L’ECOSOC débat du financement du développement durable et des stratégies de promotion d’une croissance économique « verte » qui profite à tous
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Réunion spéciale de haut niveau
avec les institutions de Bretton Woods,
l’Organisation mondiale du commerce et la Conférence
des Nations Unies sur le commerce et le développement
4e et 5e séances - matin et après-midi
L’ECOSOC débat du financement du dÉVeloppement durable et des stratégies de promotion
d’une croissance Économique « VERTE » qui profite à tous
Alors que la communauté internationale est confrontée à de nombreux défis liés à la crise économique et financière qui a éclaté en 2008, aggravée par la hausse des prix alimentaires et par les impacts négatifs des changements climatiques, le Conseil économique et social (ECOSOC) a débattu, aujourd’hui, des meilleures stratégies à adopter pour financer la promotion du développement durable et promouvoir une croissance économique équitable et inclusive. Ce débat a eu lieu à l’occasion de la Réunion annuelle de haut niveau que l’ECOSOC a avec les institutions de Bretton Woods –Banque mondiale et Fonds monétaire international (FMI)-, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Au cours des 10 années à venir, 600 millions d’emplois devront être créés dans le monde afin de compenser les pertes enregistrées pendant la crise économique et financière et répondre aux besoins d’une population mondiale en augmentation, a rappelé le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans sa note* adressée aux participants à cette rencontre, qui sert de guide aux réflexions de ces deux journées de débats prévues au Siège des Nations Unies, à New York.
« La question de l’emploi est cruciale et elle nécessite, de toute urgence, la conception et la mise en œuvre de politiques adéquates afin de permettre à la population de vivre et de prospérer », a déclaré M. Ban dans son allocution d’ouverture, tout en rappelant cependant que le développement durable signifiait aussi de la nourriture en suffisance, de l’eau potable et des soins de santé pour les communautés.
En ouvrant cette Réunion de haut niveau, le Président du Conseil économique et social, M. Miloš Koterec (Slovaquie), avait, de son côté, souligné combien la crise avait eu une incidence négative sur tous les pays et combien, partout dans le monde, les pauvres et les plus marginalisés en avaient le plus subi les conséquences.
« Pour que le redressement économique soit durable et ait un impact sur la pauvreté, la communauté internationale doit prendre des mesures cohérentes et coordonnées. Le financement du développement durable, à travers ses trois piliers que sont l’économie, le social et l’environnement, doit demeurer sa priorité », a préconisé le Président de l’ECOSOC.
À l’approche de la treizième session de la CNUCED, qui va avoir lieu le mois prochain à Doha, au Qatar, et de la tenue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20), qui se tiendra à Rio de Janeiro, au Brésil, au mois de juin, les intervenants ont émis l’espoir que les deux journées de discussions de la Réunion de haut niveau entre l’ECOSOC, les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED, puissent contribuer activement au succès de ces évènements.
Dans le contexte économique actuel, le représentant du Fonds monétaire international (FMI) a expliqué que cette institution cherchait à augmenter ses réserves monétaires afin d’augmenter ses capacités de prêt de 500 milliards de dollars supplémentaires; tandis que, de son côté, son homologue de l’Organisation mondiale du commerce déplorait la « résurgence d’attitudes protectionnistes » de la part de nombreux gouvernements de pays industrialisés, ainsi que l’absence d’avancées dans le Cycle de négociations commerciales de Doha.
Plusieurs intervenants ont ensuite mis l’accent sur le rôle majeur que peut jouer le secteur privé en matière de développement. « Ce secteur est à l’origine de 91% des 1 000 milliards de dollars de capitaux qui circulent chaque année dans les pays en développement, de même qu’il offre 90% des emplois dans ces pays », a fait remarquer le Vice-Président et Secrétaire du Comité du développement de la Banque mondiale, M. Jorge Familiar Calderón.
Mais, ont relevé certains spécialistes, dont une des panélistes du débat plénier tenu ce matin, jusqu’à présent, la croissance verte demeure peu visible dans les pays en développement. Les exportations dites « vertes » représentent à peine 2% des exportations totales de ce groupe de pays, tandis que les dégradations causées à l’environnement leur coûtent parfois jusqu’à 9% de leur produit intérieur brut (PIB), a expliqué Mme Marianne Fay, économiste en chef pour le développement durable et auteur du Rapport de la Banque mondiale sur la croissance verte.
Dès lors, comment le secteur privé et le secteur public peuvent-ils mobiliser les ressources nécessaires au développement durable? Comment financer la transition vers l’économie verte? Et, de quelle manière les banques de développement multilatérales et les autres institutions de financement peuvent-elles jouer un rôle de catalyseur?
Telles sont quelques-unes des questions et thématiques qui ont guidé les deux débats thématiques qui ont eu lieu au cours de la journée. Le premier a mis l’accent sur le financement du développement durable, tandis que le second était axé sur la promotion d’une croissance économique durable, non sélective et équitable.
De nombreux représentants ont appelé la communauté internationale à faire preuve de cohérence et de coordination dans le fonctionnement des mécanismes de financement du développement. Certains ont, au cours du premier débat, rappelé aux pays donateurs l’engagement qu’ils ont pris de verser 0,7% du montant de leur produit national brut (PNB) à l’aide aux pays en développement, tandis que les représentants du Népal et de la Jamaïque ont exposé les difficultés propres aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID).
Le second débat, qui a eu lieu dans l’après-midi, a vu plusieurs intervenants plaider pour la création de ponts entre le secteur privé et le secteur public en matière de formation professionnelle afin de répondre aux demandes du marché de l’emploi en temps de crise. La nécessité de garantir les droits fondamentaux des travailleurs ainsi que la parité ont également été citées comme facteur de développement et de croissance.
La Réunion spéciale annuelle de haut niveau entre l’ECOSOC, les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED se poursuivra demain, mardi 13 mars, à partir de 10 heures.
* E/2012/7
RÉUNION SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU
Déclarations liminaires
M. MiloŠ Koterec, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a ouvert la Réunion spéciale de haut niveau de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED en rappelant que cette rencontre constituait un important forum en vue d’améliorer la cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha sur le financement du développement. Notant que cette rencontre a lieu à un moment d’incertitude concernant l’économie au niveau mondial, il a fait remarquer que la lente et hésitante reprise que l’on observe après la crise économique et financière avait une incidence négative tant sur les pays développés que sur les pays en développement. Il a également noté que, partout, ce sont les pauvres et les marginalisés qui ont surtout subi cette crise et l’apathie prolongée de l’économie mondiale qui a suivi. « C’est pourquoi, il faut de toute urgence une réponse politique coordonnée efficace des gouvernements, qui puisse les placer sur le chemin de la croissance et du développement durable », a-t-il dit.
M. Koretec a ensuite expliqué que sous le thème général de « Cohérence, coordination et coopération dans le cadre du financement du développement », cette Réunion de haut niveau se concentrera sur deux sujets: d’une part, la promotion d’une croissance durable, y compris une économie équitable et sans exclusive; et d’autre part, le financement du développement durable. Il a ajouté que la note du Secrétaire général « Cohérence, coordination et coopération en matière de financement du développement »* offrait à cet égard les pistes de réflexion de ces deux journées de Réunion de haut niveau.
Mettre l’accent sur la promotion d’une croissance économique durable et équitable, la création d’emplois et la promotion des investissements productifs, nécessite une série de mesures et, à court terme, un élan économique coordonné, a-t-il poursuivi. Pour que le redressement économique soit durable et ait un impact sur la pauvreté, il convient également d’accorder l’attention nécessaire à l’établissement de systèmes fiscaux efficaces, équitables et modernes; de permettre l’accès des pauvres aux services de base et de promouvoir le développement du secteur privé, a ajouté le Président de l’ECOSOC. Par ailleurs, les efforts nécessaires que doivent déployer dans ces domaines les pays en développement nécessiteront un appui considérable de la part de la communauté internationale, ainsi que des engagements concernant l’aide publique au développement (APD). Il est, en outre, urgent d’aborder la question de la dette des pays les plus pauvres et d’avancer vers un système commercial plus équitable et universel, a-t-il souligné.
Notant que le financement du développement durable -à travers ses piliers économiques, sociaux et environnementaux- était une priorité clef de la communauté internationale, M. Koterec a ensuite considéré que la transition vers une économie verte nécessiterait toutefois des financements, ainsi que des changements structurels et technologiques majeurs dans un certain nombre de secteurs. Il a fait remarquer combien le financement de cette transition constituait un défi, car une partie des investissements devront venir des pays en développement eux-mêmes, et il leur faudra également une assistance de la communauté internationale, a-t-il noté. Il a estimé que les financements publics et privés devraient être renforcés. Soulignant qu’on attend beaucoup du secteur privé, qui devra fournir une partie des ressources nécessaires à cette transition, le Président de l’ECOSOC a mis l’accent sur la nécessité de lui fournir davantage de mesures d’incitation et, le cas échant, adopter aussi des mesures de prélèvement financier, comme par exemple, une taxe sur les transactions financières. Il a conclu son intervention en rappelant qu’on ne pourrait cependant relever ces défis uniquement par des mesures collectives. Le traitement de ces questions doit regrouper toute une série d’acteurs, a-t-il estimé, en exprimant l’espoir que les discussions qui vont avoir lieu au cours des deux journées de réunion puissent fournir un élan, notamment en vue de la treizièmesession de la CNUCED prévue le mois prochain à Doha au Qatar, et de la prochaine Conférence sur le développement durable de l’ONU, prévue à Rio de Janeiro au mois de juin.
M. MUTLAQ AL-QAHTANI, Chef de Cabinet du Président de l’Assemblée générale, qui s’exprimait au nom du Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a souligné que la présente Réunion de haut niveau entre le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement intervient à un moment où de nombreux pays en développement luttent contre les effets de la crise économique mondiale. Il a également mentionné que ce début de XXIe siècle représente un moment crucial pour déterminer les grandes lignes de la promotion du développement durable.
M. Mutlaq Al-Qahtani a noté que l’Assemblée générale organise, au mois de mai prochain, un débat thématique sur les grandes questions économiques qui interpellent la communauté internationale. Il a également rappelé que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui aura lieu au mois de juin prochain au Brésil, devrait être un moment crucial pour le passage à l’économie verte. Concernant le financement du développement, il a estimé que beaucoup de choses ont été faites, mais qu’il reste encore des actions à mener, et a précisé que la gouvernance mondiale apparaît comme l’un des moyens de régler les problèmes économiques auxquels le monde fait face. De même, M. Al-Qahtani a souligné que les Nations Unies représentent une institution dont la légitimité internationale ne souffre d’aucune contestation et, de ce fait, l’ONU devrait jouer un rôle plus important dans le cadre de la gouvernance de l’économie mondiale. Il a enfin souhaité que les politiques sociales soient plus cohérentes et plus profitables à tous.
M. ANTHONY MOTHAE MARUPING, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a rappelé que, face à la crise économique et financière qui a ébranlé le monde depuis quelques années, il était impérieux que toutes les parties prenantes dans les domaines appropriés se consultent afin d’élaborer des mesures cohérentes de redressement. Il a indiqué que l’ECOSOC était la tribune la plus appropriée pour en débattre de manière inclusive. Les travaux de l’ONU et de la CNUCED ont toujours été fondés sur les besoins de leurs États membres et guidés par ceux-ci, a-t-il insisté. Il a ensuite fait remarquer combien cette crise financière avait rapidement débordé sur l’économie réelle par le truchement des échanges de biens et de services. Il a noté que le protectionnisme avait ressurgi sous toutes sortes de formes, que les échanges de biens et services avaient diminué dans la plupart des régions, ainsi que les taux d’investissement; tandis que les taux de chômage avaient au contraire considérablement augmenté avec pour corolaire l’intensification de la pauvreté dans de nombreux pays, en particulier dans les pays en développement. Cette crise et ses conséquences, la CNUCED les avait prédites avec exactitude, conformément à son mandat qui la charge de conduire des analyses et des recherches sur le commerce et l’économie mondiale, a-t-il souligné.
M. Mothae a ensuite mis l’accent sur d’autres facteurs qui ont, parallèlement à cette crise, affecté les pays en développement. Parmi ces facteurs, il a cité l’instabilité des prix des denrées alimentaires, la hausse des prix de l’énergie, ainsi que les effets intensifiés des catastrophes naturelles et des changements climatiques. L’impact de ces différents éléments freine la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et renforce les inégalités dans la distribution des revenus, a-t-il rappelé. Dans ce contexte, il a estimé que des approches innovantes devaient être mises en place. « Tous les taux de change monétaires, les instruments et politiques fiscales devraient être appliqués de manière bien dosée et cohérente », a-t-il dit. Toutes les formes d’aide et de financement des besoins des pays en développement, telles que l’APD, les investissements directs étrangers (IDE), la gestion de la dette ou la mobilisation des ressources domestiques, devraient jouer un rôle actif et accru en ce sens, a préconisé M. Mothae. Il a conclu en rappelant la nécessité pour la Banque mondiale, le FMI, l’OMC et la CNUCED de coopérer et de synchroniser leurs efforts, chacun conformément à son mandat.
M. JORGE FAMILIAR CALDERÓN, Vice-Président de la Banque mondiale et Secrétaire par intérim du Comité du développement de la Banque mondiale, a estimé que le dialogue avec l’ECOSOC est une importante plateforme de discussion sur le programme du Comité du développement de la Banque mondiale. Il a indiqué qu’à la dernière réunion du Comité du développement, tenue au cours de l’automne dernier, le besoin de renforcer le soutien de la Banque mondiale à l’endroit des pays en développement a été souligné, notamment en ce moment d’instabilité économique, et dans la perspective de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Vice-Président de la Banque mondiale a relevé qu’au cours des quatre dernières années, la Banque a consacré près de 200 milliards de dollars à la cause du développement des pays pauvres.
M. Familiar Calderón a indiqué ensuite que le programme du Comité du développement de la Banque mondiale, qui est en cours de préparation, devrait mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté et la croissance économique, avec également la prise en compte de préoccupations majeures telles que les prix des produits alimentaires, la sécurité alimentaire et les OMD, qui, cette année, sont les points centraux du rapport annuel de la Banque mondiale. Il a par ailleurs relevé que le secteur privé peut jouer un rôle majeur dans le cadre du développement, notamment par la création d’emplois, la productivité, l’innovation et l’accumulation des richesses. Il a souligné que le secteur privé est responsable de 91% des 1 000 (mille) milliards de dollars de capitaux qui circulent chaque année dans les pays en développement. De même, le secteur privé offre 90% des emplois de ces pays. M. Familiar Calderón a également souligné la volonté de la Banque mondiale de se moderniser davantage et d’être plus flexible, notamment dans un contexte où les citoyens des pays donateurs et ceux des pays en développement sont de plus en plus exigeants sur les questions de gouvernance.
M. JIANHAI LIN, Secrétaire du Comité monétaire et financier international et Secrétaire du Fonds monétaire international (FMI), a donné un rapide aperçu des réformes entreprises depuis la Réunion de haut niveau ECOSOC/Bretton Woods/OMC/CNUCED de l’an dernier. Il a notamment mis l’accent sur l’appui financier aux pays membres pour lequel le FMI cherche, par ailleurs, à augmenter sa capacité de prêt de 500 milliards supplémentaires qui lui seraient fournis par certains de ses États membres, a-t-il souligné. De plus, le FMI a continué à modeler ses outils financiers pour mieux répondre aux demandes de ses membres, notamment sa Ligne de crédit préventive (LCP) et sa Ligne de crédit modulable (LCM). Il a souligné que le FMI avait aussi continué à mener des analyses et à suivre la situation financière et économique mondiale en vue de prodiguer ses conseils.
À cet égard, le Fonds monétaire international a mené une étude sur l’impact de la crise auprès des plus grandes puissances économiques que sont la Chine, les pays de l’Union européenne –zone euro-, les États-Unis et le Royaume-Uni, a dit M. Jianhai Lin. Le FMI a d’autre part fourni un appui aux efforts du G-20 pour renforcer la coopération internationale et a réalisé des analyses destinées à voir si les politiques du G-20 sont propices à la promotion d’une croissance économique mondiale, a-t-il souligné. Il a parlé de l’assistance technique fournie par le Fonds à huit centres techniques, ainsi que des progrès et des avancées accomplis dans la réforme de la gouvernance du FMI, dont le doublement des quotas de vote des pays émergents, dont ont pu bénéficier 54 pays. Il a ensuite estimé que le Fonds devait renforcer ses instruments de prêts et veiller à avoir suffisamment de ressources pour renforcer la confiance. Des efforts sont en cours dans ce domaine, a-t-il souligné, mettant également l’accent sur la nécessité d’appuyer aussi les pays à faible revenu. Beaucoup a été fait au sein du FMI, mais il reste encore un long chemin à parcourir, a-t-il conclu.
M. SHISHIR PRIYADARSHI, Directeur de la Division du développement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a évoqué l’importance du commerce dans le cadre de la promotion du développement durable. Il a rappelé que les efforts actuellement en cours pour concevoir les grandes lignes du programme de développement international après 2015, devraient tenir compte du fait que tout programme de développement doit se baser sur l’idée selon laquelle ce développement devrait pouvoir être profitable à tous. Il a noté, à cet effet, que tout développement devrait s’appuyer sur les trois piliers du développement durable que sont les secteurs économique, écologique et social.
M. Priyadarshi a relevé que la croissance du commerce international en 2010 a guidé la reprise de l’économie mondiale. Mais, a-t-il regretté, cette embellie semble en déclin. Il a, de ce fait, regretté les tendances protectionnistes de nombreux gouvernements. Il a reconnu la légitimité de chaque gouvernement à vouloir résoudre en priorité ses problèmes internes, mais, a-t-il souligné, ces politiques sont néfastes pour le commerce international et l’économie mondiale. Le Directeur de la Division du développement de l’OMC a ensuite préconisé la mise en place d’un système de surveillance internationale pour détecter et résoudre les velléités protectionnistes. Il a notamment rappelé que le dernier rapport de l’OMC fait voir que le protectionnisme commercial gagne du terrain dans les pays du G-20. Ceci devrait entraver la croissance mondiale, a-t-il prévenu. Il a par ailleurs regretté que le Cycle des négociations commerciales de Doha reste bloqué. Il a relevé à cet égard que les blocages sont d’ordre technique et politique. M. Priyadarshi a ensuite salué l’initiative « Aide pour le commerce », qui est une collaboration entre l’OMC, le FMI et la Banque mondiale dont les bénéfices sont désormais de 44 milliards de dollars. Il a en outre annoncé que la réunion sur le quatrième Examen global de l’Aide pour le commerce sera consacrée au thème de la « cohérence », cohérence entre partenaires et cohérence entre politiques sectorielles de développement.
DÉBAT THÉMATIQUE PLÉNIER SUR LE THÈME: « FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT DURABLE »(E/2012/71)
Exposés liminaires
Mme Rachel Kyte, Vice-Présidentedu Réseau de développement durable à la Banque mondiale, a présenté certains des engagements que va prendre la Banque dans le cadre de la Conférence Rio+20. Elle a indiqué que 20 ans après le Sommet de la Terre de Rio, le monde avait changé et qu’on était passé à une attitude mettant plus d’accent sur la responsabilité sociale. Elle a constaté que des progrès ont été accomplis dans la lutte contre l’indigence dans toutes les régions du monde, ainsi qu’en matière de lutte contre l’analphabétisme, de promotion de la parité et d’allongement de l’espérance de vie des populations. Elle a cependant noté que les changements climatiques ajoutaient des coûts supplémentaires dans les efforts de développement. Du point de vue de la Banque mondiale, a-t-elle souligné, Rio+20 offre une occasion de procéder à un « changement des vitesses ».
Elle a émis l’espoir que les États pourraient y adopter des stratégies de développement qui seraient plus consistantes avec les concepts de promotion d’une croissance verte et inclusive. Mme Kyte a également souhaité qu’une méthodologie globale incluant le capital naturel ainsi que des services en faveur des écosystèmes puissent voir le jour dans les comptes nationaux des pays à l’horizon 2030. Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité d’adopter des objectifs de développement durable pour la date butoir de 2030 en matière d’assainissement, d’eau, de mise en valeur et préservation des sols, de préservation des océans, ainsi qu’en faveur du renforcement de l’Accord de Nagoya pour la préservation de la biodiversité du globe. Pour assurer cette transformation, elle a estimé que la croissance était indispensable mais que celle-ci devait être plus intelligente et plus efficace. Elle a déclaré que les efforts nécessaires devaient être mis en œuvre de manière multisectorielle et en utilisant le secteur privé comme acteur de terrain et moteur du développement.
Mme MARIANE FAY, Économiste en chef de la Section du développement durable de la Banque mondiale et auteure principale du rapport de la Banque mondiale sur la croissance verte, a défini l’économie verte comme « une forme d’économie orientée vers une croissance durable et propre ». Elle a estimé que la croissance verte reste assez peu visible dans les pays en développement. Elle a ainsi indiqué que les exportations dites vertes représentent à peine 2% des exportations totales de ce groupe de pays. Elle a en outre reconnu que la dégradation de l’environnement coûte très cher aux pays en développement, parfois jusqu’à 9% de leur produit intérieur brut (PIB).
Mme Fay a ensuite relevé que la question du passage à l’économie verte dans les pays en développement se pose notamment en termes de transfert de technologie et d’établissement de priorités propres à chaque pays, en fonction de ses ressources disponibles et de ses réalités écologiques nationales. Elle a ainsi précisé que chaque pays devra déterminer à la fois ce qui est économiquement rentable et écologiquement viable, de manière prudente et judicieuse. Mme Fay a par ailleurs souhaité que le secteur privé puisse jouer un rôle prépondérant dans le cadre de la transition vers l’économie verte, notamment par sa capacité de création d’emplois et dans le rôle de moteur de l’innovation qu’il peut jouer. Elle a aussi souligné que le passage à l’économie verte pourrait se heurter à des obstacles sociaux et structurels, ainsi qu’aux réticences politiques.
Échange interactif
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Algérie a déclaré que les discussions de cette rencontre de haut niveau pouvaient donner un élan favorable au document final de Rio+20, ajoutant que ce document devrait atteindre, selon le Groupe, les trois objectifs suivants: renforcer les engagements pris en faveur de la promotion du développement durable; souligner les lacunes qui demeurent dans la mise en œuvre des recommandations faites à l’issue des principaux sommets sur le développement durable et, enfin, relever les défis nouveaux et émergents. Il a notamment réaffirmé la nécessité pour les pays donateurs de respecter l’engagement qu’ils avaient pris de verser 0,7% du montant de leur produit national brut (PNB) à l’aide aux pays en développement, dont 0,22% aux pays les moins avancés (PMA) et, à cet égard, il a exhorté les pays développés à honorer les engagements pris en faveur de l’APD aux PMA dans la Déclaration d’Istanbul. Le représentant a invité la communauté internationale à faire preuve d’une plus grande cohérence et de plus de coordination dans le fonctionnement des différents mécanismes de financement du développement.
À titre national, le représentant de l’Algérie a ensuite questionné les deux panélistes, Mmes Kyte et Fay, au sujet de la mobilisation des fonds privés. Notant qu’il n’existait pas encore de « programme des Nations Unies pour le développement durable » ou de « banque du développement durable », il a souhaité connaître leur avis sur cette question. Ce sont là des pistes de réflexion, leur a-t-il indiqué, en leur demandant s’il fallait les explorer.
Le doyen du Conseil exécutif de la Banque mondiale a ensuite mis l’accent sur le transfert des technologies dont les pays en développement ont cruellement besoin pour les aider à adopter des approches économiques vertes et trouver des solutions rentables à leurs problèmes. Il a estimé que l’accès aux technologies demeurait une question essentielle dans le contexte économique actuel. C’est une question à laquelle la communauté internationale devra impérativement répondre, a-t-il souligné.
Le représentant de la Jamaïque a pris la parole au nom des États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et a expliqué combien l’impact des changements climatiques avait aggravé la situation des petits États insulaires en développement (PEID). Il a réaffirmé la nécessité de fournir à ces pays un accès aux technologies afin de remédier à leur vulnérabilité et a suggéré que les institutions internationales et la communauté internationale adoptent une démarche plus systématique à cet égard. Il devrait en être de même concernant l’octroi d’un accès renforcé à des taux d’emprunt préférentiels aux petits États insulaires en développement, a-t-il plaidé. Il a noté que, dans ce domaine, les PMA et les PEID auront besoin du soutien de la communauté internationale, ainsi que de nouvelles sources de financement pour compléter les sources traditionnelles d’aide comme l’APD.
Une représentante du Conseil exécutif de la Banque mondiale de la Banque mondiale a ensuite suggéré que les discussions de ces deux journées se concentrent sur les points sur lesquels il y a un accord. Elle a souligné que beaucoup d’argent avait déjà été investi, soit plusieurs milliards de dollars, à la promotion d’un développement durable. Elle a estimé qu’il fallait consacrer du temps à améliorer ce qui existe déjà comme mécanismes, et a ensuite questionné les panélistes sur la meilleure façon pour la Banque mondiale et le FMI de travailler ensemble, ainsi que sur le rôle que pourrait jouer l’ECOSOC en faveur du renforcement de cette coopération renforcée et améliorée.
Le représentant du Népal, qui s’est fait le porte-parole du Groupe des PMA, a estimé que la priorité était la mise en place d’un cadre de développement durable qui pourrait assurer avec succès la lutte contre la pauvreté. Il a invité au respect de tous les engagements et conventions qui touchent à la situation des PMA et a rappelé que ces pays avaient peu de marge de manœuvre et de flexibilité pour mobiliser des ressources. C’est pourquoi l’assistance internationale leur reste indispensable, a-t-il conclu.
Pour sa part, le représentant du Mexique a souhaité obtenir davantage de précisions sur les questions relatives au financement du développement durable. Il a notamment regretté l’insuffisance de fonds publics pour répondre aux besoins actuels, ainsi que le manque d’estimation du volume de ressources qui serait nécessaire pour faire face aux besoins qui se posent actuellement.
La responsable de l’ONG Global Foundation for Democracy and Development (GFDD) a estimé que la communauté internationale n’était pas encore parvenue à aborder complètement la question de la hausse des prix des denrées de base. Elle a noté qu’une demande artificielle était souvent créée par des spéculateurs et que l’explosion des prix des denrées de base et de première nécessité avait retardé la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). « Sans réaction de la communauté internationale, les producteurs des pays en développement risquent de sombrer dans l’indigence », a-t-elle prévenu. Elle a souhaité qu’un nouveau consensus puisse être obtenu sur la stabilité des cours des produits de base.
Notant les importantes échéances à venir, dont la tenue de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce (CNUCED XIII), et celle de la Conférence Rio+20, le représentant de la France a rappelé que le financement du développement durable concernait trois piliers qui sont: économique, social et environnemental. Il a souligné combien la dimension sociale était fondamentale dans le cadre d’une économie verte et inclusive. S’agissant du financement, il a estimé que l’APD devait être complétée par la mobilisation de ressources domestiques, par des financements provenant du secteur privé et par des ressources innovantes. Il a invité les différents partenaires à s’inspirer de la Déclaration finale du sommet du G-20 de Cannes, qui cite notamment à ce propos la taxe sur les transactions financières, la mobilisation des ressources des diasporas, ou encore la taxe sur le trafic aérien.
S’exprimant au nom de l’Alliance des petit États insulaires (AOSIS), la représentante de Nauru a noté que ceux-ci dépendaient surtout du commerce mondial pour leur développement et demeuraient vulnérables face aux fluctuations des prix des produits de base. En outre, elle a souhaité que la promesse de consacrer 0,7% du PNB des pays industrialisés à l’aide publique au développement soit respectée. Elle a également suggéré la réforme de l’architecture financière internationale, en promouvant une plus grande participation des pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement.
L’un des Directeurs exécutifs de la Banque mondiale a ensuite reconnu qu’un programme de croissance verte était indispensable, tout en rappelant que chaque pays avait sa propre démarche sur cette question. S’agissant d’une définition de la croissance verte, il s’est dit prêt à accepter une approche large du concept pour les pays en voie de développement, en tenant compte notamment des risques de catastrophes naturelles, ainsi qu’une définition plus large de ce qui constitue les ressources d’énergie.
Reprenant la parole à l’issue de ces interventions, une des panélistes, l’économiste en chef pour le développement durable à la Banque mondiale, a mis l’accent sur l’environnement perçu comme l’un des trois piliers du développement durable aux cotés des piliers économique et social. Elle a toutefois considéré qu’il n’y avait pas eu, jusqu’ici, suffisamment d’équilibre dans la promotion des trois. Elle a également reconnu que beaucoup de mesures pouvaient être prises pour aider les pauvres dans le domaine de l’économie verte, et a notamment cité l’idée de faciliter les transferts d’argent à des taux préférentiels pour des projets qui respectent l’environnement. Elle a en outre insisté sur les transferts et les échanges de technologies. En ce qui concerne la coopération interinstitutions, elle s’est félicitée de la création d’une plateforme de « connaissances vertes » qui est, notamment, un instrument commun au Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et à la Banque mondiale.
De son côté, l’autre panéliste, la Vice-Présidente du Réseau pour le développement durable de la Banque mondiale, a estimé qu’il fallait disposer d’un tableau d’ensemble des fonds disponibles pour la promotion d’une économie verte. Elle a fait remarquer que les 0,7% du PNB des pays riches qui devraient aller à l’APD seraient une ressource très précieuse et pourraient être déployés pour la mise en œuvre de politiques très ciblées. Mais, a-t-elle ajouté, il existe d’autres ressources liées aux fonds de pension qui mobilisent des sommes inouïes à travers le monde ou à des fonds liés au pétrole, aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à d’autres formes de capitaux mobilisés à travers l’action d’investisseurs, a-t-elle ajouté. S’agissant des technologies, elle a estimé que de bons exemples pouvaient être suivis, notamment ceux qui avaient permis, à travers des accords publics-privés, un accès à Internet en Afrique. En ce qui concerne la coopération entre l’ECOSOC et la Banque mondiale, elle a estimé que ces deux institutions n’avaient pas suffisamment accordé d’attention aux politiques publiques en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) ou destinées à encourager de bons résultats dans le secteur privé.
Allocution du Secrétaire général des Nations Unies
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a reconnu que la question de la création d’emplois est cruciale. « Nous avons besoin de toute urgence de politiques qui créent des emplois, des emplois décents qui puissent permettre aux gens de vivre et de pouvoir prospérer », a déclaré M. Ban. Il a dans ce contexte souligné que les politiques concernant l’emploi devraient cibler les petites et moyennes entreprises qui sont les plus susceptibles de créer des emplois. Ensuite, le Secrétaire général a évoqué le financement du développement. Rappelant que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, Rio+20, aura lieu dans une centaine de jours, il a demandé que « la communauté internationale puisse se mettre d’accord sur les solutions durables à mettre en place pour construire l’avenir que nous voulons, pour l’environnement, pour l’économie et pour l’équité ».
Il a par la suite précisé que le développement durable signifie de la nourriture suffisante pour les enfants pauvres, de l’eau potable et des soins de santé pour les communautés. Le développement durable demande des politiques qui favorisent la croissance économique sans dégrader l’environnement, a-t-il ajouté. Il a également reconnu que l’accès aux technologies est crucial pour les populations qui en ont besoin, afin de pouvoir bénéficier des innovations liées aux technologies vertes. Il a en outre rappelé que son initiative sur « l’énergie durable pour tous » établit trois objectifs majeurs à l’horizon 2030. Assurer l’accès universel à l’énergie pour tous, doubler le niveau d’amélioration en matière d’efficacité énergétique, et doubler la part des énergies renouvelables dans les échanges mondiaux d’énergie. Le Secrétaire général a reconnu que la reprise économique mondiale s’est stabilisée, alors que la question de l’emploi des jeunes reste pour sa part très préoccupante. Il a par ailleurs suggéré que l’on investisse dans les capacités des personnes et dans le développement et l’usage des technologies propres, afin de créer des emplois et financer le développement durable.
DÉBAT THÉMATIQUE PLÉNIER SUR LE THÈME: « PROMOUVOIR UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE DURABLE, NON SÉLECTIVE ET ÉQUITABLE, LES CRÉATIONS D’EMPLOIS, L’INVESTISSEMENT PRODUCTIF ET LES ÉCHANGES » (E/2012/7)
Exposés liminaires
M. MARTIN RAMA, Directeur et auteur responsable du Rapport mondial sur le développement 2013, a présenté quelques éléments de ce document, qui sera publié au mois d’octobre prochain. Il a annoncé que pour la deuxième fois dans son histoire, ce Rapport abordera la question de l’emploi et de la main-d’œuvre, notant que cela n’avait été le cas qu’en une seule occasion, il y a de cela plus de 15 ans. « La meilleure façon de sortir de la pauvreté est d’avoir accès à un emploi, et la création d’emplois est une locomotive de la croissance », a-t-il souligné. Par ailleurs, l’emploi est également un facteur de lien et de cohésion sociale, a-t-il poursuivi, « car il définit bien souvent nos relations avec les autres ». Il a ensuite expliqué le processus de coopération avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), le FMI ou l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans le cadre de la rédaction de ce document. Il a indiqué que c’était un travail basé sur des consultations, des cas d’études, des enquêtes, ainsi que des avis venant de panels de conseillers. Il a exprimé le souhait que ce document puisse aboutir à des réflexions pour la mise en place de politiques d’emplois efficaces.
M. HEINER FLASSBECK, Directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le développement (CNUCED), a reconnu que l’inclusion et la participation des travailleurs sont de plus en plus évoquées. Il a regretté que les taux de chômage très élevés à travers le monde ne permettent pas une meilleure inclusion des travailleurs à la vie sociale et aux prises de décisions concernant le développement. Il a relevé qu’en 2008, le monde a connu un pic de chômage très élevé et, paradoxalement, cela n’a pas induit un pic dans les salaires bénéficiant d’un emploi. Si l’on prend en référence certaines théories économiques, a-t-il expliqué, le chômage devrait augmenter en même temps que les salaires vont à la hausse. Il a relevé également que la diminution des salaires induit une chute de la demande de consommation.
M. Flassbeck a en outre indiqué que la baisse du pouvoir d’achat, guidée par des mesures d’austérité, conduit inéluctablement vers la baisse des bénéfices pour les entreprises et, plus généralement, vers un marasme économique plus important. Il a ensuite démontré, à l’aide d’un graphique, que les entreprises tendent à investir dans le capital de production et dans la main-d’œuvre humaine de manière concomitante. De ce fait, lorsque la situation économique est tendue, le capital humain en pâtit également. Une stratégie de croissance d’emplois efficace passerait par l’investissement sur le capital fixe, a-t-il suggéré. M. Flassbeck a ensuite annoncé que le chômage devrait augmenter dans le monde du fait de la crise économique, et surtout à cause du fait que les salaires ont stagné dans la plupart des pays.
Échange interactif
Le représentant de l’Algérie, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que pour que la croissance soit soutenue sur le long terme, il faudrait que les pays en développement procèdent à une transformation structurelle de leurs économies afin de pouvoir se départir de leur dépendance au secteur primaire et aux produits de base. Le représentant du Népal a souligné que 60% de la population des pays les moins avancés (PMA) sont âgés de moins de 25 ans, et que cette tranche de population est durement touchée par le chômage. Le représentant du Brésil a, quant à lui, souhaité que le Cycle des négociations commerciales de Doha puisse être conclu de manière positive afin que les pays en développement puissent pleinement profiter d’une ouverture du commerce international à leurs produits pour accélérer leur croissance.
Une représentante du Conseil exécutif de la Banque mondiale a quant à elle souhaité qu’un lien soit établi entre le marché du travail, le secteur privé, et son rôle dans la création d’emplois, en insistant sur les secteurs professionnels les plus vulnérables en temps de crise. Un représentant de la Banque mondiale a insisté sur le fait que les petites et moyennes entreprises (PME) créent le plus d’emplois dans les pays en développement. Il a de ce fait souhaité une réforme de la réglementation afin de diminuer les entraves dans le processus de création d’entreprise dans ces pays.
La représentante de la coalition d’ONG « Third World Network » (Réseau du Tiers monde), s’exprimant pour le compte de la société civile, a souhaité que dans les pays en développement, les lois puissent permettre de passer d’une économie basée sur l’informel à un cadre d’emploi un peu plus formel et mieux structuré.
Le représentant de l’Union européenne a souscrit à l’exigence de modification des règles régissant le secteur du travail et de l’emploi afin de l’adapter aux réalités de l’économie actuelle. Il a également souligné que le secteur privé devrait jouer un rôle de première importance dans le passage à l’économie verte.
Le représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a estimé qu’au vu des souffrances de certaines populations des pays en développement, il est clair que les droits de l’homme, notamment les droits économiques et sociaux de ces peuples, ne sont pas pleinement respectés. Il a soutenu que la croissance économique durable ne pourrait être effective sans le respect de tous les droits de l’homme.
Pour le représentant de la Chine, les pays devraient renforcer la coordination entre leurs politiques économiques pour assurer la libre circulation des capitaux, favoriser la création d’emplois et lutter contre le protectionnisme. Le représentant du Bélarus a, pour sa part, demandé s’il est important d’orienter les systèmes éducatifs vers les besoins du monde de l’emploi.
La représentante de la Norvège a insisté sur la participation des femmes au monde du travail, tandis que le représentant de l’Allemagne se demandait si, après 2015, il serait souhaitable que la communauté internationale puisse établir un objectif du Millénaire pour le développement en rapport avec la création d’emplois afin de trouver des solutions durables au problème du chômage.
L’un des Directeurs exécutifs du Fonds monétaire international a souligné que le FMI a fait des évaluations internes qui lui ont permis de modifier les pratiques de surveillance que le Fonds applique aux politiques monétaires des États afin de prévenir d’autres chocs économiques éventuels.
Le Directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, a préconisé la mise en place de politiques macroéconomiques permettant de favoriser la création d’emplois et non la perte d’emplois. Il a expliqué que la réduction des salaires n’est pas une solution durable. Elle est même plutôt néfaste à la reprise économique comme on l’a vu dans le cas de la Grèce. Il a insisté sur le fait que cette réduction des revenus conduit indubitablement vers la baisse de la demande domestique.
Selon l’auteur du Rapport sur la développement dans le monde 2013 de la Banque mondiale, même si la plupart des créations d’emplois a lieu au sein des petites et moyennes entreprises (PME), ces PME sont également responsables de nombreuses pertes d’emplois, surtout dans les pays en développement. Au sujet de la question des emplois dits « verts », il a expliqué que certains emplois créent des empreintes écologiques plus importantes que d’autres. M. Rama a aussi suggéré une plus grande coordination des systèmes commercial et d’emploi à l’échelle internationale, afin que des emplois créés dans certaines régions du monde ne puissent pas conduire à des pertes d’emplois dans d’autres régions.
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