« Nous sommes sur le point de créer une génération débarrassée du VIH/sida », annonce M. Ban Ki-moon à l’Assemblée générale
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Assemblée générale
Soixante-septième session
84e séance plénière – après-midi
« NOUS SOMMES SUR LE POINT DE CRÉER UNE GÉNÉRATION DÉBARRASSÉE DU VIH/SIDA »,
ANNONCE M. BAN KI-MOON À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
« Nous sommes sur le point de créer une génération débarrassée du VIH/sida », s’est réjoui aujourd’hui le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en présentant à l’Assemblée générale son rapport intitulé « Accélérer la lutte contre le sida: atteindre les objectifs de la Déclaration* politique de 2011 ».
L’Assemblée a par ailleurs confirmé la nomination de M. Mukhisa Kituyi, du Kenya, au poste de Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)** pour un mandat de quatre ans, du 1er septembre 2013 au 31 août 2017. M. Larbi Djacta, de l’Algérie a été nommé membre de la Commission*** de la fonction publique internationale pour un mandat prenant fin le 31 décembre 2016.
« Accélérer la lutte contre le sida: atteindre les objectifs de la Déclaration politique de 2011 ». L’Assemblée générale s’est félicitée de ce rapport et des recommandations qui y figurent en tant qu’éléments à examiner lors des préparatifs de sa manifestation spéciale en 2013 pour le suivi des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et des débats sur le programme de développement pour l’après-2015.
En 2000, les chefs d’État et de gouvernement ont, sur les huit OMD, consacré le sixième à la lutte contre le VIH/sida, à savoir enrayer d’ici à 2015, la propagation du VIH/sida. Pour accélérer les efforts, ils ont adopté en 2011 une Déclaration politique contenant 10 objectifs que le Secrétaire général a résumé en ces termes: « zéro nouvelle infection, zéro mort due au sida et zéro discrimination ».
« Nous sommes sur le point de créer une génération débarrassée du VIH/sida », a-t-il déclaré, en s’appuyant sur un rapport qui montre que l’épidémie a été stabilisée dans plus de 56 pays et que le nombre de nouvelles infections a chuté d’un cinquième depuis 2001. Celui des morts a baissé de 500 000 en 2011 par rapport à 2005 alors que l’accès au traitement a augmenté de 63%.
Il nous faut à présent, a encouragé le Secrétaire général, élargir l’accès à la thérapie antirétrovirale. Un appel qui a été particulièrement soutenu par l’Inde. Son représentant, dont le pays « répond à 80% de la demande mondiale d’antirétroviraux, a insisté sur l’« obstacle de taille » qu’est le coût des médicaments. Il a dit l’intention de son pays de tirer pleinement parti de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (APIC).
La victoire sur l’épidémie est encore loin. Le Secrétaire général s’est inquiété du risque d’infection chez les femmes et les filles « élevé de manière inadmissible » et de la discrimination. Il a souligné que les progrès ne seront pas constants sans argent. Il rappelle d’ailleurs dans son rapport que l’objectif agréé est de mobiliser chaque année au moins 22 à 24 milliards de dollars.
De nombreuses délégations se sont réjouies de la convocation, en septembre 2013, d’une réunion de donateurs privés et publics pour reconstituer le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et autres maladies infectieuses, pour la période 2014-2016.
Par la voix du représentant d’Haïti, les délégations de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont dénoncé les restrictions à l’aide financière imposées sur la base du PIB par habitant, malgré leurs graves vulnérabilités.
L’Assemblée générale poursuivra son débat demain mardi 11 juin à partir de 10 heures.
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA
Rapport du Secrétaire général intitulé « Accélérer la lutte contre le sida: atteindre les objectifs de la Déclaration politique de 2011 » (A/67/822)
Dans ce rapport, le Secrétaire général fait d’abord un état des lieux. Il affirme que nous pouvons profiter d’une « occasion sans pareille » de jeter les bases d’une éventuelle extinction de l’épidémie du sida. Les avancées scientifiques extraordinaires, l’action concertée menée au niveau mondial et les progrès impressionnants réalisés dans chaque pays nous placent sur la bonne voie pour parvenir à contrôler complètement l’épidémie du VIH/sida, s’y félicite-t-il.
Le nombre d’infections au VIH et de décès liés au sida continue de baisser dans le monde grâce à l’accès croissant des populations aux services de prévention et de traitement indispensables. Dans 25 pays à revenu faible ou intermédiaire, le taux de nouvelles infections au VIH s’est réduit de plus de la moitié, notamment en Afrique subsaharienne, la région la plus touchée par le virus. Mieux, la diminution des nouvelles infections constatée dans le monde au cours de ces deux dernières années a concerné pour moitié les nouveau-nés, ouvrant ainsi la voie à une génération sans sida.
En outre, dans les 24 mois qui ont précédé décembre 2011, le nombre de personnes ayant accès au traitement a augmenté de 63% globalement, et le nombre de décès liés au sida a chuté de plus d’un demi-million en 2011 par rapport à 2005. Les plus fortes baisses du nombre de décès liés au sida sont enregistrées dans les pays où le VIH a le plus d’ampleur. En 2011, l’Afrique du Sud comptait 100 000 morts de moins qu’en 2005, le Zimbabwe près de 90 000, le Kenya 71 000 et l’Éthiopie 60 000. En Afrique subsaharienne, le nombre de décès liés au sida a diminué d’un tiers au cours des six dernières années, les malades recevant un traitement antirétroviral ayant augmenté de 59% en l’espace de ces deux dernières années seulement.
Mais prévient, le Secrétaire général, l’épidémie est loin d’être endiguée. Le sida reste la première cause de décès chez les femmes de 15 à 49 ans dans le monde. En décembre 2011, plus de 17 millions d’enfants avaient perdu au moins un parent des suites du sida.
Le Secrétaire général détaille ensuite les progrès accomplis et les défis à relever dans la réalisation des 10 objectifs de la Déclaration politique de 2011, à savoir réduire de moitié la transmission du VIH par voie sexuelle et chez les drogués par voie intraveineuse; en finir avec la contamination d’enfants au VIH et mettre sous traitement antirétroviral 15 millions de personnes. Il s’agit aussi de réduire de moitié le nombre de séropositifs décédant de la tuberculose, de combler le fossé s’agissant des ressources disponibles, de répondre aux besoins des femmes et des filles et de lutter contre les inégalités entre hommes et femmes ainsi que les abus et la violence sexistes.
Il s’agit enfin d’éliminer la stigmatisation et la discrimination, les restrictions sur l’entrée, le séjour et la résidence, et les systèmes parallèles pour les services liés au VIH afin de renforcer l’intégration de la lutte contre le sida.
Afin de saisir l’occasion historique d’ouvrir la voie à une génération sans sida, le Secrétaire général juge urgent de combler le déficit en ressources et de mobiliser chaque année des fonds d’au moins 22 à 24 milliards de dollars. Il est tout aussi urgent, dit-il, de veiller à réalimenter en conséquence le « Fonds mondial sur la lutte contre le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et autres maladies infectieuses ».
Le Secrétaire général estime que l’allocation des ressources doit devenir plus stratégique, par exemple, par des actions de développement synergiques qui réduisent la précarité et l’incidence économique et sociale du sida sur les familles vulnérables. Toutes les parties prenantes devraient collaborer étroitement pour éliminer les inégalités d’accès aux services liés au VIH.
Le Secrétaire général préconise aussi de nouvelles approches axées sur l’individu en matière de culture et de mobilisation du leadership. Les nouveaux outils de communication et de mobilisation (médias sociaux, par exemple) devraient être exploités afin de toucher les générations de jeunes actuelles et futures.
Le Secrétaire général estime enfin que leprogramme de développement mondial pour l’après-2015 devrait faire avancer l’objectif de zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida.
Déclarations
[Compte tenu de la connexion tardive au système de sonorisation et aux cabines d’interprétation, seuls les 14 intervenants qui ont fourni le texte de leur discours dans une des deux langues de travail des Nations Unies figurent dans ce communiqué de presse. N’y figurent donc pas les interventions de l’Union européenne, de la Fédération de Russie, de l’Ukraine, de l’Arménie, du Canada, du Japon, de la Suède et de la France.]
Le Vice-Présidentde l’Assemblée générale des Nations Unies, M. RODNEY CHARLES, (Trinité-et-Tobago) a salué la diminution continuelle du taux de nouvelles infections et de mortalité due au sida et a souligné que pour la première fois, il y a plus de personnes qui ont accès au traitement, soit 54%, que celles qui n’y ont pas accès. Il a aussi salué le fait que moins d’enfants meurent aujourd’hui du sida, ce qui nous ouvre la voie à une génération sans sida. Les recherches scientifiques, a-t-il estimé, donnent l’espoir qu’avec une bonne politique et un engagement financier, nous pouvons un jour vaincre cette épidémie. Nous devons maintenir cet élan car la pandémie du sida est loin d’être battue.
Notre principal souci, a-t-il confié, est que des populations exposées aux risques d’infection soient laissées de côté et criminalisées. Le Vice-Président a lancé un appel au renforcement des efforts contre le VIH/sida et encouragé les États Membres à trouver les voies et moyens d’améliorer la synergie entre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et la riposte contre le VIH/sida.
« Nous sommes sur le point de créer une génération débarrassée du VIH/sida », s’est félicité d’emblée M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU. L’objectif d’inverser et de mettre un terme à la propagation du VIH/sida d’ici à 2015 a été atteint, s’est-il réjoui. Il a toutefois prévenu que des efforts supplémentaires seront nécessaires pour aider certains pays et communautés et qu’il faudra davantage de fonds pour pleinement réaliser « notre vision ». L’épidémie a été stabilisée dans plus de 56 pays et le nombre de nouvelles infections a chuté d’un cinquième depuis 2001. Il nous faut à présent, a encouragé le Secrétaire général, élargir l’accès à la thérapie antirétrovirale. C’est un « impératif des droits de l’homme et un besoin de santé publique ».
Le Secrétaire général s’est inquiété du fait que le risque d’infection chez les femmes et les filles demeure « élevé de manière inadmissible ». Une jeune femme est infectée chaque minute et l’accès des enfants au traitement demeure trop faible. M. Ban a également dit être troublé par la discrimination, la violence sexiste et les lois contre les personnes vivant avec le VIH. Ce problème ne peut être résolu sans argent. Nous devons nous manifester et faire preuve de courage et d’intégrité pour protéger les groupes vulnérables de notre famille humaine, a dit le Secrétaire général. Il a exhorté les 45 pays et territoires qui continuent d’interdire aux personnes vivant avec le VIH l’entrée sur leur territoire d’abroger ces « lois discriminatoires ».
Soulignant l’insuffisance des financements pour aider les populations clefs, notamment les travailleurs du sexe, les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes et les consommateurs de drogues, M. Ban a réclamé des ressources supplémentaires pour ces « initiatives salvatrices ».
« Je lance un appel à l’ensemble de la société pour éliminer la stigmatisation et la discrimination qui entourent le VIH/sida », a déclaré le Secrétaire général qui a plus particulièrement pointé du doigt les lois et politiques qui criminalisent ces populations clefs et les jettent dans la clandestinité. Cela est discriminatoire et contreproductif, a-t-il dénoncé.
Le Secrétaire général a ensuite fait observer que cette année marque le trentième anniversaire des Principes de Denver, qui est devenu par la suite, a-t-il précisé, une véritable charte des droits des personnes touchées par le VIH/sida. Ces personnes doivent être impliquées et émancipées pour toutes décisions les concernant, a-t-il souligné.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que son continent continue à mettre en place des initiatives visant à accélérer les progrès dans les efforts contre le VIH/sida, en particulier par le biais de la Feuille de route de l’Union africaine de 2012 sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale pour le sida, le paludisme et la tuberculose dont les progrès sont en train d’être évalués. En outre, le dernier Sommet de l’Union africaine vient de lancer le premier rapport thématique sur le partenariat UA-G8 intitulé « Des résultats pour mettre fin au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme en Afrique ». Il a aussi parlé des progrès dans la mise en œuvre de l’engagement pris en 2006 par les leaders africains de consacrer 15% de leur budget national à la santé.
Les ressources manquent toujours alors que la discrimination continue, a-t-il dit, en rappelant l’engagement des pays développés de consacrer 7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2015. Il a aussi souligné la nécessité de trouver des sources de financement innovant, avant de plaider pour que l’industrie pharmaceutique puisse faciliter la production de génériques dans les pays en développement et que les pays développés mettent en œuvre le programme de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur le recrutement international du personnel de santé.
M. FRITZNER GASPARD (Haïti), qui intervenait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a expliqué que les dirigeants de sa région avaient reconnu la nécessité d’une collaboration plus étroite entre l’agence de santé publique des Caraïbes (CARPHA), nouvellement créée, et le Partenariat Pan-Caraïbe (PANCAP) afin d’atteindre les objectifs fixés. Le représentant a reconnu que les Caraïbes demeurent l’une des régions les plus touchées par le VIH/sida tout en soulignant que des « progrès constants » sont en train d’être accomplis, notamment la forte baisse du nombre de nouvelles infections depuis 2001, la réduction significative des morts dues au sida entre 2005 et 2011 et la réduction de la transmission de la mère à l’enfant. M. Gaspard a parlé des activités visant à changer le comportement sexuel.
Il a rappelé qu’une réunion régionale de haut niveau pour la Stratégie sur l’investissement et le financement durable du programme VIH s’est tenue à Kingston, en Jamaïque, du 29 au 30 mai 2013. La CARICOM a aussi lancé des actions pour renforcer les services de prévention pour les femmes en âge de procréer et leur partenaire, de planification familiale chez les femmes vivant avec le VIH, de dépistage, de soins et de soutien, entre autres.
M. Gaspard a précisé que 70% des personnes vivant avec le VIH reçoivent actuellement une couverture antirétrovirale, l’objectif étant de parvenir à 80% d’ici à 2015. Il a estimé urgent de renforcer l’intégration de la réponse et des systèmes qui fournissent des services liés au VIH/sida. Il a en effet souligné que les maladies non transmissibles sont très répandues chez les personnes vivant avec le VIH, ce qui est un défi considérable pour le développement économique et social des petits États insulaires.
Le représentant a insisté sur le fait que les pays de la CARICOM ont du mal à obtenir les financements compte tenu de leur classification en tant que pays à revenu intermédiaire. Les personnes vivant avec le VIH dans nos États devraient aussi bénéficier de la nouvelle réduction du coût des médicaments antirétroviraux.
M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a indiqué qu’étant une des régions les plus frappées par la pandémie du VIH/sida, la SADC a accordé la priorité à ce fléau en adoptant, en particulier, le Protocole sur la santé, la Déclaration de Maseru et le Cadre de travail stratégique. Multidimensionnel, ce Cadre stratégique vise à intensifier les mesures pour pallier aux effets dévastateurs du VIH/sida de façon globale et complémentaire. Des efforts spécifiques ont été déployés pour les groupes vulnérables et l’accès universel au traitement.
Le représentant a salué les signes positifs enregistrés en matière de prévention du VIH/Sida parmi les jeunes grâce à des programmes nationaux centrés sur la prévention de l’infection, les soins, le traitement et le soutien aux personnes infectées et affectées par la pandémie. Ce faisant, les États de la SADC ont reconnu l’importance du renforcement des partenariats avec plusieurs institutions financières et de développement.
En mars 2013, les dirigeants de la SADC ont lancé une initiative tendant à l’accélération de l’action contre la tuberculose et le VIH/sida d’ici à 2015. Il n’en reste pas moins que l’impact de la pandémie du point de vue social, politique et économique demeure entier.
M. CHARLES T. NTWAANGAE (Botswana) a appelé à un leadership engagé et visionnaire et à un financement durable et prévisible. Il a salué la convocation d’une réunion de donateurs privés et publics en septembre 2013 pour reconstituer le Fonds mondial, pour la période 2014-2016, car le VIH/sida restera un défi mondial après 2015. Il a annoncé que le 11 juin 2013, son pays et la Norvège organiseront une manifestation sur le renforcement de l’engagement en faveur d’une mise en œuvre rapide de la Déclaration politique de 2011.
M. CHITSAKA CHIPAZIWA (Zimbabwe) s’est réjoui des progrès enregistrés dans son pays deux ans après la Déclaration politique. Le Zimbabwe s’approche de l’objectif « zéro nouvelle infection » et de l’accès universel au traitement antirétroviral. Le taux de prévalence est tombé de 25% en 2001 à 13,1% à la fin de 2011, s’est encore réjoui le représentant, en imputant cette situation à de nouveaux comportements sexuels et une utilisation accrue des préservatifs. De 2009 à 2011, le taux des femmes enceintes ayant accès au traitement est passé de 59 à 98% et le pays a été en mesure de financer les programmes à hauteur de 31%; y versant 3% de toutes les ressources fiscales du pays.
M. GARY QUINLAN (Australie) a rappelé qu’en 2011, avec son homologue du Botswana, il a été Cofacilitateur des négociations sur la Déclaration politique. Il s’est donc félicité de ce que le dernier rapport du Secrétaire général incite à l’optimisme. Cependant, a-t-il entre autres rappelé, les trois-quarts des enfants qui nécessitent un traitement n’y ont pas accès. Les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues et les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes continuent d’être vulnérables. Il faut, s’est impatienté le représentant, faire tomber les obstacles qui barrent leur accès au traitement. Les programmes destinés à des populations à haut risque sont largement sous-financés.
Le représentant a appelé à une approche plus stratégique en matière d’investissement et a fermement appuyé le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) dont le Conseil d’administration aura comme Vice-Président, en 2013, l’Australie. Cette dernière accueillera, en juillet 2014, à Melbourne, la vingtième Conférence internationale sur le sida durant laquelle des exemples d’investissements stratégiques donnant des résultats concrets pour les populations à risque seront présentés comme contribution aux progrès vers l’objectif « zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès liés au VIH », a conclu M. Quinlan, avant d’appeler tous les États à montrer au monde, en 2015, que l’ONU peut mobiliser des efforts internationaux réels pour en finir avec l’épidémie du VIH.
Mme TINE MORCH SMITH (Norvège) a mis en garde contre la complaisance parce que l’épidémie n’est pas encore terminée. Elle continue de croître plus particulièrement dans les pays frappés par les problèmes de drogues. Mais il faut tout faire pour que les adolescents qui ont vécu avec le VIH puissent avoir une vie sexuelle et reproductive. Les jeunes et les adolescentes doivent avoir accès à la planification familiale et aux autres services de santé reproductive. Nous devons aussi intensifier ce qui a été fait en faveur des groupes difficilement accessibles. En Norvège, le VIH continue de se propager parmi les homosexuels et la population immigrée en dépit des investissements importants. Les personnes vivant avec le VIH sont toujours victimes de discrimination. Mais ce sont les groupes à risque et les personnes infectées qui ont le plus de leadership et de créativité. Ils ont noué des partenariats avec le Gouvernement et le secteur privé et pourraient détenir la clef de la victoire sur l’épidémie.
M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a indiqué que dans son pays, environ 3 millions de personnes sont séropositives et que le Programme national de lutte contre le VIH/sida renforce ses interventions auprès des groupes à risque. Le secteur privé a été impliqué, de même que les ONG et les autres parties prenantes. M. Mukerji a affirmé que le coût élevé des traitements antirétroviraux représente un « obstacle de taille ». Or l’industrie pharmaceutique indienne comble cet « écart critique » en produisant des médicaments abordables et de haute qualité pour le marché local et les autres pays en développement. La mise sur le marché des médicaments antirétroviraux de deuxième génération n’aura aucun impact si des produits génériques ne sont pas disponibles, a averti le représentant qui a fait observer que seulement 4% des personnes traitées ont accès aux médicaments de deuxième génération.
À l’heure actuelle, l’Inde répond à 80% de la demande mondiale s’agissant des antirétroviraux et a l’intention de faire tirer pleinement parti de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce afin de faciliter l’accès à des médicaments abordables et de qualité. On ne saurait laisser à des intérêts commerciaux le dernier mot face à une question de vie ou de mort, a-t-il insisté.
Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a déclaré, d’emblée, que la lutte contre la pandémie du VIH/sida avait conduit à des résultats mitigés dans les pays de la région subsaharienne et que la situation demeurait grave, en dépit d’efforts soutenus au cours des dernières années. Les perspectives ne sont pas bonnes à l’horizon 2015, a-t-elle poursuivi. Elle a en conséquence préconisé une approche sectorielle plus centrée et à une volonté politique renouvelée au plus haut niveau.
Le Kenya, a-t-elle affirmé, a enregistré une diminution constante du taux de prévalence du VIH/sida qui est passé à 6,3% par rapport aux 13% des années 1990. Le Gouvernement kenyan est déterminé à poursuivre sa politique agressive de campagnes de sensibilisation et à élargir les services bénévoles de conseil et les initiatives et centres de dépistage, a-t-elle assuré. Rappelant que son pays figure parmi les 22 pays prioritaires du Plan mondial, elle a indiqué qu’en 2011, quelque 13 000 enfants ont été infectés et qu’en guise de riposte, le Kenya a lancé une campagne nationale ciblant la responsabilité individuelle et sociale et la santé maternelle. Mais l’écart entre les ressources disponibles et les besoins risque de se creuser dans les années à venir. Il est dès lors critique de réduire le prix des médicaments antirétroviraux.
La représentante a recommandé de relever ce défi par l’amélioration et le renforcement des capacités des pays à faible et à moyen revenu, pour les rendre capables de fabriquer des médicaments essentiels. Elle a salué la déclaration du Fonds mondial d’appui à la production locale de médicaments et espéré un appui à la mise en œuvre du plan de production pharmaceutique pour l’Afrique. Elle a enfin décrit les mesures prises par son pays contre la « féminisation du VIH/sida ».
M. EUGENE G. NEWRY (Bahamas) a indiqué que le taux de nouvelles infections avait chuté de plus de 50% dans son pays depuis 2002, et que 301 nouveaux cas avaient été recensés en 2011, tout en précisant que le défi actuel est d’atteindre les populations qui ne se manifestent pas pour des raisons de stigmatisation et de discrimination. M. Newry a indiqué que la thérapie antirétrovirale prénatale avait permis d’éliminer presqu’entièrement la transmission de la mère à l’enfant, seulement deux cas ayant été recensés en 2011 et aucun en 2012. En outre, 60% des personnes touchées ont accès à des traitements antirétroviraux gratuits et le taux de mortalité est passé de 49,8 pour 100 000 en 2004 à 29 pour 100 000 en 2010.
M. Newry a ensuite indiqué que la baisse « persistante » de l’APD et les restrictions « injustes » à l’aide financière imposées sur la base du PIB par habitant, malgré les vulnérabilités de taille que connaissent les pays comme le sien, avaient un impact néfaste qui contraint les gouvernements à détourner leurs ressources limitées vers d’autres questions urgentes de santé, notamment les maladies non transmissibles. M. Newry a annoncé une autre mesure: des peines peuvent être prononcées contre toute personne qui ne relève pas à son partenaire sexuel sa séropositivité.
M. NESTOR KOKO(Côte d’Ivoire) a déclaré qu’avec une population de 23 millions de personnes, la Côte d’ivoire reste l’un des pays les plus touchés d’Afrique de l’Ouest avec un taux de prévalence de 3,7% et une féminisation persistante de l’épidémie. Il a précisé que le taux de prévalence est 3 à 4 fois plus élevé dans les populations à haut risque, ce qui fait de la Côte d’Ivoire un pays à épidémie mixte. Certains progrès ont cependant été possibles, notamment en termes de prise en charge par les antirétroviraux, comme en attestent les chiffres selon lesquels 38% des femmes enceintes séropositives recevaient ce traitement en 2012 contre 29% en 2011.
Il reste toutefois des défis à relever, a reconnu le représentant, en indiquant que seuls 18% des 15 à 24 ans ont une connaissance exacte de la maladie. Il a parlé du renforcement du système d’information sanitaire et de la coordination de la réponse au VIH à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Pour ce qui est des ressources, il a regretté une baisse de 117,6 millions de dollars en 2011 à 112,7 millions de dollars en 2012. Pour y faire face, la Côte d’Ivoire a instauré une taxe sur le tabac et élaboré un plan de mobilisation des ressources. Le représentant n’a pas manqué de saluer la contribution de la société civile à la réponse nationale notamment en termes de soutien communautaire et de lutte contre la stigmatisation et la discrimination.
M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a indiqué que son pays avait adopté une approche fondée sur le respect des droits et soucieuse de l’égalité entre les sexes pour enrayer la propagation du VIH/sida. Le Gouvernement a aussi lancé des modèles de financement novateur. Mais 7 millions de personnes n’ont toujours pas accès aux traitements. Il a donc plaidé, à son tour, pour une interprétation plus souple de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, y voyant un élément essentiel pour assurer un accès universel au traitement. Les médicaments génériques et une capacité renforcée des pays à revenu faible ou intermédiaire à produire ces médicaments doivent faire partie de l’équation. M. Sinhaseni a annoncé que la Thaïlande accueillera au mois de novembre prochain le onzième Congrès international sur le sida en Asie et dans le Pacifique.
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