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CS/11036

Les problèmes liés à la sécurité et des institutions encore faibles rendent la gestion de la transition en Libye plus difficile, prévient le Chef de la MANUL

18/06/2013
Conseil de sécuritéCS/11036
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Conseil de sécurité                                        

6981e séance – matin                                       


LES PROBLÈMES LIÉS À LA SÉCURITÉ ET DES INSTITUTIONS ENCORE FAIBLES RENDENT LA GESTION

DE LA TRANSITION EN LIBYE PLUS DIFFICILE, PRÉVIENT LE CHEF DE LA MANUL


« Le peuple libyen continuera à subir, dans les mois à venir, les lourdes conséquences de plusieurs décennies d’un régime brutal et, de ce fait, la gestion de la transition sera plus difficile que nous ne le pensions », a prévenu, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), M. Tarek Mitri, devant le Conseil de sécurité.


Sur le plan de la sécurité, a-t-il fait remarquer, les affrontements qui ont eu lieu à Benghazi, le 8 juin dernier, lors d’un des plus grands rassemblements depuis la révolution, ont causé la mort de nombreuses personnes. 


Ce qui avait démarré comme une manifestation pacifique s’est soldé par des échanges de tirs, tuant de nombreux manifestants, a rappelé M. Mitri, en précisant que les revendications des manifestants insistaient, notamment, sur le démantèlement des brigades « Boucliers de Libye », qui sont composées principalement de formations révolutionnaires et placées sous le contrôle opérationnel du chef d’état-major de l’armée libyenne.


Le Gouvernement libyen a réagi rapidement aux incidents en transférant le contrôle de plusieurs brigades de Benghazi à l’armée libyenne.  Par ailleurs, le Gouvernement a décidé de créer une garde nationale, au sein de laquelle ces brigades pourraient être incorporées, « mais il existe encore des divergences de vue sur le statut de ces brigades et sur leur relation avec l’État », a-t-il souligné.


Le 15 juin, la situation en matière de sécurité s’est encore détériorée à Benghazi, « dans ce qui semblait être des représailles aux événements du 8 juin », a-t-il expliqué, en citant notamment l’attaque d’une base militaire par des hommes armés.  Le Chef de la MANUL a condamné dans les termes les plus vifs ce type d’attaques et demandé à tous les Libyens de soutenir leurs institutions légitimes.


M. Mitri a également souligné que la question de la sécurité des frontières demeurait une priorité pour la Libye, pour les pays voisins, ainsi que pour la communauté internationale. 


À cette fin, le Gouvernement libyen doit axer ses efforts sur l’élaboration d’une stratégie nationale, qui tienne compte des questions de l’intégration des révolutionnaires, de l’amélioration de la coordination entre les institutions, de la formation ou encore de l’efficacité opérationnelle.  Ces efforts doivent aussi viser à établir un dialogue avec les pays voisins et les partenaires internationaux, a-t-il poursuivi.


De nombreux incidents liés à la sécurité ont lieu dans le pays alors que les institutions chargées de la sécurité demeurent faibles et qu’il est difficile de coordonner les efforts entrepris dans le pays, a fait observer le Représentant spécial.


Concernant la situation politique, le Chef de la MINUL est revenu sur la « polarisation croissante » suscitée par la loi prévoyant d’écarter des postes de direction au sein des institutions du pays les personnes associées à l’ancien régime ou ayant commis des violations des droits de l’homme. 


Cette loi, qui a été promulguée le 5 mai, aura des répercussions sur le processus politique et sur l’administration, a prévenu M. Mitri.  Elle établit la liste des postes politiques ou de la fonction publique, ainsi que certains types d’affiliation ou de conduite en vue de déterminer l’exclusion d’individus de la vie publique et politique pour une période de 10 ans. 


Le Représentant spécial a estimé que cette loi présentait plusieurs lacunes au regard des normes internationales, des bonnes pratiques et des risques potentiels de telles mesures d’exclusion.  Des amendements à cette loi, qui visaient à établir des exceptions pour les personnes ayant soutenu la « révolution », ont été rejetés, a-t-il ajouté.


Dans ce contexte, et malgré son opposition active au régime de Qadhafi durant plus de 30 ans, le Président du Congrès général national, M. Mohamed al-Megaryef, n’aurait plus été en mesure d’exercer sa fonction et a choisi de démissionner.  Ce matin, le Chef de la MANUL a tenu à rendre hommage à la manière dont M. al-Megaryef a dirigé le Congrès général national depuis sa création.  Il a estimé que la communauté internationale lui devait appréciation et respect pour le rôle qu’il a joué avec dignité en prenant ses distances de la scène politique libyenne ».


M. Mitri a également précisé que la MANUL restait très préoccupée par la situation des migrants en Libye, ainsi que par le sort des détenus et les informations faisant état de torture dans les centres de détention ou d’exécutions extrajudiciaires. 


« Il ne faut sous-estimer ni les risques, ni les opportunités en Libye », a tenu à préciser le Représentant spécial.  « L’ambiance a peut-être changé depuis mon dernier exposé devant le Conseil de sécurité mais, a-t-il précisé, les Libyens n’ont pas perdu confiance et continuent de réaffirmer les principes qui les ont conduits à la révolution et leur engagement en faveur d’un État moderne et démocratique. »


Le Président du Comité créé en vertu de la résolution 1970 (2011), M. Eugène-Richard Gasana (Rwanda), a présenté les travaux accomplis par le Comité au cours de la période du 15 mars au 18 juin 2013.


M. Gasana a, en particulier, rappelé que lors de son dernier exposé devant le Conseil de sécurité, il avait indiqué que le Comité était disposé à assurer le suivi de 5 des 8 recommandations formulées par le Groupe d’experts créé par la résolution 2040 (2012), chargé notamment de l’aider à s’acquitter de son mandat.


Lors de consultations officieuses, le 6 mai dernier, a-t-il rappelé, le Groupe d’experts avait présenté les conclusions de sa visite en Libye.  Au cours de cette visite, les experts avaient pu constater une attitude positive à l’égard du régime de sanctions modifié.  Le Groupe d’experts s’est également rendu dans le nord du Mali, où il avait inspecté des armes et des munitions saisies à des groupes armés dans les zones de Gao et d’Adrar des Ifoghas, dont certaines venaient clairement de Libye, a indiqué M. Gasana.


S’agissant de l’embargo sur les armes, il a précisé que le Comité avait approuvé six requêtes d’exemption et reçu deux notifications sur lesquelles aucune décision négative n’a été prise.  Le Comité avait également reçu cinq notifications concernant le gel des avoirs qui n’ont donné lieu, elles aussi, à aucune décision négative, a-t-il ajouté.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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