L’ECOSOC attend avec intérêt l’Initiative mondiale pour l’éducation et les nouveaux financements pour le développement dont la taxe sur les transactions financières
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Conseil économique et social
Session de fond de 2012
27e & 28e séances – matin & après-midi
L’ECOSOC ATTEND AVEC INTÉRÊT L’INITIATIVE MONDIALE POUR L’ÉDUCATION ET LES NOUVEAUX FINANCEMENTS
POUR LE DÉVELOPPEMENT DONT LA TAXE SUR LES TRANSACTIONS FINANCIÈRES
Après avoir analysé la tendance actuelle des mécanismes traditionnels et innovants du financement du développement, le Conseil économique et social (ECOSOC) a adopté une résolution dans laquelle il dit attendre avec intérêt le lancement de l’Initiative mondiale pour l’éducation du Secrétaire général et recommande qu’il soit dûment tenu compte de l’éducation, lors de la définition de l’agenda du développement des Nations Unies après 2015, date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
La résolution vient ainsi conclure les discussions sur le premier thème du débat consacré aux questions de coordination, à savoir le suivi de la Déclaration ministérielle de 2011 relative à l’accès à une éducation de qualité, deuxième Objectif du Millénaire pour le développement.
Le deuxième thème, suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement, a été au centre des discussions aujourd’hui, avec un accent particulier sur la question des mécanismes innovants de ce financement, explicitée par quatre experts.
Cette question est d’autant plus urgente que l’aide publique au développement (APD), principal mécanisme traditionnel de financement du développement, ne cesse de chuter. À l’heure actuelle, a rappelé un expert, il n’existe que deux mécanismes innovants à savoir la taxe sur le carburant imposée en Norvège aux transporteurs aériens et la taxe sur le billet d’avion qui finance la « Facilité internationale d’achat des médicaments » grâce à laquelle le coût du traitement du VIH/sida et du paludisme a spectaculairement baissé.
La Facilité, qui a collecté une somme de 1,2 milliard de dollars depuis sa mise en place en 2006, compte aujourd’hui 29 États Membres, y compris 15 contributeurs financiers, dont le Niger et le Cameroun.
Pour compléter ces deux sources innovantes de financement, les délégations sont revenues sur l’idée des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI), d’une taxe-carbone, d’une « taxation des milliardaires », d’une taxe sur les transactions de devise mais surtout sur la proposition mille fois défendue, la taxe sur les transactions financières.
Comme l’a dit la représentante de la Norvège, un prélèvement infime de 0,005%, ne représentant que 5 centimes pour 1 000 dollars, génèrerait 40 milliards de dollars par an. La Norvège fait partie des 14 premiers pays au monde qui appuient cette initiative pour financer les projets de développement, de lutte contre les changements climatiques et d’infrastructures publiques.
Dans l’accord formel qu’il vient de signer à Cannes, a renchéri le représentant de l’Union européenne, le G-20 s’est, pour la première fois, mis d’accord sur un « menu » d’options. Une dizaine de ses membres utilisent actuellement ou comptent utiliser une ou plusieurs de ces options.
L’engouement pour la taxe sur les transactions financières a quelque peu été refroidi par une économiste du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES). Une telle taxe, a-t-elle argué, ne saurait résoudre la question du « financement stable et prévisible » puisque les fonds escomptés seraient aussi fluctuants que les marchés financiers sur lesquels ils transitent.
La nécessité urgente d’exploiter pleinement le potentiel des mécanismes alternatifs existants, comme les envois de fonds des travailleurs migrants, les partenariats public-privé et le crédit-carbone a été soulignée même si les représentants de la Bolivie et de l’Équateur se sont insurgés contre le principe du « polluer tant qu’on a les moyens de payer » que semble accréditer le crédit-carbone.
En matière de financement du développement, il faut évaluer les progrès accomplis et identifier les nouvelles difficultés, a estimé le représentant de l’Algérie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, appelant à la convocation en 2013, d’une réunion internationale de suivi des Conférences internationales sur le financement de Monterrey, en 2002, et de Doha, en 2008.
Dans la résolution sur les engagements pris sur le plan international en matière d’éducation, le Conseil économique et social encourageaussi les entités compétentes du système des Nations Unies et les institutions financières internationales, travaillant dans les domaines économique et éducatif, à renforcer leur collaboration pour accroître le nombre de jeunes dans la formation technique et professionnelle ou les études supérieures, et promouvoir l’esprit d’entreprise chez les jeunes.
Le Conseil poursuivra ses travaux demain, vendredi 13 juillet, à partir de 10 heures avec un débat sur les activités opérationnelles de développement menées par les fonds et programmes des Nations Unies.
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION
Suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement (A/67/81–E/2012/62)
Table ronde sur le thème « Mécanismes innovants pour le financement du développement »
M. ALEXANDER TREPELKOV, Directeur du Bureau du financement du développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES), modérateur du débat, a rappelé que, selon l’entendement général, les mécanismes innovants de financement du développement devraient compléter et non remplacer les mécanismes traditionnels.
M. SYED A. SAMAD, Président exécutif du Conseil des investissements du Bureau du Premier Ministre du Bangladesh, s’est félicité du fait que le Bangladesh n’ait plus besoin de l’aide publique au développement (APD) pour pouvoir établir son budget; l’APD ne représentant plus que 1% du produit intérieur brut (PIB) national. Il a tout de même regretté que l’APD ne cesse de se rétrécir.
S’agissant des mécanismes innovants, il a défendu l’idée d’une taxe sur le carbone qui serait imposée aux plus grands pollueurs, soit les pays industrialisés. Il a dénoncé le peu de progrès dans l’idée de créer une taxe sur les transactions financières, alors qu’elle est évoquée dans toutes les rencontres internationales.
Il a également suggéré la réduction du coût des envois de fonds par les migrants. « Environ neuf millions de Bangladeshi travaillent en dehors de leur pays », a-t-il rappelé, au nom d’un pays où les fonds des migrants ont contribué à la création de deux banques d’investissement au Bangladesh. Les envois de fonds des migrants bangladeshis s’élevaient à 235 millions de dollars en 2001, et ils ne cessent de croître. Parmi les sources de financement innovant, il a cité le partenariat public-privé. Le Bureau bangladeshi pour ces partenariats a permis de financer des autoroutes, des aéroports et des ponts.
Directeur exécutif d’une initiative lancée en 2006, à l’initiative des Présidents Lula Da Silva du Brésil et Jacques Chirac de la France, M. DENIS BROUN, d’UNITAID, a indiqué que cette « Facilité internationale d’achat de médicaments » compte aujourd’hui 29 États Membres dont 15 sont contributeurs financiers, y compris des pays en développement comme le Niger et le Cameroun qui prélèvent désormais une taxe sur les billets d’avion. La Facilité a collecté 1,2 milliard de dollars depuis sa mise en place, avec la France comme principal contributeur.
Il a cité des cas précis d’intervention d’UNITAID, telle que la coopération avec les laboratoires pharmaceutiques qui a fait passer le prix des médicaments contre le VIH de 400 à 120 dollars. Il a aussi cité l’entente avec les producteurs de médicaments qui a permis à des populations démunies de pouvoir se soigner de la malaria à moindre coût, inversant ainsi la courbe d’évolution de cette endémie tropicale. Devant un tel succès, il a appelé, à son tour, la mise en place d’une taxe sur les transactions financières internationales pour contrer la baisse de l’APD.
La question n’est pas seulement de trouver des « sources » de financement novatrices mais aussi des « canaux » par lesquels ces financements peuvent transiter, a dit M. DAVID O’CONNOR, Chef du Service de l’analyse des politiques et du réseau de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DAES). La question est d’importance, a-t-il insisté, puisque les envois de fonds de l’étranger et les capitaux privés représentent aujourd’hui un volume plus important que les fonds publics consacrés au développement.
L’expert a signalé que la Banque mondiale, dans un rapport récent sur la croissance verte inclusive, a donné des exemples des investissements progressifs nécessaires pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030. En ce qui concerne le crédit-carbone, il a estimé que la création d’un marché international permettrait de réduire les incertitudes sur les prix.
Mme SHARI SPIEGEL, Économiste hors classe du Groupe des stratégies de développement et de l’analyse des politiques de la Division de l’analyse des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a basé son intervention sur l’édition 2012 du Rapport sur la situation économique et sociale dans le monde qui se penche sur les financements existants et innovants. Elle a d’emblée souligné l’importance « d’un financement public international stable et prévisible » parce que, a-t-elle prévenu, le secteur privé ne financera jamais les priorités mondiales, car il veut avant tout servir ses propres intérêts.
Elle a distingué les sources innovantes, les mécanismes innovants et les méthodes de distribution innovantes, comme le Fonds sur les changements climatiques. Les seules nouvelles sources sont la taxe de la Norvège sur le carburant du transport aérien et la taxe sur les billets d’avion. Elle a prévenu qu’une taxe sur les transactions financières pourrait ne rien résoudre puisqu’elle serait tout aussi fluctuante que les marchés financiers. La question du financement « stable et prévisible » ne serait donc pas réglée. Outre la taxe sur les transactions financières, elle a cité comme autre source innovante, la taxe sur les transactions de devise, « la taxe des milliardaires » ou les droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI). Mais pour réaliser leur potentiel de financement du développement, il faudrait un accord politique international.
Débat interactif
Ouvrant le débat, le représentant de la Bolivie s’est insurgé contre l’idée de la taxe sur le carbone. L’objectif, s’est-il emporté, est d’amener les pays industrialisés à réduire leur niveau de pollution. Au lieu de cela, on demande aux pays de préserver leurs forêts contre des financements, en oubliant que cela entraîne souvent des tensions extrêmes avec les populations locales qui revendiquent leur droit légitime d’exploiter ces forêts. Cette opinion a été partagée par son homologue de l’Équateur qui a exprimé son opposition à l’idée « de polluer délibérément tant qu’on a les moyens de payer ».
L’évocation permanente des sources innovantes de financement pourrait entrainer un désintérêt pour l’APD traditionnelle, a mis en garde le représentant du Bangladesh, même si l’Union européenne a rappelé son statut de « plus grand contributeur » d’APD. L’aide de l’Allemagne reste constante à 14,5 milliards de dollars, a renchéri le représentant allemand. « Vous avez parlé de financement, moi je veux parler des résultats », a déclaré la représentante du Conseil académique du Système des Nations Unies, en s’adressant au Directeur exécutif d’UNITAID. Définissons déjà clairement la différence entre sources innovantes et sources traditionnelles, ont suggéré les représentants de l’Égypte et de la Chine.
Le représentant de la France a cité comme financements la taxe sur la taxe-carbone, la taxe sur les transactions financières, la taxe sur les transactions de devises et la taxe sur les billets d’avion. Les fonds, a-t-il dit, doivent aller vers la santé et la lutte contre les changements climatiques. Les envois de fonds des travailleurs migrants doivent-ils être comptés parmi les financements innovants? Non, car ce ne sont pas des fonds publics, a répondu l’Économiste hors classe du Groupe des stratégies de développement et de l’analyse des politiques. À cet égard, elle a appelé à la justice qui veut qu’on ne fasse pas peser sur les pauvres le fardeau des financements innovants.
Et comment quantifier le poids de ces financements? Des études sont faites actuellement pour quantifier leur poids par rapport à l’APD, a-t-elle répondu, avant d’indiquer au représentant de l’Équateur les droits de tirages spéciaux (DTS) qui doivent être considérés comme des « moyens monétaires » complémentaires de l’APD. Le Directeur du Bureau du financement du développement a sollicité des suggestions et des propositions sur les financements innovants.
Débat général
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. LARBI DJACTA(Algérie) a salué cette occasion de renforcer le processus d’examen du financement du développement, destiné à consolider l’ensemble des arrangements institutionnels du financement du développement en place, au travers de la mise en place d’une commission sur le financement du développement au sein de l’ECOSOC.
Il a ensuite souligné l’importance de renforcer la cohérence, la coordination et la coopération dans le domaine du financement du développement, saluant à cet égard les discussions de haut niveau organisées entre l’ECOSOC, le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce et la CNUCED, particulièrement pour la création d’un groupe conjoint intégrant leurs représentants.
M. Djacta a poursuivi en faisant part des profondes préoccupations du Groupe des 77 et de la Chine face à la crise financière et économique et à son impact sur le développement, en particulier pour la mobilisation des ressources. Il a déploré que de nombreux pays développés n’aient pas respecté leurs engagements financiers en matière d’APD, les appelant à consacrer, comme promis, 0,7% de leur PIB à l’assistance au développement.
Insistant enfin sur l’importance de tenir en 2013 une conférence de suivi de Monterrey et de Doha, le représentant a conclu en rappelant que le Groupe des 77 et la Chine demandaient des efforts plus grands pour soutenir les pays en développement et leur permettre d’atteindre les objectifs définis internationalement, notamment via le respect de tous les engagements pris sur l’APD, sur l’annulation de dettes, sur l’accès aux marchés, sur le soutien technique et financier ou encore sur la construction de capacités nationales propres.
M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a dit que la crise financière mondiale a non seulement affecté les économies de certains pays donateurs mais aussi les secteurs de l’emploi, des exportations, des industries minières et manufacturières et du tourisme des pays les moins avancés où les femmes sont les plus touchées par la crise. Pour y faire face, il faut beaucoup d’innovations et de transferts de technologies dans le but de revitaliser le tissu industriel et lancer de nouveaux secteurs porteurs et créateurs d’emplois. Le représentant a dénoncé la baisse de l’APD, la détérioration des termes de l’échange, la montée du protectionnisme, la perte de revenus à l’exportation, la fluctuation des prix des produits de base et la baisse des investissements étrangers directs, de l’épargne, du revenu du tourisme et des envois de fonds.
Face à cela, il a demandé aux pays donateurs de respecter les engagements concernant l’APD, de lever les barrières tarifaires et non tarifaires, d’arrêter les pratiques commerciales discriminatoires, et d’ouvrir librement leurs marchés aux produits des PMA. Il a ajouté à cette liste la nécessité de trouver des ressources additionnelles pour combattre les effets des changements climatiques devant lesquels les PMA sont les plus vulnérables.
M. DENISZDOROV (Bélarus) a dit attacher une grande importance au commerce comme moyen de financer le développement. Il a donc appelé à la levée des barrières tarifaires et autres handicapantes pour les pays à faible revenu voire à revenu intermédiaire qui ont du mal à entrer dans l’économie mondiale. Les Nations Unies doivent aider ces États, en prenant en compte leurs particularités économiques, a-t-il demandé. Il a aussi invité l’ONU à jouer son rôle lorsque des pressions économiques sont exercées par certains pays sur un autre.
M. ZAGREKOV (Fédération de Russie) s’est dit favorable à un partage efficace des tâches entre l’Assemblée générale et l’ECOSOC, expliquant que les travaux de celui-ci ne devraient pas faire doublon avec ceux de la Deuxième Commission chargée des questions économiques et sociales. Il a invité à tirer parti des avantages de l’ECOSOC, notamment ses liens avec les principales parties prenantes à l’économie mondiale, comme les ONG et le secteur privé. Le représentant s’est félicité des efforts du Président et du Bureau de l’ECOSOC en vue d’établir des contacts avec le FMI et la Banque mondiale. Il s’est dit favorable à la création d’un petit groupe au sein du Bureau pour examiner les moyens de renforcer les liens de l’ECOSOC avec les parties prenantes en matière de financement du développement. Il s’est dit favorable à un débat amélioré sur la mobilisation des ressources en faveur du développement dans le cadre du suivi des Conférences de Monterrey et de Doha et a estimé que le suivi de Rio+20 sur les questions de financement devait être intégré au cadre de l’après-Monterrey.
M. PORFIRIO THIERRY MUÑOZ LEDO (Mexique) a demandé à l’ECOSOC d’envisager de convoquer une conférence de suivi de Monterrey et de Doha pour évaluer les progrès accomplis et identifier les nouvelles difficultés. Lorsqu’il présidait le G-20, le Mexique a donné la priorité au renforcement de l’architecture financière internationale, a-t-il dit, rappelant qu’il avait été décidé d’augmenter les ressources disponibles du FMI de 450 milliards de dollars afin de renforcer l’appui aux pays et régions qui en ont le plus besoin. Le Mexique soutient le renforcement de la coopération entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods pour réagir de manière cohérente aux crises.
Mme ASTRID HELLE AJAMAY (Norvège) a estimé qu’il y a suffisamment de ressources financières dans le monde, le problème étant qu’elles ne sont pas distribuées équitablement. « Nous avons besoin d’un partage équitable entre les pays et au sein des pays ». Elle a appelé au respect des engagements liés à l’APD, et a rappelé que la contribution norvégienne s’élève à 1% de son PNB. Mais, a-t-elle reconnu, cela ne suffit pas pour faire face aux nombreux défis du développement d’où le besoin de trouver des ressources additionnelles et innovantes. Elle a exhorté les gouvernements à promouvoir les taxes sur les transactions financières et des devises ainsi que la taxe-carbone ». Un taux infime de 0,005% de taxe sur les transactions financières pourrait générer 40 milliards de dollars par an, a-t-elle dit. Ce taux, a-t-elle insisté, ne représente d’ailleurs que 5 centimes pour 1 000 dollars de transaction. La Norvège fait partie des 14 premiers pays au monde qui appuient cette initiative pour financer les projets de développement, de lutte contre les changements climatiques et d’infrastructures publiques.
M. SERGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a rappelé qu’en 2004, son pays avait lancé, avec le Chili, la France et l’Espagne, une initiative visant à lutter contre la pauvreté et la faim, qui invitait la communauté internationale à créer de nouvelles sources de financement permettant d’atteindre les OMD. Depuis, le Brésil a participé activement à tous les forums de discussion sur les mécanismes de financement innovants, tels que le Groupe pilote chargé de cette question. Pour le représentant, les sources innovantes de financement doivent être stables, prévisibles et venir en supplément des sources traditionnelles de financement du développement. Il a appelé les pays donateurs à respecter leur engagement pris à Monterrey de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD.
Le Brésil participe à de nombreuses initiatives dans le domaine des mécanismes innovants de financement, tels qu’UNITAID et GAVI. Une nouvelle loi permet aussi au Gouvernement brésilien de faire des contributions à la « Facilité internationale d’achat de médicaments ». Le Gouvernement envisage en outre de faire participer le Brésil au World Digital Solidarity Fund, une initiative sénégalaise qui cherche à combler l’écart technologique entre les pays. Enfin, le représentant a indiqué que le Brésil participe activement aux débats sur les flux financiers illicites, afin d’atténuer les effets négatifs qu’ont les paradis fiscaux sur le développement. Soulignant leur efficacité des mécanismes innovants de financement du développement, M. dos Santos a indiqué qu’ils ont généré plus de 5 milliards de dollars depuis 2006.
M. JAIRO RODRIGUEZ HERNANDEZ (Cuba) a remarqué que, 10 ans après le Consensus de Monterrey, le financement du développement reste une grande question non résolue. Il a appelé à convoquer, en 2013, une conférence de suivi des réunions de Monterrey et de Doha, afin d’analyser les causes réelles et profondes de cette situation. En écoutant les débats du Forum de la coopération pour le développement ces derniers jours, on voit, a constaté le représentant, que les experts reconnaissent que les flux de financement vont du Sud vers le Nord, exactement à l’inverse de ce qui devrait être. Les pays du tiers monde ne peuvent pas assumer seuls les difficultés rencontrées dans leurs efforts de développement, a-t-il dit, difficultés aggravées d’ailleurs par des crises multiples.
Il faut donc, a préconisé le représentant, mobiliser des ressources additionnelles pour faire face à la crise. Rappelant que des milliards de dollars ont été utilisés pour sauver des banques et des pays en faillite, il s’est étonné qu’on essaye de transférer le poids des efforts sur les pays en développement. Les mécanismes de financement innovants, qui ne peuvent pas remplacer l’APD, ne doivent pas non plus représenter une charge supplémentaire pour les pays du Sud, a-t-il prévenu.
M. JULIO RAFAEL ESCALONA OJEDA (Venezuela) a estimé que c’est le modèle économique libéral qui bloque le développement des pays du Sud. Il a pris l’exemple de la Libye et d’Haïti voire de la Grèce pour illustrer le fait que les Nations Unies, le FMI et les grands groupes financiers se sont rendus complices de cette situation. Le capital financier est le responsable de la pauvreté et des agressions contre l’environnement, a-t-il ajouté. Il a abandonné le sauvetage des banques qui consacrent tout à la spéculation financière au détriment des secteurs productifs et de l’économie réelle. « Si les fonds mis en jeu pour sauver les banques avaient été investis dans le développement, le monde ne serait pas dans cet état », a déclaré le représentant. Il a réitéré l’idée d’émettre des droits de tirages spéciaux pour soutenir le développement des pays « qui ont besoin de liquidités ».
M. EDUARDO GÁLVEZ(Chili) a souhaité une conférence de suivi de Monterrey et de Doha. Le succès de Monterrey, a-t-il estimé, a tenu à son appartenance à l’ONU et au bon esprit de collaboration qu’on a su insuffler aux acteurs de l’économie mondiale, dont la société civile et le secteur privé. La Conférence avait abordé une vaste série de questions comme le commerce, les investissements, l’accès au financement ou la dette extérieure. Elle avait examiné non seulement les aspects nationaux et internationaux, mais aussi les questions systémiques. Le volet financier n’était donc pas le seul élément de discussion, a souligné le représentant.
Mme ALEXANDRA DAVISON (Royaume-Uni) a dit que son pays respecte le principe d’attribution de 0,7% du PIB à l’APD d’ici à 2015. Mais l’APD ne saurait suffire pour, par exemple, faciliter l’accès des jeunes filles à la santé procréative. Elle a mis l’accent sur le Sommet de Londres sur la planification familiale, qui a eu lieu au début de la semaine. Quelque 120 millions d’adolescentes en ont besoin dans les pays en développement, rendant urgente la recherche de nouvelles sources de financement.
Face aux incertitudes et aux problèmes financiers des pays donateurs mettant en danger l’APD, M. WANG QUN (Chine), a appelé à la relance de la croissance économique mondiale, à la consolidation de l’APD comme principal canal de financement du développement et à la promotion du développement durable. La Chine, avec ses 150 millions de citoyens vivant en dessous du seuil de la pauvreté, a annulé la dette des 50 pays les plus endettés au monde, totalisant un montant de 30 milliards de yuan. La Chine a réduit de 97% les taxes sur les produits provenant des pays les moins avancés (PMA).
Avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), elle a créé le Centre international de lutte contre la pauvreté pour partager son expérience. Quelque 35 000 personnes issues des pays en développement ont reçu une formation technique. M. Qun a fait remarquer que la Chine ne pose aucune condition politique à l’octroi de son aide et, en ce qui concerne son engagement lors de la Conférence Rio+20, il a annoncé que le Premier Ministre chinois a fait débloquer une somme de 6 millions de dollars en faveur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). La Chine, a-t-il aussi assuré, compte consacrer 200 millions de yuan à la coopération internationale dans les trois prochaines années.
M. ROBERT M.MARKS (États-Unis) a rappelé que le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha soulignent qu’il revient en premier aux États de financer leur développement. Il a aussi invité à réfléchir aux conditions qui attirent les flux de l’APD, comme le respect des libertés civiles, expliquant pourquoi certains pays en obtiennent plus que d’autres. Il a ainsi souligné l’importance de l’état de droit, d’institutions fortes, telles que des tribunaux impartiaux, et d’une presse libre. Les États-Unis sont l’un des principaux fournisseurs de l’APD, y consacrant 40 milliards de dollars, dont un tiers aux PMA. Mais l’APD n’est qu’une petite partie du financement du développement, a rappelé le représentant, contrairement à ce qui se passait dans les années 60. Aujourd’hui, les ressources nationales et les envois de fonds ont augmenté et les pays en développement jouent un rôle croissant dans le financement des dettes publiques. De son côté, l’ECOSOC doit intégrer les différents partenaires au développement et les différentes sources de financement. Il a enfin demandé que l’on évite les doublons entre les travaux de l’ECOSOC et ceux de la Deuxième Commission.
M. JOHN BUSUTTIL, Union européenne, a appelé à une réflexion sur les moyens de mobiliser des ressources additionnelles, avec le concours du secteur privé et dans le but de créer des emplois. L’Union européenne fait des efforts substantiels pour réaliser les objectifs internationaux en matière de qualité et de quantité de l’APD. Collectivement, elle est le plus grand contributeur de l’APD; le ratio APD/PIB représentant plus du double de ceux du Japon et des États-Unis.
L’Union européenne, a poursuivi le représentant, respecte ses engagements en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques et a augmenté son APD à l’Afrique subsaharienne d’environ 5,5 milliards d’euros en termes réels entre 2004 et 2011. Toutefois, a reconnu le représentant, l’aide ne suffit pas pour réaliser les OMD et autres objectifs agréés sur le plan international.
Dans l’accord formel qu’il vient de signer à Cannes, le G-20 a, pour la première fois, appuyé l’idée de rechercher des financements innovants pour le développement et la lutte contre les changements climatiques. Il s’est mis d’accord pour avancer en utilisant un « menu » d’options. Quelque 12 membres utilisent actuellement ou comptent utiliser une ou plusieurs de ces options. L’Union européenne, a conclu le représentant, a toujours aidé les pays en développement à faire du commerce un moyen de financer leur développement. Depuis 2007, il est le plus contributeur de l’initiative « Aide pour le commerce », à hauteur de 32% des flux 2010, soit quelque 10,7 milliards d’euros. L’Union européenne n’a non plus jamais hésité à concéder un allègement de la dette à travers la Banque mondiale, tout en faisant de la prévention de la dette non viable une priorité.
Dans ses remarques de clôture du débat sur les questions de coordination avant l’adoption de la résolution pertinente, M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte), Vice-Président de l’ECOSOC, a souligné que les discussions sur l’éducation avaient mis en évidence que les jeunes doivent être davantage consultés et impliqués dans les décisions concernant leur avenir. Ils doivent obtenir des emplois décents et à cet égard, plusieurs intervenants ont mis en avant le rôle du secteur privé et l’importance des partenariats qui doivent s’ajouter aux efforts des gouvernements. Le système des Nations Unies doit améliorer ses capacités en termes de partenariats, a-t-il insisté.
En outre, une table ronde a discuté de l’écart entre la formation et les exigences du marché du travail. La plupart des questions soulevées dans ces débats ont été intégrées dans le texte de la résolution qui vient d’être adopté, a précisé le Vice-Président. Enfin, des discussions ont eu lieu aujourd’hui sur le financement du développement qui ont révélé un problème de distribution des ressources.
Le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la Déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau tenu par le Conseil lors de sa session de fond de 2011
Adoption de la résolution sur le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre des objectifs arrêtés et des engagements pris sur le plan international en matière d’éducation (E/2012/L.9)
Dans ce texte, leConseil économique et social dit attendreavec intérêtle lancement de l’Initiative mondiale pour l’éducation du Secrétaire général et demande aux entités du système des Nations Unies d’aider les États Membres à améliorer la collecte et l’analyse de données concernant l’éducation ventilées par sexe, âge, handicap, lieu et autre critère pertinent afin de permettre une conception, une mise en œuvre, un suivi et une évaluation efficaces des politiques.
L’ECOSOC prieles entités compétentes du système des Nations Unies œuvrant dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’alimentation de créer des synergies, dans le cadre de leurs mandats respectifs, afin d’améliorer les taux d’inscription, de rétention, de participation et de réussite scolaires des filles et des garçons et d’optimiser les interventions menées au profit des enfants.
Il encourage les entités compétentes du système des Nations Unies et les institutions financières internationales travaillant dans les domaines économique et éducatif à renforcer leur collaboration pour accroître le nombre de jeunes suivant une formation technique et professionnelle ou des études supérieures, et ayant accès et participant au marché du travail, et promouvoir l’esprit d’entreprise chez les jeunes.
Le Conseil économique et social encourage aussiles entités compétentes du système des Nations Unies à évaluer, dans le cadre de leur mandat, les nouvelles tendances dans le domaine de l’éducation et de la formation, notamment celles qui mettent l’accent sur les résultats de l’apprentissage, sur la formation des enseignants et sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, et à en étudier les répercussions pour leurs programmes en matière d’éducation.
Il insistesur le fait que réaliser les objectifs de développement en matière d’éducation nécessite d’appuyer les initiatives nationales et locales par une approche coordonnée et intégrée impliquant tous les acteurs concernés, notamment la société civile et le secteur privé. L’ECOSOC recommande de tenir dûment compte de l’éducation lors de la définition des objectifs de développement des Nations Unies après 2015.
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