Les Ministres des États membres de l’ECOSOC s’engagent à renforcer l’efficacité de cet organe pour mieux promouvoir le développement durable
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Conseil économique et social
Réunion ministérielle extraordinaire
50e séance – après-midi & soir
LES MINISTRES DES ÉTATS MEMBRES DE L’ECOSOC S’ENGAGENT À RENFORCER L’EFFICACITÉ
DE CET ORGANE POUR MIEUX PROMOUVOIR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Les ministres des États membres du Conseil économique et social (ECOSOC) se sont engagés, aujourd’hui, à renforcer cet organe afin de le rendre « plus efficace et efficient », en améliorant notamment la cohérence et la coordination, en vue de mieux promouvoir le développement durable.
Dans une déclaration conjointe, signée à l’occasion d’une réunion ministérielle extraordinaire de l’ECOSOC, ils soulignent la nécessité d’une « action collective » pour relever les défis du développement durable.
Les ministres se disent « déterminés à promouvoir un système multilatéral inclusif, transparent et efficace pour mieux faire face aux défis mondiaux urgents d’aujourd’hui » et réaffirment leur « engagement à promouvoir et à renforcer l’efficacité et l’efficience du système des Nations Unies ».
L'objectif principal de cette Réunion ministérielle extraordinaire, qui a été ouverte par les déclarations du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, du Président de l’ECOSOC, M. Miloš Koterec (Slovaquie), du Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić (Serbie), et du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, était d'examiner les mesures nécessaires à prendre pour aboutir à un système multilatéral renforcé et plus efficace apte à relever les défis mondiaux urgents du développement durable.
Cette nécessité avait été exprimée à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 ». Dans « L’Avenir que nous voulons », le Document final* de Rio+20, les dirigeants du monde ont reconnu le « rôle essentiel » que l’ECOSOC joue dans la réalisation d’une « intégration équilibrée » des trois dimensions –économique, sociale et environnementale- du développement durable.
Dans leur déclaration, les ministres, qui réaffirment ce rôle clef, considèrent qu’un modèle de développement plus durable ne pourra être réalisé que grâce à une alliance large composée de personnes, de gouvernements, de la société civile et du secteur privé, ainsi qu’il est stipulé dans le Document final de Rio+20.
Après le segment d’ouverture, la Réunion ministérielle extraordinaire de l’ECOSOC s’est poursuivie par une table ronde organisée sur le thème « Un système multilatéral inclusif, renforcé et efficace pour la réalisation du développement durable - Quelles sont les mesures requises? » et un dialogue auquel ont pris part une cinquantaine de ministres.
OUVERTURE DE LA RÉUNION
Déclarations liminaires
Ouvrant la Réunion ministérielle extraordinaire consacrée à la question du développement durable, M. MILOŠ KOTEREC (Slovaquie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le monde faisait face à de nombreux défis. Entre autres évolutions décevantes, a-t-il dit, l’économie mondiale n’a progressé que de 2,8% au cours du premier semestre de cette année, soit le rythme de croissance le plus lent depuis 2009, lorsque le monde subissait une récession difficile. Les inégalités de revenus se sont accrues de façon importante dans la plupart des pays riches. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de plusieurs dizaines de pour cent au cours des dernières années, après un siècle de baisse constante, a constaté M. Koterec.
Le Président de l’ECOSOC a estimé que les solutions nationales seules ne suffisaient pas pour résoudre de tels problèmes. Toutefois, a-t-il ajouté, il est possible de réorienter les institutions multilatérales vers une plus grande efficacité. M. Koterec a mis l’accent sur l’importance de redéfinir le travail futur des Nations Unies en matière de développement. Bâtir l’avenir durable que nous voulons ne sera pas chose facile, a-t-il admis, notant qu’une fondation solide ne pouvait reposer que sur des principes partagés par tous les acteurs de la communauté internationale.
M. Koterec a fait remarquer que l’ECOSOC se trouvait au centre de nombreux partenariats forts, aussi bien au sein de la famille des Nations Unies qu’avec d’autres institutions multilatérales. Alors que se développent de nouveaux groupements, tels que le G-20, et des arrangements multilatéraux sur les questions économiques mondiales, l’ECOSOC devrait s’assurer que le cadre consultatif approprié est bien en place en vue de relever les défis de l’économie mondiale, a estimé le Président de l’ECOSOC.
Le Conseil, a-t-il déclaré, reconnaît l’importance de partenariats publics privés forts. C’est pourquoi l’ECOSOC a accru la participation des organisations non gouvernementales à ses travaux au cours des dernières années, renforcé les liens avec les universités et les jeunes, et noué des engagements encore plus forts et plus nombreux avec le monde des affaires.
Il faut repenser de façon majeure le système, a préconisé le Président de l’ECOSOC, plaidant en faveur d’une cohésion plus grande entre les piliers social, économique et environnemental du développement durable. Il convient, a-t-il estimé, d’éviter la tentation de créer des structures parallèles et d’œuvrer à renouveler et revitaliser les arrangements institutionnels existants. M. Koterec a ainsi exhorté les États Membres à faire des propositions courageuses et visionnaires. Il faut que soit suscité un élan politique pour revitaliser et reconcevoir les institutions mondiales, a conclu le Président de l’ECOSOC.
M. VUK JEREMIĆ (Serbie), Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, a affirmé sa détermination à œuvrer au renforcement, très utile, a-t-il dit, des deux institutions des Nations Unies que sont l’Assemblée générale et l’ECOSOC. Un Conseil économique et social plus dynamique contribue plus efficacement au travail de l’Assemblée générale, a dit M. Jeremić, mettant l’accent sur la nécessité de faire avancer les aspects économiques et sociaux de l’Agenda pour le développement des Nations Unies et promouvoir les droits de l’homme.
M. Jeremić a dit attendre avec impatience les résultats des délibérations de la réunion ministérielle de l’ECOSOC. Il a souligné l’importance de se concentrer de façon plus intense sur l’Agenda pour le développement de l’après-2015. Il est essentiel de rester sur la même longueur d’onde, a-t-il dit, notant que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 avait souligné l’importance d’une coordination et d’une cohésion plus grandes au niveau international pour que puissent être relevés les nombreux défis d’aujourd’hui. « Nous devons travailler ensemble », a-t-il déclaré, plaidant pour la mobilisation de ressources additionnelles.
Le Président de l’Assemblée générale a observé que les institutions financières internationales et des groupements tels que le G-20 jouaient un rôle critique. L’Assemblée générale est le principal organe délibérant de l’Organisation, a-t-il rappelé, estimant qu’elle devait, à ce titre, participer de façon plus active à l’action économique et financière mondiale pour en faire avancer le discours économique et politique. Il a espéré qu’un cadre de dialogue et de collaboration efficace entre l’Assemblée et les institutions financières internationales et des organes tels que le G-20 pourra être établi au cours des prochaines années.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que les dirigeants mondiaux, lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », avaient reconnu la nécessité d’un système multilatéral plus performant pour le développement durable et celle de s’engager en faveur de l’amélioration de l’efficacité du système des Nations Unies, y compris celle du Conseil économique et social. Un système multilatéral renforcé doit pouvoir être en mesure de traiter les difficultés immédiates et, plus largement, les défis du développement durable, de la pauvreté, du chômage élevé et de l’insécurité alimentaire à la perte de la biodiversité et aux changements climatiques, a dit M. Ban.
Ce qui signifie, a-t-il déclaré, être cohérent et coordonné, et faire davantage pour intégrer les piliers économique, social et environnemental du développement durable dans l’élaboration des politiques à tous les niveaux.
M. Ban a ainsi présenté cinq défis à relever auxquels l’ECOSOC peut apporter une contribution importante.
Premièrement, il faut, a-t-il dit, une solution coordonnée à la crise mondiale de l’emploi, ainsi qu’une action pour éviter une nouvelle récession planétaire. Cela passe, a-t-il précisé, par le règlement de la question urgente du chômage des jeunes et par la pleine participation des femmes à la force de travail.
Ensuite, les pays donateurs doivent honorer leurs engagements à développer le monde. Troisièmement, il convient de continuer à placer la sécurité alimentaire en tête de l’agenda du développement pour relever le « Défi Faim zéro » lancé lors de la Conférence Rio+20.
Quatrièmement, il faut saisir les nombreuses et diverses opportunités présentées à Rio+20, particulièrement en faveur d’une économie verte inclusive. Enfin, il est nécessaire, a préconisé le Secrétaire général, de revitaliser le Cycle de négociations de Doha et de faire reculer les mesures protectionnistes.
Rio+20, a-t-il déclaré, a établi une plate-forme solide sur laquelle bâtir, et a fourni les outils appropriés. « Il est temps désormais d’en assurer le suivi, de se mettre au travail, d’être pratique. Il n’y a pas de temps à perdre », a ajouté M. Ban, précisant qu’il présenterait l’an prochain les recommandations de son Groupe de haut niveau sur l’Agenda pour le développement des Nations Unies de l’après-2015.
M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné que cette réunion de l’ECOSOC avait lieu alors que se déroulent trois processus importants au sein des Nations Unies: le suivi de Rio+20, le travail accru sur l’Agenda pour le développement de l’après-2015, et l’initiative de réforme de l’ECOSOC. À Rio, a-t-il expliqué, les dirigeants mondiaux ont reconnu l’importance capitale d’un système multilatéral ouvert, transparent, réformé, renforcé et efficace pour mieux affronter aujourd’hui les problèmes mondiaux urgents qui se posent en matière de développement durable.
Le Secrétaire général adjoint a estimé que la structure démocratique de l’ECOSOC et sa nature inclusive lui donnaient sa légitimité. Le système de l’ECOSOC a néanmoins besoin d’être transformé, a-t-il observé, mettant l’accent sur la nécessité de procéder à des changements substantiels concernant l’établissement de son ordre du jour et ses méthodes de travail. Il a ainsi dit attendre avec impatience les vues des États Membres sur la meilleure façon de procéder au renforcement du Conseil économique et social.
Table ronde sur le thème « Un système multilatéral inclusif, renforcé et efficace pour la réalisation du développement durable – Quelles sont les mesures requises? »
Déclarations des panélistes
M. GERT ROSENTHAL, (Guatemala), ancien Président du Conseil économique et social, a estimé que dans une économie mondiale interdépendante, un « discours multilatéral » s’imposait comme moyen de s’accorder sur les décisions politiques concertées à prendre en matière d’économie, de finances et de questions sociales et environnementales, ainsi que pour coordonner ces dernières afin qu’elles aient le maximum d’impact et que le suivi en soit correctement assuré. Il a estimé qu’afin d’assurer une plus grande cohérence et efficacité, un arrangement du type du G-20 s’imposait. Les principales parties prenantes doivent disposer d’un forum au sein duquel elles pourront prendre des décisions collectives destinées à orienter l’économie internationale vers la stabilité, la prospérité et l’inclusivité, a-t-il recommandé. Il a par ailleurs estimé que, contrairement aux conclusions de « Rio+20 », toutes les questions économiques, sociales et environnementales ne devaient pas forcément être regroupées sous l’égide d’un arrangement centralisé. Après tout, la décentralisation de l’architecture des agences spécialisées a plutôt bien servi au cours de ses 60 dernières années, a-t-il fait observer.
M. Rosenthal n’en a pas moins estimé que l’ONU était particulièrement bien placée pour jouer un rôle « robuste » dans le domaine du développement durable à large échelle. Mais le véritable problème est de savoir « qui fait quoi » au sein même de l’ONU dans ce domaine, a ajouté l’ancien Président de l’ECOSOC pour qui la réaffirmation du rôle de cet organe lors de Rio+20 était en fait une réaffirmation des fonctions dont l’ECOSOC ne s’était pas acquitté avec succès dans le passé. Le Conseil économique et social (ECOSOC) a perdu son pouvoir de rassemblement à tel point qu’un ministre des finances daigne rarement gratifier l’ECOSOC de sa présence, a déploré M. Rosenthal qui a également pointé du doigt l’incapacité de l’ECOSOC à coordonner les activités de ses organes subsidiaires devenus « insubordonnés » et le fait que l’on n’ait toujours pas réussi à régler le problème du chevauchement entre les travaux de l’ECOSOC et ceux de l’Assemblée générale. Voilà les problèmes auxquels il faut trouver une solution si on veut renforcer l’ECOSOC et repenser ses fonctions principales, a-t-il souligné.
L’ancien président de l’ECOSOC a également fait observer que le Document final de Rio+20 ne précisait pas si le nouveau « forum politique de haut niveau » destiné à remplacer la Commission du développement durable serait placé sous l’égide de l’Assemblée générale ou de l’ECOSOC. Ce dernier cas de figure insufflerait un nouvel élan à l’ECOSOC, a-t-il estimé.
M. Rosenthal a ensuite engagé les États Membres à éviter d’imposer à l’ECOSOC des tâches dont on sait qu’elles ne sont pas réalistes. Il a également plaidé pour le renforcement de la capacité de rassemblement de l’ECOSOC en veillant à la bonne préparation et planification de ses activités. Il importe également de tirer pleinement parti des principales qualités de l’ECOSOC, notamment l’interaction avec les institutions de Bretton Woods et sa fonction de « porte d’entrée de l’ONU » pour les ONG, la société civile et le secteur privé, qui sont autant d’alliés potentiels capables de renforcer le rôle de l’ONU dans le domaine du développement, a-t-il préconisé. M. Rosenthal a aussi évoqué la nécessité de renforcer le Secrétariat, mais également celle de résoudre les questions de juridiction entre l’Assemblée générale et l’ECOSOC concernant la répartition de leurs tâches respectives. Enfin, a-t-il ajouté, il conviendrait aussi d’envisager de changer le calendrier des réunions en fonction de l’impact potentiel de chaque segment. Il n’existe aucun argument convaincant pour la tenue d’une session substantive de l’ECOSOC durant quatre semaines, a-t-il indiqué.
Avant de penser à l’avenir de l’ECOSOC, il conviendrait de réexaminer son passé, a estimé M. TIMOTHY WIRTH, Président de la Fondation pour les Nations Unies. Il a évoqué l’adoption, pendant les années 1960, d’une charte pour l’intégration de questions d’ordre économique à l’agenda du Conseil. Les années 1970 ont mis l’accent sur une meilleure coordination des aides publiques au développement (APD), tandis que les années 1980 ont, quant à elles, vu le parrainage, par l’ECOSOC, d’une conférence mondiale qui a eu un grand effet sur la coordination des efforts des États Membres. C’est à la suite des délibérations de l’ECOSOC que le potentiel des OMD a été identifié, a souligné M. Wirth pour qui l’ECOSOC a fait un travail remarquable pour aider la communauté internationale à comprendre des questions très complexes.
Wirth a ensuite recommandé l’inscription à l’ordre du jour du Conseil de quatre questions d’urgence pour que l’ECOSOC en délibère. Il importe en premier lieu de réfléchir à la seconde phase des OMD et comment y inclure la question du développement, a-t-il suggéré. Il faut également mettre la question de l’énergie au centre des travaux de l’ONU, tâche particulièrement pertinente pour l’ECOSOC, ajouté M. Wirth. À Rio, a-t-il ajouté, l’importance du rôle du secteur privé a été évoquée à maintes reprises, mais l’ONU semble aborder cette question avec suspicion. Pour M. Wirth, il existe de grandes possibilités pour l’ONU de rejoindre le leadership du secteur privé et concrétiser ainsi un certain nombre de partenariats. Il a également souligné la nécessité de s’assurer que la question du genre et de la parité demeure au cœur des travaux de l’ONU pour que soient mieux comprises les questions qui en relèvent.
M. MUNIR AKRAM, ancien Président du Conseil économique et social, a fait observer que la question du renforcement de l’ECOSOC avait déjà été évoquée, il y a 40 ans. Un besoin plus grand de cohésion politique et de mise en œuvre efficace est manifeste concernant le fonctionnement de l’ECOSOC, a-t-il indiqué. Il a estimé qu’une réforme fragmentaire de l’agenda de l’ECOSOC n’était pas possible. Il faut tout revoir, a-t-il lancé. Trop de délégations sont attachées à trop de points de l’ordre du jour actuel, ce qui signifie que l’on ne peut pas procéder par élimination. Pour M. Akram, l’ECOSOC doit se pencher en premier lieu sur les OMD et les objectifs de développement internationalement agréés, sans oublier les décisions prises lors de Rio+20.
Pour ce qui est de la structure de l’ECOSOC, M. Akram a estimé que le problème est de savoir comment créer un forum efficace en matière de prise de décisions. Le chiffre magique de 27 a été évoqué à maintes reprises, ce qui représente la moitié des membres actuels du Conseil, a-t-il relevé. Il a estimé que ce groupe de 27 devait remplacer le G-20 qui, a-t-il affirmé, « manque de légitimité ». Au sein des 27, a-t-il proposé, il pourrait y avoir des membres permanents et non permanents qui siégeraient sur la base d’une rotation.
En outre, a enchainé M. Akram, l’ECOSOC n’a pas su profiter des secrétariats mis à sa disposition. De son avis, l’ECOSOC devrait pouvoir profiter de l’ensemble des secrétariats de l’ONU pour que chaque institution puisse participer à ses travaux.
Débat interactif
Comment assurer la pertinence de l’ECOSOC et sa capacité à établir le programme du document « L’avenir que nous voulons », adapté à l’issue de la Conférence Rio+20. Comment éviter une dispersion de ses efforts, s’adresser au plus grand nombre possible de protagonistes, veiller à ce que les priorités les plus importantes soient dûment débattues, et assurer le suivi des initiatives? Telles ont été certaines des préoccupations soulevées par les délégations pendant ce débat au cours duquel la nécessité pour l’ECOSOC d’améliorer sa capacité de leadership intellectuel et de maximiser son pouvoir de convocation a été soulignée à plusieurs reprises.
« C’est comme au football, les joueurs doivent se trouver au bon endroit au bon moment, et l’ECOSOC doit apprendre à faire de même », a lancé le représentant du Pakistan pour qui l’ECOSOC ne doit pas se limiter à répéter les débats déjà tenus par l’Assemblée générale.
Le Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie a constaté qu’une approche sectorielle ne parviendra jamais à répondre aux défis internationaux, estimant au contraire qu’il faut aborder la question sur une perspective à long terme et intégrer de manière concrète les trois piliers du développement durable. Il faut également donner plus de souplesse à la manière dont travaille l’ECOSOC et lui trouver des méthodes de travail simplifiées pour y faciliter la conclusion d’accords, a-t-il ajouté.
De son côté, le Ministre de la Belgique a insisté sur l’importance de la structure du Conseil, car, a-t-il fait observer, « sans structure, la meilleure volonté du monde ne suffira pas ». Il a notamment estimé que la création du forum de haut niveau préconisé à Rio+20 devait se faire en parfaite cohésion avec l’ECOSOC, lequel, a-t-il ajouté, doit demeurer le noyau des opérations normatives et maintenir son ouverture à la société civile et aux ONG. Il a ensuite appelé les délégations à fixer le mois de mai prochain comme délai pour arrêter des décisions claires pour la création du nouveau modèle d’architecture internationale dont la monde a besoin en la matière.
« Sommes-nous déjà dans un mode de multilatéralisme conçu sur mesure? », s’est interrogé à son tour le représentant du Mexique qui, tout en ayant à l’esprit les « capacités impressionnantes » du G-20, a rappelé que le mécanisme informel de l’ECOSOC avait réussi à débloquer certains processus pour favoriser la mise en œuvre de l’Agenda pour le développement. En outre, la participation des ONG et de la société civile parviendra-t-elle à rétablir un sens de la propriété à l’ECOSOC, concernant les questions relevant du mandat qui est le sien, s’est-il demandé.
À son tour, le représentant de l’Indonésie a estimé que l’ECOSOC devait maintenir sa fonction de pont entre les capacités normatives et opérationnelles de l’ONU. Cet organe doit avoir des contacts avec les principales parties prenantes, éviter les doubles emplois, et favoriser la mise en place d’un cadre pour promouvoir l’emploi de technologies saines propres à soutenir le développement durable, a précisé ce dernier avant d’appeler les organes subsidiaires de l’ECOSOC à consacrer une séance à la question du développement après 2015.
La Ministre d’ É tat du Royaume-Uni aux affaires étrangères et du Commonwealth a exhorté, quant à elle, l’ECOSOC à consolider « ce qu’il sait faire de mieux », à savoir la coordination avec des partenaires externes. L’ECOSOC doit également améliorer son pouvoir de convocation et de mobilisation au niveau international, et assurer une vision politique cohérente sur le suivi de Rio+20 et pour la mise en œuvre de l’Agenda pour le développement de l’après-2015, a ajouté le représentant de l’Union européenne.
De son côté, la représentante des États-Unis a engagé l’ECOSOC à accorder davantage d’attention au rôle des femmes dans le développement durable, ainsi qu’à la situation sociale et économique des jeunes et des personnes âgées et aux questions de l’urbanisation, de la pauvreté, de la pollution et des maladies non transmissibles, entre autres.
Pour le représentant l’Espagne, l’ECOSOC doit également faire face au problème de la durabilité de la dette et adopter un agenda du développement qui tienne compte de la rareté de plus en plus grande des ressources naturelles.
Reprenant la parole, M. Akram, a fait observer dans un premier temps qu’il n’existe pas d’enceinte véritablement capable de traiter la multiplicité des crises actuelles de manière intégrée. En outre, depuis le début de la crise financière, on n’a pas su apprécier le rôle critique des Gouvernements en ce qui concerne le traitement des crises, a estimé M. Akram en préconisant donc qu’il soit pleinement fait usage de l’enceinte, importante de l’ECOSOC.
Cette table ronde était animée par M. DAVID STEVEN, Associé principal de recherche au Centre pour la coopération internationale de l’Université de New York.
Dialogue ministériel
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas s’est réjoui de ce que les propositions de la CARICOM pour renforcer le cadre institutionnel du développement durable aient été prises en compte dans « L’avenir que nous voulons », à savoir plus de cohésion entre les trois piliers du développement durable, un engagement politique de haut niveau et un accent particulier sur la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade et de la Stratégie de Maurice sur les petits États insulaires en développement. S’agissant du renforcement de l’ECOSOC, en particulier, il a prôné une coopération accrue entre ce dernier et l’Assemblée générale pour éviter les doubles-emplois et exploiter au maximum les synergies.
L’ECOSOC tient de la Charte la responsabilité principale en matière de développement durable, a renchéri le Ministre des affaires étrangères du Népal. Il doit donc jouer un rôle plus dynamique s’agissant de la coordination entre les fonds, programmes et institutions de l’ONU. Il nous faut un ECOSOC plus « robuste », a insisté le Ministre, en appuyant également une coopération renforcée du Conseil avec les institutions de Bretton Woods et en rappelant, à cet égard, l’urgence de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action d’Istanbul sur les pays les moins avancés (PMA).
Il faut une plus grande cohérence, car la gouvernance du développement durable est « éclatée », a quant à lui tranché le Ministre du développement de la France en reprochant à la Commission du développement durable de « n’avoir pas su jouer son rôle ». Nous devons réaffirmer l’ECOSOC comme un « organe de synthèse, de coordination et de rationalisation de notre action », a-t-il insisté. L’ECOSOC doit devenir « l’organe de la feuille de route intégrée des engagements pris à Rio » et, pour plus de pertinence, il faut associer plus encore la société civile aux travaux de l’ECOSOC qui doit être « modernisé et capable de répondre aux défis qui s’imposent à la communauté internationale », a estimé le Ministre français.
Devant les défis de la pauvreté et du changement climatique, nous devons faire de l’ECOSOC une enceinte permettant aux dirigeants du monde de débattre et de convenir de solutions qui feront la différence. À moins de prendre cette responsabilité, il serait illusoire de croire que l’ECOSOC pourra changer les choses, a averti le Ministre du développement international de la Norvège qui, insistant sur le défi du changement climatique, a lancé: « il n’y a pas de plan B parce qu’il n’y pas de planète B ». Quand on n’a ni l’argent ni le pouvoir, il faut éviter « de ressasser les solutions d’hier pour répondre aux questions de demain », a dit le Ministre en encourageant les participants à aller dans la bonne direction.
L’ECOSOC doit passer de la théorie à l’action, a ajouté leMinistre des affaires étrangères de la Finlande, en précisant: « l’ECOSOC doit pouvoir fixer des objectifs concrets et identifier les moyens d’y parvenir. Il doit aussi encourager à l’implication de tous, y compris les plus vulnérables, dans le suivi des progrès réalisés. Par exemple, la répartition géographique équitable sur laquelle se fonde sa composition est-elle suffisamment vaste pour tenir compte des points de vue de tous? », s’est demandé le Ministre. La discussion sur le renforcement de l’ECOSOC doit être un effort politique et non un exercice théorique, a-t-il déclaré sur un ton d’impatience.
« À nous de donner plus de vigueur à nos institutions », a encouragé, à son tour, le Ministre de l’énergie du Sri Lanka. Munie de propositions concrètes, la Ministre des affaires étrangères de la Colombie a d’abord demandé à l’ECOSOC de se préoccuper davantage du fond et, ce faisant, de remplacer ses « conclusions concertées » par de réelles recommandations, fruits des discussions sur des thèmes donnés. Elle a ensuite conseillé au Conseil économique et social de se concentrer sur trois grandes questions à savoir: la pauvreté, les inégalités et les modes de consommation et de production durables. Elle a aussi prôné l’introduction d’un processus préparatoire avant la session de fond, consistant à demander aux fonds, programmes et institutions de l’ONU de répondre à un questionnaire qui permettrait ainsi de dégager « une vision panoramique » des avancées, des obstacles et des échecs.
La Ministre a dit ne pas comprendre pourquoi la Réunion de haut niveau de l’ECOSOC se tient avant la session de fond, ce qui lui donne très peu d’impact. Non, a-t-elle dit, il faudrait qu’elle ait lieu « après la session de fond » et qu’elle ait pour fonction d’approuver les recommandations des différents segments. Enfin, la Ministre a estimé que la session de fond de 2013 devra être l’occasion pour l’ECOSOC d’analyser la mise en œuvre des OMD et de tirer de cet exercice les enseignements nécessaires à l’examen de la période de l’après-2015. Le Conseil devrait ainsi réfléchir à une nouvelle architecture du programme de développement, au contexte de ce développement et au travail en cours sur les domaines thématiques du développement durable.
« Sans vouloir faire de l’ombre à l’ECOSOC », le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Australie a rappelé l’idée, consacrée à Rio, de créer un « forum de haut niveau sur le développement durable ». Il l’a voulu capable de donner des « directives ambitieuses », en collaboration étroite avec les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Evitons les doublons pour que ces deux organes se complètent, a prévenu le Ministre des affaires étrangères de la Suisse. « Qui trop embrasse mal étreint », a-t-il poursuivi pour appeler à un allègement de l’ordre du jour de l’ECOSOC, ceci, bien que la Ministre de la coordination pour le patrimoine de l’Équateur ait voulu confier à l’ECOSOC le suivi de la « Déclaration universelle sur les droits de la nature », qu’elle a pressé la communauté internationale d’adopter.
Son homologue du Gabon est allé plus loin que le Ministre suisse. Il a réclamé la création d’un cadre d’évaluation ayant pour mandat d’identifier les secteurs où il y des redondances et des chevauchements et où les fusions entre des organisations sont possibles; d’évaluer la contribution des institutions multilatérales dans l’atteinte des objectifs de développement; et d’établir des critères de performance devant conduire à l’élimination progressive des institutions multilatérales les moins performantes.
« La vérité est que l’ECOSOC n’est tout simplement pas à la hauteur de la tâche», a tranché le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, contrairement à ce qu’affirmait avant lui le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie. Le Vice-Ministre argentin a demandé, par exemple, des « débats dynamiques » sur les questions d’actualité avec, entre autres, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Le développement durable est « une occasion en or » permettant à l’ECOSOC d’essayer de faire les choses « de manière plus globale », a ajouté le représentant du Japon.
Les avis divergent peut-être sur ce qui doit être fait, a constaté le Ministère des affaires étrangères de la Lettonie, sans pourtant hésiter à défendre l’idée d’une fusion des mandats normatifs et opérationnels sur le modèle d’ONU-Femmes « une des principales réussites » de la réforme des Nations Unies à ce jour, a-t-il estimé. La répartition des tâches entre les organes des Nations Unies doit être plus claire, a acquiescé le Ministère de la coopération au développement du Danemark.
L’ECOSOC doit développer une plus grande interaction avec l’Assemblée générale, opérer un rapprochement avec des organes tels que la Commission de consolidation de la paix, et assouplir ses méthodes de travail, a estimé le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Italie, avant que le Conseiller du Président du Bélarus ne rejette l’idée d’une réforme de l’ECOSOC sans qu’ait lieu dans le même temps celle du Conseil de sécurité.
Le représentant du Venezuela a, à cet égard, dénoncé le droit de veto, « un mécanisme pervers qui met à mal la souveraineté et la volonté des États et des peuples », a-t-il estimé. Au XXIè siècle, il faut des changements profonds, a-t-il poursuivi devant « un système qui a perdu sa légitimé aux yeux des peuples de la planète ». Il faut donc, a-t-il prescrit, renforcer le travail de l’ECOSOC qui est « au cœur de l’Organisation » et qui doit pouvoir jouer pleinement son rôle actif de contrôle du Secrétaire général et de ses programmes. Le représentant de l’Inde a rappelé la résolution 61/16 de l’Assemblée générale sur la revitalisation de l’ECOSOC.
Oui, mais n’est-il pas temps de trouver des solutions « qui sortent un peu du cadre habituel? » s’est interrogé le représentant de l’Allemagne, en pointant du doigt, par exemple, le manque de coordination entre la Deuxième Commission de l’Assemblée générale chargée des questions économiques et financières et l’ECOSOC. À son tour, il a dit attendre avec intérêt les discussions sur le « Forum de haut niveau sur le développement durable» dont l’idée a été lancée à Rio+20.
Parlant d’un « ECOSOC frappé de paralysie à cause des conflits d’intérêts », la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes a prôné une réforme qui vise à relancer la stratégie de développement des Nations Unies en lui donnant une vision multilatérale et universelle. Il nous faut un ECOSOC « dynamique, autoritaire », permettant la continuité mais aussi la rupture » et travaillant sur la base de trois types de sessions à savoir une session de coordination, une session d’intégration et une session ministérielle, suivies de la Réunion de haut niveau, a-t-elle dit en reprenant globalement les idées avancées par la Ministre colombienne des affaires étrangères.
Nous devons, a conclu le Président de l’ECOSOC, identifier les forces et les faiblesses du Conseil économique et social. Nous devons connaître le type de réformes qu’il faut pour permettre à l’ECOSOC de jouer son rôle dans le développement durable. Il est temps d’aller au-delà d’une approche de réformes par étapes. Regardons le contexte de manière plus large. Nous avons besoin, a dit le Président, d’un système multilatéral qui assure la promotion de la cohérence, du consensus, de l’action collective et du partenariat. Un tel système ne peut avoir que l’ONU et l’ECOSOC en son centre, a estimé le Président, en ajoutant qu’un ECOSOC plus fort ne contribuera pas seulement à « L’avenir que nous voulons », mais « qu’il fera aussi en sorte que nous y arrivons », en faisant ainsi écho au message du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.
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