L’Assemblée célèbre le soixante-cinquième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et honore cinq personnes dont Malala Yousafzai, l’écolière pakistanaise
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Assemblée générale
Soixante-huitième session
64e séance plénière - après-midi
L’ASSEMBLÉE CÉLÈBRE LE SOIXANTE-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS
DE L’HOMME ET HONORE CINQ PERSONNES DONT MALALA YOUSAFZAI, L’ÉCOLIÈRE PAKISTANAISE
L’Assemblée générale, qui a commémoré aujourd’hui le soixante-cinquième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a remis cet après-midi le Prix 2013 des Nations Unies pour les droits de l’homme, à six lauréats dont Malala Yousafzai, l’écolière pakistanaise. Cette date qui est celle de la Journée des droits de l’homme, coïncide aussi, cette année, avec le vingtième anniversaire du Programme d’action de Vienne et du Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Le Prix des Nations Unies pour les droits de l’homme, créé en 1966 pour saluer des réalisations exceptionnelles, a été attribué à Malala Yousafzai, jeune écolière pakistanaise âgée de 16 ans qui a survécu à une tentative d’assassinat perpétrée par un Taliban, et qui est devenue ensuite militante de l’accès des filles à l’éducation. Malala partage sa distinction honorifique avec Hiljmnijeta Apuk, militante kosovare et fondatrice de l’ONG « Little people of Kosovo »; Liisa Kauppinen, Présidente finlandaise de la Fédération mondiale des sourds; et Khadija Ryadi, ancienne Présidente de l’Association des droits de l’homme du Maroc.
Le Prix a aussi été attribué au Mauritanien et militant anti-esclavagisme, Biram Dah Abeid, et à la Cour suprême de justice du Mexique.
C’est dans ce contexte, que l’Assemblée générale a célébré aujourd’hui le soixante-cinquième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont le Vice-Secrétaire général de l’ONU a brandi une version dédicacée par Eleanor Roosevelt elle-même. Une Déclaration que le « Guiness Book of Records » a nommée « livre le plus traduit au monde » qui aujourd’hui peut se lire en 416 langues et dialectes.
La Déclaration, a dit le Vice-Président de l’Asssemblée générale, transcende les frontières, résiste à l’épreuve du temps et reste un brillant testament de l’espoir, de la vision et du courage de ceux qui ont travaillé sans relâche pour son adoption et sa conception.
Elle reste tout à fait valide, a renchéri le Haut-Commissaire adjoint aux droits de l’homme, en particulier à la lumière des défis nombreux et complexes auxquels le monde fait face, dont les changements climatiques, les mouvements terroristes et l’érosion des frontières entre vie publique et privée, due aux nouvelles technologies.
C’est après la Deuxième Guerre mondiale et la création de l’ONU, que le monde, jurant de ne plus jamais laisser se produire des atrocités, décida de renforcer la Charte de l’ONU par une feuille de route garantissant les droits de chaque personne, en tout lieu et en tout temps.
Parmi les membres de la Commission chargée de préparer ce qu’on appelait alors « la Charte internationale des droits de l’homme » figurait Eleanor Roosevelt, la veuve du Président américain Franklin D. Roosevelt, qui présidait en fait le Comité de rédaction. C’est par la résolution 217 A (III) du 10 décembre 1948, que l’Assemblée générale, réunie à Paris, adoptera la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dit, en son article 1, « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
La Déclaration a engendré une architecture des droits de l’homme qui ne cesse d’évoluer et de se renforcer, dont le Conseil des droits de l’homme. Au titre de la toute dernière évolution, les orateurs, dont les représentants des cinq groupes régionaux, ont parlé du Plan d’action du Secrétaire général, « Les droits avant tout », visant à ce que les organismes des Nations Unies soient pleinement conscients de la place centrale qu’occupent les droits de l’homme dans l’action collective que l’Organisation a pour responsabilité de mener.
Ce plan vise, par-dessus tout, à permettre à l’ONU de réagir plus énergiquement face aux violations généralisées et surtout à empêcher ce genre de situation de se produire en privilégiant la prévention et les interventions rapides reposant sur la réalisation des droits reconnus.
La cérémonie de remise de Prix a été suivie par un débat interactif avec les six lauréats du Prix des Nations Unies pour les droits de l’homme.
L’Assemblée générale poursuivra demain mercredi 11 décembre ses travaux pour examiner les rapports de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.
RÉUNION COMMÉMORATIVE À L’OCCASION DU SOIXANTE-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME
Déclarations liminaires
M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord montré une copie de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui lui a été présentée et dédicacée, dans sa jeunesse, par Eleanor Roosevelt, à l’issue d’une Conférence sur ce thème. Il a félicité, au nom du Secrétaire général, les lauréats du Prix des Nations Unies dans le domaine des droits de l’homme car chacun d’eux, a-t-il dit, concrétise la liberté à laquelle chaque personne a droit par naissance. Il a souligné que la Charte de l’ONU réaffirme les droits fondamentaux à la dignité humaine et que l’ONU s’est engagée à promouvoir le respect des droits de chaque être humain sans distinction.
M. Eliasson s’est félicité de ce que depuis son adoption, il y a 65 ans, la Déclaration ait engendré des progrès considérables s’agissant du respect des droits de l’homme, notamment dans le domaine législatif. Il a fait observer que cette année marque également le vingtième anniversaire du Plan d’action de Vienne et qu’avec la création, en 2006, du Conseil des droits de l’homme, la visibilité de ces questions n’a jamais été aussi forte.
Le Vice-Secrétaire général s’est toutefois alarmé du fait qu’à l’heure actuelle, trop de personnes ne peuvent jouir de leurs droits fondamentaux et que certaines parties du monde soient le théâtre de violations généralisées des droits de l’homme. Il a souligné la responsabilité des États d’agir dans les cas où certains autres échouent à remplir leur devoir de faire respecter les droits de l’homme. M. Eliasson a affirmé que le droit des individus de porter plainte auprès de l’ONU est indispensable pour assurer le respect des droits de l’homme.
Il a rappelé que le Secrétaire général vient de mettre sur pied un Plan d’action pour prévenir les risques de violation des droits de l’homme à grande échelle, lequel appelle notamment les États à identifier les risques et à prendre des mesures lorsque des violations généralisées sont commises. Dans bien des situations de violence, c’est une violation généralisée des droits de l’homme qui précède la crise, a fait observer M. Eliasson. Il a réitéré l’appel pour fournir un appui collectif à la République centrafricaine.
M. Eliasson a aussi jugé nécessaire de prendre en compte la perspective des droits de l’homme dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Il n’y a pas de paix sans développement et il n’y a pas de développement sans paix, a-t-il notamment commenté. Le Vice-Secrétaire a aussi fait siennes les paroles de Nelson Mandela qui affirmait qu’« aucun d’entre nous ne naît en haïssant l’autre à cause de la couleur de sa peau ou de sa religion. Si on peut apprendre à haïr, on peut également apprendre à aimer ».
M. MICHEL TOMMO MONTHE, Vice-Président de l’Assemblée générale, a estimé que la Déclaration universelle des droits de l’homme est « l’un des documents les plus importants de l’histoire du monde ». Trois ans après la création des Nations Unies, les pays du monde ont tenu à réaffirmer leur foi à l’universalité des droits de l’homme comme étant un pilier central de l’ONU et de la civilisation humaine.
En 1948, la Déclaration est devenue la feuille de route des Nations Unies affirmant que les droits et les libertés fondamentales sont inhérents, inaliénables et applicables à tous les êtres humains et en tout temps. La Déclaration a transformé en réalité la promesse que tous les peuples sont nés libres et égaux en dignité et en droit.
La Déclaration a été qualifiée par le « Guinness Book of Records » de « livre le plus traduit au monde ». Elle est en effet disponible en 416 langues et dialectes. Elle transcende les frontières, résiste à l’épreuve du temps et reste un brillant testament de l’espoir, de la vision et du courage de ceux qui ont travaillé sans relâche pour son adoption et sa conception. Plus important encore, la Déclaration continue de guider les espoirs et les rêves de millions d’individus à travers le monde.
La Déclaration marque un moment de fierté pour l’humanité et est un indicateur de notre haute et noble aspiration. Plus de six décennies après son adoption, on peut célébrer la manière dont elle a influencé et continue d’influencer les lois et normes nationales et internationales.
Depuis son adoption, on a vu le développement d’un système global et juridiquement contraignant de promotion et de protection des droits de l’homme, caractérisé par des pactes internationaux. Ce système et les autres instruments, institutions et mécanismes régionaux et internationaux opèrent sur les mêmes principes de l’universalité, de l’interdépendance, de l’indivisibilité, de l’égalité et de la non-discrimination, conformément à la Déclaration.
Mais, a prévenu le Vice-Président, le pouvoir de la Déclaration réside dans sa mise en œuvre. Quant elle n’est pas respectée et quand ses principes sont violés, c’est l’Assemblée des Nations qui en sort diminuée.
Les violations des droits de l’homme persistent. En 1993 à Vienne, la Conférence mondiale sur les droits de l’homme a adopté un Programme d’action qui a conduit à la création du Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme et donc au renforcement et à l’harmonisation des capacités de surveillance de l’ONU, en matière de respect des droits de l’homme.
Depuis l’adoption de la Déclaration, le monde a vu de nombreux champions des droits de l’homme et dans ce contexte, il est bon, a dit le Vice-Président, de saluer le travail et l’héritage de Nelson Mandela qui avec son ancienne épouse, Winnie, a reçu en 1988, le Prix des droits de l’homme des Nations Unies.
M. REMIGIUSZ ACHILLES HENCZEL, Président du Conseil des droits de l’homme, s’est inspiré d’une des paroles de Nelson Mandela qui affirmait « ce qui importe dans la vie, ce n’est pas le fait d’avoir vécu, c’est la différence que l’on a faite dans la vie de l’autre qui déterminera le sens de la vie que nous menons ». Il a constaté qu’un long chemin, qui n’a pas été sans difficultés et défis énormes, a été parcouru depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il a exhorté les États à n’épargner aucun effort pour veiller à ce que la Déclaration et la juridiction internationale des droits de l’homme ne restent pas lettre morte.
M. Henczel a fait observer que les avancées réalisées n’auraient jamais été possibles sans les efforts acharnés des militants des droits de l’homme qui ont osé élever la voix pour dénoncer les injustices. Il a dit l’importance qu’il y a à préserver un espace sûr pour une participation effective de la société civile, aux niveaux national et international et au sein des mécanismes des droits de l’homme, à commencer par le Conseil qu’il préside. Il a félicité les lauréats, faisant observer que le Prix avait été décerné à Nelson Mandela en 1988. M. Henczel a souligné que si la communauté internationale veut trouver des solutions durables et crédibles aux problèmes actuels, elle doit y placer l’être humain au centre. Les évènements de ces dernières années nous ont montré qu’un véritable développement et une véritable sécurité ne peuvent être atteints que s’ils vont de pair avec les droits de l’homme, a-t-il conclu.
M. IVAN ŠIMONOVIĆ, Haut-Commissaire adjoint aux droits de l’homme, a déclaré que le vingtième anniversaire de la Déclaration de Vienne invite à réfléchir sur les progrès, les défis et la voie à suivre en matière de protection des droits de l’homme. Depuis l’adoption de la Déclaration de Vienne instituant le « Haut-Commissariat », il a noté que l’architecture des droits de l’homme n’a cessé de se renforcer, comme en témoigne le nombre croissant de traités, de protocoles, de ratifications et de mandats spéciaux. Le Conseil des droits de l’homme et son examen périodique universel se sont renforcés, tout comme le système international de justice qui s’est consolidé, aux côtés d’une société civile plus forte et plus efficace.
Depuis la Déclaration, les violations des droits de l’homme se poursuivent, a regretté le Haut-Commissaire adjoint. Mais la Déclaration garde toute sa validité, en particulier à la lumière des défis nombreux et complexes auxquels le monde fait face, dont les changements climatiques, les mouvements terroristes et l’érosion des frontières entre vie publique et vie privée, à cause des nouvelles technologies. La crise alimentaire, financière et pétrolière conjuguée à l’insécurité en Afrique du Nord et au Moyen-Orient a montré que l’interdépendance entre paix, sécurité et droits de l’homme est incontestablement évidente. Les lauréats du Prix des Nations Unies pour les droits de l’homme incarnent l’importance de promouvoir et de protéger les droits de l’homme, a-t-il souligné.
Interventions des représentants des cinq groupes régionaux de l’ONU
Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, le représentant de Malte a insisté sur l’importance de promouvoir le travail des ONG et des militants des droits de l’homme, et paraphrasant Nelson Mandela, il a dit: « nier les droits de l’homme d’un autre, c’est nier sa propre humanité ». On ne saurait trop insister sur l’universalité, l’indivisibilité, l’interdépendance et l’interconnexion de ces droits, a renchéri le représentant de la Slovénie, au nom du Groupe des États d’Europe orientale, dont le droit au développement, a souligné son homologue de la Gambie, au nom du Groupe des États d’Afrique.
Le droit au développement et les droits économiques, sociaux et culturels doivent être intégrés, en toute priorité, dans le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il plaidé, en s’inquiétant de la tendance croissante à mettre l’accent sur des « droits, concepts, catégories et normes non reconnus par les instruments internationaux ». Il a prévenu que la tolérance et le respect de la diversité culturelle sont des conditions préalables à la jouissance des droits de tous.
L’ONU doit proclamer, avant la fin de l’année, la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, a encouragé le représentant de la Barbade, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes. Il est aussi revenu sur le débat inédit sur le respect du droit à la vie privée à l’ère du numérique, ainsi que sur l’adoption à la Troisième Commission, d’un projet de résolution original sur le droit à la vérité.
Le représentant de la Gambie a réclamé des mesures pour une migration sûre et légale et la prévention de tragédies telles que celle que l’on a vue au large de Lampedusa. Son homologue de la Syrie, au nom du Groupe des États d’Asie-Pacifique, a dit ne pas être en mesure de prononcer une déclaration conjointe en raison des divergences de vues au sein du Groupe.
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