AG/11494-ECOSOC/6604

L’Assemblée générale et l’ECOSOC veulent faire du secteur privé et de la société civile des acteurs légitimes du programme de développement pour l’après-2015

9/4/2014
Assemblée généraleAG/11494
ECOSOC/6604
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale - Conseil économique et social          

Débat thématique conjoint

matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET L’ECOSOC VEULENT FAIRE DU SECTEUR PRIVÉ ET DE LA SOCIÉTÉ

CIVILE DES ACTEURS LÉGITIMES DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015


En présence du Secrétaire général de l’ONU et de représentants du secteur privé et de la société civile, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) ont uni, aujourd’hui, leurs forces pour réfléchir au rôle des partenariats dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.


Ce programme doit succéder aux huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), après la date butoir de 2015 que la communauté internationale avait fixée pour leur mise en œuvre.  Si des progrès indiscutables ont été accomplis en ce sens, notamment dans le domaine de l’éducation, trop de pays, notamment en Afrique, accusent encore un retard à un an de cette échéance.  Les explications ne manquent pas, mais tous les intervenants de ce débat thématique ont reconnu que le processus n’avait pas suffisamment impliqué les acteurs non gouvernementaux, une erreur que le programme de développement pour l’après-2015 ne doit pas reproduire.


« Outre un plus grand financement public, il faudrait une contribution financière importante du secteur privé et des philanthropes, de même que des expertises de la société civile », a estimé M. Ban Ki-moon à l’ouverture de ce Forum, qui se poursuivra demain.  « Nous devons élargir l’éventail de nos ressources afin de répondre aux attentes en termes de financement, d’institutions et de réseaux », a préconisé le Chef de l’ONU.


Alors que l’élaboration du futur programme de développement se poursuit sous l’égide des Nations Unies, le Secrétaire général a rappelé sa proposition visant à créer une « facilité de partenariat », soumise à l’approbation des États Membres, et chargée de garantir que l’ONU est bien dotée des capacités nécessaires pour tirer le meilleur parti des partenariats avec le monde extérieur.


« Si nous nous mettons d’accord sur un cadre ambitieux sans préparer l’ONU à pouvoir le mettre en œuvre, nous risquons de marginaliser notre institution au moment même où elle doit jouer son rôle de chef de file », a-t-il mis en garde.


« Mais comment mobiliser, dès à présent, de telles approches novatrices dans la dernière ligne droite vers la réalisation des OMD? » s’est interrogé le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe, pour qui cet effort a été entravé par la crise économique mondiale de 2008, les blocages du Cycle de négociations commerciales de Doha et la volatilité des prix des denrées alimentaires et des sources d’énergie.  Des éléments de réponse ont été apportés lors de la première table ronde de la journée, consacrée aux opportunités de partenariats pour atteindre les OMD.


Pour le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sadjik, « nous devons créer et maintenir un environnement propice à l’expansion du secteur privé, afin de générer des mouvements de capitaux qui pourront être canalisés vers le futur programme de développement ».


Ce point de vue a été tempéré par plusieurs orateurs, notamment des représentantes d’ONG, à l’instar de Mme Bhumika Muchhala, de Third World Network, qui a expliqué que des « critères sans ambiguïté » devraient permettre de déterminer si un acteur du secteur privé remplit les conditions nécessaires pour devenir un partenaire de développement crédible.


Un consensus s’est cependant dégagé sur la nécessité, soulignée par le Président de l’ECOSOC, de se doter d’« une approche respectueuse des droits de l’homme » dans le cadre de l’éradication de la pauvreté et de la promotion du développement durable.  Plusieurs ONG et délégations ont affirmé que le bilan d’une entreprise donnée en matière d’environnement et de transparence devrait être pris en compte.


À cet égard, le Pacte mondial, principale initiative mondiale d’entreprises citoyennes, qui regroupe 12 000 participants répartis dans plus de 145 pays, a été identifié à plusieurs reprises comme le « gardien » d’une certaine idée de l’éthique entrepreneuriale.


L’entrepreneur africain Tony Elumelu, Président de Heirs Holdings et Fondateur de la Fondation qui porte son nom, a cité en exemple le succès des partenariats établis par l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI), qui avaient permis d’immuniser plus de 20 millions de personnes avec le concours d’entreprises comme VODAFONE et Coca-Cola.


M. Elumelu a été le premier à reconnaître l’importance d’aligner les priorités du secteur privé sur celles de l’intérêt public: « Il serait erroné de partir du principe que toutes les entreprises sont motivées par l’appât du gain. Je suis le dirigeant d’une entreprise qui a fait des investissements pour obtenir des résultats, mais aussi pour créer un impact positif sur la société ».


Les deux autres tables rondes ont porté respectivement sur la collaboration avec les entreprises, les fondations, la société civile et autres parties prenantes à l’appui du programme de développement pour l’après-2015 et sur la mise en place d’un cadre « plus efficace » de suivi.


À cette occasion, plusieurs États Membres, notamment la Fédération de Russie, ont jugé nécessaire de « fixer des règles claires » afin de régir les relations entre le secteur public et le secteur privé dans le cadre de ces partenariats multipartites, en craignant de voir leur propre rôle affaibli.


Le Forum de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social se poursuivra demain, dans la salle du Conseil de tutelle, à partir de 10 heures.


DÉBAT THÉMATIQUE CONJOINT/FORUM DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


« Le rôle des partenariats dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 »


Déclarations liminaires


M. JOHN W. ASHE, Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, s’est félicité de la tenue de cet « évènement historique » de deux organes des Nations Unies.  Il a souligné la difficulté de la tâche en ce qui concerne l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015, tout en l’invitant à s’en acquitter de manière efficace en vue d’atteindre des résultats concrets.  « Nous devons renforcer notre capacité à répondre aux difficultés mondiales, ce qui passe, a-t-il dit, par le renforcement des partenariats. »  Contrairement aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le nouveau programme sera plus universel et partagé, en respectant les responsabilités communes mais différenciées de tous les pays, a-t-il assuré.  La réalisation des OMD avait été entravée par la crise économique mondiale en 2008, le manque de progrès dans le Cycle de négociations commerciales de Doha et l’instabilité des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, a-t-il rappelé.


Le partenariat doit s’étendre pour englober les acteurs privés et publics, locaux, régionaux et nationaux, ainsi que les ressources nationales et internationales, a recommandé le Président de l’Assemblée générale.  Il a estimé que l’ONU occupe une position unique pour favoriser des partenariats créatifs entre les acteurs pertinents.  Il a souligné que les nouveaux partenariats offraient une myriade de possibilités en matière de développement.  Il a rappelé que les OMD avaient permis de nouer de nouveaux partenariats et de renforcer les capacités des communautés à faibles revenus.  Comment mobiliser ces approches novatrices dans la dernière ligne droite vers la réalisation des OMD? a demandé le Président de l’Assemblée générale, afin de lancer le débat dans les tables rondes.  Au cours de ce Forum, nous discuterons aussi des moyens de renforcer la transparence et la responsabilisation des gouvernements, a-t-il ajouté avant de préciser que la session aborderait aussi les questions relatives à l’égalité des sexes, aux droits de l’homme et à la consolidation de la paix.


En cette phase critique et sensible dans la préparation du programme de développement pour l’après-2015, a indiqué M. Ashe, les travaux se poursuivent au sein du Groupe de travail à composition non limitée sur les objectifs de développement durable et du Comité intergouvernemental d’experts sur le financement du développement durable.  Le dialogue sur les options d’un mécanisme de facilitation technologique va bientôt commencer.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, il est important que les États Membres commencent à envisager les structures et les capacités qui seront requises pour mettre en œuvre le futur programme de développement.  Ce Forum sera l’occasion de discuter des nouveaux modèles de partenariats qui pourront contribuer à la réalisation de ces objectifs, a-t-il dit. 


M. MARTIN SADJIK, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que la communauté internationale se trouvait à un moment charnière de l’élaboration du programme pour le développement.  Alors que 2015 s’approche à grands pas, nous devons évaluer les progrès accomplis dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et faire en sorte que nous nous appuyions sur les points forts de ce processus afin de relever les défis qui se posent au programme de développement pour l’après-2015, a-t-il expliqué. 


L’ECOSOC est appelé à jouer un rôle de premier plan dans la préparation et la mise en œuvre de ces nouveaux objectifs, a affirmé M. Sadjik, pour qui les délibérations d’aujourd’hui permettront de réfléchir aux moyens par lesquels les partenariats multisectoriels peuvent soutenir le programme pour l’après-2015 et les efforts intergouvernementaux en cours.  « Un cadre robuste pour l’éradication de la pauvreté et le développement durable doit s’appuyer sur une approche respectueuse des droits de l’homme », a fait observer le Président de l’ECOSOC, qui a souhaité que ce Forum de deux jours soit l’occasion de faire des propositions concrètes à l’appui de ce processus. 


Ces partenariats devraient, selon lui, associer des parties prenantes à tous les niveaux -communautaire, national, régional et international- et mettre l’accent sur les pays les plus vulnérables, comme les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement, ainsi que les pays africains et les pays émergents, qui accusent du retard dans la réalisation des OMD.  Un autre élément d’importance à prendre en compte, c’est un financement durable du développement, alimenté par des fonds publics et privés à la fois.  « C’est la raison pour laquelle nous devons créer et maintenir un environnement propice à l’expansion du secteur privé, afin de générer des mouvements de capitaux qui pourront être canalisés vers le futur programme de développement. »  Outre l’aide publique au développement, il sera essentiel pour les partenaires de renforcer leur soutien et leur coopération, en fonction de leurs capacités respectives, notamment à travers les principes et actions établis par le Partenariat de Busan. 


Alors que le système des Nations Unies est de plus en plus activement engagé dans des partenariats multipartites à l’appui de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, l’ECOSOC, a assuré son Président, pourrait jouer un rôle plus actif dans l’évaluation de ces partenariats, en particulier dans le secteur privé, tout en facilitant les échanges de pratiques optimales entre fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies.  « L’évènement d’aujourd’hui est une occasion très spéciale.  Nous avons, ici dans cette salle, un échantillon unique d’États Membres, de représentants du secteur privé et de la société civile, ainsi que de fondations, tous unis par une volonté commune de trouver des solutions innovantes afin de mieux répondre aux défis de développement auxquels nous faisons tous face.  Je suis optimiste à l’idée que des suggestions pionnières pour renforcer notre coopération seront faites au moment où nous nous engageons dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 », a conclu M. Sadjik.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est félicité de la participation de deux invités de marque à ce Forum, ce qui montre, a-t-il dit, l’esprit de partenariat.  Il a invité à prendre des moyens pour assurer la mise en œuvre d’un programme de développement pour l’après-2015 aussi ambitieux que les objectifs eux-mêmes.  Il a souligné que la réussite de cette entreprise dépendra de l’implication de toute une série de partenaires.  Outre un plus grand financement public, il faudrait une contribution financière importante du secteur privé et de philanthropes, de même que des contributions en nature et les expertises de la société civile, a estimé M. Ban.


« Nos efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement ont déjà porté leurs fruits à de nombreux niveaux et nous pouvons tirer les leçons de cette étape », a déclaré le Secrétaire général.  Au cours de ces dernières années, a-t-il fait remarquer, des changements importants sont intervenus dans la manière dont est abordé le développement, le plus significatif étant le rôle croissant de nouveaux acteurs dans ce domaine.  Leur influence est de plus en plus grande, a-t-il noté.  Le Secrétaire général a aussi fait observer que le développement durable résultait de décisions ambitieuses et courageuses.  Le secteur privé y contribue de manière plus active, a-t-il dit, en soulignant en particulier les effets positifs du Pacte mondial qui promeut des actions commerciales responsables et durables. 


Les partenariats peuvent nous aider à réaliser les OMD, a insisté le Secrétaire général en faisant référence à des rapports récents qui l’ont démontré.  Il a noté que les experts s’accordent pour considérer les partenariats comme des moyens de mettre en œuvre un programme ambitieux de développement pour l’après-2015.  Il faudrait maintenant renforcer les capacités de l’ONU à favoriser les partenariats à grande échelle.  On attend beaucoup des Nations Unies par rapport aux ressources qu’on lui accorde, a-t-il noté.  C’est pourquoi, nous devons donc élargir la base de nos ressources pour répondre aux attentes en termes de financement, d’institutions et de réseaux, a-t-il suggéré.


Enfin, M. Ban a rappelé sa proposition de créer une facilité de partenariat, qui a été soumise aux États Membres pour approbation et qui vise à garantir que les Nations Unies seront dotées des capacités nécessaires pour utiliser au mieux les partenariats extérieurs.  Ces capacités permettront aux Nations Unies d’atteindre de bien meilleurs résultats, a-t-il assuré.  « Si nous nous mettons d’accord sur un cadre ambitieux sans préparer l’ONU à le mettre en œuvre, nous risquons de marginaliser notre institution au moment même où elle doit jouer le rôle de chef de file », a-t-il prévenu.


M. TONY ELUMELU, Président de Heirs Holdings et Fondateur de la Fondation Tony Elumelu, s’est déclaré heureux de pouvoir, en tant qu’entrepreneur africain, faire une contribution dans le cadre de ce Forum.  Il a identifié trois priorités pour son continent: la lutte contre le chômage et la création d’emplois; l’élargissement de l’accès à l’électricité; et l’implication du secteur privé dans les efforts visant à élaborer et réaliser le programme de développement pour l’après-2015.  Depuis 2000, date à laquelle les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient été adoptés, des progrès ont été faits, a assuré M. Elumelu.  Il faudrait cependant continuer à tirer des leçons importantes de ce qui avait été défini et de ce qui a été réalisé à ce stade, a-t-il estimé, en faisant remarquer que le secteur privé et d’autres parties prenantes n’y avaient pas toujours contribué.  Il a cité quelques exemples de partenariat entre le secteur public et le secteur privé qui avaient été couronnés de succès, comme celui du GAVI, qui a permis de mener des campagnes de vaccination auprès de 20 millions de personnes avec le concours d’entreprises comme VODAFONE et Coca-Cola.


S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, M. Elumelu s’est réjoui de constater que le processus avait été beaucoup plus participatif, avec des consultations très larges impliquant non seulement le secteur privé, mais aussi la société civile.  Il a estimé que la création d’emplois et l’accès à l’électricité étaient des éléments essentiels pour atteindre les futurs objectifs en Afrique, dont la population dépassera en 2045 celles de la Chine et de l’Inde.  C’est pourquoi il est impératif de créer 122 millions d’emplois d’ici à 2020 pour garantir la place du continent dans l’économie mondiale.  « Il faudrait investir dans les services de soins de base, éduquer les populations, mais aussi créer des emplois et des opportunités économiques, étendre le réseau électrique, afin de permettre aux familles de vivre dignement et plus longtemps et d’élever des citoyens productifs. »  Aujourd’hui, près de 545 millions de personnes sont privées l’électricité en Afrique, a-t-il souligné, en expliquant qu’au Soudan du Sud par exemple, à peine 2% des habitants y avaient accès.


Même s’il existe un consensus sur l’implication du secteur privé dans le programme de développement pour l’après-2015, celui-ci ne peut pour autant se substituer à l’aide publique au développement (APD).  Sa contribution doit être complémentaire, comme l’a illustré l’exemple de la lutte contre les grandes pandémies.  Cependant, dans le contexte de crise dans lequel nous nous trouvons, les dépenses publiques sont mises à mal.  Dans un tel environnement, il faudrait réfléchir à de nouvelles implications du secteur privé, tout en veillant à harmoniser ses priorités avec celles de l’intérêt public.  De ce point de vue, le Pacte mondial représente un exemple à suivre, a estimé M. Elumelu.  « Certains s’inquiètent que le secteur privé ait des priorités différentes.  C’est vrai, comme en témoigne la crise de 2008.  Mais il serait erroné de partir du principe que toutes les entreprises sont motivées par l’appât du gain.  Je suis le dirigeant d’une entreprise qui a fait des investissements pour obtenir des résultats, mais aussi pour créer un impact positif sur la société. »


Des investissements dans le capital humain doivent donc être consentis, des réformes entreprises, de nouvelles politiques adoptées afin de libérer la croissance des PME et attirer des investissements directs étrangers de plusieurs milliards de dollars.  Pour sa part, le secteur privé doit évoluer lui aussi, a soutenu M. Elumelu.  Il ne faudrait plus qu’il se limite à faire des dons et à jouer un rôle caritatif.  Pour un programme de développement durable, nous devons disposer de la meilleure volonté politique possible et l’allier à l’esprit entrepreneurial du secteur privé, a-t-il insisté avant de conclure.


Représentant la société civile, Mme ALESSANDRA CABRAL DOS SANTOS NILO, Cofondatrice et Directrice exécutive de GESTOS, a tiré quatre enseignements des efforts menés pour réaliser l’OMD 8.  Tout d’abord, la planète n’est pas à vendre.  Douze ans après Monterrey, le monde est au bord de l’effondrement et c’est pourquoi, il faudrait maintenant bannir le slogan « la croissance économique quel qu’en soit le coût ».  Elle a rappelé que l’OMD 8 appelait à former des partenariats mondiaux en faveur du développement, tout en regrettant la corruption qui prévaut dans certains partenariats.  Elle a fait remarquer que 30 000 milliards de dollars, provenant de toutes les régions du monde, étaient aujourd’hui à l’abri dans des paradis fiscaux.  Même les gènes sont commercialisés, s’est-elle offusquée.  Elle a aussi fait remarquer que la pauvreté existait maintenant partout, dans les pays en développement comme dans les pays développés.  La panéliste a donc recommandé de promouvoir l’indépendance économique, notamment pour les femmes.


Il est temps que les États reprennent le contrôle des partenariats mondiaux pour le développement, a-t-elle insisté.  Il faut agir pour instaurer une démocratie économique.  À cette fin, il faudrait mettre en place des mécanismes de responsabilité à cet effet, a-t-elle conseillé.  Le modèle actuel réduit la société à des sous-traitants, éliminant ainsi les possibilités de dialogue, a-t-elle regretté.  La panéliste a recommandé que le futur programme de développement prévoie un objectif qui redéfinisse l’architecture des échanges et accorde la priorité à la promotion des partenariats à tous les niveaux.  Il serait utile de s’inspirer des partenariats mis en place dans la lutte contre le VIH/sida qui ont porté des fruits. 


Puisque nous savons où se trouve l’argent et il faut s’adresser à ceux qui le détiennent, a-t-elle souligné.  L’aide publique au développement doit être renforcée, a-t-elle suggéré, tout en estimant que le marché financier devrait être plus transparent.  Il faudrait établir des systèmes fiscaux progressifs au service du développement, a-t-elle encore recommandé avant de proposer d’instaurer une taxe sur les transactions financières.  Le marché des produits dérivés est tellement important en termes de volume que cette taxe pourrait rapporter 6,8 milliards de dollars par an.  Alors qu’attendons-nous pour mettre en œuvre ces mécanismes?


Le développement durable ne pourra être réalisé tant qu’il n’y aura pas de respect des droits de l’homme, a rappelé la panéliste.  Elle s’est dite préoccupée par l’accent trop important qui est mis sur la croissance économique.  Il y a des forces conservatrices qui font pression au sein des Nations Unies, a-t-elle noté, en faisant référence aux problèmes qui persistent sur des sujets comme les droits sexuels, l’avortement, les travailleurs du sexe et les toxicomanes.  Avant de conclure, elle a présenté une lettre signée par plus de 700 organisations de la société civile du monde entier, pour montrer que la société civile se tourne vers les Nations Unies afin de trouver des solutions aux défis mondiaux. 


Table ronde 1: « Réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD): s’appuyer sur les opportunités de partenariats essentiels et la voie à suivre »


La première table ronde de la journée était animée par M. ROBERT ORR, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et à la planification stratégique.


M. JOHN WITHEHEAD, de CNZM, ancien Secrétaire du trésor de la Nouvelle-Zélande et ancien Directeur exécutif pour l’Asie-Pacifique de la Banque mondiale, a rappelé que si l’aide publique au développement avait augmenté en volume, la part consacrée au financement du développement avait en revanche diminué.  Il a invité à s’adapter au nouveau paysage de développement et aux nouveaux acteurs dans ce domaine.  De nombreux succès, notamment en matière d’espérance de vie, n’auraient pas été possibles sans l’engagement du secteur privé, a-t-il estimé.  M. Whitehead a donc recommandé de libérer le financement privé pour mieux utiliser les expertises du secteur privé.  Il a noté que les résultats sont atteints lorsque tous les acteurs prennent des mesures pour passer des paroles aux actes.  Tirant les leçons de son expérience à la Banque mondiale, il a fait remarquer qu’il était parfois difficile de s’adapter aux besoins des petits pays, faute de connaissances sur leurs contextes spécifiques.  L’expert a ensuite parlé de projets d’approvisionnement en eau dans des pays en développement auxquels la Chine avait participé.  Il a lancé un appel aux dirigeants afin qu’ils prennent les bonnes décisions en vue du programme de développement pour l’après-2015.  « Pour que ce programme réussisse, nous devons modifier notre approche et faire de nos idéaux des mesures pratiques », a-t-il recommandé.


M. MICHAEL O’NEILL, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau des relations extérieures et de la promotion au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné l’engagement très important du PNUD dans le domaine des partenariats.  Il a rappelé que les progrès en matière de développement dépendaient de l’appropriation nationale et des actions coordonnées entre les gouvernements et la société civile.  Le PNUD a accéléré la cadence avec tous les acteurs en vue de réaliser plus rapidement les OMD.  Illustrant son propos, il a indiqué que le PNUD avait coordonné les actions en vue d’atteindre l’OMD 1 (éradication de la pauvreté et de la faim) au Niger.  Il a vanté les mérites des partenariats triangulaires, qui sont importants à tous les stades du développement.  Si le système multilatéral et le maintien de l’APD sont essentiels pour accompagner le développement, il faudrait aussi davantage de partenaires, a-t-il fait observer.  L’expert a aussi recommandé de s’adapter aux différentes cultures et aux différents modes de fonctionnement.  Il fait part de l’initiative du PNUD « Business call to action » à laquelle participent de nombreuses entreprises.


Mme BETTY MAINA, Présidente et Directrice générale de Kenya Association of Manufactures (KAM), a rappelé que certains progrès dans la réalisation des OMD pouvaient être attribués au secteur privé.  Avec ces progrès, de nouvelles opportunités sont offertes aux entreprises, a-t-elle noté.  Pour Mme Maina, il est important de reconnaître le rôle clef du secteur privé car, a-t-elle précisé, cela permet d’encourager une participation plus active des entreprises à l’élaboration des politiques.  Elle a aussi plaidé en faveur d’une approche plus holistique dans la conduite des affaires.  Elle a souhaité que les institutions des Nations Unies et les gouvernements créent des partenariats avec les entreprises pour régler des problèmes systémiques.  Il faudrait impliquer non seulement les grandes entreprises et les entreprises d’État, mais aussi les petites et moyennes entreprises, a-t-elle suggéré.  Le secteur privé est un partenaire clef dans le développement, a-t-elle insisté.


« Le monde est sur une trajectoire qui n’est pas durable », a prévenu M. MIGUEL PESTANA, Vice-Président des affaires mondiales extérieures d’Unilever, soulignant notamment les problèmes qu’entraînent les changements climatiques et le taux de chômage élevé dans le monde.  Si trop de gens ont le sentiment d’être exclus et de ne pas participer, tout le système risque d’être rejeté, a-t-il prévenu.  Il en a ainsi déduit qu’il faudrait un système de croissance plus durable et plus équitable.  Les entreprises qui prennent au sérieux leurs responsabilités dépassent les performances des autres en bourse, a-t-il fait remarquer, en citant une étude publiée par l’Université Harvard.  Il a souhaité que la communauté du monde des affaires soit encouragée à bâtir des systèmes plus inclusifs, en soulignant à cet égard le rôle que doivent jouer les gouvernements pour créer des environnements favorables à cette participation.  De son côté, le secteur privé doit améliorer, entre autres, les chaînes d’approvisionnement.  Il a aussi appelé à reconnaître le rôle crucial des technologies pour améliorer le niveau de transparence dans les affaires, en citant l’exemple d’Unilever qui, grâce à un outil développé par Google, peut contrôler le taux de déboisement dans les chaînes d’approvisionnement.


Mme BHUMIKA MUCHHALA, Third World Network, a rappelé que les partenariats multipartites avaient été identifiés par les Nations Unies « comme un catalyseur pour réaliser un programme de développement ambitieux et transformatif au-delà de 2015 ».  C’est pourquoi l’ONU doit veiller à ce que de tels partenariats cultivent une approche respectueuse des droits de l’homme qui prenne dûment compte des besoins spécifiques des populations locales.  Une telle précaution signifie que les préoccupations et risques majeurs liés à ces partenariats doivent être discutés dans le cadre de délibérations intergouvernementales ouvertes, « et non à huis clos ».  Si les rapports officiels soulignent le rôle des gouvernements dans la création d’un environnement national propice aux investissements dans le développement durable, cela ne devrait pas occulter le rôle de la coopération en matière de développement et le rôle du partenariat mondial pour mettre en place un environnement international favorable au développement, a-t-elle rappelé. 


Pour la panéliste, il est d’une importance capitale de replacer ces partenariats avec les entreprises privées dans le contexte du financement de l’aide publique au développement et du rôle global des grandes entreprises dans le développement.  Selon Mme Muchhala, il faudrait examiner les asymétries de pouvoir et les conflits d’intérêt inhérents entre gouvernements, monde des affaires et société civile, en sachant que même au sein du secteur privé, des divergences pourraient surgir entre grands groupes et petites et moyennes entreprises.  Des critères sans ambiguïté doivent donc être définis pour déterminer si un acteur du secteur privé remplit les conditions nécessaires pour devenir un partenaire de développement dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  Ainsi, on pourrait vérifier le bilan d’une entreprise donnée en matière de respect des droits de l’homme et de l’environnement, notamment dans le cadre de ses activités transfrontalières éventuelles, ou si elle s’est rendue coupable d’actes de corruption.  L’ONU pourrait également s’intéresser à la transparence de ses finances et de ses responsabilités fiscales, a suggéré la panéliste.


Débat interactif


Comment augmenter le nombre de partenariats et comment encourager la responsabilité des partenaires? a demandé le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et à la planification stratégique en lançant le débat interactif.  Si les délégations ont soutenu un partenariat plus fort en faveur du développement, certaines se sont dites préoccupées par le risque d’influence trop grande du secteur privé sur les Nations Unies.


Entamant la discussion, le représentant du Costa Rica, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné l’importance des nouvelles formes de collaboration entre les gouvernements, les entreprises et les universités dans la poursuite du développement.  Il a demandé que, dans toutes les activités menées dans le cadre du Pacte mondial, le caractère intergouvernemental de l’ONU soit respecté, ainsi que les priorités nationales.  Par ailleurs, l’absence de délai prévu pour la réalisation de l’OMD 8 reflète l’absence de consensus, a-t-il regretté.  En ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015, il a souhaité qu’il prévoie des objectifs concrets et limités dans leur nombre.  Comme son homologue de la Chine, il a tenu à rappeler l’importance de l’aide publique au développement (APD) dans la réalisation du développement.


Aucun pays partenaire n’a respecté ses engagements en termes d’APD, a cependant regretté le représentant du Bangladesh.  Il a fait remarquer que, dans la mesure où les entreprises ont pour objectif prioritaire de réaliser des profits, elles n’atteindront jamais le niveau des investissements engagés par les gouvernements.  Un représentant de la société civile, Third World Institute, a reconnu que la contribution du secteur privé ne pouvait pas compenser la baisse de l’APD.  Sur une note plus positive, le représentant de l’Union européenne a annoncé que la tendance marquant ces deux dernières années allait s’inverser.  L’Union européenne va ainsi augmenter le montant de cette aide.


Le Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda a invité à établir des partenariats entre les différents acteurs en vue d’atteindre tous les objectifs de développement.  Il faudrait aussi, a-t-il recommandé, optimiser les avantages du secteur privé.  Il a ainsi proposé d’attirer le secteur privé pour qu’il investisse dans des secteurs clefs comme ceux de l’énergie et du transport.  Le représentant des Pays-Bas a souligné les effets multiplicateurs des partenariats, en faisant remarquer que les ONG apportent leurs expertises et des ressources supplémentaires au développement.  Il a noté que le secteur privé constituait le plus grand employeur et contribuait grandement au transfert de technologies, ce qui justifie leur implication dans les politiques de développement.


Notant que, dans certains secteurs, les gouvernements se retiraient pour laisser plus de place au secteur privé, le représentant du Brésil a souhaité que les États Membres se mettent d’accord sur des mécanismes de contrôle de ces partenariats, sans lesquels son pays ne pourra pas soutenir une participation accrue du secteur privé.  La représentante de la Fédération de Russie a appuyé l’idée de fixer des règles claires pour régir les relations entre le secteur public et le secteur privé dans le cadre de ces partenariats.  La représentante du Venezuela a partagé cette exigence, en expliquant qu’elle craignait une influence trop grande des entreprises ou organisations philanthropiques sur les Nations Unies.  Le rôle des États Membres risque d’être affaibli, a-t-elle averti, en exprimant la crainte de voir la nature même de l’ONU remise en question.  Le représentant du Viet Nam a, pour sa part, recommandé aux organisations de la société civile de pratiquer l’autocritique, leur conseillant aussi de tenir compte des circonstances nationales.


De son côté, le représentant de l’Union européenne a regretté qu’un accord n’ait pas encore été atteint sur la proposition du Secrétaire général de créer une facilité de partenariat.  À ce propos, le représentant de Cuba a proposé de créer un groupe ouvert à tous dans le cadre de l’Assemblée générale, pour définir le mandat d’un organe intergouvernemental subsidiaire qui serait chargé de faciliter les relations avec les organes extérieurs.


Table ronde 2: « Collaborer avec les entreprises, les fondations, la société civile et autres parties prenantes en soutien au programme de développement pour l’après-2015 »


M. ANTHONY SMITH, Directeur de la Division des relations internationales au Département du développement international du Royaume-Uni, a rappelé que l’expression de « partenariat mondial » était l’une des plus utilisées à l’ONU et qu’il faudrait veiller à ne pas la galvauder.  Soulignant qu’il était important de ne pas empiéter sur les priorités des pays dans lesquels des partenariats sont à l’œuvre, il a estimé que l’appropriation nationale devrait prévaloir dans tous les cas.  Il s’agit, selon lui, d’établir une gouvernance à plusieurs acteurs, issus aussi bien de la société civile que du secteur privé, respectueuse des droits de l’homme et des stratégies de développement décidées par chaque pays.


Mme LISE KINGO, Vice-Présidente exécutive de Novo Nordisk, a estimé pour sa part qu’un partenariat, « c’est un peu comme un mariage »: il faut des affinités et beaucoup de travail pour que ça fonctionne.  Dans son entreprise, connue notamment pour le succès de ses traitements à l’insuline, il ne serait pas possible de parvenir à de tels résultats en l’absence de partenariats au sein de la communauté médicale, mais aussi avec les patients.  « Ce n’est que grâce à de tels rapprochements que l’innovation peut devenir réalité », a-t-elle affirmé.  Pour arriver à des changements durables, nous devons nous appuyer sur des partenariats qui nous permettent d’être en phase avec les préoccupations et attentes de la société.  En Malaisie, où le diabète menacera une personne sur quatre dans les 10 prochaines années, Novo Nordisk utilise son expertise et ses connaissances pour prévenir l’apparition du diabète, notamment chez les femmes.  Elle a émis l’espoir que ce type d’initiatives permettra d’empêcher que cette maladie, pouvant toucher un demi-milliard de personnes, ne s’étende, et de prendre conscience que la santé doit être l’un des principaux objectifs du programme de développement pour l’après-2015.


Mme BENEDICT CHEONG, PDG de la Fondation Temasek, a expliqué que la Fondation, qui est basée à Singapour, réalise des investissements dans divers domaines.  « Notre idée, c’est que si nous disposons d’institutions solides sous le leadership de dirigeants compétents et liées entre elles par des réseaux d’échanges, une différence réelle pourra être faite à long terme.  La Fondation s’efforce donc de faciliter ce type de partenariats, qui ont plus de chances de réussir en misant sur l’appropriation par les communautés hôtes.  Le programme de renforcement des capacités mis en place par la Fondation a des effets multiplicateurs, a-t-elle assuré, comme en témoignent le nombre d’institutions asiatiques qui lui ont demandé de parrainer différentes initiatives, en particulier dans les domaines de la gouvernance et de la gestion urbaine, de l’eau, du traitement des déchets, des logements publics et des transports.  En dernière instance, a souligné Mme Cheong, c’est la communauté d’accueil qui dirige et met en œuvre les opérations, parfois après avoir reçu une formation offerte par Temasek.  « La sincérité de l’engagement et l’humilité doivent prévaloir et il faut susciter la confiance », a-t-elle expliqué, en précisant que l’acquisition de connaissances était mutuelle.


M. YAYA WINARNO JUNARDY, Président de la société Rajawali Corporation et chef du file du Pacte mondial en Asie, a expliqué que son groupe, basé en Indonésie, avait connu une croissance économique régulière ces dernières années, mais que ce pays continuait de souffrir de la pauvreté.  « Notre société s’est rendue compte que la croissance ne consiste pas seulement à créer des emplois et à générer des profits, elle doit aussi s’inscrire dans une logique de développement durable. »  Il faut soutenir une éducation de haut niveau pour que les principaux décideurs et dirigeants indonésiens de demain deviennent des acteurs de bonne gouvernance.  C’est la raison pour laquelle Rajawali a noué un partenariat avec Harvard afin de former des élites saines.  Jusqu’à présent, 114 hommes politiques y ont participé.  Le chef d’entreprise s’est par ailleurs dit convaincu que le Pacte mondial, auquel est affilié Rajawali, est un élément fondamental pour développer les partenariats.  Sous l’égide du Pacte, a-t-il ajouté, notre société a participé à plusieurs initiatives, notamment des projets d’approvisionnement en eau de zones détruites par des éruptions volcaniques, dont une a eu lieu lors de la commémoration de la Journée mondiale de l’eau, avec l’installation d’un million de puits en Indonésie.


Mme ALICE ALBRIGHT, Présidente du Partenariat mondial pour l’éducation, s’est déclarée convaincue du rôle que peuvent jouer les partenariats dans le développement durable.  Son organisation rassemble des acteurs multipartites, y compris des organismes de l’ONU, l’UNICEF et l’UNESCO.  Le « Partenariat mondial pour l’éducation » travaille avec les ministères de l’éducation pour aider à élaborer des programmes scolaires solides, mettre en place un suivi et mobiliser la volonté politique, a-t-elle dit, en rappelant que 57 millions d’enfants dans le monde n’étaient pas scolarisés.  Dans le souci de permettre au gouvernement de disposer de ressources financières suffisantes et d’outils de contrôle et d’évaluation, les acteurs venus de différents horizons doivent conjuguer les efforts, a préconisé Mme Albright. Elle a cependant jugé capitale la question de la coordination des fonds disponibles dans un paysage financier où l’aide publique au développement (APD) demeure irremplaçable.


Débat interactif


Ouvrant le débat interactif, le délégué de l’Union européenne a insisté sur la nécessité de ne laisser aucun acteur en marge des processus, à commencer par la société civile, dont la contribution unique à la lutte contre les inégalités est un atout précieux.  Au niveau européen, il y a eu déjà deux cycles de consultations dans le cadre de l’élaboration de la position de l’Union européenne sur le programme de développement pour l’après-2015.  Comment nous assurer que les Principes de Paris, d’Accra et de Busan seront bien intégrés dans ce programme et dans les partenariats à l’appui de ce programme? s’est-il interrogé, en précisant qu’il s’agissait de la question fondamentale que doivent se poser les États Membres au moment où ils fixent de nouveaux objectifs.  De son côté, le représentant de l’Afrique du Sud a estimé que le suivi de la mise en œuvre du futur programme pourrait être confié à la société civile.


La représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a constaté qu’à tous les niveaux, le dialogue social avait sans cesse prouvé sa valeur.  Par ailleurs, les synergies sont utilisées au mieux, a-t-elle dit, lorsque chaque acteur s’en tient à son domaine d’expertise et d’influence respectif.  Pour sa part, l’OIT participe à de nombreux partenariats, notamment au Ghana, où elle a lancé un programme à succès contre le travail des enfants, a déclaré la représentante. 


Le délégué du Japon a estimé, lui aussi, que les partenariats avec la société civile et le secteur privé devraient figurer au premier plan du programme pour l’après-2015.  Il a cependant estimé que le secteur privé avait davantage à offrir que des ressources financières, citant par exemple les transferts de technologies.  Cela suppose aussi l’existence d’un environnement propice au rôle actif que peut jouer le secteur privé.  Cette position a été soutenue par le représentant du Maroc, qui a également insisté sur le respect de l’appropriation et des stratégies nationales de développement.  S’intéressant plutôt à la participation de la société civile, le représentent du Brésil a toutefois estimé que l’architecture internationale devrait être adaptée afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle.


Table ronde 3: « Vers un cadre plus efficace pour surveiller la mise en œuvre des objectifs de développement au niveau mondial »


Mme BRENDA KILLEN, Chef de la Division des partenariats mondiaux et des politiques du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a partagé l’expérience de l’OCDE en matière de contrôle, qui permet de renforcer les performances et de verrouiller les progrès.  Le contrôle facilite les changements de mentalité et d’attitude, en permettant une véritable transformation, a-t-elle précisé.  De l’avis de Mme Killen, les engagements ne peuvent être pris au sérieux que si l’on accepte le contrôle et une responsabilité mutuelle.  Elle a noté que la communauté internationale avait beaucoup appris de son expérience dans les systèmes de contrôle de la réalisation des OMD.  Le fait que les objectifs étaient clairs et quantifiés a permis de bien surveiller les progrès.


En ce qui concerne l’efficacité de l’aide au développement, Mme Killen a souligné les progrès accomplis malgré l’absence de données de qualité et d’indicateurs universellement agréés.  La panéliste a donné l’exemple du Pacte du Forum des Îles du Pacifique qui prévoit un examen par les pairs de tous les partenaires.   De son côté, le Comité d’aide au développement de l’OCDE s’est engagé à moderniser son système de statistiques et à actualiser son processus d’examen par les pairs.  « Nous allons aussi continuer à demander des comptes à nos membres en ce qui concerne leur engagement au titre de l’aide publique au développement (APD) », a-t-elle dit.  Cette responsabilisation, a-t-elle assuré, a déjà entraîné une augmentation de l’APD.


Mme FRANCES BEINECKE, Présidente du Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC), a présenté l’engagement de son organisation en matière de protection de l’environnement.  Le NRDC utilise la science, la politique et le droit pour que les dirigeants d’entreprises soient responsabilisés sur ces questions.  Le moment est venu d’agir pour palier les conséquences des changements climatiques, a-t-elle remarqué.  Elle a demandé de prendre des mesures pour faire face efficacement à cette menace.  Le Conseil de défense des ressources naturelles et Yale University ont organisé conjointement une conférence pour parler des engagements pris à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », a-t-elle indiqué.  L’experte a recommandé d’obtenir l’appui des coalitions de partenaires pour renforcer l’impact des mesures prises dans le cadre de la mise en œuvre de ces engagements.  Elle a ensuite souligné la nécessité de disposer de davantage de données pour suivre les résultats des mesures prises.


Il existe une pléthore de partenaires en matière de développement dans le monde, a soutenu Mme JOY PHUMAPHI, Coprésidente du Groupe d’examen composé d’experts indépendants et Secrétaire exécutive de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA), en rappelant qu’il était cependant important de bien les coordonner.  Elle a expliqué le mandat du Groupe d’experts qui a, notamment, pour mission d’évaluer les engagements des pays.  Il devrait aussi vérifier l’allocation de ressources promises par les partenaires.  La panéliste a estimé qu’il était nécessaire d’identifier les pratiques optimales qui pourraient être reproduites, avant d’élaborer des recommandations.  Les résultats de ces travaux ont été publiés dans deux rapports qui contiennent quatre recommandations essentielles, a-t-elle indiqué.  Le principe de reddition de comptes mutuelle est essentiel pour faire respecter ces engagements, a-t-elle constaté, en soulignant les grands progrès réalisés grâce à son application.  Ce mécanisme ne doit pas être limité au secteur de la santé, a-t-elle précisé.


M. JORGE SOTO, Directeur de la Division pour le développement durable à Braskem et Président du Réseau du Pacte mondial au Brésil, a expliqué que Braskem était une industrie chimique au Brésil qui n’aurait pas pu exister sans partenariats.  « Les partenariats sont essentiels, c’est un fait, mais ils ne sont pas suffisants », a-t-il estimé.  Il faudrait, a-t-il précisé, que les partenariats soient assortis d’un processus de suivi efficace.  L’entreprise Braskem avait décidé d’améliorer la vie quotidienne des populations grâce à des produits durables, a-t-il indiqué.  M. Soto a ensuite plaidé en faveur de la transparence et de la reddition des comptes sur le plan de la durabilité.  Il a aussi recommandé que les stratégies des entreprises incluent les trois piliers du développement durable, à savoir environnemental, social et économique.


Débat interactif


Cette table ronde, qui était animée par Mme JANES WALES, Vice-Présidente d’Aspen Institute et Présidente de Global Philanthropy Forum, a été l’occasion de renforcer l’idée du contrôle indispensable des partenariats et de leur efficacité.


Plusieurs participants, comme la représentante de la Suisse, ont plaidé en faveur de l’élaboration d’un mécanisme d’examen fonctionnel de l’efficacité des partenariats, sur la base d’un dialogue entre les gouvernements concernés et toutes les parties prenantes.  La représentante d’une organisation chargée des questions des femmes a recommandé d’élaborer un instrument juridiquement contraignant de responsabilisation qui donnerait droit à une indemnisation pour les personnes.  Il faudrait aussi assurer un suivi de tout partenariat, ce qui pourrait être la mission du Forum pour les partenariats, a-t-elle proposé.


Cet avis a été partagé par le représentant de la République de Corée qui a invité à peaufiner le système de contrôle.  Il a jugé très utiles les outils élaborés à la Conférence de Busan sur l’efficacité de l’aide.  Les données et, en particulier les statistiques, doivent encore être améliorées, a-t-il dit, appuyé en cela par la Secrétaire exécutive d’ALMA, qui a souhaité des progrès dans le recueil de données d’état civil.


« Il faudrait promouvoir les synergies entre les secteurs public et privé », a recommandé le représentant du Pérou.  Le représentant de l’Indonésie s’est interrogé sur le cadre de contrôle à mettre en place afin d’établir un lien efficace entre les actions des gouvernements et celles des partenaires.  Il a aussi demandé de réfléchir à un cadre de responsabilité du secteur privé.  De son côté, la représentante de l’ONG Crystal Tears Foundation a invité notamment à tenir pour responsables les gouvernements en matière de travail des enfants et d’éducation.


« Toute initiative de développement doit se fonder sur les besoins des communautés, en tenant compte des risques spécifiques », a recommandé, pour sa part, le représentant d’une ONG cambodgienne, en citant l’exemple d’un projet de renforcement de la résilience des communautés au Cambodge.  Dans le même sens, la représentante de l’OCDE a prôné la participation des autorités locales, afin de garantir l’implication des populations locales.  La Présidente du NRDC a, elle aussi, souligné qu’il était important d’adapter les mesures de développement aux besoins des personnes sur le terrain.


« Faut-il que les entreprises présentent des rapports? » a demandé la représentante de la République dominicaine.  Répondant à sa question, le représentant de Braskem a précisé que certaines sociétés avaient été radiées du Pacte mondial parce qu’elles ne l’avaient pas fait.  Il a cependant fait remarquer que si les rapports encouragent plus de transparence et de responsabilité, ils ne contiennent pas les résultats obtenus.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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