Les entreprises et les citoyens doivent s’impliquer dans l’élaboration de normes efficaces de gestion des risques de catastrophe
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LES ENTREPRISES ET LES CITOYENS DOIVENT S’IMPLIQUER DANS L’ÉLABORATION DE NORMES
EFFICACES DE GESTION DES RISQUES DE CATASTROPHE
GENÈVE, 23 mai (Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies) -- Au cours d’un événement spécial consacré à la question des normes de gestion des risques de catastrophe pour les entreprises et les citoyens, organisé conjointement par la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE), l’Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques et le Bureau de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, les participants ont souligné la nécessité de développer des normes et des indicateurs plus solides pour évaluer l'efficacité des mesures prises en matière de réduction des risques de catastrophe. Animée par M. Kevin Knight (Australie), Président du Comité technique 262 de l’Organisation internationale de normalisation (ISO), la discussion a permis de faire la lumière sur le besoin d’établir des mécanismes pour la responsabilisation, l’échange d’informations et une meilleure transparence des finances publiques.
Avant de lancer le débat, M. Knight a insisté sur le rôle crucial d’une bonne gestion des risques car, a-t-il dit, les catastrophes entraînent une chaîne d’événements imprévus qui peuvent avoir des conséquences dévastatrices. Les cadres législatifs doivent être conçus en vue d’aider la société et les équipes de secours à mieux répondre aux effets de ces catastrophes. Il a souligné que les autorités australiennes avaient mis sur pied un cadre législatif et institutionnel pour réagir immédiatement aux catastrophes. Une grande partie du travail est la reconstruction après la catastrophe, qui doit mieux prendre en compte les risques. En particulier, les normes de construction et les infrastructures publiques doivent être robustes pour ne pas gaspiller l’argent public. Il faut trouver un équilibre entre constructions solides et économies.
M. Gijs de Vries, membre de l’Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques (INTOSAI), a noté que les audits menés dans de nombreux pays mettaient en lumière le manque de respect des normes nationales et le manque de connaissances du cadre d’action de Hyogo par les agences nationales de réaction aux catastrophes. Les audits permettent aussi d’évaluer la coordination entre les autorités publiques responsables en cas de catastrophe. L’INTOSAI développe des normes et des lignes directrices pour les auditeurs du monde entier en vue d’améliorer le contrôle des autorités publiques et renforcer, ainsi, la réduction des risques de catastrophe, a-t-il indiqué, en faisant remarquer que la lutte contre la corruption était au cœur des préoccupations. M. de Vries a annoncé qu’une conférence mondiale de l’INTOSAI aura lieu à la fin de l’année à Beijing, dont les conclusions seront transmises au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon. Les institutions de contrôle des finances publiques permettent d’attirer l’attention sur les problèmes constatés, elles devraient être davantage utilisées par la société civile. Enfin, les contrôleurs doivent être mieux formés. À cet égard, les Nations Unies pourraient fournir des orientations en matière de formation. Avant de conclure, il a estimé que le nouveau cadre d’action pour la période post-2015 devrait aider les gouvernements à être mieux préparés, de manière dynamique, concrète et innovante, aux catastrophes.
Pour Mme Arife Coskun, qui est membre du Groupe de travail sur la responsabilité et l’audit en matière d’aide liée aux catastrophes de l’Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques, la préparation aux catastrophes implique l’amélioration des structures financières, l’utilisation efficace des moyens techniques à disposition ainsi que des campagnes d’information et de sensibilisation. Les audits, menés à ce jour dans un grand nombre de pays, ont permis de constater plusieurs lacunes récurrentes. De manière générale, il n’existe pas d’approche « multirisques », a-t-elle noté. De même, la coordination entre les autorités publiques est très limitée. Les plans nationaux de réaction aux catastrophes, a-t-elle ajouté, ne répondent pas à toutes les conséquences que ces catastrophes engendrent. C’est pourquoi, il est important d’établir clairement les responsabilités et de sensibiliser le public, a-t-elle recommandé.
M. Marc Schaedeli, Chef de la gestion du risque à Nestlé SA, a donné un aperçu des mesures prises par Nestlé, sur la base du Cadre d’action de Hyogo pour réduire les risques. Nestlé est une très grande organisation, présente dans une cinquantaine de pays et travaillant avec des milliers de fournisseurs, dont de nombreux exploitants agricoles qui fournissent la matière première. Pour cette raison, Nestlé doit être prêt à réagir rapidement. Néanmoins, de grands problèmes pourraient apparaître si l’entreprise ne peut pas travailler de manière constructive avec les gouvernements. Par ailleurs, un travail d’harmonisation des listes de risques doit être accompli. Lorsqu’un risque est identifié, il faut renforcer les capacités nécessaires pour faire face à ce risque. Les plans de réaction aux changements climatiques doivent contenir des mesures de coordination, car la coordination, a-t-il fait remarquer, est la partie la plus difficile de la phase des secours. Sur le plan de la prévention, un travail est mené auprès des producteurs pour améliorer leur résilience en cas de catastrophe.
Les capacités de résistance aux catastrophes doivent être renforcées, afin d’assurer efficacement l’évacuation massive, a rappelé Mme Mette Lindahl-Olsson, Chef des risques naturels et des infrastructures essentielles à l’Agence suédoise de protection civile (Swedish Civil Contingencies Agency). Le partage d’informations permet une réaction plus rapide en cas de catastrophe. Il faudrait également prendre en compte les nouveaux risques, grâce à la recherche scientifique. La société doit donc investir pour créer des plans d’évacuation en cas de catastrophe. L’équipement doit être adapté aux conditions locales.
La Commission économique des Nations Unies pour l’Europe contribue au renforcement des capacités nationales de réaction aux catastrophes, a indiqué sa représentante. Ce travail n’est pas évident, en raison notamment de l’absence d’instruments d’évaluation. Les normes et réglementations techniques doivent être adaptées aux conditions locales. Depuis quelques années, une réflexion sur l’utilité des normes techniques se développe. De nouvelles normes en matière d’infrastructure représentent des outils très importants pour permettre de réagir aux catastrophes. Les différentes organisations doivent travailler à tous les échelons pour identifier tous les risques. La CEE, a assuré Mme Jachia, élabore des recommandations à l’intention des gouvernements sur la préparation à de tels risques.
Au cours de l’échange interactif qui a suivi les présentations, un participant a souligné que le partage d’informations devrait être au centre des préoccupations. La création d’un dispositif permettant aux pays de communiquer au niveau régional pourrait être très utile. Dans cette perspective, M. Knight a souligné que dans diverses situations, les mécanismes d’alerte précoce avaient permis de faire face efficacement aux changements climatiques. Il faudrait créer un mécanisme permettant d’échanger très rapidement les informations, a-t-il ajouté. Mme Jachia a insisté sur le besoin de mener des discussions ouvertes. Le secteur public et le secteur privé doivent également échanger des informations sur les risques identifiés. Les données existent, mais la question qui se pose est celle de savoir comment les utiliser et comment créer des systèmes de consultation permettant aux autorités de prendre leur responsabilité. La société civile, a estimé M. de Vries, doit être informée et impliquée. Le dernier rapport du Bureau de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes appelle à passer de la réaction à la prévention. Cela nécessite une véritable prise de conscience au niveau mondial, a-t-il dit. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), chaque dollar investi dans la prévention permet d’économiser sept dollars de reconstruction. Les institutions de contrôle doivent donc mettre l’accent sur les mécanismes de prévention, a-t-il précisé.
Un représentant de la société civile sri-lankaise a évoqué l’implication de différents secteurs dans la construction de bâtiments, qui rend l’établissement des responsabilités difficile. En outre, les pertes en vies humaines ne peuvent pas être quantifiées économiquement. Une intervenante, du Niger, a indiqué que son pays faisait face à des catastrophes liées à la sécheresse. Beaucoup de réseaux d’irrigation ont été endommagés à la suite de graves inondations en 2012. Beaucoup d’acteurs sont impliqués dans la reconstruction, aussi bien aux niveaux politique, académique qu’économique. Cependant les mécanismes de coordination laissent à désirer. Comment peut-on aujourd’hui disposer de normes efficaces qui permettent aussi de renforcer les capacités des communautés locales? s’est-elle interrogée. M. Knight a relevé que les normes issues de l’Organisation internationale de normalisation sont en principe traduites et distribuées par les agences nationales. Des programmes nationaux sont également prévus pour renforcer les capacités des experts provenant de pays en développement. Les institutions nationales de normalisation doivent être saisies pour participer au développement de normes efficaces.
Un représentant du monde académique a relevé que dans certaines situations, les tensions entre les différents pouvoirs rendaient le travail des auditeurs difficiles. Les institutions de contrôle de gestion des finances publiques jouent pourtant un rôle très important pour garantir une bonne préparation aux catastrophes. Mais lorsqu’elles disent la vérité, elles peuvent froisser certains. M. de Vries a souligné que le fait de dire la vérité peut rendre impopulaire et entraîner des critiques. Mais l’amélioration de la reddition de comptes en matière de dépenses publiques est nécessaire pour renforcer l’aide humanitaire et la transparence financière dans ce domaine, a-t-il dit. Le travail avec la société civile doit également être approfondi. Par exemple, l’institution philippine a impliqué la société civile dans le contrôle des finances, ce qui donne plus de poids à ses travaux. Un autre intervenant a préconisé que les projets d’infrastructures prévoient à titre prioritaire les normes de résilience. Le respect des normes exige le renforcement des compétences et l’établissement des responsabilités de chacun, a rappelé Mme Lindahl-Olsson. M. Schaedeli a déclaré qu’un cadre transparent est nécessaire, car cela participe à l’amélioration de la prise en compte des risques de catastrophe par les entreprises. Même si elles n’ont pas de mandat en la matière, les entreprises ont la volonté de prendre en compte les risques, mais elles n’en sont pas toujours conscientes. Parfois, les normes sont respectées mais, en l’absence des fonds nécessaires, les infrastructures ne sont pas toujours suffisamment résilientes, a fait observer M. Knight. C’est pourquoi, le secteur privé doit prendre en compte la résilience aux catastrophes naturelles pour garantir la continuité de ses activités.
En réponse à une question sur l’établissement des responsabilités, M. Knight a indiqué que cette question est débattue partout dans le monde. Ces discussions, souvent très informelles et ne sont pas portées à l’attention des personnes concernées. La diffusion de l’information est un exercice difficile et les Nations Unies devraient poursuivre leur travail dans ce domaine. Avant de lever la séance, M. Knight a précisé que les initiatives conjointes étaient très efficaces et qu’elles devraient figurer à l’ordre du jour de la Conférence sur le cadre d’action post-2015.
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