Débat thématique de l’Assemblée générale: un rapprochement de l’ONU et du G-20 pour une gouvernance économique mondiale plus efficace
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Assemblée générale
Soixante-septième session
Débat thématique sur
la gouvernance économique mondiale
matin et après-midi
DÉBAT THÉMATIQUE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: UN RAPPROCHEMENT DE L’ONU ET DU G-20
POUR UNE GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE PLUS EFFICACE
« L’Assemblée générale devrait devenir un lieu d’interaction »,
préconise le Président de la soixante-septième session, M. Vuk Jeremić
Ministres et représentants de haut niveau d’États Membres et d’instances internationales ont plaidé, aujourd’hui devant l’Assemblée générale, à l’occasion d’un débat thématique, en faveur d’un rapprochement entre l’ONU, les institutions financières et commerciales internationales et des groupes tels que le G-20 en vue de parvenir à une gouvernance économique mondiale plus efficace et transparente.
Le Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, a souhaité que l’Assemblée générale devienne un « lieu d’interaction entre les institutions financières et commerciales internationales, le G-20 et les États non membres du G-20 ».
« Le point de départ de ce débat thématique est de viser davantage d’interactions entre le G-20 et le reste du monde », a annoncé M. Jeremić, dès l’ouverture de ce débat intitulé: « Les Nations Unies et la gouvernance économique mondiale ».
Les Nations Unies remplissent le critère essentiel de la représentativité, puisque « l’ONU est la seule organisation vraiment universelle où tous les pays sont représentés quelle que soit leur importance », a, pour sa part, fait remarquer le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliasson.
Il est cependant plus difficile pour l’ONU de prendre des décisions rapidement, alors que le G-20 a une bonne réactivité mais n’est pas représentatif, a souligné le Vice-Premier Ministre de la Turquie, M. Ali Babacan.
« Le G-20 est en effet souvent perçu comme un club dont les résolutions sont prises de façon non transparente et sans rendre compte à quiconque », a noté le Président de l’Assemblée générale. Sa structure et son principe d’adhésion laissent de côté une majorité d’États Membres, alors que les pays en développement ont récemment augmenté de manière considérable leur part dans l’économie mondiale.
Comme le dit lui-même le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans son rapport*, intitulé « Gouvernance économique mondiale et développement », pour renforcer l’implication des pays en développement dans les décisions économiques internationales, il est important de promouvoir la représentation des pays pauvres au sein de la communauté internationale.
Pour certains, comme le Vice-Premier Ministre turc, l’émergence de groupes tels que le G-20 représente un pas en arrière par rapport aux mécanismes inclusifs et démocratiques. M. Babacan a ainsi proposé d’ouvrir le G-20 aux pays qui n’en sont pas membres et de renforcer les mécanismes de consultation avec les Nations Unies.
Plusieurs intervenants ont aussi soutenu le principe de géométrie variable au sein du G-20 qui permet d’inclure des non-membres de ce groupe lorsque des thématiques qui les concernent sont discutées.
De son côté, le Ministre chilien des affaires étrangères, M. Alfredo Moreno, a demandé de clarifier les rôles en qui concerne la gouvernance économique mondiale, afin de préserver le rôle central des Nations Unies au niveau normatif.
M. Jeremić, suivi par d’autres délégations, a suggéré de normaliser les pratiques existantes, comme les invitations du Secrétaire général de l’ONU aux réunions du G-20, de responsables des Nations Unies aux réunions préparatoires du groupe, des sherpas du G-20 aux réunions de l’Assemblée générale ou encore l’organisation de consultations ouvertes entre le Secrétaire général et les États Membres à l’Assemblée générale avant et après les réunions du G-20.
Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, M. Valentin Rybakov, s’est dit convaincu de la possibilité de concilier l’efficacité des mécanismes officieux et la légitimité des Nations Unies, grâce à la mise en place de procédures inclusives et transversales.
Certains, comme le représentant de Fidji, s’exprimant au nom du G77 et de la Chine, ont aussi appelé de leurs vœux la réforme des institutions du Bretton Woods, notamment par la révision des droits de vote octroyés aux pays en développement.
Le représentant du Fonds monétaire international (FMI) a assuré que les réformes récentes engagées par le Fonds allaient permettre une meilleure représentativité. Le représentant de la Banque mondiale a également fait part des progrès accomplis dans la gouvernance de cette institution, comme la réforme de son système de vote qui vise à mieux représenter les pays en développement.
Plus largement, c’est une réforme de la gouvernance économique mondiale qui a été demandée. Le Ministre du développement international de la Norvège, M. Heikki Holmas, a suggéré de fixer des règles financières beaucoup plus strictes et transparentes. Il a aussi insisté sur l’importance de la lutte contre l’évasion fiscale, à l’instar du Président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso, qui a demandé une coopération mondiale renforcée dans ce domaine.
Ce débat thématique s’est déroulé dans le contexte des efforts déployés pour définir les paramètres de l’Agenda pour le développement post-2015. Pour les 1 000 prochains jours avant la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015, M. Jeremić a appelé à renfoncer la complémentarité entre les activités des Nations Unies et les institutions financières internationales.
Enfin, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Néstor Osorio, a rappelé que l’ECOSOC s’apprêtait à accueillir, à New York, le 22 avril, une réunion annuelle de haut niveau dont le thème principal sera la « cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte d’un financement du développement durable pour l’Agenda pour le développement post-2015 ».
* A/67/769
DÉBAT THÉMATIQUE INTITULÉ « LES NATIONS UNIES ET LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE »
Ouverture et observations de haut niveau
M. VUK JEREMIĆ, Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, a déclaré que depuis la crise financière mondiale et la crise de la dette, le débat sur les discussions pour améliorer l’économie mondiale était devenu très animé et attirait l’attention du public dans le monde entier.
Les institutions financières et commerciales internationales ont fait d’importantes contributions à ce débat à travers un groupe informel qu’est le G-20.
Le G-20 est devenu un forum mondial très important où des choix économiques importants sont faits par ses membres. Ces choix ont d’importantes implications dans le monde. Ces choix touchent d’une manière ou d’une autre les États Membres des Nations Unies aux plans économique, politique et social.
D’aucuns représenteraient le G-20 comme étant un mécanisme exclusif de dialogue entre les économies les plus avancées qui étaient en mesure d’agir rapidement et de manière décisive contre la crise économique et commerciale mondiale.
Pour d’autres, le G-20 est perçu comme un club dont les résolutions sont prises de façon non transparente et sans rendre compte à personne. Sa structure et son principe d’adhésion laissent de côté une majorité d’États Membres.
Il est important pour chaque pays de vouloir faire connaître ses points de vue relatifs à la gouvernance économique mondiale. Certains de ces points de vue sont effectivement étudiés dans les institutions financières internationales. Mais, en définitive, c’est au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies que s’applique le principe de l’égalité entre les nations et où leurs voix sont entendues de manière égale.
L’Assemblée générale devrait devenir un lieu d’interaction entre les institutions financières et commerciales internationales, le G-20 et les États non membres du G-20 pour échanger les points de vue et pour partager les informations.
Ce débat thématique se déroule dans le contexte des efforts déployés pour définir les paramètres de l’Agenda pour le développement post-2015.
En juin dernier, les dirigeants mondiaux ont arrêté les objectifs de développement durable (ODD) et ont pris des options et des arrangements pour surveiller leur mise en œuvre.
Selon le Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), les politiques pour relancer la croissance économique doivent intégrer la double dimension sociale et environnementale. Les dirigeants mondiaux ont aussi souligné la nécessité d’une coopération renforcée dans les domaines de la finance, de la dette, du commerce, du transfert de technologie, l’innovation, l’entreprenariat, le renforcement de capacité, la transparence et le principe de reddition de compte.
La Conférence Rio+20 invite également les institutions financières internationales à renforcer la propagation du développement durable dans leurs mandats, programmes, stratégies et processus de prise de décisions et en appuyant les efforts de tous les pays et en particulier les pays en développement dans l’atteinte du développement durable.
Le Président de l’Assemblée générale a également cité un autre rapport du Secrétaire général (A/67/769) du 1er mars intitulé « Gouvernance économique mondiale et développement ». Le Secrétaire général y juge que, pour renforcer l’implication des pays en développement dans les décisions économiques internationales, il est important de promouvoir la représentation des pays pauvres au sein de la communauté internationale.
Les politiques économiques élaborées pour la relance de l’économie mondiale doivent prendre en compte les délibérations de l’Assemblée générale, a exhorté M. Jeremić.
Pour les 1 000 prochains jours avant 2015, il faudra renfoncer les efforts de tous les acteurs économiques et ainsi que la complémentarité entre les activités des Nations Unies et les institutions financières internationales.
Ce débat thématique est un point de départ pour davantage d’interaction entre le G-20 et le reste du monde. « Nous devons normaliser les pratiques existantes par exemple inviter le Secrétaire général aux réunions du G-20, inviter les responsables des Nations Unies aux réunions préparatoires du G-20, inviter les sherpas du G-20 aux réunions de l’Assemblée générale, organiser des débats thématiques se focalisant sur les priorités de la présidence du G-20, et organiser des consultations ouvertes entre le Secrétaire général et le Sherpa de l’ONU avec les États Membres à l’Assemblée générale avant et après les réunions du G-20. »
Enfin, le Président de l’Assemblée générale a dit que « pour autonomiser davantage les citoyens et les nations, ayons l’audace et le courage de créer un meilleur cadre pour une interaction mondiale où l’Assemblée générale se tient au milieu pour en être l’ultime source de légitimité démocratique de notre siècle ».
M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que l’économie mondiale était chaque jour plus interconnectée et interdépendante. Tout en reconnaissant que des mesures avaient été prises pour rééquilibrer la situation et assurer une meilleure représentation des acteurs économiques, il a appelé à davantage de cohérence entre les institutions et les cadres dans lesquels l’économie évolue sur des sujets importants tels que les droits des migrants et l’accès aux ressources.
« L’ONU est la seule organisation vraiment universelle où tous les pays sont représentés quelle que soit leur importance. À ce titre, il est essentiel que le renforce sa coopération avec les Nations Unies », a-t-il précisé. Il a également encouragé à ne pas diminuer l’aide au développement et à maintenir l’objectif de 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) dédié au développement. « Il reste 1 000 jours pour atteindre la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015 et les institutions financières doivent unir leurs efforts pour mener à bien cet objectif. »
M. Eliasson a par ailleurs invité à se pencher dès à présent sur les objectifs à inclure au-delà de 2015. L’ampleur de la tâche ne doit pas, selon lui, décourager les États Membres. Il a conclu en estimant qu’en vue de relever les défis contemporains les institutions internationales et les organisations financières devaient redoubler d’efforts afin de permettre à tous et toutes, quelles que soient leurs capacités, leurs origines et leur situation géographique, de profiter du développement économique et humain.
M. JOSÉ MANUEL BARROSO, Président de la Commission européenne, a déclaré qu’aucun groupe de nations ne pouvait prospérer au détriment d’un autre en raison de l’interconnexion et de l’interdépendance de l’économie mondiale. « Le génie européen est d’avoir su bâtir l’économie la plus ouverte et la plus interdépendance et interconnectée au monde », a souligné M. Barroso.
L’intégration économique européenne s’est faite petit à petit et a progressé par étapes. Aujourd’hui, les 27 États membres sont unis par un marché commun, par des institutions communes et par une monnaie unique pour 17 d’entre eux. L’Union européenne a amélioré la gouvernance européenne qui aide les États à renforcer leurs propres gouvernances économiques. Des lois ont été mises sur pied pour contrôler les activités des banques, une autorité monétaire unique a été créée ainsi qu’un mécanisme de régulation.
La crise économique actuelle a des impacts au niveau mondial, a poursuivi M. Barroso. Elle a assené un coup terrible à la gouvernance mondiale. Pour y faire face, l’Union européenne a proposé un nouveau cadre en créant, avec d’autres, le G-20. Le G-20 a permis la coordination des stimuli fiscaux et la coordination financière mondiale. Des progrès ont été réalisés, a-t-il constaté, rappelant que l’Union européenne luttait contre le protectionnisme et avait commencé à résoudre la crise de la dette.
Dans tous les domaines, l’Union européenne a été active pour travailler avec toute la communauté internationale, a-t-il dit. En matière de lutte contre la pauvreté et de développement, elle a respecté son engagement en étant le premier partenaire du développement. M. Barroso a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération du G-20 avec les Nations Unies. Ce sera encore le cas avec la présidence russe du G-20, a-t-il dit.
Les milliards de dollars que représentent chaque année les évasions fiscales sont autant d’argent perdu pour l’éducation, la santé ou le développement, a-t-il dit, plaidant ensuite pour une coopération mondiale renforcée dans la lutte contre ce fléau. Il a en outre jugé important qu’à l’ONU et au sein du G-20, il y ait une unité de vue dans la lutte contre la corruption et dans le domaine de la transparence dans les industries minières et forestières.
Avant de conclure, il a estimé que le principe de subsidiarité, le partage des compétences et l’équité devraient être appliqués dans les autres organisations internationales comme c’est déjà le cas au sein de l’Union européenne.
Mme KAMLA PERSAD-BISSESSAR, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, s’est félicitée de représenter les « petits États » des Nations Unies. Selon elle, son pays a pu échapper à la crise financière et économique en raison de ses richesses énergétiques, mais elle s’est dite inquiète pour les pays voisins de Trinité-et-Tobago. « Les difficultés rencontrées par des poids lourds de l’économie mondiale comme l’Europe et les États-Unis plongent de nombreux pays dans l’incertitude en raison de leur dépendance vis-à-vis de ces économies », a-t-elle dit.
Mme Persad-Bissessar a par ailleurs affirmé que les petits États devaient pouvoir avoir accès aux marchés de capitaux, louant, à cet égard, les efforts entrepris par le Fonds monétaire international (FMI). Malgré ces efforts, les petits pays rencontrent, selon elle, des difficultés financières notamment en matière de subventions agricoles et doivent réduire leur dépendance vis-à-vis des grandes nations.
Le Premier Ministre a formulé des propositions afin d’améliorer la situation des États de taille modeste. En premier lieu, il faut encourager la pratique des concessions offrant des modes de financement des infrastructures. Elle a également appelé au renforcement du transfert de technologies et a plaidé pour une plus grande inclusion politique des petits États et pour la mise en œuvre d’une nouvelle architecture de gouvernance économique mondiale. Elle a fait état de cette dernière proposition en appelant à une meilleure prise en compte des petits États au niveau des instances juridiques. Elle a, enfin, déploré la prise en compte par les institutions financières internationales d’indicateurs de développement mal adaptés aux réalités économiques et sociales des petits États.
M. ALI BABACAN, Vice-Premier Ministre de la Turquie, a souligné les changements importants intervenus dans le système économique mondial ces dernières années. Les pays en développement ont augmenté considérablement leur part dans l’économie mondiale, a-t-il fait remarquer. Il a ensuite observé que le G-20 était plus représentatif que le G-8. C’est un groupe informel au sein duquel les membres discutent des moyens de relever les nouveaux défis. Ces pays partagent leurs expériences et coordonnent leurs politiques nationales de manière volontaire.
De l’avis de M. Babacan, le principal défi est maintenant de trouver un équilibre entre la représentativité et l’efficacité. Les Nations Unies remplissent le critère de la représentativité, mais il est difficile pour elles de prendre des décisions rapidement, alors que pour le G-20 c’est quasiment le contraire. Tous les membres du G-20 sont encouragés à mener des activités en lien avec les pays qui n’en sont pas membres, a assuré le Vice-Premier Ministre. Il a les a invités à accorder une attention particulière aux besoins du développement.
Il faut également que le G-20 et les Nations Unies se rapprochent, a-t-il dit, saluant à cet égard les exposés du G-20 et les consultations avec ce groupe qui sont organisés aux Nations Unies. Il a aussi invité l’ONU à repenser son système de privilèges, afin de renforcer son efficacité.
La Turquie participe au dialogue entre les groupes de pays, a indiqué le Vice-Premier Ministre, rappelant notamment qu’il avait organisé une conférence, conjointement avec la présidence française du G-20, sur la volatilité des prix de produits de base en 2011. La Turquie assurera la présidence du G-20 en 2015 et tentera de renforcer la sensibilisation sur ces questions. Il a indiqué que son pays prévoyait un examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul en 2015, Programme d’action adopté en 2011 lors de la Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) qui s’était tenue à Istanbul.
Enfin, M. Babacan a souligné la nécessité de viser un développement durable qui soit inclusif et fondé sur des critères humains, en vue notamment d’une meilleure utilisation des ressources naturelles et d’une restructuration de la croissance. Il faut également mettre en place un système institutionnel plus transparent et efficace, a-t-il ajouté, soulignant le rôle important des Nations Unies à cet égard.
Des systèmes commerciaux multilatéraux justes sont aussi très importants, a-t-il souligné, mettant en garde contre le caractère nocif du protectionnisme. Si depuis 2007 de nombreux pays ont été confrontés à des crises sociales et politiques, il y a avant tout une crise de confiance, a relevé M. Babacan. Enfin, il a lancé un appel afin de renforcer les liens entre les Nations Unies et le G-20.
M. ALFREDO MORENO, Ministre des affaires étrangères du Chili, a souligné que l’architecture de la gouvernance économique mondiale était un système décentralisé composé d’institutions, organisations et mécanismes mondiaux, qui sont liés aux Nations Unies à des niveaux différents. Il a remarqué que la multiplicité des acteurs mondiaux et régionaux de cette gouvernance économique n’était pas un problème jusqu’à ce que la situation change avec la décision de certains groupes du pays de coordonner leurs politiques économiques afin d’intervenir dans l’économie mondiale.
Selon le Ministre, le multilatéralisme au niveau international devrait être utilisé pour traiter des problèmes de manière inclusive. Il a regretté que cela ne soit pas possible aujourd’hui du fait que ce sont des groupes restreints, comme des clubs, qui prennent les décisions les plus importantes. Certains considèrent même que le multilatéralisme dans sa forme classique, c’est-à-dire universelle inclusive et démocratique, repose sur des règles et des institutions qui risquent d’être mises sur la touche. Le Ministre a expliqué que cette marginalisation concernait non seulement les Nations Unies mais également les institutions de Bretton Woods. Il a cité le G-20 comme l’un de ces clubs restreints du multilatéralisme.
L’émergence de ces groupes informels risque d’exclure de nombreux pays, alors que ces pays sont directement affectés par les décisions des groupes en question, sans avoir la possibilité de défendre leurs intérêts, a fait remarquer M. Moreno. Selon lui, l’émergence de tels groupes représente un pas en arrière par rapport aux mécanismes inclusifs et démocratiques. Il a proposé de résoudre ce problème en commençant par ouvrir le G-20 aux pays qui n’en sont pas membres et en renforçant les mécanismes de consultation avec les Nations Unies.
M. Moreno a aussi demandé de clarifier les rôles en qui concerne la gouvernance économique, afin de préserver le rôle central des Nations Unies au niveau normatif. Il a reconnu la valeur du G-20 pour son rôle de coordination et de recherche de solutions pour combler les lacunes de la gestion de l’économie mondiale. Mais, a-t-il regretté, les plus grandes économies veulent souvent passer outre les institutions multilatérales formelles, afin d’éviter une lenteur et des difficultés à atteindre des accords substantiels.
Le Ministre a demandé que des groupes tels que le G-20 respectent les mandats des institutions et mécanismes des Nations Unies et des autres forums universels. Il leur a demandé d’impliquer les acteurs importants pouvant intervenir dans la recherche de solutions aux problèmes mondiaux dans des cas spécifiques, comme cela est déjà le cas au niveau régional. Enfin, il a rappelé que son pays, le Chili, avait facilité les résolutions sur cette question à l’Assemblée générale.
M. ABUL MAAL A MUHITH, Ministre des finances du Bangladesh, a estimé que ce débat visait à garantir et à améliorer l’interaction entre les Nations Unies et les institutions financières internationales dans la gouvernance économique mondiale.
Il a ajouté que pour éliminer la pauvreté et la vulnérabilité, il convenait d’assurer aux pays pauvres l’accès aux marchés, aux technologies, notamment en matière environnementale. Il a mis l’accent sur la nécessité d’utiliser le terme de « développement socioclimatique », qui, selon lui, reflète mieux la réalité actuelle.
M. Muhith a dit observé que l’élimination de la pauvreté passait par un meilleur transfert des ressources entre les pays riches, les pays à revenu moyen et les pays à revenu faible. S’agissant du commerce mondial, il faut, selon lui, un secteur public international pour le contrôle du commerce des produits alimentaires et celui de l’énergie ou le pétrole.
M. HEIKKI HOLMAS, Ministre du développement international de la Norvège, a rappelé l’effondrement de Lehman Brothers, en 2008, qui a marqué le début d’une récession économique majeure. « Nous devons avoir un monde mieux organisé où les entreprises doivent rendre des comptes sur leurs actions », a-t-il lancé. Les Nations Unies, les institutions financières multilatérales et le G-20 doivent mieux coordonner leurs efforts, notamment afin de mieux représenter les pays en développement. Comment les Nations Unies peuvent-elles améliorer leur transparence et être plus ouvertes vis-à-vis de la société civile, a demandé le Ministre, estimant que les anciennes méthodes ne fonctionnent plus.
S’inquiétant du chômage élevé des jeunes même dans des pays européens, il a aussi averti des risques sociaux encourus du fait de la situation économique actuelle. Il a fait remarquer qu’aux États-Unis, le salaire moyen avait diminué pendant que la bourse continuait d’augmenter. « Nous devons trouver les moyens de gérer ces problèmes », a insisté le Ministre. Il a suggéré de fixer des règles financières beaucoup plus contraignantes et de mieux gérer la fiscalité. La Norvège souhaite à cet égard que le comité spécial sur la fiscalité devienne un groupe intergouvernemental, a-t-il dit.
Même si la distribution des ressources entre les pays est un peu plus égale, il y a toujours un fossé énorme, a aussi observé le Ministre norvégien. Il a recommandé d’appuyer les politiques qui promeuvent la redistribution, afin d’arriver à l’équité. Il a mis l’accent sur la nécessité de pouvoir disposer de recettes fiscales suffisantes, estimant que les personnes fortunées sont trop peu imposées.
M. Holmas a aussi appelé à lutter contre l’évasion fiscale, s’insurgeant en particulier contre l’évasion fiscale de certaines grandes entreprises, comme Starbucks Coffee qui paie moins d’impôts au Royaume-Uni qu’une petite entreprise britannique. Il faut élaborer des règles sévères pour régler le problème de l’évasion fiscale, a-t-il déclaré, plaidant fermement en faveur de la transparence.
M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a estimé que la crise économique et financière de 2008 avait obligé la communauté internationale à revoir les mécanismes de prise de décisions. Il a également jugé que le rôle croissant des mécanismes officieux poussait à se pencher sur le rôle des Nations Unies. « Une organisation qui n’est pas au centre de la décision ne peut mettre en œuvre des objectifs de développement efficaces », a-t-il prévenu. Il a appelé à ne pas opposer l’efficacité de ces mécanismes officieux et la légitimité des Nations Unies. À ce titre, il s’est dit convaincu que ces deux objectifs pouvaient être conciliés grâce à la mise en place de procédures inclusives et transversales.
M. Rybakov a par ailleurs préconisé une plus grande transparence ainsi qu’une impartialité renforcée et a jugé que les sanctions unilatérales ne devaient plus être imposées. Il s’est néanmoins félicité de l’intérêt croissant du G-20 pour le développement international et a appelé à une plus grande coopération de cette structure avec les Nations Unies. Il a, ainsi, plaidé en faveur de la mise en place de forums de discussions entre les Nations Unies et le G-20. Il a invité les États Membres à formuler des recommandations précises à la veille de la tenue des réunions du G-20 afin de voir se traduire dans les faits une plus grande inclusion des États Membres des Nations Unies.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), a plaidé pour la mise en œuvre de politiques robustes et coordonnées permettant aux acteurs privés et publics de participer pleinement à la prise de décisions. En tant que Président de l’ECOSOC, il a réaffirmé sa volonté de mettre l’accent sur la création d’emplois et le développement durable dans les stratégies engagées pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. Osorio a par ailleurs abordé la question du fonctionnement des organisations internationales en préconisant une meilleure représentativité, une plus grande transparence et une plus grande responsabilité des acteurs économiques et environnementaux.
Il a également estimé que les pays en développement devaient être associés plus étroitement aux processus mis en œuvre par les organisations internationales. À ce titre, le G-20 doit selon lui renforcer sa coopération avec les Nations Unies. Il s’est prononcé pour une plus grande inclusion des représentants de la société civile.
M. Osorio a rappelé aux délégués présents que l’ECOSOC s’apprêtait à accueillir, à New York, le 22 avril une réunion annuelle de haut niveau dont le thème principal sera la « cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte d’un financement du développement durable pour l’Agenda pour le développement post-2015 ».
M. PAUL OQUIST, Ministre des politiques nationales à la présidence du Nicaragua, a fait observer que les Nations Unies avaient été historiquement et systématiquement exclues de la gouvernance économique mondiale, au motif que seuls le FMI, la Banque mondiale, le Trésor américain et Wall Street avaient l’expertise requise pour traiter de ces questions. Après six années de crise, a-t-il remarqué, un Européen continue de diriger le FMI tandis que c’est un Américain qui est toujours à la tête de la Banque mondiale, comme c’est le cas depuis 1945. Il y a des « instruments financiers de destruction massive » qui ne sont toujours pas contrôlés, a-t-il ajouté. Il a relevé que la valeur des produits dérivés était 8,6 fois le produit national brut mondial, un marché trop grand pour se permettre son effondrement.
Selon lui, l’origine de la crise réside notamment dans la faiblesse du système financier mondial. Il a observé que les marchés des produits de base avaient légalisé la plupart des produits dérivés. En outre, la Réserve fédérale des États-Unis a demandé aux banques de s’autoréglementer. Le Ministre a ainsi souligné l’absence de gouvernance dans le domaine financier. Il a aussi averti des risques de l’effondrement du dollar. D’un autre côté, le Japon a assoupli sa politique monétaire, tandis que la Chine a passé des accords commerciaux dans sa monnaie nationale, notamment avec des pays africains. Selon lui, il faut lancer une alerte monétaire.
Les G-7, G-8 et G-20 sont des organes ad hoc qui n’ont pas de base juridique, a-t-il aussi remarqué, expliquant qu’ils ne pouvaient pas prendre de décision contraignante. Cette solution n’est pas viable pour l’ensemble de la société, a-t-il estimé. Pour lui, les improvisations des six dernières années ne représentent pas un nouveau système de gouvernance économique mondiale. « Nous devons tous travailler à créer un nouveau système de gouvernance économique mondiale, en commençant par renforcer les Nations Unies, le seul organe capable de garantir le caractère inclusif du processus. »
M. SIDDHARTH TIWARI, Directeur de la stratégie de politique de suivi du Fonds monétaire international (FMI), a rappelé que le développement économique avait eu des répercussions positives sur le plan international. Il a néanmoins reconnu que la crise économique de 2008 montrait qu’il restait encore de grands progrès à réaliser en matière de gouvernance. « La coordination des politiques reste fondamentale et exige un calibrage soigneux des politiques au niveau mondial », a-t-il jugé tout en se félicitant des avancées du FMI pour soutenir ses membres.
Ce soutien prend selon lui la forme d’un appui « aux bonnes politiques nationales ». « Nous avons consolidé les mécanismes de surveillance multilatérale et notamment du secteur financier. Depuis le début de la crise économique mondiale en 2008, les fonds de soutien ont été multipliés par deux », a-t-il assuré, en rappelant également que 90% des membres éligibles avaient bénéficié de mesures d’allègement de la dette.
M. Tiwari a par ailleurs estimé qu’une gouvernance améliorée exigeait un cadre institutionnel amélioré. Il s’est ainsi dit convaincu que les réformes récentes engagées par le FMI allaient permettre une meilleure représentativité et mieux refléter les positions de ses membres.
M. HARSHA V. SINGH, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a déclaré que des relations complémentaires entre les partenaires internationaux étaient utiles pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La gouvernance économique mondiale exige un leadership, de l’efficacité, une légitimité et une complémentarité, a-t-il ajouté. Les Nations Unies, l’OMC et le G-20 sont les trois partenaires naturels de cette gouvernance économique mondiale.
La crise financière, qui a commencé en 2008, illustre le manque de leadership au niveau mondial. L’OMC peut jouer un rôle central en la matière. Pour sa part, le G-20 peut aussi montrer sa force dans le commerce mondial. Il a contribué notamment à contrer l’émergence du protectionnisme dans certains pays alors que 60% du commerce mondial des biens se fait par des intermédiaires internationaux. Il faut demeurer vigilant, car le commerce mondial reste faible avec un taux de croissance de 3,3% pour 2012, a-t-il dit.
S’agissant du financement du commerce dans les pays en développement, il faut, selon lui, augmenter les capacités des institutions financières internationales et des agences de crédit pour augmenter leurs capacités en matière de risques, notamment dans les pays en développement. Il faut en outre respecter les engagements mondiaux visant à maintenir le taux d’aide au développement de 0,7% pour aider les pays en développement à soutenir leur commerce. Concernant la sécurité alimentaire, la circulation des produits alimentaires dans le monde est essentielle. L’OMC encourage la coopération mondiale à ce sujet. En définitive, selon M. Singh, l’ECOSOC est l’instance idéale pour pouvoir gérer le nouveau paradigme de la gouvernance économique mondiale.
M. ZIA QURESHI, Directeur de la stratégie et des opérations au Bureau du Vice-Président et Chef économiste pour la Division développement et économie à la Banque mondiale, a noté que les économies en développement et émergeantes avaient contribué à environ deux tiers de la croissance mondiale au cours des cinq dernières années. Expliquant le rôle du G-20 dans ce contexte, il a estimé que son apparition avait été une évolution positive pour élargir le débat et notamment améliorer la coordination des politiques économiques. Des instances comme le G-20 incluent les principales économies émergeantes et essaient aussi d’atteindre les pays qui n’en sont pas membres, a-t-il souligné. Il a reconnu l’importance pour le G-20 d’interagir avec les institutions internationales et notamment la Banque mondiale.
Selon M. Qureshi, la contribution de la Banque mondiale permet de mettre l’accent sur la contribution des économies de croissance dans l’économie mondiale et de se pencher sur des questions qui intéressent ces pays, comme les infrastructures et le commerce. Un thème qui suscite beaucoup d’intérêt au sein des pays en développement est le financement des investissements à long terme, une question qui est d’ailleurs à l’ordre du jour du G-20.
La Banque mondiale appuie aussi l’élaboration du programme de développement après 2015, a-t-il indiqué. Il a également parlé de la stratégie de la Banque mondiale mise en place pour favoriser les partenariats entre les pays en développement et les acteurs susceptibles de les aider dans leurs efforts en matière de développement. La Banque mondiale a progressé dans la réforme de sa gouvernance, a également assuré M. Qureshi, parlant de la réforme de son système de vote qui vise à mieux représenter les pays en développement et notamment les pays africains.
Débat interactif entre les États Membres
Le renforcement du cadre de gouvernance économique et les voies d’une interaction accrue entre l’ONU et le G-20 ont été au cœur du débat interactif qui a suivi l’exposé des observations de haut niveau.
« Le renforcement de la relation entre l’ONU et le G-20 est l’élément clef d’une amélioration de la gouvernance économique mondiale », a ainsi affirmé le délégué de Singapour, au nom du Groupe pour la gouvernance mondiale ( G3). Il a avancé certaines propositions à cette fin dont l’invitation du Secrétaire général de l’ONU aux sommets du G-20, la tenue de consultations avec les États Membres des Nations Unies et la formalisation des bonnes pratiques d’ores et déjà existantes.
Le G-20 devrait désigner une personnalité chargée d’assurer le suivi des relations avec les Nations Unies, a-t-il avancé. Il a aussi plaidé pour un approfondissement du principe de géométrie variable au sein du G-20 qui permet d’inclure des non-membres du G-20 lorsque des thématiques qui les concernent sont discutées.
Tirant les principaux enseignements de la présidence du G-20 par son pays en 2011, le représentant du Mexique a, pour sa part, souligné l’importance de prendre davantage en compte les points de vue exprimés par les États, ainsi que par des groupes comme le G-24.
« Ces efforts doivent néanmoins s’articuler autour d’un ordre du jour spécifique afin de ne pas générer une certaine lassitude », a-t-il prévenu. Il a ensuite rappelé l’importance d’une réforme du Conseil économique et social (ECOSOC) pour qu’il puisse jouer le rôle éminent qui est le sien, aux cotés de l’Assemblée générale, dans un cadre rénové de gouvernance économique mondiale.
Même son de cloche pour le délégué de Fidji qui, s’exprimant au nom du G77 et de la Chine, a jugé que ces deux institutions étaient cruciales pour la promotion du développement. Il a ensuite plaidé pour la réforme des institutions de Bretton Woods et la révision notamment des droits de vote octroyés aux pays en développement.
Pour sa part, le délégué du Viet Nam, tout en soulignant le rôle essentiel des Nations Unies dans l’élimination du protectionnisme, a appelé de ses vœux l’établissement d’un partenariat spécial entre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et l’ONU. « Ce partenariat permettrait d’améliorer la mise en œuvre de l’Agenda de l’ONU pour le développement dans cette région du monde particulièrement dynamique », a-t-il dit.
Enfin, le délégué du Kazakhstan a rappelé que son pays organisait en mai 2013, à Astana, une conférence internationale pour réfléchir aux moyens d’une sortie de la crise économique. « Cette conférence devrait voir l’adoption d’une déclaration ouvrant la voie à un plan mondial anticrises et au lancement d’une plateforme Internet permettant l’échange des bonnes pratiques », s’est-il félicité.
Exposé
En sa qualité de Sherpa de la Fédération de Russie au G-20, Mme KSENIA YUDAEVA, a, dans un exposé qui a suivi le premier débat interactif entre les États Membres, souligné que la présidence russe du G-20 serait marquée, cette année, par des mesures de promotion de l’emploi et d’une croissance économique inclusive et durable.
Mme Yudaeva a relevé que l’objectif majeur de la présidence russe du G-20 était de concentrer les efforts du groupe dans la mise en place d’un ensemble de mesures visant à promouvoir la création d’emplois dans le monde, ainsi qu’une croissance durable et inclusive. Elle a souligné que toutes les réflexions autour des programmes du G-20 se résumaient à trois points essentiels qui sont la croissance à travers les emplois de qualité et l’investissement, la croissance à travers la confiance ainsi que la transparence et la croissance à travers une régulation effective.
Pour atteindre ces résultats, elle a indiqué que la Fédération de Russie envisageait d’organiser, pour la première fois dans l’histoire du G-20, une réunion conjointe des ministres des finances et des ministres de l’emploi du G-20.
De même, a-t-elle expliqué, pour assurer la légitimité, la transparence et l’efficience du G-20, la présidence russe entend organiser des consultations avec tous les acteurs susceptibles de contribuer à la réussite de ce plan d’action, y compris les pays qui ne font pas partie du G-20, les organisations internationales, le monde des affaires, les syndicats, la société civile, les jeunes et les milieux académiques.
Au sujet de la réforme de l’architecture financière internationale, Mme Yudaeva a affirmé que le G-20 envisageait, en 2013, de compléter la réforme des quotas du Fonds monétaire international (FMI) engagée en 2010. Le G-20 devrait également soutenir les marchés monétaires locaux, et revoir les procédés de gestion des dettes publiques mis en place par le FMI et la Banque mondiale en 2001. En outre, le G-20 soutiendrait aussi le travail du Conseil de stabilité financière qui devrait mettre sur pied des mesures adéquates de régulation du secteur bancaire.
La sherpa russe a, de même, fait état de mesures visant à promouvoir le secteur de l’emploi, notamment grâce à des politiques fiscales adéquates, la promotion du travail pour les couches sociales les plus vulnérables et le suivi du développement du marché de l’emploi. Dans ce contexte, elle a mis l’accent sur l’employabilité, afin, a-t-elle expliqué, de parvenir à une adéquation entre les programmes éducatifs et les programmes de formation pour garantir une conformité des capacités des travailleurs avec les besoins du marché de l’emploi.
Mme Yudaeva a par ailleurs indiqué que le G-20 sous présidence russe devrait prendre des mesures de promotion du commerce international, notamment la lutte contre le protectionnisme et le renforcement du système d’échanges multilatéral. Elle a également reconnu que l’accès à des sources d’énergie sûres et bon marché était une condition préalable à la croissance.
Elle a expliqué que le G-20 s’attacherait à la mise en œuvre de son programme de lutte contre la corruption pour la période 2013-2014 qui comporte des aspects tels que la mise en place de la Convention des Nations Unies contre la corruption, la lutte contre le blanchiment d’argent et le renforcement de la transparence et de la reddition des comptes.
Mme Yudaeva a souligné ensuite que le développement constituait la première priorité du G-20. Cette préoccupation se manifestera, entre autres, par le renforcement de la sécurité alimentaire, l’inclusion financière avec un accent sur l’accès des femmes aux services financiers et le soutien aux efforts des Nations Unies pour la mise en place d’un programme mondial de développement post-2015, notamment en collaboration avec le G-20 de la société civile.
Échange interactif
Après cet exposé, la représentante des États-Unis a souhaité savoir la méthodologie utilisée par la Fédération de Russie pour collaborer avec tous ces acteurs divers non étatiques.
La sherpa a répondu qu’un processus de consultation avait été initié avec la société civile, les syndicats, le monde des affaires et bien d’autres groupes pour partager leurs expériences. Elle a rappelé que, parallèlement au Sommet du G-20, qui se tiendra en décembre 2013 dans son pays, un sommet du G-20 de la société civile se tiendrait également. Étant donné que les sujets de discussion du G-20 sont d’intérêt et de portée mondiaux, il est bon que tous les secteurs de la société puissent apporter leur contribution pour la recherche des solutions idoines aux problèmes du monde, a-t-elle dit.
Le représentant du Maroc a, quant à lui, relevé que les priorités de développement changeaient d’une présidence du G-20 à une autre, ce qui crée une césure dans les programmes de développement engagés par le groupe. Il a également regretté que les projets et programmes du G-20 ne soient pas sujets à un suivi rigoureux.
Son collègue du Bangladesh a abondé dans le même sens et a regretté la mise à l’écart des petits États et des groupes d’États fragiles comme les petits États insulaires en développement.
La sherpa a promis que les pays en développement seraient contactés dans le processus préparatoire au G-20 et a rappelé que les sommets du G-20 inviteraient régulièrement des pays non membres, comme certains États d’Afrique ou Singapour qui y participeront cette année.
Table ronde interactive
Animée par Mme SHAMSHAD AKHTAR, Sous-Secrétaire générale chargée du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DAES), la table ronde interactive a été l’occasion pour ses participants de discuter des leçons de la crise économique, d’explorer les moyens d’une interaction officielle entre membres et non-membres du G-20 et d’imaginer le rôle de l’ONU au sein d’une gouvernance économique mondiale rénovée.
« Il est temps de restructurer les institutions de Bretton Woods pour les adapter aux nouvelles réalités économiques mondiales », a ainsi affirmé le premier intervenant, M. SHAUKAT AZIZ, ancien Premier Ministre du Pakistan.
Il a ensuite décerné un satisfecit à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont il a loué le bon fonctionnement. En ce qui concerne le rôle des Nations Unies, il a indiqué qu’en raison de son mandat, l’Organisation restait l’enceinte privilégiée de discussion des défis économiques mondiaux. « Le G-20 et l’ONU doivent institutionnaliser leurs liens, afin que la voix de chacun puisse se faire entendre et que les décisions prises soient mises en œuvre de manière plus efficace », a conclu M. Aziz.
« Le grand nombre de pays au sein du G-20, ainsi que les divergences de leurs politiques économiques, rendent très difficile un bon fonctionnement de ce groupe », a affirmé M. IAN BREMMER, Président du Groupe Eurasie, qui a fait état de son scepticisme vis-à-vis du G-20 en le qualifiant de « G-zéro ».
Il a indiqué que la Chine, qui sera bientôt, selon lui, la première puissance économique mondiale, avait par exemple davantage intérêt au développement de liens bilatéraux plutôt que multilatéraux.
« La gouvernance économique mondiale sera à l’avenir plus fragmentée et se fera de plus en plus sur une base ad hoc », a-t-il conclu, tout en prenant note de la volonté des États-Unis de ne plus jouer le rôle de garant de l’ordre économique mondial que ce pays a, selon lui, longtemps joué.
« Le système économique mondial actuel est corrompu et incontrôlable », a déclaré sans ambages M. JEFFREY SACHS, Directeur du Earth Institute, Université de Colombia, qui a mis en garde contre l’apparition probable de nouvelles bulles spéculatives.
Les paradis fiscaux constituent un problème considérable au regard des sommes considérables qui y sont déposées, a-t-il affirmé, avant de souligner l’augmentation des inégalités. « Avec le système actuel, les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres deviennent toujours plus pauvres », a lancé M. Sachs.
« Parce que le G-20 ne représente pas les pauvres et tous ceux qui portent le fardeau de la crise, ce groupe ne sera jamais vraiment légitime », a-t-il poursuivi, avant de critiquer la lourdeur du fonctionnement du G-20, expliquant qu’il fallait cinq heures pour un simple tour de table.
Au regard de ces perspectives qu’il a qualifiées de « guère réjouissantes », M. Sachs a plaidé pour la définition d’objectifs clairs pour le développement durable et pour un rôle accru des régions dans l’élaboration d’une nouvelle gouvernance économique mondiale.
M. GORDON DE BROUWER, sherpa de la prochaine présidence australienne du G-20, a qualifié le groupe d’« outil utile », rappelant qu’il avait été forgé par temps de crise. Il a ensuite souligné la souplesse du G-20 qui ne dispose pas d’un secrétariat ou de mécanismes de prise de décisions formels. « Les Nations Unies restent la première enceinte internationale de discussion », a-t-il affirmé.
Face aux perspectives économiques qu’il a également jugées moroses, M. de Brouwer a plaidé pour la promotion d’une croissance mondiale inclusive et une redéfinition des mécanismes de la coopération économique mondiale. Le G-20 doit continuer à jouer son rôle de catalyseur, a-t-il dit.
Une quinzaine de délégations se sont ensuite exprimées à la suite des exposés des participants de la table ronde. La très grande majorité d’entre elles, dont celles de la Chine, du Sri Lanka et du Pakistan, du Brésil, du Maroc et du Congo ont souligné le rôle crucial que devait jouer l’ONU au sein d’une gouvernance économique rénovée.
Le délégué du Pakistan a ainsi estimé que les Nations Unies, seules, représentaient le « bien commun », faisant état des initiatives de l’Organisation dans le domaine de l’environnement.
Alors que le délégué de l’Afrique du Sud a insisté sur la réforme du Conseil économique et social (ECOSOC), son homologue de Cuba a préconisé un rôle accru de l’Assemblée générale dans la gouvernance économique mondiale, ajoutant qu’il n’y avait à cela rien de « sacrilège ».
« Le G-20 ne doit pas se substituer à l’ONU », a pour sa part prévenu le délégué de la Chine, qui a par ailleurs souligné la volonté de son pays de remédier aux déséquilibres économiques actuels.
Les délégations ont été aussi nombreuses à explorer les pistes d’une interaction accrue entre l’ONU et le G-20, comme celles du Royaume-Uni, du Japon et de la Slovaquie, ce dernier pays demandant la mise en place à cette fin de mécanismes « robustes et inclusifs ». « Les défis économiques doivent être abordés de manière équitable », a exhorté le délégué de l’Inde.
Au rang des nouvelles bulles spéculatives mentionnées par M. Sachs, la déléguée de Nauru a mentionné la « bulle du pétrole » actuelle et appelé les institutions économiques internationales à y remédier avant que celle-ci n’éclate.
Enfin, tranchant avec la tonalité plutôt pessimiste des exposés, et se félicitant du rôle joué jusqu’à présent par le G-20, le délégué du Bangladesh a tenu à faire part de son espoir dans la mise en place de nouveaux mécanismes afin de parvenir à une meilleure gouvernance économique mondiale.
Déclaration de clôture
M. VUK JEREMIĆ, Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, a conclu les travaux du débat thématique en mettant en exergue certains des points abordés au cours de la journée. En premier lieu, il s’est félicité de l’accueil favorable réservé par les États Membres au rôle croissant du G-20 en matière de gouvernance économique mondiale. Il a néanmoins déploré que le G-20 demeure encore perçu comme un cadre trop restreint et manquant de transparence.
Il a également salué la volonté des États Membres d’associer les Nations Unies à ses travaux, en particulier par un rôle accru du Conseil économique et social. Le Président de l’Assemblée générale a repris les suggestions formulées notamment celles qui invitent le Secrétaire général des Nations Unies à participer aux sommets du G-20 ainsi que la tenue, dans le cadre des Nations Unies, de consultations et de réunions préalables et postérieures à ces sommets.
M. Jeremić par ailleurs abordé la question de la représentativité des cadres internationaux notamment en ce qui concerne une plus grande inclusion des pays en développement et de transparence des procédures à l’œuvre. Il a également dit être favorable à la mise en place de mécanismes de supervision en matière d’évasion fiscale et a, à ce titre, soutenu l’idée de renforcer le Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale pour en faire un organe intergouvernemental.
Le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’un système de gouvernance économique mondiale et inclusif était essentiel pour mener à bien les objectifs de développement au-delà de 2015. Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de traiter tous les acteurs de l’économie mondiale sur un pied d’égalité afin de prendre en compte le plus largement possible les réalités économiques et financières internationales.
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