L’ECOSOC appelle à des efforts pour améliorer la qualité de l’enseignement et réduire ainsi les écarts entre l’offre et la demande sur le marché du travail
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Conseil économique et social
Session de fond de 2012
25e & 26e séances – matin & après-midi
L’ECOSOC APPELLE À DES EFFORTS POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L’ENSEIGNEMENT ET RÉDUIRE AINSI
LES ÉCARTS ENTRE L’OFFRE ET LA DEMANDE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi aujourd’hui son débat sur l’éducation qui, selon les chiffres actuels, conduit à une inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail. Le succès allemand avec ses 5,4% seulement de chômage chez les jeunes a été attribué à une implication effective du secteur privé dans l’enseignement. Un système, a prévenu le représentant allemand, qui ne peut être transposé qu’au coût d’énormes adaptations car « il a mis des centaines d’années à atteindre ce niveau d’efficacité ».
Les employeurs se plaignent souvent du manque de qualification des jeunes qui frappent à la porte de leurs entreprises, a relevé l’Administratrice assistante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). En Égypte, 15% des employeurs estiment que les jeunes diplômés ne satisfont pas aux exigences du marché, a reconnu l’ancien Ministre égyptien de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie.
Sur la base de ce constat, quatre experts ont débattu avec les délégations des moyens d’améliorer les compétences des jeunes diplômés, donnant à cet égard quelques exemples de bonnes pratiques. Comme l’a souligné l’expert égyptien, la bonne démarche consiste à se baser sur les besoins du marché de l’emploi pour élaborer les cursus et non le contraire.
En Allemagne, où le taux de chômage chez les jeunes est « seulement » de 5,4%, le système s’appuie en effet sur la solidité du partenariat entre les secteurs privé et public, a expliqué le représentant de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ). Les entreprises représentent la moitié des membres des conseils d’administration des instituts d’enseignement. Pour l’année 2011, 1,4 million de jeunes ont bénéficié de stages en entreprises.
Les efforts visant à réaliser le droit à l’éducation, en vue d’accéder à une éducation de meilleure qualité et à un apprentissage professionnel plus systématique, ne peuvent être le seul fait des gouvernements et des Nations Unies, reconnaît le Secrétaire général dans son rapport sur « le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre des objectifs arrêtés et des engagements pris sur le plan international en matière d’éducation ».
Le représentant de la République de Corée a tout de même jugé utile de souligner le caractère essentiel d’une coopération étroite entre les ministères de l’éducation et de l’emploi. La coordination nécessaire entre les gouvernements, le système des Nations Unies et les partenaires du secteur privé a été au cœur tant de la table ronde de ce matin que du débat général de l’après-midi sur le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la Déclaration ministérielle de l’ECOSOC de 2011 relative à l’éducation aux Objectifs du Millénaire pour le développement.
Une quinzaine de délégations ont participé à ce débat dont le représentant du Canada qui, avec d’autres délégations, a souligné l’importance du Partenariat mondial pour l’éducation, de l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles et du Réseau interinstitutionnel pour l’éducation dans les situations d’urgence.
Toutes les délégations se sont félicitées de l’intention du Secrétaire général de l’ONU de lancer, au mois de septembre prochain, l’Initiative mondiale pour l’éducation. Le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) a vanté les mérites des programmes de cantines qui renforcent le taux de scolarisation, en particulier chez les filles.
Le PAM et la Banque mondiale, a-t-il indiqué, travaillent ensemble pour appuyer l’appropriation nationale de ces programmes car il s’agit d’un investissement dans la production locale et donc dans le développement national.
En fin d’après-midi, une séance de questions-réponses a eu lieu sur la base des rapports des organes de coordination qui ont été présentés par le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales.
L’ECOSOC achèvera son débat sur les questions de coordination demain, jeudi 12 juillet, à partir de 10 heures.
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION
Le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la Déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau tenu par le Conseil lors de sa session de fond de 2011 (E/2012/66 et A/67/82–E/2012/64)
Table ronde sur le thème « Relever les défis associés aux disparités entre l’éducation et les compétences pour un emploi »
Cette table ronde était animée par Mme SIGRID KAAG, Administratrice assistante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a précisé, dans ses propos liminaires, que les jeunes comptent pour plus de 30% de la population active et pour plus de 50% des chômeurs. Les diplômés sont nombreux mais peu équipés pour trouver un emploi. Les employeurs se plaignent en effet du manque de qualification des jeunes qui frappent à la porte de leurs entreprises.
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, un jeune sur trois est chômeur dans une région qui compte 90 millions de jeunes, a indiqué M. AMR EZZAT SALAMA, Conseiller à l’Université américaine du Caire, et ancien Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie de l’Égypte. Dans cette région, le taux de chômage chez les femmes est 10 fois supérieur à celui des hommes.
Les études montrent que 15% des employeurs égyptiens estiment que les diplômés ne satisfont pas aux exigences du marché. « Une bonne éducation doit produire des diplômés prêts au marché de l’emploi », a-t-il tranché. La bonne démarche serait de se baser sur les besoins du monde de l’emploi pour élaborer les cursus et non le contraire.
En Allemagne, par exemple, la formation technique et professionnelle dure entre deux et trois ans et demi, au rythme de trois ou quatre jours par semaine, au sein même des entreprises et une à deux semaines de séminaire, en dehors, a expliqué, M. ANDREAS KOENIG, Chef de la Section de l’éducation technique et professionnelle, de la formation et des secteurs de l’emploi de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ). Le taux de chômage chez les jeunes y est de 5,4%, « un chiffre rassurant comparé à d’autres pays ».
La coopération entre l’État et les secteurs du commerce et de l’industrie est l’un des éléments essentiels du système allemand. Les entreprises participent à l’élaboration des programmes scolaires et comptent pour la moitié des membres des conseils de direction des établissements scolaires. Pour l’année 2011, 1,4 million de jeunes ont bénéficié de stages en entreprises tandis que les enseignants bénéficient également de programmes de remise à niveau en milieu industriel, une stratégie qui, selon M. Koenig, permet aux jeunes d’avoir, tout au long de leur vie d’adulte, des capacités leur permettant de trouver un travail, et de sortir ainsi de la spirale du chômage.
Le système s’appuie sur la solidité du partenariat entre les secteurs privé et public mais, a prévenu M. Koening, il ne peut être transposé avec succès qu’au coût d’énormes adaptations car « il a mis des centaines d’années pour atteindre ce niveau d’efficacité ».
Le défi du chômage des jeunes est énorme si l’on s’en tient aux prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui estime qu’il faudrait créer 25 millions d’emplois au cours de la prochaine décennie pour que le niveau de chômage actuel reste stable. M. RON BRUDER, Fondateur et Président du Conseil d’administration de la Fondation éducation pour l’emploi a ajouté que le monde arabe, dans lequel sa fondation intervient en priorité, a un des taux de productivité du travail parmi les plus bas au monde.
Il a, à son tour, appuyé l’idée d’adapter les formations aux réalités du monde de l’emploi, en prenant l’exemple de sa fondation qui a permis de former plus de 25 000 jeunes au Moyen-Orient et en Afrique. En Égypte, 60% des étudiants ainsi formés ont remboursé une partie de leurs frais de formation, permettant des réinvestissements dans la formation d’autres jeunes diplômés.
Le principe est clair: l’éducation doit répondre à l’économie, a renchéri M. ABDALA HAMDOK, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Afrique, qui a relevé que 10 millions de jeunes africains arrivent chaque année sur le marché de l’emploi, dans un contexte où le taux de chômage chez les jeunes est 4 fois plus élevé que celui des adultes. Cette réalité illustre l’échec des systèmes éducatifs en Afrique où la vulgarisation du concept d’« Éducation pour tous » ne se traduit pas toujours en qualité. Les taux de croissance en Afrique semblent positifs mais ils ne se traduisent pas encore en création d’emplois.
Débat interactif
Dans la phase des échanges, le représentant de l’Égypte a expliqué que comme les pays en développement ont des économies fortement influencées par le secteur informel, les possibilités de collaboration entre les secteurs public et privé son limitées. Son compatriote et ancien Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie a partagé cette inquiétude en précisant que 73% des jeunes diplômés égyptiens sont absorbés par le secteur formel.
Le Président de la Fondation éducation pour l’emploi a voulu aussi stigmatiser les lois qui freinent le développement des petites et moyennes entreprises (PME), poussant ainsi les jeunes à se tourner vers le secteur informel. Il s’est réjoui du fait que 40% des diplômés formés au Yémen par sa Fondation soient des femmes, un succès retentissant dans un pays où les femmes ne sont pas souvent au-devant de la scène. Il a également évoqué la formation des femmes dans la bande de Gaza et qui ont été, pour certaines, installées dans d’autres pays environnants où les perspectives d’emploi sont plus probantes.
Le problème est une prépondérance du secteur informel, en particulier en Afrique, a reconnu le Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Afrique. Il a suggéré des politiques économiques plus aptes à assurer la transition vers l’économie formelle prometteuse d’une assiette fiscale plus large, sachant que le secteur public ne peut plus fournir la majorité des emplois, a-t-il ajouté, en répondant au Vice-Présidentdu Conseil économique et social (ECOSOC), M. Mootaz Ahmadein Khalil de l’Égypte. « L’ère de l’État providence était révolue. »
Ce qu’il faut faire, a suggéré la République de Corée, c’est d’établir une coopération étroite entre les ministères de l’éducation et de l’emploi. La coordination entre différents ministères est « cruciale », a reconnu le représentant de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ). Il a conseillé aux pays en développement de créer une agence ou un organe gouvernemental chargé de coordonner les programmes de formation et d’emploi, en tenant compte de leurs propres réalités et de leurs priorités économiques. Dans un tel contexte, a commenté la représentante de l’Allemagne, le secteur privé pourra s’impliquer activement dans l’élaboration des cursus scolaires.
Le Venezuela collabore avec son secteur privé, a dit son représentant, pour une adéquation toujours plus grande entre formation et emploi. La transition vers l’économie verte, et partant vers des emplois verts, doit être intégrée dans les programmes de formation, a plaidé Mme CHRISTINE EVANS KLOCK, Directrice du Département des compétences et de l’employabilité de l’Organisation internationale du Travail (OIT), appuyée par M. PHILIPPE KRIDEKA, Directeur du Bureau de liaison de New York de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), qui a aussi insisté sur l’intégration dans ces programmes de technologies de l’information et de la communication.
Débat général
M. LARBI DJACTA (Algérie), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a réaffirmé le droit à l’éducation en tant qu’élément essentiel du développement humain et du développement durable. Chaque gouvernement doit donc prendre les rênes du secteur de l’éducation, tout en faisant participer les partenaires, a-t-il précisé. Il a aussi reconnu le rôle important du système de l’ONU pour renforcer les capacités des pays à atteindre les objectifs convenus en matière d’éducation, et en particulier ceux de la Déclaration ministérielle de l’ECOSOC de 2011.
M. Djacta a appelé de ses vœux un renforcement de la coordination des entités du système de l’ONU et des institutions financières internationales, afin de soutenir au mieux les efforts des États. L’éducation et le développement sont intrinsèquement liés, a-t-il ajouté, avant de réitérer l’importance des mesures de protection sociale qui permettent d’éliminer les obstacles à l’accès à l’éducation. S’inquiétant des taux élevés de chômage chez les jeunes, le représentant a appelé à l’amélioration des programmes d’éducation et de formation professionnelle et demandé à la communauté internationale de renforcer la coordination des politiques et programmes relatifs à l’éducation.
M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a fait savoir qu’en dépit des investissements, les systèmes éducatifs dans les PMA n’ont pas atteint les standards internationaux. Ils sont mal équipés en ressources et en personnels, et peu préparés à relever les défis de la mondialisation. Soulignant l’importance de la coopération internationale, le représentant a regretté la baisse de l’aide publique au développement (APD), constatée en 2011 et a appelé les donateurs à honorer leurs engagements de consacrer de 0,15 à 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD en direction des PMA.
Le représentant a encouragé le secteur privé à s’engager dans le secteur de l’éducation des PMA et a rappelé le Programme d’action d’Istanbul pour la décennie 2011-2020 qui appelle à un accès universel à l’éducation primaire, à l’amélioration de l’éducation et de la formation à tous les niveaux et à l’élimination de l’inégalité entre les sexes devant l’éducation et la formation. Le représentant s’est réjoui de la décision du Secrétaire général de l’ONU de lancer la nouvelle initiative internationale sur l’éducation.
« L’éducation est un socle indispensable pour réaliser les objectifs de développement », a déclaré M. NICOLAS MATHIEU (Suisse), qui a plaidé en faveur de politiques inclusives pour éviter d’exclure de nombreux jeunes. Ces politiques doivent prévoir un nombre suffisant de passerelles entre l’éducation de base, la formation professionnelle et les autres modèles d’éducation informelle. Une éducation citoyenne, démocratique et humaniste représente un investissement pour la paix et contre les conflits, a remarqué le représentant. Il a donc soutenu les trois piliers qui fonderont l’initiative mondiale pour l’éducation du Secrétaire général, à savoir l’accès, la qualité et la citoyenneté. Il a aussi exprimé son soutien au cadre de « Éducation pour tous » de Dakar qui détermine un bon agenda.
M. Mathieu a estimé qu’il serait utile de renouveler le mécanisme de coordination dans ce domaine, afin notamment de définir une répartition claire des rôles et compétences entre acteurs et partenaires. Il a aussi jugé essentiel de faire participer la société civile et les acteurs non étatiques à tous les niveaux. Il est toutefois impératif d’adopter un cadre normatif partagé par l’ensemble de la communauté internationale pour éviter une dispersion des efforts, a-t-il ajouté, souhaitant que le système onusien poursuive le dialogue politique de haut niveau afin d’aménager ce cadre et l’orienter vers l’action. Il a aussi suggéré qu’un accord sur la qualité de l’apprentissage représente le point d’orgue de la présentation de l’initiative mondiale pour l’éducation, lors de la prochaine session plénière de l’Assemblée générale.
M. SERGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a réaffirmé que son pays investit dans l’éducation, entre autres, pour effacer les barrières héritées de l’histoire. Le Brésil reconnait la nécessité d’adopter une approche systémique qui embrasse les différents aspects de l’éducation, à savoir l’enseignement primaire et secondaire et le combat contre l’illettrisme. Il est impératif de développer un partenariat avec la société civile et le secteur privé, a jugé le représentant, en annonçant que l’objectif de son pays est de faire passer l’investissement public dans l’éducation de 4,5% à 7% du PIB à la fin de la décennie.
Le représentant a dit qu’actuellement, plus de 95% des enfants brésiliens fréquentent l’école primaire, ce qui a permis de réduire les disparités en matière de revenus entre les régions et entre les sexes. L’étape suivante est l’amélioration de la qualité de l’éducation, de la formation et de l’apprentissage. Le représentant a salué, à son tour, les initiatives menées par l’ECOSOC, l’UNICEF et l’UNESCO. Il dit attendre avec impatience le lancement, en septembre prochain, de l’Initiative globale pour l’éducation du Secrétaire général de l’ONU.
Mme HEGE HAALAND (Norvège) a soulevé le problème d’accès à l’éducation vécu par les enfants vivant dans des zones affectées par une crise ou un conflit. Ces enfants représentent environ la moitié des 61 millions d’enfants qui n’ont toujours pas accès à l’éducation, a-t-elle dit. Si les écoles sont normalement protégées par le droit international en cas de conflit, ce droit est souvent violé, a-t-elle dit, saluant, à cet égard, le dernier rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés qui, pour la première fois, a ajouté les forces armées ayant attaqué des écoles et des hôpitaux à la « Liste de la honte ».
Mme Haaland a estimé qu’il est possible d’assurer l’éducation des enfants dans les zones de conflit et les situations humanitaires. Elle a donné l’exemple du Népal qui avait déclaré les écoles « zones de paix » au cours de ses années de conflit civil, grâce notamment à l’intervention de l’UNICEF et à l’organisation « Save the Children ». La représentante a appuyé le Réseau interinstitutionnel pour l’éducation dans les situations d’urgence et a rappelé que près de 2% du financement de l’aide humanitaire est utilisé pour des initiatives en matière d’éducation. Mme Haaland s’est félicitée, à son tour, du prochain lancement de l’Initiative mondiale pour l’éducation. Elle a aussi réitéré l’importance qu’il y a à éliminer toute discrimination dans ce domaine, sur la base du revenu, du genre, du handicap, de l’ethnie ou de la religion.
Mme ALISON HELENA CHARTRES(Australie) a annoncé que 170 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté si tous les élèves du premier cycle parvenaient à terminer l’école primaire. Une année scolaire supplémentaire suffirait à augmenter de 10 à 20% les revenus des femmes. Aussi, l’Australie va-t-elle investir plus de 5 milliards de dollars jusqu’en 2015 en faveur de ses pays partenaires. Elle va aussi consacrer 270 millions de dollars supplémentaires au Partenariat international pour l’éducation. Pour l’Australie, l’éducation est un droit, a insisté la représentante, en encourageant les Nations Unies et tous les partenaires internationaux tant du secteur privé que de la société civile à aider les pays en développement à améliorer leur système éducatif pour permettre aux jeunes de participer pleinement au développement durable de leurs pays.
M. GILLES RIVARD (Canada) a assuré que son pays s’attache à offrir une éducation de qualité aux filles et aux garçons. Nous mettons l’accent sur la formation des enseignants, la pertinence des programmes d’étude et la qualité du matériel didactique, a-t-il précisé. Nous savons que les partenariats sont très importants pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il dit, soulignant l’importance du Partenariat mondial pour l’éducation en tant que mécanisme international qui promeut l’efficacité de l’aide. Il a aussi salué l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles, ainsi que le Réseau interinstitutionnel pour l’éducation dans les situations d’urgence. Le Canada coopère avec de nouveaux partenaires du secteur privé, a-t-il dit, avant de se féliciter de l’initiative du Secrétaire général qui cherche à tirer parti de ce genre de partenariats.
Mme HANNA PROROK(Ukraine) a déclaré qu’il y a eu de l’amélioration, au niveau mondial, depuis l’adoption de la Déclaration ministérielle de 2011. Elle a souligné le rôle de la coopération internationale menée par le système des Nations Unies, y compris avec le secteur privé et la société civile. Elle a indiqué que l’Ukraine enregistre de bons résultats en matière d’éducation. Quelque 99% des enfants de 6 à 18 ans sont inscrits à l’école et le pays s’efforce d’améliorer l’informatisation de son système éducatif. Quatre vingts pour cent des écoles secondaires ont désormais accès à Internet. Le Gouvernement a aussi adopté un programme d’étape 2010-2015 pour la formation professionnelle et travaille en ce comment sur un projet de loi avec la société civile, pour atteindre les standards européens.
Mme INES FASTAME (Argentine) a jugé primordial d’appliquer la Déclaration ministérielle de l’ECOSOC de 2011, rappelant la réunion préparatoire qui avait eu lieu à Buenos Aires, l’an dernier, sur les défis de développement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Elle a souligné l’importance de l’évaluation des processus dans le domaine de l’éducation ainsi que du suivi des mécanismes mis en place. L’assistance technique étrangère doit tenir compte des contextes nationaux, a-t-elle ajouté. Elle a aussi souhaité que la coordination soit renforcée entre les organismes vecteurs de l’« Éducation pour tous ». L’Argentine a mis en œuvre plusieurs initiatives dont une loi de 2006 qui rend obligatoire l’enseignement secondaire. Pour l’Argentine, l’enseignement doit, de manière générale, respecter les droits de l’homme, en particulier les droits économiques, sociaux et culturels, a ajouté la représentante. Elle a aussi mentionné des initiatives que son pays a lancées ou appuyées, notamment dans le cadre du Conseil des droits de l’homme.
Mme LORENA LARIOS (Mexique) a estimé que pour garantir le droit à l’éducation, il faut que tous les membres de la société travaillent ensemble pour aider les individus à progresser et que les États joignent leurs forces pour promouvoir l’agenda international de l’éducation. Le Plan mexicain de développement de 2007-2012 prévoit des mesures visant à réduire les inégalités entre sexes et entre régions du pays, en matière d’éducation. Les efforts déployés ont été affectés par les crises économique et financière qui exigent que le monde travaille véritablement avec l’ECOSOC et les Nations Unies, comme « centres névralgiques » de ses efforts. L’éducation n’est pas seulement un droit fondamental. Elle est aussi le catalyseur qui permet de réaliser les autres droits.
M. DER KOGDA (Burkina Faso) a constaté les grands progrès accomplis pour faire accéder tous les enfants à l’éducation depuis le lancement, en 2000, de la Stratégie mondiale « Éducation pour tous », grâce aux efforts des Nations Unies, de l’UNESCO et de l’UNICEF, ainsi que des gouvernements qui ont davantage investi dans ce domaine. Pour ce qui concerne l’Afrique, il a signalé de solides progrès, notamment dans l’enseignement primaire. Le taux de scolarisation au primaire a augmenté de 25% entre 1999 et 2009.
Le représentant a cependant reconnu les difficultés qui subsistent, comme la faible qualité de l’enseignement, le nombre important d’écoles sans enseignant, le sureffectif des classes et la faible scolarisation en milieu rural. Le Gouvernement a donc élaboré une stratégie nationale d’intensification de l’alphabétisation, a indiqué M. Kogda, qui a exprimé son soutien à la décision du Secrétaire général de faire de l’éducation une des priorités de son plan d’action pour son deuxième mandat. Il a aussi soutenu l’Initiative mondiale pour l’éducation visant notamment à donner à ce secteur une plus grande visibilité politique. Il a invité à explorer davantage les partenariats multiples en vue de soutenir les stratégies nationales, régionales et internationales vers la réalisation de cet OMD-2.
M. JORGE VALERO BRICEÑO(Venezuela) a réitéré le rôle de chaque gouvernement en matière de stratégie et de politique éducative. L’éducation n’est pas une marchandise comme une autre, elle doit être gratuite et libre, a-t-il ajouté. En Amérique latine, le Venezuela figure au deuxième rang s’agissant des réalisations en matière d’éducation. Dans ce cadre, le représentant a dénoncé la dévalorisation des diplômes universitaires qui découle, dans de nombreux pays, de la privatisation de l’enseignement supérieur imposée par le modèle économique libéral.
Mme ELIZABETH COUSENS(États-Unis) a estimé que les systèmes éducatifs doivent solliciter davantage de parties prenantes qu’auparavant. Insistant sur le budget important que consacre son pays à ce domaine, notamment pour l’aide au développement, elle a précisé les trois cibles qu’il vise en particulier: améliorer l’éducation primaire; améliorer la formation professionnelle pour une meilleure intégration au marché du travail; et permettre un meilleur accès à l’éducation aux enfants frappés par les diverses crises. Elle a prôné la mise en place plus fréquente de partenariats pour échanger les pratiques optimales dans ce domaine, observant que l’ONU est la tribune appropriée pour ce genre d’exercices. Elle a demandé des données beaucoup plus précises, notamment en ce qui concerne la parité, afin de mieux cibler les efforts. Elle a dit apprécier le fait que le rapport du Secrétaire général mentionne l’importance de la parité dans l’éducation et a salué l’initiative de M. Ban Ki-moon en faveur de l’éducation.
M. PEDRO MEDRANO, Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que le PAM appuie le mouvement « Éducation pour tous » par ses programmes de cantines qui renforcent le taux de scolarisation et contribuent à améliorer les résultats et la santé des élèves. Ils renforcent aussi l’égalité entre les sexes et constituent un filet de sécurité permettant aux familles de se protéger des fluctuations des prix des produits alimentaires. Le PAM et la Banque mondiale travaillent ensemble pour appuyer l’appropriation nationale de ces programmes de cantines car il s’agit d’un investissement dans le développement national et dans la promotion du marché agricole nationale comme au Brésil où un centre d’excellence contre la faim a été créé en 2011. Ce centre, qui est un exemple de coopération Sud-Sud, conseille les gouvernements sur la manière de promouvoir les cantines scolaires en faveur de la nutrition, de l’éducation et de la sécurité alimentaire des enfants. Le PAM et la Banque mondiale aident aussi les pays à formuler des politiques de santé en milieu scolaire.
Présentation des rapports des organes de coordination (E/2012/67 et A/67/16 Supp. No 16)
M. THOMAS STELZER, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales, a rappelé que le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS) est l’organe de coordination le plus élevé du Secrétariat de l’ONU. Il a dressé un panorama d’ensemble des principales activités de coopération interorganisations menées dans le cadre du CCS au cours de la période 2011-12. Il a décrit en outre les principales activités menées par les trois piliers du CCS, à savoir le Comité de haut niveau sur les programmes, le Comité de haut niveau sur la gestion et le Groupe des Nations Unies pour le développement.
Un sujet qui a beaucoup occupé le CCS cette année a été sa contribution à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable -Rio+20-, a indiqué M. Stelzer. Pendant la Conférence elle-même, le CCS a organisé une manifestation parallèle de haut niveau. Il continuera aussi le suivi des textes du Sommet du Millénaire, a assuré le Sous-Secrétaire général, signalant, à cet égard, une plateforme Internet qui montre les progrès réalisés en termes d’Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Conseil examine aussi les questions transversales et cherche à renforcer les activités à l’échelle du système en matière de droits de l’homme et de réduction des risques de catastrophes.
En ce qui concerne le Comité de haut niveau sur les programmes, il a poursuivi ses efforts de coordination dans les domaines des changements climatiques, du soutien aux pays les moins avancés (PMA) et des questions démographiques. Le Comité de haut niveau sur la gestion, a pour sa part, répondu à des demandes croissantes d’amélioration de l’efficacité des services offerts par l’ONU. Sur les questions opérationnelles, le Groupe de développement des Nations Unies a concentré ses efforts sur le développement d’un système de soutien aux efforts des pays en vue de réaliser les OMD.
Le CCS a aussi continué sa coopération avec les autres organes interorganisations, comme le Corps commun d’inspection (CCI) et la Commission de la fonction publique internationale (CFPI). Au cours de la période considérée, il est clair que le système de l’ONU a bénéficié d’un dialogue plus poussé avec les représentants des États Membres, a ajouté M. Stelzer, citant les nombreuses réunions organisées dans le cadre de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale notamment. Le Conseil a aussi amélioré la qualité des informations figurant dans les rapports et sur son site Internet qui a été lancé cette année.
Débat interactif
Aux interrogations du représentant du Bangladesh et de celui de Cuba sur le fonctionnement du CCS et le bénéfice que peuvent en tirer les États Membres, le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisationsa répondu que le travail du CCS se fait de manière graduelle, stratifiée et individualisée. Ce travail a commencé l’année dernière mais il s’agit d’un processus permanent qui sera d’ailleurs confronté à de nouveaux défis notamment dans le cadre des préparatifs de l’Agenda pour le développement pour la période après-2015. Le CCS, qui rend compte de ses travaux à l’ECOSOC, répond toujours positivement aux demandes d’informations et de coopération des États Membres.
Le représentant des États-Unis et celui du Brésil ont salué « les réalisations du CCS ». Le représentant des États-Unis a noté « la simplification des méthodes de travail » et n’a pas manqué de mettre l’accent sur « l’intégration des questions des droits de l’homme, de la parité et de la coordination des actions des Nations Unies ».
Son homologue du Brésil a souligné l’importance des contributions du CCS dans la préparation de la Conférence Rio+20. Il a également mis l’accent sur les efforts de « budgétisation, de coordination, de cohérence et de transparence » faits par le Conseil qui doit néanmoins être à l’écoute des attentes et des préoccupations des États Membres « pour relever les défis complexes de l’heure », a-t-il conclu.
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