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ECOSOC/6527

ECOSOC: le Forum pour la coopération en matière de développement s’achève par l’examen de toutes les formes utiles de cette coopération

06/07/2012
Conseil économique et socialECOSOC/6527
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social                               

Session de fond de 2012                                    

19e & 20e séances – matin & après-midi                      


ECOSOC: LE FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT S’ACHÈVE

PAR L’EXAMEN DE TOUTES LES FORMES UTILES DE CETTE COOPÉRATION


L’ECOSOC insiste une fois de plus sur l’urgence de créer des emplois

décents pour les jeunes et d’intégrer les femmes au monde du travail


Le Forum pour la coopération en matière de développement, qui se tenait hier et aujourd’hui dans le cadre de la session de fond de 2012 du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est conclu aujourd’hui par six tables rondes et fora de discussion qui ont couvert de nombreux thèmes et sous-thèmes relatifs à la coopération pour le développement et aux moyens de la rendre plus efficace et plus productive.  Aujourd’hui, l’accent a été en particulier mis sur la coopération Sud-Sud, qui en cette année 2012 représente 12% de l’aide au développement, contre 10% en 2009.


La coopération Sud-Sud est « une forme plus équitable d’interdépendance mondiale » qui complète les mécanismes existants entre le Nord et le Sud, a remarqué le Ministre d’État des finances et du développement économique de l’Éthiopie.  Ses échanges représentent actuellement 50% des échanges commerciaux des pays du Sud.  Au cours des débats, de nombreux exemples des activités relevant de cette forme de coopération ont été donnés, notamment de la coopération entre la Chine et les autres pays en développement, qui fait qu’elle est aujourd’hui le premier partenaire commercial des pays du continent africain. 


Il est ressorti de ces discussions que la coopération Sud-Sud présente des avantages bien spécifiques.  Outre qu’elle peut être mise en place plus rapidement que les autres mécanismes de coopération, la coopération Sud-Sud est menée par des pays qui sont plus respectueux de leur souveraineté respective, les États donateurs et ceux bénéficiaires se comportant comme des pairs.


« La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire se traduisent par des transferts de compétences et de technologies qui permettent un développement à long terme », a également souligné le Président de l’ECOSOC, M. Miloš Koterec, de la Slovaquie.  Le Vice-Ministre des finances et de la planification nationale de la Zambie a donné l’exemple de son pays qui, d’un côté, envoie de jeunes Zambiens au Bénin pour acquérir des connaissances en matière d’agriculture durable et, de l’autre, bénéficie d’un transfert de technologies en matière de téléphonie de la part d’experts de la Malaisie, grâce au soutien du Japon.  Deuxième exportateur mondial de riz et classé parmi les 10 premiers exportateurs de café et de caoutchouc, le Viet Nam met l’accent, en matière de coopération, sur l’éducation et la coopération en en ce qui concerne la productivité agricole, notamment avec des pays africains, a signalé pour sa part le Vice-Ministre de la planification et de l’investissement de ce pays.


Au cours de la deuxième table ronde, plusieurs représentants d’agences nationales de coopération ont précisé les conditions nécessaires à une coopération efficace.  Pour le représentant de l’Agence turque de coopération, il faut avant tout avoir une bonne connaissance des besoins du pays avec lequel on entretient des liens de partenariat et le désir de travailler ensemble.  De l’avis du représentant de l’Agence de coopération du Mexique, il est essentiel d’améliorer la prévisibilité des ressources et la coordination entre les institutions des différents pays et les partenaires extérieurs.


De leur côté, s’ils veulent optimiser les bénéfices de cette coopération, les pays récipiendaires doivent prendre les rênes de leur propre développement afin d’instaurer un climat propice à l’intervention des partenaires, a souligné le Ministre zambien, en citant les mesures d’encouragement fiscales mises en place dans son pays pour les entreprises qui investissent dans des projets liés à cette coopération.  En outre, certains intervenants, comme le représentant de l’Agence uruguayenne de coopération internationale, ont fait valoir que la coopération Sud-Sud ne pouvait se substituer à la coopération Nord-Sud. 


Une autre discussion a mis en évidence l’intérêt de décentraliser la coopération vers la gouvernance locale.  Ainsi, le maire de la ville de Bonn, en Allemagne, a cité des partenariats conclus par sa ville et six autres agglomérations urbaines à travers le monde autour de projets variés allant de l’accès à l’éducation, à la protection de l’environnement et à l’adaptation aux changements climatiques.  Le Directeur général de la coopération internationale du Gouvernement de la Catalogne, en Espagne, a, quant à lui, parlé des programmes de coopération qu’il mène en matière de services sociaux.


Dans l’après-midi, les experts se sont penchés sur la voie que devrait suivre la coopération internationale pour atteindre les objectifs de développement durable fixés par la récente Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 ».  Le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a estimé que la meilleure façon de sortir de la pauvreté était de se voir offrir un emploi décent.  Il a donc invité à investir dans des secteurs innovants, dont l’économie verte.  Selon la Confédération syndicale des travailleurs et travailleuses des Amériques, le Document final de Rio+20 ne contient pourtant aucune mesure concrète et aucun engagement particulier destinés à créer des emplois décents.


L’ECOSOC a aussi, cet après-midi, poursuivi le débat général de son segment de haut niveau, avec la participation d’une vingtaine de représentants d’États Membres et d’organisations du système de l’ONU, ainsi que l’Observateur du Saint-Siège auprès des Nations Unies.  Intervenant sur le thème de la « promotion de la capacité de production, de l’emploi et du travail décent pour éliminer la pauvreté à la faveur d’une croissance économique partagée, durable et équitable », les délégations ont fait part notamment de leurs initiatives nationales en direction des groupes les plus vulnérables, comme les jeunes et les femmes qui sont actuellement les plus touchés par le chômage.  Beaucoup de pays ont investi dans l’éducation et la formation professionnelle, comme par exemple le Brésil, avec le programme « Bolsa Familia », qui incite les parents à garder leurs enfants à l’école, et le programme « Université pour tous ».


Le débat de haut niveau de l’ECOSOC se poursuivra lundi, le 9 juillet, à partir de 9 h 30, et devrait se terminer par l’adoption d’une déclaration ministérielle.


FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT (E/2012/11, E/2012/15, E/2012/15/Add.1, E/2012/15/Add.2, E/2012/50, E/2012/78 et E/2012/83)


Thème: « Les enseignements tirés de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire »


Table ronde I sur le thème « Que peut-on apprendre de la coopération Sud-Sud? »


La première des deux tables rondes consacrées ce matin aux « enseignements tirés de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire » s’est concentrée sur le thème: « Que peut-on apprendre de la coopération Sud-Sud? ».  Elle a été l’occasion de mettre l’accent sur la valeur ajoutée de cette coopération qualifiée de « nouveau moyen de réaliser le développement en permettant de réfléchir davantage à la manière d’accroître la coopération au développement ».  « Au-delà des grands projets, la coopération Sud-Sud et triangulaire se traduit par des transferts de compétences et de technologies qui permettent un développement à long terme », a souligné le Président de l’ECOSOC, M. MILOŠ KOTEREC dans ses remarques introductives.  Avec une croissance de 12% par an, cette coopération -qui représente 50% des échanges commerciaux des pays du Sud- est aussi plus rapide que les autres mécanismes de coopération et est conduite par des pays du Sud, qui sont plus respectueux de la souveraineté des États en ce qui concerne la manœuvre décisionnelle, ont souligné des intervenants.  


Animée par Mme DEBORAH BRAUTIGAM, Professeur et Directrice du Programme de développement international de l’École des hautes études internationales de l’Université Johns Hopkins à Washington, la table ronde a bénéficié des interventions liminaires de M. AHMED SHIDE, Ministre d’État des finances et du développement économique de l’Éthiopie; M. NGUYEN THE PHUONG, Vice-Ministre de la planification et de l’investissement du Viet Nam; M. MILES SAMPA, Vice-Ministre des finances et de la planification nationale de la Zambie; M. PETKO DRAGANOV, Secrétaire général adjoint de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED); et M. BIRAMA SIDIBE, Vice-Président chargé des opérations de la Banque islamique de développement.


Dans une déclaration liminaire, Mme Brautigam a illustré l’intervention croissante des pays du Sud, en rappelant que la Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial des pays du continent africain.  Parlant de nouvelles tendances observables sur la scène internationale, elle a aussi évoqué les crédits alloués par l’Angola au Portugal, et ceux versés par l’Inde en appui aux interventions du Fonds monétaire international (FMI) en Europe, en précisant que cette influence croissante de l’Inde et des autres pays émergents ne se cantonne pas au Sud.    


La coopération Sud-Sud représente avant tout une forme plus équitable d’interdépendance mondiale et nous permet d’avoir plus de partenaires pour compléter les mécanismes existants entre le Nord et le Sud, a dit le Ministre d’État des finances et du développement économique de l’Éthiopie.  


Mettant l’accent sur 40 ans de coopération Sud-Sud, le Vice-Ministre de la planification et de l’investissement du Viet Nam a cité l’appui apporté par son pays en matière d’agriculture et d’exploitation forestière à d’autres États, dont la République démocratique populaire lao.  Citant l’envoi d’experts vietnamiens dans de nombreux pays asiatiques de la région de l’Asie du Sud-Est, M. Nguyen a jugé essentiel d’identifier les domaines présentant les meilleurs avantages comparatifs.  Il a dit, par ailleurs, que cette coopération a été déterminante pour aider des pays en développement à faire des économies de coûts dans un contexte de crise financière et de récession économique.


Présentant la Zambie comme un cas classique de succès de la coopération Sud-Sud, le Vice-Ministre des finances et de la planification nationale de la Zambie a cité l’envoi de jeunes zambiens au Bénin pour acquérir des connaissances en matière d’agriculture durable et l’intervention d’experts en provenance de la Malaisie en Zambie en matière de téléphonie, chose rendue possible grâce au soutien du Japon. 


« En matière de coopération, il faut se fonder sur les besoins et intérêts particuliers des pays et sur leurs capacités de production », a insisté le Secrétaire général adjoint de la CNUCED.  Soulignant le rôle que joue la CNUCED dans la promotion de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, M. Draganov a noté la croissance annuelle de 12% qu’a connue la coopération Sud-Sud –qui représente 50% des échanges commerciaux des pays du Sud- ce qui est très supérieure à celle obtenue par les mécanismes de la coopération Nord-Sud.  En 2009, a-t-il dit, la coopération Sud-Sud représentait 10% de l’aide au développement.    


Illustrant l’apport de la coopération Sud-Sud en matière de financement, le Vice-Président chargé des opérations de la Banque islamique de développement a indiqué que cette Banque avait engagé 70 milliards de dollars en faveur d’activités de développement depuis 37 ans dont la moitié consacrée au développement d’activités commerciales.  Nous renforçons aussi les capacités d’organisations régionales ou sous-régionales, a-t-il dit, avant de vanter l’efficacité d’un programme lancé en 1983 par la Banque islamique de développement pour favoriser la coopération technique et les échanges de savoir-faire, de conseils et de technologie. 


M. ADRIEN AKOUTETE, représentant de l’organisation syndicale ITUC Africa, a regretté les limites de la coopération Sud-Sud en matière de création d’emplois décents en regrettant l’absence de transparence de certains programmes de coopération.  Notant que la majorité de la population africaine n’avait accès qu’à l’économie informelle, il a dit que la transformation des matières premières au niveau local est le meilleur moyen de créer des emplois décents au niveau de ces pays.  De son côté, la représentante d’El Salvador, dont le pays est le premier bénéficiaire de la coopération Sud-Sud en Amérique latine, a appelé à une coopération triangulaire fondée sur la demande des pays qui en sont bénéficiaires et axée sur le renforcement des capacités nationales de manière horizontale.  


Réagissant aux déclarations des délégations, le Vice-Ministre de la planification et de l’investissement du Viet Nam a jugé qu’il est essentiel pour chaque pays de bien identifier ses avantages comparatifs.  Deuxième exportateur mondial de riz et parmi les 10 premiers exportateurs de café et de caoutchouc, le Viet Nam met l’accent sur l’éducation et la coopération en matière de productivité agricole, a-t-il dit, en citant des exemples d’échanges en ce domaine avec des pays africains. 


« Il est indispensable que chaque pays récipiendaire de programmes de coopération hôte prenne les rênes de son propre développement pour instaurer un climat propice à l’intervention des partenaires de la coopérations Sud-Sud et de la coopération triangulaire », a souligné le Vice-Ministre des finances et de la planification nationale de la Zambie, en citant les mesures d’encouragement fiscales mises en place en Zambie pour les entreprises qui investissent dans des projets liés à cette coopération.  Si l’on veut réussir, il est primordial de renforcer les capacités, a insisté le représentant de la CNUCED, en appelant les différents pays à profiter des échanges d’expérience.     


Table ronde II sur le thème « Les institutions de coopération Sud-Sud pour le développement: Nouvelles tendances »


De nombreux acteurs entrent désormais en jeu dans la coopération Sud-Sud, a observé Mme DEBORAH BRAUTIGAM, Professeur et Directrice du Programme de développement international de l’École des hautes études internationales de l’Université Johns Hopkins à Washington, en lançant le débat sur les nouvelles tendances qui ont vu le jour dans ce domaine.  Elle a présenté trois agences nationales de coopération, de la Turquie, du Japon et de l’Uruguay, dont des représentants participaient à la discussion.


La Turquie est devenue un des donateurs les plus importants dans le domaine de l’aide au développement, a indiqué M. SERDAR ÇAM, Président de l’Agence turque pour la coopération internationale et le développement (TIKA).  La Turquie cherche d’abord à bien comprendre le pays avec lequel elle établit un partenariat afin d’évaluer les risques auxquels il est exposé, a expliqué M. Çam, avant de donner l’exemple de l’aide que son pays apporte à la Somalie.  L’apport de cette aide a commencé par plusieurs visites effectuées par une délégation turque sur le terrain.  M. Çam a aussi averti que s’il fallait une certaine visibilité de l’aide, il était parfois nécessaire de ne pas agir de manière trop ostentatoire dans ce domaine.  Le Président de TIKA a également conseillé de ne pas avoir trop d’attentes ou d’expectations concernant les résultats attendus, mais d’avoir un réel désir de travailler ensemble.  Il a appelé à établir des partenariats avec les personnes les plus compétentes pour faciliter le transfert de l’aide, en évitant de se heurter aux inconvénients de la bureaucratie.


M. MASATO WATANABE, Vice-Président de l’Agence japonaise de coopération internationale (AJCI), a également souligné l’importance, dans le cadre de la conduite d’actions de coopération, de se rendre sur le terrain.  Il a indiqué s’être rendu à Addis-Abeba, en Éthiopie, dans le cadre de la coopération au développement avec l’Éthiopie.  Le Japon a ainsi travaillé avec le centre technologique éthiopien des eaux, afin de renforcer la capacité hydraulique de l’Éthiopie et l’approvisionnement en eau du pays.  Le centre est devenu une organisation de formation pour les ingénieurs éthiopiens, a-t-il indiqué.  Il a aussi parlé de la coopération qui s’est établie entre le Japon et un certain nombre de pays dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).


Il n’y a pas un seul modèle de coopération Sud-Sud, a affirmé M. MARTIN RIVERO, Directeur exécutif de l’Agence uruguayenne de coopération internationale.  Les pays d’Amérique latine ont redoublé d’efforts au cours des cinq dernières années pour échanger leurs expériences et leurs données avec d’autres pays et entre eux, a-t-il dit, ce qui a abouti à la confection d’un document sur la coopération approuvé par 19 pays.  Mais la coopération Sud-Sud ne peut se substituer à la coopération Nord-Sud, a-t-il averti.  L’intérêt de la coopération Sud-Sud est qu’elle cherche à utiliser les ressources humaines, technologiques et financières disponibles de façon rationnelle et en s’adaptant aux particularités locales, a-t-il indiqué.  En outre, cette coopération s’appuie sur les relations entre pays qui se considèrent comme des pairs et sur le respect des institutions et des choix politiques de chaque État participant.  Les pays d’Amérique latine sont de plus en plus des fournisseurs d’aide dans la coopération Sud-Sud, tout en ayant eux-mêmes besoin de continuer de bénéficier de la coopération traditionnelle, a-t-il ajouté.


Au cours de la discussion qui a suivi ces déclarations liminaires, tous les intervenants ont reconnu les mérites de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, avant de donner des précisions sur les expériences acquises par leurs pays respectifs.  En Argentine, par exemple, la coopération Sud-Sud est gérée par l’État et est donc liée aux politiques adoptées par le Gouvernement, a indiqué sa représentante.  Elle a insisté sur l’importance du cadre multilatéral dans lequel tous les pays sont égaux.  Pour le représentant de l’Agence de coopération du Mexique, la coopération Sud-Sud exige quatre conditions: programmer les ressources, améliorer la prévisibilité, mettre en place des procédures transparentes et améliorer la coordination entre les institutions des différents pays et les partenaires extérieurs.


Le représentant du Canada a fait part de l’expérience canadienne en matière de coopération triangulaire, notamment dans le domaine de la santé.  Nous voulons rendre notre aide plus efficace en suivant les orientations que préconisent les pays qui en sont bénéficiaires, a-t-il assuré.  De son côté, la représentante du Liban a évoqué le cas des États sortant de conflit.  Quant au représentant du Japon, il a souhaité que toutes les parties concernées prennent part aux programmes de coopération, de leur conception à leur application.  Il a indiqué que le Japon a passé 12 accords de coopération, notamment avec l’Indonésie, l’Égypte et l’Argentine, afin d’apporter son soutien à la coopération Sud-Sud par le biais de la coopération triangulaire.


Thème: « La coopération internationale pour le développement: L’évolution du rôle des organisations philanthropiques du secteur privé et la coopération décentralisée »


Table ronde A: Organisations philanthropiques du secteur privé


Avant d’assumer le rôle d’animateur de cette table ronde, M. RON BRUDER, Fondateur et Président du Conseil d’administration de la « Fondation Éducation pour l’emploi », à New York, a estimé qu’il était essentiel, aujourd’hui, d’agir dans un but non lucratif, car les besoins de la société sont trop importants pour être supportés sans l’aide et sans l’appui des organisations philanthropiques, en particulier celles du secteur privé.  Il a, d’emblée, ouvert le débat en questionnant les participants au dialogue: Comment les organisations philanthropiques du secteur privé peuvent-elle contribuer à la coopération internationale pour le développement?  Et que faudrait-il faire pour renforcer leur rôle?


Pour M. KLAUS LESINGER, Président et Directeur général de la Fondation Novartis pour le développement durable, il faut mettre en place des institutions pertinentes au sein desquelles tous les acteurs de développement peuvent être informés des politiques en la matière mais également mettre en œuvre et assumer leur part de responsabilité.  Il a cité, à titre d’exemple, la création du Comité pour le développement et la coopération, en Suisse, qui réunit des représentants du Gouvernement, de la société civile et du monde des affaires.  Il a également mis l’accent sur la nécessité pour les systèmes locaux d’être efficaces ou de mettre en place des systèmes intégrés.  Novartis fournit des médicaments contre la lèpre dans de nombreux pays mais, sans système sanitaire intégré, ces médicaments risquent de ne pas atteindre les malades et, lorsqu’ils parviennent à ceux-ci, il faut également s’assurer que ces bénéficiaires les prennent effectivement, a-t-il expliqué.


Toujours au sujet des pratiques optimales, M. IQBAL NOOR ALI, Conseiller principal auprès du Réseau de l’Aga Khan pour le développement, a insisté sur la mise en place de réseaux de coordination et sur la création de synergies avec d’autres institutions.  Il a présenté le cas concret d’un programme du Réseau de l’Aga Khan qui fournit des semences à des agriculteurs au Kenya.  En établissant, sur place, des synergies avec des institutions de microcrédit, ce programme a permis aux bénéficiaires de proposer des produits de grande qualité et d’obtenir des prix plus élevés pour leur production.  Bien que les collaborations soient importantes, « rien ne remplace le fait de toucher et de sentir les choses sur place », a-t-il dit.  « Sans cela, on ne sait pas ce qui fonctionne ou pas. »


Interrogée ensuite sur l’évolution des pratiques philanthropiques, Mme HEATHER GRADY, Vice-Présidente de la « Foundation Initiatives », de la Fondation Rockefeller », dont l’organisation fêtera son centenaire l’an prochain, a fait part de profonds changements attendus dans le secteur de la philanthropie au cours des prochaines années.  « Le monde philanthropique va encore se développer davantage », le nombre de personnes très riches augmente, « et on peut en être choqués ou estimer que cela représente également une source d’opportunités et de financement que pourraient effectuer les philanthropes », a-t-elle dit.  Elle a également fait remarquer que le réseau de la philanthropie était en plein développement en Chine et que, à moyen terme, les grands donateurs, par exemple, seraient de plus en plus intéressés par des investissements à fort impact environnemental et social.


Ces trois intervenants ont ensuite été questionnés à plusieurs reprises par des représentants d’organisations non gouvernementales (ONG) et de la société civile.  Les organisations philanthropiques peuvent-elles financer des biens et des services publics?  « Non », a répondu Mme Grady, qui a plutôt mis l’accent sur la possibilité pour les philanthropes de mettre en place des mécanismes capables d’être en liaison avec les gouvernements et de comprendre les besoins du public et leurs coûts.  Cet avis a été partagé par M. Noor Ali qui a précisé que le Réseau de l’Aga Khan n’interviendrait cependant pas dans de tels secteurs au-delà d’un ratio de 10%.  Enfin, plusieurs questions ont également porté sur les programmes soutenus par ces fondations en faveur de l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Mme Grady, de la Fondation Rockefeller, a fait remarquer qu’il existait de réelles opportunités en matière de soutien à l’entreprenariat des femmes, en particulier dans le domaine de l’économie verte et dans les pays émergents.


Table ronde B: La coopération décentralisée en matière de développement


Cette deuxième table ronde sur le thème: « L’évolution du rôle des organisations philanthropiques du secteur privé et la coopération décentralisée en matière de coopération internationale pour le développement » a été l’occasion d’appeler les gouvernements à reconnaître la valeur ajoutée des villes et des communautés locales en matière de renforcement des capacités locales et de promotion du développement.  Le représentant de la Commission européenne a annoncé l’adoption, en février 2013, d’un nouveau document politique par les institutions européennes sur la question qui donnera lieu à une large consultation des collectivités locales pour se nourrir de leur point vue.  Il a également cité la tenue, en avril 2013, des troisièmes assises européennes de la coopération décentralisée en soulignant l’importance de l’Atlas du Comité des régions européennes, qui permet de créer un lien entre les collectivités locales et de faciliter les échanges d’expérience. 


Animée parMme CÉCILE MOLINIER, Directrice du Bureau du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Genève, cette table ronde a été ouverte par les interventions liminaires de M. CARLES LLORENS VILA, Directeur de la coopération internationale du Gouvernement de la Catalogne (Espagne); M. JÜRGEN NIMPTSCH, Maire de la ville de Bonn (Allemagne); M. ANTHONY EGYIR AIKINS, Maire de Cape Coast (Ghana); Mme PATRICIA AYALA, Intendante du Département d’Artigas (Uruguay); et M. BARRY URBANOVICH, Président de la Fédération canadienne des municipalités et Coprésident du Comité pour la coopération décentralisée de cités et gouvernements locaux unis.


Mettant l’accent sur l’importance de la gouvernance locale en tant qu’acteur de la coopération internationale pour le développement, le Directeur général de la coopération internationale du Gouvernement de la Catalogne et représentant de FOGAR, a parlé de l’intervention croissante de la Catalogne dans des programmes de coopération, depuis 1985, dans les domaines des services sociaux et de l’appropriation du développement. 


La coopération décentralisée est un instrument d’éducation au développement durable, a, de son côté, dit le Maire de Bonn, en citant des partenariats lancés par la ville de Bonn avec six autres agglomérations urbaines à travers le monde autour de projets variés allant de l’accès à l’éducation, à la protection de l’environnement et à l’adaptation aux changements climatiques.  De son côté, le Maire de Cape Coast a indiqué que la coopération établie entre sa localité de Cape Coast et la ville de Bonn a été la coopération la plus fructueuse dont a bénéficié sa ville.


L’Intendante du Département d’Artigas a cité la mise en place, au niveau du Département, il y a six mois, d’un plan pluriannuel de développement visant à promouvoir le développement et la création d’emplois de qualité dans cette région qui est la plus touchée par le chômage en Uruguay.  Bien qu’ayant bénéficié par le passé de programmes de coopération, nous avons seulement, pour la première fois, pu enfin mettre l’accent sur nos propres besoins, a-t-elle dit, en indiquant qu’elle avait pu mener une identification des atouts et des défis de son Département.  Elle s’est félicitée de l’appui apporté par l’Italie, le pays basque espagnol au Département d’Artigas et de la collaboration fournie par le Brésil et l’Argentine. 


« On ne peut pas parler de coopération internationale en matière de développement durable sans tenir compte de l’apport déterminant des centres urbains en matière de durabilité », a dit le Président de la Fédération canadienne des municipalités et Coprésident du Comité pour la coopération décentralisée de cités et gouvernements urbains en matière de durabilité.  Il a parlé de l’importance des collectivités locales qui représentent la voix et la vision des populations, leur offrent des services essentiels et sont des moteurs pour la croissance. 


DÉBAT DE HAUT NIVEAU


Déclarations


M. GEORGE PAPAGEORGIOU, Vice-Ministre du travail et de l’assurance sociale de Chypre, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a indiqué que la croissance économique était une précondition importante pour œuvrer à la création d’emplois, à l’éradication de la pauvreté, et par là-même pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a rappelé qu’à travers le monde, les taux de chômage étaient très élevés chez les plus jeunes (individus âgés de 15 à 24 ans), et que les femmes continuaient à subir des discriminations en termes d’éducation, d’accès à l’emploi, de rémunération, de conditions de travail et d’accès aux postes de décision.  L’Union européenne appelle donc à améliorer le fonctionnement des marchés du travail, en insistant sur l’importance de l’éducation primaire, secondaire et tertiaire et sur la flexibilité du travail et la formation comme autant d’éléments essentiels pour favoriser le retour à l’emploi et augmenter la productivité. 


Citant un rapport de l’Organisation international du Travail (OIT) indiquant que les jeunes ont globalement trois fois plus de chances d’être au chômage que les adultes, le Vice-Ministre a appelé à renverser la tendance et à renforcer les opportunités qui leur sont offertes, pour obtenir des emplois décents, notamment par le biais de l’éducation et de la formation, des programmes en faveur de l’emploi des jeunes, des partenariats entre jeunes et adultes, et entre secteur public et secteur privé.  S’agissant de la nécessité de répondre à la situation économique actuelle au sein même de l’Union européenne, dont le marché du travail est aussi une source majeure de préoccupation, le Vice-Ministre a indiqué qu’une double approche était mise en œuvre, avec d’une part des efforts pour garantir la stabilité financière et l’assainissement budgétaire, et d’autre part des actions destinées à renforcer la croissance, la compétitivité et l’emploi.  Pour conclure, M. Papageorgiou a affirmé que le Pacte mondial pour l’emploi et l’Agenda pour le travail décent de l’OIT constituaient le cadre approprié pour faire face à la crise, et que la récente Conférence internationale du travail, qui s’est tenue à Genève, avait adopté d’importantes conclusions, ainsi qu’une résolution sur le développement des jeunes et une recommandation relative à la protection sociale minimale qui doivent servir de guide dans ces domaines.


M. MAURICIO MONTALVO (Équateur) a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir un travail et des emplois décents, sûrs, sains et harmonieux et tenant compte de l’environnement.  Alors que 27,7% de la population de l’Équateur a moins de 30 ans, le gouvernement a mis l’accent sur la réduction du chômage et la formation pour permettre à cette jeunesse d’être incorporée sur un marché du travail juste et digne.  M. Montalvo a souligné les initiatives lancées par l’Équateur en direction des groupes les plus vulnérables en citant la protection des femmes sur le lieu de travail et l’intégration de 15 000 personnes handicapées sur le marché du travail ces dernières années.  Entre 2010 et 2012, le Gouvernement de l’Équateur a augmenté de 21% le niveau du salaire minimum.  Aux niveaux régional et sous-régional, l’Équateur a prévu des mesures visant à éviter que les crises ne se répètent et à en atténuer les effets.  Il a regretté que l’Assemblée générale n’ait pas suivi les recommandations du Sommet de 2009 sur la crise financière internationale s’agissant de la mise en place d’un groupe d’experts qui se pencherait sur les raisons et les impacts de cette crise.  


Après avoir souligné les conséquences de la crise financière sur l’économie en général et sur l’emploi des jeunes en particulier, le représentant de la Croatie, M. RANKO VILOVIĆ, a mis en exergue la stratégie de son pays, qui a misé sur la formation et la professionnalisation des jeunes pour faire face à la crise.  En 2012, le Gouvernement croate a promulgué une loi qui prévoit la formation des jeunes sur les lieux de travail et la mise en place d’une assistance financière sécurisée sous forme de bourse de formation.  En outre, le Gouvernement assiste systématiquement les jeunes dans le choix de leur éducation à travers des programmes d’orientation professionnelle.  L’Institut de l’emploi de la Croatie informe la jeunesse croate des programmes de formation disponibles et assiste les jeunes dans le choix des programmes de formation qui répondent à leurs motivations et à leurs aptitudes.  Le Gouvernement octroie aussi des appuis financiers pendant les périodes de chômage, ceci en conformité avec la Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué M. Vilović.  Cet appui s’élève à plus de 70% du montant du dernier salaire pendant les trois premiers mois de chômage et tombe à 35% après.  Le représentant a également fait l’éloge de l’économie verte qui est un véritable gisement d’emplois.  En conclusion, il a dit que « pour qu’il y ait un effet d’entraînement bénéficiant à tous les pays en matière de développement durable, nous devons agir ensemble sous le leadership fort des Nations Unies ».


Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a qualifié de « particulièrement aigu » le besoin pour l’Irlande de réexaminer son modèle économique.  « Les années pendant lesquelles l’Irlande était le ˝tigre celtique˝ sont derrière nous », a-t-elle dit, ajoutant que l’ajustement de son pays s’est fait par des mesures d’une grande rigueur budgétaire et le retour à un taux de chômage inacceptable.  Elle a ensuite fait part de l’engagement de son gouvernement de préserver l’aide au développement des restrictions budgétaires.  « Le fait que le nombre d’emplois précaires n’ait diminué que marginalement dans les pays en développement est un appel à passer à l’action », a déclaré Mme Anderson, qui a pointé le nombre disproportionné d’emplois précaires occupés par des femmes et les jeunes presque partout dans le monde.


Elle a ensuite souligné la forte interdépendance des défis auxquels la communauté internationale fait face, tels que les changements climatiques, l’émancipation des femmes, l’accès aux marchés, et qui appellent des réponses communes.  Mme Anderson a enfin affirmé, qu’eu égard aux résultats obtenus lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, Rio +20, il était essentiel que la communauté internationale améliore ses méthodes de négociation et de prise de décisions.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a conseillé aux pays développés d’adopter des politiques macroéconomiques procroissance et proemplois, et s’est donc félicitée de la décision que vient de prendre l’Union européenne.  Le Brésil, a-t-elle rappelé, a appris de son expérience l’impact considérable que peuvent avoir les crises économiques sur l’emploi et le travail décent.  Nous savons, a-t-elle insisté, que l’accent mis sur les politiques fiscales, la dérégulation et l’assouplissement du marché du travail dans un environnement économique déjà fragilisé ne peut que compromettre la croissance économique et accroître les inégalités.


Le Brésil a préféré la baisse des taux d’intérêt, les incitations fiscales, les investissements publics et l’augmentation du salaire minimum qu’il a conjugués à des politiques fortes de protection sociale.   Les initiatives « Bolsa Familia » pour inciter les parents à garder leurs enfants à l’école, ou « Benefico de Prestaçao Continuada de Assistencia Social », pour aider financièrement les personnes âgées et les personnes handicapées, sont à placer dans cet élan. 


Depuis 2003, 30 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté et 17 millions d’emplois ont été créés.  Le pays vient de lancer le plan « Brésil sans pauvreté absolue » visant à sortir de la pauvreté les 16,2 millions personnes qui vivent avec moins d’1,25 dollar par jour.  Le Programme national d’accès à l’enseignement technique (PRONATEC) vise un million de personnes entre 18 et 59 ans, et le Programme « Université pour tous » a offert des bourses d’études complètes et partielles à près d’un million de jeunes pour étudier dans des instituts privés.  Le Programme « Science sans frontières » met, quant à lui, l’accent sur la recherche et l’innovation grâce aux échanges internationaux, a encore indiqué la représentante. 


M. NELSON NOËL MESSONE (Gabon) a invité l’ECOSOC et les États Membres à réinventer un nouveau modèle économique, plus dynamique et orienté vers un développement équitable et durable.  Un nouveau modèle de croissance passe par des stratégies de développement et de diversification des économies, ainsi que par des changements structurels de la spéculation vers les secteurs productifs, a-t-il dit.  Le Gabon, a indiqué M. Messone, devrait devenir un pays émergent d’ici à 2025.  Cela permettra de créer des emplois décents et durables, et de réduire les inégalités.  Mettant l’accent sur le rôle important des PME, il a indiqué que son pays s’est doté d’un programme de microcrédit qui finance les activités des femmes entrepreneurs.  Le Gabon a aussi créé une agence de promotion des investissements et des exportations qui favorise les joint-ventures entre entreprises locales et étrangères.  Les PME gabonaises peuvent aussi avoir accès à la Banque africaine de développement (BAD) et à la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), a-t-il indiqué.  Le représentant a ensuite indiqué que le Gabon soutenait le Programme d’action d’Istanbul, adopté lors de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV).  Enfin, il a exprimé l’appui de sa délégation à l’appel du Secrétaire général sur la nécessité pour les pays de revoir leurs politiques de protection sociale.  C’est dans ce sens que le Gabon a mis en place sa Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale, a-t-il indiqué.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a cité les difficultés auxquelles fait face le Kirghizistan, pays où le taux de pauvreté est passé de 31,7 à 33,7% en 2011 et où des efforts visant à rendre plus efficaces les politiques sociales sont néanmoins constamment menés.  Il a mis l’accent sur les réformes visant à réduire l’intervention de l’État dans les affaires et à soutenir les petites et moyennes entreprises.  Nous appuyons l’élaboration de la stratégie mondiale de l’OIT en faveur de l’emploi des jeunes, a dit M. Kydyrov.  Il a souligné la nécessité de protéger les droits des travailleurs migrants et de faciliter leur migration.  Il a jugé que la mise en place d’une économie verte permettra de doper la productivité, tout en offrant de nouvelles perspectives d’emploi et de meilleures conditions de vie.  Il a exhorté la communauté internationale à élaborer une panoplie de mesures en faveur des pays montagneux enclavés très vulnérables en suggérant un aménagement de leur dette en échange de la mise en place d’une économie verte.  


M. ROGELIO GRANGUILLHOME, Directeur exécutif de l’Agence mexicaine du développement international et de la coopération du Ministère des affaires étrangères du Mexique, a affirmé que l’un des défis auxquels faisait actuellement face la communauté internationale était le rétablissement d’une croissance économique soutenue.  Il a plaidé en faveur d’un équilibre entre l’État et le marché, ainsi que de réformes structurelles visant à améliorer la productivité, à renforcer l’investissement privé, et à promouvoir les emplois décents susceptibles d’accélérer l’élimination de la pauvreté. 


M. Granguillhome a rappelé que son pays avait organisé à Los Cabos, les 19 et 20 juin derniers, le Sommet du G-20, dont l’objectif fut la stabilisation économique et les réformes structurelles nécessaires pour relancer la croissance économique et l’emploi.  Il a ainsi précisé que dans leur déclaration, les dirigeants du G-20 s’étaient engagés à travailler collectivement en vue de renforcer la demande et de restaurer la confiance, dans l’intention de soutenir la croissance et de promouvoir la stabilité financière.  Pour M. Granguillhome, une action coordonnée et déterminée de tous est la seule façon de retrouver la voie d’une croissance inclusive pouvant générer des emplois décents, contribuer à l’éradication de la pauvreté, et réaliser le développement durable.


Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas) a exposé les politiques adoptées par son pays en vue de garantir un développement plus rapide, tout en assurant l’équité sociale.  Nous soutenons le secteur privé afin qu’il soit plus innovant, a-t-elle dit.  C’est dans ce contexte que, l’an dernier, le pays a pris le chemin de la reprise économique, a dit Mme Bethel.  Le chômage est toujours élevé aux Bahamas, mais le Gouvernement s’est fixé comme objectif de renforcer l’économie nationale et de créer des emplois.  Il s’efforce aussi de lutter contre la criminalité, particulièrement chez les jeunes chômeurs, a-t-elle indiqué.  Mme Bethel a aussi souligné l’importance des investissements étrangers directs (IED) pour le développement de son pays.  Il nous faut aussi fournir davantage d’occasions à la population pour que certains de ses membres deviennent des entrepreneurs et des employeurs, notamment en développant des stations thermales, a-t-elle indiqué.  Pour ce qui est des efforts dans le domaine de la formation et de la reconversion des travailleurs, un « Conseil national de la productivité » a été créé, a-t-elle dit.  Mais, a-t-elle ajouté, les efforts des Bahamas doivent être soutenus par des politiques internationales.  Petit État insulaire en développement, les Bahamas doivent mettre l’accent sur la recherche et la collecte de données, afin de bénéficier d’une coopération technique et financière, a-t-elle précisé.


M. MIGUEL BERGER (Allemagne) s’est dit prêt à partager les enseignements tirés par son pays dans la création d’emplois verts.  Au cours de ces dernières années, a-t-il dit, l’Allemagne a crée des centaines de milliers d’emplois grâce à la décision de promouvoir les énergies renouvelables, de réduire les émissions dues à l’utilisation des combustibles fossiles et d’encourager les modes de production durables.  Nous ne pouvons nous permettre « de perdre une génération », a-t-il dit, en parlant des jeunes.  Il nous faut, a-t-il conseillé, une approche cohérente regroupant l’éducation, la formation professionnelle, l’intégration sociale et les politiques macroéconomiques et de l’emploi.


S’agissant de créer des centres de formation et des emplois pour les jeunes, le secteur privé a un grand rôle à jouer, a estimé le représentant, en faisant valoir la coopération très étroite, qui prévaut dans son pays, avec les partenaires sociaux.  Nous conjuguons, a-t-il expliqué, les efforts des agences pour l’emploi, des écoles et des associations du patronat pour fournir aux jeunes une formation technique et professionnelle.  Le « Pacte de formation » a fait ses preuves, s’est enorgueilli le représentant, avant d’indiquer que la Mission permanente de l’Allemagne auprès des Nations Unies organise, en collaboration avec l’OIT, une manifestation parallèle intitulée « Renforcer l’employabilité des jeunes par l’éducation et la formation technique et professionnelle ».  


Mme ELIZABETH COUSENS (États-Unis) a jugé indispensable de consacrer les bénéfices de l’économie au service des groupes les plus vulnérables en mettant l’accent sur les jeunes et les femmes.  Elle a rappelé que trois milliards de personnes de moins de 30 ans sont frappées par le chômage dans le monde, tandis que les femmes ne sont pas encore assez représentées sur le marché du travail en raison de la persistance d’obstacles culturels ou juridiques.  Elle  a dit que les États-Unis ont consacré 150 millions de dollars en 2011 à un fonds rassemblant les syndicats, les universités et les employeurs pour faire face aux besoins nouveaux des entreprises.  Elle a jugé indispensable de développer des cadres juridiques de nature à attirer les investissements et favoriser les innovations.  Elle a mis l’accent sur le nécessaire développement de la protection sociale en notant que 58% des emplois existant dans le monde en développement sont des emplois précaires.


Le représentant de la France, M. MARTIN BRIENS, a dit que « pour favoriser l’emploi, tout en luttant contre l’exclusion et la pauvreté, il nous faut marcher sur deux jambes: rétablir les équilibres macroéconomiques et budgétaires tout en favorisant une croissance économique inclusive qui prenne en compte les conséquences et réalités sociales.  « En effet, face à la montée des problèmes globaux, nous devons élaborer des solutions globales », a ajouté le représentant.  Dans le cadre du G-20, la France a donné une impulsion forte aux questions d’emploi, de travail et à la dimension sociale de la mondialisation, a dit M. Briens.  Le représentant a ajouté que « pour favoriser l’emploi, les chefs des États membres du G-20 ont décidé de prolonger le mandat de la Task Force sur l’emploi des jeunes pour une année supplémentaire ». 


Favoriser l’inclusion sociale, c’est aussi permettre à tous d’accéder à un emploi productif et de qualité, a dit M. Briens.  « Pour appuyer la mise en œuvre de ces objectifs dans les pays, la cohérence des politiques et la pleine et effective collaboration entre les organisations internationales est fondamentale », a-t-il souligné.  M. Briens a aussi déclaré que « le système des Nations Unies a un rôle essentiel à remplir en ce qui concerne la cohérence entre les politiques économiques, sociales, financières et de développement, et entre les différentes organisations.  Un des principaux apports du récent sommet de Rio+20 sur le développement durable est d’avoir permis la dimension sociale du développement au cœur des débats ».  En outre, a-t-il dit « l’économie verte et inclusive comme outil permettant de concilier croissance, progrès sociaux et protection de l’environnement.  Elle recèle un grand potentiel d’activités ».  Il a conclu en déclarant qu’il faut aussi se réjouir que Rio+20 ait été l’occasion de mettre l’emploi des jeunes au cœur des stratégies de développement durable.  L’élaboration décidée d’objectifs du développement durable en lien avec les Objectifs du Millénaire pour le développement est donc un résultat majeur, car les trois dimensions du développement durable sont réunies, a estimé M. Briens.


M. SHAVENDRA SILVA (Sri Lanka) a dit que le Sri Lanka maintenait une croissance économique de près de 8% par an et un revenu annuel par habitants de 2 400 dollars.  Il a indiqué que les provinces du nord représentaient 22% du PIB du Sri Lanka, en précisant que les progrès réalisés par son pays étaient dûment reflétés dans le projet de programme pays du PNUD (2013-2017) pour le Sri Lanka.  Il a indiqué que ce document indiquait que le Sri Lanka était à un tournant de son histoire, avec la fin du conflit de 30 ans qui a endeuillé le pays, et qui lui ouvre aujourd’hui des espoirs de paix et de stabilité.  Malgré la guerre, le tsunami de 2004, l’impact de la récession mondiale, le Sri Lanka a atteint le niveau de pays à revenu intermédiaire, s’est félicité M. Silva. 


Par ailleurs, il a dit que le Sri Lanka a clairement identifié l’importance de développer les petites et moyennes entreprises pour créer des emplois et réduire les inégalités.  Il a cité le lancement de plusieurs programmes visant à faciliter l’accès à des financements et la promotion de l’entrepreneuriat.  Il a précisé que 97,5% de la population active sri-lankaise avait un emploi au troisième trimestre 2011 avec un taux de chômage qui est tombé de 8,4% à 3,9% entre 2003 et 2011.  Notant que le passage du Sri Lanka au statut de pays à revenu intermédiaire n’apporte pas plus de solutions à ces défis, il a exhorté la communauté internationale à mettre en place des mécanismes aidant les pays comme le Sri Lanka à minimiser l’impact des chocs externes liés à la crise économique mondiale.


M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a indiqué que les politiques publiques de protection sociale mises en œuvre dans son pays avaient permis d’y maintenir une croissance de 4% malgré la crise économique mondiale.  Cela a aussi été possible grâce à la nationalisation des ressources naturelles en 2006, qui a évité la fuite vers l’étranger des bénéfices de l’exploitation des hydrocarbures par les multinationales.  Aujourd’hui, ces ressources sont utilisées pour lutter contre l’absentéisme scolaire, la mortalité maternelle et infantile, et pour renforcer les filets de protection sociale pour les personnes âgées.  La nationalisation des ressources naturelles en Bolivie a également permis d’augmenter les émoluments versés aux fonctionnaires travaillant dans les domaines de l’éducation et de la santé, a ajouté le représentant.  M. Archondo a précisé que son pays s’oppose à la libéralisation des marchés pour les services et le secteur alimentaire.  Il a ensuite parlé des progrès accomplis par la Bolivie dans la protection de conditions de travail stables, équitables et satisfaisantes.  La Bolivie a aussi consacré des ressources à la lutte contre le chômage, notamment par la création de petites et moyennes entreprises, a-t-il ajouté.  En outre, M. Archondo a fait valoir une certaine amélioration de la qualité de l’emploi qui se traduit par une augmentation du nombre de personnes travaillant dans le secteur formel.


M. WILLIAM ISHAYA ODISHO (Iraq) a révélé que son pays a adopté des réformes qui ont permis la stabilité de l’économie et surtout de la monnaie nationale.  C’est ainsi que le Gouvernement iraquien a pu offrir de meilleurs services publics à la population, notamment en ce qui concerne la fourniture en eau.  « Nous avons vu aussi l’augmentation de la part de l’agriculture dans le produit national brut du pays », a ajouté le représentant.  Il a par ailleurs indiqué que «  la stratégie de développement de l’Iraq est axée sur la formation de ressources humaines de qualité en vue de garantir un développement de qualité pour le pays ».  L’un des objectifs est de diversifier l’économie et aussi de générer de la valeur ajoutée dans le pays.  En outre, l’Iraq a développé un partenariat public-privé fort « afin de faire passer les réformes économiques ».  « Mais les récents événements survenus dans le pays ont un peu freiné notre avancée », a regretté le représentant.  Ce qui l’a conduit à dire que « cette situation conforte notre politique de formation des ressources humaines ».


M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a déclaré que renforcer les capacités de production d’un pays est le meilleur moyen d’y créer des emplois et lutter contre la pauvreté.  Il a fustigé les « politiques de développement irresponsables des principales puissances mondiales » qui sont responsables de la crise économique mondiale.  Il a estimé que les organisations internationales compétentes ont gravement failli à cet égard.  Il a noté que malgré quelques signes d’amélioration, les perspectives économiques mondiales restent sombres, et que la crise de la dette européenne demeure la principale menace à la stabilité de l’économie mondiale.  Il a appelé les États Membres et les autres acteurs économiques et financiers à créer un nouveau paradigme de développement basé sur une réforme de la gouvernance économique mondiale.  Il a jugé indispensable de renforcer les capacités de production des pays en développement et a dénoncé les sanctions appliquées unilatéralement à des pays en développement et qui les empêchent de briser le cycle de la dépendance économique.


M. JULIO RAFAEL ESCALONA OJEDA (Venezuela) a dénoncé l’enrichissement des grandes sociétés multinationales alors que des pans entiers de la population mondiale s’appauvrissent de jour en jour, surtout après la crise de 2008, dont elle n’est pourtant pas responsable.  Il a dénoncé le modèle économique libéral « qui est la source de la pauvreté actuelle et aussi des agressions commises contre l’environnement, la biodiversité et les cultures autochtones ».  Le représentant a dénoncé l’hégémonie du capital sur les travailleurs; la croissance sans le bien-être; l’économie fondée sur l’offre; la réduction des salaires et la mise sous le boisseau des politiques sociales.  Tout cela, a-t-il dit, a conduit aux réductions des aides publiques au développement puisque les capitaux ne sont plus disponibles alors que dans le même temps on voit de plus en plus de milliardaires qui curieusement n’ont jamais travaillé de leur vie.  


Notant que l’emploi est intimement lié à la réduction de la pauvreté, M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a jugé indispensable de réformer le modèle économique actuel afin de parvenir à un développement et une croissance durables.  Il a noté que 68% de la population du Pakistan a moins de 30 ans, ce qui fait que le nombre d’actifs y augmente de 3% chaque année.  Il a mis l’accent sur la formation technique et professionnelle des jeunes.  Il a cité l’importance du programme d’appui aux revenus « Benazir », qui est spécialement destiné aux femmes qui peuvent bénéficier d’un transfert d’argent en espèces.  À une période marquée par des crises multiples, il a exhorté l’ECOSOC à s’affirmer comme le mécanisme central des Nations Unies en matière de coordination des activités économiques et sociales.


Mme SHULAMIT YONA DAVIDOVICH (Israël) a indiqué que son pays a adopté une stratégie visant à relancer sa capacité productive et à élargir la participation de ses citoyens sur le marché du travail.  Cela passe par l’amélioration du secteur de l’éducation, notamment pour retenir davantage d’enfants dans le système scolaire et aider ceux qui rencontrent des problèmes d’adaptation.  En Israël, les enfants qui abandonnent l’école se voient offrir des cours particuliers et des programmes alternatifs d’enseignement.  La représentante a aussi expliqué l’importance de bien former les jeunes aux méthodes de résolution de problèmes et de communication dans un monde qui repose de plus en plus sur l’utilisation d’ordinateurs.  Elle a indiqué que des écoles spécialisées ont été créées en Israël pour permettre aux jeunes de développer leurs capacités dans la haute technologie et leur permettre de faire des hautes études scientifiques.  Outre ces efforts d’éducation, le Gouvernement israélien a mis en œuvre des politiques sociales qui permettent aux deux parents de travailler pour améliorer leur niveau de vie.  Mme Davidovich a également mentionné les dispositions fiscales qui permettent d’alléger le fardeau des couples avec enfants.  Elle a, par ailleurs, assuré que son gouvernement essayait d’adapter le marché du travail aux différents groupes minoritaires, notamment en soutenant les entreprises arabes israéliennes qui veulent exporter leurs produits.


Mme MARIELA SANCHEZ DE CRUZ (République dominicaine) a déploré que les approches adoptées pour surmonter la crise économique et financière aient privilégié la restauration de la solidité des banques plutôt que les stimulations des activités productives.  Le développement du travail décent pour éradiquer la pauvreté reste une immense tâche à accomplir, a-t-elle déclaré, tout comme l’est le défi de l’emploi des jeunes.  Elle a également rappelé que 4 personnes sur 5 dans le monde ne bénéficient pas du droit à la sécurité sociale et que 75 millions de jeunes sont sans emploi.  Comme l’a souligné l’Organisation internationale du Travail (OIT), il s’agit de générer la croissance économique qui permettra de créer 600 millions d’emplois sur la prochaine décennie, a-t-elle rappelé.


La représentante dominicaine a ensuite détaillé la situation prévalant dans son pays, indiquant que le programme mis en place pour lutter contre le chômage des jeunes avait bénéficié à 71 000 d’entre eux.  Mais le format de ce programme n’est pas encore suffisamment étendu pour pouvoir régler définitivement le problème du chômage des jeunes, qui est de 34 %, a-t-elle poursuivi, ajoutant que l’extrême pauvreté touchait 10,2% de la population de la République dominicaine.  Elle a précisé que le programme d’allocation conditionnelle de ressources appelé « Solidarité » couvrait 800 000 personnes vivant dans la pauvreté.  Elle a conclu son intervention en s’interrogeant à haute voix sur ce qui se passera dans les prochaines années en termes de développement économique et de cohésion sociale lorsque l’humanité atteindra les 9 milliards d’individus.


Mgr FRANCIS CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a rappelé que la main-d’œuvre humaine n’est pas un « produit » comme les autres.  Le travail est une valeur liée à la dignité de la personne, il est le fondement de la famille et permet de réaliser les droits sociaux, a-t-il rappelé.  Les gouvernements doivent promouvoir le travail décent, a-t-il préconisé.  Ainsi, le chômage est une injustice sociale, a estimé le représentant du Vatican qui a indiqué que les politiques économiques doivent viser le plein emploi pour tous.  « Toute politique contraire à cela ne garantit pas l’avenir », a averti l’Observateur du Saint-Siège.  « Nous devons promouvoir et reconnaitre le rôle de l’éducation et de la formation technique, qui doivent se prolonger tout au long de la vie, afin de permettre au travailleur de se préparer aux aléas du marché de l’emploi », a-t-il poursuivi.  Tous les droits des employés doivent être respectés, qu’ils soient des hommes, des femmes ou des immigrants.  « Il nous faut pour cela une coopération étroite au niveau international », a conclu l’Observateur permanent du Saint-Siège.


Le Président de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux d’Afrique a souligné la contradiction  de voir au Nord une minorité de gens qui meurent littéralement de suralimentation et de sur-médication, alors qu’au Sud, la majorité des gens meurent de sous-alimentation et d’insuffisance de soins.  Il a estimé que ce contraste était le fruit de la mauvaise gouvernance économique et sociale mondiale et a appelé la communauté internationale à promouvoir l’activité productive et des emplois décents partout.  Il a exhorté les gouvernements à assurer une gestion rigoureuse des ressources et des politiques budgétaires, à promouvoir une gestion rationnelle des ressources naturelles et des ressources humaines, et à garantir l’exercice d’une démocratie participative.  Il a dit que le libéralisme économique impose de promouvoir partout le secteur privé comme moteur du développement et de la création d’emplois. Le délégué a exhorté les entreprises à s’inscrire à la fois dans une logique de la rentabilité économique et de la responsabilité sociale.


Mme GORDANA JERGER a pris la parole au nom des Agences basées à Rome le Fonds international de développement agricole (FIDA), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), et a rappelé que 70% des personnes connaissant des situations d’extrême pauvreté vivent dans des zones rurales. Le manque d’emplois décents est patent dans ces zones, a-t-elle dit, ajoutant que 60% des enfants qui travaillent s’occupent de tâches agricoles.  Elle a ensuite rappelé l’accent mis par le FIDA, la FAO et le PAM sur la promotion d’une agriculture respectueuse de l’égalité des genres et d’un développement rural grâce au renforcement des capacités de production.


Mme Jerger a ensuite cité les objectifs poursuivis par le FIDA, la FAO et le PAM, notamment la promotion d’un entrepreneuriat rural afin de générer des emplois, de susciter l’amélioration de l’employabilité de la force de travail dans les zones rurales, la réduction du travail des enfants dans le secteur agricole, l’amélioration de la qualité des emplois pour les jeunes ruraux et l’extension de la protection sociale au bénéfice des travailleurs ruraux.


Elle a ensuite exhorté la communauté internationale à prendre des actions concrètes, au nombre desquelles elle a cité l’augmentation des investissements pour assurer la sécurité alimentaire, l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les politiques d’emploi en milieu rural, la promotion d’un entrepreneuriat rural, notamment en Afrique, et le développement des capacités des organisations de producteurs et de travailleurs ruraux.  Les liens entre l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’emploi ne feront que s’accroitre et prendre de l’importance, a-t-elle dit, avant de plaider pour une coordination renforcée entre toutes les parties prenantes.  


M. JOSÉ MANUEL SALAZAR-XIRINACHS, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a reconnu que malgré les initiatives nationales contre la crise, l’économie et les conditions sociales restent fragiles partout dans le monde.  Qui plus est, en dépit des mesures prises par les gouvernements et des banques centrales, la croissance et le sauvetage de l’économie restent à la traîne.  Pour répondre immédiatement aux effets de la crise globale de l’emploi, l’OIT préconise le renforcement des capacités de production et le travail décent, a-t-il indiqué.  Ce programme de développement axé sur l’emploi doit se focaliser sur cinq priorités que sont l’emploi des jeunes, l’investissement dans les infrastructures et les secteurs à forte opportunité d’emplois, l’appui financier aux petites entreprises, aux coopératives et aux start-ups, la protection sociale et la qualité du travail, et une politique cohérente.  Au niveau international, cette cohérence pose de vrais défis.  À cet égard, le processus entamé le mois dernier à Rio, au cours de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, est un bon point de départ vers un nouvel agenda du développement plus cohérent et mieux intégré, a conclu le représentant.


Des représentants d’ONG ont pris la parole à la fin de ce débat.  Le premier d’entre eux a rappelé que des milliards de personnes demeurent dans la pauvreté tout en ayant cependant un travail.  Mais le revenu tiré de ce genre d’emploi ne leur permet pas de mener une décente ou de prendre soin de leur famille, a-t-il déploré.  C’est pourquoi, il a jugé indispensable que soient garantis des emplois décents et des minima sociaux à tous les travailleurs.  Il a exhorté les gouvernements à faire preuve de créativité dans l’élaboration de stratégies d’emplois


Le représentant de la « Society of Applied Psychology » a fait le lien entre santé mental et travail décent.  Si le travail peut procurer un épanouissement mental, il peut aussi l’entraver, a-t-il dit, en exhortant l’ONU à prendre des mesures vigoureuses afin d’assurer la protection des travailleurs à travers le monde.  La plupart des gens n’ayant pas d’emploi décent ne peuvent pas se protéger eux-mêmes, a-t-il fait remarquer.  Il a estimé que les gouvernements devraient s’abstenir de faire des affaires avec des entreprises qui ne garantissent pas des emplois décents à leurs employés et ne respectent les règles d’emploi les plus élémentaires.  


La représentante de l’ONG « International Society of Doctors for the Environment » a mis l’accent sur les liens entre la pauvreté et la santé.  Lorsque votre santé vous fait défaut vous êtes moins productifs, a-t-elle rappelé en mettant l’accent sur l’urgence de la réalisation des OMD relatifs à la santé et notamment à l’accès à l’eau.


Le représentant de la Conférence des ONG disposant d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC a rappelé que l’éradication de la pauvreté était l’objectif principal de toutes politiques de développement dignes de ce nom.


Suite des tables rondes


Parallèlement au débat général de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC), les participants au Forum pour la coopération en matière de développement ont poursuivi, cet après-midi, leurs débats sous la forme de tables rondes autour de deux questions: « Où allons-nous après la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, Rio+20, qui a eu lieu en juin 2012 au Brésil? », et « Comment établir des partenariats pour l’avenir du développement? ».   


Table ronde sur le thème « Amener la coopération internationale pour le développement vers le développement durable: Où allons-nous après Rio? »


Après la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui s’est tenue du 20 au 22 juin à Rio, il s’agit à présent de nouer un nouveau pacte mondial pour le développement, a rappelé, d’emblée, M. LUIS-ALFONSO DE ALBA (Mexique), qui modérait le premier débat de cet après-midi.  « Cet objectif est clairement présenté dans le Document final de Rio+20, intitulé « L’avenir que nous voulons », et il ne sera concrétisé que si nous sommes en mesure d’assurer, à l’ECOSOC, un suivi des résultats obtenus à Rio », a-t-il dit.  Il a rappelé aux participants que, pour la première fois, le Conseil économique et social s’était vu offrir un mandat portant sur les volets sociaux, économiques et environnementaux du développement durable.


« Le compromis qui a été atteint à Rio constitue un point de départ important au sujet des trois volets que sont le concept de l’économie verte et inclusive; le processus d’élaboration des objectifs de développement durable; et la question du renforcement du cadre institutionnel du développement durable avec la création du Forum de haut niveau pour le développement durable et le renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) », a souligné M. JEAN-BAPTISTE MATTEI, Directeur général de la mondialisation, du développement et des partenariats du Ministère des affaires étrangères de la France.  À présent, a-t-il dit, l’une des grandes difficultés de la communauté internationale sera d’assurer la cohérence entre, d’une part, l’examen des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et, d’autre part, le processus intergouvernemental qui va démarrer au sujet des objectifs de développement durable (ODD).  Pour la France, il est très important que ces démarches, qui auront lieu de concert, ne laissent pas de côté la question centrale de l’élimination de la pauvreté et qu’elles incluent aussi, chacune, la société civile, les organisations non gouvernementales (ONG) et les organisations syndicales.


M. ROBERTO BISSIO, Coordonnateur à Veille sociale, a ensuite mis l’accent sur la nécessité de tenir compte, dans l’évaluation et dans la formulation d’objectifs de développement, d’un ensemble d’indicateurs.  Il a souligné que le produit intérieur brut (PIB) n’était pas un outil utile pour résoudre les problèmes auxquels doivent faire face les pays et que cela, aussi, avait été dit à Rio. 


Pour sa part, M. JUAN SOMAVÍA, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a estimé que la communauté internationale devrait, à présent, s’interroger sur la meilleure façon de formuler des objectifs de développement durable.  « La meilleure façon de sortir de la pauvreté est d’avoir la possibilité d’avoir un emploi décent », a-t-il poursuivi, appelant à des investissements dans des secteurs innovants, dont l’économie verte.  Il a cependant prévenu que l’économie verte ne représentait pas la panacée « car, si elle offre un potentiel de création d’emplois, elle va également en supprimer », a-t-il dit, mettant l’accent sur l’importance de la concertation sociale dans ce contexte.  Avant de conclure, il a également estimé que la question d’une réduction du nombre de membres du Conseil économique et social pourrait être rouverte dans le cadre du débat sur le renforcement de l’ECOSOC.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a mis l’accent sur la nécessité de créer plus de cohérence au sein du système des Nations Unies et un suivi efficace et complet des engagements conclus à Rio.  « Sans mesure de mise en œuvre et de suivi, nous n’aurons face à nous qu’un slogan », a-t-il prévenu, « et, des slogans, nous en avons déjà à profusion! ».  Il a considéré que la communauté internationale devrait s’attaquer aux racines du problème, et ce, sans hypocrisie.  Celle-ci doit pouvoir se poser plusieurs questions: « Pourquoi le développement actuel n’est-il pas durable? » et « Qui provoque les changements climatiques? ».  M. Zukang a également souligné que les pays en développement avaient besoin d’un premier élan sur la voie du développement durable.  Il a mis l’accent sur la nécessité de respecter les engagements pris au titre de l’aide publique au développement (APD), ceux concernant l’apport de la coopération Sud-Sud, la coopération triangulaire, ainsi que la nécessité de trouver d’autres sources novatrices de financement.


Lors de l’échange interactif qui a suivi ces interventions, une représentante de la Confédération syndicale des travailleurs et travailleuses des Amériques a regretté le fait que, selon elle, le Document final de Rio+20 ne contienne aucune stratégie, aucune mesure concrète et aucun engagement particulier destinés à créer des emplois décents.  Le représentant du Bélarus a, de son côté, mis l’accent sur la difficulté de mettre en œuvre les engagements pris à Rio au niveau national.


Table ronde sur le thème « Préparer l’avenir: Établir des partenariats pour l’avenir du développement »


Au cours de ce second débat qui était animé, cet après-midi, par M. BRUCE JONES, Directeur du Centre de la coopération internationale de l’Université de New York, les participants au Forum pour la coopération en matière de développement ont examiné la manière d’établir un lien fort entre l’ONU et d’autres espaces de discussions ou de décisions pertinents, tels que le G-20.  Les différents intervenants se sont également demandé comment ils pourraient, à l’avenir, renforcer le rôle catalyseur de la coopération pour le développement.


Dans un premier temps, M. KIM BONG-HYUN, Vice-Ministre des affaires multilatérales et mondiales de la République de Corée, a présenté l’accord conclu entre les différents participants du quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, qui a été organisé dans son pays du 29 novembre au 1er décembre 2011.  Cet accord, appelé le « Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement », vise à inclure différents acteurs du développement et devra assurer une meilleure appropriation par les pays, ainsi qu’un rôle crucial pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les organisations régionales, a-t-il expliqué.


M. ROGELIO GRANGUILLHOME, Directeur exécutif de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement, a estimé qu’il fallait revoir les notions sur lesquelles s’est basée la coopération internationale pour le développement au cours des dernières années, mettant l’accent sur une coordination renforcée à cet égard.  Il a ensuite expliqué que cela avait été l’un des objectifs du Groupe de travail sur le développement sous la présidence mexicaine du G-20.  Il a également mis l’accent sur la nécessité d’intégrer la participation du secteur privé et de la société civile aux discussions en matière de coopération pour le développement.  Le renforcement de la société civile et la participation citoyenne ont également été au centre de l’intervention de M. KATSUJI IMATA, Secrétaire général par intérim de CIVICUS.  « Quelque chose manque en effet dans les débats, et il semblerait que ce soit les citoyens », a-t-il dit, estimant que les Gouvernements ne respectent pas leurs engagements, s’agissant de la participation citoyenne en matière de développement.  


Pour M. TALAAT ABDEL MALEK, Coprésident du Groupe de travail du CAD de l’OCDE sur l’efficacité de l’aide et Conseiller en matière d’économie au Ministère de la coopération internationale de l’Égypte, deux questions doivent animer le Forum en priorité: « Quel type de développement souhaitons-nous? » et « Quel type de coopération pour y parvenir? ».  Il a invité les participants à agir, estimant qu’il fallait surtout, à présent, définir la répartition des tâches de chacune des parties en présence.  Plusieurs questions, posées depuis la salle, ont ensuite mis l’accent sur la nécessité de disposer de moyens et de ressources afin de mettre en œuvre les engagements pris à Rio.  Enfin, le rôle de la société civile a plusieurs fois été mis en exergue, ainsi que la nécessité de mobiliser les universités et les jeunes.


Conclusion du Forum


Dans son allocution de clôture, qui a mis fin aux deux journées de débats et d’échanges du troisième Forum pour la coopération en matière de développement, M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que ces échanges avaient envoyé un message clair au moment où le contexte mondial de la coopération au développement a fortement changé.  Ce message, a-t-il dit, est que la communauté internationale veut une coopération au service du développement qui réponde mieux aux besoins de tous, et qui le fasse de manière responsable, plus inclusive et plus efficace. 


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné que le Forum pour la coopération en matière de développement est une instance qui émet des recommandations concrètes et qui donne des directives précises sur le travail à accomplir sur le terrain.  Il a encouragé celui-ci à poursuivre dans cette voie, à continuer à être pratique, pragmatique, et orienté vers l’avenir.  À l’issue de la Conférence Rio+20 et dans la perspective de l’après 2015, il a estimé que le Forum devait continuer à être « l’endroit où se tient le dialogue politique sur la coopération au service du développement ».


Résumant les grandes lignes de force de ces deux journées de débats, de tables rondes et de concertations, M. MILOŠ KOTEREC, Président du Conseil économique et social, a noté qu’il avait également entendu de nombreux intervenants souligner le rôle crucial de « plateforme » que joue le Forum pour la coopération en matière de développement, et qu’il offre aux gouvernements, à la société civile, au secteur privé, aux parlementaires ou aux acteurs décentralisés.  Il a ensuite dégagé plusieurs pistes d’approfondissement des réflexions et des travaux que vient de tenir le Forum au cours des mois à venir, en particulier en ce qui concerne la mobilisation des ressources, la transparence, la mise en œuvre au niveau national, et l’ordre du jour du développement pour la période qui suivra l’année 2015.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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