Conseil de sécurité: la Chef de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud décrit une situation « difficile » mais marquée par quelques progrès
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Conseil de sécurité
6938e séance – après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA CHEF DE LA MISSION DE L’ONU AU SOUDAN DU SUD DÉCRIT
UNE SITUATION « DIFFICILE » MAIS MARQUÉE PAR QUELQUES PROGRÈS
La Représentante spéciale du Secrétaire générale et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), qui présentait cet après-midi au Conseil de sécurité son dernier rapport* d’activités, a estimé que la transition vers un État stable et viable avance à un rythme irrégulier. Le Soudan du Sud est resté confronté à de multiples défis dont la recrudescence des affrontements intercommunautaires et les violations des droits de l’homme.
Mme Hilde Johnson a reconnu, dans le même élan, les efforts déployés par le Gouvernement sud-soudanais, lesquels ont été expliqués aujourd’hui par le Vice-Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Soudan du Sud. M. Charles Manyang d’Awol a, entre autres, fait le point de la mise en œuvre des accords signés, ce mois-ci, avec le Soudan.
Déclarations
Si les relations entre le Soudan du Sud et le Soudan restent tendues, les accords signés les 8, 12 et 19 mars sur la coopération peuvent conduire à une amélioration de la situation, a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme HILDE JOHNSON, en entamant son exposé. En outre, la levée de certaines mesures d’austérité, couplée au redémarrage de la production pétrolière, devrait créer un environnement propice aux progrès dans d’autres questions politiques et sécuritaires.
Mme Johnson a expliqué que les violences intercommunautaires et les activités des groupes armés dans les États de Jonglei, du Haut-Nil et de l’Unité continuent d’être une grande cause d’insécurité. Les derniers heurts ont rappelé l’importance du mandat de protection des civils de la MINUSS qui en décembre, étaient 5 000 à avoir fui les violences à Wau et s’être réfugiés dans les bases de la MINUSS.
La situation dans l’État de Jonglei reste une grande source d’inquiétude et pose des problèmes complexes à la MINUSS et au Gouvernement, a poursuivi la Représentante spéciale. Le dialogue est en passe d’être rompu avec le groupe armé de David Yau Yau, a-t-elle dit. Elle a insisté pour que toute action militaire visant à combattre l’insécurité assure la protection des civils.
La Représentante spéciale a parlé d’une autre attaque meurtrière perpétrée le 8 février dans la région de Walgak, qui a causé la mort de plus de 100 civils et de plusieurs soldats de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). Les dirigeants du Soudan du Sud ont invité les jeunes de la communauté Lou Nuer à ne pas chercher à se venger, tandis que la MINUSS a mené une enquête sur les violations de droits de l’homme commises lors de cette attaque. La Mission a par ailleurs établi des plans d’urgence en ce qui concerne l’État de Jonglei et a exhorté le Gouvernement à s’attaquer aux racines de la violence.
Mme Johnson s’est aussi inquiétée de plusieurs arrestations arbitraires dans les États de Wau et du Bahr el-Ghazal occidental. J’ai demandé instamment aux autorités publiques de garantir des procès équitables, a-t-elle dit.
Les cas d’atteinte à la liberté d’expression au Soudan du Sud sont également préoccupants, a-t-elle poursuivi, indiquant avoir exhorté le Gouvernement à mener une enquête sur le meurtre du chroniqueur Isaiah Abraham en décembre 2012 et à poursuivre ses auteurs en justice. Elle a dit apprécier que le Ministre de l’information et de la radiodiffusion se soit engagé à respecter le Plan d’action des Nations Unies pour la liberté d’expression et la protection des journalistes.
Elle a aussi indiqué avoir protesté contre la détention et l’interrogatoire qu’ont subies, des heures durant, deux spécialistes des droits de l’homme de la MINUSS, à la suite de quoi le Président sud-soudanais a promis qu’il prendrait des mesures contre les éléments indisciplinés des organes de sécurité. Elle a ajouté que le Gouvernement a créé un organe de haut niveau chargé des détentions arbitraires ou prolongées. En outre, le Soudan du Sud a signé la Charte africaine des droits de l’homme.
Après s’être félicitée du processus de réconciliation nationale lancée par le Gouvernement, Mme Hilde Johnson a abordé la question de la situation humanitaire. Elle a signalé un flux constant de réfugiés provenant des États soudanais du Kordofan méridional et du Nil Bleu, dénombrant 14 000 nouvelles arrivées depuis le début 2013. Le personnel humanitaire se plaint des difficultés à toucher les réfugiés et de la présence d’armes dans les camps.
Malgré toutes ces difficultés, le Soudan du Sud continue à poser les bases d’un État démocratique viable, a-t-elle observé. Le mandat de la Commission nationale de révision constitutionnelle a été prolongé de deux ans afin de lui donner le temps de mener des consultations à l’échelle du pays. La réforme de la police est en cours et les jeunes recrues ont été nommées pour remplacer les officiers plus âgés, a-t-elle indiqué.
En janvier, des consultations nationales ont été lancées sur le projet de politique nationale de sécurité. Le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) va, lui, être lancé le 15 avril. Enfin, elle a salué l’engagement de l’Assemblée législative nationale pour jouer le rôle qui lui est imparti de manière plus équilibrée.
Dans un contexte d’austérité, le Gouvernement a pris des mesures pour stabiliser l’économie, en prévoyant notamment une réduction de moitié des dépenses de l’État. Mais l’aide des donateurs sera nécessaire pour combler le déficit fiscal, a-t-elle averti, avant de les inviter à la Conférence des donateurs de Washington D.C., les 16 et 17 avril prochains.
La Représentante spéciale a conclu son intervention en expliquant les difficultés auxquelles fait face l’ONU dans sa mission au Soudan du Sud, raison pour laquelle elle a lancé un programme de sensibilisation et de formation pour toutes les institutions de sécurité. Elle a enfin rappelé la destruction en vol d’un hélicoptère de la MINUSS, le 21 décembre 2012, qui a causé la mort de quatre membres d’équipage russes. Elle a prié le Gouvernement de mener rapidement l’enquête nécessaire.
Le Vice-Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Soudan du Sud, M. CHARLES MANYANG D’AWOL, a réitéré les profonds regrets de son gouvernement face à cet incident et présenté, une nouvelle fois, les excuses du Président Salma Kiir au Gouvernement et au peuple de la Fédération de Russie, ainsi qu’aux familles des victimes.
Se félicitant ensuite des progrès réalisés par son pays, il a vu dans l’extension du mandat de la Commission nationale de révision constitutionnelle un moyen de faire participer un plus grand nombre de citoyens.
Le Gouvernement a également entamé la planification nécessaire du recensement de 2014 et des élections de 2015, a-t-il ajouté, se félicitant, à cet égard, de l’appui technique et logistique apporté par la MINUSS. De même, le Soudan du Sud se réjouit-il du soutien continu de la communauté internationale aux efforts du Gouvernement en faveur de la réforme du secteur de la sécurité.
M. d’Awol a affirmé que son gouvernement maintenait sa politique de recherche de la paix avec les milices rebelles, grâce à laquelle de nombreux groupes ont pu, au fil des années, être absorbés avec succès au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). Il a néanmoins souligné que le Gouvernement faisait face à des menaces posées par un groupe armé fidèle à David Yau Yau.
Le désarmement seul ne contribuera pas à résoudre les questions sous-jacentes des perceptions et des pratiques traditionnelles entre les différentes communautés de ces régions, a-t-il estimé. Il a reconnu qu’un processus de réconciliation nationale à long terme et inclusif était urgemment nécessaire, le Gouvernement disposant des ressources à cette fin.
M. d’Awol est en outre revenu sur la Matrice de mise en œuvre signée à Addis-Abeba le 12 mars dernier sous l’égide du Groupe de haut niveau de l’Union africaine pour le Soudan et le Soudan du Sud. Les deux pays ont accepté de retirer leurs troupes sans condition de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, a-t-il souligné, précisant que le Président de la République du Soudan du Sud avait déjà donné l’ordre d’un tel retrait.
Enfin, s’agissant du statut final d’Abyei, les deux parties se sont entendues pour que la question de la formation de la Commission du référendum soit traitée au niveau des deux chefs d’État, a-t-il affirmé.
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