En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/1345

À Istanbul, le FNUF se tient sur le thème « Les forêts et le développement économique » et se donne comme défi le financement adéquat des forêts

08/04/2013
Conseil économique et socialENV/DEV/1345
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Forum des Nations Unies sur les forêts                     

Dixième session                                            

2e et 3e séances – matin et après-midi                      


À ISTANBUL, LE FNUF SE TIENT SUR LE THÈME « LES FORÊTS ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE »

 ET SE DONNE COMME DÉFI LE FINANCEMENT ADÉQUAT DES FORÊTS


ISTANBUL, 8 avril -- Le Forum des Nations Unies sur les Forêts (FNUF), qui a décidé de fêter son dixième anniversaire en dehors du Siège de l’ONU à New York, a ouvert aujourd’hui sa session en Istanbul, en Turquie, en présence du Premier Ministre turc.  Pour sa toute première sortie, le FNUF s’est donné pour thème « les forêts et le développement économique » et pour défi principal le financement adéquat de la gestion durable des forêts.  


Cette session est d’autant plus importante, qu’à sa prochaine session en 2015, le FNUF doit évaluer l’efficacité de l’Instrument concernant les forêts et ses quatre objectifs d’ensemble.


Venu donner le coup d’envoi de cette dixième session du FNUF, le Premier Ministre de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdoğan, a mis en garde la cinquantaine de ministres contre la « course à la consommation ».  Les écosystèmes de la Turquie, a-t-il confié, souffrent d’un développement économique rapide.


Les forêts représentent 31% de la surface émergée du globe, soit environ 4 milliards d’hectares.  Mis à part le fait que 3 milliards de personnes dans le monde dépendent des forêts pour le bois de chauffage, le couvert forestier est menacé par les besoins en agriculture, en infrastructures de transport, en ressources naturelles et en médicaments.


« Nous avons hérité ce monde de nos ancêtres et nous devons maintenant le léguer aux générations futures.  Lorsque tous les arbres seront coupés et tous les animaux tués, lorsque l’eau de nos rivières sera polluée et l’air irrespirable, nous comprendrons que l’argent ne se mange pas.  C’est précisément là la catastrophe à laquelle nous sommes confrontés », a tranché le Premier Ministre, en paraphrasant un chef indien.


Adopté en 2007, l’« Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts » engage les États Membres à réaliser quatre objectifs, à savoir stopper la réduction du couvert forestier, renforcer les avantages économiques, sociaux et environnementaux des forêts, accroître la superficie des forêts protégées et, enfin, inverser la tendance à la baisse de l’APD pour les forêts.


Ce quatrième objectif a été atteint puisque qu’entre 2002 et 2004, et, entre 2008 à 2010, l’APD a augmenté en moyenne de 125%.  Est-ce suffisant?  Non, ont dit la majorité des délégations.  Dans son rapport sur les « Moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts, « le Secrétaire général prévient que les besoins mondiaux annuels de financement pour la gestion forestière durable s’établiraient entre 70 et 160 milliards de dollars.


En conséquence, une grande majorité d’États a appuyé la proposition du Groupe d’experts intergouvernemental sur le financement des forêts de créer un « fonds mondial pour les forêts ouvert à toutes les sources de financement ».  Mais, la délégation de l’Union européenne s’est dite peu convaincue de son utilité, préférant parier, à l’instar de nombreux autres comme le Brésil, sur les partenariats public-privé. 


Les marchés, a plaidé dans la même veine, la représentante des États-Unis, doivent reconnaître la contribution des forêts au développement économique.  « Il ne s’agit pas de limiter les chances de développement mais de pratiquer une forme de développement plus intelligente », s’est-elle défendue.


Devant l’échec des mécanismes de financement existants, selon les mots du représentant du Congo, le Ministre de l’eau, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme du Burundi n’a pas été le seul à réclamer un fonds pour les forêts africaines.


Faisant valoir ses 22 années à la tête du secrétariat du FNUF, Mme Jan McAlpine a souligné que l’on est arrivé à un moment clef pour prendre des décisions qui s’imposent sur le financement des forêts.


Dans son rapport sur les forêts et le développement économique, le Secrétaire général fait observer que la contribution au produit intérieur brut (PIB) du secteur forestier provenant de la production du bois rond, du traitement du bois et des pâtes et papiers atteint presque 468 milliards de dollars par an, ce qui représente quasiment 1% du PIB mondial total.


Mais les avantages non monétaires, comme les produits forestiers non ligneux, les services fournis par les écosystèmes, le tourisme et les bénéfices culturels, demeurent largement « invisibles ».


En début de séance, le FNUF a porté à sa présidence M. Mario Ruales Carranza, de l’Équateur.  M. Saiful Azam Martinus Abdullah, de la Malaisie, a été élu Rapporteur de cette dixième session.


Le FNUF poursuivra ses travaux demain, mardi 9 avril, à partir de 9 heures.  Il tiendra deux tables rondes de haut niveau consacrées sur les forêts et le développement économique, et sur le programme de développement post-2015 et l’arrangement international sur les forêts.  Le FNUF tiendra aussi un débat interactif de haut niveau, avant de poursuivre son débat ministériel.


OUVERTURE DU DÉBAT MINISTÉRIEL


Déclarations


M. MARIO RUALES CARRANZA (Équateur), Président du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a précisé que cette dixième session du FNUF, « la première à se tenir en dehors du Siège de l’ONU », est consacrée au thème des forêts et du développement économique.  Les fonctions sociales et environnementales des forêts, qui représentent 80% de la biodiversité de la Terre et qui sont des moyens de subsistance pour 1,6 milliard de personnes dans le monde, sont présentement largement reconnues.  En 2011, a enchainé M. Carranza, les exportations de bois étaient évaluées à 246 milliards de dollars mais cela n’est qu’un aperçu de la véritable valeur, en termes monétaires et non monétaires, de la contribution des forêts aux économies locales, nationales et internationales.


Cette session, a dit M. Carranza, sera l’occasion de prendre des décisions notables pour le financement des activités liées à la gestion durable des forêts.  Cette session, a-t-il espéré, doit permettre de s’accorder « enfin » sur les actions à prendre en la matière, en se fondant sur les quatre dernières années de travaux ardus.  Au titre des autres questions importantes, le Président du FNUF a évoqué, entre autres, l’évaluation des progrès dans la mise en œuvre de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts, la réalisation des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts et la contribution du FNUF aux discussions sur de l’Agenda pour le développement post-2015.


M. VEYSEL EROĞLU, Coprésident du débat ministériel et Ministre des forêts et des eaux de la Turquie, a indiqué que son gouvernement venait d’organiser, les 21 et 22 janvier derniers, un forum régional sur les forêts.  La session actuelle du FNUF, a-t-il voulu, doit être l’occasion de réfléchir aux moyens de mettre les forêts au service de l’élimination de la pauvreté.  Les incendies, l’usage des pesticides, les maladies et les facteurs biologiques ont tous des conséquences sur les forêts.  Il est dès lors important de bien peser le rôle des forêts dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et ceux du développement durable.  Il est temps d’adopter une démarche à long terme en faveur du lien entre forêts et développement, a insisté M. Eroğlu.


Le Ministre des forêts et des eaux a fait savoir que la forêt couvre 27,7% du territoire turc et que le Gouvernement s’est fixé l’objectif de voir cette superficie atteindre 30% d’ici à 2023 en plantant plus de 2 milliards d’arbres sur 2 millions d’hectares.  Le Ministre est aussi revenu sur le plan contre l’érosion allant jusqu’en 2017 et couvrant une superficie de 1,7 million d’hectares.  Il a aussi parlé du projet « Arche de Noé » sur la collecte de données pour promouvoir la diversité.  Il s’est, comme son Président, attardé sur le problème des incendies sur les forêts et sur le dispositif de réaction rapide.  Il est question, a-t-il annoncé, de faire passer le temps de réaction de 18 à 15 minutes.


M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la République turque, a rappelé que cette session est la première à se tenir hors du Siège de l’ONU à New York et a émis l’espoir que les messages qui seront envoyés depuis Istanbul nous rapprocheront d’un monde plus durable.  Istanbul, a-t-il souligné, est au carrefour de l’Asie, de l’Afrique, de l’Europe et même de l’Australie, et maintenant qu’elle est candidate à l’organisation des Jeux olympiques de 2020, elle est en train de se transformer en un centre de la finance internationale.  Il faut qu’elle devienne aussi, a espéré le Premier Ministre, un « centre des Nations Unies ». 


À cause de son développement rapide, la Turquie connaît une pollution de ses rivières et de ses terres ainsi que la détérioration de ses écosystèmes.  Reconnaissant que l’égalité des chances entre les régions et les individus est une gageure, le Premier Ministre a appelé à l’avènement d’une conscience mondiale pour pouvoir mieux partager avec les pauvres.  Les stratégies de développement des uns doivent cesser de s’appuyer sur la misère des autres.  Nous ne pouvons nous offrir le luxe de dire que le sort des autres ne nous importe guère, a-t-il insisté, en soulignant que ce qui distingue l’homme de l’animal et des plantes est justement sa capacité de penser et de placer sa confiance dans un autre. 


Nous avons, a poursuivi le Premier Ministre, hérité ce monde de nos ancêtres et nous devons maintenant le léguer aux générations futures.  Mais si nous continuons cette course à la consommation, a-t-il prévenu, nous n’aurons plus ni eau potable ni air pur.  Faisant sienne une citation d’un chef indien d’Amérique, le Premier Ministre turc a déclaré: « lorsque tous les arbres seront coupés et tous les animaux tués, lorsque l’eau de nos rivières sera polluée et l’air irrespirable, nous comprendrons que l’argent ne se mange pas ».  C’est précisément là la catastrophe à laquelle nous sommes confrontés, a tranché le Premier Ministre. 


Présentant les initiatives de la Turquie en matière de gestion durable des forêts, il a parlé des 2 milliards d’arbres plantés sur une superficie de 2,2 millions d’hectares.  L’objectif est d’accroître encore cette superficie forestière pour la porter à 30% du territoire national d’ici à 2023.  Le Premier Ministre a évoqué le plan de reboisement et de lutte contre les érosions 2008-2013, en précisant que la Turquie a dépassé tous ses objectifs en ce domaine.


Il a souligné les efforts dans la lutte contre les incendies de forêts, dont un dispositif qui permet de réagir en 18 minutes.  Nous continuons aussi à partager notre expérience en matière de lutte contre l’érosion avec les pays les moins avancés (PAM), a-t-il aussi promis, avant d’estimer que ce Forum sera important pour nous aider à mieux comprendre l’importance des mesures à prendre.  Istanbul, a-t-il espéré, doit pouvoir rassembler tous les pays autour d’un même sentiment, d’un même esprit et d’un même intérêt pour la protection des forêts.  


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le FNUF a été créé pour promouvoir la gestion, la préservation et le développement durable de tous les types de forêts et de renforcer un engagement politique à long terme à cet effet.  C’est le seul organe de l’ECOSOC à composition non limitée, a-t-il aussi rappelé, et le seul aux Nations Unies, qui tient des réunions régulières sur les questions les plus critiques relatives aux forêts, en offrant conseils et recommandations au système des Nations Unies, aux gouvernements et autres partenaires.  


Il a enfin rappelé que les travaux du Forum se sont traduits par des recommandations et décisions politiques significatives, dont l’Instrument juridiquement non contraignant et ses quatre objectifs.  Le Forum a aussi contribué à renforcer la collaboration et la coopération à l’échelle du système des Nations Unies, grâce à un réseau de 14 organismes.  Par le biais du  Partenariat de collaboration sur les forêts, le FNUF a aussi renforcé le rôle de l’ECOSOC dans la promotion de la coordination à l’échelle du système s’agissant des bienfaits économiques, sociaux et environnementaux des forêts.


Le Président de l’ECOSOC s’est attardé sur l’« Avenir que nous voulons », le Document final de la Conférence Rio+20 sur le développement durable, qui a défini une vision pour la réalisation d’un futur viable dans lequel la gestion des forêts et des autres ressources naturelles prennent une place prédominante.  Il s’est dit particulièrement heureux de constater que le FNUF a décidé de discuter des liens entre le Document final, l’Agenda pour le développement post-2015 et l’avenir des forêts durant cette session.


Le Président s’est dit persuadé qu’un tel débat sera de nature à enrichir la manifestation spéciale qui se tiendra durant la soixante-huitième session de l’Assemblée générale en 2013, sur le suivi de la mise en œuvre des OMD.  Il a jugé décisive la contribution du FNUF aux efforts de l’ECOSOC, en rappelant que les questions couvertes par le FNUF concernent les trois dimensions du développement durable.


M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a tout d’abord estimé que la tenue du Forum à Istanbul confirme l’engagement de la Turquie en faveur du développement durable.  Il a souligné, à son tour, le rôle des forêts dans le développement durable, la protection de l’environnement et les modes de vie des populations.  C’est l’un des dons les plus précieux que nous a donné la nature, a estimé M. Wu, qui a, par ailleurs, constaté que les services des forêts ne sont pas évalués à leur juste valeur sur les marchés.  M. Wu a réclamé des efforts concertés aux niveaux régional, national et mondial contre la déforestation et une meilleure protection des forêts.


Il faut faire des forêts, a-t-il plaidé, une ressource durable pour tous.  Leur gestion, a-t-il souligné, exige avant tout un cadre institutionnel et politique efficace et un financement « adéquat et à long terme ».  Cette réunion doit déboucher sur une vision d’ensemble pour la gestion des forêts, a-t-il conclu.


Mme JAN MCALPINE, Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a regretté que nous n’ayons pas encore compris le lien entre la gestion des forêts et le développement durable.  Illustrant son propos, elle a dit que nous ne pourrons éliminer la faim et la pauvreté sans comprendre le lien entre la gestion durable des forêts et la préservation de nos écosystèmes, de notre agriculture, de nos sources d’énergie et des ressources naturelles, en particulier l’eau.  Après avoir travaillé dans ce domaine depuis 22 ans, Mme McAlpine a estimé que nous étions arrivés à un moment clef pour prendre les décisions qui s’imposent sur le financement des forêts.  Aux termes de ces deux semaines de travail, a-t-elle dit aux délégations, vous prendrez une décision qui vous engagera à prendre des mesures pour une véritable mise en œuvre des objectifs fixés, il y a 20 ans.  Surmontons le statu quo, a-t-elle encouragé, afin de mobiliser des ressources financières nouvelles et complémentaires de toutes sources et consacrer ainsi des montants beaucoup plus importants à la gestion durable de tous les types de forêts. 


M. EDUARDO ROJAS-BRIALES, Sous-Directeurgénéral du Département des forêts de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et Président du Partenariat de collaboration sur les forêts, a annoncé la tenue, à Rome le mois prochain, d’une réunion sur les forêts et la sécurité alimentaire.  Il a attiré l’attention sur l’étude du Partenariat relative au financement des forêts et sur l’évaluation scientifique des émissions de carbones et les forêts.  Il a insisté sur l’importance qu’il y a à disposer de données fiables.  Il a promis l’appui du Partenariat à l’instance sur les forêts et l’approche paysagère qui se réunira prochainement à Varsovie.  M. Rojas-Briales est revenu sur les différentes initiatives lancées au cours de l’Année internationale sur les forêts, en 2011, et de la Journée internationale des forêts, célébrée, chaque année, le 21 mars.


PRÉSENTATION DES RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts et dans la réalisation des quatre objectifs d’ensemble relatifs aux forêts (E/CN.18/2013/2etE/CN.18/2013/2/Add.1)


Dans ce rapport, le Secrétaire général résume les informations communiquées par 58 pays sur les mesures prises pour appliquer l’Instrument qui a été adopté en 2007 dans le but: de renforcer l’engagement politique et les actions menées à tous les niveaux pour la mise en œuvre effective d’une gestion durable de tous les types de forêts et la réalisation des objectifs d’ensemble communs relatifs aux forêts; de renforcer la contribution des forêts à la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté et la viabilité écologique; et d’offrir une orientation pour l’action nationale et la coopération internationale.


Le Secrétaire général estime que les pays ont pris des mesures en conséquence et manifesté un intérêt croissant en faveur d’une coopération externe visant à les soutenir dans l’exécution de l’Instrument concernant les forêts.  Les pays, dit le Secrétaire général, commencent à appréhender le véritable potentiel de l’Instrument et ses quatre objectifs d’ensemble, à savoir: réduire le couvert forestier dans le monde; renforcer les bienfaits économiques, sociaux et environnementaux liés aux forêts; accroître considérablement la superficie des forêts protégées dans le monde et celle des forêts gérées de façon durable et accroître la proportion des produits forestiers; et enfin, inverser la tendance au déclin de l’aide publique au développement destinée à la gestion durable des forêts et mobiliser des ressources financières nouvelles et complémentaires de toutes provenances.


À la lecture des rapports, le Secrétaire général conclut que nombre de dispositions et mesures prévues par l’Instrument sont prises en considération dans la conception et l’exécution des politiques forestières nationales, ainsi que dans les dialogues engagés dans ce domaine.  Compte tenu des progrès accomplis, il recommande au Forum d’engager et d’appuyer des activités de renforcement des capacités et de continuer d’encourager les pays à renforcer la coordination intersectorielle et la coopération interministérielle.  Le Forum devrait aussi inviter la FAO et son secrétariat à poursuivre leurs activités de collaboration.


Le secrétariat du Forum devrait également faciliter et catalyser l’incorporation des dispositions de l’Instrument dans les programmes de travail relatifs aux mécanismes, organismes et initiatives de financement d’activités liées aux forêts et demander à tous les pays d’apporter des contributions volontaires supplémentaires au Fonds d’affectation spéciale pour les forêts afin de permettre au secrétariat d’élaborer les rapports analytiques de synthèse et autres documents de travail demandés par le Forum en vue de sa onzième session, qui se tiendra en 2015.


Les forêts et le développement économique


      Après avoir rappelé dans le rapport(E/CN.18/2013/4) que les forêts couvrent près de 31% de la surface émergée du globe, soit environ 4 milliards d’hectares et que la contribution au produit intérieur brut (PIB) du secteur forestier provenant de la production du bois rond, du traitement du bois et des pâtes et papiers atteint presque 468 milliards de dollars par an, le Secrétaire général passe à ses conclusions et recommandations (E/CN.18/2013/5). 


Si l’on est, en règle générale, de plus en plus conscient des avantages monétaires et matériels directs de l’exploitation des forêts, leurs avantages non monétaires, comme les produits forestiers non ligneux, les services fournis par les écosystèmes, le tourisme et les bénéfices culturels, sont largement « invisibles ».


Une grande partie de la difficulté tient au fait que les avantages monétaires et non monétaires procurés par les forêts sont souvent si étroitement imbriqués au niveau des ménages et des communautés qu’il est complexe de dissocier ces deux sphères.


Les priorités en matière de développement continuant d’être dictées par la demande mondiale de nourriture, de fibres, d’énergie et d’eau, l’exploitation des forêts est souvent prise en étau entre les besoins concurrents en biens économiques, sociaux et environnementaux.


Au titre des menaces à la forêt, le Secrétaire général cite l’agriculture, le fait que 3 milliards de personnes dans le monde dépendent de combustibles ligneux pour la cuisson et le chauffage, les infrastructures routières ou encore l’industrie extractive.  Le Secrétaire général rappelle aussi les chiffres de l’OMS selon lesquels 65% et 80% de la population mondiale se soignent principalement avec des produits naturopathiques ou homéopathiques fournis par les forêts.  Les chiffres disent aussi que 50% des médicaments prescrits proviennent de ressources naturelles et que parallèlement, la déforestation et la fragmentation des forêts sont à l’origine de l’apparition de nouvelles maladies infectieuses.


Dans ses recommandations, le Secrétaire général revient constamment sur la nécessité d’obtenir des données plus fiables sur les ressources forestières.  Aux pays donateurs, il recommande de fournir des ressources financières aux pays en développement et aux pays en transition, contribuer au renforcement de leurs capacités et leur transférer des technologies, en privilégiant les pays à faible couvert forestier, les petits États insulaires en développement, les pays africains et les pays les moins avancés.  


Le Forum, poursuit le Secrétaire général, peut également demander aux grands groupes de promouvoir la collaboration intersectorielle et interinstitutionnelle dans le cadre de l’aménagement du territoire aux niveaux national et sous national, en coopération avec les populations dépendant des ressources forestières et les autorités locales et en mettant en commun les enseignements tirés des activités d’aménagement du territoire visant à instaurer une gestion durable des forêts.


Le Forum, suggère encore le Secrétaire général, devrait demander à son secrétariat de nouer des partenariats et mettre en place un programme de travail avec les organisations économiques, notamment la Banque mondiale et les banques régionales, afin de mieux tenir compte de la question des forêts dans leurs programmes économiques.


Le Secrétariat devrait aussi contribuer au programme de calcul des richesses et d’estimation de la valeur des services écosystémiques dirigé par la Banque mondiale et au programme de développement pour l’après-2015 et mettre au point des outils novateurs visant à faire connaître le rôle des forêts dans le développement économique, en particulier dans la lutte contre la pauvreté.  Il devrait aussi inciter les décideurs à accorder davantage d’attention aux questions liées aux forêts dans les programmes d’action internationaux et nationaux, et notamment le programme de développement pour l’après-2015.


Questions nouvelles - Rapport du Secrétaire général (E/CN.18/2013/6)


Le Secrétaire général rappelle que le programme de travail pluriannuel du Forum sur les forêts pour la période 2007-2015 prévoit que le Forum examine l’efficacité de l’arrangement international sur les forêts.  Il aura à décider s’il faut ou non adopter un Instrument juridiquement contraignant concernant expressément les forêts.


Il peut aussi décider continuer à renforcer l’Instrument actuel mais, prévient le Secrétaire général, plusieurs questions devront être réglées, dont le financement, la mise en œuvre, mais aussi les fonctions et les modalités de travail du Forum.


La réponse à ces questions, estime le Secrétaire général, doivent tenir pleinement compte de l’évolution des autres grands processus mondiaux, en particulier des délibérations sur les objectifs de développement durable et le programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015.


Pour ce faire, le Secrétaire général conseille au Forum de créer un groupe spécial d’experts chargé d’examiner différents aspects, éléments et solutions possibles concernant le futur arrangement international sur les forêts.  Le Groupe spécial devra tenir pleinement compte des liens entre le programme de développement des Nations Unies pour l’après- 2015, le document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable et l’arrangement international sur les forêts.


Le Forum devrait aussi, estime le Secrétaire général, inviter les pays participant aux consultations sur le document final de Rio+20 et l’agenda du développement post-2015 d’inclure parmi les objectifs de développement durable un objectif transversal relatif aux ressources naturelles, notamment aux forêts.  Il faut aussi, poursuit le Secrétaire général, inviter les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts à effectuer un travail d’analyse sur la « comptabilisation du capital naturel », débattu à Rio sans pour autant qu’une définition consensuelle ne soit trouvée.


Moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts (E/CN.18/2013/11 et E/CN.18/2013/12)


Le Secrétaire général rappelle d’abord qu’à sa neuvième session, en octobre 2009, le FNUF a décidé de créer un Groupe spécial intergouvernemental d’experts à composition non limitée sur le financement des forêts dont le dernier rapport est paru sous la cote E/CN.18/2013/12.  Dans la même résolution, le FNUF décidait aussi de créer un processus de facilitation qui est un processus consultatif et non un mécanisme de financement. 


Le Secrétaire général détaille ensuite les activités relatives au financement des forêts entreprises entre les sessions, de février 2011 à janvier 2013, et donne des recommandations sur les options possibles.  Mais avant cela, il passe en revue l’étude 2012 du Groupe consultatif du financement qui montre que les besoins mondiaux annuels de financement pour la gestion forestière durable s’établiraient entre 70 et 160 milliards de dollars.


Les apports d’aide publique au développement (APD) ont augmenté en moyenne de 125% entre 2002-2004 et 2008-2010, essentiellement en raison des financements liés au programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts « plus » la conservation (REDD-plus).  Ainsi, se félicite-t-on dans l’étude, le quatrième objectif d’ensemble relatif aux forêts, s’agissant de l’aide publique au développement, a été atteint, même si ce sont surtout les pays à fort couvert forestier qui ont bénéficié de la plus grande part de l’APD.


D’après les estimations, le programme REDD-plus pourrait contribuer au financement des forêts à hauteur de 6,2 milliards de dollars des États-Unis en 2020.  Des contributions se montant à quelque 4 milliards de dollars ont été annoncées pour la période 2010-2012.  Toutefois, hormis le programme REDD-plus, un grand nombre des initiatives liées au carbone n’ont qu’un petit nombre ou pas d’activités concernant les forêts.  Les programmes de rémunération des services à l’écosystème ne sont pas encore mis en œuvre à grande échelle et nécessitent des cadres politiques favorables ainsi que la mise au point de mécanismes de financement fondés ou non sur le marché.


Dans ses recommandations, le Secrétaire général suggère au Forum de promouvoir des conditions favorables, en particulier des institutions efficaces à tous les niveaux, des cadres juridiques et la participation politique, pour attirer un financement des forêts de toutes provenances et réduire les risques associés aux investissements. 


Le Forum devrait aussi, recommande le Secrétaire général, inviter les établissements financiers à concevoir des mécanismes de prêts appropriés à l’intention des propriétaires de forêts et des collectivités, et favoriser les partenariats public-privé dans les cas où le financement et les investissements publics peuvent atténuer les risques éventuels pour l’investissement privé.


Le Forum pourrait également, toujours selon le Secrétaire général, examiner des possibilités de financement formel et informel, telles que le microfinancement et les envois de fonds, qui pourraient être acheminées par des organisations de propriétaires de forêts, des coopératives ou des groupes de producteurs, et prendre ainsi conscience de la variété et de l’ampleur du secteur privé.


Le Secrétaire général juge utile d’envisager de créer un nouveau domaine d’intervention portant sur la gestion durable de tous les types de forêts, au cours de la prochaine reconstitution des ressources, sur la base de l’examen de son mécanisme incitatif au titre de REDD-plus/gestion durable des forêts et d’autres éléments de ses projets relatifs aux forêts.


Le Secrétaire général suggère aussi d’envisager de constituer un fonds volontaire mondial en vue de promouvoir la gestion forestière durable dans les pays en développement et les économies en transition.  Il suggère, par ailleurs, d’étudier la possibilité d’une structure faîtière qui permettrait de regrouper les mécanismes existants de financement relatifs aux forêts et les organismes de courtage ou intermédiaires de divers niveaux, pour faciliter l’accès des pays au financement des forêts.


DÉBAT MINISTÉRIEL


Mme NAOKO ISHII, Directrice générale, Présidente et Chef de la délégation du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a appelé à agir, de toute urgence, pour éviter le pire.  Le souci du FEM, a-t-elle rappelé, est d’aider les pays à développer leur couverture forestière et à programmer leur financement grâce au processus de facilitation.  Nous voulons aussi favoriser l’intervention du secteur privé pour améliorer la qualité des outils pour la gestion durable des forêts.  Elle a cité la mise en place d’une série de programmes phares dont l’objectif est de s’attaquer aux principales causes de la dégradation des forêts et du déboisement.


Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. INIA BATIKOTO SERUIRATU, Ministre de l’agriculture, des pêches et des forêts et du développement provincial des Fidji, a défendu le droit des populations autochtones et rurales à vivre et survivre grâce à la forêt.  Il a appelé les pays développés à doubler leurs contributions au financement des mécanismes de gestion durable des forêts, en mettant particulièrement l’accent sur le quatrième des objectifs de l’Instrument qui parle de la nécessité d’inverser la tendance à la baisse de l’APD et de trouver de nouvelles sources de financement.  Le Ministre a aussi voulu souligné le principe, en matière de développement durable, de la responsabilité commune mais différenciée.  Il a, à son tour, plaidé pour la mise en place d’un fonds mondial pour les forêts.  Il est temps, a-t-il conclu, que les intérêts privés travaillent conformément aux objectifs de développement durable liés aux forêts.


Au nom des pays les moins avancés (PAM), M. BLAISE AHANHANZO-GLÈLÈ, Ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme du Bénin, a cité un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui montrait en 2011 que l’écologisation de l’économie contribuerait à renforcer le capital naturel de la Terre ou à réduire les pénuries écologiques et les risques environnementaux.  Ce rapport, a-t-il estimé, propose des pistes pertinentes pour écologiser la gestion des forêts et invite à investir davantage dans les forêts afin de construire une économie plus sociale, émettant moins de carbone.


Le Ministre s’est réjoui de ce que l’ONU consacre une attention particulière à la sécheresse et ou à la désertification dans les PMA.  Attirant l’attention sur la Convention de 1992, le Ministre a appelé à sa mise en œuvre « conséquente », à l’instar de ce que s’efforcent de faire les PMA.  Depuis le Plan d’action de Nairobi en 1977, a-t-il insisté, les PMA ont arrêté huit domaines d’intervention dont le développement et la gestion rationnelle des ressources en eau, la sécurité énergétique, la sécurité alimentaire, ainsi que la conservation et la protection des ressources naturelles.  Le Ministre a espéré que les efforts que déploie l’ONU permettront de déclencher la solidarité indispensable des partenaires à l’égard des PMA. 


M. HENRI DJOMBO, Ministre de l’économie, des forêts et du développement durable de la République du Congo, intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné l’importance des ressources ligneuses et non ligneuses en matière d’énergie et de sécurité alimentaire, notamment en Afrique où, a-t-il indiqué, une importante tranche de la société dépend de l’économie agraire.  Il s’est inquiété du manque de progrès dans l’établissement du fonds mondial ainsi que des problèmes rencontrés pour accéder aux sources de financement.  La session actuelle se doit donc de revoir l’efficacité de l’Instrument, a-t-il jugé.  Le Ministre a recommandé la mise en place d’un groupe ad hoc d’experts chargé de revoir les moyens de mise en œuvre de l’Instrument.


Il a également considéré que les questions REDD+ doivent être prises en compte dans un contexte socioéconomique donné et compenser les efforts de protection des forêts, en versant des paiements pour la séquestration de carbone, car la gouvernance financière internationale a échoué s’agissant, en état de cause, du continent africain.  La gestion des forêts, a-t-il voulu, doit être intégrée aux objectifs de développement post-2015 au même titre que le Plan d’action de Johannesburg.  L’accès au fonds mondial pour les forêts doit être simplifié pour que les pays africains y accèdent plus rapidement.


M. BÉLA SZOMBATI, de l’Union européenne, a estimé que les forêts et leur gestion durable peuvent contribuer énormément au processus de transition vers une économie verte.  Cette contribution, a-t-il fait observer, va bien au-delà de la valeur monétaire de l’industrie forestière, les produits forestiers étant aussi une source de bénéfices non monétaires qui jouent un rôle central dans le bien-être des gens en zone rurale.  M. Szombati a insisté sur l’importance d’une bonne gouvernance des forêts. 


En 2015, le Forum évaluera l’efficacité de l’Instrument, processus qui coïncide, a-t-il fait observer, avec l’élaboration de l’Agenda pour le développement post-2015.  Le processus d’évaluation doit donc être pleinement cohérent avec les autres processus internationaux en cours.  Le représentant s’est félicité des avancées réalisées par le Processus de facilitation et a insisté pour que le financement des forêts provienne de plusieurs sources complémentaires.  M. Szombati s’est dit peu convaincu par l’utilité de créer un fonds mondial pour les forêts.


M. JEAN OMER BERIZIKY, Premier Ministre et Ministre de l’environnement et des forêts de Madagascar, a affirmé que la politique forestière nationale, mise en œuvre au moyen de programmes d’assistance bilatérale et multilatérale, a eu pour résultat, grâce à un appui technique et financier d’un montant d’un peu plus de 400 millions de dollars, la création en 2012 de 6 millions d’hectares d’aires protégées recouvrant ainsi 10% de la superficie du territoire.  La politique a aussi permis la réduction de la déforestation de 2% à 0,5% par an. 


Maintenant que « des riches consommateurs ont supplanté les pays développés », le Premier Ministre a « sans vouloir jeter l’opprobre sur qui ce soit », estimé que la gestion durable des forêts requiert la mise en place d’un droit international de la conservation plus énergique et plus global.  Elle requiert la mise en place d’un fonds, à l’instar du fonds carbone, c’est-à-dire ouvert aux pays effectivement engagés dans l’instauration d’une gestion durable.  


M. JARI KOSKINEN, Ministre de l’agriculture et des forêts de la Finlande, a fait observer que l’évolution des marchés internationaux et la tendance à la baisse de la consommation de papier dans de nombreux pays présentent des défis notables pour l’industrie forestière.  L’avenir réside dans les produits et les services issus d’une gestion durable des forêts.  Le bois risque de s’imposer comme un élément clef lorsque l’économie fondée sur la consommation de pétrole sera remplacée par de nouveaux modèles.  C’est là le fondement même de l’économie verte, a-t-il souligné.


Imaginez le potentiel quand on parviendra à fabriquer du plastique ou des textiles à partir du bois, s’est enthousiasmé le Ministre qui a cependant fait observer que l’avènement d’une économie verte dépend avant tout des ressources.  Il a notamment plaidé pour le recyclage des produits ligneux issus des sources renouvelables et a souligné, en l’occurrence, l’importance du secteur privé, de l’innovation et des investissements dans l’économie verte.  Il n’a pas oublié de souligner également le caractère capital de la recherche, de l’éducation, de la coopération internationale et des approches intersectorielles.


Mme IBRAHIMA BOIRO, représentant le Ministre de l’environnement, des eaux et des forêts de la Guinée, a déclaré que les forêts et les arbres constituent une source vitale pour le développement économique et social des pays en développement.  La forêt, a-t-elle dit, abrite la moitié de toutes les espèces végétales et animales de Guinée qui a adopté une politique nationale, un code forestier et un plan d’action pour l’adaptation au changement climatique, le renforcement des éco-gardes, ou encore l’élaboration d’une stratégie de gestion participative des forêts.  Elle a jugé indispensable une aide internationale technologique et financière, pour aider la Guinée à mettre en œuvre l’Instrument et ses quatre objectifs. 


M. HUSSEIN AL HAJJ HASSAN, Ministre de l’agriculture du Liban, a dit représenter l’un des rares pays de l’est de la Méditerranée à travailler d’arrache-pied au reboisement.  Nous avons un grand projet intitulé « 40 millions d’arbres » pour un Liban vert qui, en dépit de sa superficie, est un pays écologiquement très hétérogène.  Il a demandé à tous les pays ayant des compétences en matière de reboisement dans les zones semi-arides et arides d’aider le Liban.


M. BAUTISTA ROJAS GÓMEZ, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de la République dominicaine, a parlé du programme national de reboisement qui a permis de faire passer le taux de couverture forestière de 22% en 1971 à 39% aujourd’hui.  Ce programme, lancé en 1997, a eu une incidence sur le pourcentage des terres protégées qui représentent désormais 25% du territoire national.  Le Ministre a aussi parlé d’une politique de subsides pour encourager le recours au gaz liquéfié plutôt qu’au charbon.


Nous avons, a dit M. EPHRAIM KAMUNTU, Ministre de l’eau et de l’environnement de l’Ouganda, lancé une campagne nationale de plantation d’arbres, quatre jours par an.  L’Ouganda a d’ailleurs révisé sa législation pour améliorer la gouvernance dans le secteur forestier, entre autres, le commerce des produits forestiers.  Le Ministre s’est particulièrement inquiété des conséquences d’une démographique galopante sur les ressources forestières, alors que 90% de la population ougandaise dépend essentiellement du bois comme source d’énergie. 


M. MDUDUZI DUNCAN DLAMINI, Ministre du tourisme et des affaires environnementales du Swaziland, a réclamé la création du fonds mondial pour les forêts dont l’Afrique a tant besoin.  Il a également appuyé la création d’un groupe d’experts ad hoc pour évaluer l’Instrument.  Le Ministre a avoué que l’industrie forestière avait fait des contributions notables à la croissance économique de son pays, au cours des six dernières décennies.  Cumulé au secteur agricole, les forêts permettent à 70% de la population de vivre et d’avoir un revenu.  Mais l’industrie forestière vient d’être été mise à mal par les incendies qui ont provoqué la fermeture d’une scierie et l’invasion d’une espèce de plante étrangère qui a infesté 80% de la superficie du pays « à différents niveaux d’intensité ».  Le Gouvernement, a affirmé le Ministre, a lancé différentes initiatives pour promouvoir la gestion des espèces invasives mais aussi la plantation d’arbres, la commercialisation des produits naturels autochtones, l’apiculture et l’écotourisme.  Un programme de gestion intégré des incendies a également été mis sur pied.


M. GABRIEL TCHANGO, Ministre de l’eau et des forêts du Gabon, a affirmé que la conservation et la gestion durable des forêts constituent l’un des axes majeurs du Plan stratégique global « Gabon émergent » dont la politique s’articule autour des trois piliers que sont le « Gabon vert », le « Gabon industriel » et le « Gabon des services ».  S’agissant du « Gabon vert », a expliqué le Ministre, l’accent est mis sur l’aménagement durable des forêts, la conservation de la biodiversité et l’implication des populations locales dans la gestion des ressources forestières.  Pour ce qui est du « Gabon industriel », les actions sont focalisées sur la transformation locale plus poussée du bois au détriment de l’exportation des grumes, en vue de créer plus de richesses et d’emplois. 


Concernant cette réunion, le Ministre a souhaité un consensus sur la mise en place d’un fonds forestier mondial, la création d’un guichet forêt au sein du Fonds pour l’environnement mondial et l’établissement d’un Instrument juridiquement contraignant sur les forêts comme point principal de l’Agenda pour le développement post-2015. 


M. WALID M. M. ASSAF, Ministre de l’agriculture de l’État de Palestine, a cité la mise en place d’une stratégie du secteur agricole 2011-2013 alors qu’une stratégie de lutte contre la désertification est en train d’être mise en place.  Il a évoqué un plan de cinq points qui comprend la production et la culture de 5 millions de semis forestiers et pastoraux ainsi que la distribution de 10 millions de semis d’arbres fruitiers, notamment des semis d’oliviers pour les fermiers.  Il n’a pas manqué de rappeler les dizaines de milliers d’oliviers que les Israéliens ont déracinées.  Parmi les difficultés rencontrées dans la gestion des forêts, il a cité les mesures arbitraires d’Israël telles que la déforestation, le mur de séparation ou encore la confiscation des zones forestières pour des exercices militaires, alors que les Israéliens occupent déjà 85% des terres.  Il a aussi souligné les conséquences des changements climatiques, du surpâturage et de l’insuffisance de financement pour faire face aux objectifs d’une gestion durable des forêts


M. FATMIR MEDIU, Ministre de l’environnement, des forêts et de l’administration des eaux de l’Albanie, a indiqué que son gouvernement mène actuellement des réformes approfondies en matière de gestion des forêts, lesquelles reposent en grande partie sur le renforcement du cadre juridique, les aspects économiques et sociaux, dont le paiement de certains produits forestiers.  Des projets de gestion durable des forêts ont été mis sur pied avec l’aide d’organisations internationales; le but étant d’enrayer la dégradation des terres et d’augmenter le couvert forestier.  Le Gouvernement albanais vient par ailleurs d’adopter une nouvelle règlementation pour l’industrie du bois pour, entre autres, améliorer la traçabilité des produits.


M. SATYA VEYASH FAUGOO, Ministre de l’agro-industrie et de la sécurité alimentaire de Maurice, a fait savoir que malgré les pressions exercées sur les ressources naturelles du pays, son gouvernement a réussi à maintenir le couvert forestier sur 25% du territoire national.  Des programmes de sensibilisation à l’importance de protéger les eaux et les terres ont été lancés, a affirmé le Ministre, avant d’alerter sur les défis liés à l’invasion des espèces étrangères, facilitée par les changements climatiques. 


M. Faugoo a passé en revue les nombreuses initiatives lancées par son pays dont la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour la biodiversité qui couvre la période 2006-2015 et la préparation d’une stratégie nationale pour les espèces invasives.  Des projets ont également été lancés pour restaurer les forêts dégradées, promouvoir la sensibilisation à la biodiversité et créer des zones protégées.


Le Ministre a appelé les États à accorder une attention particulière aux besoins des petits États insulaires en développement et leurs écosystèmes fragiles.  Il faut consolider la coopération et mobiliser les fonds mais également renforcer la coopération et le partage des connaissances et des pratiques exemplaires, sans oublier la promotion de la recherche.


M. JEAN-CLAUDE NDUWAYO, Ministre de l’eau, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme du Burundi, a indiqué que le Programme national forestier est doté d’un budget de 4 millions de dollars contre 60 000 dollars en 2010.  Les forêts, a-t-il dit, s’inscrivent dans le cadre stratégique de relance économique et de lutte contre la pauvreté ainsi que dans le cadre de la Vision 20-25.  En outre, une politique forestière intégrant l’Instrument a été élaborée et une loi forestière est en cours de révision.  S’agissant de la mise en œuvre de cet Instrument, le représentant a prôné le renforcement de l’approche intégrée.  Il a aussi soutenu la mise en place d’un fonds forestier africain et du fonds mondial pour les forêts dotés de procédures simplifiées pour en faciliter l’accès aux pays en développement.


M. ZULKIFLI HASAN, Ministre des forêts de l’Indonésie, a estimé important de mettre un terme à l’empreinte carbonique, en tirant parti de la contribution des forêts.  Mon gouvernement, a-t-il dit, vient d’émettre un moratoire sur les nouvelles licences d’exploitation de la forêt vierge.  Il a dénoncé les problèmes liés à l’abattage illégal contre lequel son gouvernement a mis en place un système d’assurance qui promeut ainsi le « bois légal » dans le commerce international.  Différentes initiatives ont été lancées pour aider les petites et moyennes entreprises dépendant de l’industrie forestière à participer à la gestion durable des forêts.


M. WYLBUR SIMUUSA, Ministre des terres, des ressources naturelles et de la protection de l’environnement de la Zambie, a indiqué que son pays peine à maintenir l’équilibre entre protection de l’environnement, augmentation de la productivité agricole et création d’emplois.  Il a tout de même passé en revue les différentes mesures lancées par son pays pour promouvoir une bonne gestion des forêts, grâce à la promotion de forêts communautaires et aux partenariats public-privé.  Le Gouvernement s’est également engagé à reboiser 1 000 hectares par province et par an.  Il a aussi lancé des mesures pour résorber le taux de chômage chez les jeunes, en promouvant notamment la création de petites entreprises dans l’industrie forestière.


M. MATTHEW WALTER, Ministre de l’agriculture et des forêts de la Dominique, a indiqué qu’avec 66%, son pays avait le plus grand couvert forestier des Caraïbes.  La Dominique a de surcroît deux réserves forestières ainsi que trois parcs nationaux dont un est inscrit dans le Patrimoine mondial de l’humanité.  La Dominique a beaucoup misé sur l’écotourisme, l’artisanat et la chasse contrôlée.  Le Ministre a évoqué la création du sentier Waitukubuli, une des pièces maitresses de l’écotourisme, représentant une part importante du PIB.  M. Walter a engagé le FNUF à mobiliser les ressources nécessaires à la gestion durable des forêts dans les pays en développement.


M. SUSIL PREMAJAYANTH, Ministre de l’environnement et de l’énergie renouvelable du Sri Lanka, a dit que la gestion durable de l’environnement en général et des forêts en particulier était inscrite dans les codes juridiques et moraux des administrations les plus anciennes du Sri Lanka.  Le souci de préserver le patrimoine environnemental remonte à Bouddha, a affirmé M. Premajayanth, en rappelant que son pays fait désormais face aux défis environnementaux d’un développement rapide, après un conflit de 30 ans.  Il a précisé que son pays avait réduit son rythme de déforestation de 0,5% à 0,25% par an dans l’objectif de maintenir à 25% le taux de couverture forestière.


M. GINMA DO KROMOSOETO, Ministre de la planification spatiale, des terres et de la gestion des forêts du Suriname, a indiqué que son pays compte parmi les 11 États au monde qui ont un important couvert forestier et un faible taux de déforestation.  Quelque 13% du territoire est protégé dans un pays où le Gouvernement s’est engagé à assurer une utilisation optimale des forêts.  L’exploitation durable des produits forestiers a augmenté de 100% au cours des trois dernières années pour atteindre 400 000 mètres cubes, s’est-il félicité, tout en faisant observer que ce taux demeure bien en-deçà du potentiel d’1,4 million de tonnes par an.  Il a ensuite parlé des défis que pose le manque de ressources humaines pour son pays.  Le Ministre a, à son tour, attiré l’attention sur l’importance du financement, en rappelant que les pays en développement ont d’abord pour priorités l’éducation, la santé et tous les autres secteurs liés au développement durable.


Reprenant la parole en sa capacité nationale, le Ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme du Bénin a indiqué que son pays a lancé en 1993 une politique forestière nationale assortie d’un programme d’action.  Mais, a-t-il prévenu, le financement est la condition sine qua non de la mise en œuvre d’une politique de gestion durable des forêts.  Il a appelé à des efforts nationaux, régionaux et internationaux pour garantir un financement prévisible des ambitions liées à la protection des forêts.  Il a précisé que le Bénin lancera au mois de mai, avec le soutien du PNUD, un programme de plantation de 9 millions d’arbres pour un coût total de 22 milliards de francs CFA.  Il a appelé au partage d’expérience, en vue de donner des orientations sur les futurs arrangements à mettre en place.


M. MIKHAIL AMELYANOVIVICH, Ministre de la forêt du Belarus, a dit qu’une politique forestière moderne est indissociable du Forum des Nations Unies sur les forêts. Il a ajouté que le FNUF était un processus qui permet une meilleure qualité de vie aux populations qui dépendent des forêts, une meilleure protection de l’environnement et un développement économique durable.


M. ABDELADIM LHAFI, Haut Commissaire aux eaux, aux forêts et à la lutte contre la désertification du Maroc, a estimé que, dans son pays, les approches techniques et les expertises n’ont produit leurs effets que grâce à une vision qui prend en compte la gestion de l’espace dans son intégralité et la complexité propre à chaque écosystème.  Si le territoire constitue une unité spatiale cohérente, l’intégration multisectorielle constitue l’approche incontournable de la mise en place des plans opérationnels.  À cet égard, a-t-il voulu, les indicateurs d’évaluation, qui seront évoqués au cours de cette session, doivent à la fois concerner la base de la conception des politiques en matière de développement durable, le suivi et l’évaluation des opérations pour un ajustement permanent et une mise en cohérence des plans de développement. 


M. MATHIEU BABAUD DARRET, Ministre des eaux et des forêts de la Côte d’Ivoire, a rappelé que son pays a traversé une décennie de crise qui a eu pour conséquences le pillage sans précédent de ses ressources forestières et une forte infiltration des populations dans des forêts classées et dans les parcs nationaux.  Il en résulte, s’est-il alarmé, un accroissement de la criminalité transnationale contre les espèces sauvages et les forêts.  Face à cette situation, le Gouvernement a pris des mesures d’ordre institutionnel mais aussi opérationnel.  Aussi, trois actions majeures sont-elles menées.  Il agit du déguerpissement, de l’établissement de corridors protégés, ainsi que du reboisement et de la réhabilitation des forêts.  Au plan africain, les autorités ivoiriennes initient une collaboration avec les pays voisins contre la criminalité organisée, a affirmé le Ministre, avant d’indiquer que dans le but de renforcer la mobilisation des financements, une étude sur la fiscalité dans le secteur devrait aboutir à la mise en place d’un mécanisme de financement pérenne. 


Mme KERRI-ANN JONES, Secrétaire d’État adjointe aux océans et aux affaires environnementales et scientifiques des États-Unis, a estimé que les marchés devaient davantage reconnaître la contribution des forêts au développement économique, faisant notamment observer que celles-ci figurent rarement dans les projets de développement ou les calculs des marchés.  Elle a également souligné l’importance qu’il y a à faire en sorte que les politiques de développement ne participent à la destruction ou la dégradation de forêts, « notamment les dernières forêts tropicales ».  Il ne s’agit de limiter les chances de développement mais de pratiquer une forme de développement plus intelligente, a-t-elle souligné.


Mme Jones a également relevé que la tendance à la baisse des APD consacrés aux forêts avait été inversée et que différents mécanismes de financement avaient été établis.  Elle a aussi noté les initiatives de paiement pour des services liés à l’écosystème mais a estimé que davantage devait être fait pour mobiliser le secteur privé.  La création de conditions propices aux investissements est une nécessité, a-t-elle asséné, de même que l’amélioration de la transparence dans les processus de prise de décisions et les transactions financières.


M. SUN ZHAGEN, Vice-Ministre aux affaires forestières de la Chine, a cité une augmentation de la couverture forestière de 62 millions d’hectares et a jugé insuffisants les mécanismes de financement pour la gestion durable des forêts.  Il a appelé à de la volonté politique et a suggéré la mise en place d’un système permettant de partager les expériences et les technologies.  Il a appelé les Nations Unies à intégrer la question des forêts dans les objectifs de développement durable post-2015.


M. ALIREZA ORANGI, Ministre adjoint de l’agriculture de l’Iran, a estimé qu’une bonne gestion des forêts s’impose dans les pays à faible couvert forestier.  Mon gouvernement, a-t-il dit, a mis en œuvre un programme intégré de protection des forêts qui s’aligne sur les propositions d’action du Forum.  L’objectif principal est de promouvoir l’afforestation par des mécanismes d’anticipation, l’octroi de crédits à faible taux d’intérêt et la suppression des taxes à l’importation pour le bois et la restauration de la forêt.  M. Orangi a ensuite parlé de l’adoption, en 2004, du programme national d’action de lutte contre la désertification et l’atténuation des effets de la sécheresse, avant d’évoquer la tenue, l’an dernier, à Téhéran, du premier atelier sur le financement du secteur forestier dans les pays à faible couvert forestier.


M. LUIZ ALBERTO FIGUEIREDO MACHADO, Sous-Secrétairegénéral de l’environnement, de l’énergie, de la science et de la technologie du Brésil, a fait savoir que le couvert forestier de son pays dépasse celui de l’ensemble de l’Union européenne.  Les enjeux sont cruciaux car c’est là que se trouve le pain quotidien de millions de Brésiliens, a-t-il notamment indiqué.  M. Machado a insisté sur l’importance de la coopération dans le cadre des négociations en cours.  Soulignant l’importance des partenariats public-privé, il a parlé des différents fonds pour la gestion des forêts mis en place dans son pays. 


Le Sous-Secrétaire général a affirmé qu’en 2011, son pays avait enregistré le taux de déboisement le plus bas depuis 1998.  En 2012, le Brésil a révisé la loi sur les forêts de 1960.  La nouvelle loi est plus sévère sur le déboisement et établit des normes très claires sur la protection de la biodiversité à l’intention des propriétaires terriens. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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