Réduction des risques: intégration de la résilience dans la planification et les investissements urbains
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
RÉDUCTION DES RISQUES: INTÉGRATION DE LA RÉSILIENCE DANS LA PLANIFICATION
ET LES INVESTISSEMENTS URBAINS
GENÈVE, 23 mai(Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies) –- La quatrième session de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe s’est penchée, ce matin, sur la question de l’intégration de la résilience dans la planification et les investissements urbains, dans le cadre d’un événement spécial animé par M. David Cadman, Président de l’organisation internationale « ICLEI - Local Governments for Sustainability ». Le débat visait à explorer le fossé qui existe entre, d’une part, les solutions techniques permettant une gestion et une conception urbanistiques fiables et, d’autre part, les décisions politiques et la gouvernance, à travers la présentation des expériences de municipalités, d’agents urbanistiques et de promoteurs.
Le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU/Habitat), M. Joan Clos, a déclaré que l’urbanisation était en crise perpétuelle. Même Stockholm, a-t-il dit, est désormais confrontée à des émeutes. L’essentiel de la population étant concentré dans les villes, il convient de réfléchir à une nouvelle forme de vie en ville, moins onéreuse, plus ouverte, moins encombrée et moins inégalitaire, a souligné M. Clos. Les villes des pays développés doivent repenser leur financement, dans un contexte de crise et de concurrence. Dans les pays en développement, les problèmes tiennent en particulier à l’anarchie du développement urbain. La pollution et la congestion des nouveaux grands centres urbains sont d’autres aspects de la crise, comme on le constate en Chine par exemple, a-t-il dit. Cette crise de l’urbanisation est due au fait que les planificateurs ont encore recours aux recettes du XXe siècle, notamment le zonage par activité, qui ne sont plus du tout adaptées aux conditions économiques et sociales de l’ère actuelle. C’est pourquoi, ONU/Habitat entend ouvrir la réflexion sur le dépassement de cet ancien modèle. Les principes de résilience, de réduction des risques, de compacité, de mixité, de proximité et d’intégration sociale doivent être incorporés aux nouveaux modèles d’urbanisation, capables d’offrir des modes de vie attrayants aux citadins, a estimé M. Clos.
Deux cas d’école ont ensuite été présentés. Mme Dawn Zimmer, maire de Hoboken, dans l’État du New Jersey (États-Unis), a rappelé que sa ville avait été entièrement inondée et ses infrastructures très fortement endommagées après le passage de l’ouragan Sandy, en soulignant que ces dommages étaient estimés à 800 millions de dollars. Pour se prémunir d’une telle catastrophe, les villes doivent adopter des normes techniques très sévères, a-t-elle préconisé. La ville de Hoboken envisage de créer des parkings souterrains pouvant servir, au besoin, de bassins de rétention. Elle plaide, auprès des autorités fédérales, pour l’adoption d’une approche plus globale de la préparation et de la réaction aux inondations, qui passerait, par exemple, par la création de barrages. La ville d’Hoboken contribue également, a-t-elle ajouté, à la sécurisation de la fourniture d’électricité dans l’État du New Jersey.
Pour le maire de Chacao, au Venezuela, M. Emilio Graterón, la planification urbaine ne doit pas être un processus seulement technique. Elle doit devenir un processus humain impliquant la participation des personnes concernées. Il s’agit là d’un véritable changement culturel, a admis M. Graterón. Appliquée à Chacao, la nouvelle urbanisation participative intègre, dès le départ, la notion de résilience. Elle repose sur une nouvelle forme d’organisation sociale spontanée des citoyens, caractérisée par la réappropriation de l’espace urbain, qui contribue notamment à limiter la criminalité. Les habitants intègrent la planification de leur ville au point d’agir spontanément de manière à limiter les effets des catastrophes. Cette nouvelle manière de vivre en ville est financée par les pouvoirs publics, en coopération avec les entreprises privées locales.
Première panéliste à prendre la parole, la Secrétaire générale de l’organisation Itacus, Mme Antonia Cornaro, a indiqué que son organisation plaide pour l’exploitation rationnelle des infrastructures sous-terraines en tant qu’abris lors de catastrophes. Mme Cassidy Johnson, de University College London, a décrit un projet de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies (UNISDR/SIPC) visant la création d’un groupe de travail chargé de mettre au point des lignes directrices à l’intention des responsables de la planification urbaine. Ce groupe de travail, a-t-il précisé, devrait réaliser des études de cas et créer un réseau des villes intéressées. M. Aphisayadeth Insisiengmay, un responsable de la planification en République populaire démocratique lao, a insisté sur l’importance, pour la protection de la ville, non seulement des normes techniques de construction mais aussi de la coordination entre les ministères concernés, en particulier ceux des transports et de l’environnement. Les autorités nationales procèdent actuellement à un regroupement de petits villages pour faciliter l’application d’un urbanisme opérationnel. Enfin, pour le Président de l’Hindustan Construction Company (Inde), M. Ajit Gulabchand, les villes et gouvernements devraient être en mesure d’entrer en contact avec les membres du secteur privé dans le cadre d’institutions fixes. Il a fait observer que l’expérience de Hoboken était difficilement transposable en Inde, où les autorités locales disposent de pouvoirs très restreints. Le secteur privé peut, au contraire, contribuer de manière très efficace à la résilience et à la durabilité des villes.
Au cours d’un bref échange, des participants ont fait observer que la planification urbaine devrait être le lieu par excellence de la rencontre entre toutes les parties concernées par la réduction des risques de catastrophe. Un représentant de la mairie de Bogota a jugé important que l’UNISDR/SIPC se penche sur la planification urbaine en tant que véritable stratégie de résilience. Il a recommandé également que les mesures de précaution contre les risques de catastrophe ne devraient pas avoir d’effets collatéraux sur l’environnement, comme par exemple creuser des tranchées. La représentante d’une ONG du Bangladesh a indiqué que les codes de construction de son pays tenaient compte des besoins spécifiques des personnes handicapées.
Pour un participant du Nigéria, les planificateurs et décideurs obéissent à des intérêts divergents qui compliquent le travail d’urbanisation et entravent l’adoption de mesures de protection. Une autre intervenante s’est interrogée sur la manière de concevoir des stratégies de promotion de la résilience des villes. Plusieurs ont souligné le rôle important joué par les codes et règlements de construction, ainsi que les problèmes d’urbanisation dont certains sont liés à l’absence d’appui à l’action des responsables de la planification urbaine.
M. David Cadman a conclu la séance en observant que l’avenir de l’urbanisation dépendait moins de l’action des planificateurs que de celle des responsables politiques et des représentants de la société civile.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel