CS/11025

Le Conseil de sécurité salue le lancement de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM)

06/06/2013
Conseil de sécuritéCS/11025
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6975e séance – matin                                       


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SALUE LE LANCEMENT DE LA MISSION D’ASSISTANCE

DES NATIONS UNIES EN SOMALIE (MANUSOM)


La Somalie est sur la voie du relèvement, assure son Vice-Premier Ministre


Le Conseil de sécurité, au terme d’un débat que présidait, ce matin, le Ministre du Royaume-Uni pour les questions africaines, M. Mark Simmonds, a pris note avec satisfaction du lancement, le 3 juin, de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), créée un mois plus tôt.  Pour le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, il s’agit là d’un « cap historique ».


La Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Somalie, Mme Fowsiyo Yusuf Haji Adan, a assuré que son pays était désormais sur la « voie du relèvement ».  Le Gouvernement fédéral somalien met en œuvre une politique en six points qui a pour objectif de créer un cadre pour le long terme, a-t-elle expliqué, en faisant observer une diminution des attaques d’Al-Chabab et des actes de piraterie.


Mme Haji Adan a cependant reconnu que les Somaliens continuaient d’être touchés par le terrorisme, en précisant que les groupes Al-Qaida et Al-Chabab continuaient à poser des menaces à la paix et à la sécurité du pays. 


« La MANUSOM va appuyer le processus politique, la consolidation de la paix et la protection des droits de l’homme, mais relever les défis de maintien de la paix dépend avant tout du Gouvernement fédéral somalien », a expliqué, à l’ouverture de ce débat, M. Eliasson, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur la Somalie.


Huit mois après la formation du Gouvernement fédéral somalien, un programme politique a été élaboré en vue de la stabilisation et de la consolidation de la paix, a indiqué le Vice-Secrétaire général.  Un processus a ainsi été lancé pour réexaminer la Constitution provisoire de la Somalie avant les élections prévues pour 2016, a-t-il dit, en saluant les efforts du Gouvernement somalien et invitant la communauté internationale à les soutenir.


Dans son rapport, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, rend compte des principaux faits nouveaux survenus en Somalie, entre le 16 janvier et le 15 mai 2013, dans les grands domaines de l’action que mène l’ONU dans le pays, à savoir: appui au processus politique et à la gouvernance; sécurité; assistance humanitaire; relèvement économique et social et développement; droits de l’homme et état de droit. 


Il fournit des informations actualisées sur l’exécution du mandat du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS), avant sa fermeture le 3 juin, ainsi que sur la planification du déploiement de la MANUSOM autorisée, le 2 mai dernier, par la résolution 2102 (2013) du Conseil de sécurité.


La MANUSOM, dont le siège est à Mogadiscio, a pour mandat d’offrir les « bons offices de l’ONU à l’appui du processus de paix et de réconciliation mené par le Gouvernement fédéral somalien ».  Elle doit également l’aider à coordonner l’action des donateurs internationaux et à renforcer sa capacité à « promouvoir le respect des droits de l’homme et l’autonomisation des femmes, la protection des enfants, prévenir les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits, et consolider les institutions judiciaires somaliennes ».


Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a rappelé aujourd’hui que la MANUSOM devra être une mission intégrée d’ici au 1er janvier 2014.  De même, il a mis l’accent sur le rôle incombant à la Mission d’aider le Gouvernement fédéral somalien à coordonner l’assistance internationale, et a sollicité la coopération des partenaires internationaux et des organisations internationales, notamment l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union européenne.


Il se félicite en outre de la tenue, à Londres le 7 mai dernier, de la Conférence sur la Somalie, coprésidée par le Président somalien, M. Hassan Sheikh Mohamud, et le Premier Ministre britannique, M. David Cameron.


Il « souscrit sans réserve » au communiqué de la Conférence, dans lequel la communauté internationale dit appuyer le Gouvernement fédéral somalien et ses projets visant à renforcer les forces armées et la police, à reconstruire le secteur de la justice et à améliorer la gestion des finances publiques.


« Nous avons une responsabilité collective et il faut que cela continue », a assuré M. Simmonds.  Cependant, a poursuivi le Ministre britannique des affaires africaines, malgré les avancées, la Somalie continue de se heurter à d’immenses difficultés. 


« C’est pourquoi, a-t-il affirmé, des efforts considérables sont nécessaires pour relever les défis. »  « La communauté internationale ne peut pas rester passive devant des menaces d’une autre famine », a-t-il ajouté, en faisant également état de la situation sécuritaire et des attaques du groupe Al-Chabab.


Au nom de l’IGAD, dont les membres ont tenu deux sommets extraordinaires sur la Somalie les 3 et 24 mai derniers, le représentant de l’Éthiopie a estimé que ce pays se trouvait « sur une voie très encourageante et prometteuse ». 


Il a indiqué que les pays membres de l’IGAD s’étaient accordés sur cinq principes: le leadership du Gouvernement fédéral somalien dans le processus de réconciliation; le respect de la Constitution provisoire; un processus consultatif sans aucune exclusive; le soutien du rôle de l’IGAD basé sur les priorités du Gouvernement fédéral somalien; et la lutte contre Al-Chabab en tant qu’axe prioritaire du Gouvernement fédéral somalien, de l’AMISOM et des partenaires régionaux et internationaux.


Au cours de la discussion, plusieurs délégations se sont dites préoccupées par la menace que représentent les actes de piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes.  Le délégué russe a préconisé une bonne coordination dans ce domaine, notamment pour couper les flux de financement aux pirates.


LA SITUATION EN SOMALIE


Rapport du Secrétaire général sur la Somalie (S/2013/326)


Déclarations


M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé avoir visité la Somalie en 1992 en tant que premier Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies.  C’était une période très sombre, a-t-il dit.  La Somalie continue d’être confrontée à de nombreuses difficultés mais des progrès considérables ont été accomplis, grâce notamment à l’engagement du personnel de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des Forces de sécurité somaliennes.  Cette semaine, nous avons franchi un cap historique en lançant la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) à Mogadiscio, a-t-il souligné.  La MANUSOM va appuyer le processus politique, la consolidation de la paix et la protection des droits de l’homme, mais relever les défis de maintien de la paix dépend avant tout du Gouvernement somalien, a-t-il précisé, en mettant également l’accent sur l’importance des relations de bon voisinage entre la Somalie et les pays voisins.


Huit mois après la formation du Gouvernement fédéral somalien, un programme politique a été élaboré en vue de la stabilisation et de la consolidation de la paix, a noté M. Eliasson.  Un processus a ainsi été lancé pour réexaminer la constitution provisoire avant les élections prévues pour 2016.  Il a salué les efforts du Gouvernement somalien et invité la communauté internationale à les soutenir.  Pour M. Eliasson, la mise en place d’un État fédéral en Somalie est une tâche complexe et exigeante.  Il a rappelé, à cet égard, les tensions à Kismayo qui ont suivi la déclaration d’un État régional début avril.  Le 15 mai, a-t-il ajouté, 500 délégués ont choisi un président pour ce qu’ils appellent « l’État Djoubaland de la Somalie », alors que cette administration est considérée comme illégale et anticonstitutionnelle.  Le processus a aussi été critiqué parce qu’il n’est pas suffisamment inclusif, a-t-il ajouté.  La situation, a-t-il prévenu, reste explosive.


M. Eliasson a prôné le dialogue entre les Somaliens pour résoudre les questions relatives à l’unité et au fédéralisme.  L’ONU est prête, si on le lui demande, à fournir de bons offices en respectant pleinement le rôle de leadership du Gouvernement somalien, a-t-il assuré.  Le Vice-Secrétaire général a par ailleurs salué les efforts de coopération de la Somalie avec le Kenya et l’Éthiopie, en invitant à les poursuivre.  Il a également appuyé la déclaration du sommet extraordinaire de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui s’est tenu le mois dernier, reconnaissant le rôle principal du Gouvernement fédéral dans la résolution de la situation à Kismayo.  Ce sommet a aussi recommandé que le Gouvernement fédéral somalien convoque une conférence de réconciliation avec l’appui de l’IGAD et de l’ONU.  En attentant, l’AMISOM a un rôle crucial à jouer pour garantir la sécurité et la liberté de déplacement de tous ceux qui sont engagés dans le processus de paix, a-t-il dit.  Le Vice-Secrétaire général a aussi parlé du rôle important que doit jouer l’Union africaine.


L’AMISOM a atteint ses limites opérationnelles et a besoin de ressources supplémentaires, a averti M. Eliasson, avant d’exhorter les membres du Conseil à examiner sous un jour positif les demandes faites à cet égard.  Le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) va examiner, en coopération avec l’Union africaine et le Gouvernement fédéral somalien, la question du déploiement de l’AMISOM et la création éventuelle d’une mission de maintien de la paix des Nations Unies.


M. Eliasson, qui s’est félicité ensuite des annonces de contributions d’un montant total de plus de 300 millions de dollars, lors de la Conférence de Londres II, a appelé les donateurs à honorer leurs engagements.  « À la Conférence de Londres, le 7 mai dernier, j’ai été impressionné par la détermination de la Somalie et des pays voisins », a-t-il indiqué, en évoquant les discussions qui ont porté sur les possibilités de coopération économique entre ces pays.  Il a mis l’accent sur l’importance d’une position commune et coordonnée entre les États de la région pour soutenir le processus lancé par le Gouvernement fédéral de la Somalie.


« Nous devons nous mettre d’accord sur un cadre pour la coordination future, en s’appuyant sur la Conférence de Londres II et sur la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique », a insisté le Vice-Secrétaire général.  Il a salué le lancement du « New Deal » et dit attendre avec intérêt le développement d’un nouveau pacte d’assistance qui place les Somaliens au cœur des préoccupations et qui soit accompagné de mécanismes de financement unifiés.


La MANUSOM, qui a déjà établi son siège à Mogadiscio, va assurer une présence dans tout le pays, notamment dans les zones reprises aux milices d’Al-Chabab ainsi qu’à Garowe et Hargeisa.  La Mission soutiendra le dialogue politique et conseillera le Gouvernement fédéral somalien sur les questions de maintien de la paix et de développement de l’État, ainsi que sur les questions de coordination de l’aide internationale.  Il a invité à fournir à cette mission intégrée les ressources dont elle a besoin pour son fonctionnement et pour la Somalie.


M. MARK SIMMONDS, Ministre des affaires africaines du Royaume-Uni, a affirmé qu’après la Conférence de Londres sur la Somalie, qui a eu lieu le 7 mai dernier, le Royaume-Uni avait choisi de faire de la situation en Somalie une haute priorité des travaux du Conseil de sécurité au mois de juin.  La Somalie, a-t-il dit, a connu une transformation profonde au cours des 12 derniers mois, le pays disposant notamment d’une constitution provisoire, son économie se relevant et la diaspora commençant à rentrer au pays.


Le Conseil de sécurité peut être fier du rôle qu’il a récemment joué en Somalie, en particulier en guidant l’ONU vers un plus grand engagement au cours des 20 dernières années.  « Nous avons une responsabilité collective et il faut que cela continue », a-t-il déclaré, en se réjouissant en outre du rôle de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), dont il a salué le courage et le sacrifice de l’ensemble de son personnel. 


Le Ministre britannique des affaires africaines s’est dit encouragé par l’examen des progrès de l’AMISOM que l’ONU et l’Union africaine feront conjointement dans les semaines à venir.  Il est dans l’intérêt de la communauté internationale et de la Somalie que l’élan soit maintenu, a-t-il dit.


Cependant, a poursuivi M. Simmonds, malgré les avancées, la Somalie continue de se heurter à d’immenses difficultés.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, des efforts considérables sont nécessaires pour relever les défis.  La communauté internationale ne peut pas rester passive devant des menaces d’une autre famine, a-t-il déclaré, en faisant également état de la situation sécuritaire et des attaques du groupe Al-Chabab.  Le Ministre a souligné l’importance d’appuyer le plan en six volets du Président Hassan Sheikh Mohamud. 


Il faut, a-t-il suggéré, un bon dosage pour les différentes formes d’appui à la Somalie, tout en veillant à ce que l’AMISOM ait les outils appropriés pour mettre en œuvre son mandat.


M. Simmonds a, de même, mis l’accent sur les défis considérables à relever en matière des droits de l’homme, la Somalie demeurant un des pays les pires au monde concernant les violences contre les femmes. 


Les progrès politiques seront un élément clef d’une stabilité à long terme de la Somalie, a-t-il également affirmé.  Il s’est ainsi félicité du dialogue récent entre le Gouvernement somalien et les responsables des régions du pays.  Ce n’est que par le biais du dialogue que des plans pourront être élaborés, a-t-il estimé, en soutenant que les 12 prochains mois seront essentiels pour la Somalie.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIÉRREZ (Guatemala) a émis l’espoir que la MANUSOM saura créer un partenariat constructif avec le Gouvernement fédéral de la Somalie pour faire face aux défis importants que sont la réconciliation nationale, la distribution du pouvoir et des ressources, la reconstruction des institutions étatiques et le renforcement des droits de l’homme.  Pour ce faire, a-t-il souligné, il est important de consolider les Forces armées et la police somaliennes.  Le Guatemala est cependant préoccupé par la situation dans le sud de la Somalie, en particulier dans le « Djoubaland » qui doit être résolue, a-t-il dit, par le biais d’un dialogue constructif dans le respect de la Constitution provisoire et l’objectif commun de consolider l’État fédéral.  Le représentant a ensuite salué les efforts du nouveau Gouvernement somalien qui a établi des relations de confiance avec les pays voisins.  Avant de terminer, il a formé le vœu de voir à nouveau les côtes somaliennes générer des revenus pour la population du pays, zone qui était jusqu’ici le haut lieu de la piraterie, de la pêche illégale et de dépôt de déchets toxiques.


M. KODJO MENAN (Togo) a noté que la situation en Somalie était fondamentalement différente de celle qui y prévalait il y a un an.  Mais les défis restent tout aussi importants.  Dans cette perspective, nous saluons l’intention de l’Union européenne d’organiser, en septembre 2013, à Bruxelles, une nouvelle Conférence sur la Somalie et espérons que de celle-ci, sortiront des décisions et engagements à même de consolider la relance du développement de ce pays.  Au nombre des défis, le Gouvernement fédéral somalien devrait parvenir à régler, à travers une approche globale, les questions fondamentales en suspens pour la stabilité à long terme de la Somalie.  Il s’agit notamment de la réconciliation, du développement d’un système fédéral, du processus de révision constitutionnelle, avec le référendum sur la Constitution somalienne et des préparatifs pour les élections de 2016.  En outre, il est crucial de ne pas perdre de vue que les rivalités internes font le jeu des milices Al-Chabab.  Si le Gouvernement fédéral somalien ne parvient pas à exercer son autorité sur certaines régions comme Kismayo, cela contribuera à saper son influence dans les autres régions de la Somalie, a-t-il prévenu.


Dans ce contexte, les autorités fédérales somaliennes devraient développer et promouvoir des relations de bon voisinage avec les pays de la région dont le soutien est capital.  Il est aussi important d’aider la Somalie à réformer et à reconstituer ses propres institutions dans le secteur de la sécurité afin de les rendre capables d’assumer, elles-mêmes et à long terme, leurs responsabilités.  Dès lors que l’embargo sur les armes est partiellement levé, le Gouvernement fédéral de la Somalie a la responsabilité de créer des dispositifs de sécurité efficaces et inclusifs afin de protéger les civils.  Le représentant du Togo a également indiqué que les efforts visant le renforcement de la sécurité sont indissociables de ceux ayant trait à la promotion de la justice et de l’état de droit.  La Somalie doit également définir une approche globale de la sécurité dans ses espaces maritimes dans le cadre de la lutte contre la piraterie et des vols à main armée.  Avant de conclure, il a évoqué la situation humanitaire extrême qui prévaut dans le pays où plus d’un million de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire immédiate. 


Mme FERNANDA MILLICAY (Argentine) a souligné la complexité de la mise en place d’institutions fédérales en Somalie, une tâche qui doit se faire de manière inclusive.  Elle a noté particulièrement les difficultés à conserver les zones qui ont été reprises.  Elle s’est aussi inquiétée des attaques perpétrées par les milices d’Al-Chabab qui, a-t-elle dit, utilisent des techniques terroristes.  La représentante a salué la Conférence de Londres sur la Somalie qui s’est tenue le mois dernier et le plan-cadre pour la sécurité nationale qu’elle a adopté.  Concernant les allégations inquiétantes d’exécutions extrajudiciaires, de mutilations, d’enlèvements, de violences sexuelles et autres exactions, elle a insisté sur la nécessité de prendre des mesures visant à faire la lumière sur ces actes.  Les auteurs de ces actes devraient être traduits en justice, a-t-elle ajouté.


La représentante s’est félicitée ensuite de la convocation d’une conférence sur la réforme des institutions judiciaires, en vue de renforcer l’état de droit dans le pays.  Elle a salué la signature, le 7 mai 2013, d’un communiqué conjoint de l’ONU et du Gouvernement somalien sur la prévention de la violence sexuelle.  Notant par ailleurs que 2,7 millions de Somaliens continuaient de dépendre de l’aide humanitaire, elle s’est inquiétée de cette situation de dépendance.  Le personnel humanitaire doit travailler sans entrave, a-t-elle rappelé.  Avant de conclure, la représentante a salué le travail et les efforts de l’Union africaine en Somalie, par l’intermédiaire de l’AMISOM.  Cette Mission doit être dotée des capacités opérationnelles suffisantes pour lui permettre de s’acquitter de son mandat, a-t-elle estimé.


M. LI BAODONG (Chine) a estimé que la Somalie avait désormais une possibilité d’arriver à une grande stabilité, en notant que la situation sécuritaire et humanitaire avaient connu des progrès.  La communauté internationale, a-t-il estimé, doit continuer de fournir un appui à la Somalie.  Il a souligné l’importance de faire progresser le processus de paix et d’appuyer le Gouvernement de la Somalie pour mettre en œuvre la Constitution provisoire et le plan en six points du Président somalien.  Il faut renoncer à la violence et que les groupes armés rejoignent ce processus de façon inconditionnelle, a-t-il déclaré.


Le représentant de la Chine a mis l’accent sur la nécessité d’appuyer les efforts des organisations régionales pour arriver à la paix et à la sécurité en Somalie.  Il a dit espérer que l’ONU renforcera sa coordination avec les organisations de la région, en se félicitant en particulier du rôle joué par l’AMISOM.  M. Baodong a également souhaité un déploiement le plus rapidement possible de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et la réalisation de ses tâches, conformément au mandat établi par le Conseil.


M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a déclaré que le temps était à l’espoir et à l’optimisme en Somalie même si les acquis restent fragiles.  Il existe, a-t-il dit, une opportunité que nous devons saisir.  Les défis sont immenses et exigent un appui de la communauté internationale.  Au plan politique,  la Somalie se tourne désormais vers les élections nationales de 2016 qui impliquent la construction d’institutions étatiques, la réconciliation, le développement d’un système fédéral et la révision du processus constitutionnel.  Établir un système fédéral n’est pas facile, a-t-il fait remarquer, en soulignant la nécessité d’établir un processus inclusif afin de parvenir à un consensus.  Les relations entre la capitale et les administrations régionales et locales seront déterminantes, a-t-il estimé.  L’Australie salue la réouverture du dialogue entre le Gouvernement fédéral somalien et le « Somaliland ».  Mais les tensions dans la région de Juba restent préoccupantes.  C’est pourquoi, a-t-il insisté, il faut une solution urgente pour préserver les acquis.  De même, les relations entre la Somalie et les pays voisins sont aussi cruciales, compte tenu du caractère interdépendant des enjeux de sécurité, a ajouté le représentant. 


Au plan de la sécurité précisément, Al-Chabab demeure une menace, a souligné le représentant de l’Australie, en faisant référence aux récents attentats perpétrés à Mogadiscio.  L’AMISOM atteint ses limites, a-t-il averti, en estimant qu’il était temps d’analyser profondément ses besoins en termes de configuration, de participants et de financement.  L’objectif est de permettre à la Somalie d’assumer sa propre sécurité.  La réforme du secteur de la sécurité est urgente, a rappelé le représentant qui a estimé que la levée partielle de l’embargo sur les armes devrait répondre à la requête du Gouvernement fédéral somalien d’importer des armes.  S’agissant de la piraterie, l’Australie encourage le renforcement des capacités maritimes, en particulier la formation de gardes côtes, conformément à la stratégie maritime de la Somalie.  La solution durable à cette pratique reste liée à la gouvernance et l’état de droit dans le pays, a-t-il cependant précisé. 


M. PHILIPPE BERTOUX (France) a déclaré que depuis plus d’un an, la Somalie avait connu des progrès incontestables, tout en faisant remarquer que cette évolution n’en demeurait pas moins fragile et réversible.  Sur le plan sécuritaire, les progrès semblent avoir atteint un palier.  Le groupe Al-Chabab fait preuve de résilience, continue de contrôler des zones importantes et démontre sa capacité à conduire des opérations de déstabilisation dans les territoires libérés.  En outre, comme le souligne le Secrétaire général, « l’AMISOM ne semble plus en mesure de conquérir de nouveaux territoires ».  Sur le plan politique, le Gouvernement fédéral somalien rencontre des difficultés à mettre en place des administrations régionales.  Les tensions actuelles dans le sud du pays et, en particulier à Kismayo, sont la résultante de facteurs divers: rivalités ethniques, influences étrangères et partage des ressources.  Cette crise a le potentiel de déstabiliser le sud de la Somalie et de remettre en cause des mois de progrès.  Face à ces enjeux, le Conseil doit persévérer dans son soutien à l’AMISOM et à ses contingents.


Le représentant a ajouté que l’effort militaire méritait une réflexion en trois temps.  « Dans l’immédiat, nous devons nous assurer que le retrait éthiopien de l’ouest de la Somalie s’effectue de manière coordonnée avec l’AMISOM.  Ensuite, à moyen terme, une réflexion sur la stratégie de reconquête du territoire somalien qui demeure sous le contrôle d’Al-Chabab doit être menée.  À long terme toutefois, notre priorité stratégique doit être le renforcement des capacités des forces somaliennes, qui représente la seule réponse susceptible de stabiliser durablement le pays », a-t-il précisé.  Par ailleurs, M. Bertoux a dit attendre de la MANUSOM qu’elle apporte tout le soutien nécessaire au Gouvernement fédéral somalien pour coordonner l’aide internationale dans le domaine de la sécurité.  Avant de terminer, le représentant a indiqué qu’en l’absence de solution politique pour l’administration des régions, nos efforts militaires seront insuffisants.  Une issue politique négociée doit être trouvée à la crise actuelle à Kysmayo.  Dans ce but, la France soutient le rôle de médiation conduit par l’Autorité intergouvernementale pour le développement, a assuré M. Bertoux.  Il a donc appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à œuvrer à la réconciliation nationale.  Les États voisins se doivent également de jouer un rôle constructif pour aider le Gouvernement fédéral somalien.  En tout état de cause, a-t-il souligné,  il est essentiel que le Conseil de sécurité renforce son suivi de cette question compte tenu de son potentiel déstabilisateur.


M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a constaté que le peuple de la Somalie était sur la voie du relèvement, en se félicitant ainsi des progrès accomplis, notamment dans les domaines sécuritaire et humanitaire, en dépit des défis qu’il reste à relever.  Il s’est en particulier réjoui des efforts entrepris pour l’examen de la Constitution fédérale provisoire et du plan en six volets adopté par le Gouvernement fédéral somalien.  Il a également appelé le Conseil de sécurité à doter l’AMISOM des ressources nécessaires pour lui permettre d’accomplir son mandat.


Le représentant a demandé à l’administration fédérale et aux administrations régionales de privilégier le dialogue.  Concernant la situation humanitaire, il a noté les progrès tout en constatant le nombre encore élevé de Somaliens qui ont besoin d’une assistance.  Le Rwanda est prêt à poursuivre son assistance à la Somalie, qui est un « pays frère », a assuré le représentant.  Si les défis liés à la sécurité persistent, il s’est dit convaincu que la Somalie sera capable de remporter sa lutte après deux décennies de conflit.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg), tout en estimant que la Somalie était entrée dans une nouvelle ère, a noté que les défis demeuraient considérables.  Les autorités somaliennes devront mettre en place un système fédéral, réviser la Constitution, préparer le référendum sur la future constitution et les élections de 2016.  Les femmes devront être pleinement associées à ce processus politique, a-t-elle souligné.  En parallèle, un processus de réconciliation devra être engagé entre le Gouvernement fédéral et les entités régionales, notamment à Kysmao où la situation demeure particulièrement préoccupante.  Il faudrait accorder une attention particulière à la dynamique régionale, a recommandé Mme Lucas, en précisant que la définition d’un cadre régional pourrait contribuer à renforcer la confiance entre les États de la Corne de l’Afrique, à établir des garanties de sécurité nécessaires et à renforcer la coopération économique dans cette partie du continent africain. 


La sécurité est une condition préalable pour reconstruire la Somalie, a ajouté la représentante.  Le Luxembourg, a-t-elle assuré, s’est engagé à soutenir financièrement la réforme du secteur de la sécurité.  Comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, le Luxembourg estime que l’AMISOM a atteint ses limites en ce qui concerne sa capacité à tenir les territoires libérés et à poursuivre ses opérations offensives, a-t-elle indiqué.  C’est pourquoi, son gouvernement soutient l’intention du Secrétaire général d’effectuer, cet été, conjointement avec l’Union africaine, un examen de l’AMISOM en vue de renforcer la complémentarité des efforts fournis par l’ONU et l’Union africaine.  En outre, l’amélioration des conditions de sécurité sur terre contribuera aussi à répondre aux causes profondes de la piraterie.  L’adoption de la nouvelle stratégie somalienne de sécurité maritime est opportune, a-t-elle dit, en assurant que le Luxembourg continuera son assistance dans ce domaine.  Avant de conclure, la représentante a indiqué que la situation des droits de l’homme restait très préoccupante et qu’à ce sujet, les autorités somaliennes devraient prendre les mesures nécessaires pour que les responsables des violations des droits de l’homme soient traduits en justice.  


M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité de la création de la MANUSOM et de son déploiement dans tout le pays.  Cette Mission, a-t-il estimé, va fournir un « guichet unique » pour l’appui des Nations Unies.  Le représentant a remercié les soldats de l’AMISOM, ainsi que ceux des Forces de défense éthiopiennes et des Forces nationales de sécurité somaliennes, qui ont permis d’améliorer la situation sécuritaire en Somalie.  Il a cependant rappelé que les militants Al-Chabab ne sont pas encore vaincus et qu’il y a d’autres difficultés à résoudre.  Il a souhaité que le Gouvernement fédéral somalien soit en mesure de renforcer l’état de droit dans le pays.  Le représentant a dit appuyer la stratégie de sécurité nationale de la Somalie.  Les États-Unis se sont d’ailleurs engagés à verser 40 millions de dollars supplémentaires pour appuyer la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice en Somalie, a-t-il indiqué.


Le représentant a estimé que la stabilité à long terme en Somalie dépendait de la bonne gouvernance, de l’état de droit et du développement économique.  Il a émis l’espoir que les différends fonciers seraient résolus.  Il a ensuite salué le mécanisme du PNUD mis en place pour faciliter le microfinancement.  S’inquiétant ensuite des violences commises en Somalie et, en particulier des abus sexuels, le représentant des États-Unis s’est félicité des engagements pris pour traiter ce problème.  Une attention accrue doit cependant être accordée à ce fléau, a-t-il estimé.  Sa délégation est préoccupée par la décision du Somaliland d’interdire les vols d’appareils de l’ONU, qui pourrait, a-t-il prévenu, entraver l’acheminement de l’aide humanitaire.  La Somalie doit progresser sur la voie des élections et d’un référendum national en 2016, a-t-il insisté, avant de souligner la situation préoccupante au Djoubaland.


M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) s’est félicité des progrès significatifs réalisés par la Somalie sur la voie de la paix et du dialogue.  La Somalie demeure toutefois confrontée à de nombreux défis qui demandent un appui conséquent de la part de ses différents partenaires, a estimé le délégué du Maroc.  La Conférence sur la Somalie, qui a eu lieu à Londres le 7 mai dernier, a permis de maintenir l’élan de l’appui international, a-t-il estimé.


Le représentant s’est réjoui, de même, de l’adoption de la résolution 2102 (2013) qui a donné lieu à la création de la MANUSOM et à son déploiement, il y a quelques jours.  L’appropriation nationale par les Somaliens de la reconstruction de leur État doit être un principe essentiel à respecter, a-t-il par ailleurs souligné. 


M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a noté que la situation militaire et politique restait très tendue en Somalie, avec notamment la présence de milices d’Al-Chabab qui continuent de contrôler une partie du pays et qui utilisent des tactiques terroristes.  À Mogadiscio, les extrémistes sont encore très actifs, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi il a demandé de renforcer les récents succès militaires de l’AMISOM, des Forces de sécurités nationales et des bataillons éthiopiens, afin de ne pas laisser les groupes indépendants locaux reprendre le contrôle des zones libérées.



Il ne faut pas laisser les groupes indépendants locaux reprendre le contrôle des zones libérées, a-t-il insisté.  Le représentant a souligné la nécessité de renforcer l’aide à l’AMISOM et de maintenir l’embargo sur les armes et le charbon.  Il a cependant regretté que ces embargos ne soient pas forcément respectés par tous les États.


Le représentant a aussi demandé au Gouvernement fédéral somalien de renforcer le secteur de la sécurité et de fournir à la population les services de base essentiels.  Il a également prôné la réconciliation nationale, qui passe notamment par la réintégration des anciens combattants.  Il a appuyé les efforts déployés par le Gouvernement fédéral somalien pour rétablir la normalité dans le Somaliland et le Djoubaland.  Le représentant a estimé que le rôle de médiateur de l’IGAD à cet égard ne sera pas superflu.  La situation humanitaire ne s’améliore pas, a-t-il aussi noté, avant d’évoquer la question également importante de la lutte contre la piraterie.  Il a préconisé une bonne coordination dans ce domaine, notamment pour couper les flux de financement aux pirates.


M. SUL KYUNG-HOON (République de Corée) a affirmé que la Somalie se trouvait à la croisée des chemins, la menace représentée par Al-Chabab pouvant mettre à mal certaines avancées obtenues.  Il s’est en particulier félicité du résultat positif de la Conférence de Londres sur la Somalie, qui s’est tenue le 7 mai dernier.


Il est essentiel de mettre fin aux activités extrémistes d’Al-Chabab, a—t-il insisté, en appelant le Gouvernement fédéral somalien à poursuivre ses efforts en vue d’améliorer le secteur de la sécurité.  Une application stricte du régime des sanctions est indispensable, a-t-il dit, en s’appuyant sur les observations faites en ce sens par le Secrétaire général dans son rapport.  La République de Corée, qui préside le Comité des sanctions concernant la Somalie, fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire respecter le régime des sanctions dans ce pays, a-t-il assuré.  Il a par ailleurs estimé que tous les efforts entrepris en faveur de la Somalie se fondent sur le principe de l’appropriation nationale, sur le partenariat et la coopération.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) s’est félicité de ce que la Somalie soit en bonne voie pour créer des conditions favorables à la paix pour tous les Somaliens.  Il a salué à cet égard les efforts entrepris par le Gouvernement fédéral somalien et ceux de la communauté internationale, notamment à l’occasion de la Conférence de Londres II du 7 mai dernier.  La Conférence de Bruxelles sera un autre jalon important pour apporter l’aide nécessaire à la Somalie afin d’appuyer le développement et la paix dans le pays, a-t-il estimé.  Le représentant a aussi salué l’établissement de la nouvelle mission de l’ONU, la MANUSOM.  Les priorités en matière politique déclinées en six points devraient permettre d’arriver à une mise en œuvre rapide de la réforme du secteur de la sécurité et au développement économique du pays.


Le rétablissement de la sécurité est une condition sine qua non de la reconstruction de la Somalie, après plusieurs décennies de guerre, a souligné le représentant, qui a indiqué avoir pris note l’engagement du Gouvernement fédéral de réaliser cet objectif.  Il a ainsi appelé à renforcer l’aide apportée aux Forces de sécurité nationales et à l’AMISOM.  Le Conseil de sécurité et toute la communauté internationale doivent s’engager fermement dans ce sens, a-t-il estimé.  Par ailleurs, le représentant a pris note du dialogue entamé entre le Gouvernement fédéral somalien et le Somaliland, qui a été lancé à Ankara, en Turquie.  Il s’est inquiété de la situation à Kismayo et a demandé de poursuivre les efforts en matière de lutte contre la piraterie.  Le respect du droit international est une condition essentielle pour répondre au problème de la piraterie, a-t-il précisé.  Avant de conclure, il a félicité les autres organisations internationales, comme la Ligue des États arabes, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et l’Union européenne (UE) pour leur contribution à la résolution de la crise en Somalie.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a salué les efforts déployés par les autorités somaliennes pour établir des institutions crédibles et se tourner vers les sous-régions qui, a-t-il précisé, permettront de renforcer la démocratie dans le pays et ouvriront la voix vers l’élaboration d’une constitution et des élections en 2016.


La Somalie fait néanmoins face à de nombreux défis, a-t-il expliqué, en citant notamment la répartition du pouvoir, le partage de certaines ressources, les problèmes des réfugiés et des personnes déplacées, qui exigent de nombreux efforts et des réponses adaptées.  Le défi de la sécurité est le plus important, a-t-il dit, en soulignant la nécessité d’une aide soutenue de la part de la communauté internationale.  Il s’est, à cet égard, félicité du succès de la Conférence sur la Somalie, qui a eu lieu à Londres le 7 mai dernier.  Il s’est aussi félicité de la création, puis du récent déploiement de la MANUSOM et, notamment, de son rôle d’assistance au secteur de la sécurité et à l’appui à la sécurité maritime.


Mme FOWZIA YUSUF HAJI ADAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Somalie, s’est félicitée de l’établissement de la nouvelle mission de Nations Unies et de la prise de fonctions du nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Nicholas Kay.  Elle a souligné les progrès accomplis par son pays qui se trouve maintenant sur la voie de la reprise.  Le Gouvernement fédéral somalien met en œuvre une politique en six points qui a pour objectif de créer un cadre à long terme.  Elle a noté la diminution des attaques d’Al-Chabab et des actes de piraterie.  Le Gouvernement fédéral somalien contrôle davantage de zones qu’au cours des 20 dernières années, a-t-elle assuré.


Le Vice-Premier Ministre a cependant reconnu que les Somaliens continuaient d’être touchés par le terrorisme, en expliquant que les groupes terroristes Al-Qaida et Al-Chabab continuaient à poser des menaces à la paix et à la sécurité du pays.  À cause de cette situation, a-t-elle regretté, une bonne partie de la population ne dispose pas des services de base, comme l’éducation et la santé.


Mme Haji Adan a ensuite souligné que la famine avait reculé en Somalie et que les cas de piraterie au large de ses côtes étaient en baisse.  Elle a par ailleurs fait état d’une reprise économique par rapport à 2011.  La capitale somalienne, Mogadiscio, jouit enfin d’un calme relatif, a-t-elle indiqué, tout en assurant que les autorités restaient vigilantes.  En outre, le Gouvernement a pris des initiatives en faveur du développement du pays et créé des possibilités d’emplois pour les anciens combattants et les anciens pirates.  Il renforce aussi les services de police, de l’armée et de la justice, a-t-elle dit, en rappelant que la Somalie devait en outre réviser sa Constitution.


Le Vice-Premier Ministre a indiqué que son gouvernement avait créé une commission pour permettre à la Somalie de participer à nouveau au sein de diverses institutions internationales.  Elle a estimé qu’il faudrait aussi encourager les membres de la diaspora somalienne à revenir dans le pays.  L’ambition de la Somalie est de vivre dans un climat de paix et de retrouver sa place au sein de la communauté internationale.  Elle a cité, à cet égard, la Conférence de Londres II, initiative qui, selon elle, a été couronnée de succès.  Elle a aussi parlé de la Conférence de Nairobi sur la reconstruction et l’investissement en Somalie, organisée par la diaspora, qui a rassemblé de nombreux participants au mois de mai dernier.


La Somalie, dont la zone côtière est la plus longue en Afrique, dispose d’importantes ressources maritimes.  Elle possède aussi des ressources en bétail et en terres agricoles, des fleuves, de l’uranium et de l’or, a fait valoir le Vice-Premier Ministre.  La viabilité économique et sociale du pays à long terme dépendra du renforcement des mesures de confiance qui permettront d’attirer des investissements étrangers, a-t-elle fait observer.


L’avenir de la Somalie dépendra aussi de la consolidation du secteur de la sécurité et du système judiciaire, a poursuivi Mme Haji Adan.  Il faudrait fournir aux forces nationales une formation et un équipement appropriés, a-t-elle dit, en reconnaissant que ces forces n’étaient pas toujours disciplinées.  Le Président de la Somalie s’est toutefois engagé personnellement dans ce domaine et compte mettre en place un suivi et un système de responsabilité.  Elle a assuré que le Gouvernement fédéral de la Somalie ne tolèrerait aucune violation des droits de l’homme.  En outre, nous sommes engagés à abolir le recrutement d’enfants soldats et faisons également notre possible pour empêcher les violences sexuelles, a assuré le Vice-Premier Ministre, notamment par la mise en œuvre du Communiqué conjoint sur cette question, signé le 7 mai dernier. 


Concernant la région du Juba, Mme Haji Adan s’est félicitée du communiqué de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, qui a recommandé que le Gouvernement fédéral de la Somalie organise une conférence de réconciliation sous ses auspices.  Le Gouvernement est prêt à mener des efforts de réconciliation lors de cette conférence, pour établir une administration intérimaire conduisant à l’unité, a affirmé le Vice-Premier Ministre, avant d’exhorter tous les acteurs intéressés à appuyer ce processus.  Elle a aussi parlé des efforts de coopération conjointe qui seront conclus avec les pays voisins.  Enfin, elle a remercié les pays qui ont fait des annonces de contributions à la Conférence de Londres II et les organisations internationales qui appuient les efforts du Gouvernement fédéral somalien.


M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), qui s’exprimait au nom des pays de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), lesquels avaient tenu deux sommets extraordinaires sur la Somalie les 3 et 24 mai derniers, a affirmé que la Somalie se trouvait sur une voie très encourageante et prometteuse. 


Néanmoins, les défis liés à la sécurité subsistent, a-t-il dit, en soulignant que le groupe Al-Chabab n’était pas encore vaincu.  Les pays membres de l’IGAD, a-t-il assuré, continuent d’appeler à maintenir la lutte contre ce groupe extrémiste.  M. Alemu a également mis l’accent sur les résultats importants de la Conférence de Londres sur la Somalie, qui a eu lieu le 7 mai dernier. 


Pour l’IGAD, la sécurité, la stabilité et le relèvement sont des priorités essentielles, a poursuivi M. Alemu, en faisant à nouveau référence aux deux sommets extraordinaires consacrés à ces sujets au mois de mai par l’Autorité intergouvernementale pour le développement.  Les pays membres de l’IGAD, a-t-il dit, se sont ainsi accordés sur cinq principes: le leadership du Gouvernement fédéral somalien dans le processus de réconciliation; le respect de la Constitution provisoire; un processus consultatif sans aucune exclusive; le soutien du rôle de l’IGAD basé sur les priorités du Gouvernement fédéral somalien; et la lutte contre Al-Chabab en tant qu’axe prioritaire du Gouvernement fédéral somalien, de l’AMISOM et des partenaires régionaux et internationaux.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité se félicite de la tenue, le 7 mai à Londres, de la Conférence sur la Somalie, coprésidée par le Président somalien et le Premier Ministre britannique.  Il souscrit sans réserve au communiqué publié par la Conférence, au cours de laquelle la communauté internationale a souligné qu’elle appuyait le Gouvernement fédéral somalien et ses projets visant à renforcer les forces armées et la police, à reconstruire le secteur de la justice et à améliorer la gestion des finances publiques.  Le Conseil exprime sa gratitude aux États Membres qui se sont engagés à fournir une assistance lors de la Conférence de Londres.


Le Conseil prend note avec satisfaction du lancement, le 3 juin, de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), et réaffirme son soutien au nouveau Représentant spécial du Secrétaire général, M. Nicholas Kay.  Le Conseil souligne qu’il importe que la MANUSOM établisse rapidement une présence importante à Mogadiscio et au-delà, vu la nécessité urgente d’aider le Gouvernement somalien à mettre en œuvre son programme de paix et de réconciliation, et il s’engage à apporter son soutien au Secrétaire général à cet égard.  Le Conseil affirme qu’il importe que la MANUSOM appuie un processus de paix et de réconciliation dirigé par les Somaliens eux-mêmes.  Il prend note de la fermeture du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS), et remercie l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général, M. Mahiga, et l’ensemble du personnel de l’UNPOS pour le travail qu’ils ont accompli en Somalie.


Le Conseil rappelle qu’il compte que la MANUSOM sera une mission intégrée d’ici au 1er janvier 2014.  Il met l’accent sur le rôle qui incombe à la Mission d’aider le Gouvernement somalien à coordonner l’assistance internationale, et sollicite la coopération des partenaires internationaux et des organisations internationales, notamment l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union européenne.


Le Conseil accueille avec satisfaction l’intérêt que la communauté internationale continue de porter à la Somalie.  Dans ce contexte, il se félicite que l’Union européenne ait l’intention de tenir une conférence sur la Somalie en septembre à Bruxelles.  Cette conférence permettra de faire en sorte que tous les Somaliens recueillent concrètement les dividendes de la paix et donnera le coup d’envoi à un nouveau partenariat entre la Somalie et la communauté internationale en vue de la reconstruction politique et du développement économique du pays.  En outre, le Conseil prend note de la réunion spéciale consacrée à la Somalie qui s’est tenue en marge de la cinquième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique.


Le Conseil tient à exprimer sa gratitude à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et à ses partenaires stratégiques pour les efforts qu’ils ont déployés, aux côtés des forces armées somaliennes, en vue de créer l’espace de sécurité nécessaire pour progresser sur la voie de la paix et de la stabilité en Somalie.  Le Conseil prend note du communiqué sur la situation en Somalie, publié le 10 mai par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il rend hommage à l’ensemble du personnel de l’AMISOM pour le courage dont il a fait preuve et les sacrifices qu’il a consentis, et adresse ses remerciements aux peuples et aux gouvernements des pays fournisseurs de contingents et aux partenaires stratégiques.  Le Conseil se félicite que l’ONU ait l’intention d’entreprendre un examen de l’AMISOM de concert avec l’Union africaine, et souligne qu’il importe que ces deux organisations collaborent étroitement dans ce cadre.


Le Conseil est reconnaissant à la communauté internationale pour le soutien qu’elle apporte à l’AMISOM, notamment à l’Union européenne pour son importante contribution au budget de la Mission.  Il prie de nouveau les donateurs –actuels et nouveaux– de soutenir l’AMISOM, notamment en versant des contributions non préaffectées au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM.


Le Conseil se félicite des progrès récemment enregistrés sur le plan de la sécurité mais estime que ces acquis demeurent fragiles.  Il souligne qu’il importe que la communauté internationale aide le Gouvernement fédéral somalien à créer des forces de sécurité professionnelles, capables et comptables de leurs actes dans le cadre d’une approche globale de la réforme du secteur de la sécurité en Somalie prévoyant une réforme du système de justice, la protection des droits de l’homme et l’instauration de l’état de droit.


Le Conseil demeure préoccupé par la précarité des conditions de sécurité en Somalie et par la menace qu’Al-Chabab continue de représenter pour la paix et la sécurité.  Il condamne à nouveau avec la plus grande fermeté les attaques récemment dirigées contre des civils favorables au processus de paix et de réconciliation en Somalie.


Le Conseil réaffirme qu’il importe que le Gouvernement fédéral règle les questions en suspens qui revêtent une importance vitale pour la stabilité à long terme de la Somalie, telles que la réconciliation nationale, la mise en place d’un système fédéral, la révision de la Constitution et la tenue ultérieure d’un référendum sur la nouvelle Constitution, ainsi que la préparation des élections de 2016.  Le Conseil souligne combien il importe que la MANUSOM et le Gouvernement fédéral somalien engagent un véritable dialogue sur toutes ces questions.  Il demande à nouveau que les femmes soient pleinement associées à tous les processus politiques.


Le Conseil souligne qu’il respecte la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité de la Somalie.  Il met l’accent sur l’importance d’un dialogue constructif entre le Gouvernement fédéral somalien et les administrations locales et régionales.  À cet égard, le Conseil prend note de la reprise du dialogue entre le Gouvernement fédéral et le « Somaliland » en avril 2013, à Ankara.  Il encourage les parties à maintenir leur engagement de poursuivre ce dialogue.


Le Conseil souligne qu’il importe d’instaurer des relations de paix et de coopération entre les États de la région.  Il prend note des efforts déployés par le Gouvernement somalien pour rétablir des relations de bon voisinage et renforcer ainsi la sécurité collective.  Il prend également note du communiqué publié le 24 mai par l’IGAD lors de son vingt-deuxième sommet tenu à Addis-Abeba.  Il partage les préoccupations de l’IGAD concernant la situation à Kismayo et, dans ce contexte, engage toutes les parties à s’abstenir de tous actes susceptibles de compromettre la paix et la stabilité en Somalie.  Il se félicite de l’engagement pris par le Gouvernement fédéral de mener des initiatives de réconciliation dans les régions du Djouba, avec le concours de la MANUSOM, de l’IGAD et d’autres entités concernées.  Le Conseil exprime son intention de garder la situation à l’étude.


Le Conseil souligne que la communauté internationale doit apporter une aide humanitaire soigneusement coordonnée, rapide et soutenue, aux millions de Somaliens qui continuent d’avoir besoin d’urgence d’une assistance humanitaire absolument vitale, ainsi qu’une aide au développement axée sur le rétablissement des moyens de subsistance et le renforcement de la résilience des populations en vue de faciliter la transition vers une paix durable et le développement économique en Somalie.


Le Conseil se déclare vivement préoccupé par les informations faisant état de violations et d’atteintes aux droits de l’homme, qui continuent d’être commises par toutes les parties au conflit en Somalie, notamment les graves violations et sévices visant des enfants.  Le Conseil exprime également l’inquiétude que lui inspirent les informations faisant état de violences sexuelles commises contre des personnes déplacées par des groupes armés organisés et des membres des forces armées somaliennes.  Il demande au Gouvernement somalien de faire le nécessaire pour amener tous les auteurs de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire à répondre pleinement de leurs actes, conformément au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme.


Le Conseil se félicite que le Gouvernement somalien ait signé, en marge de la Conférence sur la Somalie, un communiqué conjoint avec l’ONU sur la prévention des violences sexuelles dans ce pays.  Il souligne qu’il importe de donner effet intégralement et rapidement aux engagements qui y sont énoncés, notamment de dépêcher une équipe d’experts et de formuler ensuite des recommandations touchant les mesures à prendre.  Le Conseil prend note avec satisfaction de l’engagement pris par le Gouvernement fédéral de mettre fin aux meurtres et aux mutilations d’enfants ainsi qu’à leur recrutement et à leur emploi par les parties au conflit armé.  À cet égard, il souligne qu’il importe de mettre en œuvre intégralement et rapidement les deux plans d’action signés par le Gouvernement somalien.


Le Conseil demeure préoccupé par la menace que représentent les actes de piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, et insiste sur le fait qu’il incombe au premier chef à la Somalie de lutter contre la piraterie et les vols à main armée en mer.  Le Conseil se félicite de la réduction sensible du nombre d’attaques menées avec succès par des pirates grâce aux mesures efficaces prises pour lutter contre la piraterie dans le cadre du renforcement des initiatives nationales, bilatérales et multilatérales et des mécanismes de coopération régionale, et estime qu’il faut poursuivre les activités visant à combattre la piraterie, les résultats obtenus pouvant être remis en cause tant que les conditions à terre encouragent la piraterie en mer.  Le Conseil engage le Gouvernement somalien à adopter et à mettre en œuvre sans plus tarder une législation antipiraterie.


Le Conseil réaffirme que les autorités compétentes doivent d’urgence mener des enquêtes et engager des poursuites non seulement contre les suspects capturés en mer, mais aussi contre quiconque incite à la commission d’un acte de piraterie ou la facilite intentionnellement, y compris les cerveaux des réseaux criminels de piraterie qui planifient, organisent, favorisent ou financent illégalement des actes de piraterie et en tirent un profit illicite.  Le Conseil garde à l’étude la possibilité d’appliquer des sanctions ciblées contre de telles personnes ou entités si elles répondent aux critères énoncés au paragraphe 8 de sa résolution 1844 (2008).


Les membres du Conseil de sécurité continueront de suivre de près la situation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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