste de l’État islamique en Iraq et au Levant et le monde islamique. Il a regretté « l’iranophobie et l’islamophobie propagées par Israël sous les applaudissements d’une foule ramenée de l’extérieure de l’ONU ».
Le représentant de l’Iran a jugé « risible » qu’une personne qui a conduit des opérations qui ont coûté la vie à 2 000 civils à Gaza, « qui étouffe sous un blocus depuis huit ans », parle de cette manière des atrocités commises par le groupe terroriste de l’État islamique en Iraq et au Levant.
Réagissant à une déclaration du Ministère des affaires étrangères du Bahreïn, le représentant de l’Iran a souhaité rappeler la déclaration faite par son pays à l’Assemblée générale le 27 septembre au sujet des trois îles iraniennes du Golfe persique. Il a insisté sur le fait que le terme « golfe persique », désignant les eaux maritimes entre l’Iran et la péninsule arabique, représentait la toponymie historique de ce golfe.
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