Conseil de sécurité: le Représentant spécial au Darfour s’inquiète de la recrudescence de la violence intercommunautaire dans la région
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Conseil de sécurité
7010e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL AU DARFOUR S’INQUIÈTE DE LA RECRUDESCENCE
DE LA VIOLENCE INTERCOMMUNAUTAIRE DANS LA RÉGION
Le nouveau représentant spécial conjoint Union africaine-Nations Unies au Darfour, M. Mohamad Ibn Chambas, s’est inquiété, ce matin, devant le Conseil de sécurité, de la recrudescence des violences interethniques dans la région et des conséquences de ces violences sur les populations civiles.
La situation en matière de sécurité au Darfour demeure fragile, comme en témoignent les récents événements tragiques, dont l’attaque qui a tué 7 Casques bleus tanzaniens et blessé 17 autres membres de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), le 13 juillet dernier, a-t-il souligné.
M. Mohamad Ibn Chambas, qui a pris ses fonctions le 1er avril, présentait, ce matin, aux membres du Conseil de sécurité, le rapport* trimestriel du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).
Depuis le début de l’année, la violence inter- et intra-communautaire dans plusieurs parties du Darfour, de même que les affrontements entre les forces gouvernementales et les mouvements armés non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour de 2011, se sont intensifiés, a-t-il expliqué.
Ces violences ont causé des pertes en vies humaines, le déplacement forcé de populations et une dégradation du tissu économique et social qui touche, au premier chef, les civils, a-t-il souligné.
Les violences interethniques dans le nord, le centre et le sud du Darfour reflètent, a-t-il dit, des tensions croissantes concernant l’accès à l’eau, à la terre et aux ressources minérales.
Il a affirmé que la MINUAD continuait d’encourager les différentes parties à établir un dialogue en vue de s’attaquer aux causes profondes de ces affrontements, notamment en appuyant les diverses initiatives locales de médiation.
La MINUAD participe aussi à l’évacuation médicale des blessés, augmente ses patrouilles dans les zones touchées et documente les violations des droits de l’homme et les violences sexistes.
Toutefois, ces quatre derniers mois, le personnel militaire de la MINUAD a fait l’objet d’attaques à quatre reprises, a-t-il rappelé, en précisant que le Procureur spécial pour les crimes de guerre au Darfour l’avait informé, cette semaine, de l’ouverture d’une enquête concernant l’embuscade dont a été victime le personnel des Nations Unies, le 13 juillet dernier.
Soulignant que la MINUAD disposait des effectifs nécessaires à l’exécution de son mandat, il a cependant estimé qu’elle avait besoin de matériel, de formation et d’une plus grande souplesse dans son déploiement actuel.
À cet égard, il a salué la décision de déployer désormais les contingents pour une période d’un an et non plus six mois. « Cela permettra à la Mission de disposer d’un personnel qui connaît mieux la situation sur le terrain », a-t-il dit. Il a aussi considéré que l’acquisition d’hélicoptères de transport tactiques en vue de lancer des poursuites contribuerait considérablement à dissuader les embuscades.
Tandis que 2013 marque la dixième année de conflit au Darfour, le Représentant spécial conjoint a réaffirmé que le Document de Doha pour la paix au Darfour, signé en 2011 par le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la libération et la justice (MLJ), demeurait la seule option durable pour la paix et le développement dans la région.
Les parties signataires du Document de Doha ont continué à œuvrer en vue de son application, en dépit de la lenteur des progrès sur le terrain, a-t-il reconnu, en appelant le Conseil de sécurité à appuyer ces efforts.
Pour sa part, le Représentant permanent du Soudan auprès des Nations Unies, M. Daffa-Alla Ali Osman, a assuré aux membres du Conseil de sécurité que la mise en œuvre du Document de Doha progressait régulièrement.
Il a cependant prévenu que les retards enregistrés dans le versement des contributions annoncées lors de la Conférence internationale des donateurs pour la reconstruction et le développement du Darfour, qui s’était tenue les 7 et 8 avril à Doha (Qatar), avaient une incidence sur la mise en œuvre de la stratégie de développement.
M. Osman a ensuite reconnu que toutes les hostilités tribales étaient liées à l’accès et au contrôle des ressources en eau, en minéraux et des terres, « qui sont, a-t-il rappelé, les causes principales du conflit au Darfour ». « C’est la raison pour laquelle la région a besoin de projets de développement », a-t-il insisté.
Condamnant l’attaque « barbare » dont a été victime le personnel de la MINUAD, le 13 juillet, il a exprimé la détermination de son gouvernement à poursuivre et traduire en justice les auteurs de ces actes.
Il est nécessaire pour la MINUAD de coopérer avec les autorités du Darfour afin de garantir la sécurité et la bonne circulation de son personnel, a souligné M. Osman, en précisant que « cela ne signifie pas que le Soudan souhaite modifier le mandat de la Mission ou restreindre ses mouvements ».
Il a également invité la MINUAD à se défendre efficacement pour éviter qu’elle ne devienne un cible facile aux groupes rebelles qui cherchent à faire obstacle au processus de paix et adresser un message selon lequel la région demeure instable ».
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN
Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2013/420)
Dans ce rapport, qui rend compte de l’évolution de la situation au Darfour au cours de la période des trois derniers mois, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, observe que l’action menée en vue de réaliser une paix globale au Darfour, à laquelle adhéreraient toutes les parties, a continué d’être en butte à d’énormes difficultés.
Parmi les difficultés, M. Ban cite, en particulier, des conflits intercommunautaires généralisés, qui sont de plus en plus fréquents dans plusieurs parties du Darfour, et des affrontements militaires opposant continuellement les forces gouvernementales aux mouvements armés non signataires. Il se dit très inquiet des conséquences de ces évènements sur les civils innocents.
Selon des estimations, ces conflits ont entraîné le déplacement de 300 000 personnes, un chiffre plus élevé que celui des personnes déplacées dans l’ensemble du Darfour au cours des deux dernières années, souligne M. Ban.
Au total, 157 000 personnes auraient été déplacées rien qu’au cours des trois derniers mois à la suite d’affrontements militaires ou de violents accrochages intercommunautaires, note-t-il.
Le Secrétaire général observe également que les efforts en faveur d’un accord de paix global au Darfour n’ont pas donné les résultats escomptés et que la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour, signé en 2011 par le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la libération et la justice (MLJ), accuse un retard considérable.
Les mouvements non signataires, qui sont résolus à « forcer un changement au niveau du Gouvernement central par des moyens militaires », seraient responsables de ce retard, précise-t-il.
M. Ban se dit, par ailleurs, profondément troublé par le fait que Mohamed Bachar, le chef du MJE-faction Bachar, et plusieurs autres membres de cette faction aient été tués, à la mi-mai, par les forces du MJE-faction Gibril peu après que la faction Bachar soit devenue partie signataire du Document de Doha.
« Cet incident, prévient-il, risque de miner l’espoir d’un règlement négocié du conflit au Darfour ».
Le Secrétaire général rappelle également que les donateurs s’étaient engagés à verser un total de 3,6 milliards de dollars pour financer la mise en œuvre de la stratégie pour le développement, décidée lors de la Conférence internationale des donateurs pour la reconstruction et le développement du Darfour, qui s’était tenue les 7 et 8 avril à Doha.
Cet appel aux contributions reste ouvert mais « certains donateurs potentiels se sont montrés quelque peu réticents en raison des faibles progrès accomplis dans la mise en œuvre du Document de Doha, de l’insécurité qui persiste dans certaines régions du Darfour, et des restrictions d’accès qui continuent d’être imposées aux partenaires humanitaires, aux partenaires de développement et à la MINUAD », fait-il remarquer.
Au 26 juin 2013, les effectifs du personnel civil de la MINUAD représentaient 84% du total autorisé, fixé à 5 277 personnes, tandis que les effectifs militaires s’élevaient à 14 800 personnes.
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