CS/11205

Le Chef de la MANUL souligne l’exaspération croissante de la population libyenne vis-a-vis de la transition politique et des différentes milices opérant dans le pays

9/12/2013
Conseil de sécuritéCS/11205
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

7075e séance – matin


LE CHEF DE LA MANUL SOULIGNE L’EXASPÉRATION CROISSANTE DE LA POPULATION LIBYENNE VIS-A-VIS

DE LA TRANSITION POLITIQUE ET DES DIFFÉRENTES MILICES OPÉRANT DANS LE PAYS


« La situation sécuritaire en Libye continue d’être très précaire », a prévenu, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), M. Tarek Mitri, devant le Conseil de sécurité.  Le mécontentement et le désarroi croissants de la population vis-à-vis de la transition politique et des différentes milices opérant dans le pays, a-t-il expliqué, se sont traduits, au cours de ces dernières semaines, par d’importantes manifestations.


« À Tripoli, la colère de la population dirigée contre les brigades révolutionnaires et les autres groupes armés est exacerbée par les fréquents affrontements entre ces derniers », a-t-il affirmé, avant de préciser qu’un différend mineur avait récemment dégénéré en de véritables affrontements dans toute la capitale.  Le Chef de la MANUL a rappelé que 46 personnes avaient perdu la vie et 516 autres avaient été blessées à Tripoli le 15 novembre, à la suite de protestations massives contre les brigades révolutionnaires de Misrata. 


Cédant à la pression, les brigades de Misrata se sont retirées de Tripoli, tandis que d’autres brigades ont vidé les locaux qu’elles occupaient, a indiqué M. Mitri.  La ville de Benghazi a également connu une vague de protestations qui demandent le départ des brigades armées et la reconstitution de la police et de l’armée, a-t-il ajouté.


Le Représentant spécial a replacé ce mécontentement populaire dans un contexte marqué par une insécurité sans précédent, en soulignant qu’au cours de ces dernières semaines, le nombre d’assassinats et d’enlèvements de responsables de l’État avait augmenté, tant à Benghazi qu’à Derna.  Le Chef de la MANUL a ainsi rappelé que le commandant militaire de Benghazi avait survécu, le 18 novembre, à une tentative d’assassinat qui s’apparente, a-t-il dit, à une campagne délibérée visant les symboles de l’autorité de l’État.


« Malgré les mesures du Gouvernement libyen pour remédier aux lacunes sécuritaires, les faibles capacités des institutions politiques et militaires demeurent extrêmement préoccupantes », a déploré M. Mitri.  Les évènements du mois dernier soulignent qu’il est important pour les différents groupes armés d’engager un dialogue.  Il est donc crucial que toutes les parties s’attèlent à un processus global de réintégration et éventuellement de désarmement, et ce, afin que l’État regagne le monopole de l’usage de la force, a-t-il souligné.


Le Représentant spécial a ensuite expliqué que la demande du Secrétaire général afin qu’une unité de garde soit déployée pour sécuriser les locaux de la MANUL avait été mal comprise par les différents groupes libyens, certains d’entre eux suspectant même qu’une telle demande était le prélude à une intervention internationale.  M. Mitri a tenu à dissiper tout malentendu et réaffirmé que la MANUL respectait pleinement la souveraineté de la Libye.


« La situation des 8 000 personnes détenues en raison du conflit demeure une source de préoccupation », a-t-il déclaré, en expliquant que ces détentions prolongées et l’absence d’un contrôle effectif de l’État créaient un environnement propice aux actes de torture et autres formes de mauvais traitements.  Il a ainsi avancé que la Mission avait recueilli des preuves tangibles d’actes de torture.  Depuis la fin du conflit, 27 personnes sont décédées en détention, dont 11 pour cette année, a-t-il rappelé.


M. Mitri s’est en revanche félicité de la promulgation, la semaine dernière, d’une nouvelle loi sur la justice transitionnelle, qui prévoit notamment que les détenus soient relâchés ou remis aux autorités judiciaires dans un délai de 90 jours après la promulgation de ladite loi.


Passant ensuite à l’élection des 60 membres de l’Assemblée constituante, le Chef de la MANUL a indiqué que 700 candidats étaient inscrits sur les listes électorales et que 74 femmes se disputeraient les six sièges qui leur sont réservés.  « Bien que la première phase de l’inscription des électeurs ait commencé le 1er décembre, la Haute Commission électorale reste prudente pour déclarer la date définitive de ces élections », a poursuivi M. Mitri.  Cela s’explique en partie par le boycott de la communauté amazigh, a-t-il dit.


Le Représentant spécial a indiqué, à cet égard, que les garanties constitutionnelles entourant les droits des minorités devraient encore faire l’objet d’une solution de compromis acceptable, en dépit des six sièges qui sont réservés aux minorités ethniques et religieuses.


Relevant ensuite l’absence d’un accord politique sur le mandat du Congrès général national, le Représentant spécial a indiqué qu’il avait tenu, en novembre, une réunion consultative avec une quarantaine de responsables politiques, de femmes et de personnalités indépendantes.  Les échanges, remarquablement francs, ont reflété le souhait de tous les participants de parvenir à un accord et d’éviter à tout prix un vide politique, a-t-il précisé.   


Il est nécessaire, a souligné M. Mitri, d’engager un dialogue inclusif national qui puisse éliminer les profondes divergences politiques dans le pays.  Les différentes initiatives visant à promouvoir un tel dialogue national devraient être réunies au sein d’un seul processus recueillant l’assentiment de toutes les parties, a préconisé le Chef de la MANUL.


Enfin, le Représentant spécial a expliqué que la Mission avait demandé aux autorités libyennes de faire parvenir davantage d’informations sur les systèmes de défense aérienne portative (MANPADS) placés sous leur contrôle.  Il a en outre émis l’espoir que les dirigeants libyens établissent une plus grande coopération avec les partenaires internationaux dans le domaine de la prolifération des armes.


En ce qui concerne le concentré d’uranium connu sous le nom de « yellow cake », M. Mitri a indiqué que les 6 400 barils de cette matière, entreposés dans un dépôt militaire désaffecté près de Sebha, étaient sous le contrôle d’un bataillon de l’armée libyenne.  Une équipe d’inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), avec l’appui de la MANUL, doit se rendre en Libye le mois prochain pour comptabiliser les stocks existants, a-t-il précisé.


Le Président du Comité du Conseil créé par la résolution 1970 (2011), M. Eugène-Richard Gasana (Rwanda), a ensuite présenté les travaux accomplis par le Comité au cours de ces trois derniers mois.  Il a notamment souligné les difficultés rencontrées par le Groupe d’experts pour obtenir, de la part d’États Membres, des réponses à ses demandes de visite.


Concernant la supervision de la mise en œuvre des sanctions, il a indiqué que le Groupe enquêtait sur les individus visés par une interdiction de voyager et qu’il demeurait préoccupé par les informations faisant état de violations de l’embargo sur les armes.


Le Président du Comité a ajouté que le Groupe d’experts avait signalé que la MANUL et le Service de la lutte antimines des Nations Unies avaient assuré la sécurisation des stocks de MANPADS de Sebha.  Le Comité a été informé du nouveau statut des notices spéciales INTERPOL-Conseil de sécurité, a assuré M. Gasana, en précisant que 17 notices concernant des individus et deux concernant des entités figurant sur la Liste du Comité avaient été publiées.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.