Le Conseil de sécurité précise la manière de lier les activités de maintien de la paix à celles de la consolidation de la paix
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Conseil de sécurité
6903e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PRÉCISE LA MANIÈRE DE LIER LES ACTIVITÉS DE MAINTIEN
DE LA PAIX À CELLES DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX
Le Secrétaire général appelle à doter l’ONU des moyens de mettre
en œuvre une approche multidimensionnelle du maintien de la paix
Dans sa première résolution sur le maintien de la paix depuis 2001, le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, précisé la manière dont peuvent s’imbriquer les activités de maintien de la paix et de consolidation de la paix dans le contexte de missions multidimensionnelles.
Le Conseil, par la résolution 2086 (2013), adoptée à l’unanimité, indique qu’il peut notamment confier aux missions de maintien de la paix multidimensionnelles des responsabilités en matière d’élaboration de programmes de réforme du secteur de la sécurité, et de désarmement, démobilisation et réintégration, de renforcement des institutions des États hôtes, d’appui à la consolidation de la paix et aux processus politiques, de sécurité de l’acheminement de l’aide humanitaire, de défense des droits de l’homme, de protection des civils, de promotion de la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, et de partenariats.
À l’ouverture du débat public qui a rassemblé près d’une soixantaine de délégations, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, avait, auparavant, lancé un appel en vue de doter l’Organisation des moyens nécessaires à la mise en œuvre d’une approche multidimensionnelle du maintien de la paix.
« Nous comptons sur les membres de ce Conseil et sur tous les États Membres pour soutenir cet effort », a déclaré M. Ban, pour qui une réévaluation constante de l’architecture du maintien de la paix est indispensable pour s’acquitter de mandats de plus en plus complexes, allant bien au-delà de l’application d’accords de paix et incluant des volets de protection des civils et de soutien à la réconciliation et des activités dans des domaines aussi variés que l’état de droit, le renforcement des institutions et la reconstruction des infrastructures.
Le Conseil, dans sa résolution, « estime que les missions de maintien de la paix multidimensionnelles jouent un rôle important en aidant les pays hôtes à définir les principales priorités et stratégies de consolidation de la paix; en contribuant à créer les conditions voulues pour permettre aux acteurs nationaux et internationaux concernés d’œuvrer en faveur de la consolidation de la paix; en prenant elles-mêmes de premières mesures de consolidation de la paix ».
Il s’agit, rappelle, dans un document de réflexion*, la délégation du Pakistan, qui assure ce mois-ci la présidence du Conseil, du premier texte sur le maintien de la paix depuis la résolution 1353 (2001) sur l’interaction entre le Conseil, le Secrétariat de l’ONU et les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police.
Le Ministre pakistanais des affaires étrangères, M. Jalil Abbas Jilani, dont le pays est le plus important contributeur de contingents des Nations Unies, a insisté sur la nécessité d’une réponse rapide en vue de prévenir les conflits, de s’attaquer aux causes profondes et d’éviter les rechutes; de renforcer les liens entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix; d’établir des consultations régulières avec les pays contributeurs de contingents; d’assurer le déploiement de Casques bleus bien entraînés, équipés et motivés; de garantir une plus grande appropriation des activités de maintien de la paix et de consolidation de la paix par le renforcement des partenariats avec les gouvernements nationaux, les organisations régionales et les acteurs du développement; d’encourager un dialogue politique inclusif et d’adapter les missions aux conditions locales.
Lors du débat, les délégations ont convenu que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies constituaient l’un des instruments les plus importants et les plus efficaces dont dispose le Conseil de sécurité pour préserver la paix et la sécurité internationales.
Plusieurs intervenants ont insisté sur l’importance de promouvoir l’appropriation des programmes aux niveaux national et régional. Pour le Secrétaire parlementaire à la défense de l’Australie, M. Mike Kelly, si les acteurs nationaux devenaient responsables des activités des opérations de maintien de la paix, cela permettrait d’éviter des situations de dépendance, citant ainsi l’exemple positif du rôle des dirigeants du Timor-Leste qui ont pris le relais de la mission de la paix de l’ONU pour conduire le pays sur la voie de la consolidation de la paix.
De nombreux pays, tel le Royaume-Uni, ont repris l’appel du Secrétaire général en faveur d’une pleine participation des femmes et sur un pied d’égalité à toutes les étapes du processus de paix.
Des délégations, comme celle de l’Azerbaïdjan, ont particulièrement mis l’accent sur la nécessité absolue pour toute opération de maintien de la paix de respecter explicitement les principes d’indépendance politique, de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires qui relèvent de la juridiction nationale des États.
Par ailleurs, quelques États Membres de l’ONU, comme la France, le Maroc ou l’Égypte, qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, ont livré un plaidoyer en faveur du multilinguisme. « Il est nécessaire que les missions des Nations Unies puissent communiquer avec les populations des pays où elles sont situées », a estimé par exemple le délégué français, en déplorant « le comportement du Secrétariat qui continuera imperturbablement d’envoyer des anglophones dans des zones francophones ».
* S/2013/4
OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES: UNE APPROCHE MULTIDIMENSIONNELLE
Lettre datée du 1er janvier 2013, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Pakistan auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2013/4)
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rendu hommage à la contribution du Pakistan qui demeure le principal fournisseur de contingents de Casques bleus aux opérations de maintien de la paix. Il a mis l’accent sur l’outil irremplaçable que constituent les opérations de maintien de la paix qui présentent l’avantage de combiner la sécurité politique, l’état de droit et la promotion des droits de l’homme. Il a jugé important d’identifier les nombreuses contributions que les missions de l’ONU apportent à la sécurité et à une paix durable. Il a souligné l’importance de la coopération entre le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Programme des Nations Unies pour le développement dans le domaine de la police, de la justice et le système pénitentiaire. « Nous voulons laisser derrière nous des structures solides pour garantir une paix durable après le départ des missions », a insisté M. Ban.
Il est plus difficile d’assurer la cohérence du soutien mondial que d’intégrer les activités des Nations Unies, a fait remarquer le Secrétaire général, avant d’encourager le Conseil de sécurité à trouver une plus grande cohésion en s’appuyant sur les recommandations de la Commission de consolidation de la paix (CCP). Le renforcement des institutions est essentiel pour empêcher le retour des conflits, a-t-il ajouté, en soulignant l’importance des missions de maintien de la paix en matière de réconciliation nationale. À cet égard, M. Ban a cité le succès de l’ONU au Timor-Leste. Il est essentiel que les institutions responsables de la sécurité et de l’état de droit soient renforcées, afin de garantir les progrès obtenus par les missions de maintien de la paix, a-t-il déclaré. « Il est important que les autorités nationales prennent au sérieux nos objectifs », a-t-il insisté. Après deux décennies de succès des opérations de maintien de la paix, il faudrait continuer d’adapter cet outil essentiel pour mieux répondre aux besoins des citoyens qui souffrent des conflits et conséquences des conflits, a conclu le Secrétaire général.
Le Secrétaire général a appelé les États Membres à doter l’Organisation des moyens nécessaires à la mise en œuvre d’une approche multidimensionnelle. « Nous comptons sur les membres de ce Conseil et sur tous les États Membres pour soutenir cet effort », a déclaré M. Ban, qui s’est dit convaincu qu’une réévaluation constante de l’architecture onusienne du maintien de la paix est indispensable pour s’acquitter de mandats de plus en plus complexes, qui vont bien au-delà de l’application d’accords de paix et incluent des volets de protection des civils et de soutien à la réconciliation et des activités dans des domaines aussi variés que l’état de droit, le renforcement des institutions et la reconstruction des infrastructures.
M. Ban a mis l’accent sur l’importance critique de la cohérence du soutien international aux efforts de maintien de la paix, en appelant le Conseil de sécurité à travailler à promouvoir cette cohérence en s’appuyant sur les recommandations de la Commission de consolidation de la paix (CCP).
M. JALIL ABBAS JILANI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, qui présidait la séance, a affirmé que l’organisation de cette réunion et le projet de résolution soumis aux membres du Conseil de sécurité, le premier texte sur le maintien de la paix depuis 11 ans, étaient motivés par trois raisons. Les missions de maintien de la paix, a-t-il tout d’abord expliqué, constituent les outils les plus efficaces entre les mains des Nations Unies pour traiter les conflits.
En outre, au cours des décennies, les opérations de maintien de la paix ont évolué pour prendre un caractère multidimensionnel afin de mieux correspondre aux exigences des différentes situations. Enfin, pendant les 52 dernières années, le Pakistan a démontré son engagement fort en faveur du maintien de la paix et a contribué à plusieurs missions à travers le monde.
Le Chef de la diplomatie pakistanaise a souligné sept aspects de l’approche multidimensionnelle du maintien de la paix.
Il a mis l’accent sur la nécessité d’une intervention rapide en vue de prévenir les conflits, de s’attaquer aux causes profondes et d’éviter les rechutes; de liens entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix; de bonnes planification et coordination pour les mandats et les déploiements des missions de maintien de la paix grâce à des consultations avec les parties prenantes, en particulier les pays contributeurs de contingents; d’une excellence professionnelle en assurant le déploiement de Casques bleus bien entraînés, équipés et motivés; d’une plus grande appropriation du maintien de la paix et des activités de consolidation de la paix par le renforcement des partenariats avec les gouvernements nationaux, les organisations régionales et les acteurs du développement; d’un dialogue politique inclusif pour encourager l’unité et la réconciliation nationales; d’adapter les missions aux conditions locales au sein d’un cadre général.
M. Jilani a déclaré que le Pakistan participait activement et avec fierté dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies, en précisant qu’il était un contributeur de troupes militaires et de forces de police de pointe sur plusieurs continents. En plus de cinq décennies, le pays a engagé 144 711 Casques bleus, servant dans 41 missions et 23 pays. Pas moins de 132 Casques bleus pakistanais ont perdu la vie au service de la paix, a-t-il rappelé, en faisant remarquer qu’il s’agissait du bilan de victimes le plus élevé subi par un État Membre des Nations Unies.
M. MIKE KELLY, Secrétaire parlementaire à la défense de l’Australie, a souhaité que la résolution du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix soit la plus inclusive possible. Il a soutenu que cette résolution devrait intégrer également les organisations qui ne sont pas formellement impliquées dans les opérations de maintien de la paix, mais qui peuvent y jouer un rôle crucial pour l’avènement de la paix et du développement. Il a cité en exemple son pays qui envisage de mettre sur pied le Centre militaire et civil australien chargé d’établir des approches intégrées de planification stratégique.
Tout en reconnaissant que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont certes des missions récurrentes, M. Kelly a estimé que chaque situation était unique. C’est pourquoi, il serait judicieux que les réponses apportées tiennent compte des spécificités du pays concerné. Il a ensuite fait remarquer qu’une analyse approfondie du contexte de chaque mission contribuerait à mieux structurer la mission et à lui fournir les moyens logistiques idoines pour le succès de son mandat sur le terrain. M. Kelly a estimé que toutes les activités devraient être guidées par le principe de l’appropriation nationale. Il a expliqué que, si les acteurs nationaux devenaient responsables des activités des opérations de maintien de la paix, cela permettait d’éviter des situations de dépendance. Il a cité comme exemple positif le rôle des dirigeants du Timor-Leste qui ont pris le relais de la mission de la paix de l’ONU pour conduire le pays sur la voie de la consolidation de la paix.
Le Secrétaire parlementaire à la défense a par ailleurs insisté sur la transparence et la bonne gouvernance pour éliminer la corruption, qu’il a qualifiée de facteur négatif pour la consolidation de la paix. Il a ensuite souligné que la protection des civils et des femmes était primordiale dans les activités de maintien et de consolidation de la paix. « Nous savons que les processus de consolidation de la paix dans lesquels les femmes sont impliquées sont plus à même de connaître du succès », a-t-il souligné. M. Kelly a en outre préconisé une formation adéquate pour les personnels déployés dans le cadre des missions de maintien et de consolidation de la paix. Il a souhaité que des formations préalables et à mi-parcours puissent être données aux civils, militaires et forces de police membres des opérations de maintien de la paix.
M. KIM BONG-HYUN, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République de Corée, a reconnu que contrairement à la première mission de maintien de la paix qui avait été mise sur pied en 1948, les mandats des missions actuelles sont devenus plus diversifiés et multidimensionnels, afin de faire face aux attentes sur le terrain. Il a rappelé que la République de Corée avait connu un conflit dévastateur entre 1950 et 1953, et a précisé que depuis lors, la République de Corée était passée par les stades de pays bénéficiaire de l’assistance militaire des Nations Unies et de l’aide au développement, à celui de pays contributeur aux opérations de maintien de la paix et de bailleur de fonds pour le développement.
M. Kim a estimé que si les mandats traditionnels des opérations de maintien de la paix restent valides, les activités de ces opérations devraient également englober la consolidation de la paix et la coopération pour le développement. Il a, à cet effet, invité le Conseil de sécurité à se pencher sur le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix, afin de définir leur avenir.
Le Ministre adjoint a préconisé la mise en place d’un mécanisme international de coopération pour le développement, qui devrait accompagner les autres aspects des opérations de maintien de la paix. Les mandats des missions de terrain doivent être définis en tenant compte des points de vue de l’équipe de pays des Nations Unies et des acteurs de la société civile. « Cela permettrait d’ajuster les objectifs aux réalités de terrain », a-t-il expliqué.
M. Kim a par ailleurs souhaité que les acteurs nationaux du pays d’accueil puissent prendre en main les activités inhérentes aux missions de maintien de la paix. Cela permettrait, a-t-il souligné, de rendre durables la paix, la sécurité et le développement. Il a également souhaité que les stratégies des opérations de maintien de la paix soient adaptées aux réalités propres à chaque pays bénéficiaire, en insistant sur la protection des civils, notamment les femmes et les enfants, contre les violences physiques. Le Ministre adjoint des affaires étrangères a ensuite plaidé pour une plus grande participation des femmes dans toutes les phases de préparation et de mise en œuvre des mandats des opérations de maintien et de consolidation de la paix. Avant de conclure, il a rappelé que la République de Corée avait déjà participé à 19 missions de paix depuis son adhésion à l’ONU en 1991, et réaffirmé la volonté de son pays à s’impliquer pour la cause du maintien et de la consolidation de la paix à travers le monde.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a rappelé que de nombreux pays sont passés de la guerre à la paix grâce aux opérations multidimensionnelles de l’ONU. Il a jugé essentiel que les opérations de maintien de la paix (OMP) continuent d’évoluer pour rester pertinentes au cours des années à venir, avant de mettre l’accent sur certaines caractéristiques que les États-Unis souhaitent voir développées dans ce cadre. Il a estimé que le caractère universel des OMP était fondamental pour préserver leur légitimité. Il a insisté sur la nécessité pour les troupes engagées dans ces opérations d’être bien entrainées. Il faut réfléchir à une stratégie pour mettre en place la quatrième génération des OMP et il faut privilégier la qualité à la quantité, notamment en ce qui concerne les hauts responsables et les experts civils impliqués dans des missions, a insisté le représentant. Nous préférons voir 10 experts efficaces engagés pour une OMP plutôt que 100 généralistes, a-t-il insisté, en appelant aussi à y inclure plus de femmes. Il a salué la contribution des unités composées de femmes qui sont intervenues dans le passé au Libéria et en Haïti, et aujourd’hui en République démocratique du Congo.
Il a jugé essentiel que les nouveaux personnels de police et militaires soient bien entrainés et reçoivent une formation adéquate en matière de protection des civils, de respect de la parité et de santé. Il faut accorder une priorité à la meilleure élaboration des stratégies de missions qui sont de plus en plus complexes a-t-il dit, en précisant que l’ensemble de la conception et de la mise en œuvre d’une OMP est plus important et doit être plus efficace que la somme de ses parties. Le représentant des États-Unis a souhaité que les bureaux de pays du système de l’ONU et les missions de maintien de la paix travaillent mieux ensemble, notamment dans la mise en œuvre des projets à impact rapide. Il a appelé les représentants spéciaux du Secrétaire général opérant sur le terrain à promouvoir une coopération multidisciplinaire sur le plan bilatéral et multilatéral, en garantissant une répartition des tâches tenant compte des avantages comparatifs des différents acteurs impliqués. Le représentant a jugé essentiel que les missions de maintien de la paix méritent la gratitude et le respect du pays hôte, avant d’appeler aussi le personnel de ces missions à se familiariser avec les langues et cultures locales.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a affirmé que la relation entre la sécurité et le développement se renforçait, modifiant ainsi la nature des mandats de maintien de la paix. Le délégué britannique a mis en garde contre une précarisation de certaines missions de maintien de la paix affectées par une absence de volonté politique et d’une insuffisance d’expertise civile. Il a souligné l’importance d’un engagement de la communauté internationale en vue d’accompagner le maintien de la paix de façon coordonnée et transparente.
Depuis 2009, a-t-il ajouté, le Secrétaire général n’a eu de cesse de mettre l’accent sur la nécessité d’élargir le pool d’experts civils en s’inspirant des compétences existantes dans le Sud. Le représentant a, par ailleurs, encouragé la participation des femmes, en se félicitant de l’appel de M. Ban Ki-moon en vue d’accroître leur rôle et leurs effectifs dans le règlement des conflits et la consolidation de la paix.
M. Grant a notamment estimé qu’une réponse intégrée était importante au fur et à mesure que les missions diminuaient leurs effectifs. Le projet de résolution que le Conseil devrait adopter aujourd’hui reprend les recommandations qui ont permis de réformer le maintien de la paix pour faire face aux défis actuels, a-t-il également dit, en précisant que son pays s’était porté coauteur du texte.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a rappelé que son pays a bénéficié des activités de maintien de la paix menées par les Nations Unies, notamment dans les domaines du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration. Ces activités ont en particulier été menées après les Accords de paix de 1996, a-t-il précisé. Par la suite, le Guatemala a contribué aux opérations de maintien de la paix (OMP) en tant que pays contributeur de troupes, a ajouté M. Rosenthal. Il a relevé le caractère multidimensionnel des OMP, conséquence de l’adaptation aux nouveaux défis posés. Il est en effet utile, a-t-il indiqué, de compléter le maintien de la paix par des activités contribuant à améliorer les conditions de vie de la population affectée par les conflits. Le représentant a ensuite souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité de définir des mandats clairs, des objectifs atteignables et adaptés à chaque situation. Il faut également combler les écarts en termes de capacités, de ressources et de formation, en garantissant une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, a ajouté M. Rosenthal. Il a ajouté que le Guatemala souhaiterait aussi que le Secrétariat procède à une évaluation périodique de chaque OMP et la communique aux pays contributeurs de troupes. Dans la même ligne, M. Rosenthal a invité le Conseil de sécurité à encourager davantage ces pays. Les OMP ne devraient pas être considérées comme un exercice de sous-traitance, dans lequel les pays développés emploient les troupes des pays en développement, a-t-il estimé. Ce ne sont pas des opérations rémunérées, a indiqué le représentant, mais plutôt l’expression de la recherche d’un idéal de paix et de sécurité internationales.
M. KODJO MENAN (Togo) a déclaré que l’évolution des missions de paix des Nations Unies était telle que l’organisation, la planification et l’exécution des opérations y relatives en arrivent à dépasser le cadre normatif établi par les Chapitres VI, VII et VIII de la Charte des Nations Unies. Dans leur conception multidimensionnelle, les opérations de maintien de la paix reposent désormais sur un cadre normatif conjuguant les dispositions pertinentes de la Charte des Nations Unies et les instruments juridiques internationaux des droits de l’homme de l’ONU, ainsi que des organisations régionales et sous-régionales, de même que du droit international humanitaire. Le mérite de ce débat est de mettre en exergue cette approche multidimensionnelle, d’en évaluer l’efficacité et d’en proposer des améliorations.
Ces missions ne devraient pas être uniquement limitées à instaurer la sécurité dans les pays où elles sont déployées, mais viser également à créer un environnement politique propice au dialogue et à la réconciliation nationale et à la tenue d’élections, à contribuer à améliorer la situation économique et sociale et à faire respecter les droits de l’homme et l’état de droit. Tout en reconnaissant le mérite d’une approche multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix, le représentant du Togo a estimé, cependant, que compte tenu de la spécificité des causes et de la nature des conflits, il serait souhaitable de ne pas perdre de vue le fait qu’il n’existe pas de modèle unique pour la consolidation de la paix. C’est pourquoi, il a appelé chaque mission à prendre en compte les spécificités des pays concernés à travers une consultation permanente avec les autorités nationales.
M. LI BAODONG (Chine) a estimé que les missions de maintien de la paix avaient, au cours des dernières années, joué un rôle irremplaçable. Le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont étroitement liés, a-t-il dit. Lorsque l’on établit le mandat d’une mission de maintien de la paix, il faut avant tout, a estimé le représentant, considérer la nécessité urgente de consolider la paix. Il a également plaidé en faveur d’un renforcement des institutions qui apportent le développement économique et social.
De même, a-t-il ajouté, les succès remportés par certaines missions dans les domaines de projets à effets rapides peuvent être diffusés plus largement. Lors de l’exécution de mandats de consolidation de la paix, les missions devraient respecter le principe du consentement du pays hôte, a tenu à rappeler le délégué de la Chine. De l’avis de M. Li Baodong, les mandats de consolidation de la paix devraient s’aligner sur les propres stratégies et priorités nationales. La consolidation de la paix est une tâche de longue haleine qui ne peut être accomplie par les seules missions de maintien de la paix. C’est pourquoi, il est nécessaire d’assurer une plus grande coordination, a-t-il déclaré. Avant de conclure, le représentant a souhaité que l’ONU invite le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et d’autres partenaires internationaux à la mise en œuvre des mandats des opérations de maintien de la paix.
M. GÉRARD ARAUD (France) a rappelé que l’engagement profond de la France au service du renforcement des capacités de maintien de la paiX des Nations Unies, en précisant qu’elle participait à 7 des 14 opérations de maintien de la paix (OMP) avec près de 1 000 hommes et femmes. Outre cette contribution directe, la France contribue également à hauteur d’environ 3 750 hommes et femmes dans des opérations mandatées par le Conseil de sécurité conduites et dirigées par l’Union européenne ou l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou à titre national. La France est ainsi présente en Afrique occidentale et centrale ou encore en Afghanistan et dans l’océan Indien, a-t-il indiqué. La France est également un soutien actif de la participation des États d’Afrique aux opérations de maintien de la paix au travers du réseau des écoles nationales à vocation régionale (ENVR) au sein desquelles sont dispensés les savoir-faire techniques et opérationnels adaptés aux besoins des cadres des armées africaines. Elle participe aussi aux côtés de ses partenaires européens au programme EURORECAMP.
Depuis l’initiative franco-britannique de 2009 sur le suivi des opérations, a assuré M. Araud, la France continue de plaider pour le renforcement de l’expertise militaire, l’amélioration de la coopération du Conseil avec les pays contributeurs de troupes et de police, ainsi que pour une meilleure maîtrise du coût des opérations de maintien de la paix. Tout en notant que de nombreuses recommandations du rapport Brahimi publié il y a plus de 10 ans restent valables, il a insisté sur la mise en place de stratégies de transition entre le maintien et la consolidation de la paix, la protection des civils et le multilinguisme, éléments essentiels pour améliorer le maintien de la paix. Il est indispensable que, sous la direction des Représentants spéciaux du Secrétaire général, les opérations de maintien de la paix se coordonnent et coopèrent étroitement avec les agences des équipes de pays des Nations Unies, afin de rechercher toutes les synergies possibles et d’éviter la duplication des efforts, a-t-il dit. La sortie de crise suppose par ailleurs de consolider la sécurité, la situation humanitaire mais aussi le développement socioéconomique.
Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être clairs et robustes, et ne sauraient se limiter à un simple soutien aux autorités nationales, a poursuivi M. Araud. Les soldats de la paix doivent être formés en conséquence et se montrer irréprochables sur le terrain. Il est essentiel, a-t-il insisté, que la chaîne de commandement des opérations soit bien respectée. Il est primordial également de renforcer la participation des femmes aux prises de décisions, a-t-il estimé, en soulignant que l’intégration des femmes dans la police et dans l’armée permettait d’améliorer la lutte contre les violences sexuelles et de promouvoir les droits de l’homme au sein de ces institutions. Constatant que la capacité francophone de beaucoup de missions déployées dans des pays francophones était largement suffisante, l’Ambassadeur Araud a tenu à rappeler que le multilinguisme devrait être une priorité. « Il y a à peu près plus d’un an dans un débat comparable, j’avais déjà soulevé cette question du multilinguisme et j’avais appelé le Secrétariat à réformer son approche de ce problème. Je constate une année plus tard que rien n’a été fait », a-t-il regretté. « Il est nécessaire -et ce n’est pas là de ma part défense de la langue française- que les missions des Nations Unies puissent communiquer avec les populations des pays où elles sont situées. » En réalité, la politique de recrutement du Secrétariat ne répond pas à la nécessité pour les forces de maintien de la paix de pouvoir communiquer avec les populations mais en réalité d’être capables d’envoyer des rapports en anglais à New York, a-t-il fait observer. « Je suis conscient qu’envoyer un rapport en anglais à New York est important mais il me semble plus important de pouvoir parler français avec des populations francophones qui n’ont pas eu la bénédiction de la colonisation britannique et ne parle pas anglais. » « C’est ce que je disais il y a 18 mois, c’est ce que je disais il y a 3 ans et le Secrétariat n’en a rien changé », a rappelé l’Ambassadeur Araud, en attirant l’attention sur les « commissions de recrutement » composées d’anglophones, qui, a-t-il insisté, ne privilégient pas la connaissance du français. « Je fais cette sortie, peut-être inhabituelle dans cette enceinte, mais je sais que cela n’aura aucune conséquence sur le comportement du Secrétariat qui continuera imperturbablement d’envoyer des anglophones dans des zones francophones », a-t-il déclaré.
Le succès d’une mission de maintien de la paix est le résultat d’efforts partagés par les pays membres du Conseil, les pays contributeurs de troupes et de police et le Secrétariat des Nations Unies. Mais ces efforts ne seraient rien sans un engagement solide du pays hôte, a-t-il prévenu avant de conclure.
Mme MARIA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a déclaré que les opérations de maintien de la paix (OMP) doivent avoir un caractère multidimensionnel lorsque des circonstances concrètes le justifient. Elle a estimé que les missions de maintien de la paix doivent appuyer et assister les institutions des pays hôtes, encadrer l’organisation d’élections libres et transparentes, soutenir les opérations de désarmement, de démobilisation et de réintégration, appuyer une réforme du secteur de la sécurité, ainsi que la mise en œuvre des directives relatives à la parité, et lutter contre la violence sexuelle et sexiste. Soulignant l’importance du paragraphe 16 de la résolution 1674 (2006) du Conseil de sécurité, la représentante de l’Argentine a dit que la protection des civils était une responsabilité primordiale des missions de maintien de la paix. Elle a demandé la conception et l’adoption de mandats qui favorisent la mise en place de mécanismes impartiaux pour surveiller et rendre compte de la situation des droits de l’homme dans les pays hôte.
Elle a indiqué que l’Argentine mettait l’accent sur l’importance de la coopération entre l’ONU et la Cour pénale internationale (CPI) dans le contexte des OMP. Elle a jugé essentiel de mettre l’accent sur l’impact qu’ont les conflits armés sur les femmes et les enfants en gardant à l’esprit les acquis de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. Mme Perceval a insisté sur l’implication des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, car elle garantit de meilleurs résultats. Loin d’imposer la recherche de résultats et de miracles, il faut que les OMP tiennent compte des spécificités de chaque société pour y jeter des bases démocratiques et de développement durable, a-t-elle insisté. Elle a estimé que l’avenir des OMP dépend de la nécessité d’accorder à ces missions des mandats clairs et des financements adéquats. Nous devons continuer à trouver un consensus à l’Assemblée générale pour que les pays fournisseurs de contingents soient mieux associés à la définition des mandats des missions, a souligné Mme Perceval. Elle a jugé indispensable que les missions disposent des moyens nécessaires à leur succès. Il y va de la crédibilité de l’ONU, surtout si l’on compare le budget annuel de 8 milliards de dollars consacrés aux opérations de maintien de la paix aux dépenses phénoménales consacrées aux armées et à la défense à travers le monde. Elle a précisé que 26 citoyens argentins sont tombés au service des OMP, tout en souhaitant que les OMP ne doivent pas être un moyen détourné de faire la guerre, mais plutôt un outil visant à répondre aux besoins des populations souffrant des conflits et de leurs conséquences.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a plaidé pour des mandats de maintien réalistes et réalisables sur le terrain. Il a mis l’accent sur la réforme de la sécurité, le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR) et le déminage, qui, a-t-il dit, sont des aspects essentiels du maintien et du retour à la paix. Il a souligné la nécessité de rétablir l’état de droit dans les pays après les conflits. Il est en outre essentiel, a indiqué M. Churkin, de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États après les conflits et de reconnaître la priorité nationale. Il a insisté sur la coordination entre la Commission de consolidation de la paix, les organisations régionales et les fonds et programmes.
Chaque opération de maintien de la paix est unique, a ajouté M. Churkin. Il est nuisible et parfois dangereux, a-t-il prévenu, que certains États ou le Secrétariat interprètent les mandats du Conseil de sécurité. Il ne faut pas avoir d’approche générale, a-t-il déclaré, appelant à une certaine circonspection dans les discussions sur les mandats pour ce qui est de l’emploi de la force. Enfin, la sécurité des Casques bleus doit demeurer une priorité, a indiqué le représentant.
M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a indiqué que l’engagement du Rwanda pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales était dicté par sa responsabilité de pays contributeur de troupes au sein de la communauté internationale, et par l’obligation morale qui découle du génocide des Tutsis de 1994 qui avait été marqué par la faillite du monde à intervenir. Il a rappelé que depuis 2004, le Rwanda participait à des missions de maintien de la paix, précisant qu’actuellement, il participait à huit missions.
Le représentant a souligné que le maintien de la paix et la consolidation de la paix étaient les deux faces de la même médaille, et que le lien entre les deux devrait être renforcé dans un contexte où les mandats des missions ne cessent de s’étendre, ainsi que les tâches dévolues aux acteurs du maintien de la paix. Il a ensuite soutenu le projet de résolution que le Conseil devrait examiner au cours de cette séance, et qui est coparrainé par le Rwanda. « Il est temps de donner une place légitime à la consolidation de la paix, tant dans le budget que dans les attributions des opérations de maintien de la paix », a-t-il déclaré.
Pour M. Nduhunirehe, il serait judicieux de former les officiers de maintien de la paix aux principes de la consolidation de la paix. Il a cité l’exemple du Rwanda qui, outre des formations traditionnelles dont sont assujetties ses troupes de maintien de la paix, leur assure également des formations axées sur la consolidation de la paix. Il a par ailleurs souligné l’efficacité et le caractère écologique des fours améliorés de cuisson alimentaire que les troupes rwandaises ont emporté au Darfour et qui y connaissent un franc succès. Il a expliqué que ces fours permettaient de lutter contre la déforestation et contribuaient à la sécurité des femmes qui n’ont plus besoin de se déplacer à la recherche du bois, au risque d’être victimes de viols.
Le représentant a également souhaité que les budgets des projets d’application rapide puissent continuer d’augmenter, étant donné que ces projets sont de plus en plus intégrés aux opérations de maintien de la paix. Il a enfin souhaité une plus grande coordination entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre des activités de maintien de la paix.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que le franchissement de la barre des 60 opérations de maintien de la paix mises sur pied par l’ONU depuis 1948, au-delà de l’aspect symbolique, marquait le passage à une étape importante dans l’accomplissement par les Nations Unies de l’activité centrale qui est la raison d’être de l’Organisation mondiale. Il a indiqué que l’accroissement et la diversité des secteurs d’interventions des opérations de maintien de la paix avaient entraîné une mutation profonde pour les mandats des opérations de maintien de la paix qui couvrent désormais des domaines aussi variés que la sécurité, l’accompagnement du processus politique, le désarmement et la démobilisation, autant de tâches qui combinent maintien et consolidation de la paix. Il a estimé que le succès des opérations de maintien de la paix était lié au réalisme des mandats établis par le Conseil de sécurité, à la qualité de la coopération triangulaire entre le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et l’instance exécutive dans les phases de planification et de mise en œuvre de ces mandats. Il a appelé à établir de véritables stratégies de sortie accompagnées de mesures pour le développement durable qui soient respectueuses de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays concernés, ainsi que de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.
Dans le cadre du principe de l’adhésion nationale, la participation de toutes les forces des pays concernés est une condition essentielle de la consolidation de la paix, a souligné M. Loulichki. C’est au gouvernement du pays concerné qu’il incombe en premier lieu d’assumer ces responsabilités et de définir ses priorités et ses stratégies de consolidation de la paix au lendemain des conflits, a-t-il ajouté. Il a condamné les attaques ciblées contre le personnel des opérations de maintien de la paix de l’ONU, avant de rendre hommage à tous les hommes et à toutes les femmes qui n’hésitent pas à sacrifier leur vie pour protéger des populations civiles. Par ailleurs, le représentant du Maroc s’est joint au plaidoyer du représentant de la France, l’Ambassadeur Gérard Araud, pour le multilinguisme, en espérant que la demande de voir du personnel francophone déployé dans les missions de maintien de la paix soit enfin entendu par le Secrétariat.
M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a affirmé que les opérations de maintien de la paix demeuraient un outil indispensable de l’action collective à maintenir la paix et la sécurité internationales. Les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles établissent les bases nécessaires aux processus de consolidation qui doivent suivre. Les principes du consentement des parties, d’impartialité et de non-emploi de la force sauf en cas de légitime défense et d’appui des mandats doivent être toujours respectés. Il a plaidé en faveur d’une plus grande coopération et des consultations régulières avec les pays contributeurs de contingents et de police.
Le délégué a particulièrement mis l’accent sur la nécessité absolue pour toute opération de maintien de la paix de respecter explicitement les principes d’indépendance politique, de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires qui relèvent de la juridiction nationale des États. De même, a estimé M. Musayev, les mandats des opérations de maintien de la paix ne peuvent pas être utilisés pour consolider des situations illégales lorsque des hostilités ont été suspendues et ne doivent pas encourager des solutions de fait accompli.
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a déclaré que les opérations de maintien de la paix connaissent aujourd’hui une complexité et une diversité croissantes, œuvrant dans des environnements de plus en plus difficiles et face à des situations qui peuvent changer subitement. Elle a indiqué que les mandats des opérations de maintien de la paix pouvaient maintenant englober la consolidation des institutions de l’état de droit, la réforme du secteur de la sécurité et de la défense, la protection des civils et en particulier la protection des enfants affectés par un conflit armé, la protection et la promotion des droits de l’homme, la lutte contre la violence sexuelle, le soutien à des processus politiques inclusifs, ainsi que la création des conditions de sécurité nécessaires en vue de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
Soulignant que le maintien et la consolidation de la paix sont complémentaires et étroitement liés, Mme Lucas a estimé qu’il était nécessaire d’adopter une approche holistique, coordonnée et cohérente qui, dès le stade de la planification d’une opération de maintien de la paix, prenne en considération les éléments de consolidation de la paix afin de les refléter de manière adéquate dans les mandats. Elle a indiqué que le Conseil de sécurité devrait continuer à veiller à ce que les mandats des opérations de maintien de la paix soient définis de façon claire, crédible, réaliste et sans ambiguïtés. Elle a estimé qu’une approche intégrée de maintien et de consolidation de la paix ne pouvait réussir que si le rôle de chaque acteur était clairement défini et si les contributions des uns et des autres étaient coordonnées de manière efficace. Une telle approche augmentera la valeur ajoutée de chaque contribution et optimisera l’efficacité et l’efficience de chaque acteur. Il nous semble également important d’élargir le vivier des capacités civiles de l’ONU, en recourant en particulier à l’expertise des personnes issues de pays qui ont fait l’expérience de la consolidation de la paix, a-t-elle assuré.
La représentante du Luxembourg s’est dite convaincue qu’une paix durable ne pouvait se réaliser que si on s’attaque au plus tôt aux causes profondes d’un conflit. L’inclusion dans les processus de rétablissement, de maintien et de consolidation de la paix de tous les groupes de la population, en particulier des groupes les plus vulnérables, dont les femmes, nous semble le meilleur moyen de prévenir. Elle a précisé que le Luxembourg avait contribué aux efforts du Département des opérations de maintien de la paix visant à renforcer la participation des femmes dans les processus politiques notamment en Haïti, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud et au Timor-Leste.
Elle s’est réjouie que la résolution qui doit être adoptée aujourd’hui rappelle le rôle essentiel que jouent, dans les missions de l’ONU, les conseillers pour la protection des populations les plus vulnérables, notamment ceux chargés de la protection de l’enfance. Leur rôle spécifique de plaidoyer, de facilitation et de conseil auprès des chefs de mission tout comme celui d’information et de surveillance est un élément crucial pour la protection des enfants, a-t-elle insisté. Le Conseil doit souligner qu’il importe de déployer des soldats de la paix qualifiés, expérimentés, dotés de toutes les compétences requises, notamment linguistiques, et qui respectent la politique de tolérance zéro de l’ONU à l’égard des écarts de conduite, notamment de l’exploitation et les abus sexuels, a-t-elle ajouté.
Texte du projet de résolution S/2013/27
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales à lui assignée par la Charte des Nations Unies et sa volonté d’œuvrer à l’instauration d’une paix durable pour toutes les situations dont il est saisi,
Réaffirmant son engagement de défendre les buts et principes consacrés dans la Charte, y compris son attachement au respect des principes de l’indépendance politique, de l’égalité souveraine et de l’intégrité territoriale de tous les États, dans la conduite de toutes les activités de maintien et de consolidation de la paix, et la nécessité pour les États de remplir les obligations qui leur incombent en vertu du droit international,
Saluant le rôle décisif que jouent les opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, en ce qu’elles préviennent et maîtrisent les conflits, font respecter les normes internationales et les décisions du Conseil de sécurité et consolident la paix après les conflits,
Résolu à renforcer le rôle central de l’Organisation des Nations Unies en matière de maintien de la paix et à veiller au fonctionnement efficace du système de sécurité collective mis en place par la Charte des Nations Unies,
Notant que le maintien de la paix va des missions traditionnelles, axées pour l’essentiel sur la surveillance de cessez-le-feu, à des opérations multidimensionnelles complexes, qui sont destinées à mener des activités de consolidation de la paix et à s’attaquer aux causes profondes des conflits,
Réaffirmant qu’une opération de maintien de la paix ne peut aboutir que dans le respect des principes fondamentaux du maintien de la paix, y compris ceux qui concernent le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat,
Réaffirmant sa volonté d’améliorer l’efficacité de l’action de l’Organisation des Nations Unies face aux conflits à toutes les étapes, de la prévention au règlement puis à la consolidation de la paix,
Encourageant la poursuite des progrès vers une approche globale, cohérente et intégrée du maintien de la paix et de la sécurité internationales, qui contribue à prévenir les conflits ou leur reprise et à instaurer une paix durable grâce à des stratégies efficaces de diplomatie préventive, de rétablissement de la paix, de maintien de la paix et de consolidation de la paix,
Rappelant à cet égard qu’il s’est engagé à évaluer périodiquement, en consultation avec les acteurs concernés, les effectifs, le mandat et la composition des opérations de maintien de la paix afin d’y apporter, le cas échéant, les ajustements voulus, en fonction des acquis ou de l’évolution de la situation sur le terrain, notamment des conditions de sécurité, en décidant au besoin de les reconfigurer, de les transformer ou de les retirer,
Réaffirmant que c’est aux autorités nationales qu’il incombe au premier chef de définir leurs priorités et les stratégies de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit, et rappelant à cet égard, que l’adhésion des pays concernés, la définition des responsabilités et la volonté politique et les efforts concertés des gouvernements et de la communauté internationale jouent un rôle décisif dans l’instauration d’une paix durable,
Soulignant le rôle vital que joue l’Organisation des Nations Unies en aidant les autorités nationales, en consultation avec ses partenaires internationaux, à asseoir la paix et arrêter une stratégie d’appui aux priorités de consolidation de la paix, et en veillant à ce que ces stratégies renforcent dans leur convergence les activités intéressant les politiques, la sécurité, les droits de l’homme et l’état de droit,
Réaffirmant sa volonté de remédier aux effets des conflits armés sur les femmes et les enfants, et rappelant sa résolution 1325 (2000) et toutes ses résolutions ultérieures sur les femmes, la paix et la sécurité, en réitérant que les femmes doivent participer pleinement et effectivement, sur un pied d’égalité, à toutes les étapes du processus de paix, vu le rôle vital qu’elles jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix, ainsi que sa résolution 1261 (1999) et ses résolutions ultérieures sur le sort des enfants en temps de conflit armé,
Rendant hommage à la mémoire des Casques bleus des Nations Unies qui ont sacrifié leur vie pour la cause de la paix et, à cet égard, soulignant l’importance que revêtent la sûreté et la sécurité de ces derniers, exprimant sa profonde préoccupation face aux menaces et aux attentats ciblés visant les Casques bleus des Nations Unies dans de nombreuses missions de maintien de la paix, qui constituent un grave problème pour ces opérations, condamnant dans les termes les plus forts les assassinats et tous les actes de violence contre le personnel de maintien de la paix des Nations Unies, notamment la destruction en vol d’un hélicoptère de l’Organisation des Nations Unies au Soudan du Sud et les incidents récents qui ont fait des victimes parmi le personnel affecté aux missions des Nations Unies en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et au Darfour, et rappelant que les auteurs de ces attaques doivent être traduits en justice,
1. Se félicite du rôle joué par les opérations de maintien de la paix en faveur d’une stratégie globale de paix et de sécurité durables et prend note avec satisfaction de la contribution que les soldats de la paix et les missions de maintien de la paix apportent aux premiers efforts de consolidation de la paix;
2. Souligne que les activités de maintien de la paix des Nations Unies devraient être menées de manière à faciliter la consolidation de la paix au sortir des conflits armés, à empêcher leur reprise et à progresser sur la voie d’une paix et d’un développement durables;
3. Réaffirme sa volonté de continuer à approfondir ses débats et sa réflexion sur les premières tâches de consolidation de la paix lorsqu’il définit le mandat et la composition des opérations de maintien de la paix et, à cet égard, souligne la nécessité pour le Secrétariat de planifier ces tâches de manière échelonnée en fixant des objectifs précis, compte tenu des conditions locales et des enseignements dégagés, ce qui devrait faciliter la réalisation des objectifs de consolidation de la paix à long terme, pour permettre le succès des phases de transition et le retrait sans heurt des opérations;
4. Souligne qu’il importe d’appréhender les problèmes qui font obstacle à la consolidation de la paix dès qu’une mission de maintien de la paix est déployée en réalisant des évaluations stratégiques intégrées et en planifiant les opérations, de manière à conjuguer de manière cohérente rétablissement de la paix, maintien de la paix, consolidation de la paix et développement, afin d’assurer une intervention efficace au sortir du conflit;
5. Estime que les missions de maintien de la paix multidimensionnelles jouent un rôle important: a) en aidant les pays hôtes à définir les principales priorités et stratégies de consolidation de la paix; b) en contribuant à créer les conditions voulues pour permettre aux acteurs nationaux et internationaux concernés d’œuvrer en faveur de la consolidation de la paix; et c) en prenant elles-mêmes de premières mesures de consolidation de la paix;
6. Réaffirme la nécessité de tenir compte des compétences et de l’expérience des missions lors de l’élaboration des stratégies de consolidation de la paix;
7. Constate que le mandat de chaque mission de consolidation de la paix doit être adapté aux besoins et à la situation du pays concerné;
8. Indique à cet égard qu’il peut notamment confier les responsabilités suivantes aux missions de maintien de la paix multidimensionnelles :
a) Contribuer à la sûreté et la sécurité élémentaires en aidant les pays à élaborer des programmes de réforme du secteur de la sécurité, y compris en leur apportant un soutien stratégique en vue de l’élaboration de plans d’organisation du secteur de la sécurité et en renforçant les capacités de l’armée, de la police et des autres institutions chargées du maintien de l’ordre dans des domaines clefs, tout en respectant les principes d’une complète prise en main de la situation par les pays et de l’instauration de réels partenariats en vue de la constitution d’un secteur de la sécurité légitime et responsable, qui réponde durablement aux besoins de la population;
b) Donner aux gouvernements les moyens de concevoir et d’élaborer au terme de processus politiques ouverts à tous, des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration, qui assurent une transition sans heurt du désarmement et de la démobilisation à la réintégration, en tenant compte des besoins de tous les groupes de population touchés et des exigences propres aux situations particulières;
c) Contribuer au renforcement des institutions de l’État hôte régissant l’état de droit, en coordination avec d’autres entités des Nations Unies et dans le respect des mandats assignés, en aidant les autorités nationales à définir des priorités et stratégies essentielles en matière d’état de droit pour répondre aux besoins de la police, des institutions judiciaires et du système pénitentiaire, souvent liés entre eux, pour aider les États à assumer les fonctions critiques qui sont les leurs dans ces domaines, en apportant une contribution essentielle pour consolider la paix et mettre fin à l’impunité;
d) Organiser une intervention rapide de déminage et dispenser des services consultatifs et une formation adaptée aux besoins des autorités nationales, qui en font la demande, en vue de permettre la réduction des risques, l’assistance aux victimes, le déminage et la gestion et la destruction des stocks;
e) Appuyer la consolidation de la paix et les processus politiques sans exclusive en prodiguant leurs bons offices, leurs conseils et leur soutien, et en parant aux menaces pesant sur le processus de paix en cours, et faciliter les consultations au sein de la population locale et de la société civile pour les aider à participer aux initiatives et débats nationaux et fournir aux États qui en font la demande une assistance technique, logistique et administrative ou un soutien sur le plan de la sécurité en vue de la tenue d’élections représentatives, dans la limite de leurs capacités et de leurs ressources;
f) Aider à assurer la sécurité nécessaire en vue de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, en tenant compte des besoins particuliers des réfugiés, des déplacés, des femmes, des enfants et des personnes âgées, ainsi que le retour librement consenti et durable, en toute sécurité et dans la dignité des réfugiés et des déplacés;
g) Contribuer au lancement d’une action internationale concertée de défense des droits de l’homme, en menant des activités de suivi, de prévention et d’appui aux efforts déployés par les États pour promouvoir et protéger les droits de l’homme, dans la limite de leurs capacités et de leurs ressources et dans le respect de leur mandat, pendant toute leur durée;
h) Protéger les civils, en particulier en cas de menaces imminentes d’atteintes à leur intégrité physique, conformément au paragraphe 16 de sa résolution 1674 (2006) dans leur zone d’opérations, dans la limite des capacités et ressources disponibles, et soutenir les autorités locales dans leurs efforts pour protéger efficacement les civils face aux violences physiques, y compris toutes les formes de violence sexuelle ou sexiste et, à cet égard, aider à créer des institutions chargées de la sécurité dans l’État hôte ou à les réformer, de sorte qu’elles soient en mesure de protéger les civils de manière durable et adéquate, sachant que cette tâche incombe au premier chef à l’État hôte;
i) Coopérer et travailler en coordination avec les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, ainsi qu’avec tous les partenaires concernés, notamment les institutions financières internationales et les donateurs, pour aider le gouvernement hôte et les organismes publics compétents à élaborer des politiques, plans et stratégies de réduction de la pauvreté et de développement économique, qui tiennent compte des situations particulières;
j) Promouvoir la participation des femmes à la prévention des conflits, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix et appuyer également les efforts déployés par le gouvernement pour confier aux femmes des postes de responsabilité dans les organes de gouvernance créés au lendemain des conflits;
9. Constate que, si le succès de l’opération de consolidation de la paix dépend avant tout des gouvernements et acteurs concernés à l’échelle nationale, les missions de maintien de la paix multidimensionnelles présentent des avantages pour les premiers efforts de consolidation de la paix : a) elles tirent leur force de leur légitimité internationale et du poids politique que leur confère le mandat confié par le Conseil de sécurité; b) elles s’appuient sur un ensemble de capacités civiles, militaires et de police regroupées sous une direction unique; c) elles sont profondément implantées sur le terrain;
10. Réaffirme qu’il est résolu à confier aux opérations de maintien de la paix des mandats clairs, crédibles et réalistes, en les dotant des ressources appropriées;
11. Souligne qu’il importe de déployer des soldats de la paix compétents, qualifiés, expérimentés et hautement spécialisés, qui respectent la politique de tolérance zéro de l’Organisation à l’égard des écarts de conduite, et encourage les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police à continuer de fournir, dans un esprit de partenariat, le personnel militaire et de police doté des compétences et de l’expérience nécessaires pour exécuter des mandats de maintien de la paix multidimensionnels, et notamment des compétences linguistiques voulues si leur rang l’exige;
12. Rappelle qu’il importe, lors de la création et du renouvellement des mandats des missions des Nations Unies, d’y inclure des dispositions relatives à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes au lendemain des conflits, et sur le sort des enfants en temps de conflit armé et de nommer au besoin des conseillers pour les questions relatives aux femmes ainsi que des conseillers et des experts en matière de protection des femmes et des conseillers sur la protection des enfants et se félicite que le Secrétaire général ait demandé que les femmes participent davantage et soient associées de plus près aux activités de prévention et de règlement des conflits armés et de la consolidation de la paix, et y soient mieux représentées, et qu’une action plus ferme soit menée pour écarter les obstacles qui empêchent les femmes de participer à tous les niveaux;
13. Encourage les gouvernements, l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales à continuer de mettre à profit les compétences civiles disponibles et d’élargir et d’étoffer la réserve de civils spécialisés dans la consolidation de la paix au lendemain de conflits, notamment en ayant recours à des experts de pays ayant fait l’expérience de la consolidation de la paix après un conflit ou de la transition démocratique, en particulier des personnes des pays en développement et des femmes et, à cet égard, souligne qu’il est impératif de désigner ces experts dans le respect des résolutions et des règles et procédures pertinentes de l’Organisation, afin de limiter les risques de double emploi et d’assurer la cohérence et la complémentarité des activités;
14. Souligne qu’il importe de préciser le rôle et les attributions des opérations de maintien de la paix, des équipes de pays des Nations Unies et d’autres acteurs concernés, notamment les entités du dispositif de consolidation de la paix et les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, condition d’un soutien rationnellement intégré qui réponde aux besoins et priorités de chaque pays en matière de consolidation de la paix, tels qu’ils ont été définis par les autorités nationales, pour assurer une réelle intégration des efforts;
15. Souligne que l’action intégrée menée sur le terrain en matière de sécurité et de développement doit être coordonnée avec les activités du gouvernement du pays afin de stabiliser et d’améliorer les conditions de sécurité et de contribuer au redressement économique et souligne que toutes les entités des Nations Unies sur le terrain doivent œuvrer de concert en vue d’améliorer la cohérence de l’action menée par les Nations Unies pendant et après les conflits;
16. Engage le Secrétariat, dans le cadre de l’évaluation et du cadre stratégiques intégrés, à lui présenter, ainsi qu’aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et aux autres acteurs principaux, une évaluation précoce des problèmes qui font obstacle à la consolidation de la paix dans les missions de maintien de la paix, y compris une évaluation des moyens disponibles, de la force et des effectifs nécessaires ainsi que des besoins logistiques, afin de coordonner et de hiérarchiser les activités de maintien de la paix et de consolidation de la paix dans les mandats des missions;
17. Constate qu’il faut renforcer la collaboration et les consultations avec les pays qui fournissent des contingents et du personnel de police, notamment par la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et le Secrétariat, dans les domaines où les effectifs militaires et de police mènent les premiers efforts de consolidation de la paix, et encourage toutes les parties prenantes à participer activement à des consultations ouvertes et plus fréquentes afin d’améliorer l’exécution des tâches de consolidation de la paix sur le terrain;
18. Souligne l’importance que revêtent les partenariats et la coopération avec les organisations et les mécanismes régionaux et sous-régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, pour appuyer les activités de maintien de la paix et de consolidation de la paix et pour promouvoir l’appropriation des programmes aux niveaux régional et national;
19. Rappelle sa résolution 1645 (2005) et exprime sa volonté de continuer à faire appel aux services de la Commission de consolidation de la paix en matière de conseil, de sensibilisation et de mobilisation des ressources, se félicite des progrès accomplis par celle-ci, et souligne qu’il faut tirer davantage parti de ses compétences pour permettre l’adoption d’une approche mieux intégrée et plus cohérente en ce qui concerne les opérations multidimensionnelles de maintien de la paix dans les pays figurant à son ordre du jour;
20. Condamne fermement toute attaque ciblée contre le personnel de maintien de la paix des Nations Unies par l’une ou l’autre partie au conflit et, à cet égard, prie le Secrétaire général de prendre toutes les mesures qu’il juge nécessaires pour renforcer les dispositifs de sécurité des Nations Unies sur le terrain et pour améliorer la sûreté et la sécurité de tous les contingents militaires, du personnel de police, des observateurs militaires et, en particulier, du personnel non armé;
21. Prie le Secrétaire général de suivre l’application des dispositions de la présente résolution dans les rapports pertinents sur le maintien de la paix et la consolidation de la paix;
22. Décide de rester saisi de la question.
Suite des déclarations
M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a affirmé que la notion du maintien de la paix avait évolué au cours de ces dernières décennies, en devenant un outil essentiel du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il est impératif, a-t-il souligné, que le maintien et la consolidation de la paix se complètent mutuellement. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’appuyer la phase de transition cruciale qui doit suivre le maintien de la paix et précéder la reconstruction à long terme.
Le délégué a estimé que la création de toute opération de maintien de la paix ou toute prorogation de mandat devrait respecter de façon stricte les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le consentement préalable du pays hôte, le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, l’impartialité. Il faut, a-t-il insisté, respecter les principes de souveraineté, d’indépendance politique et d’intégrité territoriale de tous les États.
M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a souligné que pour permettre une diminution des effectifs de missions de maintien de la paix qui sont coûteuses, il faut traiter des causes sous-jacentes des conflits et pour ce faire, adopter une approche multidimensionnelle. Les éléments multidimensionnels d’une mission doivent avoir le même degré de priorité que celui que l’on accorde généralement à la présence militaire, a estimé M. McLay.
Il faut aussi, a ajouté le représentant, que les missions de maintien de la paix puissent donner des résultats rapides et concrets au bénéfice des populations des pays hôtes des OMP. Nous avons trop souvent vu des gouvernements hôtes « perdre patience », a regretté le représentant. Il a estimé qu’aujourd’hui, le Conseil de sécurité n’est pas bien équipé pour faire face à des situations complexes où l’on voit trop de chevauchements dans les compétences et les responsabilités des différentes composantes des missions, sans compter que les parties prenantes au conflit, voire les pays hôtes, sont souvent marginalisés. Il faut donc une meilleure interaction avec les « formations » de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a préconisé M. McLay. Mais étant donné que souvent, les missions inscrites à l’ordre du jour du Conseil ne sont pas toujours les mêmes que celles figurant à l’agenda de la Commission de consolidation de la paix, le représentant a suggéré d’aller plus loin dans la recherche d’outils efficaces pour une intégration effective des travaux des deux organes.
Le Conseil, a-t-il préconisé, pourrait commencer par une ou deux situations qui ne font pas l’objet d’une « formation » de la CCP et tenir une réunion de type « formation » fondée sur un partenariat entre lui-même, le pays hôte, d’autres acteurs pertinents et les agences de l’ONU. Un bon mélange d’inclusion politique et de non-formalité pourrait permettre d’entendre plusieurs parties prenantes et fournirait un contexte permettant un leadership plus fort et plus efficace du Conseil sur la prévention et le règlement des conflits, a estimé le représentant.
Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a rappelé que les menaces immédiates auxquelles on tente de répondre n’étaient que des manifestations des contraintes structurelles des sociétés qui exposent celles-ci particulièrement au conflit. Il ne faut pas oublier que l’établissement de la paix, la consolidation de la paix et le maintien de la paix sont étroitement liés et exigent une démarche inclusive et concertée pour traiter des racines du conflit, a-t-elle rappelé. Il faut que le Conseil de sécurité, lorsqu’il élabore le mandat d’une mission de maintien de la paix, se projette au-delà de l’horizon immédiat, comme le soutient le Brésil depuis longtemps. La représentante a suggéré d’inclure, dès le départ, des objectifs de consolidation de la paix dans les mandats des missions. Elle a aussi souhaité une inclusion plus grande de toutes les parties prenantes dans ces efforts.
Notant les progrès réalisés pour adopter une approche multidimensionnelle dans le domaine du maintien de la paix, Mme Dunlop a souligné la nécessité de renforcer les capacités civiles des missions déployées sur le terrain. Le personnel civil pourra ainsi accompagner les réformes visant à créer des institutions solides pour l’état de droit et la promotion des droits de l’homme, a-t-elle expliqué. La représentante a aussi parlé de la prévention, élément important des opérations de maintien de la paix qui, a-t-elle dit, passe par la préparation opérationnelle et la fourniture de services de base. La stratégie de sortie doit être le fruit d’un accord avec le gouvernement du pays hôte, le peuple de ce pays, la société civile et la communauté internationale. Lorsqu’une mission de la paix quitte un pays, elle ne doit pas emporter avec elle les capacités de mobilisation des ressources, a insisté la représentante du Brésil.
M. CEDRICK CHARLES CROWLEY(Afrique du Sud) a estimé que l’approche multidimensionnelle du maintien de la paix a prouvé son efficacité face aux conflits actuels. Il en a voulu pour preuve les résultats obtenus par les 14 missions de maintien de la paix qui sont basées sur cette approche qui, à travers les années, a contribué à jeter les bases d’une paix durable et d’une gouvernance démocratique dans les pays concernés. Le représentant a ajouté que l’efficacité des missions de maintien de la paix exige que l’examen de la mise en œuvre de leurs mandats s’appuie sur des rapports informés du Secrétaire général. Ces rapports doivent relayer l’avis de tous les acteurs pertinents se trouvant sur le terrain, y compris le pays hôte de la mission et les pays contributeurs de troupes. L’action de l’ONU ne doit avoir pour moteur que les véritables besoins du pays hôte de la mission, a insisté le représentant.
M. DESRA PERCAYA (Indonésie) s’est félicité de l’accent mis sur le lien entre maintien de la paix et consolidation de la paix, deux domaines qui, a-t-il rappelé, se renforcent mutuellement. Alors que les Casques bleus se voient confier des mandats de plus en plus complexes et multidimensionnels, tous les acteurs en matière de maintien de la paix, dont le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Secrétariat des Nations Unies, ainsi que les pays fournisseurs de contingents et les pays hôtes des opérations de maintien de la paix, doivent s’assurer que ces opérations bénéficient d’un soutien suffisant. Il a aussi invité les composantes du maintien de la paix -militaire, de police et civile- à travailler de concert avec le sentiment d’œuvrer vers un objectif commun.
Les directives fournies aux Casques bleus doivent être explicites. Ce personnel doit également recevoir un équipement, une formation et des ressources appropriés, a insisté M. Percaya. Il s’est félicité de la réflexion engagée sur les mesures précoces de consolidation de la paix, comme le renforcement des institutions. Reconnaissant que le personnel de maintien de la paix accomplit des tâches multidimensionnelles, il a cependant invité à faire une étude comparative pour ce qui est des mesures à prendre à long terme et à promouvoir les démarches complémentaires d’autres entités du système de l’ONU. Enfin, le représentant a rappelé que l’Indonésie participait au maintien de la paix depuis 1956 et qu’elle était actuellement engagée dans six missions des Nations Unies.
M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a rappelé que le maintien de la paix constituait une des activités phares de l’ONU et souligné l’importance du partenariat offert par de nombreux acteurs dans ce domaine. L’Union européenne et ses États membres apportent une grande contribution à cet égard, a-t-il ajouté, en donnant l’exemple du soutien récemment fourni à la mise en place de la Mission de supervision des Nations Unies en Syrie (MISNUS). En ce qui concerne le Comité spécial de la décolonisation, il a souhaité que son rapport se concentre davantage sur la mise en œuvre des recommandations du Comité, afin d’optimiser les ressources.
M. Mayr-Harting a ensuite souligné le lien étroit qui existe entre maintien de la paix et consolidation de la paix, en se félicitant, à cet égard, de la stratégie y afférente du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions. Il a aussi expliqué combien le développement des institutions judiciaires et sécuritaires était important pour instaurer une paix durable, et pour renforcer l’état de droit. M. Mayr-Harting a ajouté que l’initiative de la capacité civile contribuait au renforcement des capacités des opérations de maintien de la paix. Une approche intégrée et cohérente de la consolidation de la paix et de la paix durable est un élément crucial, a-t-il insisté. Pour le Chef de la délégation de l’Union européenne, il faudrait définir de manière claire la contribution de chaque acteur intervenant dans ces processus, dès le début. Il a aussi plaidé en faveur d’une bonne coordination dans ce domaine, en invitant à renforcer les efforts dans ce sens.
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a déclaré que son pays était fier d’avoir participé aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies depuis leur début. Plus de 100 000 Casques bleus indiens ont contribué à ces opérations, ce qui fait de l’Inde un des plus gros fournisseurs de troupes à ces opérations dans l’histoire de l’ONU. Il a rappelé, à cet égard, la déclaration présidentielle (S/PRST/2011/17) du Conseil de sécurité d’août 2011 qui demandait un dialogue avec les pays fournisseurs de contingents, l’intégration des expériences dans les stratégies de consolidation de la paix, ainsi que dans la définition des mandats des missions. C’est la nature des mandats qui détermine la pratique du maintien de la paix, a-t-il noté. L’Inde a toujours plaidé en faveur d’un processus inclusif pour l’élaboration des mandats, afin de s’assurer que ces mandats soient suffisamment souples et conformes à la réalité sur le terrain. Il a souhaité en particulier que le processus de définition des mandats se fasse en consultation avec les pays contributeurs de troupes et de personnel de police.
M. Puri a regretté que le manque de ressources contraigne les missions à en faire davantage avec moins de moyens, en soulignant la nécessité de fournir des ressources à la hauteur des mandats. Évoquant le Grouped’observateurs militaires des Nations Unies pour l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP), M. Puri a estimé qu’après la signature de l’Accord de Simla en 1972 entre les deux pays, il aurait été plus judicieux de réaffecter à une autre mission les ressources qui lui sont allouées. Le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont deux faces de la même pièce, a-t-il fait remarquer. Le personnel en uniforme constitue les deux tiers de la présence sur le terrain, a-t-il aussi fait observer, en invitant à utiliser au mieux la complémentarité du personnel civil.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a souligné l’importance d’une étroite cohésion entre les mandats de maintien de la paix et les moyens requis pour les mettre en œuvre. Observant le rôle crucial de la police dans les opérations de maintien de la paix, il a parlé d’une initiative que lancent l’Allemagne et plusieurs partenaires visant la constitution du « groupe des Amis de la police des Nations Unies ». La police des Nations Unies apporte une aide utile aux pays hôtes dans le développement des priorités de consolidation de la paix, a-t-il assuré. Elle joue aussi un rôle important dans la réforme du secteur de la sécurité ainsi que dans les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). L’initiative de l’Allemagne dans ce domaine cherche à renforcer le soutien politique à l’égard de la police des Nations Unies. Le Groupe des Amis de la police de l’ONU devrait comprendre les principales parties impliquées et permettre un échange de vues. Ce sera également une passerelle entre le Siège des Nations Unies et les capitales. M. Wittig a émis l’espoir que le groupe sera constitué d’États Membres dévoués et engagés activement dans ce domaine. Le groupe tiendra une réunion constituante au printemps 2013, a annoncé M. Wittig.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a présenté quatre points essentiels à une bonne mission de maintien de la paix multidimensionnelle. Il a d’abord souligné qu’il était impératif d’intégrer les éléments de consolidation de la paix, dès les premiers stades des missions de maintien de la paix. Pour ce faire, il faut tenir compte des vues exprimées par le pays hôte et la Commission de consolidation de la paix où les enseignements tirés et les pratiques exemplaires identifiés par les pays contributeurs de troupes peuvent être demandés pour déterminer les besoins d’une mission. Dès que les besoins sont ainsi identifiés, les pays contributeurs de troupes devraient être priés de former des unités composites -militaires, policiers et civils- pour répondre aux aspects multidimensionnels des missions. Cela permettra de tirer parti des avantages comparatifs de soldats de la paix expérimentés et de diminuer les coûts qu’implique le recours aux experts externes.
Les femmes doivent être incluses systématiquement dans l’ensemble des processus du règlement des conflits, de la médiation, de la relance économique, de la gouvernance locale, de l’état de droit et autres domaines liés à l’édification d’une nation, a souligné le représentant. Avant de conclure, il a insisté sur le fait que les missions multidimensionnelles exigeaient un personnel bien formé et compétent. À cet égard, il a indiqué que le Bangladesh était disposé à ouvrir les portes du Centre de formation BIPSOT dont s’est doté son pays.
M. TSUNEO NISHIDA (Japon) a salué l’initiative lancée par la résolution soumise aujourd’hui au Conseil, qui met l’accent sur la nature multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il a rappelé les contributions historiques faites par le Japon aux opérations de maintien de la paix, notamment au Timor-Leste, à Haïti et au Soudan du Sud, qui sont des pays qui ont bénéficié de l’expertise des ingénieurs japonais.
Le représentant a ensuite relevé que les missions de maintien de la paix font face aux nouveaux défis qui se posent en ce XXIe siècle. « Les missions de maintien de la paix devraient pouvoir être capables de faire face à des besoins spécifiques et de gérer des situations complexes afin de pouvoir mener avec succès leur mandats multidimensionnels », a-t-il précisé. Pour ce faire, a-t-il ajouté, chaque mission de maintien de la paix devrait, plus que jamais, être menée avec le soutien le plus large possible des États Membres. « Le Conseil de sécurité, qui est l’autorité suprême de prise de décisions sur les missions de maintien de la paix, n’a pas connu de changement notoire de sa composition et de son processus de prise de décisions depuis plus de 60 ans », a cependant regretté M. Nishida. Il a indiqué que le Japon est convaincu que c’est quand le changement nécessaire sera opéré dans les mécanismes de prise de décisions du Conseil que les missions de maintien de la paix pourront atteindre leur plein potentiel et répondre aux besoins et aux demandes de la nouvelle ère qui vient de s’ouvrir. Le délégué a par la suite évoqué la participation active du Japon aux travaux de la Commission de consolidation de la paix, et il a souligné qu’afin que les efforts de maintien de la paix puissent avoir un impact durable, il serait opportun de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité, la Commission de consolidation de la paix et d’autres acteurs clefs du développement.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ(Chili) a constaté l’évolution sur la durée des missions de maintien de la paix, soulignant leur caractère de plus en plus multidimensionnel. Il a dès lors souhaité que les missions soient dotées de ressources financières, logistiques et humaines suffisantes, pour leur permettre d’exercer ces mandats au mieux. Maintien et consolidation de la paix vont de pair, c’est pourquoi il est fondamental que les mandats des différentes opérations de maintien de la paix bénéficient de la même viabilité et d’une perspective stratégique d’arrivée et de sortie, avec les ressources nécessaires et des garanties de sécurité, a-t-il rappelé. Il faut ainsi garantir une bonne coordination des efforts de tous les acteurs impliqués, en particulier avec les institutions nationales. Le représentant s’est par ailleurs félicité de la communication établie entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents militaire et de police. Il a aussi reconnu le rôle important que jouent les femmes dans le règlement des conflits et la consolidation de la paix. Avant de conclure, il a souligné le rôle clef des organisations régionales dans ces processus.
M. FRANTISEK RUZICKA (Slovaquie), rappelant sa fonction de Vice-Président du Groupe des Amis de la réforme du secteur de la sécurité, a souligné que pour appuyer une mission de maintien de la paix multidimensionnelle, il faudrait déterminer clairement les priorités des stratégies pour la transition vers la consolidation de la paix, créer des capacités appropriées et conformes aux besoins de l’approche multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix, et établir de véritables partenariats basés sur la coopération et les avantages comparatifs. Après avoir passé en revue les recommandations de son Groupe concernant ses trois points, le représentant a souligné qu’avec la multitude d’acteurs sur le terrain, la coordination entre les parties prenantes nationales et internationales est d’une importance capitale. Comme la responsabilité des mandats de coordination incombe aux États Membres, il a attiré l’attention sur une des recommandations de son Groupe visant le renforcement des partenariats entre ces États et l’ONU et entre les organisations régionales et sous-régionales et les acteurs non étatiques impliqués dans la réforme du secteur de la sécurité. Les partenariats doivent aussi mettre davantage l’accent sur l’appui dont a besoin la coopération Sud-Sud dans ce domaine et celui du maintien de la paix.
M. PETER THOMSON (Fidji), notant l’évolution des opérations du maintien de la paix qui sont devenues multidimensionnelles, a rappelé que le maintien et la consolidation de la paix étaient des étapes d’un même processus. Pour répondre au mieux aux conflits d’aujourd’hui, il faut d’abord chercher à bien comprendre chaque situation et ses causes, a conseillé M. Thomson. Il a aussi suggéré de bien définir les stratégies de sortie des missions de maintien de la paix ainsi que les modalités de transition vers d’autres formes de présence onusienne. Il a en outre souhaité une planification claire, détaillée et réaliste des mandats des différentes missions, afin d’éviter de retomber dans le conflit et pour garantir une transition sans heurts entre les deux phases. La résolution que le Conseil de sécurité a adoptée aujourd’hui à l’unanimité doit servir de feuille de route pour les discussions à venir sur les mandats des missions de maintien de la paix et leur mise en œuvre, a souligné le représentant. Fidji poursuivra sa tradition de contribuer au maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il assuré.
M. TUVAKO N. MANONGI (République Unie de Tanzanie), a relevé que le maintien de la paix va toujours faire face à des défis. Il a ajouté que ce qui pourrait faire changer les approches à ce jour en vigueur dans ces opérations, serait la prise en compte des leçons tirées des précédentes missions. À ce propos, il a noté que l’une des leçons apprises du XXe siècle, à travers les opérations menées au Rwanda, en Bosnie et en Somalie, est que le maintien de la paix doit être solide et efficace. En plus, a-t-il ajouté, envoyer des troupes dans des zones ayant besoin de maintien de la paix seulement quand le besoin s’en fait sentir est une bonne action, mais qui ignore les réalités. Il a ainsi expliqué que le déploiement de forces de maintien de la paix ne se traduit pas toujours pas le retour de la paix dans la zone concernée. Il a pris en exemple la situation en République démocratique du Congo où, a-t-il soutenu, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) ne peut, malgré sa bonne volonté, accomplir pleinement son mandat et répondre aux attentes placées en elle. Il a de nouveau évoqué l’exigence de solidité et d’efficacité militaire qui se pose aux opérations de maintien de la paix en citant la crise humanitaire qu’a connu la localité de Goma en novembre dernier quand les forces rebelles du Mouvement M23 ont pris la ville. Ceci s’est passé alors que la MONUSCO était présente. M. Manongi a en outre souhaité que les Nations Unies collaborent davantage avec les organisations régionales autant que ce soit possible, afin d’assurer le maintien de la paix. Il a indiqué que « si cette coopération conduit au succès, l’ONU n’aura pas de raison de craindre de perdre sa position privilégiée de responsable de ces opérations ».
M. MARTIN VIDAL (Uruguay) s’est félicité d’un débat qui va dans le sens du lien plus fort avec le Conseil que ne cessent de réclamer les pays contributeurs de troupes et de l’amélioration des méthodes de travail du Conseil. Ce dialogue est fondamental pour que l’association mondiale exige que le système se transforme en réalité et que les mandats soient plus efficaces d’autant plus qu’on parle aujourd’hui de missions de maintien de la paix multidimensionnelles. Le plus grand de telles missions est le passage sans heurt à la consolidation de la paix. Ce défi est d’autant plus difficile que les mécanismes qui entrent en action avant le retrait d’une opération de maintien de la paix ne sont pas toujours prévisibles. Il faut donc se concentrer sur le renforcement des institutions, le dialogue politique, la reconstruction et les conditions propices au développement socioéconomique. Pour ce faire, il faut une bonne coordination, la suppression des doublons et la mise en place de réelles perspectives de développement durable, a conclu le représentant.
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a conseillé au Conseil de sécurité, en collaboration avec le Département des opérations de maintien de la paix et de la Commission de consolidation de la paix, de rechercher les moyens d’intégrer plus avant et de renforcer la coopération entre les éléments militaires et de police des missions de maintien de la paix, sans en oublier la composante civile, la société civile et les organisations régionales. Dans ce contexte d’approche intégrée, le représentant de la Malaisie a encouragé la participation des États Membres à la plateforme CAPMATCH. Une telle approche, a-t-il dit, faciliterait encore plus la transition entre maintien et consolidation de la paix, le succès d’une telle transition, dépendant, a-t-il averti, de la collaboration qui devrait avoir lieu entre la mission et les autorités nationales et locales pour mettre en place une architecture institutionnelle durable avant qu’il ne soit mis à une opération de maintien de la paix.
Les projets à impact rapide peuvent aussi s’avérer utiles pour compléter le travail accompli dans le cadre du maintien de la paix, a estimé M. Haniff. Le succès de tels projets peut convaincre les acteurs locaux de travailler plus étroitement avec la communauté internationale et donc de préserver la paix, a-t-il indiqué. Le représentant a donc jugé judicieux que soient prévus des projets de cette nature dans les mandats de toutes les missions de maintien de la paix.
M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a noté l’augmentation qu’a connue le coût des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le budget qui leur est consacré ayant atteint un record de 8 milliards de dollars. Il a souhaité que la définition des mandats des missions respecte la souveraineté nationale, l’indépendance politique et l’intégrité territoriale des États. Les mandats donnés aux OMP doivent être accompagnés d’objectifs concrets à atteindre et dotés de ressources nécessaires pour leur mise en œuvre, a-t-il ajouté. En outre, il a demandé que les pays fournisseurs de contingents participent, en tant qu’acteurs clefs, à la formulation des objectifs assignés aux OMP ainsi qu’au déploiement de ces opérations. M. Reyes Rodriguez s’est dit en faveur d’approches plus progressives dans l’élaboration des mandats. Les mandats ne devraient être décidés que lorsque les États Membres ont pris des engagements fermes sur les ressources, a-t-il estimé. Les opérations de consolidation de la paix doivent en outre être menées dès le début des opérations de maintien de la paix, a estimé le représentant. Toute stratégie de consolidation de la paix doit répondre aux besoins nationaux des pays hôtes des missions et respecter leurs priorités nationales. Il faut aussi gérer les causes profondes d’un conflit, a-t-il ajouté. Notant que huit OMP des Nations Unies disposent d’un mandat de protection des civils, le représentant a rappelé que cela ne devait pas être un prétexte pour promouvoir un changement de régime ou une intervention militaire étrangère dans le pays concerné.
Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) s’est fondée sur l’expérience de son pays en matière d’opérations de maintien de la paix pour souligner quelques points. Elle a d’abord appelé le Conseil à ne se laisser guider que par l’unité et à mobiliser tout son capital politique pour garantir un cadre stratégique cohérent propre à réaliser les objectifs voulus qui doivent être clairement formulés. Elle a ensuite estimé que les opérations de maintien de la paix doivent être guidées par une stratégie intégrée à trois piliers d’égale importance, à savoir la sécurité, l’appui au processus politique national et la relance économique.
Elle a poursuivi en appelant à l’institutionnalisation d’un cadre de consultation entre les pays contributeurs de troupes et la Commission de consolidation de la paix. L’implication constante de ces derniers à tous les stades d’une opération de maintien de la paix est essentielle pour le succès et l’efficacité de ladite opération. La représentante a aussi appelé les Nations Unies à répondre aux demandes croissantes en matière de capacités civiles par une approche inclusive et partagée.
Après avoir plaidé pour la mise à disposition des ressources nécessaires au déploiement rapide d’une mission, la représentante a jugé important que les soldats de la paix et les autres acteurs aient des directives et des règles d’engagement claires pour la poursuite de leur mission. Il est essentiel, a-t-elle insisté, que chacun soit tenu comptable de ses actes.
Elle a conclu en mettant aussi l’accent sur l’importance d’une stratégie pragmatique de formation, d’un leadership et d’une ligne de commandement efficaces. Le moral et la dignité des soldats de la paix, qui sont tout aussi importants, doivent être préservés par des structures appropriées. Les formalités liées au décès et aux accidents doivent être conclues le plus rapidement possible, a souhaité la représentante, avant de souligner l’importance de la sûreté et de la sécurité du personnel de maintien de la paix.
Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a indiqué que son pays figure sur la liste des 10 plus gros donateurs au Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies. Elle a observé que les Casques bleus ont non seulement un rôle de restauration de la sécurité et de coordination des activités d’aide, mais aussi un rôle d’appui dans la stratégie politique de consolidation de la paix. Ils s’acquittent en effet des tâches de consolidation de la paix, en assistant les institutions nationales pour qu’elles renforcent leurs capacités en matière d’état de droit et de sécurité. Mme Anderson a souligné l’importance de définir clairement le rôle que doit jouer le personnel en tenue dans la consolidation de la paix. Le Conseil de sécurité a tendance à ajouter de plus en plus de tâches aux mandats des missions de maintien de la paix, a-t-elle observé, en constatant que cela rend l’exécution de ces mandats de plus en plus difficile. Au lieu d’ajouter des responsabilités à ces missions, elle a proposé de renforcer les missions politiques et les missions de consolidation de la paix.
Mme Anderson a ensuite mis l’accent sur la contribution des organisations régionales à la consolidation de la paix, comme les projets PEACE III et Femmes et Consolidation de la paix, qui sont financés par l’Union européenne. Pour sa part, l’Irlande a lancé des initiatives visant à améliorer les relations entre l’Union européenne et l’ONU dans les opérations de paix. L’Irlande, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, organise le mois prochain un séminaire sur cette question. Avant de conclure, Mme Anderson a invité à tirer les leçons des expériences passées concernant l’aspect multidimensionnel des opérations de maintien de la paix et les liens entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Les Casques bleus irlandais reçoivent une formation en matière de droits des femmes et des minorités, a-t-elle assuré.
M. NATTAWUT SABYEROOP (Thaïlande) a estimé qu’il faut tout faire pour formuler dès le début de la mise en place d’une OMP des approches intégrées et cohérentes pour le développement postconflit des pays affectés par l’instabilité, ces approches devant être fondées sur les priorités du pays hôte. Dans ce contexte, les pays contributeurs de troupes doivent être entendus, a souligné le représentant. Convaincue du lien entre paix, sécurité, développement et droits de l’homme, la Thaïlande, a dit son représentant, a fait en sorte que ses soldats de la paix, que ce soit au Timor-Leste, en Haïti ou dans le Golfe d’Aden participent aussi au développement local et communautaire dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la santé et la gestion des eaux.
Aujourd’hui, la Thaïlande envisage de déployer au sein des missions de maintien de la paix de l’ONU des ingénieurs militaires, des unités médicales et des femmes officiers. La Thaïlande vient d’ailleurs de créer un Comité national sur les politiques et stratégies de promotion de la condition de la femme, a précisé le représentant qui a conclu son intervention en espérant voir le renforcement de la coopération entre les pays contributeurs de troupes, la Commission de consolidation de la paix, le Conseil de sécurité, le Secrétariat et toutes les agences pertinentes de l’ONU.
M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a constaté l’évolution des opérations de maintien de la paix au fil du temps, qui a entraîné une complexité croissante et l’établissement de missions variées quant à leur nature, leur portée et leur taille. Il a donc plaidé en faveur d’une plus grande cohérence entre des activités qui se renforcent mutuellement. Le représentant s’est félicité de la volonté du Conseil de sécurité de mieux intégrer les tâches précoces de consolidation de la paix dans les mandats des opérations de maintien de la paix, et de s’assurer que ces mandats soient dotés de ressources appropriées. Il s’est aussi félicité de la décision d’améliorer la coopération et les consultations avec les pays fournisseurs de troupes et de personnel de police. Il est important, a-t-il souligné, que les membres du Conseil de sécurité s’engagent comme ils le font à renforcer la sécurité du personnel de l’ONU sur le terrain.
Le représentant a rappelé que l’Ukraine avait contribué à plus de 20 missions des Nations Unies, en déployant 34 000 Casques bleus au cours des 20 dernières années. L’Ukraine est déterminée à poursuivre son soutien aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il assuré. Le représentant a annoncé que l’unité d’aviation militaire déployée par l’Ukraine pour la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) allait être doublée cette année. Il a aussi mentionné le transfert d’hélicoptères ukrainiens du Libéria à la Côte d’Ivoire. L’Ukraine déploie aussi du personnel de police sur le terrain, a-t-il ajouté.
Mme SIGNE BURGSTALLER (Suède), s’exprimant au nom des pays nordiques, a rappelé aux Nations Unies leur engagement d’être « Unis dans l’action », y compris en ce qui concerne une mission de maintien de la paix qui doit travailler en coopération étroite avec l’équipe de pays. Il faut aussi, a poursuivi la représentante, une plus grande coordination et une plus grande cohérence sur le terrain avec les institutions financières internationales, les organisations régionales et les partenaires bilatéraux. Trouver des moyens pragmatiques d’opérer en coopération étroite et tirer parti des avantages comparatifs des uns et des autres est la clef, a tranché la représentante, en attirant l’attention sur l’exemple du Libéria.
L’approche intégrée, a insisté Mme Burgstaller, éviterait au Conseil de surcharger les missions de maintien de la paix avec des tâches que d’autres peuvent mieux accomplir. Elle a donc encouragé une plus grande collaboration entre le Conseil et les formations pays de la Commission de consolidation de la paix. Concluant sur la question des ressources, elle a estimé que cette question était essentielle pour assurer une transition sans heurt du maintien de la paix à la consolidation de la paix et au développement à long terme. Les pays nordiques en sont convaincus, a-t-elle déclaré avant de conclure.
M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a estimé que le maintien et la consolidation de la paix sont les deux côtés d’une même pièce. Il a fait observer que la durabilité des accords de cessez-le-feu et des accords de paix dépendait de la détermination et de l’empressement à reconstruire le tissu national et les institutions de base tout en répondant aux racines mêmes du conflit. Tout en reconnaissant que c’est aux autorités nationales que revient la responsabilité initiale d’établir les stratégies de consolidation de la paix, le représentant de la Croatie a également appuyé l’idée d’adopter une approche complète, cohérente et intégrée en la matière ce qui, a-t-il précisé, implique une meilleure coopération entre le gouvernement du pays hôte et la communauté internationale ainsi qu’une coordination efficace entre toutes les parties prenantes.
M. Vilović a ensuite souligné que le renforcement des institutions dans les domaines de la sécurité et de l’état de droit était la condition sine que non de tout processus de redressement et de développement durable. À cet égard, il a fermement appuyé les efforts destinés à renforcer les capacités civiles suite à un conflit, ainsi qu’un échange efficace entre les demandeurs et fournisseurs de services. Le représentant a aussi dit fermement appuyer l’établissement de relations « plus dynamiques » entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, en particulier lors de l’établissement et du renouvellement des mandats des missions. Il conviendrait donc d’en profiter au mieux, a-t-il estimé. M. Vilović a par ailleurs insisté sur une participation plus active des femmes à toutes les étapes du maintien de la paix ainsi qu’aux processus de prise de décisions.
M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a, après avoir souligné que l’Afrique abrite le plus grand nombre de missions de maintien de la paix, jugé que la nature multidimensionnelle de ces dernières ainsi que leur succès exigent qu’elles reconnaissent le rôle que peuvent jouer les organisations régionales. Il a illustré ses propos par les bilans mitigés des missions onusiennes au Soudan du Sud, au Darfour et en République démocratique du Congo (RDC). Il en a profité pour rappeler la communauté internationale à ses responsabilités à l’égard du Mali, de la République centrafricaine et de la Somalie. M. Kamau a ainsi rappelé qu’après un engagement de plus d’un an en Somalie, le Kenya n’a reçu qu’une fraction des millions de dollars que le Conseil avait promis de lui rembourser. Il s’agit, a-t-il dit, d’une situation « clairement inacceptable et invivable » pour le Kenya qui est un pays en développement dont les ressources devraient prioritairement être investies dans son propre développement socioéconomique.
Le représentant a prévenu que ce n’est qu’en répondant sérieusement et totalement aux besoins logistiques des troupes et en remboursant dans leur totalité et sans délai les sommes dues aux pays contributeurs de contingents que l’approche multidimensionnelle pourra continuer à recevoir l’appui qu’il mérite de la part des pays en développement, notamment de ceux contributeurs de troupes.
M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a estimé que les activités de maintien de la paix de l’ONU devraient répondre de manière effective aux conflits émergeants, aux défis politiques potentiels et aux menaces à la paix. Il a également insisté sur l’importance de promouvoir les femmes au sein des missions de maintien de la paix, notamment en augmentant de 20%, d’ici à 2014, le nombre de femmes officiers de police. Le représentant a aussi souligné la nécessité de mobiliser suffisamment de ressources.
M. Kydyrov a ensuite préconisé que les opérations de maintien de la paix soient intégrées à toutes les mesures préventives et diplomatiques possibles. Il a également estimé nécessaire de renforcer la coopération avec les organisations régionales afin de faire face au déficit de ressources, avant de se féliciter de la signature, en septembre 2012, du mémorandum d’accord entre l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et le Département des opérations de maintien de la paix. Le représentant du Kirghizistan a aussi estimé que davantage d’attention mérite d’être accordée à l’amélioration du cadre juridique qui régit la coopération internationale, ainsi qu’à l’élaboration de la législation au niveau national. Il a ensuite rappelé que son gouvernement avait promulgué, au mois de juillet, une loi sur les principes et les modalités qui régissent la participation de la République kirghize aux activités de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Une série de mesures sur la formation des officiers militaires qui seront déployés dans les missions de maintien de la paix de l’ONU a par ailleurs été approuvée au mois d’octobre par son Gouvernement, a-t-il ajouté.
Au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a déclaré que la CEDEAO jouissait d’une solide expérience dans le domaine du règlement de situations de crise, notamment au Libéria en 1990, en Sierra Leone en 1997, en Guinée-Bissau en 1998 et 2012, en Côte d’Ivoire en 2002 et aujourd’hui au Mali. Il a précisé que le Protocole de la CEDEAO relatif au Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dans la sous-région, permettait le déploiement immédiat de la Force d’attente de la CEDEAO (FAC) -ECOWAS stand-by force-, en cas de crise, après décision du Conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO et surtout avec l’accord du pays concerné. Il a précisé que la résolution 2085 (2012) adoptée le 20 décembre 2012 par le Conseil de sécurité, qui autorise le déploiement de la Mission internationale de soutien sous conduite africaine au Mali (MISMA), avait été obtenue au terme de longues négociations, qui traduisent toute la complexité des mandats des opérations de paix. M. Bamba a rappelé que la récente offensive des groupes terroristes en direction du sud du Mali, qui a nécessité l’intervention salutaire de la France en réponse à la demande des autorités du Mali, tout comme la prise d’otages meurtrière sur un site gazier en Algérie la semaine dernière, interpellent très sérieusement l’ONU en vue d’adapter de façon plus conséquente sa capacité à répondre plus efficacement à ce genre de crise.
Le représentant a estimé qu’il faudrait explorer davantage les possibilités offertes par le cadre normatif des opérations de maintien de la paix, notamment par l’articulation opportune des dispositions des Chapitres VI, VII et VIII de la Charte des Nations Unies. Il a mis l’accent sur l’indispensable coopération entre l’ONU et les organisations régionales, notamment L’Union africaine et la CEDEAO, dans la prévention, la gestion et la résolution des crises. Si la vocation de l’ONU n’est pas de faire la guerre, elle ne doit pas rester passive face aux atrocités et violations massives des droits de l’homme, a insisté M. Bamba. Il a fait remarquer que l’expérience des événements récents au Mali incitait la formulation par le Conseil de sécurité de mandats plus robustes, d’imposition de la paix, qui évolueraient par la suite en mandats de maintien de la paix, puis de consolidation de la paix. Il a souhaité que des ressources suffisantes soient accordées aux opérations de maintien de la paix, en notant que les dépenses militaires des 15 plus grands ont atteint 1 600 milliards de dollars en 2010, alors que le total cumulé des moyens consacrés aux OMP entre 1948 et 2010 n’a atteint que 69 milliards, soit 23 fois moins.
M. JOHN LEONARD MUGERWA (Ouganda) a appelé à une coopération renforcée entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat pour permettre au Conseil de connaître les points de vue de ceux qui travaillent véritablement sur le terrain. Les défis des opérations multidimensionnelles exigent un effort collectif, a-t-il insisté. Il a donc salué les efforts de l’ONU pour renforcer les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales et appelé le Conseil à les appuyer.
Insistant sur le lien entre développement, paix, sécurité et droits de l’homme, le représentant en a conclu que le succès des opérations de maintien de la paix dépend de l’intégration précoce d’éléments de consolidation de la paix dans ces opérations, comme le renforcement des capacités nationales et les projets à impact rapide. Il a appuyé de meilleures relations de travail entre les pays hôtes, les missions, les équipes de pays et les autres acteurs du développement pour jeter la base d’une paix durable, de la stabilité et du développement. Une attention particulière doit être accordée au renforcement des capacités humaines et institutionnelles dans des domaines clefs tels que la réforme du secteur de la sécurité, l’état de droit, les secteurs judiciaires et civils et ce, pour assurer une transition sans heurt au retrait d’une mission.
M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a reconnu que le succès des opérations de maintien de la paix restait tributaire de la prise en compte de l’ensemble des paramètres de nature à influer sur la réalisation d’une paix durable. Ainsi, outre les mandats d’assurer la sécurité, d’aider à la reconstitution des forces de défense et de faciliter l’aide humanitaire, il faudrait assigner à ces opérations la mission de contribuer à la protection des droits de l’homme, de soutenir les processus politiques mais aussi d’accompagner la reconstruction économique du pays, sans oublier la lutte contre les pandémies. Le représentant a mis en exergue le rôle prépondérant que jouent la protection des droits de l’homme dans la préservation de la sécurité et l’instauration d’un climat propice à la paix. La lutte contre l’impunité ne doit pas, par conséquent, être sacrifiée sur l’autel de la réconciliation nationale.
Après avoir souligné « l’énorme et redoutable défi de la reconstruction économique », le représentant s’est réjoui de l’option visant à renforcer la coopération avec les organisation sous-régionales pour mettre en place des forces hybrides et réfléchir à la coopération intermission qui permet de mutualiser les troupes sur différentes zones d’opérations.
M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a mis l’accent sur le lien étroit entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, liens qui se renforcent mutuellement. Il a souligné l’importance de travailler de concert pour développer la vision commune de l’après-conflit pour assurer une transition sans heurt vers une stabilité et un développement durables, les Nations Unies ayant un rôle central à cet égard. Le délégué a souligné que le maintien de la paix devrait être conduit dans le cadre de mandats cohérents, précis et réalistes.
Ainsi, a-t-il ajouté, une évaluation et une coordination permanentes devraient être menées avec la Commission de consolidation de la paix, les organisations régionales et sous-régionales, les fonds et les programmes internationaux afin d’assurer une transition cohérente vers la situation postconflit. Le représentant de la Tunisie a précisé que son pays appuyait fortement le rôle et la pertinence des organisations régionales dans le maintien de la paix et la consolidation de la paix, citant en particulier l’Union africaine.
Mme KARINE KHOUDAVERDIAN (Arménie) a estimé que le règlement pacifique des conflits ne pourrait être atteint que par le biais de la prévention, la médiation et la facilitation politique. Il est important de réévaluer le rôle que jouent les Nations Unies et les organisations régionales en matière de règlement des conflits en veillant à ce que les mesures prises ne viennent saper les négociations en cours. La représentante a invité le Conseil de sécurité à s’appuyer sur les travaux de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour définir les activités en matière d’état de droit et de développement des opérations de maintien de la paix. Il faut parvenir à une paix durable par le biais de stratégies efficaces de consolidation de la paix, a-t-elle souligné. La représentante a ensuite mis l’accent sur la nécessité de promouvoir une meilleure participation des femmes à tous les niveaux du maintien de la paix, de la prévention à la consolidation de la paix. Avant de conclure, elle a rendu hommage aux dizaines de milliers de Casques bleus qui ont servi la cause de la paix au cours de ces décennies.
M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ (El Salvador) a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait constitué une avancée importante concernant la vision stratégique des opérations de maintien de la paix et les leçons apprises sur le terrain. Il a cité, à cet égard, le conflit qu’avait connu son pays et les résultats obtenus par le biais de la Mission d’observation des Nations Unies en El Salvador (ONUSAL). La Commission de consolidation de la paix avait ensuite été créée, un organe à composition hybride doté d’une stratégie large, a-t-il aussi rappelé. Le représentant a souligné l’importance du caractère multidimensionnel du maintien de la paix, en particulier dans un contexte marqué par des crises mondiales diverses. Sur un autre front, le représentant a souhaité des progrès dans les travaux sur la réforme du Conseil de sécurité. Cela a un lien direct avec les objectifs stratégiques à court, moyen et long termes qui sous-tendent les opérations de maintien de la paix, a-t-il assuré. Dès la conception des opérations de maintien de la paix, il faudrait combiner les éléments traditionnels des opérations de maintien de la paix avec le mandat stratégique de consolidation de la paix, a-t-il préconisé.
M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a dit espérer que ce débat aidera à se concentrer sur la relation toujours en évolution entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Le maintien de la paix ne doit pas être traité comme un substitut au règlement des causes profondes des conflits, a-t-il estimé. M. Kohona a également mis l’accent sur la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de respecter les principes fondamentaux des Nations Unies, tels que le consentement des parties, l’impartialité et l’adaptation aux circonstances locales. Chaque mission de maintien de la paix, a-t-il insisté, doit respecter les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, de non-intervention dans des domaines qui relèvent essentiellement de la juridiction des États.
Le développement de politiques et de stratégies de maintien de la paix devrait, a souligné M. Kohona, être assuré par le biais d’un processus intergouvernemental. La coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les contributeurs de troupes est essentielle au succès des mandats de maintien de la paix, a-t-il estimé.
M. USMAN SARKI (Nigéria) a fait remarquer que le maintien de la paix ne consistait pas seulement à appliquer des cessez-le-feu mais aussi à renforcer les capacités nationales à promouvoir le développement économique. Il a précisé qu’en raison de la nature changeante des conflits, le rôle traditionnel du maintien de la paix avait laissé la voix à des tâches multiples. Le maintien de la paix est une entreprise multidimensionnelle avec différents objectifs qui doivent être réalisés en même temps, a-t-il ajouté. De nouveaux acteurs se sont ajoutés au personnel militaire, afin de participer aux objectifs de reconstruction et de développement. Tout en soulignant l’importance des opérations de maintien de la paix, le représentant du Nigéria a appelé à mettre l’accent sur la prévention des guerres, pour éviter que les affrontements ne se transforme en conflits.
Le représentant a souhaité la création de capacités de réserve qui pourraient être utilisées à la fois par l’ONU et les organisations régionales en matière de maintien de la paix. Il faut aussi mettre l’accent sur les capacités de supervision afin de garantir le respect de l’état de droit et le bon comportement du personnel des missions de maintien de la paix, a-t-il insisté. Il est utile, a-t-il dit, d’associer les dirigeants communautaires locaux à toutes les activités de maintien de la paix. Les pays fournisseurs de contingents ayant accumulé une grande expérience devraient se voir confier un rôle dans les efforts de consolidation de la paix. Ces pays présentent aujourd’hui l’avantage de ne pas avoir besoin d’une formation préalable au déploiement, a-t-il fait remarquer.
M. JEROBEAM SHAANIKA (Namibie), affirmant que la paix était la pierre angulaire du développement durable, a mis l’accent sur la prévention et la consolidation de la paix. Il a souligné la nécessité de recourir à du personnel bien formé, bien équipé et motivé. De même, il est essentiel de renforcer les capacités d’alerte rapide des organisations régionales afin de juguler les conflits avant qu’ils n’éclatent. Le représentant a rappelé que son pays avait bénéficié des missions de maintien de la paix de l’ONU entre avril 1989 et mars 1990, ce qui lui avait permis d’assurer avec succès sa transition vers l’indépendance. Il a insisté sur l’importance de renforcer la coopération entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations Unies pour mener à bien l’exécution des mandats des opérations de maintien de la paix.
M. AHMAD ALLAM-MI (Tchad) a rappelé que le maintien de la paix allait de pair avec la « mobilisation internationale pour remédier aux questions de bonne gouvernance, de sécurité intérieure et de terrorisme ». Les jeunes démocraties, a-t-il fait remarquer, sont souvent déstabilisées par des mouvements terroristes qui se camouflent sous le manteau d’opposition politique ou armée. Il a ensuite regretté que les opérations de la paix des Nations Unies soient souvent lentes à se déclencher, « ce qui implique, pour les pays et régions concernés par une menace de la paix et de la sécurité, d’agir bien et vite et de prévenir des évolutions graves ». Il a, dans ce contexte, salué le rôle des organisations sous-régionales dans la prévention et le maintien de la paix.
Le représentant a ainsi rappelé les derniers évènements qui ont déstabilisé la République centrafricaine et a évoqué le rôle joué par le Président Idriss Deby du Tchad, qui est actuellement le Président en exercice de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). Il a expliqué comment la prompte décision du Président Deby d’envoyer une force d’interposition en Centrafrique avait permis de freiner l’avancée des forces rebelles vers la capitale Bangui, tout en créant les conditions d’un dialogue politique. M. Ahmad a ensuite évoqué l’autorisation parlementaire, obtenue également dans l’urgence, par le Président Deby afin d’envoyer 2 000 militaires tchadiens au Mali. Il a enfin exhorté la communauté internationale à apporter son assistance au Tchad qui prend en charge des refugiés sur son territoire, et qui a déployé ses forces armées en République centrafricaine et au Mali.
Mme SOPHIA NYAMUDEZA (Zimbabwe) a déclaré que la légitimité des missions de maintien de la paix est essentielle à leur efficacité à long terme. Elle a jugé indispensable de respecter les trois conditions que sont l’accord des autorités concernées, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense. Elle a ajouté que le succès des missions de maintien de la paix dépendait de la clarté des mandats, de l’unité de la ligne de commandement unie et de la disponibilité des moyens financiers et matériels nécessaires. Face aux difficultés économiques et financières rencontrées par les États Membres, la représentante du Zimbabwe a jugé indispensable le développement de partenariat entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales. Étant donné la taille des missions et leur complexité croissante, il faut une meilleure coordination et une coopération entre les pays fournisseurs de troupes, le Conseil de sécurité, le Secrétariat et le pays hôte, a-t-elle insisté.
« Nous estimons que des élargissements non justifiés des capacités des opérations de maintien de la paix pourrait mettre en mal l’impartialité et donc l’efficacité de ces missions. Elle a souhaité que l’on s’appuie sur une coopération qui repose sur le principe des avantages comparatifs des différents acteurs du maintien de la paix. Elle s’est félicitée du renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine et le Conseil de sécurité et le Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine. Il n’y aura pas de paix durable sans des progrès dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, a-t-elle ajouté, en appelant à tenir compte des priorités du pays en matière d’objectifs de développement. Elle a souligné l’importance de la coopération triangulaire et la coopération Sud-Sud en matière de renforcement des capacités nationales, en souhaitant que la forme de renforcement de capacités ne soit pas imposée de l’extérieur.
M. AMANUEL ABAN AJAWIN (Soudan du Sud) a affirmé que son nouvel État avait dû, depuis l’an dernier, faire face à des tâches importantes de construction, de développement et de consolidation de la paix. Un an après le début des opérations de la Mission des Nations Unies en République du Soudan du Sud (MINUSS), des progrès notables ont été accomplis, a-t-il dit.
Toutefois, le représentant a souligné les défis à relever en matière de protection des civils, souhaitant à cet égard la mise en place d’un mécanisme plus robuste de la part de la MINUSS. Il faut, de même, renforcer les efforts en matière de coordination et de communication avec le Gouvernement. Sur le plan des infrastructures, la MINUSS devrait accroître ses efforts, notamment dans le cadre des projets à effet rapide. Il a en outre encouragé la Mission à construire des routes plus accessibles aux niveaux national et local. S’agissant de l’état de droit, le représentant a plaidé pour un renforcement des capacités des juges et des forces de police.
M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a estimé qu’il était nécessaire de bâtir des États plus forts en associant des activités de maintien de la paix et de consolidation de la paix dès les phases initiales. « Nous devons encore progresser en vue d’intégrer les activités de consolidation de la paix dans les mandats des opérations de maintien de la paix », a-t-il ajouté, en mettant l’accent sur la nécessité de suivre les priorités des pays hôtes afin de garantir une appropriation nationale. Il a souligné l’importance de définir plus clairement le rôle et la responsabilité de chaque acteur du maintien de la paix, pour garantir une contribution optimale de chaque acteur.
Le représentant a déclaré que l’établissement d’institutions et le développement des capacités, en particulier dans le domaine de la justice et de la sécurité, étaient essentiels pour permettre au pays accueillant une opération de maintien de la paix de prendre en main son avenir. Il a estimé que l’initiative de la capacité civile représente un exemple de partenariat entre les États Membres et l’ONU pour appuyer le développement de capacités immédiates en cas de conflit. Les femmes doivent aussi faire partie activement des missions de maintien de la paix et de consolidation de la paix, a-t-il insisté en conclusion.
M. YASAR HALIT ÇEVIK (Turquie) a estimé qu’une opération de maintien de la paix, dont l’objectif principal est d’assister le pays hôte à créer un climat plus sûr, devrait également mener des activités liées à la consolidation de la paix. Il a ajouté que l’établissement de la paix devrait faire partie de ce processus global qui prend également en compte le maintien et la consolidation de la paix. Il a ensuite estimé qu’après une bonne compréhension des liens entre ces différentes notions, il faudrait passer aux actes tant au sein du Conseil de sécurité que sur le terrain. Le Conseil devrait ainsi établir des mandats clairs et réalisables, afin que les missions de maintien de la paix soient couronnées de succès. Il a également souligné l’importance de l’appui que les Nations Unies doivent apporter aux autorités nationales dans le cadre du renforcement de leurs capacités, car, a-t-il précisé, la consolidation de la paix est d’abord une responsabilité des autorités nationales.
M. Çevik a reconnu par ailleurs que de nombreuses populations n’entretiennent pas toujours de bons rapports avec les missions de maintien de la paix. De ce fait, il a souligné que l’une des missions premières sur le terrain devrait être de gagner le cœur des populations locales. En outre, le représentant a noté qu’une bonne coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, et la Commission de consolidation de la paix devrait aider à faciliter le travail des missions sur le terrain. Il a poursuivi en souhaitant une plus grande implication des organisations régionales, afin d’optimiser les chances de réussite durable des opérations de maintien et de consolidation de la paix. Le représentant a également mis en garde sur le risque de résurgence des conflits lorsque des mesures de consolidation de la paix adéquates sont négligées après le départ des forces de maintien de la paix. Avant de conclure, le délégué s’est félicité que le rôle et la place des femmes soient de plus en plus reconnus dans les processus visant à rechercher et consolider la paix.
M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a estimé que les problématiques principales des opérations de maintien de la paix (OMP) tiennent à la nécessité d’une adéquation entre les mandats donnés aux missions et les moyens mis à leur disposition, ainsi qu’à la complémentarité des activités classiques de maintien de la paix et des mesures d’accompagnement que mettent en place les pays accueillant ces opérations. Sur le premier point, le représentant a invité le Conseil à poursuivre les réflexions engagées sur la possibilité de doter les OMP de mandats robustes et d’équipements de pointe. Sur le second point, M. Zinsou a demandé une synchronisation des mesures prises en matière de sécurité avec la reconstitution et le renforcement des institutions nationales, qui sont les principaux vecteurs de la consolidation de la paix. Pour être durables, ces institutions doivent être fondées sur un partage équitable du pouvoir entre les différentes composantes de la société. Le Bénin pense que la présence de forces de maintien de la paix incarnant la légitimité et l’autorité de la communauté internationale permettront d’établir un tel équilibre. Il a aussi souligné l’importance au sein des OMP d’une composante civile capable d’aider les pays à asseoir leurs nouvelles institutions sur des bases solides.
La Commission de consolidation de la paix, a poursuivi M. Zinsou, doit éclairer le Conseil de sécurité sur les contingences socioéconomiques qui sous-tendent le conflit en présence et les mesures à prendre pour s’attaquer à ses causes profondes. Il a souhaité que le pilotage des priorités stratégiques soit assuré de manière coordonnée par un dialogue permanent entre les autorités du pays et le chef de la Mission. Par ailleurs, l’achèvement des opérations de nature sécuritaire et militaire doit se traduire par le départ du Représentant spécial du Secrétaire général qui se trouvait à la tête de la Mission concernée, a-t-il estimé, ajoutant que le Représentant spécial adjoint devrait conduire la phase de consolidation de la paix. À toutes les phases du processus de normalisation, les projets à effets rapides seront fort utiles, a estimé M. Zinsou. La question à laquelle il faut répondre est celle de savoir si les soldats sont formés pour assurer les tâches de consolidation de la paix, a-t-il soulevé, en préconisant de mener les travaux d’infrastructure peu complexes dont a besoin un pays sortant de conflit.
Réagissant à la déclaration du représentant de l’Inde, le représentant du Pakistan a déclaré que la mission du Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP) était toujours pertinente. Il a insisté sur le fait que cette mission continuait de contrôler le cessez-le-feu conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.
Reprenant la parole, le représentant de l’Inde a fait part de la position de son pays après l’intervention du Pakistan sur le rôle du Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP) visant à contrôler le cessez-le-feu au Cachemire. Le rôle de l’UNMOGIP a été dépassé par l’évolution de la situation sur le terrain, a-t-il fait observer.
Intervenant à nouveau, le représentant du Pakistan a tenu à préciser que l’Inde et la Pakistan étaient les pays hôtes de l’UNMOGIP.
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