Assemblée générale: le Secrétaire général exhorte les États Membres à donner de l’élan à l’entrepreneuriat, « catalyseur du développement »
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Assemblée générale
Soixante-septième session
Débat thématique - Matin & après-midi
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EXHORTE LES ÉTATS MEMBRES À DONNER
DE L’ÉLAN À L’ENTREPRENEURIAT, « CATALYSEUR DU DÉVELOPPEMENT »
L’Assemblée a tenu aujourd’hui un débat thématique
sur le thème de l’entrepreneuriat au service du développement
Le débat thématique tenu aujourd’hui par l’Assemblée sur l’entrepreneuriat au service du développement a été l’occasion pour le Secrétaire général de l’ONU d’exhorter les États Membres à adopter cinq mesures pour donner de l’élan à l’entrepreneuriat, que de nombreux participants n’ont pas hésité à qualifier d’« épine dorsale de l’économie » et de « catalyseur du développement ».
Dans sa déclaration, M. Ban Ki-moon a notamment exhorté les États Membres à créer un environnement propice à l’entrepreneuriat des jeunes, à renforcer les capacités locales et à mettre sur pied des programmes d’orientation professionnelle, tout en facilitant l’accès au financement et en veillant à la formation des jeunes entrepreneurs au-delà de l’étape de la création d’entreprises afin de leur permettre de maintenir leur succès dans la durée.
« L’entrepreneuriat est une question d’innovation, de prise de risques, et doit démontrer que de nouveaux modèles d’entreprises sont capables d’apporter une solution à des problèmes qui se posent de longue date », a indiqué le Secrétaire général. M. Ban avait notamment à l’esprit le fait que cette année, 73 millions de jeunes qualifiés, et en état de se lancer dans la vie active sont au chômage, et qu’entre 2016 et 2030, 425 millions de jeunes feront leur entrée sur le marché du travail. Cela signifie que nous devrons créer un demi-milliard d’emplois d’ici à là, a-t-il notamment souligné.
Pour surmonter ce défi, M. Ban a misé sur l’entrepreneuriat, y voyant une « partie de la solution » à mettre en œuvre pour « transformer de jeunes chômeurs en d’importants employeurs ». « Nous sommes actuellement au milieu d’une crise mondiale de l’emploi qui exige une réponse d’envergure », a-t-il souligné.
« Nous sommes arrivés à l’ère de l’entrepreneuriat où chaque personne a la possibilité de changer le monde par son talent propre », a déclaré de son côté, dans un message vidéo, le Président d’Israël, M. Shimon Peres, pour qui « les entrepreneurs sont le plus grand espoir de notre époque ».
Dans la foulée, le représentant d’Israël auprès des Nations Unies*, qui prenait part au débat, a vu dans l’entrepreneuriat la clef pour trouver une issue aux défis du 21è siècle et a estimé que cette question doit occuper une place centrale dans le programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015. L’époque que nous vivons aujourd’hui, a-t-il affirmé, appartient à ceux qui n’ont pas peur d’échouer, de questionner ce qui semble évident et de rêver. Il a mis en avant le fait que son pays compte à présent plus de « start-ups » par habitant que n’importe quel autre pays au monde. L’État d’Israël, un petit État doté de peu de ressources naturelles, est la preuve qu’il est possible de réussir contre toute attente, s’est-il notamment félicité.
De son côté, M. Inderjit Singh, membre du Parlement de Singapour, pays qui dispose depuis 2003 d’un Ministère de l’entrepreneuriat, a plaidé en faveur d’un entrepreneuriat social qui incite les sociétés à fournir des services à tous les individus. « Notre objectif n’est pas seulement la croissance du PIB, mais une croissance durable et inclusive », a-t-il dit.
Ce point de vue était également reflété dans le discours du Président de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, qui a vu dans l’entrepreneuriat responsable un élément essentiel du développement durable et a réclamé un nouvel engagement mondial en sa faveur. « La création d’entreprise », a-t-il estimé, « est un devoir ».
Outre les déclarations liminaires, les participants ont pu approfondir leur réflexion sur l’entrepreneuriat grâce à la tenue de trois tables rondes consacrées à l’entrepreneuriat au service du développement, à l’enseignement de l’entrepreneuriat et à l’entrepreneuriat comme outil d’autonomisation. Les contributions des entrepreneurs à la croissance durable ont été évoquées à maintes reprises, de même que le rôle que peut avoir l’entrepreneuriat en matière d’autonomisation.
Certains panélistes ont en outre fait observer que dans bien des cas, l’entrepreneuriat est la seule option possible en matière de création d’emplois car du fait de leur surendettement, de nombreux pays ne sont plus en mesure de créer des emplois directement. L’importance d’investir dans la recherche et l’innovation, ainsi que celle d’inculquer un esprit d’entreprise dès le plus jeune âge aux jeunes ont également été soulignées.
La prochaine réunion de l’Assemblée sera annoncée dans le Journal de l’ONU.
*La délégation d’Israël auprès des Nations Unies est à l’origine de la résolution 67/202 sur l’entrepreneuriat au service du développement, adoptée par l’Assemblée générale en décembre 2012, qui a mandaté la tenue de ce débat.
TABLE RONDE SUR L’ENTREPRENEURIAT AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT
Déclarations d’ouverture
M. VUK JEREMIĆ, Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, a souligné le lien explicite qui existe entre le programme de développement pour l’après-2015 et l’entrepreneuriat. Il a salué à cet égard l’engagement du Secrétaire général à promouvoir l’entreprenariat. Il y a un an, les chefs d’État se sont réunis à Rio pour adopter les grands principes du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il rappelé, notant qu’un mandat a été donné à cet effet pour élaborer un nouveau cadre qui permettra, à terme, d’éliminer l’écart entre les riches et les pauvres sans porter atteinte à l’environnement. À Rio, les chefs d’État et de gouvernement ont reconnu qu’ils ne seraient pas en mesure d’atteindre ces objectifs seuls, sans la contribution du secteur privé, a rappelé M. Jeremić.
Les entrepreneurs sont des acteurs essentiels dans le processus engagé afin de briser le cycle de la pauvreté, a remarqué le Président de l’Assemblée générale, expliquant comment ce secteur contribuait à l’autonomisation des membres de la société. La création d’entreprise est un devoir, a-t-il estimé. Il a appelé la communauté internationale à surmonter les défis du développement en permettant aux personnes dotées des compétences d’utiliser des méthodes de pointe pour mener des activités transformatrices.
Les Nations Unies ont commencé à promouvoir les partenariats public-privé, a poursuivi M. Jeremić, en soulignant les avantages multiples qu’offre cette option. Il a espéré que des accords seraient conclus avec les industries pour garantir la stabilité des prix des produits de base, et a notamment évoqué ceux du secteur de la pharmacie et les coûts des médicaments. Le Président de l’Assemblée a aussi plaidé en faveur de la création de centres d’excellence en matière de technologie, suggérant que les gouvernements parrainent des consortiums public-privé dans ce domaine. M. Jeremić a indiqué que l’entreprenariat responsable est un élément essentiel du développement durable et qu’il faut susciter un nouvel engagement mondial en sa faveur.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’on se trouve actuellement au milieu d’une crise mondiale de l’emploi qui exige une réponse d’envergure. Cette année, a-t-il constaté, 73 millions de jeunes seront au chômage, et entre 2016 et 2030, 425 millions de jeunes feront leur entrée sur le marché du travail, ce qui signifie que nous devrons créer un demi-milliard d’emplois d’ici là. Pour répondre à ce défi, M. Ban a souligné la nécessité d’encourager, d’éduquer et d’autonomiser les jeunes entrepreneurs. L’entrepreneuriat, a-t-il indiqué, peut être une partie de la solution à mettre en œuvre pour transformer de jeunes chômeurs en d’importants employeurs.
M. Ban a cité l’exemple de Lorna Rutto, une jeune kényane élevée dans un bidonville qui, à l’âge de 24 ans, avait créé 500 emplois en créant un programme de recyclage qui transforme notamment le plastique usagé en ornements. Son initiative a en outre permis d’éliminer un million de kilogrammes de déchets de l’environnement et a permis de sauvegarder 250 hectares de forêts. Voilà comment nous pouvons créer l’avenir que nous voulons, s’est félicité le Secrétaire général, en indiquant que c’est en trouvant des solutions aux défis qui se posent au développement durable qu’on y arrivera, ces solutions étant créatrices d’emplois et de croissance. Le Secrétaire général, a estimé que l’entrepreneuriat est une question d’innovation, de prise de risques et doit démontrer que de nouveaux modèles d’entreprises sont capables d’apporter une solution à des problèmes qui se posent de longue date.
M. Ban a ensuite signalé que la génération actuelle de jeunes est, quantitativement, la plus importante de l’histoire. Si nous investissons dans leur éducation et si nous les autonomisons, nous pourrons transformer le monde, a-t-il souligné, s’inquiétant par ailleurs du fait que beaucoup trop d’entre eux sont victimes de conflits ou languissent dans la pauvreté. Le Secrétaire général a appelé les partenaires de développement à soutenir l’entrepreneuriat des jeunes, les emplois indépendants et les entreprises dirigées par les jeunes. Il a également assuré que l’initiative du Pacte mondial continuera de mobiliser et d’appuyer les jeunes entrepreneurs. Il a aussi annoncé que le Fonds d’équipement des Nations Unies travaille actuellement avec la Fondation MasterCard pour créer « YouthStart », une initiative destinée à augmenter l’accès des jeunes à faible revenu d’Afrique subsaharienne aux services financiers.
Le Secrétaire général a ensuite appelé les États Membres à adopter cinq mesures pour donner de l’élan aux progrès accomplis à ce jour. Il a ainsi misé sur la création d’un environnement propice à l’entrepreneuriat des jeunes, le renforcement des capacités locales, les programmes d’orientation professionnelle, la facilitation de l’accès au financement et à des services financiers conçus pour les jeunes et, enfin, la formation des jeunes entrepreneurs au-delà de l’étape de la création d’entreprises afin de leur permettre de maintenir leur succès dans la durée. M. Ban a également évoqué l’appui aux coopératives et aux programmes de microcrédit.
Adressant un message à cette réunion par vidéoconférence, M. SHIMON PERES, Président d’Israël, a estimé que, même dans un environnement économique mondialisé, les individus ne devenaient pas obligatoirement des citoyens « mondiaux » mais conservaient au contraire leurs personnalités individuelles. Nous sommes arrivés, a-t-il dit, à l’ère de l’entrepreneuriat où chaque personne a la possibilité de changer le monde par son talent propre. Il a cité le cas d’école de Mark Zuckerberg qui a contribué à ce changement avec la création de Facebook. Selon M. Peres, de telles innovations ne sont possibles que si l’on fait preuve d’initiative et si on investit dans la discipline et la réflexion.
Le Président d’Israël a, en outre, estimé que les entrepreneurs représentaient « le plus grand espoir de notre époque ». Ce qui fait défaut chez les gouvernements doit être acquis par le biais des initiatives individuelles, a-t-il ajouté. Il a souligné que les Nations Unies devenaient les « Personnes Unies », car les personnes sont aussi importantes que les nations. Il faut encourager chacun d’entre nous à être productif et à apporter sa contribution à la communauté internationale, a-t-il préconisé. Nous devons donc mobiliser autant d’entreprises que possible en vue d’instaurer un monde prospère et plein d’espérance, a conclu M. Peres.
M. ANTONIO TAJANI, Vice-Président pour l’industrie et l’entrepreneuriat de la Commission européenne, a indiqué que l’Union européenne avait lancé le plan d’action « Entrepreneuriat 2020 ». Il a expliqué que cette stratégie met l’accent sur l’internationalisation, au vu de la nécessité pour les entreprises d’être actives au niveau mondial, et qu’il conduira lui-même des missions à l’étranger à cette fin. Il a également indiqué que des négociations sont actuellement en cours avec le Japon et les États-Unis pour conclure des accords de libre échange qui permettent également de créer de l’emploi et de promouvoir la croissance. M. Tajani a aussi évoqué la nécessité de réduire le poids de l’administration et de la bureaucratie, et a ensuite souligner la nécessité d’apporter un soutien aux petites et moyennes entreprises (PME). Les PME, a-t-il notamment relevé, sont l’épine dorsale de l’économie européenne, mais le climat économique actuel rend leur fonctionnement difficile. À ce titre, il a souligné l’importance de promouvoir l’éducation, de réduire les coûts liés à la création d’entreprises, et de lancer des initiatives pour permettre aux jeunes, aux personnes âgées et aux femmes de créer des entreprises. M. Tajani a également misé sur l’innovation et l’investissement dans la recherche et a aussi parlé de l’importance d’investir dans les technologies propres.
M. INDERJIT SINGH, Membre du Parlement de Singapour, a expliqué que l’entrepreneuriat n’était pas seulement une question de création de richesses mais également une façon d’atteindre la justice sociale. Il a parlé de la Banque Grameen, créée en 1976 au Bangladesh par le professeur Muhammad Yunus, qui permet maintenant à 7 millions de pauvres d’utiliser leurs compétences par le biais des microentreprises. Il a aussi souligné l’importance de l’éducation à l’entrepreneuriat qui permet d’optimiser le potentiel des entrepreneurs, donnant l’exemple du Kenya, où les politiques adoptées en ce sens dans les années 1990 ont permis de former de nouveaux professionnels dans des instituts techniques pour qu’ils deviennent des entrepreneurs.
En ce qui concerne Singapour, le député a indiqué que l’entrepreneuriat était un des facteurs essentiels de la croissance économique. Nous devons faire croître nos propres entreprises pour créer des emplois pour les Singapouriens, a-t-il dit. Il a parlé de l’initiative Entrepreneuriat 21, qui est un plan ambitieux qui a permis de catalyser le potentiel de l’industrie singapourienne. En 2003, un ministère de l’entrepreneuriat a été créé, a-t-il ajouté. L’accès au financement est un autre élément essentiel du développement de l’entrepreneuriat, a-t-il aussi indiqué. Il a également mis l’accent sur l’importance de l’éducation à l’esprit d’entreprise qui est maintenant dispensée dans toutes les écoles.
Le parlementaire a ensuite plaidé en faveur de l’entrepreneuriat social qui incite les sociétés à fournir des services à tous les individus. Notre objectif n’est pas seulement la croissance du produit intérieur brut (PIB), mais une croissance durable et inclusive, a-t-il dit. Il a rappelé à cette occasion que le Gouvernement de Singapour avait lancé l’idée de proclamer le 19 novembre comme la Journée mondiale des toilettes. Enfin, il a lancé une invitation aux participants à ce débat pour qu’ils se rendent à Singapour du 30 octobre au 2 novembre 2013 pour participer au Forum mondial de l’entrepreneuriat.
« Les entrepreneurs sont des catalyseurs du développement », a déclaré d’emblée M. EMMANUEL HATEGEKA, Secrétaire permanent auprès du Ministère de l’emploi et de l’industrie du Rwanda, pour qui cette classe est « irremplaçable ». Il a évoqué la création, par son gouvernement, d’une stratégie nationale allant jusqu’à 2020 qui mise sur l’appui que peut apporter le secteur privé pour donner de l’essor à l’économie nationale. Il a évoqué la hausse notable du produit national brut (PNB) du Rwanda, pour ensuite se féliciter du fait qu’un million de Rwandais avaient pu sortir de la pauvreté, le taux de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté étant passé de 59% en 2001 à 25% en 2011. M. Hategeka a également précisé qu’il existe actuellement 125 000 PME au Rwanda, dont une grande partie a moins de 5 ans d’existence.
Le représentant a toutefois reconnu que le niveau d’entrepreneuriat en Afrique subsaharienne demeure bien inférieur à la moyenne mondiale. Il a également soulevé le problème du chômage chez les jeunes et a souligné qu’il est important de créer des emplois à leur intention. M. Hategeka a appelé à la restructuration des systèmes en place pour les rendre plus propices à la création d’emplois. Il faut autonomiser les jeunes pour qu’ils sachent agir par eux-mêmes, bâtir une culture basée sur l’esprit d’entreprise, créer des plateformes au sein desquels les jeunes peuvent être soutenus par des mentors, mettre en place un système d’appui aux jeunes entreprises et créer des incitations fiscales, a-t-il notamment indiqué. Le représentant a aussi évoqué l’importance d’investir dans la recherche et l’innovation et d’établir des politiques claires à cette fin. Il a également parlé du rôle notable que jouent les programmes d’électrification en Afrique, ces programmes permettant à de nombreuses PME d’exercer leurs activités.
M. Hategeka a poursuivi son intervention en passant en revue les grandes lignes d’une campagne de création d’emplois indépendants lancée au Rwanda qui, a-t-il expliqué, a mis l’accent sur la sensibilisation et la formation. Un concours de création de plans d’entreprises a été organisé et les lauréats ont pu bénéficier d’un financement pour lancer leurs entreprises, a-t-il indiqué. Il a précisé que 16 000 idées de création de sociétés ont été présentées en 2011 dans le cadre de ce programme. Le représentant a également fait savoir qu’à l’heure actuelle, le Rwanda est l’un des 10 pays où il est plus facile de créer une entreprise, précisant qu’il faut moins de six heures pour le faire au Rwanda et que toutes les démarches peuvent s’effectuer en ligne.
M. SALVADOR PAIZ, Envoyé spécial du Programme national de la compétitivité du Guatemala, a expliqué que les secteurs public et privé guatémaltèques travaillaient ensemble pour réduire la pauvreté dans le pays. Nous devons pour cela augmenter la croissance, ce qui passe par la création d’entreprises, a-t-il indiqué. Il a expliqué que son gouvernement avait été aidé par des consultants dans ce domaine, ce qui lui avait permis de comprendre que l’entrepreneuriat était un des éléments clefs permettant d’atteindre les objectifs fixés. Le Gouvernement guatémaltèques se sert en outre de diverses évaluations, notamment dans le domaine énergétique, pour identifier les besoins dans ce secteur et soutenir la création de nouvelles entreprises de pointe, a-t-il expliqué. L’Envoyé spécial a aussi parlé de la malnutrition chronique, un problème que le Guatemala veut éliminer. Le Guatemala est un pays riche en ressources naturelles, a-t-il ajouté, soulignant l’intention qu’a le pays de les exploiter de manière responsable. Il a aussi parlé des efforts menés pour éliminer le problème du trafic de drogues au Guatemala qui est un pays de transit.
M. RON PROSOR (Israël) a déclaré que « pendant des siècles, les Juifs ont enseigné à leurs enfants la nécessité de questionner le statu quo, de poser des questions, de trouver des alternatives et de défier les sagesses convenues ». L’époque d’aujourd’hui, a-t-il lancé, appartient à ceux qui n’ont pas peur d’échouer, de questionner ce qui semble évident et de rêver. Il a cité l’exemple d’Evans Wadongo, un jeune villageois du Kenya qui a lancé une initiative pour remplacer les lampes à kérosène par des lanternes alimentées par des panneaux solaires et éviter ainsi que de nombreux écoliers endommagent leurs yeux quand ils font leurs devoirs dans la soirée. Le représentant a ensuite remercié les entrepreneurs du monde, évoquant les difficultés et les obstacles qu’ils rencontrent ainsi que les défis qu’ils doivent surmonter. « Le succès », a-t-il affirmé, citant un vieux proverbe hébreu, « a de nombreux parents, mais l’échec est orphelin ».
Pour M. Prosor, l’État d’Israël, « qui est un petit État disposant de peu de ressources naturelles », est la preuve qu’il est possible de réussir contre toute attente. Après seulement quelques décennies, s’est-il félicité, nous avons bâti un État qui compte plus de « start-ups » par habitant que n’importe quel autre pays au monde, et Tel-Aviv a été reconnue comme la deuxième ville la plus accueillante pour les entreprises au monde. Le représentant a déclaré que le secret du succès d’Israël est son investissement dans sa plus grande ressource naturelle, représentée par ses ressources humaines. Les innovations israéliennes, a-t-il enchaîné, sont en train de révolutionner des industries entières. M. Prosor a ainsi évoqué le cas du docteur Amit Goffer qui après avoir été paralysé après un accident, a mis au point ReWalk, un appareil qui permet aux personnes souffrant de blessures à la mœlle épinière de pouvoir marcher à nouveau. L’entrepreneuriat, a enchaîné le représentant d’Israël, est un marathon et non pas un sprint. L’entrepreneuriat est la clef qui permet de trouver une issue aux défis du 21è siècle et doit occuper une place centrale dans le programme de développement pour l’après-2015 des Nations Unies, a-t-il souligné.
Table ronde 1 sur le thème « Les entreprises au service du développement »
Pour introduire cette table ronde organisée sur le thème « les entreprises en faveur du développement », Mme RITA COSBY, correspondante et présentatrice de la chaîne de télévision CBS, qui assurait le rôle de modératrice, a expliqué que l’entrepreneuriat permettait la transformation non seulement de la vie d’individus mais aussi de pays entiers.
Interventions des panélistes
M. DAN SHECHTMAN, lauréat du prix Nobel et Professeur à l’Institut Technion de technologie, situé en Israël, a expliqué en quoi l’entrepreneuriat technologique était important pour le bien-être des populations et des nations. Il a souligné le prix élevé que paient les populations des pays où se déroulent actuellement des conflits internes. Ces pays ont en commun un fait marquant: la pauvreté, a-t-il relevé. Il a noté que ces populations pauvres avaient tendance à émigrer pour trouver ailleurs de meilleures conditions de vie. L’entrepreneuriat technologique est la solution qui pourrait permettre de trouver une réponse à la pauvreté, a estimé M. Shechtman.
Au départ, il faut mettre en place un cadre qui permette de donner une bonne éducation à tous les enfants, a prôné M. Shechtman, avant d’expliquer que l’étape suivante était de disposer d’un bon enseignement supérieur dans les domaines des sciences et de l’ingénierie. Les autres éléments essentiels à l’entrepreneuriat, qui sont entre les mains des gouvernements, sont l’instauration de conditions favorables à l’établissement d’un libre marché et la lutte contre la corruption, a-t-il préconisé. Il s’est réjoui qu’Israël soit devenu une nation caractérisée par la création d’entreprises. Il a jugé important de commencer à enseigner les compétences nécessaires au développement de l’entrepreneuriat dans les écoles secondaires, avant de le faire dans l’enseignement supérieur et dans les institutions de formation professionnelle.
M. MARTIN BRUNCKO, Directeur général du Forum économique mondial, a constaté que l’entrepreneuriat est devenu une des questions les plus visibles sur le plan de l’économie mondiale. Il s’est inquiété de la montée du chômage chez les jeunes et a souligné l’urgence d’y trouver des solutions créatrices d’emplois. Le panéliste a constaté que la plupart des pays ne sont plus en mesure de créer des emplois directement, leur dette publique atteignant des niveaux bien trop élevés, et qu’en ces temps de crise économique, l’aide publique au développement (APD) profite moins aux populations. L’entrepreneuriat est donc plus attrayant et est, dans bien des cas, la seule option possible en matière de création d’emplois, a-t-il constaté. M. Bruncko a ensuite évoqué une étude qui a démontré que les PME permettent de créer trois millions d’emplois par an aux États-Unis. Le panéliste a par ailleurs reconnu la difficulté de devenir entrepreneur, tout en indiquant qu’Internet et la mondialisation rendaient la tâche bien plus facile en permettant, par exemple, la diffusion de cours en ligne.
M. FRED HU, fondateur de Primavera Capital Group, a donné l’exemple du parcours réussi de la Chine au cours des 25 dernières années, soulignant ses taux de croissance rapide et le développement d’entreprises concurrentielles, ce qui a abouti à élever le niveau de vie de la population. Les investissements publics massifs et une croissance orientée vers l’exportation figurent parmi les éléments qui ont permis ces progrès, a-t-il noté en évoquant le point de vue de la plupart des experts mondiaux. M. Hu a cependant noté que le rôle de l’entrepreneuriat et du secteur privé ne doit pas être oublié. Les entrepreneurs ont énormément contribué à la croissance des revenus en Chine, en créant des millions d’emplois, a-t-il à cet égard indiqué. Il a remarqué que, malgré les restructurations et certaines faillites, la croissance avait continué et avait permis de réduire le chômage en Chine.
Actuellement, a indiqué M. Hu, 75% de la population active chinoise est employée par le secteur privé, alors que c’était l’inverse il n’y a pas si longtemps. Beaucoup d’entreprises privées se sont en outre lancées sur les marchés boursiers. M. Hu a indiqué avoir crée une société de conseil en matière de préservation de l’environnement. L’objectif est à présent de faire que les « entrepreneurs établis » deviennent aussi des « entrepreneurs sociaux », a-t-il dit. En Chine, les entrepreneurs privés dominent les secteurs du textile et de la chaussure, ainsi que celui de l’agroalimentaire, a remarqué M. Hu qui a également parlé du secteur des télécommunications et du rôle des entreprises dans la création et la promotion des technologies propres.
Enfin, M. Hu a invité les pays en développement à utiliser les leçons tirées de l’expérience de la Chine. Tout d’abord, il faut comprendre que l’entrepreneuriat conduit à réduire la pauvreté en créant des emplois et des richesses. En outre, a-t-il fait remarquer, il est difficile de soutenir une croissance durable sans la contribution de ce secteur. Il a aussi invité les pays à tirer parti des talents de leur population en incitant les gens à prendre des risques pour créer des entreprises. De leur côté, les gouvernements doivent instaurer les conditions favorables à l’entrepreneuriat, a-t-il ajouté.
Mme SHERRY TROSS, Secrétaire exécutive pour le développement intégral de l’Organisation des États américains (OEA), a évoqué sa participation, ces dernières semaines, à divers ateliers et réunions auxquels ont aussi pris part de nombreux entrepreneurs, entre autres. Elle a indiqué que tous ces évènements avaient pour point commun l’accent qui y avait été mis sur l’entrepreneuriat. Elle a également parlé des bénéfices de la technologie, notamment en ce qui concerne l’accessibilité, pour ensuite souligner la nécessité de faire aller de pair développement économique et développement durable.
Mme Tross a ensuite fait savoir qu’entre 90 et 95% des entreprises d’Amérique latine sont des PME et que 67% des emplois de cette partie du continent américain sont dans les PME. Elle a estimé que l’inclusion doit faire partie intégrante de tout programme de développement, et a ensuite estimé que l’entrepreneuriat est à présent une des priorités de l’OEA. La panéliste a également souligné l’importance de dispenser une éducation de qualité, signalant notamment qu’en Amérique latine, 40% de la population a moins de 24 ans. Il est essentiel d’investir en elle, a-t-elle souligné. Mme Tross a aussi insisté sur l’importance de la responsabilité des entreprises et sur celle de créer un « entrepreneuriat durable » qui se montrera capable d’être responsable tant sur le plan social que sur le plan environnemental.
M. JOSÉ MANUEL SALAZAR, Directeur exécutif du secteur de l’emploi à l’Organisation internationale du Travail (OIT) a indiqué que l’OIT est l’un des plus importants fournisseurs de formation en matière d’entrepreneuriat, 5 millions de personnes ayant participé à ses activités ces dernières années. Il a dit que ces programmes avaient contribué à la création de 500 000 « start-ups » et de 2,7 millions d’emplois. Le panéliste a également constaté que l’économie actuelle connaît un changement vers un nouveau type de « capitalisme d’entrepreneuriat ». Il a aussi vu dans la création d’un environnement plus porteur pour les investissements un des ingrédients clefs de toute politique d’entrepreneuriat réussie.
M. Salazar a indiqué que depuis 2004, en Chine, 4 millions de personnes au chômage avaient été reformées grâce à la méthodologie de l’OIT telle qu’adaptée par les autorités chinoises. De son côté, le Viet Nam s’apprête à former un million d’agriculteurs en s’inspirant, lui aussi, des programme de l’OIT, s’est-il félicité.
Discussion interactive
Le débat qui a suivi les exposés des panélistes a mis en évidence la nécessité pour les gouvernements de mettre en place un environnement propice à l’entrepreneuriat. L’accent a aussi été mis sur le potentiel qu’ont les jeunes en la matière, tout en sachant qu’ils doivent être avertis de l’importance que revêt le respect des législations en vigueur, en particulier en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle. L’aspect social de l’entrepreneuriat a également été souligné.
Le représentant du Royaume-Uni a souligné le lien entre ce débat et les discussions en cours sur le programme de développement pour l’après-2015. Il a apprécié que plusieurs experts aient souligné l’importance du respect de l’environnement par les entreprises privées et demandé aux experts de donner leur avis sur les mécanismes recommandés par la Banque mondiale à cet égard. Le représentant de l’OIT, lui, a répondu que le concept d’écosystème était très limité. Il faut élargir le cadre de l’évaluation des impacts qu’ont les entreprises sur l’environnement, a-t-il prôné.
L’entrepreneuriat et l’innovation sont essentiels à la création d’emplois, a reconnu la représentante du Chili, dont le pays a fait de 2012 l’Année des entreprises et de 2013 l’Année de l’innovation. Elle a aussi parlé du concours « Start Up Chile » qui incite des entrepreneurs étrangers à tenter leur chance au Chili.
Le représentant de l’Allemagne a rappelé que, l’an dernier, lors d’un évènement organisé par le Conseil économique et social (ECOSOC), les jeunes avaient lancé un appel aux gouvernements pour qu’ils instaurent les conditions favorables à la création d’entreprises. Il a donné l’exemple de la démarche adoptée par le Gouvernement allemand, qui se concentre sur l’entrepreneuriat, la promotion des jeunes, ainsi que sur les petites et moyennes entreprises. « Le résultat est que les PME allemandes figurent parmi les entreprises les plus innovantes en Europe », a-t-il indiqué. L’Allemagne veille à établir les conditions idoines pour le développement de nouvelles entreprises, notamment par le biais de politiques antitrust et de lois sur la faillite qui permettent de donner une nouvelle chance aux entrepreneurs, a précisé le représentant. « Il faut changer d’attitude et ne pas se décourager en cas d’échec », a conseillé à cet égard le représentant du Forum économique mondial.
La représentante de la Chambre de commerce internationale a, elle aussi, reconnu l’importance des PME et invité à ne pas sous-estimer leurs capacités à susciter des innovations.
Le panéliste et fondateur de Primavera Capital Group a reconnu que l’entrepreneuriat allait de pair avec la responsabilité sociale. Pour l’expert de l’OIT, qui a signalé l’existence de nombreux programmes sociaux dans les entreprises, en prenant pour exemple Hewlet Packard, les parties prenantes doivent être impliquées dans l’élaboration des politiques.
La représentante de l’OEA, a quant à elle estimé que ces programmes sociaux devaient être prévus, dès le départ, lors de la création de l’entreprise. Elle a également mentionné le cas d’un jeune mexicain qui a créé une entreprise de recyclage de produits électroniques.
En ce qui concerne les jeunes entrepreneurs, la représentante des États-Unis a suggéré d’inviter les ressortissants de cette tranche d’âge, dès le plus jeune âge, à se lancer dans l’entrepreneuriat. Elle a cependant demandé si les jeunes tenaient suffisamment compte des droits de propriété intellectuelle et des brevets nécessaires dans le domaine des technologies. « Lorsqu’on monte une entreprise, il faut le faire rapidement, et on n’a parfois pas le temps de demander l’autorisation d’exploitation de ces brevets », a remarqué le représentant du Forum économique mondial, tout en reconnaissant le caractère essentiel des procédures établies pour s’assurer du bon avenir de l’entreprise.
La représentante du Bangladesh a indiqué que son pays travaillait à la mise en place d’un environnement propice à l’entrepreneuriat, surtout pour inciter les jeunes à se lancer dans ce domaine. Elle s’est par ailleurs réjouie de l’essor des produits provenant des PME. « Le renforcement des capacités est nécessaire pour permettre l’entrepreneuriat, surtout dans le domaine des technologies », a-t-elle aussi remarqué. Faisant écho à cette observation, le représentant de l’OIT a fait la différence entre « l’entrepreneuriat de nécessité » ou de survie et « l’entrepreneuriat de croissance ». « Il y a, d’un côté, les microentreprises qui participent à la croissance d’un pays et, de l’autre, celles qui restent de petite taille », a-t-il remarqué.
Le représentant de Chypre s’est vanté du nombre élevé de jeunes diplômés d’université dans son pays, un élément qui y favorise l’entrepreneuriat. Il a plaidé en faveur de la collaboration entre l’université et le monde des affaires. L’expert représentant l’Institut Technion a quant à lui suggéré aux gouvernements de développer des « pépinières d’entrepreneurs » dans les universités et d’investir dans les « start ups », tandis que la représentante de l’OEA soulignait pour sa part l’importance de l’intégration des femmes dans l’entrepreneuriat.
Enfin, le représentant de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) a expliqué ce que faisait cette Commission pour faciliter la prévisibilité juridique dans le commerce international, tout en mentionnant aussi l’assistance technique qu’elle fournit aux pays qui veulent améliorer leur législation en la matière.
Table ronde 2: « Enseignement de l’entrepreneuriat »
M. DAVID PRICE, journaliste de média audiovisuel américain et modérateur de la deuxième table ronde, a indiqué que sa passion pour l’entrepreneuriat est issue de ses 20 années de voyages à travers le monde au cours desquelles il a « pris conscience de l’impact incroyable que peut avoir une seule personne qui s’engage à concrétiser une idée créative » sur le reste de la société. Cette idée et cet engagement ont la capacité de changer non seulement l’avenir d’un pays, mais également les perspectives du monde entier, a-t-il souligné.
Mr. THOM RUHE, Vice-Président pour l’entrepreneuriat de la Fondation Kauffman, a indiqué que la Fondation accorde une place de taille à l’éducation. Un programme de bourses aide les étudiants qui n’auraient autrement pas la possibilité d’achever leurs études universitaires de le faire, tandis que les écoles Kauffman aident leurs étudiants à se préparer à être indépendants sur le plan économique. La Fondation finance également des projets de recherche, a dit M. Ruhe. Le panéliste a ensuite évoqué la célébration, le 18 novembre prochain, de la semaine mondiale des entrepreneurs qui verra, a-t-il précisé, la participation de près de 100 000 entreprises.
Après avoir passé en revue les grandes lignes de la vie de Ewing Marion Kauffman, le fondateur de la Fondation Kauffman, le panéliste s’est attardé sur la vie de Clifton Taulbert, qui a grandi dans la région du détroit du Mississipi, où l’espérance de vie du temps de la ségrégation, a précisé M. Ruhe, était inférieure de huit années à la moyenne nationale. Taulbert a pu réussir dans la vie grâce aux enseignements que lui a dispensés son oncle Clive, un des rares entrepreneurs africain-américains à exercer à l’époque une activité économique dans le sud des États-Unis alors que régnait les lois ségrégationnistes.
Le panéliste a indiqué que la Fondation Kauffman appuie le programme d’entrepreneuriat Ice House, qui s’inspire de ces enseignements, et dont un des buts est de comprendre les raisons du succès et de développer l’entrepreneuriat à tous les niveaux de la société. L’entrepreneuriat doit être au centre de toutes nos activités, a préconisé M. Ruhe.
Mme FRIEDERIKE WELTER, Présidente de l’Institut pour la recherche sur les PME, à Bonn (Allemagne), s’est interrogée sur la cible recherchée dans l’enseignement sur l’entrepreneuriat. Si certains, comme cela a été dit ce matin, pensent qu’on doit commencer à l’école secondaire, a-t-elle dit, nous pensons qu’il faut même le faire dès le primaire. Elle a en outre suggéré de cibler aussi les personnes âgées. Les jeux de création « d’entreprises junior » dans les écoles primaires peuvent apprendre beaucoup de choses aux enfants, a-t-elle argué. Elle a fait la distinction entre l’enseignement qui consiste à expliquer ce qu’est l’entrepreneuriat et la pédagogie qui prépare concrètement les enfants à se lancer dans ce domaine. Allant plus loin, elle a invité les États à mieux former les enseignants dans ce domaine. « Je vois l’entrepreneuriat comme une simple attitude », a-t-elle déclaré, appelant à en faire un véritable mode de vie.
M. LUKE WILLIAMS, Directeur exécutif du Berkeley Center for Entrepreneurship and Innovation de la New York University, a déclaré que l’esprit d’entreprise est l’un des plus importants atouts qu’une personne peut avoir en ce 21è siècle. Il a souligné la nécessité de croire de « manière passionnée » que l’innovation et la création sont le moteur du développement économique, Les idées, a-t-il fait observer, sont une ressource inépuisable qui ne devient jamais obsolète et dont la valeur ne fait que s’accumuler. Le défi à relever est de créer une « culture d’effets multiplicateurs » en mettant des « méta-idées » au service de la création d’autres idées. Le panéliste a également évoqué l’importance de la formation et du renforcement des capacités, pour ensuite insister sur la nécessité d’élargir le champ d’expérimentation dans le cadre duquel les gens peuvent avoir l’opportunité d’exprimer leur créativité.
Mme PRINCESS JENKINS, fondatrice de « The Brownstone », a indiqué avoir commencé la création de sa propre entreprise lorsqu’elle était âgée d’à peine 20 ans, avouant ne pas avoir réussi du premier coup. Quand on chute, il faut savoir se relever, en a-t-elle déduit. Ayant elle-même enseigné l’entrepreneuriat, elle a confirmé que c’est une discipline qui peut s’apprendre. Elle a indiqué avoir participé à une conférence sur les femmes et l’entrepreneuriat récemment organisée à New York sur le thème « aller de l’avant », qui a été l’occasion de discuter des moyens à mettre en œuvre par les entreprises de rester pertinentes dans le contexte de la nouvelle économie mondiale. Elle a prôné à cet égard un partage des bonnes idées. Vous devez nourrir votre passion et avoir un plan de croissance, a-t-elle conseillé.
Débat avec les délégations
Est-il possible d’enseigner l’entrepreneuriat à ses pairs? s’est interrogé le représentant de la Zambie, alors que son homologue du Sri Lanka a voulu pour sa part connaître les raisons des obstacles qui entravent l’enseignement de l’esprit d’entreprise dès le niveau primaire.
Mme Welter, panéliste de l’Université de Bonn a indiqué qu’en Allemagne une étude avait révélé que les fonctionnaires étaient la catégorie professionnelle la plus souvent mise en avant dans les manuels scolaires. Elle a également souligné la nécessité d’apprendre aux entrepreneurs comment gérer les crises qui surviendront et comment se comporter sur les marchés. La déontologie devrait faire partie de tous les programmes d’enseignement dispensés, a-t-elle indiqué. Les programmes d’encadrement sont également essentiels.
M. Williams, panéliste de la New York University (NYU) a constaté que l’esprit d’entreprise est souvent étouffé dans l’environnement universitaire. Il faut se débarrasser de cette idée que l’entrepreneuriat est une sorte de magie, que ce serait une qualité ou un don que certains auraient et d’autres non, a-t-il préconisé. C’est une qualité que tout le monde peut apprendre, et il faut savoir donner aux gens la confiance en leur créativité, a-t-il souligné. Il faut notamment apprendre à prêter attention à ce qui n’est pas manifeste ou évident de prime abord, a-t-il dit.
M. Ruhe, le panéliste de la Fondation Kauffman a constaté pour sa part que dans de nombreux pays, le concept même d’entrepreneuriat « est considéré comme un mal en soi ». Il a également souligné l’importance pour l’entrepreneur d’avoir un rôle proactif dans son entreprise et d’avoir conscience des contraintes de l’environnement dans lequel il opère.
De son côté, Mme Jenkins, panéliste et fondatrice de la société « The Brownstone » a fait observer que les jeunes a qui on inculque un esprit d’entreprise dès le plus jeune âge s’avèrent souvent être de meilleurs gestionnaires que les autres. Suite à une question de la délégation des États-Unis sur l’enseignement du succès, elle a également souligné l’importance d’élaborer les définitions personnelles de ce qui peut être considéré comme un succès. L’échec est permis et permissible et ne saurait en aucun cas être considéré comme un interdit, car il peut au contraire servir de base à la création d’une autre entreprise, a-t-elle notamment indiqué.
Le modérateur de la table ronde a pour sa part fait observer qu’alors que dans le passé de nombreux entrepreneurs avaient été contraints de choisir cette voix par nécessité, de nos jours, l’entrepreneuriat est de plus en plus souvent un choix de carrière délibéré.
Le représentant du Bénin a indiqué que son gouvernement avait lancé un projet de reconversion des diplômés sans emploi dans l’entrepreneuriat agricole. Il a également évoqué l’importance de fournir une assurance maladie universelle aux entrepreneurs pour éviter qu’un problème de santé ne voue tous leurs efforts à l’échec.
Table ronde 3: « Entrepreneuriat, outil d’autonomisation »
« L’entrepreneuriat peut changer le cours des choses pour tout un pays », a observé le modérateur de la troisième table ronde, M. David Price, en introduisant la deuxième discussion de l’après-midi.
M. ROY THOMASSON, Fondateur et Président du Conseil d’administration de Young Americas Business Trust (YABT), a fait remarquer que l’entrepreneuriat stimule la créativité des personnes. « Sans l’entrepreneuriat, il n’y a pas d’avenir », a-t-il prévenu. Il a cependant estimé qu’on ne pouvait pas continuer comme avant dans ce domaine, soulignant la nécessité de suivre un nouveau modèle. Il a donc invité à s’adapter aux nouvelles circonstances et à s’appuyer sur les jeunes.
Young Americas Business Trust se concentre sur le développement personnel, le renforcement des compétences, le leadership, l’accès aux ressources et la durabilité environnementale, a-t-il dit. Il a expliqué avoir repris la formule des expériences en laboratoire pour l’appliquer à l’enseignement de l’entrepreneuriat, afin de renforcer la confiance des jeunes dans leurs capacités à développer des entreprises. M. Thomasson a aussi mis l’accent sur l’importance de la technologie dans l’entrepreneuriat. Il a invité la communauté internationale à adopter un véritable esprit d’entreprise, avant de souligner l’importance capitale de la coopération internationale pour favoriser l’entrepreneuriat.
Mme RAHAMA WRIGHT, fondatrice et Directrice de « Shea Yeleen International », a relevé que de nombreuses femmes dans les pays africains vivent dans la pauvreté extrême, alors qu’elles sont animées d’un esprit d’entrepreneuriat certain. Elles se lèvent tôt chaque matin pour œuvrer au bien-être de leur famille, a noté Mme Wright. Elle a expliqué que cette observation qu’elle a faite au cours de son expérience africaine, en sa qualité de volontaire du Peace Corps, l’a poussée à vouloir apporter un soutien à ces femmes dans le cadre de la production du beurre de karité qui est une activité séculaire dans de nombreux pays d’Afrique. Elle a indiqué ensuite avoir invité deux femmes rurales du Ghana pour rencontrer des distributeurs de la chaîne de magasins alimentaires américains Whole Food Market. Elle a ainsi souligné que ces deux femmes représentaient un grand réseau de femmes rurales qui avaient besoin de soutien pour pouvoir distribuer leurs produits.
Elle a en outre invité les Nations Unies à s’impliquer davantage dans la promotion de l’entrepreneuriat, notamment par la promotion des politiques de facilitation de l’accès aux crédits pour les jeunes entrepreneurs. Elle a également reconnu que l’accès aux marchés, notamment internationaux, est un grand défi pour les entrepreneurs de pays en développement. Mme Wright a fait visionner une courte vidéo dans laquelle Gladys, l’une des femmes ghanéennes ayant visité les États-Unis, a expliqué les étapes de production du beurre de karité par le groupe de femmes rurales entrepreneures du Ghana dont le produit est désormais distribué sur le marché international.
Mme NAILA CHOWDURY, Présidente et Directrice générale de TeleConsult Group, a indiqué travailler avec des victimes qui sont des personnes ayant survécu à des attaques à l’acide. Quand ces femmes reçoivent un traitement, nous leur offrons la possibilité de se former sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), ce qui leur permet ensuite de trouver un emploi, a-t-elle expliqué. On leur propose aussi de faire partie d’un réseau, mais ces femmes ne veulent pas toujours se montrer, car bien souvent elles ont subi des mutilations visibles. Mme Chowdury a signalé que son entreprise était l’une des sociétés ayant signé les principes relatifs à l’autonomisation des femmes dans le cadre du Pacte mondial et d’ONU-Femmes. Elle a ajouté que les services offerts par TeleConsult étaient complétés par des contacts avec les services de police et de conseil juridique. Mme Chowdury a dit avoir proposé le même projet dans d’autres pays, lors de ses tournées à l’étranger. Elle a expliqué avoir commencé ce projet avec ses propres fonds, aidée par la suite par plusieurs gouvernements qui lui ont apporté des fonds.
M. DAVID SENGEH, étudiant en doctorat au laboratoire media du Massachusetts Institute of Technology (MIT), a expliqué que les travaux qu’il mène sont orientés vers l’utilisation de la biologie et de la robotique, dans le but de fabriquer des prothèses sensées suppléer aux membres non fonctionnels de personnes invalides. Il a expliqué que son souci premier est de permettre aux individus, notamment aux jeunes, de devenir des auteurs de changement dans leur communauté. Il a indiqué que dans l’entrepreneuriat et l’innovation, le processus est plus important que le résultat, car il y a une récompense intrinsèque de voir le chemin parcouru dans le processus de création être transformé en production de biens. Il a indiqué qu’il est impliqué dans un programme au Kenya, en Sierra Leone et au Cap en Afrique du Sud, visant à accompagner les jeunes dans le processus de création et de mise en place d’entreprises, afin que ces jeunes puissent apporter des solutions aux problèmes qui se posent dans leur société.
Mme HELEN MARQUARD, Directrice exécutive de SEED Initiative, a salué les entrepreneurs qui ne sont pas mus par l’appât du profit et des bénéfices financiers mais par des objectifs sociaux en faveur de la population. Certains entrepreneurs recherchent par exemple la réduction des émissions de CO2, les façons innovantes d’utiliser et de valoriser les ordures et les déchets ainsi que la protection de la biodiversité et des écosystèmes, a-t-elle dit. Elle a apprécié l’autonomisation que cela engendre pour les individus. Elle s’est aussi félicitée de la participation de ces entrepreneurs à la recherche de solutions au problème posé par les changements climatiques.
L’initiative SEED, a poursuivi Mme Marquard, a mené une enquête auprès de 1 300 entreprises récemment créées, au terme de laquelle il est apparu que l’établissement de partenariat public-privé était un élément essentiel au développement des nouvelles entreprises. En outre, les entrepreneurs ont exprimé leur intérêt à interagir davantage avec les instituts de recherche, a-t-elle noté. Il faut aussi intégrer dans ce processus une planification à trois niveaux, et les entrepreneurs doivent pouvoir établir leurs propres objectifs sur le plan des affaires, comme dans les domaines environnemental et social, a-t-elle recommandé. Mme Marquard a aussi relevé les difficultés que rencontrent les petites et moyennes entreprises sur le plan financier, car elles sont exclues d’un certain type de financement. Ces PME doivent pouvoir changer de statut et s’agrandir, a-t-elle souhaité.
Discussion interactive
Au cours des échanges qui ont suivi les exposés des panélistes, les intervenants ont souligné l’importance de l’autonomisation des jeunes et des femmes afin d’en faire des entrepreneurs à succès.
Le représentant de la Zambie a estimé que l’Afrique connaît en ce moment un boom dans le domaine de l’entrepreneuriat, et il a salué les réussites économiques de la Zambie. Il a ensuite précisé que l’autonomisation consécutive à l’entrepreneuriat devrait conduire au bien-être général de la société, tout en réduisant le fossé existant entre les zones rurales et urbaines, et en permettant aux jeunes et aux femmes de pouvoir se prendre en charge. « En Zambie, la Commission nationale d’autonomisation, a-t-il noté, investit 25 millions de dollars par an en crédits pour les petites entreprises.
La représentante de Trinité-et-Tobago a souligné que l’entrepreneuriat renforce le développement durable en créant des emplois, chose importante pour lutter contre la pauvreté, a-t-elle précisé. Elle a relevé que dans les Caraïbes, les microentreprises représentent 70% des entreprises. Elle a enfin souhaité qu’un environnement propice soit mis en place afin de favoriser l’entrepreneuriat, et d’autonomiser les plus démunis, notamment ceux qui n’ont pas pu faire des études supérieures.
M. David Sengeh du MIT a soutenu cette option de soutien aux jeunes et aux femmes en priorité et a suggéré que ce soutien tienne compte de la parité des genres.
La représentante du Mexique a déclaré que le Gouvernement mexicain fournit un appui financier aux entrepreneurs, notamment aux femmes et aux jeunes. Elle a annoncé que le Mexique va créer un réseau national d’appui aux entrepreneurs dans un futur proche.
Le représentant de l’Australie a pour sa part rappelé que l’entrepreneuriat est un puissant facteur de lutte contre la pauvreté, surtout dans ce contexte de crise mondiale de l’emploi et dans l’optique de l’élaboration du programme de développement mondial pour l’après-2015.
La représentante du Young American Business Trust a noté que les jeunes entrepreneurs sont des créateurs de solutions et les dirigeants du futur, tandis que la représentante d’une organisation à but non lucratif dénommée City Arts a quant à elle souhaité savoir comment les jeunes peuvent, à travers le monde, créer le plus de groupes et associations à but non lucratifs possibles, étant donné, a-t-elle expliqué, que le but visé est moins ce que l’on gagne, mais plutôt l’impact social de nos actions.
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