La situation au Mali a des répercussions importantes sur le reste de la région, prévient le Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest
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Conseil de sécurité
6911e séance – matin
LA SITUATION AU MALI A DES RÉPERCUSSIONS IMPORTANTES SUR LE RESTE DE LA RÉGION,
PRÉVIENT LE CHEF DU BUREAU DES NATIONS UNIES POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST
M. Saïd Djinnit appelle toutes les forces engagées au Mali à agir dans
le plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme
La situation au Mali a des répercussions très importantes au Sahel et en Afrique de l’Ouest, a déclaré, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA), M. Saïd Djinnit. Toutes les parties et forces engagées dans le pays, a-t-il insisté, doivent agir dans le plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme.
M. Djinnit, qui intervenait devant le Conseil pour présenter le rapport* du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, a affirmé que la situation dans la région se trouvait « à un carrefour ».
Si « les dirigeants de la région ont fait des progrès significatifs vers la promotion et la consolidation de la paix », les événements au Mali et au Sahel, associés à d’autres menaces transversales, y compris le trafic de drogues, la piraterie et la criminalité transnationale organisée, ont en revanche « le potentiel de nuire à la sécurité en Afrique de l’Ouest », tandis que « les causes profondes de l’instabilité n’ont pas encore été pleinement prises en compte ».
Pour le Représentant spécial, « l’attention et le soutien continus de la communauté internationale, en particulier de l’ONU et du Conseil de sécurité, aux efforts des dirigeants et des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) restent essentiels pour réaliser une paix durable, la stabilité et le développement dans la sous-région ».
Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, souligne, dans son rapport, qui couvre la période du 1er juillet au 31 décembre 2012, que les problèmes transfrontaliers continuent de menacer la stabilité de l’Afrique de l’Ouest et risquent de réduire à néant les progrès accomplis depuis quelques années.
Le rapport fait le point des questions transversales et transfrontières et décrit les activités que le Bureau a menées dans les domaines de la diplomatie préventive, de l’alerte rapide et du développement des capacités pour faire face aux risques pesant sur la paix et la stabilité régionales.
Il décrit aussi les efforts qu’a déployés le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest pour renforcer, entre autres, les synergies avec la CEDEAO, l’Union du fleuve Mano et l’Union africaine, afin de promouvoir la paix et la stabilité dans la sous-région.
M. Djinnit a affirmé que, depuis son exposé devant le Conseil de sécurité du 11 juillet 2012, l’Afrique de l’Ouest avait continué de faire face à d’importants défis à la gouvernance, à la consolidation de la paix et à la prévention des conflits, comme l’ont illustré la crise actuelle au Sahel et, en particulier, au Mali, la situation en Guinée-Bissau, ou encore la menace mondiale que représentent la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.
Au Mali, conformément aux résolutions 2056 (2012) et 2071 (2012) du Conseil de sécurité, M. Djinnit a assuré qu’il avait travaillé « en étroite collaboration avec la CEDEAO et d’autres parties prenantes pour soutenir la mise en œuvre des différents piliers du Concept stratégique adopté lors de la réunion du Groupe d’appui et de suivi sur le Mali qui s’était tenue à Bamako, le 19 octobre dernier ».
Il a indiqué que la décision d’Ansar Dine de renoncer à la cessation des hostilités qui avait été prise le 4 décembre, sous les auspices du médiateur de la CEDEAO, et les avances vers le sud par des éléments extrémistes avaient « accéléré le recours à l’option militaire ». Les autorités maliennes ont ainsi « sollicité l’assistance de la France dans le but d’arrêter la progression des groupes extrémistes ».
La décision de la France de lancer une intervention militaire au Mali en vue de préparer le terrain pour le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) a été « largement soutenue par la communauté internationale », a-t-il indiqué, en précisant que « ces évolutions avaient marqué un tournant privilégiant la voie militaire ».
M. Djinnit a demandé à toutes les parties et à toutes les forces d’« assurer le plein respect du droit international humanitaire et des normes internationales relatives aux droits de l’homme ».
Le Représentant spécial a salué la « mobilisation remarquable des pays de l’Afrique de l’Ouest dans le déploiement rapide de troupes sur le terrain » et l’« accélération de l’opérationnalisation de la MISMA ». Il a dit espérer que la demande faite par les dirigeants ouest-africains, lors du dernier Sommet extraordinaire de la CEDEAO, le 19 janvier à Abidjan, en faveur d’un soutien logistique et financier immédiat de la part de l’ONU pour faciliter le déploiement de la MISMA, sera « considérée favorablement et rapidement ».
Comme cela avait été rappelé lors du Sommet de la CEDEAO, M. Djinnit a estimé qu’il faudrait veiller à ce que le processus politique ne soit pas négligé et que les efforts pour consolider et renforcer le processus de transition se poursuivent. « Il est maintenant essentiel que les autorités maliennes finalisent la feuille de route pour mettre fin à la transition par le biais d’un processus inclusif et consultatif, avant son adoption », a-t-il souligné.
Le Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest a en outre mis l’accent sur l’importance des préparatifs pour la tenue d’élections et de la poursuite d’un processus de réconciliation large qui renforcerait les fondements de la cohésion nationale au Mali.
M. Djinnit a observé que « la situation au Mali illustrait bien la fragilité et la vulnérabilité qui prévalent actuellement dans l’ensemble de la région du Sahel », en précisant que cette crise avait des « répercussions très importantes pour la sous-région ». Il a, en particulier, évoqué des risques réels d’infiltration et de déstabilisation dans certains des pays limitrophes du Mali, ainsi qu’une aggravation de la menace terroriste globale dans la sous-région.
« Tout cela met en évidence l’importance de l’initiative des Nations Unies sur le Sahel, que dirige l’Envoyé spécial Romano Prodi », a-t-il estimé, en assurant que cette initiative était « pleinement soutenue » par son Bureau.
Au-delà des crises au Mali et au Sahel, la région continue d’être confrontée à la menace posée par la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée, dont les conséquences économiques sont immenses pour les pays de la région, a affirmé par ailleurs le Représentant spécial.
M. Djinnit a annoncé qu’un accord avait été obtenu pour la tenue d’une conférence ministérielle des pays du golfe de Guinée, au Bénin, en mars 2013. Celle-ci sera suivie, a-t-il dit, par un sommet des chefs d’État à Yaoundé, au Cameroun, en vue de lancer le processus de finalisation d’un cadre stratégique de lutte contre la piraterie maritime et la criminalité transnationale organisée.
De même, « les tensions le long des frontières entre le Libéria et la Côte d’Ivoire, et avec d’autres pays voisins, demeurent une source de préoccupation », a prévenu M. Djinnit. Il a informé le Conseil de sécurité du fait que le Président de la Commission de la CEDEAO avait confirmé son accord pour la tenue d’une rencontre réunissant la CEDEAO, l’Union du fleuve Mano, l’UNOWA et d’autres entités des Nations Unies afin de mieux définir le processus qui permettra l’élaboration d’une stratégie sous-régionale pour contrer la menace des mouvements transfrontaliers de groupes armés et d’armes, ainsi que les trafics.
Dans le même temps, le Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest a indiqué que son Bureau était engagé dans les efforts visant à renforcer la réforme du secteur de la sécurité des pays de la région en favorisant le développement d’une stratégie sous-régionale et en fournissant une assistance directe aux processus en Guinée.
Pour M. Djinnit, la situation en Guinée-Bissau et au Mali « continuent d’illustrer la façon dont la criminalité transnationale organisée a développé ses activités et a étendu sa portée, menaçant ainsi gravement la sécurité et les institutions dans la sous-région ».
Des actions positives ont été engagées au cours des six derniers mois pour freiner leur impact, a-t-il expliqué, en citant en particulier des « mesures encourageantes » prises par la Commission de la CEDEAO, avec l’appui et d’autres partenaires bilatéraux, en vue de mettre en œuvre son plan d’action régional de lutte contre le trafic illicite de drogues, la criminalité transnationale organisée et l’abus de drogues en Afrique de l’Ouest.
Avant de conclure, le Représentant spécial du Secrétaire général a fait état de « progrès très importants » accomplis par la Commission mixte Cameroun-Nigéria, qu’il préside, dans les efforts visant à la démarcation de la frontière entre les deux pays concernant la péninsule de Bekassi.
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