En cours au Siège de l'ONU

7000e séance – matin
CS/11063

Hauts responsables des Nations Unies et délégations des pays voisins de la Syrie alertent le Conseil de sécurité sur la situation tragique des personnes déplacées et des réfugiés syriens

« Ce flux de réfugiés, souligne le Chef du HCR, n’avait jamais été atteint depuis le génocide rwandais »

Trois hauts responsables des Nations Unies et les représentants permanents de plusieurs pays limitrophes de la Syrie ont alerté, ce matin, les membres du Conseil de sécurité sur la situation dramatique des Syriens déplacés dans leur propre pays ou qui traversent les frontières pour fuir les combats.

À l’intérieur de la Syrie, 7,8 millions de Syriens ont besoin d’une aide humanitaire et près de la moitié d’entre eux sont des enfants, a expliqué la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos.

Malgré les efforts humanitaires considérables qui sont entrepris pour atteindre ces civils dans les zones contrôlées par les parties au conflit, ainsi que dans les zones de combat, cette aide, a-t-elle dit, demeure insuffisante.

Mme Amos a insisté sur les conséquences dévastatrices de cette crise sur la société syrienne, en citant la destruction des infrastructures et de nombreux édifices appartenant au patrimoine culturel du pays, ainsi que celle des réseaux familiaux et communautaires.  « Nous assistons, a-t-elle dit, à la destruction d’un pays et de son peuple. »

Actuellement, 1,8 million de réfugiés syriens sont accueillis dans les pays de la région.  En moyenne, 6 000 personnes quittent la Syrie chaque jour, a précisé le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), M. António Guterres.

« Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés n’avait jamais connu un tel flux de réfugiés depuis le génocide au Rwanda, il y a 20 ans », a-t-il fait remarquer.

Par ailleurs, la situation de ces réfugiés se dégrade considérablement et il est de plus en plus difficile de garantir la sûreté et la protection des personnes qui veulent fuir la Syrie vers d’autres pays de la région, a-t-il prévenu, en faisant état d’incidents qui se sont produits notamment au Liban, en Iraq et en Égypte.

Entre mars 2011 et la fin du mois d’avril 2013, 92 201 personnes ont été tuées en Syrie, a précisé le Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović, qui a noté que de graves violations des droits de l’homme, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité étaient constamment commis dans le pays.

Il s’est aussi dit très préoccupé par les flux de combattants étrangers en Syrie, qui viennent aider les deux parties au conflit.  « Le rapatriement de ces combattants étrangers dans des cercueils exacerbe les tensions dans les États voisins », a-t-il prévenu, en appelant à cesser toute fourniture d’armes aux deux parties et à redoubler d’efforts en faveur d’une solution politique du conflit.

« Le Liban a, à maintes reprises, mis en garde contre les retombées du conflit syrien dans les pays limitrophes », a fait remarquer son représentant.

Son pays, a-t-il précisé, a enregistré une augmentation de 460% du nombre de réfugiés syriens depuis le début de l’année.  « Alors que les violences se poursuivent, d’ici à fin 2013, le nombre de réfugiés syriens –outre celui d’autres réfugiés accueillis au Liban- devrait atteindre 1 229 000 personnes, soit un quart de la population libanaise », a-t-il prévenu. 

« C’est comme si les États-Unis devaient accueillir un afflux de 75 millions de réfugiés, soit deux fois la population du Canada », a-t-il lancé en s’adressant à la Présidente du Conseil de sécurité.  « Pouvez-vous seulement imaginer, Madame la Présidente, les conséquences d’un afflux d’une telle ampleur sur votre propre pays? » a-t-il demandé. 

L’Iraq, malgré une situation économique tendue, a déjà fourni plus de 50 millions de dollars d’aide pour répondre aux besoins liés à cette crise; tandis que les dépenses de la Turquie s’élèvent déjà à 1,5 milliard de dollars, ont précisé leurs représentants respectifs.

La Syrie, a soutenu son représentant, a participé avec le plus grand sérieux aux négociations qui ont abouti à l’adoption du cinquième plan de secours humanitaires pour sa population civile.

À ce jour, seulement 35% des montants alloués à la mise en œuvre de ce plan ont été versés, a-t-il déploré.  Si le financement n’augmente pas, a-t-il prévenu, les secours essentiels à la survie seraient compromis dès le début du mois de septembre prochain.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

S’exprimant depuis Genève par vidéoconférence, Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, a souligné que la crise en Syrie exigeait un ferme engagement durable de la part de la communauté internationale car, a-t-elle souligné, les conséquences de cette crise sur la situation sociale et en matière de développement sont énormes.  « Les réseaux familiaux et communautaires sont détruits et nous sommes les témoins de la destruction d’un pays et de son peuple », a-t-elle prévenu.  Par ailleurs, le taux de chômage va croissant, la devise se dévalue et les infrastructures sont détruites, en particulier les écoles et les hôpitaux.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé à la prudence pour prévenir les risques d’épidémies causées par les maladies transmissibles par l’eau, comme le choléra, la typhoïde ou l’hépatite.

Elle a rappelé que 7,8 millions de Syriens ont besoin d’une aide humanitaire et près de 50% de ceux qui ont besoin d’une assistance sont des enfants.  Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 4 millions de personnes ne sont plus en mesure de se nourrir.  En mai, le PAM a apporté une assistance à 2,5 millions de personnes et 1,7 million de Syriens ont, par ailleurs, bénéficié d’une intervention en soins de santé.  Nombre de ceux ayant reçu une assistance se trouvent dans des zones contrôlées par l’opposition ou dans des zones de conflit, a-t-elle fait remarquer, en assurant que les convois des institutions humanitaires continuaient d’acheminer l’aide à travers ces lignes de front. 

Tout en reconnaissant l’importance des efforts humanitaires entrepris à l’intérieur de la Syrie, malgré ces contraintes, Mme Amos a reconnu que cette aide était insuffisante.  Par ailleurs, elle a souligné que les organisations n’étaient toujours pas en mesure d’obtenir un accès régulier, sans entrave et en sécurité dans les zones où se trouvent les personnes dans le besoin.  L’accès à Damas et à Homs, par exemple, est toujours bloqué car les convois n’ont pas l’autorisation d’entrer.  Par conséquent, les institutions humanitaires n’ont pas accès aux milliers de personnes qui se trouvent dans les zones rurales autour de Damas.  Tandis que le conflit s’aggrave à Alep, où un convoi des Nations Unies est arrivé dimanche avec 15 camions chargés de denrées et de médicaments, ces fournitures restent insuffisantes pour répondre aux besoins croissants des civils qui sont toujours coincés dans la ville, a-t-elle insisté. 

« Partout en Syrie, nous observons un schéma qui se répète à travers le pays », a déclaré Mme Amos.  « Des attaques indiscriminées sont lancées de façon répétée contre les villes et les villages.  L’obligation de protéger les civils n’est pas respectée et nous faisons face à un mépris de la vie humaine dans un climat d’impunité généralisé », a-t-elle dit.

Elle a ensuite dénoncé les procédures bureaucratiques imposées par le Gouvernement de la Syrie qui font obstacle aux efforts humanitaires.  Les procédures de douanes, par exemple, retardent considérablement l’acheminement de matériel humanitaire.  Actuellement, 14 ONG sont autorisées à poursuivre leurs activités en Syrie.

« Nous avons besoin d’adopter différentes approches pour répondre aux défis humanitaires auxquels nous sommes confrontés en Syrie.  Nous avons besoin de permettre aux institutions humanitaires d’engager des discussions avec les parties concernées pour lever les contraintes.  Nous avons besoin de tracer des couloirs humanitaires, y compris à travers les lignes de front.  Nous avons aussi besoin de ressources financières », a-t-elle insisté.  Pour répondre aux besoins de Syriens et à ceux des réfugiés syriens dans les pays d’accueil, il faudrait réunir 3,1 milliards de dollars, a-t-elle précisé.  Avant de conclure, Mme Amos s’est fait l’écho de l’appel lancé aux parties par le Secrétaire général, en appelant à un cessez-le-feu au cours de ce mois sacré du Ramadan.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), intervenant par vidéoconférence depuis Genève, a présenté la situation tragique des 1,8 million de réfugiés syriens qui sont actuellement accueillis dans les pays de la région, les deux tiers ayant fui la Syrie depuis le début de l’année.  En moyenne, 6 000 personnes quittent la Syrie chaque jour, a-t-il précisé, en rappelant que le HCR n’avait pas connu un tel flux de réfugiés depuis le génocide au Rwanda il y a 20 ans.  Il a également attiré l’attention sur les difficultés supplémentaires qui se posent pour les réfugiés pendant cette saison très chaude et le mois du Ramadan.

Alors que la Syrie continue de perdre sa population, la perspective de trouver une solution politique reste faible, a observé M. Guterres.  Il a indiqué que le flux de réfugiés vers le Liban ne s’arrête pas.  La frontière libanaise reste ouverte, mais des incidents ont eu lieu, a-t-il dit.  Il est difficile de garantir la sûreté et la protection des personnes qui veulent fuir la Syrie vers d’autres pays de la région.  M. Guterres a ainsi donné l’exemple des violences sectaires en Iraq, un pays qui accueille 160 000 réfugiés syriens.  La situation se dégrade également en Égypte où se trouvent 96 000 réfugiés syriens.  En Turquie et en Jordanie, où se trouvent plus d’un million de réfugiés syriens, les frontières ne sont pas fermées mais les réfugiés ne peuvent pas toujours les traverser facilement.

Dans un environnement régional de plus en plus tendu, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a émis l’espoir qu’un équilibre serait trouvé pour éviter aux familles en situation précaire de se trouver prises dans les hostilités.  Le danger de voir le conflit syrien s’étendre à toute la région est réel, a-t-il prévenu, en s’inquiétant de l’incapacité de la communauté internationale de faire face à une crise humanitaire d’une telle ampleur.  Il a préconisé d’adopter une approche axée sur la situation humanitaire et, en particulier, sur les communautés les plus touchées.  La Jordanie et le Liban portent le plus lourd fardeau, mais il ne faut pas oublier l’Iraq, l’Égypte et la Turquie, a-t-il rappelé.

M. Guterres a appelé les institutions des Nations Unies à coordonner leurs efforts pour fournir l’aide humanitaire et salué, à cet égard, les mesures concrètes prises par la Banque mondiale et plusieurs pays donateurs.  Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés est prêt à appuyer ces efforts, a-t-il assuré.  Avant de conclure, M. Guterres a réitéré son appel pour que les frontières des pays voisins restent ouvertes et pour que tout soit fait afin de prévenir l’explosion de toute la région.

S’exprimant au nom de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Mme Navi Pillay; le Sous-Secrétaire général de l’ONU aux droits de l’homme, M. IVAN ŠIMONOVIĆ, a précisé que 92 201 personnes avaient été tuées en Syrie, entre mars 2011 et la fin du mois d’avril 2013.  Ce décompte, a-t-il expliqué, a été réalisé grâce à une méthodologie rigoureuse qui consiste à confirmer chaque victime, son nom, la date et le lieu du décès, et à comparer ensuite ces données à des informations collectées par trois banques de données différentes.

Parmi ces victimes, 6 561 étaient mineures d’âge et, parmi celles-ci, 1 729 étaient âgées de moins de 10 ans.

Selon les informations recueillies jusqu’ici, des enfants ont été emprisonnés, torturés, exécutés ou recrutés comme combattants par les groupes de l’opposition armée.  Selon la Commission d’enquête sur la Syrie, 86 enfants combattants ont été tués dans les hostilités.

Avec une moyenne d’environ 5 000 décès par mois, les chiffres démontrent la détérioration dramatique du conflit en Syrie, a souligné M. Šimonović.

Sur le terrain, il a expliqué que, depuis le mois d’avril, les forces gouvernementales et leurs milices avaient pris des mesures pour déloger l’opposition armée d’Al-Qusayr et de Talkalakh, dans le Gouvernorat de Homs, à Alep et à Damas.  Par ailleurs, les forces gouvernementales continuent leurs bombardements disproportionnés et utilisent des armes telles que des missiles balistiques tactiques ou des bombes thermobariques, qui causent d’importants dommages et de nombreuses victimes lorsqu’elles sont utilisées dans les zones peuplées.

Les groupes d’opposition ont également commis des actes de torture et des enlèvements, notamment le long des lignes de secteur, ou mènent des opérations militaires dans des zones peuplées, mettant en danger la vie des civils, a-t-il poursuivi.  M. Šimonović a particulièrement insisté sur la situation à laquelle font face les populations de Homs.  « Tandis que les bombardements se poursuivent à Homs, il est difficile d’obtenir des informations sur le nombre de victimes mais nous ne devons pas permettre que les souffrances et la mort de civils comme en témoigne la situation à Al-Qusayr se répète », a-t-il insisté.  M. Šimonović a lancé un appel aux parties afin de permettre aux civils piégés par les combats de quitter la zone sans craindre des risques de représailles. 

Sur le plan des droits de l’homme, M. Šimonović a fait remarquer que de graves violations des droits de l’homme, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité étaient constamment commis.  Entre janvier et mai 2013, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a reçu des témoignages d’incidents qui sont qualifiés de massacres, notamment les 2 et 3 mai dans le village d’Al-Bayda.  Selon les survivants interrogés par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, le massacre d’Al-Bayda aurait causé la mort d’au moins 200 personnes, dont certaines ont été brûlées ou exécutées.

M. Šimonović a précisé que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme continuait de mener des enquêtes sur des allégations d’assassinats commis par des groupes d’opposition armés le long des lignes de secteur.  Il a également fait état d’indicateurs troublants selon lesquels les massacres intercommunautaires seraient, à présent, bien réels.  Tous les dirigeants, a-t-il rappelé, ont la responsabilité de s’abstenir d’utiliser tout langage ou toute rhétorique pouvant exacerber ces tensions.  Il s’est aussi dit très préoccupé par les flux de combattants étrangers en Syrie, qui viennent aider les deux parties.  « Le rapatriement de ces combattants étrangers dans des cercueils exacerbent les tensions dans les États voisins », a-t-il prévenu, en appelant à cesser toute fourniture d’armes aux deux parties et à redoubler d’efforts en faveur d’une solution politique du conflit.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a dénoncé les mesures arbitraires et unilatérales imposées par certains États à la Syrie, de même que leur appui aux groupes terroristes armés qui entrent en Syrie à travers les frontières avec des pays voisins.  Le Gouvernement syrien a participé avec le plus grand sérieux aux négociations qui ont abouti au cinquième plan de secours humanitaires, afin de préserver une coopération constructive avec le système des Nations Unies, a-t-il assuré.  Le représentant s’est félicité, à cet égard, de l’extension des objectifs du plan de secours afin d’aider le Gouvernement syrien à reconstruire les infrastructures visées par les groupes terroristes armés.

Les autorités syriennes ont créé le Haut Comité des secours, organisme national chargé de ramener les familles déplacées dans leurs régions et de leur fournir un logement temporaire et des ressources, a indiqué M. Ja’afari.  Le représentant a soutenu que 803 centres de logements temporaires, comprenant des services sociaux et des écoles, avaient été mis en place pour les accueillir.  À ce jour, a-t-il dit, 918 000 familles sont déplacées à l’intérieur du pays.  Il a aussi mentionné l’existence d’un comité gouvernemental qui s’occupe de la reconstruction et du dédommagement des personnes dont le logement a été détruit.  Le Gouvernement syrien a aussi autorisé un plus grand nombre d’ONG pour faciliter les secours humanitaires, a-t-il ajouté, en précisant que 14 de ces organisations opèrent maintenant dans le pays.  En outre, plus de 200 visites de membres d’organismes internationaux ont été autorisées en vue d’améliorer cette assistance.

La coopération du Gouvernement syrien avec les Nations Unies est régie par des textes que la Syrie applique, a-t-il poursuivi, en demandant en même temps au Secrétariat des Nations Unies et aux États Membres de faire preuve du même respect envers la Charte de l’ONU, notamment en ce qui concerne l’intégrité territoriale de la Syrie.  Le représentant a dénoncé les déclarations concernant les personnes encerclées à Homs, en faisant remarquer que son gouvernement œuvrait pour leur venir en aide.  Ces déclarations, a-t-il dit, ne doivent pas détourner l’attention du blocus imposé par des terroristes armés à des habitants de la Syrie.  Ces villages ne méritent-ils pas des mesures de la part des Nations Unies pour faire cesser ce blocus?

En ce qui concerne Homs, le représentant syrien a assuré que son gouvernement avait demandé au Comité international de la Croix-Rouge de l’assister.  Contrairement à ce qui est prétendu, les chiffres et les statistiques parlent d’eux-mêmes, a-t-il fait remarquer.  Citant ceux du Programme alimentaire mondial (PAM), il a indiqué que 60% de l’assistance reçue était dirigée vers les régions où les groupes armés sont actifs.  Les Nations Unies disent avoir fait parvenir 10 convois à un million de bénéficiaires depuis le début de l’année, mais le manque de financement reste un problème très sérieux pour la Syrie, a-t-il averti.  À ce jour, a-t-il fait observer, seulement 35% des montants alloués à la mise en œuvre du plan de secours humanitaire pour la Syrie ont été versés.  Si le financement n’augmente pas, les secours essentiels à la survie seront compromis dès le début du mois de septembre, a-t-il prévenu.  Le représentant a ensuite annoncé que 68 000 Syriens étaient revenus en Syrie, dont 40 000 de Turquie et 9 000 de l’Iraq.  Il a regretté que certains pays aient retiré aux réfugiés syriens leurs documents d’identité et les intimident pour les dissuader de retourner en Syrie.

L’armée syrienne est confrontée à un terrorisme sans précédent, a poursuivi le représentant.  La Syrie doit être en mesure de s’opposer à ce terrorisme transnational, a-t-il insisté.  Quel que soit son nom, « Jihad », « lutte armée » ou « Jihad sexuel », ce terrorisme transnational se poursuit au su de tous, a-t-il déploré.  La Syrie condamne le terrorisme salafiste que certains ont combattu dans d’autres pays, comme le Nigéria, l’Iraq, l’Égypte, la Libye et la Tunisie, a-t-il tenu à préciser.  La réalité d’aujourd’hui est que des centaines de milliers de Syriens sont affectés par le terrorisme, a-t-il dit en concluant son intervention.

M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé que la situation tragique en Syrie a coûté, à ce jour, la vie à des milliers de personnes et contraint des centaines de milliers d’autres à fuir les zones de conflit et à trouver refuge dans les pays voisins.  Il a regretté que le Conseil de sécurité ne puisse mettre fin à ce conflit.  « Le Liban a, à maintes reprises, mis en garde contre les retombées du conflit syrien dans les pays limitrophes », a-t-il fait remarquer.  Par ailleurs, les incursions récurrentes depuis la Syrie sont autant de menaces à la stabilité et à la sécurité du Liban, a-t-il souligné. 

Dans ce contexte, le représentant s’est félicité du fait que la déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de sécurité, le 10 juillet dernier, fasse écho à des protestations levées par le Président libanais, M. Michel Sleimane.  Il a réaffirmé que son gouvernement demeurait pleinement attaché à sa politique de dissociation du confit syrien et aux engagements pris dans la déclaration de Baabda du 12 juin 2012.

Au Liban, le nombre de réfugiés syriens a connu une augmentation de 460% depuis le début de l’année, a-t-il dit.  Si 1,2 million de Syriens ont trouvé refuge au Liban, nombre d’entre eux ne se sont pas enregistrés, ce qui explique le décalage entre les chiffres, a-t-il expliqué.  « Alors que les violences se poursuivent, d’ici à fin 2013, le nombre de réfugiés syriens ou autres au Liban devrait atteindre 1 229 000 personnes, soit un quart de la population libanaise », a-t-il prévenu. 

« C’est comme si les États-Unis devaient accueillir un afflux de 75 millions de réfugiés, soit deux fois la population du Canada », a-t-il lancé en s’adressant à la Présidente du Conseil de sécurité.  « Pouvez-vous seulement imaginer, Madame la Présidente, les conséquences d’un afflux d’une telle ampleur sur votre propre pays? » a-t-il demandé. 

Malgré ces difficultés, le représentant a insisté pour dire que le Liban ne fermerait pas ses frontières et ne cesserait pas de fournir une aide humanitaire fondamentale aux réfugiés, dans la limite de ses capacités.  « Le Liban estime cependant qu’il est en droit de demander à la communauté internationale de partager ce fardeau », a-t-il précisé, avant de conclure.

M. MOHAMED ALI ALHAKIM(Iraq) a indiqué que son gouvernement avait pris des mesures pour atténuer les souffrances de ses « frères syriens », pour montrer sa reconnaissance envers la Syrie qui avait accueilli des réfugiés iraquiens lorsque son pays était en crise.  Le Gouvernement iraquien a ainsi contribué à hauteur de 10 millions de dollars lors de la Conférence internationale des donateurs pour la Syrie, qui s’était tenue au Koweït, et a créé un fonds de 40 millions de dollars.  Pour aider les réfugiés syriens, le Gouvernement iraquien fournit en outre 400 dollars par mois aux familles et 150 dollars aux personnes seules.  L’Iraq apporte cette assistance sans chercher de compensation de la part de la communauté internationale, a-t-il précisé.  L’Iraq, a-t-il ajouté, fournit des services sociaux à ces réfugiés, comme l’accès aux écoles, ainsi que des services médicaux dans les hôpitaux.

En ce qui concerne la situation sécuritaire et politique, M. Alhakim a rappelé que son gouvernement avait appuyé la recherche d’une solution pacifique par les Syriens eux-mêmes.  Il a également indiqué que l’Iraq avait, à cet égard, appuyé les efforts des Nations Unies.  Le Gouvernement iraquien, a-t-il réaffirmé, n’appuie pas d’intervention militaire étrangère et appelle toutes les parties, arabes et non arabes, à cesser de soutenir financièrement et militairement les militants des groupes armés et milices islamiques.  M. Alhakim a exhorté le Gouvernement syrien à ouvrir la voie aux organisations internationales pour qu’elles puissent venir en aide aux civils.  Il s’est aussi dit préoccupé par les allégations d’utilisation d’armes chimiques, en rappelant que les Iraquiens en avaient eux-mêmes souffert.

M. LEVENT ELER (Turquie) a estimé que le tableau décrit et les chiffres que les responsables des différentes institutions des Nations Unies ont fourni, ce matin, parlent d’eux-mêmes.  Du côté turc de la frontière, nous pouvons dire que la crise syrienne menace la sécurité régionale et internationale et fait peser un lourd fardeau aux pays limitrophes, a-t-il souligné.  Ces pays ne peuvent pas, à eux seuls, assumer ce fardeau, a-t-il insisté.  Malgré ce fardeau qui ne cesse d’augmenter, la Turquie continuera d’être aux côtés des Syriens, a affirmé M. Eler, en rappelant que son pays accueillait, à ce jour, 200 000 réfugiés syriens dans une vingtaine de camps. 

Actuellement, les dépenses de la Turquie visant à faire face à cette situation s’élèvent à 1,5 milliard de dollars, a indiqué le représentant.  Il a souligné que de nouvelles mesures étaient nécessaires pour garantir l’accès humanitaire en Syrie et répondre aux besoins des personnes déplacées à l’intérieur du pays.  Il a estimé, par exemple, que le Conseil de sécurité devrait envisager des alternatives pour fournir l’aide humanitaire, y compris par le biais d’opérations transfrontalières.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale, a-t-il souligné, ont la responsabilité morale d’agir de façon urgente, déterminée et collective.

 

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