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AG/11391

Assemblée générale: des appels pour que la question des inégalités figure en bonne place dans le programme de développement pour l’après-2015

08/7/2013
Assemblée généraleAG/11391
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-septième session

Débat thématique - matin & après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DES APPELS POUR QUE LA QUESTION DES INÉGALITÉS FIGURE

EN BONNE PLACE DANS LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015


Dans un contexte marqué par des disparités croissantes entre et au sein des pays, l’Assemblée générale a débattu aujourd’hui de la question des inégalités.  Le débat, ouvert par le Secrétaire général de l’ONU, a été l’occasion pour les délégations d’appeler à l’intégration de la lutte contre les inégalités dans le programme de développement pour l’après-2015, date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Le Président de l’Assemblée générale a rappelé que 10% de la population mondiale détient 70% des richesses, et que le pourcent le plus riche en détient à lui seul 32%.  Une telle tendance ne sert pas les intérêts stratégiques des nations, a prévenu le Président, car les sociétés où règnent les inégalités ont des périodes de croissance plus courtes et sont plus vulnérables aux crises financières, sans compter la hausse des taux de criminalité et l’exclusion sociale. 


Le Secrétaire général de l’ONU s’est donc réjoui que l’égalité soit en train d’émerger comme une préoccupation majeure du programme de développement pour l’après-2015, car la question est urgente, ont dit en écho, plusieurs délégations.  L’exemple de l’Amérique latine a été donné: ces 10 dernières années, des millions de personnes sont sorties de la pauvreté mais le continent reste celui des plus grandes inégalités entre riches et pauvres.   


Le Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) a précisé que 36% des foyers latino-américains n’ont accès à aucun type de protection sociale et a prévenu que la méfiance à l’égard des pouvoirs publics s’accroît.  L’expansion économique et les forces du marché ne peuvent seules offrir des solutions aux défis des inégalités et de la pauvreté, a reconnu le représentant du Brésil. 


Seule une croissance économique soutenue et soucieuse d’une bonne répartition des richesses peut le faire.  En plaçant les politiques sociales au cœur de sa stratégie de développement économique, le Brésil, s’est enorgueilli son représentant, a prouvé qu’il est possible d’assurer la croissance tout en promouvant l’inclusion sociale et en protégeant l’environnement. 


La politique brésilienne a été saluée par le représentant de la Norvège qui a rappelé que c’est grâce aux politiques visant la répartition la plus équitable des bénéfices de la croissance que les pays nordiques ont su se hisser aux premiers rangs de l’Indice de développement humain (IDH).  Il a prôné des politiques sociales ambitieuses servies par les mesures fiscales nécessaires pour pouvoir investir dans les services sociaux de base, et d’abord, ont renchéri les autres délégations, la santé et l’éducation. 


Avec une situation exacerbée d’exclusion sociale et marquée par un taux de chômage de 27% et un taux de pauvreté de 54% en 2003, l’Argentine a pu inverser la tendance grâce à une politique articulée autour de trois piliers: l’équité sociale entre les sexes, les générations et les territoires; la promotion des droits pour tous; et l’organisation et la participation populaires.  Pour l’Argentine, a dit son représentant, la dynamique de l’emploi a été la clef de l’égalité des chances. 


À ce propos, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban, a rappelé qu’il faudra créer 470 millions d’emplois dans le monde entre 2015 et 2030.  Il ne s’agit pas seulement de créer des emplois mais de garantir des emplois décents attachés à une réelle protection sociale et à des droits afin de lutter contre les inégalités, a-t-il été dit.


« Promouvoir les droits de l’homme est le meilleur moyen de lutter contre les inégalités et parvenir à un développement économique et social inclusif », a acquiescé le représentant de l’Union européenne.  L’importance qu’il y a à respecter les droits de la femme, de l’enfant, des personnes handicapées et des autochtones a été dûment soulignée. 


Le débat tenu aujourd’hui fait suite à la résolution 67/230 du 17 décembre 2012 sur le rôle des Nations Unies dans la promotion d’un nouvel ordre mondial humain.  Dans ce cadre, deux tables rondes se sont tenues sur les efforts de réduction des inégalités et le point de vue de la société civile. 



DÉBAT THÉMATIQUE SUR LE THÈME « INÉGALITÉ »


Déclarations liminaires


M. VUK JEREMIĆ, Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, a affirmé que la recherche de la justice sociale est une quête universelle inscrite dans les textes sacrés de l’humanité.  Il a cité, tour à tour, les enseignements de la Bible, du Coran et du Bouddhisme.  Il a évoqué le principe de « ren » de Confucius qui, a-t-il expliqué, est un sentiment de respect et de compassion fondé sur l’égale dignité de tous.  Si le combat contre l’inégalité dure depuis des siècles, il est toutefois devenu « le grand impératif » de notre époque.  Ce combat est inhérent au programme de développement pour l’après-2015, a souligné le Président.


M. Jeremić s’est dit convaincu que la « transition universelle » vers le développement durable exige un plus grand engagement à combler les écarts entre les nantis et les laissés-pour-compte.  Si nous ne répondons pas à cette situation de manière décisive, nous risquons d’entrer dans une nouvelle ère de mécontentement et de conséquences sans précédents sur la planète entière, a-t-il averti.  Il a relevé que les disparités entre les États à haut revenu et les États à faible revenu ont pratiquement doublé au cours des 20 dernières années.  Aujourd’hui, 10% de la population détient près de 70% des richesses mondiales, tandis que le pourcent le plus riche en détient 32% à lui seul.  Une telle tendance ne sert pas les intérêts stratégiques des nations, a prévenu le Président.  Il a fait observer que les sociétés où règnent les inégalités ont des périodes de croissance plus courtes et moins robustes et qu’elles sont plus vulnérables aux crises financières, sans compter le fait que les inégalités aggravent les taux de criminalité, la propagation des maladies et l’exclusion sociale.


Afin de réaliser « les promesses du développement durable », M. Jeremić a jugé nécessaire de répondre aux défis de la concentration croissante du pouvoir dans les mains d’une proportion toujours plus petite de la population mondiale.  Les 900 prochains jours seront critiques pour veiller à la pleine intégration de la lutte contre les inégalités dans les objectifs de développement durable, a insisté le Président pour qui une « autoévaluation » en la matière s’impose afin de consolider la justice sociale et une économie capable d’investir suffisamment dans l’avenir de toutes les populations.  Il a appelé la communauté internationale à agir de manière concertée pour répondre à ces défis de manière urgente, à s’engager stratégiquement pour réparer les « liens brisés » de nos sociétés et à cesser de faire la sourde oreille aux aspirations démocratiques des peuples du monde.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a estimé que nous traversons une grande période d’incertitudes marquée par des crises qui ont secoué les économies et engendré le désespoir des plus pauvres du monde.  Il a stigmatisé la dégradation de l’environnement causée par des modes de consommation et de production non viables menaçant les objectifs de développement.  C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que nous allons examiner les objectifs de développement pour l’après-2015. 


Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il estimé, ont été un succès remarquable, car ils ont réussi à générer une action mondiale sur de nombreuses questions.  Illustrant son propos, il a précisé que 600 millions de personnes ont pu s’extraire de la pauvreté extrême et que des actions ciblées contre la paludisme, le VIH/sida et la tuberculose ont permis de sauver des millions de vie.  Davantage d’enfants et notamment de filles vont à l’école et les gens ont de plus en plus accès à de meilleures sources d’eau.  Les conditions de vie se sont améliorées pour 200 millions de personnes vivant dans les bidonvilles et la mortalité infantile et maternelle a baissé.


Mais, a prévenu le Secrétaire général, les progrès ont été inégaux entre et au sein des pays.  De grandes inégalités demeurent s’agissant de l’accès à la santé et à l’éducation.  Le Secrétaire général s’est inquiété des inégalités sociales et économiques grandissantes entre les zones rurales et les zones urbaines.  Il a noté que la plupart des 2,6 milliards de personnes qui n’ont pas accès à l’assainissement vivent dans les zones rurales.  Il a insisté sur le fait que la justice sociale est un des ingrédients principaux d’un monde pacifique et viable.  Les sociétés dans lesquelles l’espoir et les opportunités sont rares sont plus vulnérables à l’instabilité et aux conflits.  Les inégalités sociales et économiques sapent la cohésion sociale et empêchent les sociétés de s’épanouir.  Elles engendrent la criminalité, les maladies et la dégradation environnementale.


Le secrétaire général à appelé à des changements radicaux et s’est réjoui que l’équité soit en train d’émerger comme une préoccupation majeure du programme du développement pour l’après-2015.  Nous avons besoin de solutions aux crises économiques et financières qui bénéficient à tous, a insisté M. Ban Ki-moon en appelant à une approche inclusive du développement durable.  Il faut investir davantage dans la santé, l’éducation, la protection sociale et l’emploi décent, notamment pour les jeunes, a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agira de créer 470 millions d’emplois, entre 2015 et 2030.


Nous devons, a-t-il aussi ajouté, accorder une plus grande attention à l’autonomisation des femmes chez elles, sur les lieux de travail et dans les couloirs du pouvoir.  La lutte contre les inégalités et la pauvreté ainsi que la promotion d’une prospérité partagée par tous doivent être au cœur de l’ordre du jour du développement durable des Nations Unies, a conclu le Secrétaire général.


M. JOSÉ MIGUEL INSULZA, Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), a lié l’importance de ce débat au nombre et à l’ampleur des mouvements sociaux dans le monde.  Les manifestants exigent une meilleure distribution des richesses et des avantages sociaux.  M. Insulza a parlé des importants progrès réalisés dans sa région contre la pauvreté, mais s’est inquiété de ce que les pays d’Amérique latine continuent d’afficher le coefficient de Ginile plus négatif du monde.  Les inégalités se sont creusées en Amérique du Nord au cours des quatre dernières décennies.  Aujourd’hui, 1% des citoyens les plus riches de la planète ont vu leur richesse plus que doubler au cours de la dernière décennie.  Ce pourcent détient 39% du PIB mondial, et ce, alors que plus de deux milliards de personnes vivent avec moins de deux dollars par jour, s’est alarmé le Secrétaire général de l’OEA.


Cette tendance, a-t-il argué, masque une situation sociale extrêmement complexe et explosive car la multiplication des médias permet désormais à tout le monde de voir comment vit son voisin.  M. Insulza a stigmatisé la précarité de l’emploi, les inégalités entre les sexes et s’agissant de l’accès à l’éducation et à la santé.  Il a souligné que 36% des foyers d’Amérique latine n’ont accès à aucun type de protection sociale et que seulement 24% des jeunes les plus pauvres parviennent à achever leurs études secondaires contre 83% des jeunes issus de familles aisées.  Aujourd’hui, 250 millions de personnes n’ont toujours pas accès à la sécurité sociale.  Le Secrétaire général a prévenu que la méfiance à l’égard des pouvoirs publics est en hausse dans la région, compte tenu des inégalités croissantes entre les différentes couches de la population en Amérique latine.


M. Insulza a rappelé qu’en 1970 en Amérique du Nord, le pourcent le plus riche de la population possédait 9% du PIB, contre 23,5% en 2007.  Même si les conditions de vie s’améliorent, le fossé social continue de creuser, s’est-il alarmé, avant de réclamer des politiques publiques capables de réduire les inégalités par la multiplication des opportunités pour tous et l’amélioration de la mobilité, ce qui exige un meilleur accès à l’éducation, à la santé et au crédit.


Débat de haut niveau


Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT, Ministre des affaires étrangères de Guyana, a rappelé qu’à la base, le nouvel ordre mondial fait appel à des actions internationales concertées afin de changer les disparités persistantes et considérables entre riches et pauvres et entre pays.  Il faut donc évoluer vers un programme de développement centré sur la personne.  Pour que ce vœu se réalise, elle a prôné une croissance dans l’égalité, l’éradication de la pauvreté, l’augmentation des emplois décents, la promotion de l’égalité des genres et l’intégration sociale.  Elle a précisé que ces questions avaient été prises en compte dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et que la lutte contre les inégalités devrait également figurer en bonne place dans le programme du développement pour l’après-2015, pour autant que ce programme vise effectivement l’avènement d’un développement social et économique équitable et durable pour tous. 


La Vice-Ministre a noté par la pauvreté dans le monde a certes diminué depuis le lancement des OMD, sans pour autant faire disparaître la question des inégalités.  Elle a ainsi rappelé qu’aucune société ne peut réaliser les objectifs de développement durable économique et social quand une partie importante de sa population est mal nourrie, en mauvaise santé, sans emploi et peu formée.  Les inégalités ont une nature multidimensionnelle qui relève d’une conjonction de facteurs économiques, sociaux, environnementaux, culturels et politiques, entrelacés et se renforçant mutuellement. 


La Vice-Ministre a indiqué que selon le Centre de démographie d’Amérique latine et des Caraïbes- Division de la population (CELADE), les femmes souffrent plus et, malgré qu’elles soient plus nombreuses dans les cycles d’éducation secondaire et tertiaire, elles ont pourtant moins d’accès à l’emploi et sont victimes des inégalités salariales.  L’identification d’un objectif de développement lié aux inégalités ne suffira pas, a prévenu la Vice-Ministre.  Le programme du développement pour l’après-2015 devrait mettre l’accent sur une croissance économique inclusive et durable en faveur des pauvres, sur la création d’emplois décents.


La Vice-Ministre a souligné que les récentes embellies économiques de Guyana sont la résultante des investissements consentis en faveur des populations.


Mme INÉS DEL CARMEN PÁEZ D’ALESSANDRO, Ministère du développement social de l’Argentine, a présenté les efforts de son pays qui a su engendrer une décennie de transformation profonde après une période de crise profonde.  Elle a rappelé qu’au début de ce siècle, l’Argentine montrait un niveau élevé d’exclusion sociale, avec un taux de chômage de 27% et un taux de pauvreté de 54% en 2003.  Elle a imputé cette situation au libéralisme des années 90 qui a poussé les pouvoirs publics à abandonner de nombreux domaines.  Les efforts de l’Argentine pour inverser cette situation se sont articulés autour de trois piliers: l’équité sociale entre les sexes, les générations et les territoires; la promotion des droits pour tous; et l’organisation et la participation populaires.  Pour l’Argentine, la dynamique de l’emploi est la clef de l’égalité des chances et de l’inclusion sociale. 


Aussi, le pays a-t-il créé cinq millions d’emplois en 10 ans.  Quelque deux millions de personnes ont pu accéder à une retraite digne et grâce à la forte impulsion donnée à l’enseignement supérieur, 10 des 47 universités que compte le pays ont été créées au cours des 10 dernières années.  La représentante a aussi parlé des efforts visant la restitution de millions d’hectares de terre aux autochtones.  Grâce aux initiatives sociales et économiques, le taux de chômage est revenu à 7% et celui de la pauvreté à 5%.    


Mme RADMILA MITROVIĆ, Vice-Ministre des droits de l’homme et des réfugiés de Bosnie-Herzégovine, a jugé que la société contemporaine devrait établir de nouvelles valeurs sociales et relations susceptibles de contribuer à la réduction des inégalités et d’améliorer le droit au développement durable dans toutes ses dimensions.  L’augmentation des inégalités fait croître un sentiment d’injustice et un manque de cohésion sociale alors que la cohésion sociale conduit précisément au bien-être de tous les membres d’une société.  L’exclusion sociale est en effet la cause des tensions sociales, de l’instabilité politique et des conflits.  La paix et la justice ne sont possibles que quand les droits de l’homme sont respectés. 


Mme Mitrović a appelé à des stratégies et à des plans nationaux sur l’inclusion sociale afin de créer les conditions de participation à la vie économique, sociale et culturelle pour ceux qui courent le risque d’être exclus.  Elle a rappelé que la Bosnie-Herzégovine, en tant que pays postconflit, a fait face au problème des inégalités.  Elle a ainsi expliqué que 2,2 millions de personnes, représentant plus de la moitié des habitants de la Bosnie-Herzégovine avant la guerre, furent déplacées à cause des destructions, du manque de travail, de la difficulté à réaliser l’égalité culturelle et nationale et des incertitudes politiques. 


Malgré ce contexte social fait d’inégalités, de relations sociales complexes et de crise économique croissante, la Bosnie-Herzégovine aspire à édifier une société où tous ont les mêmes chances et où règnent la solidarité, l’inclusion sociale et les droits de l’homme.  La Vice-Ministre a rappelé que la Constitution de son pays proscrit la discrimination et met l’accent sur le principe du respect, de la protection et de la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction aucune.


M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a constaté que quelque soient les causes premières des inégalités, les dégâts sont toujours les mêmes.  À son tour, il a rappelé que les 20% de la population les plus riches de la planète possèdent 70% des richesses du monde, tandis que les 20% les plus pauvres n’en possède que 2%.  Il a dénoncé le sort des enfants en malnutrition, forcés de travailler sans accès à la santé.  Rien que dans cette ville et dans un même quartier, un enfant peut être scolarisé dans une école des meilleures qui soit tandis qu’un autre n’aura droit qu’à une éducation de seconde zone, s’est-il indigné.  Les enfants d’aujourd’hui sont les parents et les dirigeants de demain.  Ce sont les citoyens qui tenteront de modeler l’héritage qui leur aura été légué, a-t-il prévenu. 


La question essentielle est donc de savoir si les enfants d’aujourd’hui reproduiront les inégalités qu’ils auront connues.  Un enfant autochtone pourra-t-il vivre dans l’espoir ou va-t-il transmettre son désespoir à sa progéniture?  Un enfant élevé dans un bidonville élèvera-t-il son enfant dans un même climat de violence?  Ces enfants grandiront-ils, convaincus que la société dans laquelle ils vivent est intrinsèquement juste ou deviendront-ils de grands sceptiques?


Le Directeur exécutif d’UNICEF a appelé à des investissements massifs dans le secteur social, en particulier l’éducation et la santé, considérées à tort, a-t-il plaidé, comme les vaches grasses de l’économie.  Or, il est essentiel d’y investir en temps de crise, a-t-il souligné.  M. Lake a cité une étude du Fonds monétaire international (FMI) qui indique d’une diminution de 10% des inégalités permet de prolonger la période de croissance de 20 ans.  Chaque année de scolarité supplémentaire peut augmenter de 10 ans la période active d’une personne, a-t-il insisté.


L’aggravation des inégalités risque, a-t-il prévenu, de créer une spirale descendante qui aura un impact sur la consommation, l’économie mais aussi la violence sociale.  Dans un pays, les progrès les plus notables en matière de développement ont été réalisés lorsque l’on s’attaque à la situation des plus défavorisés.  Le Directeur exécutif a réclamé une action concertée contre les maladies et l’analphabétisme.


Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a dit que la question des inégalités est au centre des travaux de la CEPALC depuis cinq ans.  « Notre région a su tirer les enseignements du passé et sortir d’une crise financière horrible qui nous a appris à ne plus négliger le tissu social », a dit Mme Bárcena.  « Nous avons appris à être prudents au niveau macroéconomique mais très progressistes au niveau social », a-t-elle insisté.  « Nous avons su maîtriser l’inflation et nous avons une dette publique mieux structurée », a-t-elle ajouté en précisant que le taux de pauvreté de la région est passé de 43 à 29%. 


Le continent sud-américain a réussi à sortir 58 millions de personnes de la pauvreté mais cette population n’est pas encore considérée comme faisant partie de la classe moyenne.  Toutefois, l’Amérique latine et les Caraïbes sont sur le point d’atteindre ou de dépasser tous les OMD à l’exception de la mortalité maternelle.   L’heure de l’égalité doit arriver en Amérique latine, car les inégalités sont une forme de complot contre la prospérité et la sécurité des citoyens, a-t-elle dit. 


Elle a défini l’égalité comme un principe moral et normatif ultime qui doit aboutir au respect des droits de tous les citoyens.  L’égalité appelle à des politiques axées sur les droits et exige des changements structurels qui renforcent les capacités et offrent de réelles opportunités d’emplois, avec un salaire minimal et une assurance chômage.  L’égalité, a insisté Mme Bárcena, est la garantie de l’exercice des droits et la rupture avec le paradigme fondé exclusivement sur l’économie.  Le développement doit être conçu comme ayant le droit en son centre. 


Mme LAKSHMI PURI, Directrice par intérim de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a constaté que la question des inégalités est la question maîtresse de cette époque de mécontentement planétaire et a voulu que le combat contre ce fléau figure au cœur des politiques du changement.  Les inégalités entre les sexes sont la cause première de toutes les inégalités, dans toutes les régions du monde, a-t-elle dit, en arguant que c’est la plus perverse de toutes les inégalités.


Mme Puri a indiqué que les consultations menées par ONU-Femmes avaient conclu que les objectifs de développement durable devront non seulement inclure un objectif précis pour l’égalité hommes-femmes et pour l’autonomisation des femmes et des filles, mais aussi faire en sorte que l’égalité entre les sexes soit intégrée à tous les autres objectifs et figure en bonne place dans le programme du développement pour l’après-2015.


Mme Puri a appelé les États Membres à maintenir l’élan des progrès réalisés jusqu’à présent en matière d’égalité entre les sexes.  Tout programme de développement doit se fonder sur les droits de l’homme, a-t-elle insisté, avant de réclamer des actions concrètes contre la violence fondée sur le sexe et pour le renforcement des capacités des femmes et des filles et leur accès aux ressources.  Il faut répondre de manière urgente à la mauvaise répartition des ressources, notamment par l’accès à la propriété foncière et l’égalité salariale.  Il faut faciliter l’accès à la santé et la participation des femmes aux processus de prise de décisions.


M. PEDRO OLINTO, Économiste et membre de l’équipe de la Banque mondiale pour la réduction de la pauvreté et l’égalité, a dit qu’il était possible de réduire l’extrême pauvreté d’ici à 2030.  Si les inégalités entre les nations ont diminué ces 30 dernières années, les inégalités se sont développées au sein des pays, a noté M. Olinto.  La croissance a été le moteur essentiel de la réduction de la pauvreté mais les études de la Banque mondiale montrent que les plus pauvres bénéficient de moins en moins de la croissance.  Le représentant a donc jugé essentiel de se concentrer sur la réduction des inégalités.  Dans les pays en développement, quelque 100 millions de personnes reçoivent des transferts d’argent directement.  Comment augmenter ce nombre?  L’objectif de la lutte contre les inégalités exige qu’une plus grande attention soit accordée aux groupes marginalisés.  Maintenant que les pays en développement deviennent de plus en plus riches, ils doivent améliorer leur politique fiscale pour mieux lutter contre la pauvreté et pour la réalisation des OMD, a-t-il conseillé.


M. HÉCTOR SALAZAR, Directeur par intérim pour le secteur social de la Banque interaméricaine de développement (BID), a indiqué que les pays de sa région avaient connu une croissance moyenne de 3% par an, que la pauvreté avait chuté dans pratiquement tous les pays et que cinq millions de personnes en moins vivent en dessous du seuil de la pauvreté.  Il expliqué que si les inégalités avaient été réduites dans l’ensemble de l’Amérique latine, la région continue toutefois de connaître des inégalités beaucoup plus marquées que dans d’autres régions.  Il a évoqué l’impact du niveau d’éducation et des origines sociales sur les inégalités.


M. Salazar a ensuite indiqué que dans la région, le revenu du travail des pauvres avait augmenté 2 à 3 fois plus rapidement que dans les autres couches de la société et que différents programmes élaborés avaient eux aussi permis d’augmenter les revenus.  Il a réclamé une nouvelle politique sociale qui sache tirer parti de la contribution des travailleurs et renforcer les capacités des adultes et des enfants, faisant notamment observer que ce n’est qu’en renforçant la productivité que l’on peut augmenter les revenus des pauvres.   Il a également appelé à la consolidation des programmes sociaux, compte tenu d’une population vieillissante et de ses pressions supplémentaires sur les services de santé.


Le représentant de la BID a également souligné l’importance d’accorder une attention particulière à la situation des jeunes qui représentent 25% de la population de la région et qui sont particulièrement vulnérables à la pauvreté.  Il a signalé que dans sa région, seul 55% des jeunes ont fait neuf ans d’école et que la moyenne des jeunes de moins de 15 ans a un retard de deux ans dans le savoir par rapport à la moyenne de l’ Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Trop de jeunes n’étudient ni ne travaillent, une situation qui les rend particulièrement vulnérables à la violence, cause principale de la mortalité parmi eux, s’est-il alarmé.  Il s’est également inquiété du taux élevé de fécondité parmi les jeunes qui n’est dépassé, a-t-il affirmé, que par l’Afrique subsaharienne.  M. Salazar a appelé à des politiques précises pour répondre à la situation des jeunes et combattre le décrochage scolaire et le manque de formation.


M. LUIZ ALBERTO FIGUEIREDO MACHADO (Brésil) a prévenu que l’expansion économique et les forces du marché ne peuvent seules offrir des solutions aux défis des inégalités et de la pauvreté.  Seule une croissance économique soutenue, inclusive et équitable peut le faire.  En plaçant les politiques sociales au cœur de sa stratégie de développement économique, le Brésil, a expliqué le représentant, a prouvé qu’il est possible d’assurer la croissance tout en répartissant les revenus, en promouvant l’inclusion sociale et en protégeant l’environnement.  Le représentant s’est attardé sur la « Borsa familia » une allocation mensuelle aux familles pauvres qui s’engagent à maintenir leurs enfants à l’école et à leur faire faire un examen médical régulier.  Cette initiative a contribué à réduire le taux de pauvreté de 40% et de l’extrême pauvreté de 53% depuis 2003. 


Pour les 16,2 millions qui vivent toujours dans l’extrême pauvreté, le pays a lancé le programme « Brasil Sem Miséria », articulé autour d’un salaire minimum, d’une inclusion sociale par le travail et de l’accès aux services publics.  Pour consolider le lien entre développement durable et élimination de la pauvreté, le Brésil a lancé la « Bolsa Verde », une allocation offerte aux familles les plus pauvres qui vivent dans les forêts protégées ou les réserves minières afin de les inciter à préserver leur environnement. 


Après avoir donné d’autres exemples de la lutte contre la pauvreté et de la consolidation d’un environnement macroéconomique sain, le représentant a dit la fierté de son pays d’être coauteur de la résolution sur le rôle des Nations Unies dans la promotion d’un nouvel ordre mondial.


Illustrant la réalité des inégalités dans le monde, M. AMERICO BEVIGLIA ZAMPETTI, délégué de l’Union européenne, a noté que les 1,2 milliard de personnes parmi les plus pauvres ne représentent que 1% de la consommation mondiale tandis que le milliard de personnes les plus riches compte pour 72% de cette consommation.  Il a appelé à respecter les objectifs de la dignité pour tous consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Déclaration du Millénaire.  Il a mis l’accent sur les liens entre droits de l’homme, bonne gouvernance et développement durable.  « Promouvoir les droits de l’homme est le meilleur moyen de lutter contre les inégalités et parvenir à un développement économique et social inclusif », a-t-il insisté.  C’est pourquoi, le nouveau programme de développement pour l’après-2015 devra mettre l’accent sur les groupes marginalisés en se dotant des données ventilées nécessaires.


M. ALEXEY GOLTYAEV (Fédération de Russie) a mis l’accent sur les liens entre les discriminations religieuses, linguistiques et culturelles et les inégalités.  Il a dit que la discrimination des minorités nationales qui ne peuvent utiliser leurs langues au travail ou à l’école engendre la pauvreté.  Il a dit que l’objectif de son pays est d’améliorer la protection sociale des personnes les plus défavorisées afin que les inégalités ne deviennent pas une source de conflit. 


Table ronde interactive 1: « Efforts de réduction des inégalités »


En sa qualité de modérateur de la table ronde, M. HERALDO MUÑOZ, Administrateur adjoint et Directeur du Bureau régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que la région dont il s’occupe est toujours l’une des plus inégales au monde, une situation, a-t-il souligné, qui a un impact sur les gens dès leur naissance. 


M. Muñoz a toutefois concédé que les inégalités de revenus avaient baissé dans la région, grâce au dynamisme du marché du travail.  Il a parlé des envois de fonds, dont la région est le récipiendaire le plus important bénéficiaire au monde.  Il a ajouté que la génération du « baby boom » a pu profiter d’un meilleur accès à l’éducation et augmenter ainsi le retour sur investissement dans ce secteur.  Pour la première fois de l’histoire de la région, ce ne sont plus les pauvres mais bien la classe moyenne qui représente la tranche la plus importante des populations. 


M. Muñoz a toutefois souligné la vulnérabilité de cette nouvelle classe comme en attestent les différents mouvements sociaux.  Les pays à revenu intermédiaire ont désormais pour défi de régler les questions budgétaires tout en évitant des conséquences néfastes sur les plus vulnérables.  Il a plaidé pour l’amélioration des services sociaux et la mise en place d’institutions plus responsables et plus transparentes.


Mme AIDA OPOKU-MENSAH, Conseillère principale auprès du Secrétariat exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a évoqué l’essor des économies africaines, en saluant ce véritable « moment de l’Afrique ».  Elle a toutefois reconnu le manque de progrès dans l’élimination de la pauvreté extrême: les inégalités entre zones urbaines et zones rurales se sont creusées, plongeant de nombreuses personnes dans la pauvreté.  Mme Opoku-Mensah a, à son tour, évoqué l’impact de l’éducation dans un continent où l’enseignement reste de mauvaise qualité.  Au titre des bonnes nouvelles, elle a salué les progrès dans l’égalité entre les sexes, en particulier dans le domaine de l’éducation et de la représentation au parlement.  Mais elle n’en a pas moins souligné l’importance d’améliorer l’accès des femmes à l’emploi.


En matière de réduction de la mortalité maternelle et infantile, les progrès demeurent insuffisants, a-t-elle dit, car l’Afrique compte toujours le taux de mortalité maternelle le plus important au monde.  Elle a tempéré ses propos en mettant en avant les succès de pays comme la Guinée-Bissau, l’Égypte ou l’Érythrée.  Elle a aussi souligné les progrès dans la lutte contre le VIH/sida et le paludisme.  À son tour, elle a réclamé des politiques plus audacieuses en faveur des jeunes, notamment pour améliorer leur accès à l’emploi, à la santé, dont la santé reproductive, sans oublier l’éducation et la protection sociale.


Mme JUDY CHEN, Présidente du Comité UNICEF de Hong-Kong, a regretté que trop d’enfants soient encore victimes de la pauvreté, de la faim, des maladies, de la guerre et de la traite.  Elle a exhorté les délégations à prendre conscience du monde réel du million d’enfants soumis à la traite.  Si 45 000 enfants ont été sauvés de ce fléau ces dernières années, un enfant de 5 à 14 ans sur six est contraint de travailler, dont 71% sont des filles.  La Présidente a souligné la vulnérabilité particulière des 140 millions d’enfants migrants.  Elle a mis l’accent sur l’importance de l’accès à l’éducation.


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Professeur à l’Université Columbia, a constaté qu’en dépit de la diminution significative de la pauvreté dans le monde, les inégalités persistent.  Il a appelé l’ONU à faire de la réduction des inégalités un objectif précis pour l’après-2015.  S’il a relevé que les inégalités entre pays avaient diminué, il s’est dit préoccupé du fait que l’Afrique subsaharienne reste dans une situation « extrêmement désavantageuse ».  Certaines économies africaines sont devenues très dynamiques, alors que d’autres semblent stagner.


Au sein des pays, a poursuivi l’enseignant, les inégalités demeurent particulièrement préoccupantes.  Il a commenté la « situation exceptionnelle » des pays d’Amérique latine où la réduction de la pauvreté s’est pratiquement généralisée mais où les inégalités sont très marquées.  Il a préconisé l’établissement d’un bon budget et de bonnes politiques fiscales, pour une meilleure répartition des ressources.  Les systèmes universels de protection sociale permettent aussi une meilleure répartition des revenus, a-t-il dit, en citant l’exemple de plusieurs pays d’Europe. 


L’importance de mettre à disposition des services sociaux de qualité ne saurait être trop soulignée, eu égard aux différents mouvements sociaux que connaissent plusieurs pays, a rappelé le professeur.  L’amélioration de la qualité de la main-d’œuvre est l’élément le plus important de toute politique sociale, bien plus que les envois de fonds, a-t-il insisté.


Notant que les inégalités économiques et sociales constituent une menace à la stabilité des pays, le représentant de la Serbie a plaidé pour un accès égal à l’énergie, à l’eau et à la nourriture, en accordant une attention particulière aux groupes les plus vulnérables, dont les personnes âgées, les femmes et les enfants, ainsi que les minorités.


Tout en se félicitant que 40 pays en développement enregistrent actuellement une croissance plus rapide que prévu, le représentant de la Norvège, intervenant au nom des pays nordiques, a noté que ces pays connaissaient un fossé grandissant entre riches et pauvres.  « Les politiques visant la répartition la plus équitable des bénéfices de la croissance ont placé les pays nordiques au sommet de l’Indice de développement humain », a-t-il dit.   Il a prôné une politique fiscale appropriée et salué le Brésil et son programme « Bolsa Familia ».


En effet, a acquiescé le représentant du Paraguay, croissance économique ne signifie pas forcément développement et libre échange pas automatiquement répartition équitable des revenus.  Il a cité le lancement d’un projet pilote de lutte contre la pauvreté extrême dans le nord du Paraguay et mentionné l’adoption d’un plan sur les droits de l’homme visant à garantir à tous les Paraguayens une vie digne.


Son homologue de la Jamaïque a demandé que le processus préparatoire pour l’identification des objectifs de développement pour l’après-2015 accorde la priorité à la lutte contre les inégalités en garantissant un large accès à l’éducation, à la santé, à l’eau et au logement.  La croissance et le développement doivent mettre l’accent sur les besoins des gens, a-t-il insisté en appelant à une égalité d’accès des jeunes à l’éducation et à la formation.  Il nous faut des démarches novatrices, a-t-il dit.


Plusieurs mesures d’égalité des chances ont été adoptées au Mexique, a affirmé sa représentante, en arguant, par exemple, que la promotion d’emplois dignes est le meilleur moyen de lutter contre les inégalités.  Elle a espéré que la définition d’une nouvelle génération d’objectifs de développement sera l’occasion de mettre l’accent sur l’égalité d’accès aux services sociaux de base.


Le représentant du Viet Nam a d’ailleurs fait état du programme national 2011-2020 pour la promotion de la croissance économique qui cible, en particulier, les groupes les plus marginalisés.  « Où allons-nous trouver le remède aux inégalités? » s’est interrogé le représentant du Chili en voyant un élément de réponse dans la primauté du droit pour tous.  Son homologue de l’Argentine a reconnu que l’on ne pouvait imputer au marché la responsabilité des difficultés que connaît la région.


Il est temps de s’attaquer aux problèmes particuliers des pays à revenu intermédiaire, ont acquiescé les panélistes car, face aux limites du marché les citoyens exigent plus de l’Etat, à savoir une politique plus efficace et plus vigoureuse contre la pauvreté et pour une égalité d’accès aux services sociaux de base.


Table ronde interactive 2: « Réduire les inégalité s: Le point de vue de la société civile »


Modératrice de la table ronde, Mme NERMEEN SHAIKH, Journaliste, a constaté que les inégalités ont atteint un niveau sans précédent, frappant d’abord les femmes et les autochtones.  Dans quelle mesure, a-t-elle demandé, nos structures politiques et économiques permettent de résoudre ces inégalités et de réaliser l’égalité des chances?


Mme WILA SHALIT, Présidente-Directrice générale de « Fair Winds Trading », a présenté les grandes lignes d’un projet lancé en 2002 au Rwanda, pays dont 57% de la population vivait alors dans la pauvreté et dont 50% du budget national dépendait de l’aide extérieure.  Un partenariat commercial créé entre le grand magasin « Macy’s » et des vannières rwandaises, hutues comme tutsies, a fait que 85% de ces femmes ont pu toucher un revenu.  Une femme a ainsi pu quitter le camp de réfugiés où elle vivait et plus tard avoir une fille diplômée de Harvard.  Un projet similaire a depuis été lancé en Haïti.


Mme JESSICA ESPEY, « Save The Children », s’est dite préoccupée par la façon dont les inégalités hypothèquent la réalisation des OMD notamment ceux liés à la santé maternelle et infantile.  S’appuyant sur des études de « Save The Children », elle a dit que la non-égalité des chances et celle des revenus sont deux aspects totalement différents.  Elle a parlé d’une étude mesurant l’impact des inégalités de revenus sur les enfants qui a montré, par exemple, qu’au Nigéria, les enfants des plus pauvres ont deux fois plus de chances de mourir avant l’âge de 5 ans.  En Inde, ils ont plus de chances de développer des maladies liées à la malnutrition alors que les 10% d’enfants de riches courent le risque opposé, celui de l’obésité.  L’accès gratuit à la santé est « indispensable » pour éliminer les disparités.  Il faut donc des politiques fortes de protection sociale, servies par les bonnes mesures fiscales.


NISHA DAS, Représentante de la jeunesse et membre du Forum national des enfants handicapés de l’Inde, a expliqué qu’elle est née avec une jambe beaucoup plus courte que l’autre et que malgré leur manque d’argent, ses parents ont, grâce à une aide, réussi à lui procurer une jambe artificielle.  Mais, a-t-elle déploré, de nombreux enfants, dans le monde, et bien souvent les handicapés et les filles, sont privés de l’égalité des chances.  Les filles, a-t-elle dénoncé, sont souvent considérées comme un fardeau pour des familles qui ne voient pas l’étendue de leurs talents et de leurs capacités.  Près de deux tiers des enfants indiens, principalement les filles, ne sont pas scolarisés, a encore dénoncé la jeune oratrice.  Presque 90% des enfants handicapés dans le monde ne vont pas l’école.  La panéliste a exhorté les gouvernements à assurer la scolarisation de tous les enfants, y compris les enfants handicapés.  Ils doivent reconnaître que ces enfants sont importants, qu’ils ont des capacités et des rêves, a-t-elle lancé, avant de demander, au nom des enfants, une place dans les organes de prise de décisions.  Je n’ai qu’une seule jambe et ce que j’aime par-dessus tout, c’est danser, a-t-elle fièrement déclaré, en voulant que les États Membres entendent sa voix.


Mme MIRIAN MASAQUIZA, autochtone Kichwa Salasacas et membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a mis l’accent sur la longue lutte des peuples autochtones qui s’est traduite par l’adoption de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Déclaration de 2007 des Nations Unies sur les peuples autochtones.  Elle s’est interrogée sur la persistance des inégalités entre les peuples autochtones et les autres.  Il est temps que la discrimination et le racisme soient considérés dans les faits comme une violation des droits fondamentaux.  Il faut un respect des traditions, a-t-elle dit, en appelant tous les autochtones à saisir toutes les chances d’une éducation pour préserver leurs spécificités, leur qualité de vie et leur cosmologie.  Elle a réclamé des statistiques et des données socioéconomiques ventilées pour détecter et mesurer avec précision la marginalisation des peuples autochtones et les inégalités qu’ils subissent, s’agissant, en particulier, de l’accès à la terre.  Au nom des autochtones, elle a demandé que la culture devienne le quatrième pilier du développement durable, au même titre que la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement.  


Clôture


Après que le Président de l’Assemblée générale a remercié les participants au débat thématique, le Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) a insisté sur le fait que la question des inégalités est un problème de portée mondiale qui ne fait que croître et menacer la stabilité de nombreux pays.  Pour espérer corriger les tendances des inégalités, il a souligné la nécessité d’investir dans le capital humain, à savoir l’éducation et l’emploi. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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