Les décideurs doivent adopter des approches qui leur permettent de traduire les enseignements scientifiques en mesures concrètes pour réduire les risques de catastrophe
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LES DÉCIDEURS DOIVENT ADOPTER DES APPROCHES QUI LEUR PERMETTENT DE TRADUIRE LES ENSEIGNEMENTS
SCIENTIFIQUES EN MESURES CONCRÈTES POUR RÉDUIRE LES RISQUES DE CATASTROPHE
GENÈVE, 22 mai (Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies) -- Un évènement spécial sur « les sciences et technologies au service des politiques de réduction des risques de catastrophe et de leur mise en œuvre » était organisé, cet après-midi, au Centre international de conférences Genève (CICG). Animée par M. Saber Hossain Chowdhury, membre du Parlement du Bangladesh, la discussion a insisté sur la manière d’améliorer l’intégration des connaissances et du savoir-faire scientifiques dans les politiques, processus de prise de décisions et programmes nationaux.
Les experts scientifiques, participant à cet évènement, ont souligné qu’il était important pour les décideurs d’adopter des approches qui leur permettent de traduire les enseignements de la science en mesures concrètes. Ils ont préconisé une interaction constante entre scientifiques et acteurs concernés par la réduction des risques de catastrophe afin de s’entendre sur les moyens d’intégrer les enseignements de la science dans le futur cadre d’action.
Premier expert à intervenir, M. Walter Ammann, du Global Risk Forum de Davos (GRF Davos), membre du Comité consultatif scientifique et technique de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies (UNISDR/SIPC), a souligné que le monde scientifique doit s’intéresser à la gestion des risques et la réduction des risques. Ces risques s’expriment en termes d’exposition, de valeur, de vulnérabilité et de dommages potentiels. Risques et opportunités sont les deux faces d’une même pièce, a-t-il dit. Le développement implique par définition la notion de risque. Comment traiter les risques? Jusqu’à quel point peut-on remédier au risque? La réponse à ces questions exige d’adopter une approche radicalement neuve, basée sur la prévention, a indiqué M. Ammann. Les facteurs scientifiques doivent être traduits en mesures concrètes. La communication entre toutes les parties concernées s’impose dans ce contexte.
Un représentant du programme de « Recherche intégrative sur les risques liés aux catastrophes » (IRDR), parrainé entre autres par le Bureau de la Stratégie internationale des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR), a présenté un rapport destiné à mieux comprendre comment intégrer les recherches scientifiques à la prise de décisions. L’IRDR examine les causes profondes des catastrophes, recueille des statistiques sur les pertes résultant de catastrophes et procède à des évaluations de résultats de recherche sur le risque de catastrophe. L’IRDR a créé des comités nationaux dans huit pays, chargés d’encourager l’intégration des résultats de recherche au plan national.
M. Sutopo Purwo Nugroho, expert indonésien, a décrit la manière dont les résultats de recherche sont appliqués, dans son pays, aux efforts de réduction des risques de catastrophe. Le tsunami d’Aceh, en 2004, a alerté les autorités à la nécessité de prendre sans tarder un train de mesures préventives et de préparation à ce type de risque. Un programme de cartographie des risques, d’évaluation de scénarios potentiels et de préparation concrète –notamment en termes de nombre de personnes à déplacer en cas d’urgence– a été mis au point. Son objectif global est de limiter le nombre de pertes humaines lors d’une catastrophe.
Le professeur Virginia Murray, de l’Office de la santé publique de l’Angleterre, a présenté les travaux de son institution dans le domaine de l’évaluation des risques liés aux changements climatiques. L’Office s’intéresse en particulier à une augmentation des températures en Europe occidentale et à ses conséquences sur la santé. Mme Murray a constaté que les stratégies les plus efficaces sont celles qui offrent les plus grands avantages en termes de développement à court terme et de réduction de la vulnérabilité à long terme. À cette fin, l’Office travaille au rapprochement de toutes les institutions nationales concernées. Mme Murray a observé que le travail scientifique en amont influence directement la capacité de réduire les conséquences des catastrophes.
Présentant un bilan scientifique des catastrophes subies par son pays au cours de ces dernières années, M. Takashi Onishi, du Conseil scientifique du Japon, a indiqué que ce bilan a été dressé sur la base d’expériences qu’ont vécues d’autres pays au cours de catastrophes de grande ampleur, en vue d’établir un cadre scientifique qui puisse être utilisé pour réduire les risques de catastrophe. Il a ainsi recommandé de traiter les risques potentiels selon une approche axée sur des résultats. Grâce aux simulations, la science est en mesure de contribuer de manière particulièrement utile à la sécurisation des collectivités. Mais, pour être efficaces, les populations doivent toutefois être bien préparées, a dit l’expert.
Dans un message enregistré, la Princesse Sumaya bint El Hassan, Présidente de la Société scientifique royale de Jordanie, a déclaré que la science peut et doit offrir des solutions permettant de remédier aux menaces environnementales qui pèsent sur l’humanité. La Princesse Sumaya a préconisé la mise en place de programmes régionaux pour l’échange des connaissances et l’évaluation des pratiques de gestion des risques. Cette démarche s’impose notamment en matière d’urbanisation, compte tenu de la croissance démographique dans les villes et de son cortège de risques.
Un expert français a relevé que la communauté scientifique était fortement axée sur le nombre des risques et l’incertitude, une approche qu’elle doit apprendre à traduire en éléments que les décideurs seront en mesure d’appliquer.
Répondant aux questions des participants, les experts ont indiqué que le lien entre la science et ses applications concrètes était facilité par l’application de cadres systématiques impliquant les parties concernées de tous les secteurs. Les gouvernements doivent, eux aussi, investir dans la recherche, en complément des efforts du secteur privé. L’une des applications les plus directes des résultats de la recherche scientifique consiste dans la préparation des normes antisismiques pour la construction des bâtiments, ont-ils expliqué.
Par ailleurs, l’exploitation correcte de la cartographie des zones dangereuses, autre outil scientifique capital pour la réduction des risques, exige une formation spécifique, ont estimé les experts scientifiques. Une intervenante a insisté sur l’importance de hiérarchiser les risques au niveau mondial, et peut-être même au niveau régional. Un autre participant a mis en avant le rôle des moyens technologiques, par opposition à la science proprement dite, en citant les télécommunications et l’utilisation de l’espace à des fins civiles. Les ingénieurs doivent, eux aussi, être sensibilisés à l’application des moyens techniques nécessaires à la réduction des risques de catastrophe. Cette sensibilisation peut passer par l’adoption de cadres conceptuels régissant l’action publique, a indiqué Mme Murray.
La quatrième session de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe tiendra une séance plénière demain, jeudi 23 mai, à 9 heures, en salle 2 du CICG.
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