Première Commission: les Etats saluent le Traité sur le commerce des armes et demandent son entrée en vigueur
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Première Commission
8e séance – après-midi
« Finalement, le commerce des armes conventionnelles va se conformer au droit international et au droit humanitaire », s’est réjouie la délégation du Costa Rica, saluant en ces termes l’adoption du Traité sur le commerce des armes. C’est de cet « esprit de New York » qui a également animé la quatrième Conférence des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions qui s’est tenue en Zambie que doit s’inspirer la Première Commission, a estimé le représentant. L’adoption de ce Traité n’est rien de moins qu’un acte « historique », utile et bénéfique non seulement pour les pays en développement, mais aussi pour leurs populations qui souffrent de l’impact de ces armes meurtrières, ont ajouté les délégués du Guatemala et du Pérou.
En Afrique, comme ailleurs, ces armes représentent une réelle menace à la paix et à la stabilité et le risque de leur acquisition et utilisation par des acteurs non étatiques, particulièrement des groupes terroristes, accroît cette menace, a pour sa part observé la République démocratique du Congo. Au Soudan, pays particulièrement touché par le commerce illicite de ces armes, elles alimentent les conflits entre tribus pour le contrôle des pâturages et des points d’eau et tombent dans les mains d’organisations terroristes, a rappelé la délégation soudanaise.
Dans ce contexte les délégations ont appelé, en dépit de son caractère imparfait, à l’entrée en vigueur rapide dudit Traité, afin qu’il déploie tous ses effets. Pour le Cap-Vert, pays touché par le crime organisé, la mise en œuvre de ce Traité permettra de décourager le terrorisme. De son côté, le Costa Rica a annoncé son intention de lancer la mobilisation en faveur d’une transformation de l’Amérique latine et de la région des Caraïbes en « zone exempte d’armes à sous-munitions », sur le modèle de la zone exempte d’armes nucléaires déjà existante.
Le désarmement et la non-prolifération sont intrinsèquement liés, a fait remarquer pour sa part la délégation de l’Autriche, rejointe en cela par nombre de délégations. Pour la Norvège, il est temps d’avancer sur les sujets pressants comme la réduction du rôle de la doctrine nucléaire dans les relations internationales ou l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Une telle conférence devrait avoir lieu avant 2015, a estimé le représentant.
La région du Moyen-Orient a besoin de cette conférence, a renchérit le Soudan, État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité de Pelindaba, établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique. Cela s’impose d’autant plus qu’il y a un manque de confiance entre les États du Moyen-Orient qui s’explique, selon le Koweït, par le refus d’Israël d’adhérer au TNP et par son refus de mettre ses installations sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Les États-Unis, en tant que premier pays à avoir utilisé l’arme nucléaire devrait jouer un rôle prépondérant et moteur dans ce processus, a pour sa part estimé le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Il a par ailleurs affirmé que son pays poursuivait son programme d’armement uniquement en réponse à la présence hostile des États-Unis dans la région.
La Première Commission poursuivra ses travaux mercredi 16 octobre à 15 heures dans la salle 3, date où il conclura son débat général.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée (RPDC) a souligné le besoin pressant de désarmer le monde de son arsenal nucléaire, tel que l’ont demandé les chefs d’États au dernier Sommet de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU. Pour sa délégation, cela devrait se traduire par une reprise des travaux des instances de désarmement et l’adoption d’instruments juridiquement contraignants, notamment sur la production de matières fissiles et les garanties de sécurité négatives. Les États-Unis, en tant que premier pays à avoir utilisé l’arme nucléaire devraient jouer un rôle prépondérant et moteur dans ce processus, a déclaré le représentant.
Il a également assuré que la volonté de son pays était de dénucléariser la péninsule coréenne. La RPDC ne s’arme qu’en raison des menaces que font peser les États-Unis sur elle, a-t-il ajouté. Les tensions dans la péninsule coréenne ne se sont en outre aggravées qu’en raison de la violation flagrante par les États-Unis du droit légitime de la RPDC de lancer des satellites.
Le délégué a par ailleurs affirmé que les États-Unis trompaient la communauté internationale, notamment en diffusant des informations erronées, accusant le gouvernement de ce pays d’avoir placé la RPDC sur la liste des premières cibles à bombarder.
Il a également rappelé les initiatives de paix de son gouvernement, notamment celles de janvier 2010, visant à remplacer la ligne de séparation entre les deux Corées par un véritable accord de paix. Si les États-Unis sont vraiment soucieux de la paix dans cette région, ils doivent cesser leur hostilité contre la RPDC, a conclu le représentant.
M. ABDUL AZIZ ALAJMI (Koweït) a réaffirmé l’objectif ultime de l’élimination des armes nucléaires et des armes de destruction massive, rappelant l’adhésion de son pays aux principaux instruments juridiques internationaux interdisant ou réglementant ces armes et insistant sur l’importance de canaliser les ressources financières utilisées pour les armements aux fins de développement humain.
Soulignant le rôle des zones exemptes d’armes nucléaires dans la non-prolifération, le représentant a déploré l’absence de confiance entre les États du Moyen-Orient qui s’explique, selon lui, par la position d’Israël qui « n’accepte pas le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et refuse de mettre ses installations sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique ». Il a déploré tout particulièrement le report de la conférence prévue en 2012 et consacrée à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelant à son organisation dans les plus brefs délais.
Abordant la question du programme nucléaire iranien, le représentant a indiqué que son pays appuyait « les efforts diplomatiques déployés pour parvenir à une solution pacifique, tout en protégeant le droit inaliénable de l’Iran à utiliser l’énergie nucléaire de manière pacifique ». Il a toutefois appelé l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité liées à son programme.
M. KNUT LANGELAND (Norvège) s’est félicité de l’adoption du Traité sur le commerce des armes, tout en reconnaissant son caractère imparfait. Il s’agit néanmoins d’une initiative en faveur du désarmement, a-t-il ajouté, estimant qu’il fallait l’appliquer au commerce de toutes les armes classiques et faire preuve de plus de transparence possible.
Rappelant les conclusions de la Conférence d’Oslo sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires, le représentant a souligné qu’aujourd’hui aucun État n’était en mesure de répondre à ces conséquences. Dans ce contexte, il s’est félicité de la tenue d’une conférence de suivi à la Conférence d’Oslo en février prochain au Mexique, assurant que son pays soutenait également les négociations bilatérales. C’est pour cela qu’il se félicite des mesures telles que l’Accord START, la coopération avec le Royaume-Uni sur la vérification de son désarmement, ou encore la proposition canadienne d’établir un Groupe d’experts gouvernementaux chargé de réfléchir à un traité sur les matières fissiles.
Toutefois, force est de constater, a-t-il déploré, que le multilatéralisme restait prisonnier de blocages. Il faut dans ces conditions avancer sur les sujets brûlants comme la réduction du rôle de la doctrine nucléaire dans les relations internationales ou l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Une telle conférence devrait avoir lieu avant 2015, a estimé le représentant.
Par ailleurs, a-t-il estimé, le régime de non-prolifération doit être renforcé. Il a, dans ce contexte, plaidé pour une universalisation des sauvegardes de l’Agence internationale de l’énergie atomique et de son Protocole facultatif.
Sur la question des armes chimiques, le représentant s’est félicité de l’adoption de la résolution 2118 du Conseil de sécurité sur le démantèlement de l’arsenal chimique de la République arabe syrienne et appelé le Gouvernement syrien à remplir toutes ses obligations relatives à cette résolution.
M. DAFFA-ALLA ELHAG ALI OSMAN (Soudan) a défendu la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, déplorant le report de la conférence prévue à cet effet en 2012. Dans ce contexte, il a appelé à la tenue de cette conférence avant la fin de l’année, ainsi qu’à la mise en œuvre d’un calendrier précis pour la création de cette ZEAN.
La région du Moyen-Orient nécessite l’organisation et la tenue de cette conférence, a-t-il affirmé, en rappelant que le Soudan avait adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ainsi qu’à la zone exempte d’armes nucléaires instauré en Afrique par le Traité de Pelindaba. Il a toutefois insisté sur le droit inaliénable des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
S’agissant de la question des armes légères et de petit calibre, le représentant a rappelé que son pays souffrait directement de leur trafic illicite, avec de sérieuses conséquences économiques et humanitaires, soulignant qu’elles alimentaient les conflits entre tribus pour le contrôle des pâturages et des points d’eau ou des réseaux liés aux organisations terroristes. Ce trafic est facilité par la porosité des frontières avec le Tchad ou la Centrafrique, a-t-il indiqué.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a affirmé que, depuis la chute du régime des Taliban, son gouvernement avait pris de nombreuses mesures au niveau national pour lutter contre la production et le trafic de matériaux pouvant être utilisés dans la fabrication d’armes chimiques et biologiques.
Le représentant a en outre relevé que l’accès des terroristes aux armes légères nourrissait le cycle de violence dans la région. Au cours des 12 dernières années, a-t-il précisé, l’Afghanistan avait enregistré des progrès importants dans le domaine du désarmement, notamment grâce à la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité. Ce programme s’est concentré sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration des combattants et le démembrement des groupes armés illégaux, a-t-il dit.
M. Tanin a également exprimé la préoccupation de sa délégation s’agissant de l’usage continu de mines antipersonnel par les Taliban, qui menace le développement et la prospérité de l’Afghanistan. Au cours des six premiers mois de 2013, plus de 3 000 personnes ont été tuées ou blessées par de tels engins, a-t-il ajouté. Il a appelé la communauté internationale à soutenir financièrement le programme de déminage lancé par le Gouvernement, qui vise à éliminer toutes les mines de l’Afghanistan d’ici à 2023.
M. AHIDJO (Cameroun) a regretté que les négociations sur les matières fissiles ou encore sur les garanties de sécurité négatives n’aient pas encore débuté. À cet égard, a-t-il précisé, le Cameroun espérait que le Groupe d’experts intergouvernementaux, dont la création a été décidée lors des travaux de la Première Commission l’année dernière, faciliterait le lancement rapide des négociations, dans le cadre de la Conférence du désarmement, sur un traité incluant l’ensemble des acteurs concernés.
S’agissant des armes conventionnelles, les armes légères et de petit calibre, les mines antipersonnel, les armes à sous-munitions et les restes explosifs de guerre, le délégué a souligné qu’elles continuaient de tuer, de mutiler et d’alimenter la violence armée. Il a salué à ce sujet l’adoption, le 2 avril dernier, du Traité sur le commerce des armes.
Le représentant a également rappelé l’attachement de son pays aux efforts multilatéraux dans le domaine du désarmement et son soutien constant à toutes les initiatives visant à promouvoir la limitation des armes nucléaires et la réduction de la prolifération nucléaire. S’agissant des armes chimiques, le Cameroun soutient l’ensemble des initiatives diplomatiques concertées, notamment au sein des Nations Unies et dans le cadre du dialogue russo-américain en vue d’un règlement politique et définitif de la crise en Syrie.
M. ALVARO MENDONCA E. MOURA (Portugal) a déclaré que l’adoption du Traité sur le commerce des armes par l’Assemblée générale était un signe important du succès du multilatéralisme et des résultats possibles grâce aux actions de la communauté internationale. Le Portugal dénonce l’emploi d’armes à sous-munitions qui frappent les cibles militaires et les populations civiles, a-t-il dit, soulignant que les récents rapports faisant usage d’armes à sous-munitions en Syrie étaient un sujet de préoccupation. Il a rappelé que son pays avait beaucoup œuvré au côté du Japon et du Ghana pour promouvoir la Convention sur les armes à sous-munitions.
Le représentant a d’autre part évoqué l’impasse de la Conférence du désarmement, affirmant notamment que son pays souhaitait, au même titre que d’autres États observateurs à la Conférence du désarmement, la nomination d’un rapporteur spécial pour examiner les modalités d’élargissement de cet organe.
Le représentant a également souligné les dangers que posaient les programmes nucléaires de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée, et s’est dit très préoccupé par l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. À cet égard, il s’est prononcé pour la pleine mise en œuvre de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité.
M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a estimé que l’avancée la plus significative de l’année a été l’adoption du Traité sur le commerce des armes, qui a généré un « esprit de New York » dont la Première Commission devrait s’inspirer. « Finalement, le commerce des armes conventionnelles va se conformer au droit international et au droit humanitaire », a-t-il affirmé, estimant que l’esprit de New York avait aussi animé la quatrième Conférence des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions qui s’est tenue en Zambie. Dans ce contexte, il a annoncé l’intention du Costa Rica d’initier la mobilisation qui permettra de transformer l’Amérique latine et les Caraïbes en « zone exempte d’armes à sous-munition », sur le modèle de la zone exempte d’armes nucléaires déjà existante.
Déplorant l’usage récent d’armes chimiques en Syrie, il a rappelé que, pour le Costa Rica, toutes les armes de destruction massive, y compris les armes nucléaires, étaient contraires au droit international. « La meilleure garantie contre leur utilisation est leur élimination », a-t-il insisté, avant de saluer la tenue de la première Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire, le 26 septembre à l’Assemblée générale, et la première Conférence internationale sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires organisée au printemps à Oslo.
Rappelant enfin que son pays avait présidé le Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire des propositions pour relancer les négociations générales sur le désarmement, le représentant costaricien a affirmé qu’un consensus pouvait être trouvé et qu’il fallait désormais œuvrer à l’universalisation du Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires et lancer des négociations en vue d’une convention d’interdiction des armes nucléaires.
M. MILAN MILANOVIC (Serbie) a exprimé la vive opposition de son pays face à l’emploi récent d’armes chimiques en Syrie, affirmant que leur utilisation n’affectait pas seulement des individus ou des États particuliers, mais la communauté internationale dans son ensemble. Il a affirmé que l’adhésion de la Syrie à la Convention sur les armes chimiques constituait un évènement important, de nature à faire progresser la paix et à atténuer les tensions dans la région.
Le représentant a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) restait un instrument vital pour renforcer la sécurité internationale, constituant la pierre angulaire de la non-prolifération et du désarmement nucléaire. Il a souhaité que tous les États parties au Traité l’appliquent pleinement, précisant que son pays avait pris des mesures législatives et de régulation au plan national pour y parvenir.
La Serbie souhaite la revitalisation des organes de négociation multilatéraux sur le désarmement nucléaire, a-t-il poursuivi, insistant par ailleurs sur la nécessité d’élargir la composition de la Conférence du désarmement (CD).
M. RAYMOND SERGE BALÉ (République démocratique du Congo) a estimé que la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes comportait une réelle menace à la paix et à la stabilité de notre monde et que le risque de l’acquisition et de l’utilisation de ces armes par des acteurs non étatiques, particulièrement des groupes terroristes, accroissait cette menace.
Le représentant a affirmé que le développement des activités nucléaires devrait être mené dans le strict respect des normes internationalement reconnues et conformément aux accords de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur l’utilisation du nucléaire à des fins pacifiques. Il a fait part à ce sujet de la satisfaction de sa délégation face à l’engagement de l’Iran vers un programme nucléaire compatible aux attentes de la communauté internationale.
Le délégué s’est en outre prononcé pour la poursuite des négociations, en vue de la tenue prochaine, de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et la tenue, en 2014, de la Conférence de Mexico sur l’impact humanitaire des armes nucléaires. Il a réitéré son inquiétude devant l’impasse prolongée de la Conférence du désarmement qui représentait pourtant à son avis le cadre idoine des négociations multilatérales sur les questions de désarmement et de non-prolifération nucléaires.
Il s’est félicité de la décision de la Syrie de démanteler son arsenal d’armes chimiques et a exprimé sa préoccupation en ce qui concerne les armes classiques et de petits calibres, rappelant que son pays avait ratifié la Convention de Kinshasa ou la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre.
L’élimination des mines antipersonnel constituait un autre défi de la communauté internationale, a déclaré le représentant, se disant néanmoins encouragé par tous les efforts visant à l’universalisation de la Convention d’Ottawa sur leur interdiction.
M. PAJO AVIROVIKJ (ex-République yougoslave de Macédoine) a affirmé que le multilatéralisme représentait la meilleure approche concernant les questions de sécurité, de désarmement ou de non-prolifération. De fait, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires était à son avis l’outil le plus pertinent pour réaliser cet objectif, appelant tous les États signataires à remplir leurs obligations à son endroit.
L’universalisation de ce Traité est en outre un garant de sa crédibilité, a-t-il estimé, invitant les pays qui n’y ont pas encore adhéré à le faire. Enfin, le représentant a souhaité que se poursuivent les processus d’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires et d’élaboration d’un traité sur la production de matières fissiles.
M. ALEXANDER KMENTT (Autriche)a passé en revu les trois développements négatifs de l’année écoulée, à savoir le renforcement des capacités nucléaires de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) qui a culminé avec l’essai nucléaire de février dernier et qui constituait une provocation pour l’Autriche; la poursuite du programme nucléaire de l’Iran, dont il a espéré toutefois une issue favorable après les signes positifs envoyés par le nouveau Gouvernement iranien; et l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, même si l’adhésion du Gouvernement syrien à la convention sur les armes chimiques devrait déboucher sur la destruction de tous ses stocks.
Le représentant a souligné que l’indignation, à juste titre, de la communauté internationale face à l’usage d’armes chimiques en Syrie qu’elle a estimé injustifiable, devrait se manifester de la même façon avec toutes les armes de destruction massive dont les armes nucléaires. Dans ce contexte, il a estimé que l’argument selon lequel les armes nucléaires étaient une garantie de sécurité était « incohérent » et que de telles armes n’avaient pas leur place au XXIe siècle.
Le représentant autrichien a par ailleurs estimé que désarmement et non-prolifération étaient intrinsèquement liés et appelé à de nouveaux efforts de la part des puissances dotées et non dotées dans ce domaine, notamment pour la mise en œuvre du Programme d’action adopté lors de la Conférence d’examen du TNP de 2010.
Soulignant en particulier l’initiative des pays non dotés pour la mise en place d’un groupe de travail à composition non limitée chargé de faire des propositions en vue de parvenir à un monde sans armes nucléaires, le délégué a déploré que cette discussion n’ait pas été possible dans les enceintes multilatérales. Il a annoncé l’introduction d’un projet de résolution dans ce sens lors de cette session.
En conclusion, le représentant a salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes en avril dernier, rappelant le rôle essentiel que la société civile a joué pour y parvenir.
M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a rappelé l’attachement de son pays au désarmement. « Le contrôle des armes, la réduction des arsenaux et finalement le désarmement, jouent un rôle fondamental dans la prévention des conflits et la sécurité régionale et internationale », a-t-il insisté, appelant à renforcer encore les mécanismes et les accords existants dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.
Évoquant ensuite le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, il a rappelé qu’il avait joué un rôle fondamental dans l’architecture sécuritaire sur le continent européen. Il a toutefois estimé que le texte avait subi dernièrement de sérieuses entorses dans sa mise en œuvre et qu’un nouveau régime renforcé devait être mis en place.
Revenant par ailleurs sur le trafic illicite d’armes légères et ses conséquences, le représentant a estimé que le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects était un instrument universel clef pour répondre aux défis posés par l’accumulation de ces armes aux plans régional et international. Fervent défenseur d’un renforcement du droit international humanitaire, l’Arménie considérait la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination, comme un instrument international important. « Sans en être partie, l’Arménie met en œuvre sur une base volontaire les articles liés aux mines antipersonnel », a-t-il indiqué.
M. JEAN-FRANÇOIS R. ZINSOU (Bénin) a estimé que la communauté internationale devait continuer de pousser les puissances nucléaires à intensifier leurs efforts de désarmement au plan bilatéral. Il a cependant rappelé que le monde sera réellement en sécurité quand des actions seront prises dans un cadre multilatéral, s’inquiétant de l’impasse persistante au sein de la Conférence du désarmement qui empêchait « toutes les avancées décisives escomptées ».
Le représentant s’est prononcé pour l’entrée en vigueur rapide du Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires, se félicitant de la déclaration adoptée le 27 septembre dernier, appelant les États qui ne l’ont pas encore fait à le signer et le ratifier au plus vite.
Rappelant l’appartenance de son pays à la zone exempte d’armes nucléaires d’Afrique instaurée par le Traité de Pélindaba, il a défendu la création d’une telle zone au Moyen-Orient, déplorant le report de la conférence prévue à cet effet en 2012 et estimant que ce report mettait en cause la crédibilité du régime mis en place par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
En conclusion, il a réaffirmé son soutien à la feuille de route formulée dans la déclaration du Mouvement des non-alignés, appelant à l’ouverture rapide de négociations à la Conférence du désarmement pour élaborer une convention d’interdiction des armes nucléaires, à l’adoption du 26 septembre de chaque année comme Journée internationale du désarmement nucléaire, et à la convocation en 2018 d’une réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire.
M. ANTONIO PEDRO MONTEIRO LIMA (Cap-Vert) a estimé que le Traité sur le commerce des armes devrait contribuer à décourager le terrorisme. Le Cap-Vert, petit État insulaire en développement (PEID) est, en raison de sa position stratégique au carrefour des trafics de stupéfiants transatlantiques, fermement engagé dans la lutte internationale et régionale contre ce fléau, a-t-il dit.
Le délégué a par ailleurs regretté qu’une partie des maigres ressources de son pays soit allouée à ce combat alors qu’elle devrait être consacrée à la santé, à l’agriculture et à d’autres priorités.
Le représentant a également dénoncé tout usage d’armes nucléaires sous toutes leurs formes, apportant son soutien à la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
M. JORGE MEDINA (Pérou) a souligné le rôle dévastateur en termes de paix et de sécurité des armes légères et de petit calibre dans les pays en développement. Pour le représentant, ce sont les armes les plus dangereuses et les plus meurtrières. Lorsqu’elles tombent dans de mauvaises mains, elles exacerbent la violence armée, la délinquance et le crime organisé national et international, a affirmé le représentant. De ce fait, le Traité sur le commerce des armes est un instrument utile non seulement pour les pays en développement mais aussi pour les populations qui souffrent de leurs impacts, a-t-il déclaré, invitant les délégations à accélérer l’entrée en vigueur de cet instrument, en dépit de ces lacunes.
Le représentant a également déclaré que le désarmement et la non-prolifération constituaient également des sujets de préoccupation pour son pays, se disant favorable à toute initiative qui empêcherait la prolifération nucléaire, notamment au sein du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
En conclusion, le délégué péruvien a plaidé pour une universalisation des processus de destruction totale des arsenaux chimiques existants.
Mme MARÍA SOLEDAD URRUELA ARENALES (Guatemala) a salué, à l’instar d’autres délégations, l’adoption « historique » du Traité sur le commerce des armes, signé par 113 pays et ratifié par sept d’entre eux. Elle a exprimé l’espoir que cet instrument international entrerait en vigueur au plus tôt, afin qu’il déploie tous ses effets, permettant ainsi de réduire le coût humain lié à la prolifération d’armes au niveau mondial.
Par ailleurs, la représentante a estimé qu’il fallait accorder une attention égale aux trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération nucléaire et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. En tant qu’État partie à ce Traité, le Guatemala, a indiqué sa représentante, s’engageait à promouvoir son universalité et le plein respect de chacune de ses dispositions. À cet égard, elle a fait valoir que les zones exemptes d’armes nucléaires constituaient une composante essentielle du désarmement nucléaire. De même, le Guatemala estime essentiel de maintenir le moratoire sur les essais nucléaires jusqu’à l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires, a-t-elle déclaré. En conclusion elle a appelé tous les États, en particulier les puissances nucléaires, à ratifier cet instrument important, leur adhésion étant indispensable.
M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam) a mis en exergue l’usage récent d’armes chimiques en Syrie pour rappeler la responsabilité de la communauté internationale de traiter ces problèmes, compte tenu des blocages qui demeurent dans les mécanismes multilatéraux. « Il y a toutefois raison d’espérer », a-t-il estimé, citant l’organisation en septembre dernier de la première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire. Il s’est également prononcé sur le lancement de négociations sur les garanties de sécurité négatives et pour un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.
Rappelant que les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (désarmement, non-prolifération, usage pacifique de l’énergie nucléaire) devaient connaître des avancées simultanées, il a appelé à l’entrée en vigueur rapide de l’instrument qui le complète, à savoir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
Le représentant a également réclamé l’exécution complète du Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen de 2010. Membre lui-même de la zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) du sud-est asiatique instaurée par le Traité de Bangkok, le Viet Nam déplorait notamment le report de la conférence visant à établir une ZEAN au Moyen-Orient, estimant que celui-ci mettait en cause la crédibilité du régime instauré par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a conclu le délégué.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel