Le Chef de la MANUL constate des progrès en Libye mais souligne les efforts que le pays doit faire en matière de sécurité
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Conseil de sécurité
6912e séance – matin
LE CHEF DE LA MANUL CONSTATE DES PROGRÈS EN LIBYE MAIS SOULIGNE
LES EFFORTS QUE LE PAYS DOIT FAIRE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ
Le Représentant du Secrétaire général et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), M. Tarek Mitri, a estimé, ce matin devant le Conseil de sécurité, que si la détermination et les initiatives des autorités libyennes étaient « de bon augure » pour renforcer les institutions, de « nombreuses décisions difficiles » doivent néanmoins être prises en ce qui concerne la rédaction de la constitution, la justice transitionnelle, la réconciliation et la réforme du secteur de la sécurité.
« Pour l’avenir, il est nécessaire d’assurer un large appui à ces décisions et de rechercher un consensus sur les priorités nationales dans cette phase cruciale de consolidation de l’État démocratique », a déclaré M. Mitri, en présentant son exposé sur la situation en Libye et les activités de la MANUL.
« À cette fin, les autorités libyennes, les forces politiques, les chefs de tribu, les communautés, les organisations de la société civile, les révolutionnaires devraient s’engager dans un processus de dialogue national », a-t-il ajouté, en précisant que la MANUL, dont le mandat expire le 12 mars prochain, « s’est investie dans cet effort ».
De son côté, le représentant de la Libye a dit combien son pays comptait sur la présence de la MANUL pour renforcer ses institutions et sa stabilité. « Il s’agit d’une période difficile », a-t-il confirmé en mettant l’accent sur l’importance de l’expertise de l’ONU dans plusieurs domaines, notamment la réforme du secteur de la sécurité, la rédaction de la constitution et la préparation des élections.
Le Chef de la MANUL a rappelé que, depuis son dernier exposé devant le Conseil de sécurité, le Premier Ministre libyen, M. Ali Zeidan, et les membres de son gouvernement avaient officiellement pris leurs fonctions. Le Premier Ministre, a-t-il dit, « semble bénéficier d’un vaste appui de la part du Congrès national général, des partis politiques et du public ».
Le nouveau Gouvernement a exprimé sa « détermination à s’attaquer aux problèmes intérieurs importants auxquels le pays fait face », a assuré M. Mitri. Il a expliqué que le Premier Ministre avait en outre pris l’initiative de renforcer les relations de coopération et de respect mutuel avec les pays voisins de la région, ainsi qu’avec d’autres partenaires internationaux.
Le Représentant spécial du Secrétaire général a assuré que la MANUL avait fourni une assistance technique dans le développement d’institutions efficaces. Le Congrès national général a bénéficié d’une assistance similaire pour l’aider à mettre en place des structures internes.
Si la situation sécuritaire reste précaire, les efforts entrepris pour réformer le secteur de la sécurité sont caractérisés par une plus grande cohérence, a également observé M. Mitri.
Il a notamment indiqué que la MANUL et ses partenaires au sein du Groupe de travail international sur la défense continuaient d’apporter leur aide à l’éducation et à la formation militaire, à la réforme des retraites, à la réglementation et aux capacités de communication. Un certain nombre d’experts ont été intégrés au Ministère de la défense et au Bureau du Chef de l’état-major, a-t-il précisé.
En outre, diverses institutions libyennes, avec l’aide de l’ONU et d’autres partenaires internationaux, ont continué de faire des progrès significatifs dans l’élimination des munitions non explosées et la gestion des munitions.
Le Représentant spécial a souligné que la sécurité le long des frontières de la Libye demeurait une « préoccupation majeure » compte tenu des « capacités actuelles limitées » et de l’« impact possible des développements récents au Mali ».
En décembre dernier, le Premier Ministre libyen s’est rendu en Algérie, au Tchad, au Niger et au Soudan pour discuter de la sécurité des frontières et des moyens d’améliorer les relations bilatérales. Cette visite a abouti à des accords sur la coopération en matière de sécurité des frontières, a affirmé M. Mitri.
Il a ajouté que le 12 janvier, M. Zeidan avait rencontré ses homologues algérien et tunisien pour adopter des mesures communes pour lutter contre la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et les trafics transfrontaliers.
M. Mitri a par ailleurs fait état de l’augmentation du mécontentement de la population dans le sud du pays, les critiques portant sur des prestations de services insuffisantes.
Toujours sur le chapitre sécuritaire, il a également rappelé que, le 3 janvier, le Président de la Libye, M. Mohamed Youssef el-Megarief avait survécu à une tentative d’assassinat lors d’une visite à Sabha. Le 12 janvier, des inconnus armés ont également tiré sur le véhicule du Consul italien à Benghazi.
Les attaques ciblées contre des responsables de la sécurité se poursuivent dans l’est du pays, a-t-il dit, en précisant que le chef de la police de Benghazi et un haut fonctionnaire du Département des enquêtes criminelles à Benghazi et à Derna avaient été attaqués à de nombreuses reprises, ainsi que des patrouilles de police.
M. Mitri a affirmé que le Ministère de l’intérieur, soutenu par le Conseil local de Benghazi, avait commencé à mettre en œuvre une politique de sécurité participative, impliquant les citoyens et les chefs de tribu en vue de ramener la stabilité à Benghazi.
À Bani Walid, la situation s’est stabilisée, a poursuivi le Chef de la MANUL. Les événements qui s’y sont produits ont mis en évidence le besoin urgent de promouvoir la réconciliation et la justice transitionnelle, a-t-il souligné, en rappelant qu’au mois de décembre dernier, l’ONU, en collaboration avec le Ministère de la justice et des entités gouvernementales compétentes, avait organisé deux conférences sur la réconciliation et la justice transitionnelle.
En outre, un nouveau projet de loi sur la justice transitionnelle, présenté par le Ministre de la justice, prévoit la mise en place d’un mécanisme de recherche de la vérité plus cohérent, des dispositions plus claires en matière de responsabilité criminelle et d’indemnisation.
Le Représentant spécial a par ailleurs déclaré que le maintien en détention sans procès équitable et les mauvais traitements subis par plusieurs milliers de personnes pendant le conflit demeurait une source de « profonde préoccupation ».
Bien qu’il y ait eu des progrès dans le dépistage et le traitement des détenus liés au conflit, « leur portée reste limitée », a-t-il souligné. La MANUL, a-t-il dit, continue d’exhorter les autorités libyennes à accélérer le dépistage de ces prisonniers, à libérer ceux contre lesquels il n’existe que des preuves insuffisantes, à transférer les détenus vers des installations contrôlées par l’État.
En outre, la MANUL continue de conseiller les autorités libyennes sur la réforme des prisons et a entamé des réunions hebdomadaires avec le comité des droits de l’homme du Congrès national général et des séances de formation d’organisations de la société civile.
Par ailleurs, le 1er janvier, le Bureau du Procureur général a annoncé avoir réalisé d’importants progrès dans les enquêtes contre Saïf Al-Islam Kadhafi et Abdallah Al-Senoussi.
Le fils de l’ancien dirigeant libyen Saif Al-Islam Kadhafi a comparu devant le tribunal pénal de Zintan, le 17 janvier, pour des accusations portant sur l’atteinte à la sécurité nationale et une tentative d’évasion de prison.
Le procès de l’ancien secrétaire du Comité général du peuple a, quant à lui, débuté le 12 novembre. Il a été ajourné jusqu’au 11 février afin d’accorder à la défense le temps nécessaire pour convoquer des témoins.
Enfin, le 17 décembre, le Gouvernement du Royaume-Uni a organisé une réunion internationale avec la participation de représentants des Ministères libyen des affaires étrangères, de la défense, de l’intérieur, de la justice et des renseignements pour discuter de l’aide internationale à la Libye en matière de réforme des secteurs de sécurité et de la justice. La MANUL assistera les autorités libyennes dans les préparatifs de la conférence ministérielle, qui se tiendra en février à Paris, et continuera à s’acquitter de ses responsabilités pour assurer le suivi des décisions qui y seront prises, a conclu M. Mitri.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel