Le Chef du BNUB demande au Gouvernement burundais de faire preuve de leadership politique et appelle la communauté internationale à maintenir avec ce dernier une communication constructive
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Conseil de sécurité
7006e séance – matin
LE CHEF DU BNUB DEMANDE AU GOUVERNEMENT BURUNDAIS DE FAIRE PREUVE DE LEADERSHIP POLITIQUE ET APPELLE
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À MAINTENIR AVEC CE DERNIER UNE COMMUNICATION CONSTRUCTIVE
En dépit d’importants progrès réalisés dans le pays, il n’est pas encore temps
pour la communauté internationale de se désengager, estime le Président de la formation Burundi de la CCP
Le Burundi a réalisé d’importants progrès pour sortir de la violence mais d’énormes défis demeurent en matière de lutte contre la faim et la pauvreté, ont prévenu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Chef du Bureau des Nations Unies au Burundi (BNUB) et le Président de la formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix.
« Le Burundi est à la croisée des chemins », a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies au Burundi (BNUB), M. Parfait Onanga-Anyanga, qui a particulièrement insisté sur la nécessité, pour la communauté internationale, de mettre en œuvre toutes les promesses faites lors de la Conférence des partenaires au développement du Burundi, qui s’était tenue à Genève en octobre 2012.
M. Onanga-Anyanga, venu informer le Conseil de sécurité de l’exécution du mandat du Bureau des Nations Unies au Burundi à mi-parcours, a axé sa présentation sur huit domaines de réforme prioritaires dont la bonne gouvernance, le processus démocratique, l’état de droit, la sécurité, la justice transitionnelle ou la situation des droits de l’homme au Burundi.
Les partenaires du Burundi doivent aider ce pays à sortir du « marasme économique actuel », qui, a-t-il dit, « menace de remettre en cause les acquis d’une stabilité encore fragile ».
Les Burundais continuent de faire face à un taux très élevé de pauvreté et luttent quotidiennement « pour joindre les deux bouts », a-t-il indiqué, en précisant que si les prévisions pour 2013 projettent un taux de croissance en légère progression à 5,3%, cette croissance ne contribue pas à réduire la pauvreté.
Par ailleurs, le Burundi accueille environ 50 000 réfugiés, dont la plupart proviennent de la République démocratique du Congo (RDC) --principalement des femmes et des enfants--, tandis qu’on dénombre environ 80 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Le Chef du BNUB a cependant salué d’importants progrès réalisés en faveur du dialogue politique, en particulier dans le cadre d’ateliers organisés dans le pour les préparatifs des prochaines élections de 2015.
L’un de ces ateliers, qui s’est tenu en mars dernier, a permis de réunir tous les acteurs et partis politiques burundais, y compris ceux qui étaient en exil, et de parvenir à un consensus sur les éléments d’une « feuille de route » pour ces élections, a-t-il rappelé.
« C’était la première fois, depuis 2010, que tous les acteurs politiques, y compris ceux qui étaient à l’extérieur du pays, se réunissaient pour discuter de l’avenir du pays », a-t-il souligné.
Le Chef du BNUB s’est toutefois dit très préoccupé par des informations selon lesquelles les « Imbonerakure », l’aile des jeunes du parti gouvernemental (CNDD-FDD), auraient harcelé des citoyens et commis des crimes pour des raisons politiques.
Il a également noté que le traitement de la question foncière par la Commission nationale des terres et autres biens (CNTB), qui concerne principalement les avoirs saisis lors de la crise de 1972, continuait de provoquer des remous dans la vie politique.
M. Onanga-Anyanga a également exprimé son inquiétude concernant la situation globale en matière des droits de l’homme. Il a précisé que 20 cas d’exécutions extrajudiciaires, ainsi que 11 cas de torture et de 80 cas de traitements cruels, inhumains et dégradants, avaient été documentés au cours des six premiers mois de l’année. « Ceci marque, a-t-il dit, une augmentation par rapport à la même période l’an dernier. ».
Par ailleurs, le Chef du BNUB s’est aussi dit préoccupé par un risque de recul en matière de liberté d’expression après la promulgation controversée d’une nouvelle loi sur la presse, le 4 juin dernier.
Ces observations et préoccupations ont été, en grande partie, partagées, ce matin, par le Président de la formation Burundi de la Commission de consolidation de la Paix, M. Paul Seger (Suisse), venu faire le point sur la visite qu’il a effectuée à Bujumbura, entre le 24 et 28 juin.
M. Seger a déclaré avoir quitté la capitale burundaise empreint de « sentiments mixtes » et il a encouragé le Gouvernement burundais à faire preuve « de leadership politique » et à redoubler d’efforts pour entreprendre les importantes réformes en matière de bonne gouvernance politique et économique.
« Celui ou celle qui a couru un marathon sait que les 10 derniers kilomètres sont les plus durs », a-t-il fait remarquer.
Bien que le mandat du BNUB ne sera discuté que dans six mois, après la publication des résultats de la mission d’évaluation du Secrétaire général au Burundi, M. Seger a tenu, d’ores et déjà, à recommander au Conseil de sécurité le maintien du Bureau des Nations Unies au Burundi, au moins jusqu’aux élections de 2015.
« Nous n’avons pas encore atteint le moment de nous désengager », a-t-il estimé.
La qualité de la gouvernance n’est pas un facteur suffisant pour garantir la paix et la sécurité, a insisté, pour sa part, le Représentant permanent du Burundi auprès des Nations Unies, M. Hermenegildo Niyonzima.
Citant l’exemple de la Belgique où, « en dépit de l’absence d’un gouvernement pendant une année, la paix et la sécurité avaient prévalu », il a rappelé qu’à la différence de la Belgique, le Burundi n’a pas le minimum vital et il vit en dessous du seuil de pauvreté. Au Burundi, comme dans beaucoup de pays pauvres, 24 heures de vacance de pouvoir peuvent suffire pour que l’on assiste a des actes criminels, allant de simples actes de règlement de compte jusqu’à la confrontation intercommunautaire, a-t-il fait remarquer, en ajoutant: « Ventre affamé n’a pas d’oreille ».
« La bonne gouvernance, si chère à nombre de partenaires du Burundi, est au centre de toute l’action gouvernementale », a-t-il affirmé.
M. Niyonzima s’est notamment prévalu des progrès accomplis depuis 2007 dans tous les domaines économique, social et politique, notamment en faveur du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des anciens combattants, pour le rapatriement et installation des réfugiés, ainsi que dans les domaines des droits de l’homme, de l’état de droit, de la justice et de la réconciliation nationale.
Il a par ailleurs signalé que les problèmes rencontrés avec la loi sur la liberté de la presse, ainsi que par la Commission Terre et autres Biens, étaient liés à une « exploitation médiatique négative ».
La communauté internationale, a-t-il rappelé, a promis au Burundi un appui financier de 2,6 milliards de dollars pour financer le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP II). Il a regretté que ces appuis tardent à venir et s’est inquiété des tensions que l’extrême pauvreté commence à susciter.
Au Burundi, « la pauvreté est devenue si criante » que « vivre est devenu synonyme de ne pas mourir », a expliqué M. Niyonzima. « Le Gouvernement est à bout de forces ». Il est « à bout de créativité et d’inspiration », a-t-il reconnu.
« Jusqu’à quand est-ce que la faim et la misère vont devenir une norme au Burundi? » s’est-il interrogé, avant de souligner que la pauvreté au Burundi était devenue un problème de sécurité.
C’est pourquoi, il a demandé au Conseil de sécurité « d’intercéder » en faveur du Burundi afin de s’assurer que les promesses données à la Conférence des partenaires à Genève, les 29 et 30 octobre 2012 soient réalisées.
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