En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6525

ECOSOC: Les États Membres examinent la capacité du Forum pour la coopération en matière de développement à mobiliser des ressources

05/07/2012
Conseil économique et socialECOSOC/6525
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social                               

Session de fond de 2012                                    

17e & 18e séances – matin & après-midi                      


ECOSOC: LES ÉTATS MEMBRES EXAMINENT LA CAPACITÉ DU FORUM POUR LA COOPÉRATION

EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT À MOBILISER DES RESSOURCES


Par le biais d’une série de débats organisés en cette troisième journée de la session de fond de 2012 du Conseil économique et social (ECOSOC) qui se tient au Siège de l’ONU à New York, le Forum pour la coopération en matière de développement a débuté, ce matin, dans le cadre du segment de haut niveau de l’ECOSOC, l’examen des tendances de la coopération pour le développement dans le contexte des crises économique, énergétique et alimentaire qui affectent la communauté internationale.  Le Forum a en particulier porté son attention à la mise en œuvre du partenariat mondial pour le développement en faveur duquel les États Membres s’étaient engagés lors des grandes conférences et sommets socioéconomiques tenus au cours de la décennie des années 1990.


« Il y a urgence.  Nous devons aider les populations à sortir de la pauvreté et promouvoir un développement durable à long terme », a déclaré ce matin, M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU, à l’ouverture des deux journées de discussions que le Forum a débutées aujourd’hui.  Face à la précarité de la situation économique mondiale, il s’est dit particulièrement inquiet de la hausse incontrôlable des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, tout en notant qu’il faudra produire 50% de nourriture et 45% d’énergie en plus, d’ici à 2030, pour faire face à la croissance démographique mondiale.  Dans ce contexte, « le troisième Forum pour la coopération en matière de développement constitue une plateforme idéale pour identifier les meilleures pratiques et parvenir à des politiques plus cohérentes et mieux coordonnées en matière de développement », a estimé M. Ban. 


Chargé de contribuer à l’amélioration de la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international, y compris les Objectif du Millénaire pour le développement (OMD), le Forum pour la coopération en matière de développement se tient une année sur deux dans le cadre du débat de haut niveau de l’ECOSOC.  Organisé pour la première fois en 2007, à Genève, puis en 2010, à New York, il réunit les représentants de pays en développement et de pays développés, des organisations et des programmes du système des Nations Unies, d’organisations intergouvernementales et régionales, ainsi que des responsables de la société civile et du secteur privé.


Dans son rapport analysant les « tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement », le Secrétaire général constate que les « énormes besoins en financements devant permettre d’accélérer les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ne sont pas satisfaits* ».  Il attire en particulier l’attention sur le peu de progrès accomplis sur la plupart des programmes liés à l’atteinte au huitième OMD, qui vise la mise en place, d’ici à 2015, d’un véritable partenariat pour le développement.  Ce partenariat a pour but, entre autres, de permettre à la communauté internationale de répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés (PMA), des pays sans littoral et des petits États insulaires en développement, et de traiter globalement du problème de la dette des pays en développement.


« La réalisation du huitième OMD était aussi liée au respect de l’engagement pris par les pays riches de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2015.  Or, on constate qu’il manque aujourd’hui 167 milliards de dollars par an pour que l’APD atteigne le niveau promis », a souligné, ce matin, M. Sha Zukang, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales en présentant les grandes lignes du rapport de M. Ban devant le Forum.  S’agissant de la dette, il a souligné qu’un certain nombre de pays à faible revenu avaient bénéficié d’un allègement au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PTTE) mais que 7 des 32 pays qui en ont bénéficié sont en situation de haut risque de surendettement tandis que 12 courent un risque modéré de voir leur dette redevenir insoutenable. 


« Les États doivent adopter un véritable esprit de coopération au niveau mondial en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement », a estimé, ce matin, M. Bob Carr, Ministre des affaires étrangères de l’Australie.  En 2004, a-t-il indiqué, son pays a fourni une aide de 68 millions de dollars à l’Indonésie pour l’aider à mener les efforts de reconstruction après le tsunami.  Réciproquement, l’Indonésie a aidé l’Australie lorsque, l’an dernier, la ville de Brisbane a été touchée par une inondation d’une ampleur sans précédent, a dit M. Carr.


Les participants au Forum devront faire preuve « d’imaginations et d’innovations pour dire aux États Membres de réunir les moyens financiers et les outils nécessaires à la conduite des tâches », a souligné Mme Marie-Josée Jacobs, Ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg.  Elle a souhaité que les modalités du partenariat entre les États bénéficiaires et les États donateurs d’aide soient revues de fond en comble; que la communauté des bailleurs de fonds traditionnels ne se replie pas sur elle-même, et qu’elle tienne compte de la présence et de l’action sur la scène internationale des nouveaux acteurs que sont les pays émergents.


Comment rendre la coopération pour le développement plus équitable, efficace et stratégique?  Comment, à travers l’aide au développement, la coopération pour le développement peut-elle stimuler de manière décisive la mobilisation d’autres sources de financement?  Et, enfin, comment renforcer l’adhésion politique au principe de responsabilité mutuelle?  Ces trois questions ont été, cet après-midi, placées au cœur des concertations du Forum. 


En fin de journée, trois réunions parallèles ont également abordé la situation des pays sortant d’un conflit et celle des pays en situation de vulnérabilité; la responsabilité et la transparence mutuelle en Afrique; et le renforcement de la coopération pour le développement dans le Pacifique.  Les travaux du Forum pour la coopération en matière de développement se poursuivront, demain, vendredi 6 juillet, à partir de 10 heures, dans la salle du Conseil économique et social.


*E/2012/78


FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT (E/2012/11, E/2012/15, E/2012/15/Add.1, E/2012/15/Add.2, E/2012/50, E/2012/78 et E/2012/83)


Déclarations liminaires


M. MILOŠ KOTEREC, Président du Conseil économique et social, a rappelé que le Forum pour la coopération en matière de développement avait été créé il y a sept ans afin d’encourager une analyse impartiale de la coopération au développement, d’identifier de nouvelles tendances et de promouvoir une action fondée sur l’expertise et l’expérience de multiples parties prenantes.  Il a souligné que, durant leurs deux journées de travaux, les participants au Forum auraient l’occasion d’aborder un éventail de questions comme, entre autres, l’allocation des ressources financières pour le développement, la coopération Sud-Sud et les nouvelles formes de partenariat. 


Le Président de l’ECOSOC a également rappelé qu’à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui s’est tenue en juin dans cette ville brésilienne, les pays avaient dessiné l’avenir du développement durable, fondé sur les trois piliers que sont l’économique, le social et l’environnement.  Par ailleurs, la date butoir de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) approchant à grands pas, il a souligné la nécessité pour les pays de porter toute leur attention sur les domaines dans lesquels les progrès n’ont pas été pertinents.


M. Koterec a ensuite rappelé que le Forum pour la coopération en matière de développement n’était pas un événement, mais plutôt un processus qui se base sur une série de consultations préparatoires, dont les colloques qui ont été organisés en mai 2011 au Mali, ainsi qu’en octobre 2011 avec l’aide du Grand Duché de Luxembourg, et en Australie il y a deux mois.  À ces colloques sont également venus s’ajouter deux dialogues organisés à New York, a-t-il précisé.  Avant d’ouvrir les travaux du Forum, le Président de l’ECOSOC a invité tous les pays à apporter leur contribution en s’interrogeant sur le rôle futur du Forum et ce qu’il pourrait offrir après la date butoir de 2015, fixée pour la réalisation des OMD.


Face à la précarité de la situation économique mondiale et aux risques de récession, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a parlé de l’urgence de sortir les populations de la pauvreté et de promouvoir un développement durable à long terme.  Il s’est dit particulièrement inquiet du haut niveau des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, alors qu’il faudra produire 50% de nourriture et 45% d’énergie en plus d’ici à 2030 pour faire face à la croissance démographique.  Notant que les changements climatiques affectent des milliards de gens, autant que le font les crises politiques, les maladies et la pauvreté, il a rappelé que Rio+20 a souligné la nécessité de renforcer la résilience, surtout parmi les personnes et populations plus démunies, et les partenariats, dont l’importance n’est plus à démontrer. 


Relever ces défis implique la collaboration de tous, a insisté M. Ban Ki-moon, en jugeant que les gouvernements ne peuvent s’acquitter seuls de cette tâche sans l’aide des grands groupes de la société civile.  Il a salué le rôle joué par la coopération Sud-Sud qui a le mérite d’introduire de nouvelles approches en matière de développement, afin d’agir rapidement sans se laisser enfermer dans des procédures trop lourdes.  Il a mis l’accent sur le rôle des organisations privées et philanthropiques qui interviennent de plus en plus en matière de santé et de développement et sur celui des municipalités et des collectivités locales, qui fournissent de plus en plus des services sociaux essentiels.


« Il faut utiliser au mieux les atouts et la diversité que chacun de nous offre », a-t-il dit, en mettant l’accent sur cinq domaines nécessitant des efforts importants.  À cet égard, il a cité l’urgence d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement même en période d’austérité fiscale.  Il a mis l’accent sur la nécessité de s’assurer que l’aide au développement parvienne là où elle est la plus nécessaire.  Il a aussi souhaité que l’aide cesse d’être assortie de conditions qui minent l’autonomie nationale des pays qui en sont récipiendaires et y causent des distorsions.  En outre, il a jugé essentiel d’améliorer la responsabilité mutuelle et la transparence.  Le Secrétaire général a enfin appelé à atteindre un équilibre entre les questions à résoudre à court terme et celles à traiter à long terme et entre les questions de natures économique, sociale et environnementale.  Le Secrétaire général a estimé que ce troisième Forum pour la coopération en matière de développement constituait une plateforme idéale pour identifier les meilleures pratiques et parvenir à des politiques plus cohérentes et mieux coordonnées en matière de développement. 


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a fait remarquer que la communauté internationale était, aujourd’hui, confrontée à une série de défis transversaux et étroitement liés entre eux, notamment les inégalités, les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et le ralentissement de l’économie.  « Ces défis nécessitent un engagement ferme de toutes les parties prenantes, ainsi qu’une réaction solide et collective », a-t-il souligné.  Il a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur les « Tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement » (E/2012/78).  Celui-ci aborde un large éventail de questions complexes, comme le financement du développement, les progrès en matière de cohérence entre les politiques de coopération pour le développement, la coopération Sud-Sud, les processus de responsabilité mutuelle et le développement durable. 


M. Zukang a noté que le rapport soulignait des retards considérables dans la réalisation du huitième Objectif du Millénaire pour le développement, à savoir le partenariat mondial en matière de développement.  « La réalisation de cet objectif était liée au respect de l’engagement pris par les pays riches de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2015.  Or, le rapport constate qu’il manque déjà aujourd’hui à l’APD 167 milliards de dollars », a-t-il souligné.  M. Zukang a également regretté le fait que seul un certain nombre de partenaires aient honoré leurs engagements et maintenu leur niveau de l’aide publique au développement.  S’agissant de la dette, il a souligné qu’un certain nombre de pays à faible revenu avaient bénéficié d’un allègement de la dette au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PTTE) mais que 7 des 32 pays qui ont bénéficié d’un allègement demeurent en situation de haut risque de surendettement et 12 en situation modérée de risque de surendettement.  Le rapport souligne d’ailleurs que des vulnérabilités considérables à l’endettement subsistent et que de plus vastes initiatives destinées à permettre aux pays en développement surendettés de bénéficier d’un allégement plus rapide, plus global, plus transparent et plus impartial de leur dette sont nécessaires.


M. Ban Ki-moon note aussi, dans son rapport, que la coordination entre les partenaires au développement est loin d’être satisfaisante, et il appelle également au renforcement de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.  Il recommande de continuer d’appuyer les procédures mondiales qui permettent aux donateurs Sud-Sud de partager, sur une base volontaire, leurs meilleures pratiques en matière de coopération pour le développement et de continuer d’amplifier la coopération triangulaire au service du renforcement des capacités.  Enfin, une grande partie du rapport se concentre sur le développement durable, rappelant que la Conférence Rio+20 et les travaux en cours sur les objectifs de développement à mettre en œuvre après 2015 mettent l’accent sur la nécessité de faire figurer le développement durable au centre des stratégies de développement.  Il souligne également que le Forum pour la coopération en matière de développement peut apporter une contribution importante à la « Stratégie du financement du développement durable » qui sera soumise à l’Assemblée générale en 2014.


« LES MOTEURS DU CHANGEMENT: L’AVENIR DE LA COOPÉRATION POUR LE DÉVELOPPEMENT »


Discours liminaires


M. BOB CARR, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a indiqué que son pays avait fourni une aide de 68 millions de dollars à l’Indonésie pour participer à ses efforts de reconstruction après le tsunami de 2004.  Réciproquement, c’est l’Indonésie qui a aidé l’Australie lorsque, l’an dernier, la ville de Brisbane a été touchée par une inondation d’une ampleur sans précédent, a ajouté M. Carr.  Il a donné cet exemple pour inciter les pays à adopter un tel esprit de coopération au niveau mondial en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Parmi les obstacles à la réalisation de ces Objectifs, il a mentionné qu’un million de personnes des pays en développement dépendent du poisson comme première source de protéines, alors que 85% des pêcheries et des ressources halieutiques des océans ont été exploitées jusqu’à leur limite et même au-delà.  Suggérant des moyens pour améliorer la coopération mondiale, le Ministre a expliqué la nécessité pour les pays en développement de pouvoir compter sur une aide extérieure prévisible.  Ainsi, l’Australie est l’un des rares pays à continuer à étendre son aide, qui est de 300 millions de dollars cette année et qui connaitra une hausse de plus de 60% au cours des cinq prochaines années. 


L’Australie deviendra ainsi un des six plus grands donateurs d’ici à 2017, a dit M. Carr.  Il a appelé les États Membres à faire bon usage des leçons apprises après le tremblement de terre survenu en Haïti, le tsunami dans l’océan Indien et la crise humanitaire au Sahel.  Il faut renforcer la coopération en matière de réduction des risques posés par les catastrophes, a-t-il dit, indiquant que son pays allait fournir 100 millions de dollars au cours des cinq prochaines années à cet effet.  Il a aussi souligné la nécessité d’innover dans ce domaine et de placer les personnes au centre des stratégies de coopération.  L’Australie soutient financièrement l’initiative « Women’s World Banking », l’une des coopératives de femmes les plus connues.  Comme autre exemple de coopération, le Ministre des affaires étrangères australien a indiqué que son pays a aidé la Malaisie à former 150 enseignants afghans qui retournent maintenant dans leur pays pour, eux-mêmes, former la prochaine génération de professeurs afghans.  Il a aussi fait valoir que l’Australie travaille avec les municipalités du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud pour offrir son expertise en matière d’assainissement et de mise en place de système d’égouts.  Enfin, il a indiqué que l’Australie avait accueilli, au mois de mai dernier, le « Symposium of the Development Cooperation Forum ».


Mme MARIE-JOSÉE JACOBS, Ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg, pays candidat au Conseil de sécurité des Nations Unies pour 2013-2014, a noté que le Forum pour la coopération au développement est saisi d’un nombre impressionnant de sujets et de problèmes qui sont d’une importance fondamentale pour la gestion des affaires du monde.  Elle a souhaité qu’au cours du débat, qui doit permettre de commenter les tendances et les progrès observables dans la coopération internationale pour le développement, les participants doivent faire preuve d’imaginations et d’innovations pour réunir les moyens financiers et autres outils nécessaires à la conduite des tâches envisagées. 


Pour y parvenir, la Ministre a suggéré que le partenariat entre les États bénéficiaires et les États donateurs d’aide soit revu de fond en comble; que la communauté des bailleurs de fonds traditionnels ne se replie pas sur elle-même, et qu’elle tienne compte de la présence et de l’action de nouveaux acteurs que sont les pays émergents.  La coalition internationale contre les défis globaux communs doit se départir de l’approche traditionnelle en silos juxtaposés et adopter une approche multidisciplinaire, a-t-elle préconisé.  Elle a aussi formulé quelques mises en garde contre ce qu’elle a appelé « les pièges à éviter ».  « Quand je parle de développement comme cause globale commune, je ne voudrais pas donner l’impression d’ignorer les réalités des différentes régions du monde, notamment les effets du réchauffement de la planète dont souffrent davantage les pays les moins avancés et les pays en situation de fragilité.  Face à des défis globaux, une relation de donateur à bénéficiaire n’est plus de mise.  La solidarité internationale peut être complétée par l’intérêt propre de chaque part à agir », a dit la Ministre.  Elle a recommandé que l’aide soit enfin enrichie par l’idée qu’elle est un investissement dans notre avenir commun.  


M. NHLANHLA NENE, Vice-Ministre des finances de l’Afrique du Sud, a dit que « tant que des organisations comme l’ONU existent, nous ne cesserons jamais de déployer des efforts pour lutter contre la pauvreté ».  « La paix et la sécurité nous rappellent que nous sommes tous égaux », a-t-il ajouté, en jugeant urgent de mettre fin aux inégalités, qui sont responsables de la mort quotidienne de 21 000 enfants à cause des conditions dans lesquelles ils vivent.  Il a rappelé que le PIB des 41 pays les plus pauvres est inférieur à celui des sept pays les plus riches.  Alors que la coopération Sud-Sud représente 10% de la coopération mondiale, le développement d’un secteur privé socialement responsable est un élément clef pour le développement durable, a-t-il ajouté.  Face aux inégalités grandissantes entre les plus riches et les plus pauvres, les cinq principes de l’efficacité de l’aide contenus dans la Déclaration de Paris restent la règle d’or pour guider nos efforts de développement dans les années qui viennent.  Il nous faut nous concerter sur une aide concrète, de nature à modifier les conditions de vie des plus démunis, a estimé M. Nene.  Il a jugé indispensable de se concentrer sur une planification et une responsabilisation à tous les niveaux avant de préciser que le plan Marshall, qui a contribué à la reconstruction de l’Europe, est la meilleure illustration de ce qu’on doit faire en matière de développement.  Il a appelé à combiner les partenariats traditionnels et nouveaux en concluant que « si nous voulons aller loin, nous devons y aller ensemble ». 


M. LI BAODONG, (Chine), a considéré que malgré d’importants progrès réalisés en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, leur achèvement d’ici à 2015 demeurait un défi urgent à relever pour la communauté internationale.  « D’après les estimations de la Banque mondiale, le monde comptera toujours, en 2015, un milliard de personnes confrontées à la pauvreté extrême », a-t-il fait remarquer.  Il a, dès lors, estimé qu’en s’interrogeant sur le futur de la coopération au développement, le Forum pour la coopération en matière de développement devait réfléchir à la manière dont il peut aider les pays en développement à faire face aux crises mondiales. 


Dans le contexte actuel, marqué par la crise économique et financière mondiale, il a estimé que tous les pays devaient faire preuve de plus de volonté politique afin de réellement mettre en pratique le Consensus de Monterrey issu de la Conférence internationale sur le financement du développement, ainsi que la Déclaration de Doha sur le financement du développement.  Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de fournir des ressources au développement et d’explorer de nouvelles voies afin d’assurer l’efficacité de l’aide, ainsi que des fonds adéquats en faveur de la promotion du développement.  À cet égard, la Chine considère que le cadre fourni par la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement, qui ne s’applique qu’à la coopération Nord-Sud, pourrait être élargi à la coopération Sud-Sud, a dit M. Li Baodong.  Il a également souligné que les pays en développement devaient contribuer au développement durable en fonction de leur stade de développement et de leurs capacités, et qu’il était injuste de les soumettre aux mêmes règles et obligations que les pays industrialisés.


M. Li Baodong a ensuite rappelé que le rôle de la coopération Sud-Sud dans la coopération pour le développement devait être fondé sur les principes du respect mutuel, de l’égalité, des bénéfices mutuels et du respect de la souveraineté nationale.  Il a également souligné que les partenaires de la coopération Sud-Sud possédaient approximativement le même niveau de développement et qu’il était ainsi plus facile pour eux de partager leur expérience en matière de développement, ainsi que les technologies.  Il a ensuite expliqué que la Chine soutenait activement la coopération Sud-Sud, et qu’au cours des 60 dernières années, et plus particulièrement au cours de la précédente décennie, celle-ci avait aidé plusieurs pays en développement dans les domaines de la construction d’infrastructures, de la fourniture de matériels, dans le secteur des technologies agricoles, ou encore en ce qui concerne l’aide humanitaire d’urgence.  La Chine a, par exemple, formé 150 000 techniciens et responsables de plus de 170 pays ou régions en développement, a-t-il précisé.  En matière de commerce, le représentant a tenu à mettre l’accent sur la nécessité d’ouvrir les marchés du Nord aux pays en développement et aux pays les moins avancés afin qu’ils puissent prendre le train de l’indépendance et de l’autonomie économique et de créer globalement un environnement commercial sain, juste et équilibré.


Mme MICHELLE BACHELET, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a cité l’article 55 de la Charte des Nations Unies, qui souligne le rôle que dit jouer l’ONU pour favoriser le relèvement des niveaux de vie, le plein emploi et des conditions de progrès et de développement dans un ordre économique et social juste et dans le respect des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.  Elle a rappelé qu’en 2005, l’Assemblée générale a reconnu l’existence d’un environnement changeant en matière de coopération, en demandant à l’ECOSOC de prendre en compte les nouveaux acteurs et défis de la coopération au développement.  Mme Bachelet a indiqué que ce Forum pour la coopération en matière de développement intervient deux semaines après la Conférence Rio+20 qui a réaffirmé que le développement durable doit garder l’être humain au centre de ses préoccupations en visant à éliminer la pauvreté et à promouvoir des modèles de consommation et de production durables. 


Alors que nous assistons à une augmentation des inégalités entre les pays et au sein même des pays, a dit Mme Bachelet, nous appelons les gouvernements à être plus responsables et à mettre en place des programmes économiques et sociaux plus inclusifs.  S’il y a 20 ans, 90% des pauvres vivaient dans les pays les plus pauvres, aujourd’hui, deux-tiers des gens vivant avec moins de 2 dollars par jour vivent dans les pays à revenu intermédiaire, a-t-elle dit, pour illustrer le changement de la situation.  Elle a souligné l’importance des nouveaux partenariats comme l’Alliance GAVI pour les vaccins, la coopération entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (UE-ACP), ou celle entre l’Afrique et l’Amérique latine.  Il est indispensable d’éliminer toutes les politiques qui sapent les efforts de la lutte contre la pauvreté, a-t-elle ajouté.  « Si nous ne permettons pas aux femmes d’être les égales des hommes, nous ne pourrons atteindre notre objectif d’un développement social qui soit un pilier du développement durable », a prévenu Mme Bachelet, en rappelant que les femmes sont un moteur clef du changement et du développement durable.  C’est pourquoi, a-t-elle jugé, il est indispensable de voir quels sont les obstacles qui s’opposent à une véritable égalité entre les femmes et les hommes, avant de mentionner que l’égalité entre hommes et femmes n’est pas seulement bonne pour les femmes mais aussi pour les hommes.  


Débat interactif


« Parler de coopération pour le développement sans parler de parité signifierait non seulement échouer au niveau des droits fondamentaux, mais également gâcher notre potentiel économique », a déclaré M. HEIKKI HOLMÅS, Ministre du développement international de la Norvège, au cours du débat interactif portant sur la question intitulée: « les moteurs du changement: l’avenir de la coopération pour le développement ».  


« On ne peut pas promouvoir des objectifs de développement sans permettre aux pays en développement de disposer des outils de les mettre en œuvre et y parvenir », a, de son côté, insisté M. SUPACHAÏ PANITCHPAKDI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), en rappelant que le dernier rapport publié à cet égard par l’OCDE a souligné que les mesures prises par les principaux bailleurs de fonds dans ce domaine manquaient de cohérence.   


Animé par Mme JOANNA KERR, Administratrice d’« ActionAid International », ce débat a vu des interventions des représentants de l’Inde, de Cuba, du Chili, du Bengladesh, du Népal, de l’Union européenne, du Nicaragua, de l’Ouganda, de la Zambie, et de l’Argentine, qui ont tous reconnu que le premier objectif de l’aide est le renforcement des capacités nationales des pays en développement.


« Nous ne devons pas nous limiter au débat sur l’APD », a insisté le Secrétaire général de la CNUCED, en appelant à l’examen de toute une série de problèmes parallèles, dont le plus urgent à résoudre est celui de mettre en place un cadre de politiques et de mesures qui permettraient aux pays les plus pauvres de mettre en œuvre leurs propres stratégies de développement, au lieu de leur imposer des politiques qui ne tiennent pas compte des particularités de chaque État et des réalités de sa société.


Réagissant aux interventions de l’Inde, de l’Ouganda et de la Zambie sur l’attitude à adopter face à l’industrie de l’extraction minière, le Ministre du développement international de la Norvège a jugé essentiel que soit instaurée une totale transparence sur la valeur et les revenus effectivement générés dans chaque pays par cette industrie.  Il a précisé que la Norvège appliquait un niveau de taxation de 78% sur les revenus de l’industrie pétrolière et de 50% sur ceux générés par le secteur de l’énergie hydroélectrique.  S’agissant du débat sur l’APD, il a répondu à une question du représentant de Cuba en lui indiquant que l’investissement privé à été essentiel en Norvège pour assurer le développement des compétences dans le secteur de l’énergie hydroélectrique.  


Dans une déclaration liminaire, l’Administratrice d’ActionAid International a estimé que la Conférence Rio+20 a échoué à répertorier les changements dont la prise en compte est nécessaire pour parvenir à un développement durable.  Elle a jugé essentiel d’éviter que les pays en développement soient victimes du pillage de leurs ressources en souhaitant « que l’on s’abstienne de se servir du cadre de la coopération pour financer et soutenir les intérêts du secteur privé tout en se détournant du financement des programmes liés à la promotion du développement social ».  Sur le même ton, le représentant de Cuba a dit que même si la contribution de la société civile et du secteur privé est importante, l’aide doit cependant être canalisée par le biais des gouvernements qui sont en charge de la définition des objectifs de développement économique et sociale de leurs pays.


Le Secrétaire général de la CNUCED a jugé essentiel que la coopération pour le développement s’appuie dans l’avenir sur la cohérence, l’efficacité et l’évalution de l’efficacité de l’aide, tandis que le Ministre du développement international de la Norvège a exhorté la communauté internationale à déterminer comment les objectifs du développement durable et le programme à mettre en place après 2015 devaient être intégrés.  Il faudra mettre un accent particulier sur l’équité, l’énergie et la parité, a-t-il recommandé.


L’un des problèmes essentiels, a dit le représentant de l’Inde, est l’impact négatif qu’ont les conditionnalités qui sont attachées à l’APD.  Il a  demandé que le renforcement des capacités des pays en développement soit au cœur des efforts à déployer dans les programmes de coopération à venir. 


Parlant du développement durable et de l’économie « verte », il faudra faire attention au protectionnisme vert, a pour sa part insisté M. Panitchpakdi qui a prévenu que certains pays allaient sans doute vouloir utiliser cette excuse pour fermer leurs marchés aux produits des pays pauvres qui ne répondraient pas à des normes environnementales sévères imposées par les pays les plus riches et influents.  « C’est un moyen de reprendre d’une main ce que l’on a donné de l’autre », a-t-il estimé.  


Le représentant de Cuba a estimé que les conditions imposées à tout pays récipiendaire d’APD représentaient une nouvelle forme de colonialisme.  « Nous n’accepterons pas l’imposition de nouveaux mécanismes dont l’application menacerait l’autonomie de choix et l’indépendance des pays », a-t-il prévenu en invitant, par ailleurs, l’ONU à s’abstenir de mettre en place des programmes qui ne sont pas le fruit et l’aboutissement d’une négociation intergouvernementale. 


Le représentant du Chili a rappelé que l’aide au développement n’est qu’un des aspects du Consensus de Monterrey et doit toujours avoir pour objectif de renforcer les capacités nationales.  Celui du Nicaragua a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud, qui peut être efficace à condition qu’elle soit novatrice et qu’elle tienne compte des spécificités locales.  Il a particulièrement félicité le Luxembourg, qu’il a qualifié de « pays exemplaire qui passe des paroles aux actes en matière de coopération au développement ».  


Le représentant de la Belgique a indiqué que l’APD devait rester l’outil de référence de l’intervention en matière d’aide au développement.  Il a rappelé que 90% des gens les plus pauvres du monde vivront à nouveau dans les PMA d’ici à 2030.  Son homologue de l’Union européenne a indiqué que l’Union mettra l’accent sur l’aide aux populations les plus pauvres en déployant son action autour de trois priorités: réforme et bonne gouvernance; croissance économique et création d’emplois; et accent mis sur les secteurs ayant le plus d’impact sur le développement.  Il vaut mieux régler les problèmes déjà identifiés que d’essayer de trouver des solutions à des choses qui n’existent pas encore, a dit le représentant de la Zambie, en jugeant qu’il est extrêmement important de conclure les négociations commerciales du Cycle de Doha, bloquées depuis plusieurs années.


CONCERTATIONS SPÉCIALES PARALLÈLES SUR LE THÈME « QUELLE DIRECTION DOIT PRENDRE LA COOPÉRATION POUR LE DÉVELOPPEMENT ET COMMENT PEUT-ELLE LIBÉRER D’AUTRES RESSOURCES? »


Dialogue A: « Comment peut-on rendre la coopération pour le développement plus équitable, efficace et stratégique? »


Animé par Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ce dialogue a permis de souligner la nécessité de créer des liens complémentaires entre l’aide publique au développement (APD) et d’autres sources de financement du développement, dont les bénéfices qui peuvent être tirés par les pays en développement du commerce, et de mieux distinguer et répondre aux besoins spécifiques de chaque pays.  La question de comment mieux s’attaquer aux causes structurelles de l’inégalité homme-femme a également été débattue. 


Le débat a été aussi l’occasion d’inviter le Forum à examiner à l’avenir les moyens par lesquels les pays pourraient mettre fin à la dépendance qu’ils ont développée envers l’APD.  S’agissant de l’évaluation du niveau de développement d’un pays, des représentants de la société civile ont remis en cause l’utilisation du seul indicateur de croissance, ou de celui du PNB, qui ne permettent pas de mesurer la réalité des besoins sociaux des populations.  


Dans une déclaration liminaire, Mme Clark a mis l’accent sur la modification de la cartographie de la pauvreté depuis 20 ans puisque, si 72% des gens les plus pauvres habitent aujourd’hui dans les pays à revenu intermédiaire, 95% d’entre eux vivaient dans les PMA en 1990.  Parallèlement elle a noté que 16 des principaux pays bailleurs de fonds membres de l’OCDE ont réduit leur aide en 2011, ce qui est traduit par une baisse de 3% de l’APD.  Si une dizaine de pays versent 25% de l’APD, du côté des récipiendaires, une trentaine ne reçoit pas suffisamment cette aide.  Parmi eux, on compte 18 PMA et 12 pays sortant de conflit, a noté Mme Clark, avant de saluer l’impact croissant de la coopération Sud-Sud, dont le montant de l’aide provenant des pays émergents a augmenté de 50% depuis 2004. 


Tout en soulignant la nécessité d’une appropriation par les populations locales des projets de développement, M. SOMCHITH INTHAMITH, Vice-Ministre de la planification et des investissements de la République démocratique populaire lao, a souhaité, dans un souci d’efficacité, qu’un meilleur équilibre soit établi entre l’assistance technique et le développement d’infrastructures.  Il a suggéré la création d’un fonds de développement des infrastructures et celle d’un fonds de renforcement des capacités. 


« Même si l’APD a atteint son niveau le plus élevé en 2010, les réductions observées en 2011 nous imposent, d’une part, de garantir une utilisation la plus efficiente possible des 133 milliards de dollars disponibles, et d’autre part de nous concentrer sur la capacité de mobiliser d’autres ressources en nous concentrant sur les pays les plus défavorisés », a dit M. JON LOMØY, Directeur de la Direction de la coopération pour le développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 


S’agissant des montants alloués a la promotion de l’égalité homme-femme Mme LYDIA ALPIZAR DURAN, Directrice exécutive de l’Association pour les droits de la femme et le développement, a regretté que sur les 71 milliards de dollars alloués à cette question, seuls 3 milliards ont effectivement été utilisés pour défendre l’égalité homme-femme comme objectif.  « Au nom de la qualité de l’aide, il faut s’attaquer aux causes des véritables inégalités homme-femme et assurer la traçabilité de l’aide afin de veiller à sa bonne utilisation », a-t-elle insisté, tout en appelant à éviter d’imposer des conditionnalités à l’aide, car elles sapent le développement et la souveraineté. 


Au nom d’une coopération pour le développement plus équitable, efficace et stratégique, l’Union européenne, qui appuyait traditionnellement les efforts de développement de 130 pays, va se concentrer sur les pays les plus vulnérables, a dit son représentant, en citant des études qui démontrent que l’aide au développement aux pays à revenu intermédiaire apporte très peu de choses à ces pays. 


La représentante du Cap-Vert s’est inquiétée des conséquences du déclassement de son pays de la catégorie des PMA, en souhaitant que l’on ne tienne pas seulement compte du revenu par habitant comme critère de prise de décisions, mais des réels besoins sociaux d’un PMA.  Nous pouvons rendre la coopération pour le développement plus équitable et efficace, à condition de pouvoir bénéficier de mesures de transition harmonieuses et de stratégies cohérentes pour soutenir les pays reclassés, a-t-elle insisté.


Face à la difficulté qu’ont les PMA à mobiliser des ressources nationales pour développer leurs capacités de production et leurs infrastructures, le représentant du Népal a jugé indispensable une APD prévisible et durable, en souhaitant que l’aide soit distribuée en tenant compte des besoins spécifiques des pays et des résultats obtenus sur le terrain en matière de lutte contre la pauvreté. 


Au delà de l’efficacité et de la stratégie, M. PATRICK MORIAU, membre du Parlement belge, a rappelé que la notion de « cohérence » était un concept politique puisqu’elle servait encore à justifier les interventions menées par des grandes puissances dans la sphère des politiques économiques et financières.  C’est au nom de cette « cohérence » que nous avons détruit les cultures vivrières en Afrique en faveur de productions d’exportation plus « rentables » pour accélérer le remboursement, par les pays africains, des dettes dont nous étions pourtant responsables, a-t-il souligné.  C’est au nom d’une certaine conception de la « cohérence » que subsistent les pires inégalités en Thaïlande, pourtant premier exportateur de riz, et une énorme instabilité au Mali, pourtant premier exportateur en Afrique de l’Ouest, a-t-il ajouté. 


« De quelle cohérence parlons-nous? » s’est interrogé le parlementaire et Président du Fonds belge de sécurité alimentaire, en notant que le groupe des États développés n’arrive pas à trouver 25 milliards de dollars par an pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde, alors qu’il a trouvé 3 000 milliards de dollars pour sauver les banques et le système financier international.  Mettant l’accent sur l’importance des « petits gestes positifs », il a appelé tous les parlements à supprimer les dettes odieuses créées dans des pays qui n’en sont pas vraiment responsables et a exhorté les États à interdire la spéculation sur les denrées alimentaires et appliquer la taxe Tobin qui rapporterait 200 millions d’euros en Europe sur la base d’une taxation de 0.05% sur les transferts financiers. 


Dialogue B: « Comment la coopération pour le développement peut-elle stimuler de manière capitale la mobilisation d’autres sources de financement du développement? »


Alors que le montant de l’aide publique au développement (APD) ne croît plus à la même vitesse qu’avant, Mme PITCHETTE KAMPETA SAYINZOGA, Secrétaire permanente et Secrétaire au Trésor du Rwanda, qui animait ce dialogue politique, a invité l’ECOSOC et les États Membres à mettre en évidence le rôle catalyseur de la coopération en faveur du développement.


M. DESRA PERCAYA, de l’Indonésie, qui présidait la séance de la réunion, a ainsi proposé aux participants d’explorer les voies permettant d’utiliser la coopération pour le développement aux fins d’accélérer la transformation institutionnelle dans les pays en développement, dans le but de les aider à éliminer la pauvreté et à atteindre une croissance durable.  La coopération au développement doit en effet permettre de développer la capacité de ces pays à mobiliser leurs ressources nationales, à exploiter les flux d’investissements privés et de leur ouvrir l’accès à un financement inclusif, a-t-il dit.


Pour utiliser l’aide publique au développement de façon plus stratégique, Mme ANNE SIPILÄINEN, Sous-Secrétaire d’État chargée des politiques de développement et de la coopération pour le développement au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a proposé de se concentrer sur les pays les moins avancés (PMA) et sur la prévisibilité de l’APD.  Nous devons en premier lieu instaurer un climat propice aux affaires, avec des règles claires et transparentes pour les entreprises, a-t-elle demandé.  Elle a expliqué que l’aide au développement doit permettre de consolider les capacités des pays en développement afin de leur permettre de passer des accords commerciaux équitables et de tirer profit des activités commerciales internationales.


Mme Sipiläinen a aussi plaidé en faveur de l’élimination des paradis fiscaux, ce qui implique de renforcer l’échange d’information entre les pays et de veiller à ce que les obligations de reddition qu’ont les entreprises soient respectées.  Elle a ajouté qu’il était nécessaire de renforcer les capacités administratives des pays en développement.  Enfin, mettant l’accent sur l’efficacité de l’aide au développement, elle a mentionné l’engagement pris par la Finlande de verser 0,7% de son PIB à l’aide au développement.


Il faut en effet assurer des ressources et une croissance aux pays en développement, a posé comme principe M. MIN ZHU, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), qui a plaidé en faveur de politiques nationales macroéconomiques qui génèrent des ressources nationales.  À cet effet, il a d’abord conseillé de lutter contre l’évasion fiscale.  Il a aussi averti que les subventions versées au secteur énergétique profitent souvent aux couches les plus aisées de la population.  Il y a une marge de manœuvre pour créer des ressources supplémentaires, a-t-il ajouté, donnant l’exemple d’une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre qui pourrait générer plusieurs milliards de dollars.


Comment les pays à faible revenu peuvent-ils gérer les flux de capitaux externes, les investissements étrangers directs, a été le deuxième problème posé par M. Min Zhu.  Selon lui, il faut s’assurer qu’une fois investis, ces capitaux restent dans le pays, ce qui implique de disposer d’une bonne capacité institutionnelle et d’une bonne gouvernance.  Les flux de capitaux étrangers passent dans le secteur privé et ont des répercussions sur les taux de change et la rentabilité des investissements, a-t-il aussi remarqué, pour expliquer l’importance d’une bonne gestion de ces fonds.


M. Min Zhu a aussi réfléchi aux moyens d’assurer le développement du secteur financier local.  Il a notamment proposé d’améliorer la capacité de contrôle des investissements.  Il a aussi donné l’exemple de la Banque européenne d’investissement qui cherche des marchés locaux pouvant être financés par des investissements internationaux.  Il a évoqué le cas du Kenya, auquel le FMI propose de structurer le marché obligataire et d’échanger son expérience avec d’autres États.


M. JESSE GRIFFITHS, Directeur d’EURODAD, réseau regroupant une quarantaine d’organisations non gouvernementales, a observé que les investissements étrangers directs ne sont pas suffisamment utilisés.  Il a demandé aux bailleurs de fonds de ne pas saboter cette source de fonds pour les pays en développement, par l’évasion fiscale par exemple, ou en ayant recours à des financements illicites.  Il faut que les comptes concernant les entrées et sorties de fonds soient publiés pour chaque pays afin de connaître l’origine des ressources concernées, a-t-il proposé.  Au sujet des institutions financières privées, M. Griffiths a proposé de rediriger les fonds qu’elles offrent vers les pays qui en ont le plus besoin au lieu de les offrir aux multinationales.  Les pays ont besoin d’une certaine marge de manœuvre politique, a-t-il aussi relevé.  La Banque mondiale a usé de son influence pour pousser les pays à ouvrir à la compétition, les marchés publics et les achats des administrations, a-t-il rappelé, appelant à ce que cette politique soit revue.


La marge de manœuvre politique est en effet un élément très important dans l’aide au développement, a confirmé la représentante du Gabon, qui a regretté que les donateurs ne comprennent pas toujours cette notion que les anglophones appellent « policy space ».  Partageant cet avis, le représentant du Bangladesh a aussi demandé que l’aide traditionnelle se poursuive au cours des prochaines années, notamment en tenant les engagements pris en termes d’APD.


Le Directeur adjoint du FMI a aussi demandé de renforcer l’APD afin qu’elle constitue un plus grand soutien aux systèmes budgétaires des pays en développement.  Il a également proposé d’accorder plus d’importance à l’aide technique dans le domaine budgétaire.


Le représentant du Nicaragua a expliqué pourquoi son pays avait besoin d’un financement plus important que l’APD.  Les changements climatiques ne vont pas s’arrêter en 2020, a-t-il ironisé, et nous avons perdu beaucoup de ressources en raison de la sécheresse et d’inondations, a-t-il indiqué.  Rappelant les montants importants qu’il faut débourser pour s’adapter aux changements climatiques, il a regretté qu’une partie seulement du financement décidé à Copenhague ait été versée.  Il a aussi déploré que la proposition du Groupe des 77 et de la Chine de verser 30 milliards de dollars par an, de 2013 à 2017, pour couvrir les besoins de développement des pays qui en ont besoin, n’ait pas été acceptée par les pays développés.


De son côté, le représentant du Royaume-Uni a invité à prendre en compte avant tout, les besoins de chaque pays, plutôt que de se focaliser sur leur statut de pays à revenu intermédiaire ou à faible revenu.  Il a aussi invité à prendre en compte la coopération Sud-Sud pour décider des orientations que doit prendre l’APD.


L’APD est-elle la seule source de coopération, ou faut-il considérer la coopération dans un sens plus large, s’est pour sa part interrogée la représentante des États-Unis, avant d’appeler à utiliser davantage la stratégie de réduction des risques.  Elle a aussi mis l’accent sur l’importance des partenariats publics-privés et des partenariats privés-privés.


Débat interactif sur le thème « Renforcer l’adhésion politique au principe de responsabilité mutuelle et les capacités correspondantes »


Sous ce thème, les participants au Forum pour la coopération en matière de développement ont abordé, en détail, la manière dont les gouvernements donateurs et les pays bénéficiaires peuvent faire preuve d’une plus forte redevabilité les uns envers les autres, ainsi que de davantage de transparence en matière de coopération pour le développement. 


Le dialogue était animé par Mme SIGRID KAAG, Sous-Secrétaire générale du Bureau des relations extérieures et des activités de plaidoyer au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).


« Pour qu’une relation de coopération ait un impact effectif sur le développement, elle doit s’enraciner dans la redevabilité et la transparence », a déclaré M. MARTIN DAHINDEN, Directeur général de la Direction du développement et de la coopération de la Suisse.  Il a souligné qu’il fallait, à cet égard, s’appuyer sur des systèmes, des procédures et des normes visant à garantir la redevabilité, et qu’il revenait aux pays partenaires de mettre en œuvre cette redevabilité et de l’assurer effectivement.  En outre, « la redevabilité ne peut pas être partielle, c’est la société tout entière qui s’efforce d’en faire une réalité ou pas », a-t-il dit.  Selon lui, le manquement au devoir de redevabilité devrait pouvoir être sanctionné, et l’information et la transparence sont également essentielles dans ce domaine.  Il a ensuite fait remarquer que le manque de transparence s’expliquait notamment par l’absence de plateformes et de mécanismes performants, mais aussi du fait que « chacune des parties ne se montre guère empressée de fournir des informations qui pourraient la présenter sous un jour défavorable ».


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que, depuis ses débuts, le Forum pour la coopération en matière de développement avait été amené à préciser et à renforcer la notion de redevabilité entre les différents acteurs et partenaires de développement.  Il s’est dit convaincu que le Forum devait continuer à jouer ce « rôle essentiel » dans ce domaine.  La redevabilité mutuelle doit ainsi être renforcée au moyen de l’échange de bonnes pratiques.  Il a fait remarquer que les pays qui avaient mis en place un système fort de responsabilité mutuelle étaient bien placés pour négocier des pactes d’aide conformes à leurs stratégies nationales de développement.  « La responsabilité mutuelle a, par exemple, contribué à la mise en œuvre de réformes, à une meilleure gestion des services publics, et à des services d’achat plus performants », a-t-il expliqué.  Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de disposer, pour ce faire, d’un leadership politique qui soit au moins au niveau ministériel, ainsi que d’une implication au plus haut niveau dans les pays bailleurs de fonds. 


M. OBURU OGINGA, Vice-Ministre des finances du Kenya, a présenté, au cours de ce débat, certaines mesures de transparence mises en place dans son pays, pour gérer les relations entre les pays bénéficiaires d’aide et de financement et la communauté des bailleurs de fonds.  Il a, entre autres, cité l’exemple de l’adoption en 2010, par le Kenya, d’une nouvelle Constitution qui a introduit des mesures qui n’existaient pas auparavant, notamment un processus de budgétisation plus transparent.  


M. SABER HOSSAIN CHOWDHURY, Membre du Parlement du Bangladesh, a, pour sa part, suggéré au Forum d’aboutir à un modèle de bonne pratique en matière d’aide et de transparence.  « Le Forum pourrait ainsi demander aux pays d’expliquer, sur une base volontaire, comment le dialogue fonctionne entre partenaires de coopération et établir un modèle ad hoc », a-t-il dit. 


De son côté, M. VITALICE MEJA, Analyste des politiques de développement pour l’ONG « Reality of Aid Africa », a, à l’instar d’un responsable de l’ONG Oxfam, estimé qu’il fallait réfléchir à de nouveaux mécanismes en matière de redevabilité et de transparence, et qu’il fallait créer un environnement approprié pour que la société civile puisse davantage y participer.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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