L’Assemblée générale clôt sa 68e session dans une salle rénovée qui devrait voir naître le programme de développement pour l’après-2015
À tous ceux qui n’ont cessé de me rappeler que je serai sans doute le seul Président de l’histoire de l’Assemblée générale à n’avoir jamais présidé une séance dans la « véritable » salle, j’ai le regret de vous informer que vous avez eu tort! a lancé non sans humour le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe, en clôturant cet après-midi la soixante-huitième session.
Avant de remettre le marteau à M. Sam Kahamba Kutesa, ancien Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda et Président élu de la soixante-neuvième session, M. Ashe a entendu le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, se féliciter de la rénovation de la grande salle de l’Assemblée générale.
Le Président Ashe a fait le bilan d’une session qui a adopté 300 résolutions et 80 décisions et a salué la coopération des États face au « plus important défi générationnel » des Nations Unies, à savoir la création du programme de développement pour l’après-2015 avec comme objectif central l’élimination de la pauvreté extrême. Ce programme a le potentiel d’opérer un changement transformatif en tirant profit du succès des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et en traçant de nouvelles voies pour répondre aux questions clefs du développement.
Le Président de l’Assemblée a mis l’accent sur la nécessité d’établir des partenariats stratégiques, avec le secteur privé notamment car, a-t-il expliqué, les États Membres ne pourront agir seuls. Il a appelé ces derniers à prêter une attention particulière aux femmes « qui représentent 50% de la population de la planète et qui donnent naissance à l’autre moitié de cette population ». Elles doivent être considérées comme des partenaires à part entière et il en va de même pour les jeunes, qui hériteront de la planète, a-t-il ajouté.
Cette session a su véritablement jeter les bases du succès du programme de développement pour l’après-2015, a commenté le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en parlant d’une année « vitale » de travail et de progrès, s’agissant, entre autres, de l’accord « significatif » attendu sur les changements climatiques.
Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a adopté, à l’unanimité, une résolution qui vise à poursuivre, au cours de la prochaine session qui commence demain mardi 16 septembre à partir de 15 heures, les consultations sur les différentes formules permettant de créer un mécanisme qui favoriserait la mise au point, le transfert et la diffusion de technologies propres et respectueuses de l’environnement, et ce, afin de parvenir à une conclusion dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015. Les représentants de l’Union européenne, du Japon, de l’Inde, de l’Indonésie, des États-Unis et de l’Australie ont expliqué leur position.
L’adoption de deux autres projets de résolution a été reportée à la prochaine session. Il s’agit du texte sur le Sommet des Nations Unies qui conduira à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015 et du document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.
L’Assemblée a aussi reporté à sa soixante-neuvième session toute une série de questions, comme la situation dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan, la question de l’île comorienne de Mayotte ou l’examen de la résolution 2424 du Conseil des droits de l’hommedemandant au Secrétaire général de nommer un point focal sur les représailles et l’intimidation à l’encontre de personnes ayant coopéré avec les Nations Unies. À ce propos, les représentants des États-Unis et de l’Union européenne ont exprimé leurs préoccupations face à une décision prise sans consultation préalable.
D’autres questions, énumérées par le Président, qui étaient restées ouvertes pendant la soixante-huitième session, ont été inscrites à l’ordre du jour provisoire de la prochaine session, à l’exception du renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends et de la prévention et du règlement des conflits; du renforcement de la coopération internationale et de la coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl; du budget-programme de l’exercice biennal 2012-2013; et du projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2014-2015.
Le débat général de l’Assemblée générale** qui marque traditionnellement le début des travaux de fond d’une session se tiendra du 24 au 27 septembre, puis du 29 septembre au 1er octobre 2014.
* A/68/L.62
CLÔTURE DE LA SOIXANTE-HUITIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Explications de position sur la résolution intitulée « Quatre dialogues structurés d’une journée sur différentes formules permettant de créer un mécanisme qui favoriserait la mise au point, le transfert et la diffusion de technologies propres et respectueuses de l’environnement » (A/68/L.62)
Le représentant de l’Union européenne a rappelé que ces dialogues portaient sur la création de mécanismes tels qu’une plateforme en ligne de partage des connaissances ou la promotion plus poussée de l’évaluation des besoins en matière de technologies. Tout en souhaitant que les discussions se poursuivent, il a voulu que l’on ne consacre plus de temps aux questions pour lesquelles il est clair qu’un consensus ne pourra pas être dégagé.
Son homologue du Japon a rejeté l’idée d’un mécanisme de transfert des technologies au sein des Nations Unies car, a-t-elle souligné, c’est le secteur privé qui est le principal propriétaire desdites technologies.
Le représentant de l’Inde a dit apprécier que la résolution adoptée établisse un lien avec le programme de développement pour l’après-2015. Pour la fin des débats, il a prôné la collaboration sans laquelle, a-t-il prévenu, le développement durable demeurera inaccessible.
L’accès aux technologies est une des façons de mettre en œuvre ce type de développement dans le monde, a renchéri son homologue de l’Indonésie qui a dit attendre un résultat positif de ce processus, c’est-à-dire la création d’un mécanisme facilitant la diffusion des technologies en faveur du développement.
L’absence de consensus sur certaines questions, a également été soulignée par la représentante des États-Unis, pour qui l’échange n’a pas été assez approfondi au sein du Groupe de travail. Il faut examiner la question de manière plus large, en tenant compte de l’évaluation des institutions qui promeuvent la diffusion de ces technologies. Elle a suggéré une meilleure évaluation des besoins du secteur privé, « source et soutien de l’innovation technologique ». Les pays bénéficiaires, a-t-elle conseillé, doivent créer des règles en faveur de l’entreprenariat et des échanges, et un régime qui protège la propriété intellectuelle.
« La propriété intellectuelle n’est pas un obstacle au transfert des technologies mais, au contraire, un outil de promotion, a insisté la représentante de l’Australie.
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est tout d’abord félicité de l’achèvement des travaux de rénovation de la grande salle de l’Assemblée générale et a indiqué que M. John Ashe lui avait une fois confié, à tort, qu’il serait sans doute le seul Président de l’Assemblée générale à n’y avoir jamais présidé de séance.
Le Secrétaire général a ensuite affirmé que l’Assemblée générale achevait une année « vitale » de travail et de progrès. Il a rappelé que l’Assemblée s’était donné pour tâche de jeter les bases du succès, en 2015, des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), de créer le programme de développement pour l’après-2015 et de conclure un accord « significatif » sur les changements climatiques. Nous avons également affronté de nombreuses crises d’envergure internationale qui ont laissé le Conseil de sécurité paralysé, mais autour desquelles l’Assemblée générale s’est mobilisée, s’est-il félicité.
Le Secrétaire général a également parlé de la commémoration, lors d’une réunion spéciale, de la vie et de l’œuvre de Nelson Mandela, ainsi que de la création du Prix Nelson Rolihlahla Mandela. Il a relevé que l’Assemblée générale avait su utiliser les médias sociaux pour nourrir ses débats thématiques et ses manifestations de haut niveau. Pour M. Ban, cette session a su véritablement jeter les bases du succès du programme de développement pour l’après-2015.
M. JOHN W. ASHE, Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, a estimé qu’il était ironique que la personne responsable, en 2005, de la gestion des négociations budgétaires sur le plan-cadre d’équipement, soit le seul Président de l’Assemblée générale à avoir prononcé son discours d’investiture dans une salle provisoire et son discours de clôture dans la grande salle rénovée. À tous ceux qui n’ont eu de cesse de me rappeler que je serai sans doute le seul Président de l’histoire de l’Assemblée générale à n’avoir jamais présidé une séance dans la « véritable » salle, j’ai le regret de vous informer que vous avez eu tort! a-t-il lancé non sans humour.
M. Ashe a ensuite indiqué qu’au cours de cette soixante-huitième session, l’Assemblée générale avait adopté plus de 300 résolutions et 80 décisions portant, notamment, sur le désarmement nucléaire, le respect de l’état de droit aux niveaux national et international, le financement du développement, l’usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique, le droit à la vie privée ainsi que sur la sécurité des journalistes. Mais les chiffres, a-t-il enchainé, ne racontent jamais une histoire dans son ensemble.
M. Ashe a salué la coopération des États Membres face au « plus important défi générationnel » des Nations Unies, à savoir la création du programme de développement pour l’après-2015 avec comme objectif central l’élimination de la pauvreté extrême. Nous entamons la soixante-neuvième session dans une bonne position pour aller de l’avant dans les négociations, a-t-il ajouté. Le programme de développement pour l’après-2015 a le potentiel d’opérer un changement transformatif en tirant profit du succès des OMD et en traçant de nouvelles voies pour répondre aux questions clefs du développement. Le chemin qui reste à parcourir jusqu’en septembre 2015 ne sera pas facile car il reste encore beaucoup à faire avant de s’accorder sur un programme de développement inclusif, pendant sa préparation et pendant sa mise en œuvre.
Le Président de l’Assemblée a souligné que les États Membres ne pourront agir seuls et que pour assurer le succès du programme de développement pour l’après-2015, des partenariats stratégiques devront être créés, avec le secteur privé notamment. Il faudra également prêter une attention particulière aux femmes et aux jeunes. Les femmes, qui représentent 50% de la population de la planète et qui donnent naissance à l’autre moitié de cette population, ne peuvent plus être ignorées. Elles doivent être considérées comme des partenaires à part entière et il en va de même pour les jeunes, qui hériteront de la planète et qui, par conséquent, doivent être inclus dans le travail des États Membres, a-t-il insisté.
Parmi les autres réussites de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, M. Ashe a évoqué la conclusion du quatrième examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale et le lancement du tout premier portail Internet de l’ONU à l’intention des victimes de terrorisme. Le Président a également parlé de l’adoption de la Déclaration du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, de l’engagement politique des dirigeants face aux maladies non transmissibles et du renforcement, après deux années de consultations, du système des organes de traités des droits de l’homme, sans oublier la création du Prix Nelson Rolihlahla Mandela, la sélection du Mémorial permanent pour la commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique ainsi que l’adoption du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones qui doit se tenir la semaine prochaine.
M. Ashe a aussi indiqué que l’adoption d’une résolution ambitieuse sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale et d’un texte sur la réforme du Conseil économique et social (ECOSOC), ainsi que l’inauguration du Forum politique de haut niveau et l’adoption d’un cadre pour appuyer la mobilité du personnel de l’ONU avaient permis de rendre l’Organisation plus pertinente, plus réactive et plus efficace. Il a toutefois signalé qu’il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité et a appelé les États Membres à tirer profit de l’« élan modeste » imprimé par cette session qui s’achève.
Alors que je m’apprête à quitter mes fonctions, a-t-il enchainé, mon plus grand espoir est que notre travail permette d’autonomiser les jeunes filles et garçons d’aujourd’hui pour leur donner les moyens de réaliser leurs rêves et de créer un monde où l’égalité entre les sexes sera une réalité. « J’ai eu mon heure de gloire et merci d’en avoir fait un moment inoubliable », a conclu le Président.