Assemblée générale: la Commission de consolidation de la paix appelée à reconnaître la nécessité de changer
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Assemblée générale
Soixante-huitième session
78e & 79e séances plénières – matin – après-midi
À la veille de sa toute première session annuelle le 23 juin 2014 et de l’examen décennal de son fonctionnement en 2015, la Commission de consolidation de la paix (CCP) qui présentait, aujourd’hui, son rapport à l’Assemblée générale, a été appelée à « reconnaître que certains de ses éléments adoptés en 2005 pourraient nécessiter des changements ».
Les dernières crises en République centrafricaine, inscrites à l’ordre du jour de la CCP, et au Soudan du Sud rappellent que la nature de la consolidation de la paix requiert un réexamen attentif des stratégies qui ont tendance à considérer la stabilisation comme une séquence des différents stades ou priorités plutôt que comme un processus intégré et multidimensionnel, a concédé le Président de la CCP, à la veille de la toute première session annuelle de la Commission le 23 juin 2014 qui aura pour thème « Appui durable à la consolidation de la paix: les aspects nationaux et internationaux ».
Le Président a avoué que si la Commission a prouvé sa valeur ajoutée, le processus consistant à affiner son approche et ses instruments et à les adapter aux circonstances changeantes et aux besoins spécifiques des pays est encore à ses balbutiements. Il faut, a renchéri le représentant de l’Union européenne, réfléchir au quand et au comment la Commission doit exercer son rôle d’alerter la communauté internationale sur une situation donnée.
L’une des priorités cette année, a confié le Président de la CCP, sera d’établir des partenariats dynamiques et profonds avec les organisations régionales et sous-régionales de l’Afrique qui ont fait preuve d’un niveau de coordination, d’une volonté politique et d’une faculté à promouvoir des solutions régionales sans précédent.
Quant à l’examen décennal de 2015, le Président a estimé qu’il offre une excellente occasion d’identifier les domaines et les approches où la Commission peut, de manière concrète, démontrer sa pertinence pour les Nations Unies et les efforts internationaux. La CCP doit se préparer à reconnaître que certains de ses éléments adoptés en 2005 pourraient nécessiter des changements, soit parce que les hypothèses de départ sont à présent caduques, soit parce que le cadre politique et institutionnel a évolué de manière imprévue, a prévenu le représentant du Canada à propos d’une Commission qui s’occupe d’une question reposant sur trois principes: le développement des capacités nationales, les stratégies communes entre les pays et les acteurs internationaux et l’appropriation nationale.
Le représentant de la Suisse a toutefois prévenu que la notion même de l’appropriation nationale pose des défis considérables, car, a-t-il fait observer, dans la plupart des sociétés sortant d’un conflit, il n’existe aucune cohésion qui puisse permettre de s’approprier quoi que ce soit. « La CCP, dépendante de la volonté du gouvernement au pouvoir, risque parfois d’être la proie de la notion d’appropriation nationale ». Il a donc préconisé de réfléchir à des voies innovantes afin de respecter l’impératif de l’appropriation nationale.
Son homologue de l’Inde a parlé de l’appropriation nationale dans l’édification de l’état de droit. Il a ainsi souligné que les systèmes judiciaires sont intrinsèquement liés à la culture et que, par conséquent, l’imposition de normes juridiques extérieures peut rencontrer une certaine résistance. Il a donc demandé que l’on réfléchisse aux moyens d’intégrer les mécanismes de justice autochtones et informels dans la réforme judiciaire plutôt que de les voir comme incompatibles avec les valeurs occidentales et libérales.
Pour le représentant de la Norvège, il faudra discuter en 2015 de la question de la transition d’une formation pays à une coopération au développement plus traditionnelle et aussi voir comment la CCP peut s’attaquer aux situations de conflit et postconflit des pays qui ne figurent pas à son ordre du jour.
Plusieurs délégations se sont félicitées du « New Deal pour l’engagement dans les États fragiles » qu’a signé, en 2011, à l’occasion du quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, le g7+, regroupement volontaire d’États fragiles qui sont ou ont été affectés par un conflit et qui sont en transition vers l’étape suivante de développement.
Le représentant de l’Union européenne a dit voir dans le « New Deal » et ses contrats nationaux des instruments très utiles d’appui, de dialogue et d’engagement. La responsabilité mutuelle n’existe pas seulement entre le gouvernement d’un États fragile et ses partenaires internationaux, mais aussi entre ce gouvernement et ses citoyens, a expliqué son homologue du Luxembourg.
Aujourd’hui, l’Assemblée générale a élu la Pologne à la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international pour y remplacer l’Ukraine, les États du Groupe d’Europe orientale ayant convenu de siéger par roulement au sein de cet organe.
Sur recommandation de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, l’Assemblée générale a nommé M. Edward Faris, des États-Unis et M. Shigeki Sumi, du Japon au Comité des contributions pour un mandat allant du 1er avril 2014 au 31 décembre 2015.
Mme Patricia Arriagada, du Chili a été nommée au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit pour un mandat allant du 26 mars 2014 au 31 décembre 2016.
L’Assemblée générale a pris note du fait que les Îles Marshall et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont effectué les versements nécessaires pour ramener leurs arriérés en deçà du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte relatif au droit de vote.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX; RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE FONDS POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/68/729 ET A/68/722)
Rapport de la Commission de consolidation de la paix (A/68/729–S/2014/67)
Le rapport porte sur les travaux de la septième session de la Commission, qui s’est tenue du 1er janvier au 31 décembre 2013. Il rend aussi compte de la suite donnée aux recommandations formulées à l’issue de l’examen de 2010 et s’articule autour des principales fonctions de la Commission de consolidation de la paix ainsi que des actions qu’elle a entreprises pour mettre en œuvre le programme de travail pour l’avenir.
Le rapport présente donc les activités de la Commission dont l’aperçu des difficultés posées par le programme de travail pour l’avenir de 2013; ses efforts de sensibilisation, d’accompagnement et de suivi actif; ceux liés à la mobilisation de ressources et à la création de partenariats; le renforcement de la cohérence; les méthodes de travail; et les questions thématiques relatives à la consolidation de la paix.
De ses activités, la Commission a conclu qu’elle doitcontinuer d’encourager ses membres à l’aider à mener ses activités et à réaliser ses objectifs dans les pays dont elle s’occupe, entre autres, en faisant participer plus activement les États Membres de la sous-région et les organisations régionales et sous-régionales aux débats et aux activités concernant tel ou tel pays. La Commission a aussi conclu qu’elle doit continuer de définir et d’affiner la nature et la portée des conseils qu’elle donne à l’Assemblée générale, au Conseil économique et social et au Conseil de sécurité.
Elle continuera aussi d’affiner la façon dont elle exerce ses trois fonctions permanentes essentielles –mobilisation de l’attention, mobilisation des ressources et renforcement de la cohérence-, en s’attachant en priorité à lutter contre les goulets d’étranglement, à régler les problèmes et à recenser les lacunes, les perspectives et les difficultés que font apparaître les processus de consolidation de la paix mis en œuvre dans les pays dont elle s’occupe, et en insistant en particulier sur l’adhésion de ces pays, essentielle pour renforcer l’efficacité de l’action menée sur le terrain. À cet égard, elle encouragera les formations pays à apprendre les unes des autres.
S’agissant de ses méthodes de travail, elle compte mettre au point un outil de planification et de suivi relatif au programme de travail pour l’avenir, notamment un programme de travail trimestriel assorti de dates indicatives pour les activités et les réunions, le but étant de prévoir plus facilement le calendrier de la Commission. Elle compte aussi convoquer la première session annuelle de la Commission en juin 2014, conformément aux modalités arrêtées, figurant dans l’annexe au présent rapport.
Pour ce qui est des préparatifs de l’examen de 2015, marquant la fin du deuxième examen quinquennal du dispositif de consolidation de la paix, la Commission entend recenser les enseignements tirés des mesures et de l’expérience propres à chaque pays; demander au Bureau d’appui à la consolidation de la paix de consulter le Groupe de haut niveau chargé des questions de consolidation de la paix pour proposer des moyens de renforcer la contribution et la coopération du système des Nations Unies à l’examen de 2015, et informer le Comité d’organisation des résultats.
Elle invitera aussi le Président de la formation Sierra Leone à informer le Comité d’organisation des nouveaux enseignements tirés de l’action menée pour aider le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone à opérer sa transition et s’aider elle-même à préparer son retrait de ce pays.
Le rapport présente en annexe les modalités d’organisation de la session annuelle de la Commission, dont la raison d’être de la session annuelle, le projet de modalités pratiques, les incidences budgétaires et la procédure d’officialisation de la décision de tenir la session annuelle de la Commission.
Rapport du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix ( A/68/722 )
Le rapport couvre l’année 2013 au cours de laquelle un montant total de 86,7 millions de dollars a été affecté à 14 pays, soit une augmentation importante par rapport à 2012, rendue possible par le fait que le Fonds a étendu son soutien à la phase de conception des programmes au niveau des pays et que les priorités ont été mieux définies. Cinquante-sept pour cent des fonds alloués l’ont été à des pays inscrits au programme de la Commission de consolidation de la paix et quatre pays, à savoir le Myanmar, le Niger, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Somalie, ont été officiellement admis à bénéficier d’allocations du Fonds.
En 2013, les contributions versées par les donateurs, parmi lesquels figurent 18 États Membres, se sont élevées à 40,8 millions de dollars, la base de financement du Fonds allant en s’élargissant. Au vu des résultats de l’examen mené en 2013, le Fonds espère reconstituer ses ressources de façon substantielle à la prochaine réunion annuelle des parties prenantes, qui doit avoir lieu en juin 2014.
Après sept années d’existence, le Fonds a vu ses activités s’intensifier de manière considérable. Le moment était venu, en 2013, de procéder à une évaluation mondiale. Durant le premier semestre de 2014, une fois connues les conclusions de l’évaluation, les partenaires du Fonds tiendront des consultations et le prochain plan de travail sera ébauché, afin de définir le rôle du Fonds durant la période 2014.
Déclarations
Le Rapport de la Commission de consolidation de la paix a été présenté par M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), ancien Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui a souligné que grâce à ses formations pays, la Commission sait que la consolidation n’est pas un processus linéaire mais qu’il est un processus jonché d’embûches. Il a appelé à des efforts pour répondre aux faiblesses stratégiques dont la fragmentation des objectifs.
M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), Président de la Commission de la consolidation de la paix (CCP), a noté que les récentes crises en République centrafricaine et au Soudan du Sud rappellent que la nature de la consolidation de la paix requiert un examen attentif des stratégies qui ont tendance à considérer la stabilisation comme une séquence des différents stades ou priorités plutôt que comme un processus intégré et multidimensionnel. La réponse aux situations postconflit est souvent mieux servie par des stratégies qui appréhendent simultanément les dimensions sécuritaire, politique et socioéconomique, a insisté le Président.
L’expérience de la Commission et du Fonds a montré, a-t-il poursuivi, que la synergie et la complémentarité entre les dimensions politique et programmatique de la consolidation de la paix sont une caractéristique distincte du dispositif de consolidation des Nations Unies, a dit le Président. Une autre caractéristique distincte de ce dispositif est la sensibilisation permanente des partenaires régionaux et internationaux dont l’engagement est crucial, a-t-il ajouté.
La Commission a fait la preuve de sa valeur ajoutée mais, a prévenu le Président, le processus consistant à affiner son approche et ses instruments et à les adapter aux circonstances changeantes et aux besoins spécifiques est encore à ses balbutiements. L’une des priorités de la CCP cette année, a-t-il confié, sera donc d’exploiter pleinement l’engagement de ses membres africains et d’établir des partenariats dynamiques et profonds avec les organisations régionales et sous-régionales du continent. Ces dernières, a-t-il estimé, ont fait preuve d’un niveau de coordination, d’une volonté politique et d’une faculté à promouvoir des solutions régionales sans précédent. Nous devons travailler avec le Groupe des États d’Afrique et les membres du Caucus africain qui vient de se créer pour définir la manière dont les perspectives régionales et sous-régionales pourraient mieux s’intégrer dans le travail de la CCP et dans celui de l’ONU, en général, a suggéré le Président.
La Commission va convoquer sa toute première session annuelle le 23 juin 2014, une occasion d’examiner les thèmes liés à la consolidation de la paix et à d’autres domaines où les politiques et l’engagement intergouvernementaux peuvent contribuer à rendre les réponses plus opportunes, plus soutenues et plus efficaces face aux besoins des populations qui émergent d’un conflit. Cette première session va s’attarder sur les aspects nationaux et internationaux des ressources et des capacités de consolidation de la paix.
Les discussions sur les capacités financières et humaines pour la mobilisation des ressources, a-t-il insisté, sont liées aux efforts visant à renforcer l’appropriation nationale et à fournir un appui plus soutenu pour améliorer la vie des populations affectées, surtout dans le contexte de la transition des missions de l’ONU. L’examen décennal à venir, a poursuivi le Président, offre une excellente occasion de renouveler l’engagement en faveur de la vision et des buts originaux de la Commission. Il faudra tout faire pour identifier les domaines et les approches où la Commission peut, de manière concrète, démontrer sa pertinence pour les Nations Unies et les efforts internationaux visant la paix et le développement durables.
Les efforts doivent continuer de se concentrer sur les peuples qui doivent être entendus et dont l’histoire et l’expérience doivent devenir la matière première d’une relance durable.
M. MOHAMMED KHALED KHIARI (Tunisie), intervenant au nom du Mouvement des non-alignés, a engagé le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) à tirer parti de l’expertise de la CCP, en assurant sa participation à tous les débats portant sur des questions relevant de sa compétence. Il a jugé nécessaire de procéder à une évaluation précoce des défis posés à la consolidation de la paix, mais aussi de renforcer les liens institutionnels entre la CCP et les principaux organes de l’ONU. Le représentant s’est félicité de la stratégie de communication lancée par la CCP pour renforcer sa visibilité. Il s’est toutefois inquiété du manque de coordination et de cohérence parmi les donateurs qui provoque, a-t-il déploré, des redondances et la négligence de certains « projets catalytiques ». M. Khiari a aussi voulu que le rôle et les responsabilités de la CCP et des principaux dirigeants de l’ONU soient davantage clarifiés.
S’agissant des formations pays, le représentant a appelé à des ressources supplémentaires afin d’opérationnaliser le principe d’appropriation nationale, en privilégiant notamment une approche fondée sur la demande et l’évaluation conjointe avec le pays hôte. M. Khiari a aussi parlé des méthodes de travail de la CCP et a estimé important de tirer parti des initiatives lancées par le Bangladesh et la Croatie de tenir des réunions de haut niveau. Il s’est félicité de la tenue annoncée, le 23 juin prochain, de la première session annuelle de la CCP, tout en insistant sur la nécessité d’institutionnaliser ces sessions pour renforcer la cohérence et la pertinence de la CCP.
M. Khiari a estimé que le Fonds pour la consolidation de la paix doit pouvoir fournir un appui critique dès les stades préliminaires de la consolidation. Il faut renforcer la synergie entre la CCP et le Fonds, en évitant ainsi toute duplication des tâches, a-t-il estimé. Le représentant a aussi jugé nécessaire d’établir un mécanisme d’évaluation pour s’assurer que les allocations du Fonds sont dirigées vers les canaux capables de déboucher sur la consolidation de la paix.
M. HUGH DUGAN (États-Unis) a déclaré qu’assurer le succès de la consolidation de la paix doit être un des objectifs principaux des Nations Unies. Les États-Unis appuient donc la CCP et le Fonds dont les activités en 2013 soulignent la nécessité de se focaliser sur la mobilisation des ressources. Elles indiquent aussi qu’il faut encore améliorer l’impact de leurs actions et leur interaction avec les autres organes des Nations Unies. Pour le représentant, la session 2014 doit être une occasion de faire le bilan de ce qui a été fait et d’anticiper les tendances dans les pays inscrits à l’ordre du jour.
M. KAREL JG VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a réclamé une coopération plus étroite entre la CCP, le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et l’ECOSOC. Il a indiqué qu’à ce jour, les Pays-Bas ont contribué à hauteur de 20 millions de dollars au Fonds qui, selon lui, doit mieux coopérer avec les différentes agences de l’ONU afin d’améliorer l’efficacité des actions sur le terrain. Le représentant a insisté sur l’importance de la parité et a signalé que le Fonds est censé allouer 15% de ses ressources à cette question. Or cela n’est pas le cas, a-t-il dénoncé, en soulignant, par exemple, que les femmes syriennes ont un rôle fondamental à jouer pour le retour de la paix en Syrie. Il a voulu que les structures d’évaluation dans les pays soient étoffées pour que l’impact du travail de l’ONU dans un pays soit pleinement visible. Le représentant a ainsi voulu que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix centre ses activités sur l’analyse stratégique et la conception des programmes sur la parité. Le Bureau doit avoir des capacités opérationnelles suffisantes pour améliorer la communication et lancer des projets avec des intervenants qui sont en dehors de l’ONU.
M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne, a dit avoir appris de l’expérience commune qu’aucun modèle ne peut s’appliquer à toutes les situations qui sont souvent changeantes et complexes et que les instruments de consolidation de la paix doivent être spécifiquement conformes à la situation d’un pays. Soulignant la grande implication de l’Union européenne dans le dispositif de consolidation de la paix de l’ONU, le représentant a dit voir là l’occasion de lier l’engagement bilatéral aux efforts internationaux et à l’appui de l’ONU. Les deux rapports présentés aujourd’hui, a-t-il estimé, illustrent, si besoin en était, le caractère multidimensionnel des défis auxquels on est confronté. Le représentant a jugé utile de voir comment la CCP peut traiter des conflits et des situations postconflit des pays qui ne sont pas officiellement inscrits à son ordre du jour. Il faut en effet se demander pourquoi la CCP n’a été saisie d’aucune autre situation ni par les pays concernés ni par le Conseil de sécurité, a-t-il insisté.
Il a noté que l’engagement de la Commission en Guinée-Bissau et en République centrafricaine est désormais confronté à des défis liés au déraillement des processus de consolidation de la paix après des changements de gouvernement anticonstitutionnels. Cette situation a montré les limites de l’impact du travail de la Commission et la nécessité de mieux réfléchir au comment et au quand la Commission doit exercer son rôle d’attirer ou de maintenir l’attention de la communauté internationale sur une situation donnée. Le représentant s’est félicité de la toute première session annuelle de la CCP le 23 juin prochain qui aura pour thème « Appui durable à la consolidation de la paix: les aspects nationaux et internationaux ». Il a appuyé l’idée d’y examiner les questions liées à la mobilisation des ressources, au principe d’appropriation nationale et à l’objectif fondamental de fournir un appui durable pour améliorer la vie des populations affectées. S’attardant sur l’aspect « le plus important » de la consolidation de la paix, à savoir, l’appropriation nationale, le représentant a dit voir dans le « New Deal » et ses contrats nationaux des instruments très utiles d’appui, de dialogue et d’engagement.
M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a souligné que « l’empreinte externe » de la consolidation de la paix doit être aussi légère que possible afin d’éviter tout « néocolonialisme » ou de déboucher sur une intervention humanitaire. Les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP doivent y figurer avec leur assentiment explicite. Il a appelé l’ONU à mettre l’accent sur le développement socioéconomique à long terme, faisant observer que la pauvreté et l’absence de perspectives sont parmi les plus importants défis à l’instauration d’une paix durable. Il a souligné que l’adoption d’une approche communautaire est importante pour favoriser la réintégration économique et sociale des anciens combattants. Ces activités doivent viser le long terme, a ajouté le représentant qui a notamment constaté que malgré leurs mérites, les projets à impact rapide ne peuvent combler les écarts de financement entre la démobilisation et la réintégration.
M. Mukerji a ensuite mis en garde contre tout vide sécuritaire. Étant donné le peu de ressources dans ce domaine, la réforme du secteur de la sécurité doit mettre l’accent sur l’impartialité dans le recrutement, ainsi que l’évaluation et la formation des nouvelles recrues, plutôt que de chercher à faire du changement culturel l’aspect central de la réforme de la police. S’agissant de l’état de droit, le représentant a fait observer que les systèmes judiciaires sont intrinsèquement liés à la culture et compte tenu de la diversité des mécanismes tribaux ou coutumiers de règlement des différends, il ne peut y avoir un modèle unique pour promouvoir l’état de droit. L’imposition de normes juridiques extérieures ne peut que rencontrer de la résistance et générer un rejet dans les pays concernés. La consolidation de la paix doit intégrer les mécanismes de justice autochtones et informels dans la réforme judiciaire plutôt que de les voir comme incompatibles avec les valeurs occidentales et libérales, a-t-il souligné. Les maigres ressources allouées aux institutions formelles seront gaspillées si elles ne tiennent pas compte de la réalité des populations concernées, a-t-il mis en garde.
S’agissant de l’intégration des efforts dont parle le rapport de la CCP, le représentant a voulu insister sur les différences des tâches et des priorités entre les acteurs humanitaires, de développement et autres parties impliqués dans la consolidation et le maintien de la paix. La force doit être conforme à la fonction, a-t-il insisté. En d’autres termes, les activités doivent être intégrées s’il le faut et au niveau précis auquel elles doivent l’être pour le bien de la paix durable. M. Mukerji a appelé l’Assemblée générale à examiner le fonctionnement de la CCP et à soumettre son rapport au Sommet du soixante-dixième anniversaire des Nations Unies en 2015.
M. ELIAS-FATILE (Nigéria) a noté que les récents développements en République centrafricaine et au Soudan du Sud ont souligné que le maintien de la paix n’est pas un processus linéaire et ont montré la nécessité pour la communauté internationale d’appuyer, de manière robuste, les efforts de désarmement, de démobilisation et de réintégration. Mais il a reconnu que la responsabilité première de la consolidation de la paix incombe aux pays concernés et qu’à cet égard, le renforcement de leurs capacités constitue la clef du succès. La CCP a le devoir et la responsabilité de soutenir ces pays, a-t-il insisté, en indiquant que c’est dans cette optique que le Nigéria a offert son expertise au Soudan du Sud pour soutenir le renforcement des capacités. S’agissant de la session annuelle de juin, le représentant a estimé qu’elle devrait être l’occasion d’améliorer la coordination, la cohérence et le partage des responsabilités entre les parties prenantes, et de mobiliser des appuis à long terme des partenaires régionaux et sous-régionaux.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que la résurgence de la violence en République centrafricaine n’est pas la preuve de la « futilité » de l’approche de consolidation de la paix, de même que la réussite qu’a connue la Sierra Leone ne démontre pas non plus que la consolidation de la paix postconflit est la panacée. Le représentant a indiqué que le mois dernier, l’École de hautes études Sant’Anna de Pise a organisé, dans le Somaliland, un cours pour les autorités locales sur le rôle du personnel civil dans la consolidation de la paix dans laquelle, a-t-il insisté, les femmes ont un rôle essentiel à jouer. Le représentant s’est dit fermement convaincu que le pouvoir transformateur de l’autonomisation politique, économique et sociale des femmes est la clef pour relever les défis de la pauvreté, de l’injustice sociale et de l’oppression politique, qui sont les causes les plus profondes des conflits, selon le concepteur de la consolidation de la paix, l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Boutros-Boutros Ghali. C’est la raison pour laquelle, a dit le représentant, l’Italie a coparrainé la résolution 2122 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, qui se concentre précisément sur le leadership et la participation des femmes à la consolidation de la paix et sur la dimension sexospéficique des processus de paix et de règlement des conflits.
M. MARTEN GRUNDITZ (Suède) a souhaité que le prochain examen 2015 de la CCP soit aussi large que complet et prévoie des discussions franches avec l’ensemble du système des Nations Unies. Il faut examiner les forces et les faiblesses du dispositif de consolidation de la paix, dont l’action des nombreux acteurs extérieurs à la Commission telle que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Il a appuyé l’idée de créer un point focal pour assurer la cohérence au sein de tout le système des Nations Unies et faciliter la transition après le retrait du pays de la liste de la CCP. Le représentant a aussi réclamé une utilisation plus efficace des ressources du Fonds.
M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a dit que la consolidation de la paix est un processus complexe qui demande du temps et des ressources. Il est rare qu’un pays ait l’aptitude et la capacité de contribuer seul au développement de tous les instruments et mécanismes de la consolidation de la paix. La spécialisation des États Membres devient alors une valeur ajoutée pour le succès du projet global de consolidation de la paix. Depuis quelques années, la Slovaquie a fait de la réforme du secteur de la sécurité un élément clef de la reconstruction et de la stabilisation postconflit. Après le deuxième rapport du Secrétaire général sur la réforme du secteur de la sécurité, en août 2013, la Slovaquie, en sa qualité de Présidente du Groupe des Amis de cette réforme et avec l’aide de l’Afrique du Sud et des Nations Unies, a organisé différentes manifestations visant à rendre plus efficace l’approche qu’a l’ONU de cet instrument holistique pour la paix et la sécurité. L’expérience montre clairement qu’un processus de réforme du secteur de la sécurité inclusif et dirigé par le pays concerné lui-même et fondé sur de véritables partenariats, peut progressivement extirper les racines de l’insécurité et de la fragilité et créer un environnement favorable au développement durable, a expliqué le représentant. En conséquence, la Slovaquie a fait une contribution de 30 500 euros au fonds de financement commun géré par le Bureau des fonds d’affectation spéciale pluri partenaires en décembre 2013, en même temps qu’elle est devenue le cinquante-cinquième contributeur du Fonds pour la consolidation de la paix.
M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a estimé que la valeur ajoutée et les avantages comparatifs de la CCP n’ont pas été pleinement exploités, notamment sa capacité à mobiliser la communauté internationale. Sa présence sur le terrain doit tendre vers l’analyse des réalités qui sont souvent « incroyablement complexes », tout en renforçant le sentiment d’appropriation nationale. Sans la perspective des pays hôtes, a-t-il prévenu, il sera très difficile d’avoir un réel impact sur le terrain. M. Marchesi a appelé la CCP, le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les représentants spéciaux du Secrétaire général à partager leurs informations et analyses et à harmoniser leurs points de vue. En la matière, il a salué le débat du Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix.
Le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer le renforcement des capacités civiles et institutionnelles dans les pays sortant d’un conflit, mais également à mettre l’accent sur le développement, une croissance économique inclusive et la création d’emplois. Le rôle du secteur privé doit faire l’objet d’une attention privilégiée ainsi que celui des femmes. M. Marchesi s’est félicité de la tenue prochaine, le 23 juin, de la Réunion de haut niveau de la CCP.
M. YAŞAR HALIT ÇEVIK (Turquie) s’est, à son tour, félicité de la session annuelle de la CCP en juin prochain qui sera l’occasion de mieux identifier la manière de rendre la Commission plus efficace, en termes de communication avec les organes pertinents de l’ONU et les pays dans lesquels elle travaille. Après avoir rappelé que son pays est un contributeur régulier du Fonds, il a souligné que la Turquie a toujours été engagée dans la diplomatie préventive et l’imposition, le maintien et la consolidation de la paix, qui sont d’ailleurs, a-t-il dit, intrinsèquement liés. Il faut donc les utiliser dans un cadre cohérent et stratégique. Avec la Finlande et le Groupe des Amis de la médiation, la Turquie, a indiqué son représentant, réfléchit à la manière d’intégrer plus avant le concept de « médiation » dans le travail du système des Nations Unies et au-delà. La médiation est un outil intersectoriel efficace qui est basé sur le consentement et qui s’applique à tous les stades d’un conflit, a-t-il plaidé. La médiation et la facilitation, a insisté le représentant, sont, aux yeux de la Turquie, le moyen le plus efficace et le moins coûteux de prévenir et de régler les conflits. La Turquie apporte aussi un appui à large échelle à la consolidation de la paix dans les pays comme l’Afghanistan et la Somalie. La Turquie, a-t-il rappelé, est membre de 4 des 6 formations pays de la CCP, a souligné le représentant pour manifester l’engagement de son pays en faveur des plateformes multilatérales de consolidation de la paix.
M. RAJA REZA RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) a, à son tour, insisté sur l’importance de la relance économique dans les pays sortant d’un conflit, en soulignant que l’établissement d’un cadre juridique effectif est nécessaire pour attirer les investissements. Le représentant a passé en revue les activités de « Sime Darby », une entreprise qui emploie 3 800 Libériens et qui honore ses obligations sociales à l’égard des communautés, en construisant des routes, des hôpitaux et des écoles. Tirant les leçons de l’expérience de cette entreprise, il a estimé que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour harmoniser les lois nationales de gestion des terres afin de protéger à la fois les intérêts des entreprises internationales et ceux des communautés locales. La CCP est particulièrement bien placée pour fournir conseils et recommandations en la matière.
M. Shah a encouragé les partenariats avec les institutions financières internationales et les banques régionales de développement afin d’engendrer les ressources financières nécessaires pour appuyer la consolidation de la paix et renforcer la capacité des pays à générer des revenus. Il a appelé la CCP à promouvoir des stratégies de renforcement de la gouvernance et de l’administration publique. Il a aussi voulu une plus grande synergie entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix. Le représentant a par ailleurs estimé que le rôle des « ambassadeurs résidents » des membres de la CCP est une ressource sous-exploitée.
M. JUN YAMAZAKI (Japon) a indiqué que les efforts lancés par les différents groupes de travail de la CCP, s’agissant notamment des fonds et de la parité, doivent se poursuivre pour que la CCP soit prête pour son examen en 2015. Le représentant a annoncé que ce mois-ci, le Japon a versé une contribution supplémentaire de 10 millions de dollars au Fonds pour la consolidation de la paix, ce qui porte à 45,2 millions de dollars la totalité de sa contribution. Il a estimé que le Fonds doit redoubler d’efforts pour intégrer l’égalité entre les sexes aux efforts de consolidation de la paix. L’année 2014 sera une année jalon pour le Fonds, a-t-il souligné.
Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que la clef du succès de la consolidation de la paix reste d’abord et avant tout l’appropriation nationale, puis la coordination des efforts des parties prenantes, dans le respect des mandats de chacun. La CCP doit travailler de manière transversale, c’est-à-dire, exécuter son mandat en étroite coordination avec tous les organes concernés des Nations Unies. Les situations en République centrafricaine et en Guinée-Bissau incitent à une réflexion sur les causes de l’échec, a conclu la représentante d’un pays qui promet de maintenir sa contribution annuelle au Fonds de 2 millions de dollars.
Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a estimé que la CCP ne pourra avoir un véritable impact que si elle parvient à tirer parti de sa « composition unique » qui, a-t-elle fait observer, recèle une quantité d’expertise, d’expérience et de ressources financières que les concernés doivent être prêts à partager en fonction de leurs avantages comparatifs. Elle a appelé la CCP à maintenir ses rapports « mutuellement habilitants » avec les principaux dirigeants de l’ONU qui se trouvent sur le terrain. Une unité de stratégie sur la répartition des tâches permettrait notamment d’identifier les domaines qui nécessitent un appui particulier et les défis qui restent à relever.
Mme Byaje a insisté sur l’importance des progrès politiques et socioéconomiques. Elle s’est félicitée de l’évaluation du travail de la CCP en Sierra Leone et a salué la décision de la Commission d’aider la Guinée-Bissau à achever son « cycle démocratique », à coordonner la réforme du secteur sécuritaire et à promouvoir la sécurité alimentaire et le développement rural. La représentante s’est aussi félicitée du nouveau partenariat avec ONU-Femmes et a appelé à la concrétisation de l’objectif visant à allouer 15% des ressources gérées par le Fonds à la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Elle a aussi appelé le Secrétaire général à réfléchir à la manière dont le Fonds pourrait renforcer l’interaction entre pays postconflit et pays du Sud pour faciliter le renforcement des capacités, et le transfert des connaissances et d’expertises.
M. LIU GIEYI (Chine) a estimé que la consolidation de la sécurité et de la stabilité doit être considérée comme une priorité absolue dans les pays postconflit; tous les efforts devant viser l’appropriation nationale, sans oublier la nécessité absolue du développement économique. Il a insisté sur le fait que dans ses efforts, la communauté internationale doit respecter la souveraineté nationale et la volonté des pays concernés. À cet égard, il a demandé que l’on n’ignore pas le renforcement des capacités de gouvernance. Sur le plan international, il a voulu voir plus de coordination, en saluant la visite conjointe des Nations Unies, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international au Sahel. Dans ce contexte, le représentant a mis en garde contre la tendance à ignorer les organisations régionales et sous-régionales.
M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a vu dans le manque de ressources financières et techniques et la « qualité inadéquate » de l’appui politique les principales raisons pour lesquelles le travail de la CCP n’est pas clairement visible. Il a appelé la CCP à tirer pleinement profit de sa composition et à encourager ses membres à assumer volontairement des tâches dont ils ont l’expertise. Il s’est félicité des initiatives lancées par la CCP pour impliquer le secteur privé, tout en estimant que davantage pourrait être fait dans ce domaine. Le représentant a voulu que la séance du 23 juin soit l’occasion d’étudier l’évolution des choses de manière constructive et de renforcer la synergie entre la Commission et le Fonds.
Mme CRISTINA PUCARINHO (Portugal) s’est dite encouragée par les échanges entre la CCP et le reste des organes des Nations Unies, tout en estimant que les méthodes de travail de la CCP devraient être rationalisées pour accroître sa visibilité. La représentante a aussi estimé que la session de cette année participe d’une démarche novatrice portant sur les différentes dimensions de la consolidation de la paix, dont le redressement des pays concernés. Quant à la session de juin 2014, il est impératif de connaître les règles de participation au plus tôt et de faire en sorte que l’examen de 2015 couvre des questions aussi bien que le projet de programme de développement pour l’après-2015. Il est aussi important de s’attarder sur les cas de la République centrafricaine et de la Guinée-Bissau pour comprendre les reculs. S’agissant du Fonds, la représentante a dit vouloir savoir un peu plus sur l’utilisation des 5 millions de dollars alloués à la Guinée-Bissau.
M. ASIM AHMAD (Pakistan) a constaté que la raison d’être de la CCP est valide mais qu’il faut maintenant pleinement exploiter son potentiel, en lui fournissant les ressources sans lesquelles ses efforts seraient voués à l’échec. La mobilisation de ressources nationales n’a pas pu faire l’objet de suffisamment d’attention, a estimé le représentant, en appelant la CCP à développer une stratégie et à aligner plus précisément les flux financiers avec les objectifs nationaux. La plus grande partie des ressources est utilisée pour des missions pluridimensionnelles, elles devraient donc être d’autant plus efficaces. Il faut, a-t-il dit, maximiser le potentiel de tous les intervenants et mieux mettre en valeur le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité. Le représentant a estimé que l’examen de 2015 devrait viser à écouter les points de vue des pays inscrits à l’ordre du jour car contrairement au Conseil de sécurité, la CCP a l’avantage majeur de pouvoir interagir directement avec les pays concernés, à toutes les étapes de son travail.
M. PETER MUNFORD (Royaume-Uni) a dit que 2013 a été une année complexe: alors que la Sierra Leone est sortie de ses crises, le Soudan du Sud et la République centrafricaine présentent de nouveaux défis à la communauté internationale. Le représentant a voulu que l’examen de 2015 soit l’occasion d’évaluer tous les efforts faits par toutes les parties prenantes. Il a dit compter sur des contributions pertinentes pour améliorer l’efficacité de la CCP.
M. PETER LLOYD VERSEGI (Australie) s’est félicité de ce que pour la première fois depuis sa création, la CCP soit en train de réduire sa présence dans un pays, à savoir la Sierra Leone. Il a salué le fait que la Papouasie-Nouvelle-Guinée ait été reconnue éligible aux ressources du Fonds et a indiqué que l’organisation du référendum sur l’avenir politique de Bougainville devant se dérouler entre 2015 et 2020, les prochaines années seront essentielles pour consolider la paix. M. Versegi a estimé qu’une des questions clefs de l’examen de 2015 devra porter sur les relations entre cette dernière et les principaux organes de l’ONU, jugeant notamment essentiel de renforcer ses liens avec le Conseil de sécurité qui a beaucoup à apprendre des recommandations faites par les formations pays. Le représentant a d’ailleurs fait observer que la CCP peut également servir au Conseil de sécurité de mécanisme d’alerte précoce. Il a donc appelé la CCP à identifier les moyens de devenir la valeur ajoutée des travaux du Conseil.
M. Versegi a appelé les formations pays à interagir davantage avec les agences de l’ONU pour une meilleure cohésion. Il a cité l’exemple de la formation Libéria dont les membres participent régulièrement à des réunions avec des acteurs comme le PNUD ou la Banque mondiale. Il a aussi encouragé la CCP à interagir davantage avec les parties prenantes aux niveaux régional et sous-régional, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou l’Union du fleuve Mano. M. Versegi a regretté qu’alors que 15% des allocations du Fonds devaient financer la promotion de l’égalité entre les sexes, en 2013, seulement 7,4% des fonds ciblés l’aient été, ce qui représente en outre une baisse par rapport aux 10,8% de 2012. Il s’est en revanche félicité du partenariat lancé entre la CCP et ONU-Femmes.
M. LUC DOCKENDIRF (Luxembourg) a indiqué qu’en 2013, la formation Guinée de la CCP, qui est présidée par son pays, avait entamé sa troisième année d’activités. Il a précisé que les efforts de la CCP en Guinée ont été concentrés sur l’appui à l’organisation des élections législatives qui ont eu lieu le 28 septembre, « au terme d’un dialogue politique sans exclusive facilité par les Nations Unies ». Le représentant a indiqué qu’en 2014, la formation Guinée se consacrera au renforcement des capacités de la nouvelle Assemblée nationale et à l’appui à la réforme de la justice et des services de sécurité autres que l’armée. La formation est également disponible pour poursuivre l’appui au renforcement des capacités du Comité provisoire pour la réconciliation nationale, a ajouté le délégué, et pourrait par ailleurs relancer ses efforts en appui à la mobilisation de ressources et poursuivre son plaidoyer pour une gestion équitable et transparente des ressources naturelles et extractives du pays.
Le représentant a fait observer que la consolidation de la paix et le renforcement de l’État ont une dimension politique que la CCP est en position idéale pour aborder. Nous ne pouvons pas ignorer les réalités de l’économie politique d’un pays, les causes profondes des conflits, les risques de la corruption ou encore l’exclusion, la criminalité organisée ni les cultures politiques dans lesquelles le vainqueur rafle la mise, a-t-il notamment indiqué. Une consolidation de la paix durable, a-t-il souligné, exige la mise en place de processus et de règlements politiques sans exclusive, d’institutions nationales compétentes et comptables de leurs actes et le soutien continu de la communauté internationale.
Enchainant, le délégué a salué les efforts faits par les États fragiles du Groupe g7+ et la conclusion d’accords nationaux dans le cadre du « New Deal ». La responsabilité mutuelle n’existe pas seulement entre le gouvernement d’un État fragile et ses partenaires internationaux, mais aussi entre ce gouvernement et ses citoyens, a-t-il notamment fait observer. La conclusion de la paix, a-t-il souligné, exige la conclusion d’un nouveau contrat social. Le représentant a invité la CCP à approfondir ses activités en appui de la dimension régionale de la consolidation de la paix. Il a cité en exemple l’Union du fleuve Mano.
M. OSAMA ABDEL KHALEK (Égypte) a souligné l’importance des efforts en cours pour développer les méthodes de travail de la CCP de façon à la rendre plus efficace et plus réactive aux besoins actuels des pays sur le terrain. Il a donc réitéré l’importance de l’appropriation nationale, la nécessité de consolider les cadres de coopération avec les institutions financières régionales et internationales et des solutions novatrices et durables aux problèmes de financement. Il a appelé à une coordination entre le Fonds, la Banque africaine de développement et les organismes des Nations Unies sur le terrain pour améliorer l’efficacité avec les ressources qui sont utilisées. Le représentant a, à son tour, mis l’accent sur l’importance de renforcer la communication et la coordination entre la CCP, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social. L’Égypte, a-t-il dit, travaille en étroite collaboration avec le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le Président du Comité d’organisation de la CCP pour renforcer la coordination et la complémentarité entre le dispositif de consolidation de la paix et l’Union africaine. Avec le Bureau d’appui, l’Égypte entend organiser un atelier régional sur la consolidation de la paix, entre les mois d’octobre et de novembre. Elle a aussi proposé de créer un centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement après un conflit, dans le but de renforcer les capacités africaines en la matière.
M. PATRICK TRAVERS (Canada) a dit qu’en toute franchise, le bilan de la CCP reste mitigé. Lorsque l’examen débutera pour de bon, les résultats obtenus sur le terrain, les avantages comparatifs et le rythme de son évolution feront débat. Il a appelé l’attention sur quatre questions « qui méritent un examen plus poussé au cours de la prochaine année », et d’abord le principe selon lequel la CCP s’avère utile en tant qu’acteur capable d’assurer un accompagnement politique, y compris de défendre les intérêts, de tenir des pourparlers et de consulter les parties, doit guider notre travail à l’avenir. Ce principe revêt une importance centrale dans l’approche élaborée à la fois par le Canada et la Sierra Leone en ce qui concerne la configuration spécifique chargée de ce pays, a expliqué le représentant.
Deuxièmement, le représentant a jugé évident que des relations de travail plus étroites entre la Commission et le Département des affaires politiques, le Département des opérations de maintien de la paix, le PNUD et d’autres mécanismes du système des Nations Unies sont nécessaires, notamment du fait que la Commission aide des pays à jeter les bases d’une paix et d’un développement durables. Troisièmement, la perspective du retrait de la Sierra Leone et du Burundi de l’ordre du jour de la CCP doit mener cette dernière à débattre des besoins des autres États susceptibles de prendre la place de ces deux pays. Enfin, le représentant a jugé nécessaire de mieux tirer parti des ressources et de l’expertise de l’ensemble des membres de la CCP car, à part ceux qui sont concernés directement par la situation dans un pays précis, les États Membres ne savent pas toujours quel est le meilleur moyen d’apporter une contribution concrète. Les États membres de la Commission en général doivent apporter un soutien plus concret à la consolidation de la paix sur le terrain. À la veille de l’examen de 2015, le représentant a appelé la CCP, notamment à se préparer, à reconnaître que certains de ses éléments adoptés en 2005 pourraient nécessiter des changements, soit parce que les hypothèses de départ sont à présent caduques, soit parce que le cadre politique et institutionnel a évolué de manière imprévue.
M. LUCA NICOLA (Suisse), Président de la formation Burundi, a prévenu que les notions d’ouverture ou d’inclusivité, et d’appropriation nationale bien qu’elles soient des piliers centraux du travail de la CCP posent cependant des défis considérables. Paraphrasant la Jordanie, lors du débat du Conseil de sécurité, la semaine dernière, dans la plupart des sociétés sortant d’un conflit, il n’existe aucune cohésion qui puisse permettre de s’approprier quoi que ce soit. La CCP, dépendante de la volonté du gouvernement au pouvoir, risque parfois d’être la proie de la notion d’appropriation nationale. Il faut donc songer à des voies innovantes afin de respecter l’impératif de l’appropriation nationale. C’est sûrement un aspect qui mérite notre attention lors de l’examen de l’architecture onusienne de consolidation de la paix en 2015, a estimé le représentant.
La question du rôle de la CCP dans les transitions onusiennes reste une priorité pour la Suisse, a confié le représentant. Une transition d’un pays postconflit vers la consolidation de la paix reste un moment critique et assurer un transfert en souplesse est un facteur essentiel afin de prévenir la rechute dans le conflit. Dès lors, a-t-il estimé, le principe directeur de la CCP est d’éviter une duplication des efforts. La CCP ne peut que jouer un rôle complémentaire et de soutien à la mission de l’ONU sur place qui doit mener ce processus. La transition requiert un large degré de coordination entre plusieurs acteurs, le but étant que la responsabilité qui auparavant incombait à la mission onusienne soit désormais partagée.
La CCP a la capacité d’agir en tant que plateforme de coordination et de cohérence pour les partenaires bilatéraux, les pays voisins, les organisations régionales, le système onusien, ainsi que les institutions financières internationales qui doivent reprendre le flambeau après le départ d’une mission. Elle peut jouer le rôle d’avocat et de facilitateur particulièrement en assurant une continuation de l’accompagnement politique et en incitant la durabilité financière.
Le représentant a tenu à rappeler « une fois de plus » que la CCP doit mieux faire valoir son rôle de principale tribune d’échanges sur la consolidation de la paix aux Nations Unies, vue sa composition unique. Il a salué, à cet égard, la tenue de sa première session annuelle le 23 juin 2014. Il a estimé que le potentiel du processus de Busan et du « New Deal » pour la consolidation de la paix devrait également être exploré et discuté au sein de la CCP, car les six pays figurant sur l’agenda de la Commission ont tous souscrit au « New Deal ».
M. KNUT LANGELAND (Norvège) a salué les efforts pour renforcer les partenariats entre les Nations Unies, les institutions financières internationales, le secteur privé et la société civile. Mais, a-t-il constaté, il semble y avoir un problème sur la manière de faire fonctionner ces partenariats. Comment les États membres peuvent-ils contribuer à forger ces partenariats? Il est évident, a-t-il dit, que la paix ne peut pas être consolidée sans une véritable appropriation nationale impliquant tous les segments du pays concerné. À cet effet, il a voulu mettre un accent particulier sur le rôle des femmes dans tout l’éventail de la consolidation de la paix, y compris leur autonomisation économique. Saluant les améliorations considérables apportées au fonctionnement du Fonds, le représentant a rappelé que son pays verse chaque année 5 millions de dollars au Fonds. L’examen de 2015, s’est-il réjoui, nous donne l’occasion de corriger les dysfonctionnements de la CCP. Il s’agira de discuter de la question de la transition d’une formation pays à une coopération au développement plus traditionnelle. Il faudra aussi voir comment la CCP peut s’attaquer aux situations de conflit et postconflit des pays qui ne figurent pas à son ordre du jour. On ne peut, a conclu le représentant, se limiter à la CCP, au Fonds ou au Bureau d’appui à la consolidation de la paix. Il nous faut une approche plus large.
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