ECOSOC/6574

Le Conseil économique et social (ECOSOC) débat des moyens d’intégrer les dimensions sociale, économique et écologique du développement durable

13/05/2013
Conseil économique et socialECOSOC/6574
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Réunion de concertation

11e séance - matin


LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC) DÉBAT DES MOYENS D’INTÉGRER LES DIMENSIONS SOCIALE,

ÉCONOMIQUE ET ÉCOLOGIQUE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE


« Pour nourrir neuf milliards de personnes d’ici à 2050, prévient un expert,

 nous devons produire plus en 40 ans qu’au cours des huit derniers millénaires »


Le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) a débattu, aujourd’hui, des moyens d’intégrer les dimensions sociale, économique et écologique du développement durable.  Articulée autour de deux tables rondes consacrées à « la convergence des politiques pour le développement durable » et « l’intensification des efforts en faveur du développement durable », cette journée de débats a été l’occasion de mettre l’accent sur l’importance de la science et de l’innovation pour améliorer la productivité alimentaire d’une planète où 870 millions de personnes souffrent de la faim et où il faudra nourrir 9 milliards de personnes d’ici à 2050.  Le Directeur de recherche du Centre mondial d’agroforesterie, M. Philip Dobie, a estimé que la production des denrées alimentaires pour les 40 prochaines années serait supérieure à ce qui a pu être produit pendant les huit derniers millénaires.


Dans une déclaration liminaire, le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, M. Jan Eliasson, a estimé que l’attention accordée par l’ECOSOC à la question de la science, la technologie et l’innovation venait à un moment particulièrement idoine, ces domaines ayant le potentiel d’apporter une solution « gagnant-gagnant », à la question de l’énergie et de l’agriculture durables.  Il a rappelé que l’accès à l’énergie durable pour tous était une des grandes priorités identifiées par le Secrétaire général, et lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 ».


Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a souligné que les décideurs avaient plus que jamais besoin de la science, de la technologie et de l’innovation pour réaliser les objectifs de développement durable avant d’appeler à renforcer le lien entre la science et la politique.  Le rôle de l’ECOSOC est essentiel pour nous permettre de disposer d’un agenda unique pour le développement durable, d’objectifs clairs et de cadres politiques facilitant la réalisation de ces objectifs, appuyés par une coopération internationale renforcée, a souligné, pour sa part, le Président de l’ECOSOC, M. Néstor Osorio.  Cette journée de débats, s’est-il félicité, a été l’occasion d’identifier des initiatives qui seront très utiles à la session de fond de juillet, qui se tiendra, cette année, à Genève.    


« Pour que les Nations Unies soient crédibles en matière de promotion d’énergies renouvelables, il faudrait qu’elles soient en mesure d’établir des objectifs clairs et réalistes dans ce domaine », a estimé l’Ambassadrice pour les défis mondiaux du Global Green Growth Forum (3GF), Mme Sus Ulbæk, qui intervenait par visioconférence depuis le Danemark, au cours de la table ronde sur la convergence des politiques pour le développement durable.  « Ce qui nous manque c’est un mécanisme unique de gouvernance aux niveaux international, régional et local pour permettre l’intervention concertée de tous les acteurs dans la réalisation dudéveloppement durable, a indiqué l’ancien Directeur exécutif du Forum des parties prenantes pour un avenir durable, M. Felix Dodds.


« Si vous agissez de manière viable, vous conservez les meilleurs talents; si vous êtes un pays écologiquement responsable, vous attirez les touristes », a insisté la Présidente de Natural Capitalism, Mme Hunter Lovins, avant de citer l’exemple de la société « Unilever » qui a doublé ses profits en deux ans, après s’être engagée à réduire de moitié son impact sur l’environnement et à sortir des millions de personnes de la pauvreté. 


« Si vous vous attendez à une attitude altruiste, vous risquez d’attendre longtemps », a prévenu le Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), M. Adnan Z. Amin, en s’adressant au représentant du Nicaragua qui s’est inquiété du faible niveau des investissements dans les énergies renouvelables en Amérique latine et à celui du Nigéria qui souhaitait des précisions sur les aides visant à faciliter la transformation d’une économie basée sur les énergies fossiles en une économie verte. 


Les investissements mondiaux destinés aux énergies renouvelables ne représentaient que 18 milliards de dollars par an par rapport au montant total des subventions mondiales qui, elles, se chiffrent à 550 milliards de dollars, a fait observer M. Amin.  C’est pourquoi, a-t-il dit, il est nécessaire de créer un marché favorable aux investissements et à leur sécurité.  Abondant dans ce sens et appelant à l’action, M. Ian Noble, Chercheur principal de l’Institut de l’adaptation mondiale à Washington D.C., a estimé qu’il ne faudrait pas s’attendre à la création d’un « fonds vert » car, a-t-il dit, les acteurs concernés sont fatigués de la lenteur de certains processus institutionnels.  Les objectifs arrêtés par plus de 120 gouvernements en matière d’énergie durable constituent pour le secteur privé la meilleure incitation à la recherche et au financement a-t-il été rappelé


Mme Ulbaek, qui se fondait sur la résilience économique exemplaire acquise par le Danemark grâce à ses initiatives en matière d’énergies propres, a rappelé que le coût du passage d’une « économie brune » à une « économie verte » est estimé à 700 milliards de dollars au niveau mondial.  Pour atteindre les objectifs de développement durable et de promotion des énergies renouvelables, « il appartient à l’ECOSOC de créer un mécanisme de suivi des objectifs en matières d’énergies renouvelables, auquel participeraient les institutions de Bretton Woods, a insisté M. José Antonio Ocampo, Président du Comité des politiques de développement. 


La prochaine séance publique du Conseil économique et social se tiendra à une date qui sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


LA RÉALISATION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: INTÉGRER LES DIMENSIONS SOCIALE, ÉCONOMIQUE ET ÉCOLOGIQUE


Déclarations liminaires


M. NÉSTOR OSORIO, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que cette année, l’Examen ministériel annuel sera consacré à l’examen des moyens par lesquels la science, la technologie et l’innovation, ainsi que le « potentiel de la culture » pourront promouvoir le développement durable et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a précisé que les questions de l’énergie et de l’agriculture seront examinées afin d’identifier les possibilités qu’offrent la science, la technologie et l’innovation pour atteindre le développement durable. 


M. Osorio a souligné que l’accès à des sources d’énergie fiables et économiquement abordables permettrait d’améliorer l’efficacité opérationnelle du secteur industriel.  L’accès à l’électricité et l’utilisation de cuisinières propres contribuent, a-t-il ajouté, à réduire la pollution de l’air et à lutter contre la faim et la pauvreté, tout en augmentant la productivité en matière alimentaire.  En outre, les sources d’énergies renouvelables et les technologies propres peuvent faire baisser de manière notable les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il dit.


Le Président de l’ECOSOC a souhaité que l’Examen ministériel annuel débouche sur la définition de politiques à court terme capable de réaliser des gains à long terme en matière de développement durable.  Il doit également nous permettre de clairement comprendre le lien qui existe entre la science, la technologie et l’innovation et le développement durable, a-t-il ajouté.


M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que l’attention accordée par l’ECOSOC à la question de la science, la technologie et l’innovation venait à un moment particulièrement idoine, ces domaines ayant le potentiel d’apporter une solution équitable à la question de l’énergie et de l’agriculture.  Il a rappelé que l’accès à l’énergie durable pour tous était une des grandes priorités identifiées par le Secrétaire général.  Lors de la conférence Rio+20, les dirigeants avaient insisté sur l’importance de mettre l’accent sur le secteur agricole, a ajouté M. Eliasson, avant de rappeler l’objectif « Faim tolérance zéro ».


Le Vice-Secrétaire général a ensuite estimé que le Forum politique de haut niveau, intergouvernemental et universel voulu par les États Membres lors de la Conférence Rio+20 pour tracer la voie en matière de développement durable, devrait également permettre une meilleure coordination au sein du système des Nations Unies.  L’ONU, a-t-il dit, doit apprendre à travailler en étroite coopération pour éviter les doubles emplois et renforcer son efficacité.  M. Eliasson a par ailleurs indiqué qu’une équipe spéciale de l’ONU assurait un appui au Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable de l’Assemblée générale.  L’ECOSOC, a-t-il souligné, a un rôle particulièrement important à jouer dans le suivi des engagements pris à Rio+20.


M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a mis l’accent sur le rôle de l’ECOSOC pour favoriser une mise en œuvre équilibrée des trois piliers du développement durable.  Il a souligné l’importance des organes subsidiaires de l’ECOSOC qui, a-t-il rappelé, disposent d’une expertise très large dans tous les domaines économiques, sociaux et environnementaux pour nous aider à forger un consensus sur les politiques à adopter et sur leur mise en œuvre.  Il a également souligné l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation pour intégrer les trois dimensions du développement durable, mais aussi pour promouvoir la santé, augmenter la productivité, améliorer l’efficacité des ressources et réduire l’impact humain sur l’environnement.  M. Wu a appelé a investir dans l’agriculture durable, de manière à assurer la productivité tout en garantissant des produits viables.  Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale a permis de stimuler la première révolution verte, s’est-il félicité.  Il faudrait un effort similaire pour parvenir à assurer une production alimentaire durable qui puisse répondre aux besoins futurs.  « La science, la technologie et l’innovation sont aussi essentielles à la promotion de l’énergie durable », a-t-il insisté avant de souligner la simplicité de certaines de ces technologies.  Le Chef du Département des affaires économiques et sociales a appelé à des efforts pour promouvoir l’acceptation sociale et la rentabilité des innovations.


Table ronde 1: La convergence des politiques pour le développement durable


Déclarations liminaires


Dans une déclaration d’ouverture, M. ADNAN Z. AMIN, Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, qui animait cette table ronde, a déclaré que la communauté internationale était restée en deçà des objectifs d’intégration depuis le Sommet de Rio en 1992.  Il a souligné l’importance pour les Nations Unies, en particulier de l’ECOSOC, de mettre au point une architecture plus fonctionnelle favorisant l’intégration, en rappelant que nous passons désormais d’une ère de prolifération institutionnelle à une ère de renforcement des institutions.  Il a appelé à tirer les leçons de l’expérience de l’émergence des nouvelles croissances économiques, en particulier sur le continent africain où l’on observe depuis 10 ans une croissance oscillant entre 7 et 10%.  Il est important également d’examiner la question essentielle de la science et de la technologie, a-t-il dit. 


M. MICHAEL ANDERSON, Envoyé spécial du Premier Ministre du Royaume-Uni pour les objectifs de développement des Nations Unies, a d’emblée indiqué que le Groupe de travail chargé d’identifier les objectifs de développement durable présentera son rapport d’ici à deux semaines.  D’ici à 2014, l’Assemblée générale aura reçu beaucoup de contributions de la part des différents groupes qui travaillent sur cette question.  Il a engagé les États Membres à établir un cadre de négociation précis et d’identifier une liste de questions prioritaires.  Il faudrait apprendre à éviter de tomber dans l’utopie en mettant sur la table des objectifs ou idées peu réalistes, a-t-il recommandé.  Tout en soulignant l’importance de l’assistance technique, M. Anderson a préconisé de créer un véritable élan pour déboucher sur une véritable volonté politique.  Il a également dit l’importance, pour l’ECOSOC, de tirer les leçons des OMD en identifiant ce qui a fonctionné et ce qui a échoué.


Quels sont les enseignements tirés de l’expérience du Royaume-Uni qui pourraient être utiles à l’ONU? s’est interrogé le modérateur.


À cette question, M. Anderson a répondu que le Gouvernement britannique avait mis sur pied des politiques pour évaluer la question de l’impact sur l’environnement.  Son gouvernement, a-t-il ajouté, a constitué un groupe de haut niveau chargé d’examiner la question de l’intégration et du développement durable.  M. Anderson a aussi parlé d’un projet alimentaire vert dont l’objectif est d’améliorer le système alimentaire du pays tout en créant des emplois.


Intervenant par vidéoconférence, Mme SUS ULBÆK, Ambassadrice pour les défis mondiaux du Global Green Growth Forum (3GF) (Danemark) a souligné le rôle crucial du secteur privé pour appuyer l’intégration des trois piliers du développement durable.  Le secteur privé, a-t-elle préconisé, doit contribuer plus activement à la recherche de solutions techniques et à la mobilisation des ressources nécessaires.  Il faut, bien entendu, tenir compte des ressources dont disposent les pays et des coûts des solutions.  Si l’on veut faire quelque chose pour parvenir à un monde plus efficace au niveau énergétique et lutter contre les inégalités, il faudrait se pencher sérieusement sur la question des subventions.  Elle a estimé que la gestion de l’énergie était un élément crucial pour faire changer les méthodes de production et de consommation et assurer sa durabilité. 


Répondant à une question du modérateur sur la résilience économique exemplaire que le Danemark a acquise grâce à ses initiatives en matière d’énergie propre, Mme ULBÆK a cité les choix qui ont été faits en matière d’investissements et d’innovation à long terme par le Danemark.  Elle a souligné la nécessité de promouvoir la coopération entre le Gouvernement et le secteur privé pour adopter des mesures politiques qui soient pleinement efficaces.  Il est important, a-t-elle dit, de fixer des impôts très élevés sur le gaz et le pétrole et de prendre des mesures incitatives en faveur du développement d’énergie durable.  Ces mesures incitatives ne signifient pas des subventions, a–t-elle insisté.  L’objectif du Danemark est de se passer, à terme, des énergies fossiles grâce à une coopération optimale entre le secteur privé et le Gouvernement, a-t-elle assuré.


Commentant cette intervention, M. Amin a indiqué que les objectifs arrêtés par plus de 120 gouvernements en matière d’énergie durable constituaient, pour le secteur privé, la meilleure voie pour la recherche.  C’est pourquoi, il a appelé à la clarté des instruments politiques et des mesures incitatives.


M. IAN NOBLE, Scientifique principal de l’Institut de l’adaptation mondiale (Washington D.C.), a appelé les délégations à apprendre à rendre plus efficace le cycle qui va de la conception d’une idée à son application sur le terrain.  Il faudrait commencer par concevoir l’agriculture comme un processus non viable, porteur de nombreux défis qui varient de surcroît d’un lieu à un autre, a-t-il suggéré.  M. Noble a également estimé qu’un « problème réel » réside dans le fait que peu de scientifiques sont capables de travailler dans les trois principaux domaines du développement durable.  Il a par ailleurs appelé à une meilleure intégration de la science et des différents domaines scientifiques.


Quels mécanismes spécifiques faudrait-il mettre sur pied pour avancer dans ce domaine? a demandé le modérateur.


M. Noble a répondu qu’il faudrait commencer non seulement à établir moins de rapports, mais également à les rédiger de manière beaucoup plus ciblée en y intégrant des éléments de réponses précis.  Il est aussi important que l’on apprenne à prendre en compte les limites imposées par le monde politique, a-t-il ajouté.  L’échange d’informations scientifiques doit se faire librement, a-t-il estimé.


Intervenant par visioconférence, M. JOSÉ GRAZIANO DA SILVA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a souligné que l’on ne pourrait atteindre les objectifs de développement durable tant qu’il n’y aura pas de solution pour éliminer la faim et la malnutrition.  Il a salué l’exemple de l’initiative « Défi Faim zéro », lancée par le Secrétaire général des Nations Unies, qui comporte cinq objectifs axés respectivement sur un accès à 100% à la nourriture, zéro retard de croissance auprès des enfants de moins de deux ans, la pérennisation de tous les systèmes alimentaires, une augmentation de 100% de la productivité des petites exploitations et la fin du gaspillage alimentaire.  Il a précisé que ces cinq piliers aidaient les organismes des Nations Unies à s’aligner sur les travaux du Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur la sécurité alimentaire dans le monde.


Lors d’une consultation thématique mondiale de haut niveau sur la faim, la sécurité alimentaire et la nutrition, organisée en Espagne en avril 2013, les participants s’étaient engagés sur la nécessité d’éradiquer la faim d’ici à 2050, date à laquelle la population mondiale aura atteint neuf milliards.  M. Da Silva a précisé que 18 pays avaient déjà atteint, bien avant 2015, l’objectif de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim.  Bien au-delà des enjeux de la production, a-t-il fait remarquer, c’est l’insuffisance d’accès aux aliments qui demeure la principale cause de la faim dont souffrent aujourd’hui 870 millions de personnes.  L’agriculture demeure la clef principale pour lutter contre la faim et nourrir une population qui dépassera 9 milliards d’habitants en 2050.


Le Directeur général de la FAO a précisé que des milliards de gens dépendaient de l’agriculture, en s’inquiétant notamment des difficultés de 500 millions de petits agriculteurs qui font partie des gestionnaires les plus importants de nos ressources naturelles.  Il a noté que 70% des personnes qui connaissent la malnutrition vivent dans des zones rurales de pays en développement.  Des progrès en matière de développement durable exigent un changement radical dans la gouvernance de l’agriculture, a-t-il souligné, en appelant à mettre l’accent sur la dimension économique et sociale de la faim.  


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité des politiques de développement, a souligné l’importance d’intégrer les objectifs sociaux aux activités économiques et d’intégrer les aspects écologiques dans les solutions économiques.  Il a ensuite plaidé pour la création d’un mécanisme concret qui permette aux autorités de tenir compte de ces dimensions lors de la prise de décisions économiques.  La Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 » avait pour but d’intégrer la notion d’économie verte, a notamment rappelé M. Ocampo qui a insisté sur la nécessité de mettre l’accent aussi bien sur l’aspect scientifique que sur la dimension économique.


M. Ocampo a par ailleurs fait remarquer que le financement de la science, de la technologie et de l’innovation dépendait trop des droits issus de la propriété intellectuelle.  Il serait donc important, a-t-il suggéré, de diversifier les sources de revenus.  Il a ainsi proposé la création d’un fonds publique qui permette d’acheter une technologie spécifique et de la mettre ensuite gratuitement à la disposition de la population.  Imposer des droits sur l’innovation n’est pas la meilleure façon de diffuser la connaissance, a-t-il estimé.  Pour M. Ocampo, il serait préférable d’établir de nouveaux mécanismes de coopération internationale, de créer des centres de recherche mondiaux, ainsi que des réseaux de recherche à la fois pour les pays en développement et les pays industrialisés.


Le Modérateur a fait observer que la technologie, souvent considérée comme marchandise, était transférée grâce aux modèles d’investissement qui en exigent l’utilisation.  La technologie n’est pas une marchandise interchangeable, alors comment faire en sorte que les investissements débouchent sur les résultats satisfaisants?  La question des droits de propriété intellectuelle n’est-elle pas trop exagérée? a-t-il également demandé.  M. Amin a voulu savoir si l’ÉCOSOC était maintenant en mesure d’examiner la question de l’environnement.


Le panéliste a souhaité la création d’un mécanisme de suivi et d’un système d’examen par les paires qui permette à l’ECOSOC d’agir, notamment sur les questions de la parité et de la population.  Il a ensuite fait observer que la technologie pouvait être mieux utilisée par le biais des ordinateurs.  Il a également proposé la création d’un centre de recherche sur la propriété intellectuelle.  Les fonds publics pourraient aussi être utilisés pour faciliter l’innovation, a-t-il suggéré.


Débat interactif


« Pour que les Nations Unies soient crédibles en matière de promotion d’énergies renouvelables, il faut qu’elles soient en mesure d’établir des objectifs clairs et réalistes dans ce domaine », a souligné Mme Sus Ulbæk, Ambassadrice pour les défis mondiaux du Global Green Growth Forum (3GF) (Danemark) au cours de cette table ronde sur la convergence des politiques pour le développement durable. 


Ce premier débat interactif a été l’occasion pour les intervenants de mettre l’accent sur l’aspect social du développement durable.  Mme Ulbæka rappelé que le coût du passage d’une « économie brune » à une « économie verte » était estimé à 700 milliards de dollars.  Pour atteindre les objectifs de développement durable et de promotion des énergies renouvelables, « il appartient à l’ECOSOC de créer un mécanisme de suivi des objectifs en matière d’énergies renouvelables, auquel participeraient les institutions de Bretton Woods, a estimé le Président du Comité des politiques de développement, M. José Antonio Ocampo.  Afin d’éviter toute confusion, il a suggéré que le Groupe d’experts du Secrétaire général sur les énergies renouvelables fasse rapport à l’ECOSOC et non pas à l’Assemblée générale.  


Concernant la cohérence des politiques pour le développement durable, des intervenants ont appelé à rapprocher les scientifiques des dirigeants politiques.  Tous se sont accordés sur le rôle de l’ECOSOC -qui est défini par son mandat- de coordonner tous les efforts de promotion du développement durable, en s’appuyant sur ses organismes subsidiaires qui englobent tous les aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement durable.  Il faut s’éloigner des méthodes traditionnelles visant à créer une multitude d’activités qui sont superposées et pour lesquelles chacun tente d’y jouer un rôle de manière fragmentaire, a estimé le Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), M. Adnan Z. Amin.


Réagissant à une suggestion du représentant du Maroc en faveur de débats thématiques plus techniques au sein de l’ECOSOC -en citant les distinctions entre énergies solaires thermiques et photovoltaïques– M. Amin a appelé à éviter les doublons et à s’enquérir du travail réalisé par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables.


« Les savants ne s’intéressent pas à la politique », a fait remarquer la Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, Mme Jan McAlpine, qui a proposé que l’ECOSOC mette en place un cadre qui ferait participer à la fois les chercheurs scientifiques et les gouvernements dans le but d’améliorer l’intégration de la science à la politique.  Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a estimé que l’Accord sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce), entré en vigueur le 1er  janvier 1995, était, à ce jour, l’accord multilatéral le plus complet en matière de propriété intellectuelle.


Le représentant du Mexique a souligné la pertinence de l’ONU pour rassembler les acteurs pertinents des processus de décisions relatifs à la promotion de la sécurité alimentaire et l’accès à l’énergie viable pour tous.  Le rôle des ministères chargés de ces questions est très important pour assurer le suivi d’une mise en œuvre coordonnée des objectifs de développement.  Le représentant de l’Union européenne a appuyé la nécessité d’établir des liens plus fermes entre la science et la technologie et la politique pour appuyer une prise de décisions plus cohérente à l’intérieur et l’extérieur des Nations Unies. Il a souligné l’importance de disposer de données statistiques constantes et fiables.  S’agissant de la cohésion, il a estimé qu’il faudrait assurer la cohésion des politiques avec les domaines qui ne relèvent pas directement de l’ECOSOC soit le respect de la démocratie, les droits de l’homme et la promotion de la femme


Si le représentant du Pakistan a demandé d’indiquer les mesures qui pourraient être prises pour renforcer le processus d’intégration au-delà du dialogue afin d’établir un programme commun entre les divers organismes internationaux et l’ECOSOC, celle des États-Unis a estimé que l’ouverture et les échanges étaient les meilleurs moyens pour rechercher une meilleure synergie entre les objectifs internationaux et les objectifs nationaux.   


« Si vous vous attendez à une attitude altruiste, vous risquez d’attendre longtemps », a répondu le Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables au représentant du Nicaragua qui s’est inquiété du faible niveau des investissements en faveur des énergies renouvelables en Amérique latine et à celui du Nigéria, qui a demandé des précisions sur les mesures incitatives et les aides financières visant à faciliter la transformation d’une économie basée sur les énergies fossiles en une économie verte.  Notant que les investissements mondiaux destinés aux énergies renouvelables ne représentent que 18 milliards de dollars par rapport au montant total des subventions, qui est de 550 milliards de dollars, M. Amin a estimé qu’il était nécessaire d’encourager les gens à agir en créant un marché propice aux investissements et en garantissant la sécurité des investissements en faveur de ces énergies.  Abondant dans ce sens et appelant à l’action, M. Ian Noble, Chercheur principal à l’Institut de l’adaptation mondiale à Washington D.C., a estimé qu’il ne faudrait pas s’attendre à la création d’un fonds vert, car les acteurs sont fatigués de la lenteur de certains processus institutionnels.


Table ronde 2: Intensifier les efforts en faveur du développement durable


M. MASOOD KHAN, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a insisté sur l’importance d’une collaboration accrue entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé pour faire avancer le développement durable.  Il a affirmé que les partenariats ne peuvent se substituer à l’engagement des gouvernements mais qu’ils ont néanmoins un rôle important à jouer en matière de développement durable.  Il a aussi souligné l’importance des partenariats pour les pays confrontés à de grandes difficultés sociales ou économiques.  M. Khan a estimé que l’ECOSOC avait un rôle important pour encourager ce type de partenariat.  Il a aussi mis l’accent sur le rôle clef des grands groupes.


Mme FLORENCE CHENOWETH, Ministre de l’agriculture du Libéria, a fait savoir que, dans son pays, l’agriculture avait un potentiel énorme en matière de développement durable.  Elle a expliqué que son gouvernement mettait l’accent sur l’adoption de pratiques favorisant une exploitation durable, ainsi que sur des techniques de protection des terres, de la flore et de la faune.  Le taux d’insécurité alimentaire était de 58% en 2006, il était passé à 42% puis à 35% en 2012.  Ce chiffre demeure cependant préoccupant et c’est pourquoi, le Gouvernement du Libéria a pris une série de mesures pour attirer des investissements afin que les agriculteurs puissent tirer profit des avancées scientifiques et techniques.


Le Gouvernement du Libéria a mis en place un organe qui vise à distribuer 35% des intrants agricoles à des femmes, notamment aux femmes chefs de famille, a indiqué la Ministre.  En 2010, a-t-elle ajouté, le PAM a exclusivement utilisé du maïs et du manioc produits au Libéria pour ses programmes d’alimentation scolaire dans le pays.  Après 25 ans de crise, qui avait anéanti le secteur agricole du pays, le Libéria a pu devenir relativement autonome sur ce plan, s’est-elle félicitée.


Quelles ressources faudrait-il injecter pour continuer sur cette voie? a demandé le Modérateur.


La Ministre a répondu qu’au cours des six dernières années, son pays avait attiré près de 16 milliards de dollars en investissements étrangers dont la moitié a été octroyé au secteur agricole.  Actuellement, le Libéria présente les coûts les plus élevés au monde en électricité, avec 57 cents par watt.  Comment peut-on investir dans l’agriculture en payant autant pour l’énergie? a fait remarquer Mme Chenoweth, qui a souligné que seuls des investissements d’envergure devaient s’imposer dans le secteur énergétique.


Mme HUNTER LOVINS, Présidente de Natural Capitalism, a mis l’accent sur la valeur ajoutée des sociétés qui ont intégré les trois piliers du développement durable.  Elle a appelé à examiner les facteurs qui ont permis aux sociétés ayant intégré la notion de durabilité dans la gestion de leur entreprise d’obtenir de meilleurs résultats en matière de création d’emplois.  Elle a indiqué que 46 études montraient que les entreprises écologiquement viables avec une éthique et une bonne gouvernance, qui se comportent de manière « durable » ont un meilleur rendement économique que les « mauvais élèves » en la matière.  Elle a cité l’identification de 13 aspects bénéfiques auprès des sociétés ayant fait de la durabilité une priorité.  « Si vous agissez de manière viable, vous conservez les meilleurs talents; si vous êtes un pays écologiquement responsable, vous attirez les touristes », a insisté Mme Lovins, avant de citer en exemple la société « Unilever » qui a doublé ses profits en deux ans, après s’être engagée à réduire de moitié son impact sur l’environnement et à sortir des millions de personnes de la pauvreté. 


M. GARY LAWRENCE, Vice-Président et Responsable en chef de la viabilité de la société AECOM, a estimé qu’il serait nécessaire de créer un organe qui fasse le lien entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile.  Tant qu’il n’y en aura pas, ce sera difficile de résoudre les problèmes auxquels le monde est actuellement confronté, a-t-il avancé.  M. Lawrence a ensuite souligné l’importance que revêt la durabilité dans la chaîne d’approvisionnement industriel.  À l’avenir, seules les entreprises qui mettent l’accent sur la viabilité réussiront à attirer et à conserver le meilleur de la main d’œuvre.


Quels sont les défis qui se posent pour l’intégration de ces trois dimensions? a demandé le Modérateur.


Le panéliste a indiqué que les « certitudes inappropriées » concernant la définition de termes tels que durabilité ou viabilité qui présentent un défi de taille à surmonter.  Aux États-Unis, de nombreuses personnes sont convaincues que la lutte contre des problèmes mondiaux comme les changements climatiques ou la promotion d’objectifs communs comme le développement durable représentent en fait une atteinte aux libertés individuelles, a-t-il fait observer.


Notant qu’il faudrait produire plus d’aliments dans les 40 prochaines années qu’on ne l’a fait depuis des millénaires, M. PHILIP DOBIE, Directeur de recherche du Centre mondial d’agroforesterie, a jugé déterminant d’examiner la question des énergies et des récoltes.  Au lieu de continuer à se rendre au ministère des finances pour rappeler que la dégradation de l’environnement va coûter cher, les écologistes feraient mieux d’expliquer à ce ministère que les performances économiques et sociales d’un pays pourraient être améliorées grâce à une meilleure gestion de l’environnement, a-t-il dit.  La production d’électricité de la Finlande grâce aux produits de la forêt dépasse celle du Kenya, a-t-il fait remarquer, en soulignant qu’il serait important d’encourager les agriculteurs à planter plus d’arbres afin de pouvoir profiter d’une source diversifiée de ressources durables.  Il a cité, à cet égard, le lancement d’un programme de sécurité alimentaire au Malawi, établi sur la base de l’agroforesterie.  « Nous pensions planter des arbres, mais nous avons finalement lutté contre le VIH/sida », a-il-dit en faisant observer que les produits de ces arbres avaient permis d’augmenter la source de vitamine A qui a servi à immuniser contre la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant. 


Si Mme Hunter Lovins, Présidente de Natural Capitalism, a mis l’accent sur les solutions africaines découlant de milliers d’années d’expérience, la Ministre de l’agriculture du Libéria  a insisté plutôt sur l’éducation des femmes, la priorité par excellence.  De son côté, M. Gary Lawrence a souligné le potentiel de l’agriculture urbaine qui peut profiter de l’expérience des agriculteurs qui se sont établis dans la ville.  Rappelant qu’il faudrait 200 ans pour obtenir 1 centimètre d’épaisseur de terre agricole, M. Philip Dobie a souligné qu’il était urgent de garantir la durabilité des sols, afin d’éviter un point de non-retour.  


S’agissant des partenariats et du rôle de l’ECOSOC, Mme Lovins a appelé à aider à promouvoir l’éducation des populations sur les bonnes pratiques à suivre pour une agriculture durable.  L’ECOSOC a un rôle clef à jouer pour établir un lien entre les engagements pris et leur exécution sur le terrain, a indiqué Mme Chenoweth, avant d’appeler, elle aussi, l’ECOSOC à s’impliquer dans la consolidation de la paix, afin que cette question soit au centre de tous les efforts de développement économique et social.  M. Philip Dobie a appelé les responsables de l’ECOSOC à faire appel plus souvent à des scientifiques.


M. FELIX DODDS, ancien Directeur exécutif du Forum des parties prenantes pour un avenir durable, a vu dans la création d’un Comité d’experts sur le financement du développement durable, une des plus grandes réussites de la Conférence Rio+20.  Il a estimé qu’il était important non seulement d’identifier plusieurs options pour permettre aux pays en développement d’aller de l’avant, mais également d’établir des recours réalistes.  M. Dodds a ensuite averti que l’impact de l’urbanisation, de l’augmentation de la démographie, des économies émergeantes, ou encore des changements climatiques, risque de provoquer une augmentation des demandes dans le secteur agricole, en eau ainsi qu’en matière d’énergie.  Pour M. Dobbs, il faudrait élaborer un programme de développement qui soit en mesure d’établir des liens inter et intrasectoriels.


Un des échecs de Rio+20, a-t-il fait remarquer, est que les gouvernements n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’élaboration d’un cadre mondial pour la présentation de rapports sur le développement durable.  Il faudrait s’entendre sur un processus unique afin de rendre la tâche plus facile pour tous, a-t-il suggéré.  M. Dobbs a également souligné l’importance de réexaminer la question des partenariats et de privilégier les approches qui insistent sur l’esprit d’entreprise.  M. Dobbs a ensuite fait observer que les imprimantes en trois dimensions pourraient faire éclater la bulle asiatique car les particuliers pourront dorénavant créer eux-mêmes certains des produits qu’ils consomment.  Il a également cité en exemple les informations qui peuvent être téléchargées sur la plateforme iTunes, ainsi que le système Google Health.  Ces innovations ont le potentiel de causer la perte de milliers d’emplois, a-t-il prévenu.  M. Dobbs a préconisé, outre la création d’un groupe intergouvernemental sur le développement durable, la mise sur pied d’un mécanisme unique qui permette, a-t-il précisé, à tous les acteurs de discuter des défis rencontrés et de participer à la prise de décisions.


Débat interactif avec les délégations


Déclin économique, propriété foncière, vulgarisation scientifique, savoir autochtones étaient au nombre des questions soulevées au cours des échanges de cet après-midi au sein de l’ECOSOC.


Lançant la discussion, le représentant de l’Inde a d’emblée fait observer que sept milliards de tonnes d’aliments sont gaspillées chaque années.  Compte tenu de cette situation, faut-il véritablement produire davantage ou plutôt examiner la question de la distribution et des modes de consommation?  Le représentant du Centre mondial d’agroforesterie a soulevé, quant à lui, le problème des déchets qui atteint des niveaux « intolérables » dans les pays en développement.


Le représentant de l’Égypte a abordé la question de l’agriculture urbaine, tandis que le représentant de l’International Trade Center (ITC) a parlé de l’importance de faire le lien entre investissement et commerce.


« La question qui se pose réellement est de savoir comment faire pour être compétitif tout en restant honnête et tirer profit de ses investissements », a commenté le panéliste de l’AECOM, qui a cité l’exemple des investissements de son entreprise en Afrique et ailleurs où la compétition est rare.


Il a également fait observer que le langage scientifique n’est pas facilement compréhensible pour la plupart des gens qui doivent changer leur comportement.  Il faut apprendre à mieux vulgariser les problématiques et l’apport de la science pour que tous se sentent davantage impliqués, a-t-il recommandé.


À son tour, la représentante du Honduras a soulevé les problèmes liés au manque d’intérêt pour les campagnes pour les jeunes.  Elle a par ailleurs engagé l’ECOSOC à davantage réfléchir aux meilleurs moyens de diffuser les informations car, a-t-elle fait observer, de nombreux pays comme le sien n’ont pas les moyens de participer à toutes ses réunions.


La représentante d’une université spirituelle a ensuite parlé de la méthode agricole « yogi » qui a été lancée en Inde et qui allie méditation et agriculture afin de contribuer à améliorer à la fois le bien-être des personnes et le rendement.


Son homologue de la Bolivie a parlé des connaissances agricoles des populations autochtones et de l’importance de puiser dans ces « sagesses » pour assurer une agriculture durable.


Certes, a réagi la présidente de Natural Capitalism, qui a fait remarquer qu’en vertu du droit relatif à la propriété intellectuelle aux États-Unis, les entreprises peuvent breveter les connaissances d’autrui.  C’est un véritable acte de piraterie intellectuelle, a-t-elle dénoncé.  Elle a également attiré l’attention sur les problèmes liés à l’achat, par les pays développés, de vastes parcelles de terre dans des pays en développement, afin de subvenir à leurs besoins alimentaires.  Les êtres humains sont-ils au service de l’économie, ou bien est-ce que l’économie devrait être au service de l’être humain? a-t-elle demandé.


La Ministre du Libéria, abordant la question de la propriété foncière, a rappelé qu’au Libéria, après 25 années de guerre, cette question était devenue une boîte de Pandore.  L’élection de Mme Helen Sirleaf-Johnson a tout fait changer et désormais, les femmes et les petits exploitants agricoles peuvent acquérir des terres ou les revendiquer.


Poursuivant sur le même sujet, le représentant du Centre mondial d’agroforesterie a fait observer que l’exode rural donne également lieu à de nombreux problèmes en matière de propriété foncière.  Il a également conseillé aux gouvernements de s’assurer qu’il n’y ait pas un déséquilibre entre ce qui revient aux régions urbaines et ce qui revient aux régions rurales.


Reprenant la parole, la présidente de Natural Capitalism a encouragé l’ECOSOC à examiner la notion de « bonheur national brut », comme l’a préconisé le Bhoutan, et d’en faire la base du développement durable.  Elle a en outre signalé que le système économique actuel ne permettait pas de gérer un monde à croissance zéro et a recommandé à l’ECOSOC d’organiser une réunion avec des experts sur le déclin économique afin de mieux comprendre cette question.


Remarques de clôture


Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que le développement durable dépendait de l’intégration des dimensions sociale, économique et écologique.  Il a déclaré que les décideurs avaient besoin plus qu’auparavant de la science, de la technologie et de l’innovation pour réaliser les objectifs de développement durable et s’est félicité que cet aspect ait été bien souligné aujourd’hui.  Renforcer le lien entre la science et la

politique est essentiel pour le développement durable, a insisté le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales avant de rappeler que les décideurs avaient désormais besoin d’être guidés par les chercheurs, les scientifiques, les experts et les universitaires.


« Nous devons disposer d’un agenda unique pour le développement durable, d’objectifs clairs et de cadres politiques qui nous permettent d’atteindre ses objectifs, appuyés par une coopération internationale renforcée », a-t-il insisté.  Il faudrait également faire participer les parties prenantes et encourager les entreprises à intervenir aussi dans des situations postconflit car, a-t-il dit, les gouvernements ne peuvent, à eux seuls, y parvenir.  Il faudrait aussi investir en faveur de l’agriculture durable pour promouvoir une situation profitable à tous, qui favorise une croissance inclusive et la réduction de la pauvreté.  Il a appelé à renforcer la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour faire en sorte que la consolidation de la paix soit intégrée dans tous les efforts de l’ONU en matière de développement durable.  Il a estimé que l’ECOSOC devrait servir de lien entre les gouvernements, l’ONU, la société civile, les universités et le secteur privé pour faire avancer le programme de développement après 2015. 


Pour sa part, le Président du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) s’est félicité de cette journée de débat qui a permis, a-t-il dit, d’identifier les priorités et d’entendre la présentation d’initiatives pouvant contribuer à l’adoption d’une approche plus claire concernant le développement durable.  « Nous sommes en train de forger ce qui doit être ˝L’avenir que nous voulons˝ », a insisté M. Osorio, en ajoutant que le débat interactif a également permis d’échanger des expériences utiles qui serviront d’inspiration pour l’intégration des dimensions sociale, économique et écologique du développement durable, en mettant l’accent sur la gestion durable des énergies et de l’agriculture.  Le programme sur lequel nous travaillons consiste à imaginer ce qui sera réalisé après 2015 et à repenser le modèle de développement, de le réorienter pour le rendre plus durable.  Les idées qui ressortent de ces réunions d’intégration constituent une étape et des éléments très utiles pour la session de fond de juillet prochain, qui se tiendra cette année à Genève.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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