En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6505

Réunion de haut niveau de l’ECOSOC: les délégations esquissent les lignes d’un cadre de soutien à une transition harmonieuse vers l’économie verte

13/03/2012
Conseil économique et socialECOSOC/6505
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Réunion spéciale de haut niveau

avec les institutions de Bretton Woods,

l’Organisation mondiale du commerce et la Conférence

des Nations Unies sur le commerce et le développement

6e et 7e séances - matin et après-midi


RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ECOSOC: LES DÉLÉGATIONS ESQUISSENT LES LIGNES D’UN CADRE

DE SOUTIEN À UNE TRANSITION HARMONIEUSE VERS L’ÉCONOMIE VERTE


Concluant la Réunion de haut niveau de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton

Woods, l’OMC et la CNUCED, elles soulignent l’importance d’une croissance équitable


La Réunion spéciale de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a pris fin cet après-midi au Siège des Nations Unies.  Au cours des deux journées qu’a duré cette rencontre, les participants ont débattu du financement du développement durable et de la promotion d’une croissance économique équitable et inclusive.


Pour de nombreux intervenants, « le but ultime et la raison d’être du développement durable sont l’établissement d’une croissance équitable, profitable pour tous ».  C’est dans cette perspective que le représentant de la République-Unie de Tanzanie a estimé que la croissance verte ne pouvait pas se substituer aux besoins qu’ont les pays les moins avancés (PMA) de s’intégrer dans l’économie et aux échanges mondiaux grâce à l’aide au commerce et un appui aux secteurs productifs. 


Le Directeur de la Division du développement de l’Organisation mondiale du commerce, M. Shishir Priyadarshi, a abondé dans le même sens en rappelant que le rapport du Secrétaire général des Nations Unies relatif au huitième Objectif du Millénaire pour le développement (mettre en place un partenariat mondial pour le développement), fait référence au fait que si le Cycle des négociations commerciales de Doha était conclu, cela favoriserait l’essor des pays les moins avancés en ouvrant à leurs produits, notamment agricoles, les marchés dont ils ont désespérément besoin.


La représentante du Nigéria a ajouté qu’il est important que les pays développés puissent accéder à la requête, maintes fois réitérée par les pays en développement, de voir le système commercial international être plus équitable et non discriminatoire, notamment par la suppression des subventions agricoles versées aux agriculteurs du Nord et par la facilitation des transferts technologiques, notamment les technologies dites « vertes ».


Un certain nombre de délégations ont insisté sur le besoin, pour les pays en développement, d’effectuer une transition harmonieuse vers l’économie verte.  Selon M. Michael Clark, Conseiller interrégional de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, le financement du développement durable et le passage des pays du Sud vers l’économie verte pourraient se faire par la mobilisation de ressources adéquates, mais aussi par le biais de transferts de technologies, ce qui permettrait de faire des économies de ressources.


Il a relevé, par exemple, que l’adoption des énergies renouvelables par les pays en développement, grâce à l’emploi de technologies existant déjà au Nord, pourrait permettre aux pays n’ayant pas de réserve d’hydrocarbures de pouvoir acquérir une certaine indépendance énergétique.  Il a également ajouté que le secteur des énergies renouvelables a un potentiel de création d’emplois très élevé.  Selon M. Clark, ces mesures pourraient permettre la vulgarisation des technologies vertes et favoriser, dans le même temps, l’abandon des sources d’énergie carbonée traditionnelles, très polluantes et néfastes pour la stabilité du climat planétaire. 


Pour le représentant du Brésil, la communauté internationale devrait focaliser son attention sur le problème de la modification indispensable des modes actuels de production et de consommation, notamment en établissant les conditions permettant une transition harmonieuse des modes actuels vers des modèles axés sur la durabilité. 


Dans des propos prononcés à la clôture des débats, le Président de l’ECOSOC, M. Miloš Koterec, de la Slovaquie, a rappelé que de nombreux intervenants avaient souligné combien la création d’emplois était au cœur du développement et de l’éradication de la pauvreté.  Il a ajouté que la recherche d’une plus grande collaboration entre les institutions financières, et plus globalement, entre les institutions en charge du développement, était un impératif.  M. Koterec a estimé que les débats tenus au cours des deux jours de réunion étaient un prélude à la préparation de la treizième session de la CNUCED, qui aura lieu le mois prochain à Doha, au Qatar, ainsi qu’à la tenue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20), prévue à Rio, au Brésil, au mois de juin. 


RÉUNION SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU


Débat thématique plénier sur le thème (E/2012/7): « promotion d’une croissance économique durable, équitable et qui profite à tous, de la création d’emplois, des investissements productifs et des échanges commerciaux »


Exposés liminaires


M. Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales, a mis l’accent sur la situation économique mondiale, en précisant qu’une baisse des investissements publics et la prise de mesures d’austérité trop sévères pouvaient avoir une incidence négative sur les échanges et les perspectives d’emploi, ainsi que sur la stabilité politique mondiale.  Il a noté que plusieurs publications, notamment des études de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), mettaient en garde contre ce genre de situation en se référant aux mesures d’austérité prises en Europe et appelaient à plus de cohérence et de coopération entre les grandes institutions économiques et monétaires de la gouvernance mondiale.  La Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) elle-même, a-t-il ajouté, a averti les responsables politiques européens en les invitant à faire attention afin qu’on ne se retrouve pas comme en 1930 dans une spirale qui ferait s’effondrer l’économie du monde entier.  « Il faut trouver une sortie, et le moment est venu de travailler ensemble et de poursuivre les efforts de survie en s’abstenant d’attitudes protectionnistes », a estimé M. Sundaram.  Un nouveau plan Marshall doit répondre aux enjeux de notre ère, a-t-il préconisé. 


M. Sundaram a ensuite considéré que la crise actuelle était liée aux recettes fiscales et était une crise de la dette.  Dans ce contexte, il a expliqué qu’il fallait améliorer les politiques budgétaires et, a-t-il souligné, comme le montrent les crises italienne et grecque, il faut collaborer pour améliorer l’imposition et les capacités de collecte des recettes fiscales.  Il a ensuite abordé la question de la confiance, ajoutant qu’il fallait des réformes et qu’il fallait aussi écarter les incertitudes qui existent face à la vulnérabilité et à la précarité.  Des pistes à exploiter consisteraient, par exemple, à mettre en place de bonnes normes de travail pour permettre une reprise efficace, ou à encourager la compétitivité internationale, a-t-il expliqué.  Il a ensuite mis l’accent sur la situation des pays les moins avancés (PMA) qui ont besoin d’assistance pour améliorer leur accès aux marchés et leurs capacités de production. 


M. SHISHIR PRIYADARSHI, Directeur de la Division du développement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a rappelé que le rapport du Secrétaire général des Nations Unies relatif à l’Objectif du Millénaire pour le développement nº8 (mettre en place un partenariat mondial pour le développement), fait référence au fait que si le Cycle des négociations commerciales de Doha était conclu, cela favoriserait l’essor des pays les moins avancés.  Le Directeur a indiqué que la communauté internationale devrait mettre en œuvre un programme de développement qui fasse le lien entre la croissance et la durabilité environnementale.  Il a ensuite souligné quatre axes majeurs relevant du commerce international, et qui permettraient de promouvoir le développement international.  Il a ainsi évoqué la réduction des obstacles au commerce international et le besoin d’assurer la sécurité alimentaire et énergétique.  Ensuite, il a souhaité que le partenariat pour le développement soit encouragé, en rendant notamment les règles commerciales plus justes.  Il a également préconisé une plus grande surveillance du phénomène du protectionnisme et proposé le renforcement des infrastructures liées au commerce.


Par ailleurs, M. Priyadarshi a noté que les pays ayant ouvert leur marché ont connu une croissance économique soutenue.  Les fruits de cette croissance ont été consacrés aux programmes sociaux dans les domaines de la santé ou de l’éducation par exemple, a-t-il précisé.  Il a annoncé que l’OMC met l’accent sur le fait que les programmes de développement après 2015 devraient s’appuyer sur le postulat selon lequel la croissance économique devrait servir la cause du développement et de la réduction de la pauvreté.  Il a souhaité que la part des échanges commerciaux des produits non miniers provenant des pays en développement soit quantifiée comme un indicateur de développement.  Le dynamisme que ces pays affichent dans les échanges multilatéraux est un signe de leur bonne santé économique, a-t-il estimé.  Il a en outre relevé que le système commercial international est un outil qui pourrait servir pour augmenter la croissance économique, mais il a ajouté qu’il ne s’agit pas du seul outil pouvant jouer ce rôle.  « Une croissance soutenue, équitable et accessible à tous demande une action concertée de toutes les organisations de développement de la scène internationale », a-t-il affirmé. 


M. Rob Vos, Directeur de la Division de l’analyse des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales, a axé son exposé sur l’emploi, rappelant que la crise économique était aussi une crise de l’emploi.  Il a estimé qu’il existait un cercle vicieux pour les grandes économies développées, qui risquent de nouveau de connaître une récession de plus de 10%.  Mais, a-t-il interrogé, comment sortir de ce cercle vicieux?  Il a mis en évidence le fait qu’une austérité renforcée risquait d’accentuer ce cycle.  À l’heure actuelle, a-t-il dit, les taux de chômage demeurent élevés partout, et les taux d’emploi restent en deçà de leur niveau d’avant la crise.  Par ailleurs, cette augmentation du nombre des personnes sans emploi représente un risque à plus long terme, a-t-il souligné. 


Pour réduire ce déficit de l’emploi, il a cité plusieurs pistes d’action.  Plusieurs études démontrent qu’il faut éviter des mesures d’austérité fiscales prématurées, a-t-il rappelé en ajoutant qu’au contraire, des mesures de stimulation économique à court terme semblent être davantage appropriées.  Dans ce domaine, a-t-il expliqué, il faut une coordination politique au niveau mondial, associée à des mesures fiscales et budgétaires.  L’investissement dans les énergies renouvelables peut également s’avérer être en faveur d’une croissance durable, a-t-il souligné.  Il a suggéré l’adoption de politiques fiscales comprenant des mesures d’incitation à court terme, ainsi que des investissements en faveur des énergies vertes, car elles peuvent encourager l’emploi.  Ces vues, qui ont été acceptées par le Groupe des 20 (G-20), reflètent ce que les gouvernements ont mis en place à titre individuel, a-t-il dit, plaidant ensuite pour une meilleure collaboration et une meilleure coordination au niveau mondial qui soient centrées sur un seul mot clef, a-t-il conclu: « l’emploi ».  


Échange interactif


Intervenant au début de l’échange interactif entre délégations et panélistes, le représentant des Comores a relevé que les pays en développement sont tentés d’adopter des mesures protectionnistes afin de réagir aux effets d’une crise économique dont les origines sont les pratiques de spéculation auxquelles se sont adonnées de grandes banques.  Le représentant de l’ONG « Marianists internationjal » a souligné pour sa part que le protectionnisme en lui-même n’est pas foncièrement négatif quand les plus petites économies y ont recours, car il peut permettre de protéger les marchés des pays les plus vulnérables.  


En réponse au représentant du Bangladesh qui voulait savoir si un taux de chômage de 3% traduisait une bonne performance et était un chiffre idéal, le Directeur de la Division de l’analyse des politiques de développement au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies a estimé que la réponse à cette question varie en fonction des réalités propres à chaque pays.  Il a rappelé que l’objectif final que chaque pays doit chercher à atteindre est de s’assurer une croissance inclusive, qui est une croissance qui induise une réduction des inégalités sociales.


La représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a rappelé que 75% des chômeurs à travers le monde ont moins de 25 ans, et elle a précisé que l’OIT voudrait que les emplois créés soient décents et permettent l’épanouissement des travailleurs.  Dans cette perspective, le représentant de la Fédération de Russie a demandé comment éviter que les intérêts de l’État ne s’opposent pas à ceux du secteur privé et du travailleur.


La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a souhaité, pour sa part, que les investissements à effectuer pour la promotion du développement soient essentiellement dirigés vers les zones rurales.  Cette préoccupation a été partagée par la représentante du Comité des ONG sur le financement du développement, qui a suggéré que les économies locales soient soutenues par des banques communautaires.  De son côté, la représentante de la Société des Nations Unies des missionnaires médicaux catholiques a proposé que les gouvernements organisent les populations à la base dans le cadre de coopératives. 


La représentante du Nigéria a, de son côté, relevé qu’il est important que les pays développés puissent accéder à la requête réitérée des pays en développement de voir le système commercial international être rendu plus équitable et non discriminatoire, notamment par la suppression des subventions agricoles que versent les pays du Nord à leurs producteurs et exportateurs agricoles, et par la modification des règles relatives aux droits de la propriété intellectuelle, afin que les pays en développement puissent bénéficier de transferts technologiques sans devoir être soumis aux frais y afférents.


La représentante de la Chambre de commerce internationale a indiqué qu’avec la baisse progressive de l’aide publique au développement, les gouvernements des pays en développement devraient davantage se tourner vers le secteur privé, créateur d’emplois et responsable d’investissements directs pouvant soutenir les économies nationales.  En outre, le représentant de la société d’audit comptable Price Waterhouse Coopers a estimé que pour permettre la croissance, le secteur privé doit se tourner vers la « bonne croissance », qui est une croissance orientée vers la durabilité.  


Le Directeur de la Division du développement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a précisé que la coopération entre gouvernements et secteur privé devrait être accrue, car si les gouvernements édictent les lois commerciales, c’est le secteur privé qui est le principal acteur de ces échanges commerciaux.


L’un des représentants du Conseil exécutif de la Banque mondiale a pour sa part estimé que la consommation nationale est le premier pilier qui soutient la croissance économique dans un pays.  Tandis que pour le Directeur du Bureau des commissions régionales des Nations Unies à New York, les modèles économiques doivent tenir compte des réalités des différentes régions du monde. 


Le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU a noté que pour faire face aux grands enjeux économiques de notre époque, il faut investir, en particulier dans des domaines prioritaires tels que les énergies renouvelables et le secteur agricole.


Débat thématique plénier sur le thème:« financement du développement durable »


Exposé et échange interactif


M. David O’Connor, Chef du Service de l’intégration et de l’analyse des politiques de la Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a axé sa présentation sur le financement de la transition à opérer vers l’économie « verte ».  Il a notamment présenté les différents types de besoins et de financements de cette transition, ainsi que les principaux obstacles à leur mobilisation.  S’agissant des flux financiers publics ou privés, il a estimé que la communauté internationale se trouvait à un moment clef pour envisager des sources novatrices de financement, telles que des taxes particulières pour le « financement vert » ou destinées à contrer les effets des changements climatiques.  Il a fait remarquer qu’actuellement, la principale source de ce financement était constituée de capitaux privés et de l’aide publique au développement (APD).  Il a indiqué que ce dispositif était encore très fragmenté mais que cela ne serait plus le cas dans une dizaine d’années. 


En ce qui concerne l’utilisation de ces financements, M. O’Connor a souligné que le rapport sur l’économie « verte » avait, par exemple, montré que la fourniture d’énergie propre représenterait 15 à 20% du montant de ces investissements, tandis que les transports « verts » représenteraient une part de financement d’environ 16 à 17% du total.  Il a ensuite noté que près de 200 milliards de dollars avaient été investis, en 2009, dans les pays du G-20, et ce, sans compter les dépenses en recherche et développement; et il a souligné qu’atteindre la cible de 0,7% du PNB des pays riches à verser à l’APD permettrait de lever 150 milliards de dollars.  S’agissant des besoins de financement de l’économie « verte », il a noté l’absence de données scientifiques dans ce domaine mais a toutefois cité le chiffre avancé par le Département des affaires économiques et sociales (DAES) de l’ONU, soit 1 100 milliards de dollars par an.  


Pour mobiliser les flux financiers privés, M. O’Connor a ensuite suggéré quelques pistes à explorer comme, par exemple, l’idée de cumuler les petits projets et de les regrouper à travers un fonds qui aiderait à assurer une diversification des risques.  Cette pratique est appliquée par les Fonds d’investissements et par les SICAV (Sociétés d’investissement à capital variable), a-t-il souligné.  S’agissant des financements publics, il a cité plusieurs propositions à l’étude, dont une taxe sur les transactions financières; une taxe sur l’échange des devises, ou un prélèvement sur les billets de voyages internationaux.


À la suite de l’exposé de M. O’Connor, le représentant de l’Allemagne a considéré qu’il y avait d’énormes potentiels pour une croissance durable.  Il a souligné que le passage à une économie verte ne devait pas être uniquement synonyme de contraintes pour le secteur privé et devait aussi créer des emplois.  Il a invité la communauté internationale à poursuivre son travail d’identification des sources de financement du développement durable et a mis l’accent sur la nécessité de plus de cohérence au sein du système des Nations Unies.


Abondant dans son sens, le représentant du Sri Lanka a invité la communauté internationale à redoubler d’efforts et à prendre des mesures pour accélérer le développement durable; tandis que son collègue du Maroc informait les participants au débat sur la manière dont il serait possible d’améliorer l’efficacité de l’aide, comme l’ont suggéré, hier, les représentantes de la Banque mondiale qui ont pris la parole au cours du débat sur le financement du développement.


Pour sa part, le représentant du Brésil a mis l’accent sur l’intégration du développement durable dans tous les programmes de développement.  Revenant également sur les interventions faites hier par les représentants de la Banque mondiale, il a estimé que la communauté internationale mettait trop l’accent sur les modes de croissance au lieu de mettre en exergue le problème de la modification indispensable des modes actuels de production et de consommation.  Il a ensuite plaidé pour une plus grande cohérence et une participation de tous les États Membres aux mécanismes financiers.  En conclusion, il a mis l’accent sur la nécessité d’assurer la création de ponts entre les investissements réalisés par le secteur privé et les politiques publiques. 


Pour sa part, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a appelé à une clôture rapide du Cycle des négociations commerciales de Doha afin de permettre aux pays les moins avancés (PMA) de trouver rapidement une place dans les échanges du commerce et de l’économie mondiale.  Il a estimé que la croissance verte ne pouvait pas se substituer aux besoins qu’ont les PMA de s’intégrer dans cette économie grâce à l’aide au commerce et à l’appui aux secteurs productifs. 


En réponse à ces échanges, le Chef du Service de l’analyse des politiques et des réseaux à la Division du développement durable du Secrétariat de l’ONU, a souligné que le secteur privé reste celui qui investit le plus dans les énergies renouvelables et que cela ne se faisait évidemment pas de manière indépendante des politiques régionales ou gouvernementales.  S’agissant de l’efficacité de l’aide et de la cohérence dont doit faire preuve le système des Nations Unies, il a laissé M. Michael Clark, Conseiller interrégional de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), aborder ces questions.


Exposé et échange interactif


M. MICHAEL CLARK, Conseiller interrégional de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a évoqué le transfert technologique entre le Nord et le Sud dans le contexte de l’avènement de l’économie verte.  Il a estimé que le financement du développement peut se décliner par ce transfert technologique, permettant ainsi d’effectuer des économies de ressources.  Il a souligné le besoin pour les pays en développement de surmonter la pauvreté énergétique qui les affecte, afin de pouvoir envisager la croissance et le développement.  Il a ensuite relevé que les énergies renouvelables pourraient permettre aux pays n’ayant pas de réserves d’hydrocarbures de pouvoir acquérir une certaine indépendance énergétique.  Il a également noté que le secteur des énergies renouvelables a un potentiel de création d’emplois très élevé.  Le Conseiller interrégional de la CNUCED a indiqué que les pays en développement ne doivent pas être laissés sur la touche en ce qui concerne la question du développement, et que ces pays ont en fait le désir, par l’adoption des énergies renouvelables, de prendre leur place dans les nouvelles industries du XXI siècle.


M. Clark a affirmé que l’adoption des sources d’énergie renouvelables ne nécessite pas de grands financements et, qu’en outre, les coûts d’installation et d’exploitation des sources d’énergies renouvelables, notamment les énergies photovoltaïque, solaire et l’éolienne, ne cessent de décliner depuis l’année 1980.  Globalement, il a estimé que l’adoption des énergies renouvelables par les pays du Sud devrait coûter près de 1 000 milliards de dollars.  Cet investissement devrait de préférence avoir lieu en une seule phase, sur une période de 10 ans, et 70% de ces investissements devraient être consacrés aux pays en développement.  Il a tout de même ajouté qu’à défaut d’un tel investissement, il serait possible d’effectuer un transfert de technologies à moindres coûts, tout en adoptant des mesures de paiement souples pour les pays du Sud.  Ceci pourrait par exemple se faire en tablant sur des paiements qui interviendraient seulement après que ces technologies soient commercialement viables.


Le Conseiller interrégional de la CNUCED a ensuite suggéré la mise en place d’infrastructures nationales et régionales devant servir à la maîtrise de ces technologies et au partage d’expériences.  Ces mesures pourraient permettre la vulgarisation des technologies vertes et favoriser, dans le même temps, l’abandon des sources d’énergie traditionnelles, très polluantes et néfastes pour la stabilité du climat planétaire. 


Au cours de cette partie du débat interactif, le représentant de l’Union européenne a estimé que les États devaient maintenir le rôle central qui leur incombe dans la mobilisation des ressources en faveur du développement et, s’agissant des ressources privées, il a mis en exergue le rôle que peuvent jouer les grandes entreprises, les PME ou les fonds de pension en faveur de la transition vers l’économie verte. 


Son collègue du Japon a souligné que cette transition vers l’économie verte offrait un nouveau modèle de croissance qui contribuerait à l’élimination de la pauvreté et créerait des sociétés humaines caractérisées par un mode de production et de consommation basé sur une faible empreinte en carbone.  Il s’est dit convaincu que, malgré les fardeaux nouveaux qui semblent apparaître, la communauté internationale pourrait dissiper les préoccupations actuelles sur le long terme.  Il a aussi mis l’accent sur la promotion du partage d’expériences et de technologies en vue de cette transition. 


La représentante de la Chine a rappelé que la plupart des pays en développement n’avaient pas assez de connaissances et de maîtrise technologiques et de capacités.  « Dans la transition vers l’économie verte, ces pays risquent dès lors de payer un lourd tribut », a-t-elle prévenu.  Dans ce contexte, elle a estimé que, d’une part, la Conférence Rio+20 devrait permettre de trouver des ressources supplémentaires; et d’autre part, que les pays les plus riches devraient respecter leurs engagements en faveur de l’APD.  Elle a ensuite interrogé les panélistes sur les mesures à envisager afin d’aider les pays du Sud et les autres pays en développement à mettre en place des sources d’énergies renouvelables. 


Plusieurs représentants de la société civile ont ensuite plaidé pour un effort soutenu des gouvernements, de la communauté internationale, du secteur privé et des ONG à l’émergence d’une économie verte.  Une responsable du Réseau d’Amérique latine contre la dette et pour le développement s’est inquiétée de la baisse de l’APD, qui risque de saper les perspectives de développement des pays les plus défavorisés et d’engendrer de nouvelles dettes, a-t-elle prévenu.  Elle a questionné la possibilité de déterminer comment les ressources allouées par le secteur privé pourraient contribuer à réduire la pauvreté et s’est demandée comment l’économie verte serait, à l’avenir, contrôlée et réglementée.  


Un représentant du Comité des ONG sur le développement a ensuite questionné la manière dont la société civile pourrait aider la CNUCED dans ses efforts en faveur du développement durable. 


À la suite de ces interventions, le Conseiller interrégional de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, a rappelé combien il était difficile –en raison de la crise économique– pour le secteur privé de prendre à lui seul les rênes des investissements en faveur de l’économie verte.  Il a mis l’accent sur le rôle des gouvernements qui peuvent inciter le secteur privé et mettre en place des mesures d’encouragement.  Il a souligné la nécessité de mettre en place un dialogue fréquent et soutenu entre les deux parties, sans toutefois que cela soit « institutionnalisé ».  Il a cité, à titre d’exemple, son expérience personnelle de chef d’une grande entreprise en Inde, qui lui avait permis d’observer ce genre de dialogue entre le Gouvernement indien et les entreprises.  Il a aussi mis l’accent sur le rôle des organisations de la société civile.


Déclaration de clôture


M. MiloŠ Koterec, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a procédé à la clôture de la Réunion spéciale de haut niveau de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED en estimant que les délibérations qui ont eu lieu au cours de ces deux journées constituaient un important apport à la préparation de la treizième session de la CNUCED, qui va avoir lieu à Doha, au Qatar, ainsi qu’à la tenue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20), prévue en juin au Brésil.  Il a ensuite résumé les principaux points abordés au cours des débats thématiques consacrés, pour le premier, au financement durable et, pour le second, à la promotion d’une croissance économique durable, non sélective et équitable.


S’agissant de la promotion de la croissance, le Président de l’ECOSOC a rappelé que de nombreux intervenants avaient souligné combien la création d’emplois était au cœur du développement et de l’éradication de la pauvreté.  Dans ce contexte, il convient de repenser de manière urgente les politiques économiques et de développement à travers le prisme de l’emploi, a-t-il souligné.  Il a ajouté que, pour de nombreux participants, des politiques nationales efficaces devaient aussi inclure des investissements en faveur d’infrastructures physiques et sociales, et en faveur de l’éducation, de la santé et d’une protection sociale pour les populations.  Au cours des débats, il a aussi noté que le rôle des PME avait été souvent mis en exergue en matière de création d’emplois. 


En complément aux efforts nationaux déployés en vue du développement, M. Koterec a également observé l’accent mis par certains intervenants sur les investissements étrangers directs, et il a souligné le rappel lancé, à plusieurs reprises, aux principaux donateurs s’agissant du respect de l’engagement pris par les pays industrialisés de verser 0,7% de leur PIB à l’APD.  Pour plusieurs pays, la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha est aussi un élément indispensable pour l’accès aux marchés des pays en développement, a-t-il rappelé.


S’agissant du débat sur le financement du développement, le Président de l’ECOSOC a noté que de nombreux intervenants avaient mis l’accent sur les conséquences des dommages environnementaux sur la croissance et sur les progrès sociaux qui doivent être accomplis dans de nombreux domaines.  Dans ce contexte, la Conférence Rio+20 est perçue comme une occasion unique de renouveler les engagements pris par la communauté internationale en matière de développement durable, a-t-il souligné.  Il a également mis l’accent sur les points de vue des délégations qui ont rappelé la nécessité de fournir des ressources adéquates et des transferts de technologies aux pays en développement, et qui ont insisté sur la nécessité de soutenir le renforcement des capacités de ces pays en respectant leurs propres plans et politiques de développement national.  La recherche de nouvelles ressources supplémentaires et innovantes a également été rappelée avec insistance; tandis que plusieurs intervenants appelaient à une meilleure collaboration et coordination entre les différentes institutions chargées du développement durable, et ce, sous le rôle facilitateur de l’ECOSOC, a conclu le Président du Conseil économique et social.   


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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