AG/11426

Désarmement nucléaire: L’usage voulu ou accidentel d’armes nucléaires aurait un impact fatal sur la planète et la vie, s’accordent les dirigeants du monde

26/09/2013
Assemblée généraleAG/11426
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                        

Soixante-huitième session                                  

11eséance plénière

matin - après-midi


DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE: L’USAGE VOULU OU ACCIDENTEL D’ARMES NUCLÉAIRES AURAIT UN IMPACT FATAL SUR LA PLANÈTE ET LA VIE, S’ACCORDENT LES DIRIGEANTS DU MONDE


Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a appelé ce matin les États Membres à déployer de nouveaux efforts en faveur du désarmement nucléaire afin de libérer des ressources, qui sont actuellement consacrées à la fabrication et au maintien de ces armements, pour les consacrer au développement économique et social, à la promotion de la démocratie et à la protection de l’environnement.  Il a ajouté qu’un désarmement nucléaire généralisé sera aussi le meilleur moyen de s’assurer que de telles armes ne tombent entre les mains de groupes terroristes ou d’acteurs non étatiques.      


En ouverture de la première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire1, M. Ban a exhortéles États dotés de l’arme nucléaire à redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif du désarmement nucléaire général et complet.  Il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à s’engager vers une dénucléarisation vérifiable, et la République islamique d’Iran à renforcer la transparence de son programme nucléaire.


« Aucune nation ne devrait posséder l’arme nucléaire, car il n’y a pas de bonnes mains pour de mauvaises armes », a réagi le Président de l’Iran, M. Hassan Rouhani, qui prenait la parole au nom du Mouvement des pays non alignés, à l’origine de cette réunion.  Tout en estimant qu’un monde sans arme nucléaire était un droit des peuples et la responsabilité des États, M. Rouhani a estimé que la menace que représentent les États dotés de l’arme nucléaire est la principale cause de la prolifération.  Sur le même ton, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), M. Pak Gil Yon, a estimé que la recherche nucléaire de type militaire, combinée au refus du Gouvernement des États-Unis de se débarrasser de son arsenal nucléaire, et à ses menaces, sont la cause qui justifie la volonté de certains États qui ne sont pas dotés d’armements atomiques de s’en procurer. 


« Les armes nucléaires doivent être éliminées avant qu’elles ne nous éliminent nous », a dit le Président de l’Autriche, M. Heinz Fischer, en estimant que les efforts faits à ce jour pour éloigner le monde de l’abyme nucléaire sont trop modestes, parce que les discours sur les armes nucléaires sont dominés par des considérations de sécurité nationale.  Il a appelé les décideurs à briser la logique de la dissuasion nucléaire, qui pousse des États Membres à se doter de l’arme atomique afin de contrer les menaces qu’ils perçoivent de la part d’autres États qui en possédent aussi. 


Dans le contexte des difficultés qui se posent dans l’application et l’universalisation du Traité sur la non-prolifération d’armes nucléaires (TNP) et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), plusieurs délégations ont évoqué l’importance de la contribution du Groupe de travail chargé d’élaborer des propositions pour parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Citant la paralysie qui affecte la Conférence du désarmement, de nombreuses délégations ont estimé que la création et la mise en œuvre du statut régissant de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) étaient le meilleur moyen d’avancer sur la voie du désarmement nucléaire.


La plupart des délégations ont jugé urgent de parvenir à un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires qui aurait l’avantage de servir à la fois les objectifs de désarmement et de non-prolifération.  S’exprimant au nom de la France, des États-Unis, et du Royaume-Uni, la représentante du Royaume-Uni a espéré qu’un groupe d’experts pourra, en 2014 et 2015, discuter de la confection et de l’adoption d’un tel traité, avant de rappeler que la France et le Royaume-Uni ont ramené le niveau de leurs arsenaux nucléaires à 300 unités, ogives et vecteurs inclus. 


Un certain nombre de délégations ont regretté le report de la Conférence internationale visant à créer un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires, tout en exhortant Israël à adhérer au TNP.  « L’utilisation récente d’armes de destruction massive en Syrie devrait encourager la communauté internationale à soutenir l’établissement d’une ZEAN au Moyen-Orient, a insisté  M. Didier Burkhalter, Vice-Président de la Suisse et chef du Département des affaires étrangères de son pays.  Mettant l’accent sur la responsabilité particulière des États dotés de l’arme nucléaire, le Vice-Président suisse, soutenu en ce sens par le Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Fumio Kishida, a appelé les États nucléaires à réduire la dépendance politique qu’ils ont développée envers les armes nucléaires en ce qui concerne leur doctrine de sécurité; à réduire le niveau d’alerte auquel sont placés leurs arsenaux; à cesser toute modernisation de ces armes et de leurs vecteurs et à accélérer le rythme de réduction numérique et quantitative de leurs arsenaux.


Les représentants des États-Unis et de la Fédération de Russie ont souligné les efforts déployés par leurs pays en matière de désarmement en notant que le nouveau Traité START prévoit de réduire d’un tiers leur nombre d’ogives nucléaires et de moitié celui des vecteurs, ramenant ainsi leurs arsenaux nucléaires à leurs niveaux de 1950.  Celui de la Chine a indiqué que son pays a toujours été en faveur de l’élimination de toutes les armes nucléaires, avant d’appeler les autres États dotés de l’arme nucléaire à s’engager à ne pas vouloir conserver indéfiniment ces armes.


« Si la communauté internationale semble unanime sur la nécessité de parvenir à l’objectif d’un monde sans arme nucléaire, des désaccords demeurent, entre États, sur la façon d’y arriver », a dit le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe, dans ses remarques de clôture que le président de la Réunion de haut niveau a lues.  M. Ashe a estimé que le fait que 74 chefs d’État et de gouvernement se soient exprimés au cours de cette réunion témoignait de la détermination des États Membres à parvenir au désarmement nucléaire.  À l’instar d’une représentante de la société civile et du Ministre des affaires étrangères du japon, M. Ashe a rappelé que l’usage, intentionnel ou accidentel, d’armes nucléaires produirait un impact humain et environnemental dévastateur pour la planète et la vie humaine.  


(1) Conformément aux termes de la résolution A/Rés/67/39 du 4 janvier 2013


DÉSARMEMENT GÉNÉRAL ET COMPLET: DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE


Déclarations d’ouverture


M. JOHN WILLIAM ASHE, Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, a déclaré que les États Membres étaient réunis pour la première fois dans le cadre d’une réunion sur le désarmement, 67 ans après l’adoption de la première résolution de l’Assemblée générale, le 10 janvier 1946 à Londres, appelant à l’élimination des armes nucléaires et de toutes les autres armes de destruction massive.  Alors que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) n’est toujours pas entré en vigueur, M. Ashe s’est dit persuadé que cette réunion historique aura des incidences positives sur l’avenir.  Il a dit que le fait que près de 90 délégations se soient inscrites à ce débat démontre la volonté de la communauté internationale d’en finir avec ce fléau.  « N’est-il pas ironique, alors que nous améliorons la vie des gens dans le monde, que nous consacrons encore autant de moyens aux armes de destruction massive », a-t-il demandé?  C’est pourquoi, a-t-il souhaité, il faudrait que les ressources consacrées au développement des armes nucléaires soient désormais détournées vers des investissements de développement économique et social et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a dit que le désarmement nucléaire ne doit pas rester un rêve.  Il a précisé que les efforts de dénucléarisation permettront de libérer des ressources énormes pour le développement économique et social, pour la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance, ainsi que pour la protection de l’environnement.  Cela nous assurera aussi que de telles armes ne tombent entre les mains de groupes terroristes ou de groupes armés non étatiques, a souligné le Secrétaire général.  Relevant que des progrès ont été accomplis, M. Ban Ki-moon a cité la diminution des stocks d’armes déclarés par les États nucléaires depuis des décennies, alors que les conférences d’examen de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE) ont amenés les États détenteurs d’armes nucléaires à prendre de nouveaux engagements. 


Le Secrétaire général a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs de désarmement agréés.  Il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à faire preuve de respect envers l’engagement qu’elle a pris d’aller vers une dénucléarisation vérifiable et a demandé à l’Iran de s’engager à renforcer la transparence de son programme nucléaire.  M. Ban a, en outre, demandé aux pays qui ne l’ont pas encore fait d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Ban Ki-moon a jugé que le moment était venu de conclure de nouveaux engagements juridiques avant d’appeler la Conférence du désarmement à se concentrer sur l’élaboration d’un traité d’interdiction complète de la production et de l’usage de matières fissiles à des fins militaires.  M. Ban a particulièrement félicité la société civile pour avoir su faire avancer la question de la dénucléarisation de la planète.  


M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé que les États Membres devaient débarrasser le monde des armes nucléaires et a appelé les États possédant ces armes à mettre fin aux menaces qu’ils profèrent à l’encontre des pays qui n’en détiennent pas.  En effet, a-t-il poursuivi, « tant que les armes nucléaires existeront, persistera le risque qu’elles soient utilisées et disséminées ».  M. Rouhani a en outre exhorté l’État d’Israël à adhérer au Traité de sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) afin que le Moyen-Orient devienne une région exempte d’armes nucléaires placée sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Le Président iranien a également annoncé que le Mouvement des pays non alignés présentera une résolution soutenant l’adoption d’un calendrier du désarmement nucléaire basé sur trois principes.  En premier lieu, l’ouverture de négociations, dans le cadre de la Conférence du désarmement, pour l’établissement d’une convention globale contre les armes nucléaires et l’interdiction de posséder, développer, produire, acquérir, tester, stocker, transférer, utiliser ou menacer d’utiliser ces armes.  Cette convention appellerait aussi à leur destruction.  En second lieu, il faut déclarer le 26 septembre de chaque année journée internationale pour l’interdiction des armes nucléaires afin de réitérer notre détermination d’éliminer totalement ces armes, a souligné M. Rouhani.  Enfin, a préconisé le Président de l’Iran, il faudrait organiser tous les cinq ans une Conférence internationale de haut niveau sur le désarmement nucléaire pour évaluer les progrès en la matière.  


M. HEINZ FISCHER, Président de l’Autriche, a déploré que la menace nucléaire n’ait pas reculé au cours des dernières décennies.  Il a estimé que si aujourd’hui un pays décidait d’utiliser l’arme atomique, les conséquences seraient bien plus grandes que celles causées par les bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945.  De plus ces conséquences ne pourraient être gérées par un seul État et dépasseraient de très loin les frontières du pays initialement ciblé.  Il s’est inquiété de l’émergence prévisible de nouveaux acteurs nucléaires en raison d’une plus grande accessibilité aux connaissances et à la technologie permettant de construire ces armes.  Cette circonstance rend l’adoption de nouveaux outils normatifs une nécessité urgente afin de briser la logique de la dissuasion nucléaire, a-t-il préconisé.  Cette logique pousse des États Membres à se doter de l’arme atomique afin de contrer les menaces qu’ils perçoivent de la part des Etats la possédant déjà.  « Cet argument, qui crée un cercle vicieux » est dangereux pour la paix mondiale, a-t-il estimé.


M. ELBEGDORJ TSAKHIA, Président de la Mongolie, a dit que la Mongolie apportait son appui à la proposition en cinq points du Secrétaire général concernant le désarmement nucléaire, tout en mettant l’accent sur l’urgence d’interdire l’usage de l’arme nucléaire.  Il a souhaité que le 26 septembre devienne la journée internationale de l’élimination totale de l’arme nucléaire.  Il a demandé que la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale de désarmement, soit ranimée et qu’elle ne soit plus l’otage de quelques États.  Le Président mongol a estimé que l’adoption de la Convention sur les mines antipersonnel en 1997 et de la Convention sur les armes à sous-munitions (CCM) en 2008 devait servir d’exemple.  « Ceci doit nous encourager dans notre objectif de désarmement nucléaire », a-t-il déclaré.  Le Président de la Mongolie a estimé que les zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) existantes constituent une expérience utile pour la création de nouvelles zones.  Il a demandé que l’ONU entreprenne une deuxième étude globale sur ces zones, puisque la précédente remonte à 38 ans.  La Mongolie ne sera pas un pion dans la compétition future entre les grandes puissances, mais un territoire de confiance et de stabilité, a-t-il insisté.  Il a dit que l’expérience de la Mongolie, dont le territoire a été érigé en zone exempte d’armes nucléaires, démontre que même des petits États peuvent contribuer à la vision d’un monde sans arme nucléaire. 


Mme VIOLA ONWULIRI, Ministre des affaires étrangères de la République fédérale du Nigéria, s’est élevée contre la possession d’armes nucléaires par certains États.  En effet, a-t-elle expliqué, comment peut-on soutenir la possession d’armes dont le seul but est de provoquer la mort et destruction massive de la vie humaine?  De plus, l’argument selon lequel ces armes permettraient à leurs détenteurs d’assurer leur sécurité s’est avéré faux et contre-productif en raison de la prolifération à laquelle nous assistons, a estimé Mme Onwuliri.  Elle a appelé à l’ouverture de négociations autour de l’adoption d’une convention interdisant la possession, le développement, la production, l’acquisition, les tests, le transfert et l’utilisation des armes atomiques.  Elle a en outre exprimé le soutien du Nigéria à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient, et a appelé tous les États Membres à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.


Rappelant que son pays est le seul pays au monde qui a été la cible de deux frappes à l’arme nucléaire, M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a déploré l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, alors que la situation en matière de dissémination d’armements est de plus en plus imprévisible, compte tenu de la prolifération des armes de destruction massive.  Tous les États dotés de l’arme nucléaire doivent réduire le nombre de leurs ogives et vecteurs nucléaires et améliorer la transparence en ce qui concerne leurs arsenaux et doctrines.  Le Premier Ministre japonais a salué le discours du Président Barack Obama à Berlin en juin dernier, par lequel il s’est engagé à réduire d’un tiers le nombre des armes nucléaires américaines.  M. Abe a dit que le Japon restait attaché aux trois piliers du désarmement nucléaire.  Il a dit que les destructions d’Hiroshima et de Nagasaki nous rappellent les conséquences humaines et humanitaires de l’utilisation de ces armes.  Les répercussions et les effets qu’elles entraînent iront cependant bien au-delà de notre imagination si ces armes sont à nouveau utilisées, a-t-il prévenu.  C’est pourquoi, a-t-il dit, le Japon exhorte tous les dirigeants à se rendre à Hiroshima et Nagasaki pour prendre conscience des conséquences de l’usage de l’arme nucléaire.  Alors que le Japon commémorera, en 2015, le soixante dixième anniversaire de cet événement tragique, le Premier Ministre du Japon a souhaité que les États surmontent leurs différends et unissent leurs efforts pour parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires.   


M. BRUNO RODRĺGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que la région qu’il représentait était la première zone densément peuplée à avoir rempli les conditions requises pour être reconnue comme une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN).  Il a exhorté les États possédant l’arme atomique de retirer les réserves qu’ils ont émises contre les Protocoles additionesls I et II du Traité de Tlatelolco, qui fait de l’Amérique latine et des Caraïbes une ZEAN.  Il a en outre appelé tous les membres de la communauté internationale à ratifier sans délai et sans exception le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a cependant tenu a exprimé le soutien de la CELAC au développement et à la possession de l’énergie atomique à des fins pacifiques par des États ayant ratifié le Traité de sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  M. Rodríguez Parrilla a également dit que les États de la CELAC soutiennent la tenue d’une conférence internationale de haut niveau sur le désarmement nucléaire


Débat de fond


Le premier débat de fond de la Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire a été l’occasion pour de nombreuses délégations de souhaiter que l’opportunité présentée par cette Réunion soit saisie par tous les États Membres pour réaffirmer un engagement politique qui permettrait à la communauté internationale de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  « Cette réunion doit nous aider à définir la démarche commune dans laquelle nous devons nous engager pour parvenir au désarmement nucléaire », a dit le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Erlan A. Idrissov.


Dans le contexte des difficultés qui se posent dans l’application et l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), plusieurs délégations ont évoqué l’importance des travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé d’élaborer des propositions visant à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, ceci en vue de favoriser l’avènement définitif d’un monde sans armes nucléaires.  Plusieurs délégations ont jugé urgent de parvenir à un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.  Citant la paralysie de la Conférence du désarmement, de nombreuses délégations ont estimé que la mise en œuvre de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) était le meilleur moyen d’avancer sur la voie du désarmement nucléaire au niveau mondial.


Dans ce contexte, plusieurs chefs de délégations, dont le Premier Ministre de la Malaisie, M. Najib Tun Razak, et le Ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, M. Franciscus Timmermans, ont particulièrement regretté le report de la Conférence internationale pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, M. Osman Saleh Mohammed, a invité les États du Moyen-Orient à suivre la voie du continent africain lequel est devenu une ZEAN avec l’entrée en vigueur en 2010 du Traité de Pelindaba. 


Au nom du Groupe des États arabes, M. Ali Zeidan, Premier Ministre de la Libye, a fustigé l’intransigeance des Israéliens qui s’opposent à l’objectif d’un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires.  Au nom de son pays, M. Zeidan a dit que la seule chose qui peut garantir le non-usage des armes nucléaires serait qu’aucun pays n’en possède. 


M. Didier Burkhalter, Vice-Président de la Suisse et chef du Département des affaires étrangères de son pays, a estimé que l’utilisation récente d’armes de destruction massive en Syrie devrait encourager la communauté internationale à soutenir l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.


Mettant l’accent sur la responsabilité particulière qu’ont les États dotés de l’arme nucléaire en matière de désarmement atomique, M. Burkhalter, appuyé dans ce sens par le Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Fumio Kishida, a appelé les États nucléaires à réduire la dépendance politique qu’ils ont développée envers les armes nucléaires en ce qui concerne leur doctrine de sécurité, ainsi qu’à faire baisser le niveau d’alerte sur lequel ils ont mis leurs armes, à mettre fin à toute modernisation de ces armes et de leurs vecteurs, et à accélérer le rythme de réduction numérique et quantitative de leurs arsenaux.


M. JIŘÍ Rusnok, Premier Ministre de la République tchèque, et M. Karl Erjavec, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangère de la Slovénie ont mis l’accent sur la pertinence de l’ordre du jour défini en 2009 à Prague en matière de désarmement nucléaire.  Si le premier a précisé que les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) démontraient la nécessité de renforcer le TNP, le second a salué les efforts de désarmement des États-Unis et de la Fédération de Russie qui se sont traduits par une réduction de 70% de leurs stocks d’armes.  Notant que le TNP et le TICE n’étaient que deux pièces importantes d’un tableau plus large du désarmement nucléaire, M. Erjavec, à l’instar d’autres chefs de délégations, a souligné l’importance du Groupe de travail à composition non limitée pour le désarmement nucléaire.  


Si de nombreuses délégations ont regretté la paralysie de la Conférence du désarmement en raison de la politique du deux poids deux mesures pratiquée par certaines délégations, le Premier Ministre du Pakistan, M. Muhammad Nawaz Sharif, a déclaré que son pays était prêt à s’engager dans un désarmement nucléaire complet et vérifiable en se disant conscient des conséquences néfastes d’une course aux armements en Asie du Sud.  Il a souhaité que la sécurité de tous les États et peuples soit garantie, et non pas seulement celle de quelques pays et populations qui se comporteraient comme ayant droit à un statut de privilégiés.


Le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Salman Khurshid, a indiqué que son pays refusait de participer à une course aux armes nucléaires et était prêt à négocier un traité de non usage de l’arme nucléaire en premier recours.  Insistant sur les initiatives répétées lancées par l’Inde en faveur du désarmement, il a indiqué que si le plan d’action de 1988 initié par Rajiv Gandhi pour un monde exempt d’armes nucléaire avait été mis en œuvre, le monde aurait été débarrassé des armes nucléaires en 2008. 


Le désarmement nucléaire n’est pas seulement une obligation juridique mais aussi un impératif moral, a dit le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, M. Nabil Fahmy, qui s’exprimait au nom de la Coalition pour un nouvel agenda, avant de parler de la menace que constituent les 20 000 ogives nucléaires disséminées à travers le monde.  Intervenant en sa qualité de Ministre égyptien, M. Fahmy a mis l’accent sur la responsabilité qui incombe aux cinq principales puissances nucléaires en matière de désarmement. 


« Vivant à proximité de trois puissances nucléaires, le Bangladesh a des raisons d’être inquiet » a dit la Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina avant d’appeler les États nucléaires et toute autre partie à prêter attention à la voix des 185 États non nucléaires.  Elle a appelé les participants à la Réunion de haut niveau à relancer la Conférence du désarmement, en mettant l’accent sur l’urgence de parvenir à un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires et à un instrument juridiquement contraignant en la matière.


Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. Wunna Maung Lwin, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a appelé à une élimination totale des armes nucléaires dans le cadre d’un calendrier précis.  Rappelant que l’existence de ces armes fait peser une menace sur toute l’humanité, M. Lwin a lancé un appel en faveur de la mise en œuvre du plan d’action de la Conférence 2010 du TNP.


Au nom de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Franciscus Timmermans, s’est inquiété de l’accumulation apparente d’ogives dans les arsenaux nucléaires de certains États en priant ceux qui ne participent pas encore aux efforts de désarmement à réduire ces arsenaux.


Le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, M. Hoshyar Zebari, a dit que l’adhésion de tous les États à toutes les conventions d’interdiction des armes de destruction massives était le meilleur moyen de garantir la paix et la stabilité mondiales. 


Plusieurs délégations ont salué la prise de conscience croissante des lourdes conséquences humanitaires de l’utilisation de l’arme nucléaire en saluant l’importance de la Conférence d’Oslo de 2013 sur cette question, qui sera suivie par une Conférence de suivi au Mexique en 2014.  « Il est utile de bien faire connaître les conséquences et les retombées négatives qu’entraîne l’utilisation de ces armes », a dit le Ministre des affaires étrangères du Japon, en rappelant que l’utilisation de l’arme nucléaire n’entraîne pas seulement des destructions immédiates, mais qu’elle a des répercussions économiques, environnementales et sanitaires sur plusieurs générations. Il a invité les délégations à se rendre à Nagasaki et Hiroshima pour en prendre conscience.


M. CHRISTOPHER LAORE, représentant des Îles Salomon, a rappelé que trois pays dotés de l’arme atomique avaient procédé à des tests nucléaires dans le Pacifique jusque dans les années 60.  Des populations des pays de la région du Pacifique ont été déplacées et souffrent aujourd’hui de maladies congénitales, a-t-il insisté.    


« Aucun peuple, aucune nation ne devrait être le témoin de telles atrocités », a déclaré le Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, M. PHILIPPE MULLER, après avoir rappelé que son pays avait été le théâtre de 67 essais nucléaires.  Ces essais avaient été autorisés par les Nations Unies et, en particulier, le Conseil de tutelle par la résolution 1082, s’est-il ému, en affirmant que la population des Îles Marshall avait été poussée à l’exil et exposée à de sérieux problèmes de santé.


M. OKELLO ORYEM, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a également appelé les États Membres à éliminer les armes nucléaires, tout en soutenant l’ambition de certains pays de pouvoir utiliser l’énergie atomique à des fins pacifiques.   


« Un monde exempt d’armes nucléaires ne peut être atteint qu’au terme d’un processus graduel et global, a soutenu M. PASCAL TEXEIRA DA SILVA, délégué de la France, en précisant que des processus parallèles seraient contre productifs.  Appuyé en ce sens par les délégués du Royaume-Uni et des États-Unis, il a jugé que le désarmement nucléaire ne devait pas mener à une course à l’armement dans d’autres domaines, et c’est pourquoi, a-t-il estimé, il faudrait conduire une démarche globale de désarmement. 


M. GEOFFREY SHAW, représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a mis en exergue le rôle des accords dits de sauvegarde signés par de nombreux États et prévoyant des visites d’inspection par l’AIEA.  Il a déclaré que 12 États non dotés d’armes nucléaires n’avaient pas encore signé d’accords de ce type et les a exhortés à le faire.


Mme FIONA BLYTH (Royaume-Uni), s’exprimant au nom de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni, a réitéré l’appel lancé par ces trois pays pour l’adoption d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles et a dit espérer qu’un groupe d’experts pourra se réunir en 2014 et 2015 pour discuter d’une telle perspective.  Elle a par ailleurs rappelé que la France et le Royaume-Uni avaient ramené leur arsenal nucléaire à 300 unités, ogives et vecteurs compris.  Elle a conclu en estimant que le meilleur moyen de parvenir à un désarmement nucléaire était d’œuvrer pour la sécurité mondiale en mettant fin à toutes les menaces.


Mme ANITA FRIEDT (États-Unis) a rappelé, quant à elle, les initiatives du Président Obama visant à réduire l’arsenal nucléaire américain au cours de ces dernières années, notamment la signature du nouveau Traité START, entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Ce Traité va ramener, a-t-elle dit, l’arsenal nucléaire des deux pays à son niveau de 1950.  Elle a par ailleurs réitéré l’appel de son pays en faveur de l’élaboration d’un traité interdisant la production des matières fissiles et regretté vivement les échecs rencontrés par la Conférence sur le désarmement à faire progresser cette question.


M. ALEXEI KARPOV (Fédération de Russie) a déclaré que son pays considérait que le désarmement était un des moyens de renforcer la sécurité et la stabilité internationales.  En outre, il a estimé que le nouveau Traité START était un pas en avant en matière de désarmement nucléaire car il prévoit de réduire d’un tiers le nombre d’ogives nucléaires et de moitié les vecteurs.  Il a considéré qu’il était important d’associer à ce traité bilatéral d’autres États, y compris ceux n’ayant pas ratifié le Traité de non-prolifération.


M. PANG SEN (Chine) a estimé que les États dotés de l’arme atomique devraient s’engager à ne pas chercher de posséder d’arme de façon permanente et les États non dotés devraient ne pas chercher à s’en doter.  Il a par ailleurs estimé que l’émergence d’armes non nucléaires stratégiques menaçait les ambitions internationales de désarmement nucléaire.


Mme LYNNE YELICH, Ministre d’État en charge des affaires étrangères et consulaires du Canada, a abordé le programme nucléaire iranien en exhortant ce pays à ouvrir son programme nucléaire aux inspections de l’AIEA afin de prouver qu’il est aussi pacifique qu’il l’affirme et a, à ce titre, encouragé le Conseil de sécurité à imposer des sanctions plus fermes à l’Iran. 


Le représentant de lArabie saoudite a fait écho à ces inquiétudes, en appelant l’Iran à ouvrir son programme nucléaire aux inspecteurs de l’AIEA et a également exprimé son inquiétude à propos du réacteur nucléaire de Bushehr.  Ce réacteur se trouve en effet sur une zone sismique qui, a-t-il rappelé, avait été frappée par un tremblement de terre en février 2012.  De son côté, le délégué du Vénézuéla a exprimé le soutien total de son pays à la volonté iranienne de se doter de l’énergie atomique et a fustigé Israël de détenir clandestinement l’arme atomique.  


Le représentant de la Turquie a regretté que la communauté internationale ne parvienne pas à organiser une conférence en vue de déclarer le Moyen-Orient, zone exempte d’armes nucléaires.  « Nous exhortons tous les États de la région à participer à cette conférence », a-t-il insisté.  


M. SHIN DONG-IK, Vice-Ministre en chargé des affaires multilatérales et globales au sein du Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a pour sa part dénoncé les essais nucléaires de février 2012 et de 2013 lancés par la République populaire démocratique de Corée, lesquels constituent, selon lui, des violations flagrantes des obligations internationales de ce pays.  La RPDC doit respecter les résolutions du Conseil de sécurité qui appellent à éliminer tous les programmes nucléaires nord-coréens de façon irréversible et complète.


M. PAK GIL YON, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire de Corée, a estimé que, sous couvert de non-prolifération, de nombreux pays se livraient à la recherche de nouvelles armes nucléaires afin de renforcer leur supériorité.  Cette tendance combinée au refus des États-Unis de se débarrasser de son arsenal nucléaire renforce la volonté de certains États non dotés de ce type d’armement de s’en procurer.  Il a également accusé les États-Unis d’avoir introduit des armes nucléaires en République de Corée pour menacer son pays.


M. CARLOS ANTONIO DA ROCHA PARANHOS, Vice-Ministre des affaires politiques au sein du Ministère des relations extérieures du Brésil, a appelé la communauté internationale à faire preuve de la même détermination au sujet des armes nucléaires qu’elle a démontrée dans le passé en ratifiant des traités d’interdiction des armes chimiques.


Déclaration de clôture


Dans ses remarques de clôture, lues par le président de la Réunion de haut niveau, le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe, a souligné que le fait que 74 chefs d’État et de gouvernement s’étaient exprimés au cours de la Réunion de haut niveau témoignait de la détermination des États Membres à poursuivre leur effort dans le sens du désarmement nucléaire.  Il a également salué l’engagement de la société civile, laquelle a joué et continue de jouer un rôle important dans le programme de désarmement.  Il a ensuite reconnu que la communauté internationale semble unanime sur la nécessité de parvenir à l’objectif d’un monde sans arme nucléaire, mais a relevé que des désaccords demeurent, entre États, sur la voie à choisir pour y arriver.  « Quelles devraient être les prochaines étapes en vue d’atteindre cet objectif? », a demandé le Président de l’Assemblée générale, tout en précisant que les désaccords entre les différentes vues, bien qu’étant normaux, ne devaient pas constituer un obstacle sur le chemin menant à un monde exempt d’armes nucléaires. 


M. Ashe a rappelé par la suite que les délégations avaient fait part de leur inquiétude sur le fait que des milliers d’armes nucléaires étaient soit déployées, soit en réserve, et il a rappelé que leur usage, intentionnel ou accidentel, produirait un impact humain et environnemental dévastateur sur la planète.  Il a ensuite noté que de nombreux intervenants de la Réunion de haut niveau avaient fait part de leur déception face à l’absence de volonté politique pour parvenir à un accord sur des sujets cruciaux qui pourraient figurer au programme et à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement.  De même, ce manque de volonté pourrait constituer un obstacle à la réussite de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui aura lieu en 2015, a-t-il relevé. 


Le Président de l’Assemblée générale a aussi mentionné le lien entre le désarmement nucléaire et la non-prolifération, et a précisé que ces deux processus devaient être mis en place par tous les États, y compris ceux qui n’ont pas encore ratifié le TNP.  Dans la même veine, certaines puissances nucléaires, a-t-il relevé, ont souhaité que les mesures concrètes de désarmement nucléaire relèvent de la responsabilité commune, et que tous les États coopèrent à la mise en place de conditions et d’un environnement dans lesquels le désarmement et la non-prolifération nucléaires pourraient être menés dans le respect des principes d’irréversibilité, de vérifiabilité et de transparence préconisés.  M. Ashe a rappelé que les participants à la Réunion ont appelé à l’entrée en vigueur universelle du TNP, et au début des négociations pour un traité relatif à l’interdiction de la production de matériaux fissiles à des fins militaires.  Il a, en outre, noté que des participants ont émis le vœu de voir la date du 26 septembre devenir la « Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires ».  M. John Ashe a, par ailleurs, rappelé que le désarmement nucléaire contribuerait à la création d’un monde plus sûr, et permettrait de rediriger des ressources vers la promotion du développement et en faveur de l’éradication de la pauvreté.  « Il s’agit là d’un bien public mondial de la plus haute importance pour lequel nous sommes obligés d’agir pour le bien de toute l’humanité », a-t-il conclu.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.