Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour l’Afghanistan constate une amélioration de la situation
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Conseil de sécurité
6896e séance – après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’AFGHANISTAN CONSTATE UNE AMÉLIORATION DE LA SITUATION
Les États Membres estiment que la communauté internationale doit confirmer son soutien aux autorités afghanes
« L’Afghanistan que je connais depuis près d’un an est différent de celui que les médias ont tendance à décrire », a déclaré le Représentant spécial, M. Ján Kubiš, en présentant, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le bilan trimestriel de la situation dans le pays. « Il y a, certes, des problèmes et même des tragédies, mais l’Afghanistan représente aussi beaucoup d’autres choses, a-t-il concédé. En parcourant les 22 provinces que compte le pays, j’ai vu des enfants, garçons et filles, prendre le chemin de l’école, ce qui était, a-t-il dit, inconcevable il y a encore une décennie. » « J’ai également vu des villes et villages bourdonnant d’activités, ainsi que l’émergence des institutions gouvernementales compétentes que dirigent des Afghans désireux de prendre leur destin en mains », a-t-il assuré.
Le Représentant spécial a fait remarquer que l’Afghanistan avait surtout besoin d’un accord pour assurer la réconciliation nationale et rétablir la paix sur l’ensemble du territoire, en se félicitant de la revitalisation du Haut Conseil de la paix. La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) est disposée à faciliter le dialogue le plus large possible entre les différentes parties prenantes, a-t-il assuré.
« Toute transition est, par définition, une période délicate », a rappelé le Représentant spécial, qui a ajouté qu’une gouvernance saine et représentative était au centre de la notion même de transition. Le Représentant spécial a reconnu par ailleurs que la population civile payait un lourd tribut dans le conflit, notamment à cause des attentats aveugles.
Dans son rapport consacré à la situation en Afghanistan, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, estime que le tribut que continue de faire payer le conflit au peuple afghan est inacceptable. Les insurgés terrorisent délibérément la population pour élargir leur influence et leur contrôle, en prenant pour cibles ceux qui n’acceptent pas leur autorité et leurs idées. La persécution des civils bafoue aussi bien les préceptes religieux que le droit international, rappelle-t-il.
Le représentant de l’Afghanistan a insisté sur les progrès immenses accomplis au cours des 11 dernières années dans son pays, en assurant que la transition était devenue une réalité. « L’Afghanistan et la communauté internationale doivent agir de concert pour restaurer la stabilité et le développement du pays », a-t-il déclaré. Le renforcement des Forces de sécurité afghanes doit rester la priorité. Il s’est félicité du soutien à long terme qu’apporte à son pays l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Il s’est aussi félicité que les relations entre l’Afghanistan et le Pakistan aient été marquées par un regain de confiance.
Le délégué du Pakistan a souligné les relations étroites qui lient les deux pays, citant notamment le renforcement des échanges économiques. La lutte contre le trafic de la drogue est une responsabilité partagée qui peut encore être améliorée du côté afghan, a-t-il estimé.
Les autres membres du Conseil de sécurité se sont félicités de l’action de l’ONU en Afghanistan. Ils se sont dits généralement confiants dans les perspectives d’édification d’un État afghan digne de ce nom.
Tout en saluant l’engagement du Pakistan en faveur des efforts de paix, les États-Unis ont appelé les Taliban à rejoindre le processus de dialogue politique. Pour le représentant de l’Inde, l’Afghanistan continue de faire face à une menace existentielle. L’infrastructure terroriste demeure intacte et elle est capable d’exercer sa capacité de nuisance à partir de ses bases à l’extérieur du pays, a-t-il prévenu.
Le représentant de la Fédération de Russie a souhaité, pour sa part, que le Conseil de sécurité fasse le bilan de l’action de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dans la perspective du transfert de ses responsabilités aux forces afghanes. Pour son homologue de la Chine, le transfert des responsabilités des forces internationales aux autorités afghanes devrait se faire de manière progressive. De son côté, le délégué de la France a déclaré qu’il n’avait pas constaté de détérioration de la situation depuis le transfert de la responsabilité de la sécurité dans les zones où l’armée afghane a pris le relais du contingent français. Celle-ci « a démontré sa capacité au combat », s’est-il félicité.
La délégation de la Fédération de Russie a estimé par ailleurs que l’établissement d’un statut de neutralité pour l’Afghanistan constituerait une hypothèse qui mériterait d’être explorée.
Le représentant de l’Allemagne a souligné les domaines dans lesquels la MANUA pourrait apporter un soutien important aux autorités afghanes, citant ainsi l’appui à l’organisation des élections, la consolidation des droits des femmes et la coordination de l’action des différents bailleurs de fonds. La coopération régionale est d’une importance cruciale, a souligné pour sa part le délégué de la Turquie, mettant l’accent sur le rôle qu’ont joué les sommets tripartites organisés depuis 2007 entre l’Afghanistan, la Turquie et le Pakistan.
Le représentant du Japon a émis l’espoir qu’une ferme volonté politique du Gouvernement afghan, combinée avec des engagements profonds des pays voisins et du reste de la communauté internationale donneraient un nouvel élan au processus de paix. Il est encourageant, a-t-il dit, de noter le nombre croissant d’anciens combattants qui ont rejoint le programme afghan de paix et de réintégration.
Faisant remarquer que plus d’un million de réfugiés afghans vivaient officiellement en Iran, le délégué de ce pays a exhorté la communauté internationale à accélérer les efforts en vue de leur rapatriement.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales ( A/67/619–S/2012/907)
Ce rapport trimestriel fait le point des activités menées par les organismes des Nations Unies en Afghanistan, en application des résolutions 67/16 de l’Assemblée générale et 2041 (2012) du Conseil de sécurité.
Au cours du dernier trimestre, une grande attention a été portée à la recherche d’un accord sur des systèmes et structures propres à mettre en œuvre les engagements pris à la Conférence de Tokyo sur l’Afghanistan, qui s’est tenue le 8 juillet dernier, explique le Secrétaire général.
Le transfert progressif des responsabilités des forces internationales de sécurité aux autorités afghanes s’est poursuivi, couvrant maintenant une superficie habitée par les trois quarts de la population du pays. Le nombre d’affrontements et d’attentats, qui a été comparable à celui de 2010, est resté considérablement inférieur à celui enregistré en 2011.
Cette baisse résulte en partie de la lutte que mènent les forces de sécurité afghanes et internationales contre les insurgés, les livraisons d’armes et leur financement, estime le Secrétaire général. Toutefois, la population n’a pas le sentiment que la sécurité s’est améliorée. Les insurgés poursuivent leur campagne d’intimidation et d’attentats ciblés visant des personnalités politiques, religieuses ou tribales influentes et des militants communautaires et défenseurs des droits des femmes, relève-t-il. La plupart des incidents se produisent dans le sud et l’est du pays et un nombre croissant d’insurgés tentent de se diriger vers Kaboul.
Au total, pendant les 10 premiers mois de 2012, on a enregistré une baisse de 4% du nombre de morts ou de blessés parmi les civils par rapport à la même période en 2011. Ce sont toujours les engins explosifs improvisés qui font le plus de victimes parmi les civils. Avec les attentats suicides, ils comptent pour 56% des morts et des blessés recensés entre le 1er août et le 31 octobre, indique le rapport.
Les insurgés s’attaquent essentiellement à des lieux publics, causant ainsi de nombreuses victimes parmi la population civile. Le nombre des victimes civiles lors d’assassinats a augmenté de 93% par rapport au même trimestre de 2011, avec 256 morts et 145 blessés. Plus de 355 enfants ont été tués ou blessés, la plupart dans le sud et l’est du pays.
Le Secrétaire général demande de nouveau aux insurgés de cesser immédiatement d’avoir recours aux engins explosifs improvisés à déclenchement piégé, qui sont interdits en droit international et qui ont des conséquences encore plus dévastatrices que celles de l’explosion de mines terrestres antipersonnel.
Le Secrétaire général estime que le tribut que continue de faire payer le conflit au peuple afghan est inacceptable. Les insurgés terrorisent délibérément la population pour élargir leur influence et leur contrôle, en prenant pour cibles ceux qui n’acceptent pas leur autorité et leurs idées. La persécution des civils bafoue aussi bien les préceptes religieux que le droit international.
Par ailleurs, le rapport constate que de graves violences à l’encontre des femmes et des pratiques traditionnelles néfastes continuent d’être signalées. À la demande du Président Karzaï, le Ministère de la condition féminine a lancé une campagne de sensibilisation pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, avec l’appui de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) et de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).
La sécurité alimentaire s’est considérablement améliorée dans la plupart des provinces grâce aux précipitations abondantes qui ont donné lieu à d’importantes récoltes céréalières, représentant probablement 6,3 millions de tonnes pour l’année en cours. Toutefois, quelque 650 000 personnes continuent de souffrir d’insécurité alimentaire et de malnutrition, une situation qui risque de s’aggraver cet hiver.
En conclusion, M. Ban Ki-moon note que le retrait progressif des forces militaires internationales aura des répercussions économiques et qu’il faudra donc redoubler d’efforts pour créer des emplois et des sources de revenus durables. Le Gouvernement devra intervenir pour veiller à ce que la transition s’opère en bon ordre, souligne-t-il. Si la demande lui en est faite, l’ONU est prête à faciliter le transfert des tâches aux autorités nationales pour en limiter tout impact négatif dans la mesure du possible, assure-t-il.
Déclarations
M. JÁN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, qui assume ce rôle depuis près d’un an à Kaboul, a déclaré qu’il était déconcertant de constater que l’Afghanistan soit dépeint uniquement sous les couleurs sombres de la guerre et du terrorisme par les médias. Certes, il y a des problèmes et même des tragédies, a-t-il concédé, mais l’Afghanistan représente aussi beaucoup d’autres choses. En parcourant les 22 provinces que compte le pays, a-t-il indiqué, il a vu des enfants, garçons et filles, prendre le chemin de l’école, ce qui était inconcevable il y a encore une décennie. Il a également vu des villes et villages bourdonnant d’activités, ainsi que l’émergence des institutions gouvernementales compétentes que dirigent des Afghans désireux de prendre leur destin en mains.
« Toute transition est, par définition, une période délicate », a fait remarquer M. Kubiš, en soulignant que les Conférences de Chicago et de Tokyo avaient fourni des fondations solides. » Une gouvernance saine et représentative est au centre de la notion même de transition, a-t-il ajouté. Le Représentant spécial a rappelé que la Commission électorale indépendante avait fixé au 5 avril 2014 la date des prochaines élections. La légitimité de l’issue du scrutin dépend maintenant de l’entente à laquelle parviendront les différentes parties prenantes sur le cadre électoral. L’appui du Gouvernement afghan à la mise sur pied d’un système d’identification des électeurs par carte d’identité nationale électronique, ainsi que la prise de mesures contre la fraude exigent une démarche cohérente de la part des institutions afghanes, a-t-il observé. La Division des affaires électorales de l’ONU a effectué, au cours de ce mois, une visite à Kaboul ce mois-ci dans le cadre d’une mission d’évaluation des besoins et elle reviendra dans le pays au début 2013. Ensuite, elle fera des recommandations sur la façon dont l’ONU peut aider les Afghans à mener les processus électoraux.
M. Kubiš a évoqué par ailleurs le scandale de la Kabul Bank, en expliquant qu’une action gouvernementale décisive était maintenant indispensable pour renforcer le secteur financier du pays et faire en sorte que de tels événements ne puissent se reproduire. L’industrie des stupéfiants étant liée de près à la corruption, a-t-il affirmé, l’augmentation de la production du cannabis et de l’opium doit constituer un signal d’alarme. S’agissant du fonctionnement des institutions, le Représentant spécial a déploré le retard dans un certain nombre de nominations, en particulier celle du Président de la Cour suprême et celle des membres de la Commission indépendante des droits de l’homme. La protection des droits de l’homme est vitale à la légitimité de l’État et c’est la pierre angulaire d’un engagement international durable, a-t-il fait remarquer.
La mise en œuvre de la loi en faveur de l’élimination de la violence contre les femmes a progressé depuis trois ans mais de manière inégale, a assuré M. Kubiš, en reconnaissant que le nombre de cas signalés était très faible. Mais la participation des femmes à la vie publique demeure un défi et la population civile continue de payer un lourd tribut dans le conflit du fait des attentats aveugles, a-t-il concédé.
S’agissant du déminage du pays, M. Kubiš a estimé que cet objectif pourrait être réalisé d’ici six ans si le niveau actuel des contributions des donateurs est maintenu. Il s’est félicité par ailleurs de la professionnalisation croissante de la police. Pour le Représentant spécial, un accord national, la réconciliation et la paix sont ce dont l’Afghanistan a le plus besoin. Le Haut Conseil pour la paix a retrouvé un élan nouveau, a-t-il estimé. Encouragé par les formations politiques locales, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) est disposée à faciliter le dialogue le plus large possible entre les différentes parties prenantes. M. Kubiš a souligné que le retrait des forces internationales aurait un impact politique non négligeable et c’est pourquoi, la communauté internationale doit favoriser la création d’activités de subsistance. Il a mis en garde contre le fait que la pérennité des progrès en matière de développement puisse être menacée en raison d’une gouvernance inadéquate, d’un manque de soutien des autorités nationales, de contraintes en matière des capacités et d’une planification insuffisante. Les besoins humanitaires ne doivent pas être oubliés, a-t-il rappelé, en soulignant que l’Afghanistan demeurait un des pays les plus pauvres du monde. Les appels à contributions n’ont été atteints qu’à hauteur de 48% des 448 millions de dollars prévus, a regretté M. Kubiš, qui a émis l’espoir que les donateurs se montreraient plus généreux en 2013.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a insisté sur les progrès immenses accomplis par son pays au cours des 11 dernières années et a indiqué que la transition était devenue une réalité. « Pendant cette période de transition, qui doit nous faire entrer dans deux ans dans la Décennie de la transformation, l’Afghanistan et la communauté internationale doivent œuvrer ensemble pour restaurer la stabilité et le développement du pays », a-t-il déclaré. Le renforcement des forces de sécurité afghanes, a-t-il rappelé, devrait rester la priorité. À cet égard, il s’est félicité du soutien à long terme apporté par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) lors du Sommet de Chicago. « Nous attendons avec intérêt le développement d’une nouvelle mission de l’OTAN en 2014 qui se concentrera sur la formation et le conseil des forces de sécurité afghanes », a-t-il dit.
M. Tanin a ensuite passé en revue les éléments essentiels du cadre politique qui devra être mis en place à la fin de la phase militaire et au début de la nouvelle période de transformation, en citant en premier lieu la réconciliation nationale. « La feuille de route pour le processus de paix, qui a été présentée au Gouvernement du Pakistan lors de la visite dans ce pays du Haut Conseil pour la paix, fournit le cadre d’une action efficace », a-t-il affirmé. Cette feuille de route se concentre sur la libération de certains Taliban détenus par le Pakistan, l’établissement de liens directs avec des leaders taliban influents, la garantie du déplacement en toute sécurité des négociateurs taliban et la promotion de pourparlers de paix avec les groupes d’opposition armés, a-t-il expliqué.
Concernant les élections prévues en avril 2014, et qui seront la pierre de touche de la transition politique, M. Tanin a indiqué que la Commission électorale indépendante afghane avait entamé les préparatifs de ces élections « de manière responsable », en annonçant notamment le calendrier électoral. Tout en invitant la communauté internationale à continuer d’appuyer son pays, le représentant de l’Afghanistan a détaillé les partenariats stratégiques noués avec certains pays, notamment les États-Unis, avec lesquels l’Afghanistan discute des détails de leur future coopération sécuritaire. « La visite au début de janvier prochain du Président Karzaï à l’invitation du Président Obama permettra d’aller de l’avant dans la définition des éléments clefs de ce partenariat à long terme », a-t-il estimé.
M. Tanin s’est ensuite félicité que les relations avec le Pakistan aient pris « une nouvelle forme », marquées par un regain de confiance. « Ces derniers mois, des contacts de haut niveau nous ont permis de nous concentrer sur des domaines de coopération concrets, y compris les efforts dans la lutte contre le terrorisme et le renforcement du processus de paix », s’est-il félicité. Le représentant a indiqué que la coopération régionale qu’il a qualifiée de cruciale pour la paix et la sécurité futures en Afghanistan, avait pris un nouvel élan avec la mise en œuvre du Processus d’Istanbul. En conclusion, M. Tanin a affirmé que les Afghans voyaient la transition comme le moyen de mettre un terme à la guerre et de restaurer la prospérité et la stabilité. « La transition a également pour but la poursuite de notre partenariat avec la communauté internationale », a-t-il assuré. Les autorités afghanes répondront aux défis qui persistent par une coopération davantage axée sur l’obtention de résultats, a-t-il précisé.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a souligné qu’il était essentiel que des élections crédibles aient lieu en 2014 en Afghanistan et s’est félicité, à cet égard, de l’annonce récente du calendrier électoral. Il a ensuite mentionné les défis qui persistent dans l’organisation de ces élections, citant notamment l’inscription sur les listes électorales. Le délégué de l’Allemagne s’est réjoui de la mise en place par le Gouvernement afghan du cadre structurel nécessaire à l’application des différentes mesures adoptées lors de la Conférence de Tokyo. « Un environnement stable est essentiel pour que l’Afghanistan accomplisse sa transformation et devienne un pays démocratique et prospère », a-t-il poursuivi, en se félicitant de la diminution du nombre des incidents recensés cette année par rapport à 2011. En conclusion, M. Wittig a insisté sur les domaines dans lesquels la MANUA pourrait apporter un soutien important aux autorités afghanes, citant notamment l’appui à l’organisation des élections, la consolidation des gains enregistrés en ce qui concerne les droits des femmes et la coordination de l’action des différents bailleurs de fonds.
M. SAHEBZADA AHMED KHAN (Pakistan) a assuré que son pays avait toujours favorisé l’action de la MANUA, en se félicitant de la participation du représentant de l’Afghanistan à ce débat et de ses propos constructifs. Avec un mandat révisé depuis mars dernier, la MANUA peut adapter son action à la situation sur le terrain et aux besoins et souhaits exprimés par la population. Le Pakistan exhorte l’ONU à rester active dans plusieurs domaines dont le renforcement des institutions, la coordination de l’aide humanitaire et le retour des réfugiés. Afin d’aider l’Afghanistan à emprunter la voie de la stabilité, l’appui international à long terme et les investissements privés ont un rôle clef à jouer, alors que l’on constate une certaine lassitude des bailleurs de fonds, a reconnu le représentant.
Le Pakistan estime que le processus de paix et de réconciliation est au cœur du dialogue entre les parties en présence et il a l’intention de continuer à contribuer à ce processus, a assuré son représentant, qui a émis l’espoir que l’adoption à l’unanimité de la résolution 2082 (2012) pourra donner un nouvel élan à ce processus. Le représentant a estimé qu’il était important d’adopter une approche régionale pour faire face aux défis qui se posent en Afghanistan. Le Pakistan, a-t-il assuré, entend continuer à jouer un rôle actif dans cette voie afin de promouvoir une vision commune des dirigeants de la région en faveur de la paix et de la sécurité. La délégation pakistanaise a souligné les relations étroites existant entre les deux pays, les échanges pakistano-afghans, économiques notamment, ne cessant de s’accroître. Quant au trafic de la drogue, il s’agit d’une responsabilité partagée qui peut encore être améliorée, a estimé le représentant du Pakistan, en souhaitant que l’Afghanistan pourra assumer une plus grande part du fardeau. S’agissant des réfugiés, le représentant a indiqué qu’un plus grand nombre d’entre eux devraient regagner la mère-patrie, ce qui incitera ceux qui hésitent encore à les suivre.
M. JOÃO MARIA CABRAL (Portugal) s’est félicité de la bonne avancée du transfert des responsabilités des forces internationales aux autorités afghanes. La communauté internationale a tout intérêt à appuyer le Gouvernement afghan dans la nouvelle voie qu’il a choisie, a-t-il dit, en ajoutant que l’Afghanistan ne sera pas seul lorsque la communauté internationale redéfinira son engagement dans le pays. Le délégué du Portugal a ensuite appelé l’OTAN et les Nations Unies à coordonner leurs efforts afin de tirer le meilleur profit des maigres ressources à disposition. Il a ensuite salué les efforts de paix menés conjointement avec le Pakistan, comme l’a illustré la récente visite dans ce pays du Haut Conseil pour la paix afghan. En conclusion, le délégué a rendu un vibrant hommage à tous les défenseurs des droits de l’homme de l’Afghanistan.
Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) s’est tout d’abord réjouie des progrès importants réalisés dans la transition sécuritaire en Afghanistan, avant d’exprimer l’engagement de la communauté internationale en faveur du cadre de responsabilités mutuelles défini lors de la Conférence de Tokyo. Le Président Obama a réaffirmé son soutien aux autorités de l’Afghanistan en signant un accord sur le partenariat stratégique avec ce pays, a-t-elle rappelé.
La déléguée a ensuite souhaité que les élections prévues en avril 2014 soient crédibles et reflètent le pluralisme de la société afghane. Un dialogue politique sans exclusive, menée par les Afghans, est la clef de la stabilité à long terme du pays, a-t-elle assuré, en soulignant qu’il était essentiel que toutes les voix se fassent entendre. Tout en saluant l’engagement du Pakistan en faveur des efforts de paix, elle a appelé les Taliban à rejoindre le processus de dialogue politique. « Ceux qui refusent de se rallier à ce dialogue et continuent de mener des activités menaçant la paix dans le pays doivent savoir que ce Conseil prendra les mesures nécessaires pour les arrêter », a-t-elle conclu.
M. HARDEEP S. PURI (Inde) a déclaré que des étapes clefs avaient été franchies cette année, la communauté internationale ayant renouvelé son engagement en faveur de la paix et du développement de l’Afghanistan, en particulier grâce au nouvel élan donné par les Conférences de Tokyo et d’Istanbul. L’Inde estime que les investissements dans le pays sont l’une des clefs de la réussite. Cela étant, l’Afghanistan continue de faire face à une menace existentielle, l’infrastructure terroriste étant intacte et en mesure d’exercer sa capacité de nuisance à partir de l’extérieur du pays. Le Conseil de sécurité a prorogé le régime de sanctions il y a deux jours, a-t-il rappelé, en soulignant le caractère crucial de cette question. La coopération régionale est tout aussi essentielle. L’Afghanistan doit retrouver son rôle pour établir un lien avec les pays d’Asie, a-t-il dit, en précisant que ce pays était un partenaire stratégique de l’Inde. Un accord de partenariat a été conclu l’an dernier, a-t-il rappelé, en précisant que l’Inde s’était engagée à verser deux milliards de dollars d’aide au développement de l’Afghanistan. L’Inde reste attachée à aider le peuple afghan alors que ce pays s’efforce de bâtir une nation prospère et pacifique, sans ingérence extérieure, sans pression, ni intimidation. La communauté internationale doit continuer à épauler l’Afghanistan, a-t-il insisté avant de conclure.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a déclaré que les politiques et mesures adoptées par le Gouvernement afghan témoignent de la volonté d’œuvrer à l’édification d’un Afghanistan stable, pacifique et prospère. Démocratie, élections justes, droits de l’homme, bonne gouvernance, croissance durable et sans exclusive sont les éléments clefs du développement de ce pays, a estimé le représentant de la Colombie, en se disant optimiste pour l’avenir du pays. S’agissant de l’organisation des élections, il a mis l’accent sur la nécessité d’apporter toute l’aide technique dont aura besoin le Gouvernement de Kaboul. En outre, la professionnalisation des forces de sécurité est un élément tout aussi fondamental, a-t-il estimé. La Colombie se félicite du programme paix et réconciliation et de l’adoption récente de la résolution 2082 (2012), a indiqué son représentant. La MANUA et le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan doivent continuer d’apporter leur appui au processus de paix et de réconciliation, a conclu le représentant qui a émis l’espoir que l’austérité budgétaire en 2013 n’aurait pas de conséquence négative sur l’action de la communauté internationale. La transition doit pouvoir être durable et définitive, ce qui implique des progrès tangibles dans les domaines politique, économique et social. Pour ce faire, la communauté internationale doit honorer ses engagements, a-t-il rappelé.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a tout d’abord souhaité que des élections crédibles aient lieu en 2014. Le calendrier électoral retenu est ambitieux, a-t-il poursuivi, tout en invitant les Nations Unies à apporter leur plein appui aux autorités afghanes. Le délégué a ensuite estimé que le temps est venu maintenant pour engager le dialogue politique en vue de la réconciliation nationale en Afghanistan, en ajoutant que le Conseil de sécurité avait envoyé un signal fort en scindant en 2011 les régimes de sanctions à l’encontre d’Al-Qaida et des Taliban. Les sanctions doivent appuyer le processus de paix, a-t-il rappelé. Le délégué du Royaume-Uni s’est ensuite réjoui du renforcement des relations entre l’Afghanistan et le Pakistan. Le Royaume-Uni, qui demeure gravement préoccupé par les violences faites aux femmes, condamne fermement les attaques perpétrées par les insurgés contre les civils. La MANUA devra poursuivre à l’avenir des objectifs clairs et hiérarchisés, en fonction des ressources mises à disposition, a-t-il assuré. En conclusion, le délégué a rappelé que son pays allait réduire la présence de ses soldats en Afghanistan. « L’engagement de notre pays envers l’Afghanistan reste néanmoins inchangé », a-t-il précisé.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que l’Afghanistan entrait dans une période très importante de son développement, ce qui implique un rôle accru de la communauté internationale, notamment dans l’assistance à la préparation des élections. Comme la situation reste difficile sur le plan militaire, des mesures supplémentaires doivent être prises à cet égard, a-t-il recommandé. Est-il logique de tenter de transférer la responsabilité de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) sans avoir fait le bilan de l’accomplissement de son mandat devant le Conseil? a-t-il demandé. La Fédération de Russie estime par ailleurs que l’établissement d’un statut de neutralité pour l’Afghanistan constituerait une hypothèse qui doit être explorée. Une stratégie de développement durable pour l’après-2014 doit aussi être définie. La délégation russe juge préoccupante le problème posé par le trafic de stupéfiants et estime qu’il s’agit d’une menace à la paix et à la sécurité internationales. Le représentant a estimé par ailleurs que le processus de réconciliation nationale doit jouer un rôle essentiel, avec notamment le Haut Conseil pour la paix. Il est impératif par ailleurs de continuer d’appuyer le régime de sanctions des Nations Unies, sans toutefois y porter atteinte. La MANUA doit continuer à assurer la coordination des efforts internationaux, a ajouté le représentant.
M. WANG MIN (Chine) a indiqué que les élections de 2014 seront la pierre de touche de la transition politique en Afghanistan, avant d’inviter la MANUA à continuer d’apporter à cette fin son appui aux autorités afghanes.
Il a ensuite estimé que le transfert des responsabilités des forces internationales aux autorités afghanes devrait se faire de manière progressive. Il a apporté son soutien au processus de réconciliation en cours, dirigé par les Afghans eux-mêmes, en ajoutant que l’adoption cette semaine par le Conseil de sécurité de la résolution 2082 ne pouvait que contribuer à un tel processus.
En conclusion, le délégué de la Chine a appuyé les efforts des autorités afghanes pour augmenter l’emploi des jeunes et améliorer la vie quotidienne des Afghans, avant de rappeler que la coopération régionale devait respecter la souveraineté de l’Afghanistan.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a exhorté le Gouvernement afghan à donner la priorité aux préparatifs électoraux, qui doivent couronner la transition, en soulignant que l’expérience de son pays montrait que la tenue d’élections et la gouvernance démocratique, conformément à la Constitution, étaient les conditions fondamentales pour parvenir à une situation stable. Il s’est dit convaincu que le renforcement et les améliorations apportées au régime de sanctions introduites dans la résolution 1988 (2011) contribueront effectivement au processus de réconciliation nationale. S’agissant enfin des questions de sécurité, le représentant s’est dit très choqué par les informations contenues dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles 355 enfants avaient été tués entre août et octobre 2012. Condamnant le sort réservé aux Afghanes, le représentant du Guatemala appelle le Gouvernement afghan à prendre des mesures tangibles pour protéger et garantir leurs droits.
M. KOKOU NAYO M’BEOU (Togo) a rappelé que dans son rapport soumis au Conseil en septembre dernier, le Secrétaire général avait déclaré que la situation en Afghanistan suscitait un « optimisme prudent ». Trois mois après, nous constatons que si nous pouvons nourrir de l’espoir sur certains points, comme la situation politique, d’autres questions requièrent davantage d’engagement et d’abnégation, notamment sur les plans sécuritaire, des droits de l’homme, de la lutte contre les stupéfiants, a-t-il poursuivi. Sur le plan politique, le représentant a notamment fait observer qu’en vue de mettre en œuvre les engagements pris à la Conférence de Tokyo de juillet 2012, l’Afghanistan, avec l’appui de la communauté internationale, avait réalisé des progrès en vue d’asseoir la décennie 2015-2024 sur des bases solides. Le représentant a en outre indiqué que dans le contexte de préparation aux élections, il était réconfortant de relever que le processus de paix est en marche, comme l’a montré la célébration de la semaine de paix et d’unité nationale, marquée par près de 200 manifestations dans tout le pays.
Le représentant a toutefois indiqué que si l’on pouvait être fondé à relever des points positifs dans le domaine politique, il ne pouvait, malheureusement, en être de même de la situation sécuritaire. Il a affirmé que pour l’heure, même si on relevait globalement une baisse des incidents en matière de sécurité, la population, particulièrement celle du sud et de l’est du pays, continuait de payer un lourd tribut de la crise, victime des activités des groupes armés illégaux, des affrontements intertribaux et des différends concernant la gestion des ressources naturelles. Il a rappelé que le personnel des Nations Unies et les partenaires d’exécution subissaient des violences, comme l’attestent les attaques de leurs convois dans plusieurs provinces, et que les droits de l’homme ne connaissaient pas non plus un meilleur sort dans cette atmosphère marquée par l’augmentation des victimes civiles de 28% par rapport au dernier trimestre de l’année 2011. Il a ajouté que la lutte contre les stupéfiants représentait un enjeu de taille pour l’Afghanistan, et que le Togo attendait de voir la concrétisation des mesures ayant sanctionné la Conférence ministérielle régionale des 12 et 13 novembre dernier. Pour le Togo, il ne fait aucun doute que la situation en Afghanistan exige toujours l’aide de la communauté internationale, surtout après le retrait programmé des forces internationales à la fin de l’année 2014. Les espoirs suscités par la Conférence de Tokyo sur l’Afghanistan du 8 juillet 2012 ne devraient pas être déçus, et les avancées notables enregistrées dans le pays mériteraient d’être consolidées, a dit le représentant avant de conclure.
M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que les élections en 2014, si elles sont couronnées de succès, renforceront, à la veille de la Décennie de la transformation, les fondations politiques de l’Afghanistan. Il a ensuite salué les efforts du Haut Conseil pour la paix et la promotion du dialogue politique, en se disant convaincu que la résolution 2082, adoptée cette semaine par le Conseil de sécurité, contribuait à cette entreprise. Il a exhorté toutes les parties à minimiser les victimes civiles, en appelant les insurgés en particulier à renoncer à leur tactique de ciblage des civils.
M. Musayev a souligné l’importance du Processus d’Istanbul et la mise en œuvre, dans les délais établis, des mesures de confiance convenues. Le délégué a réaffirmé l’engagement de longue date de son pays en faveur de l’Afghanistan. L’Azerbaïdjan avait été parmi les premiers pays à participer à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), a-t-il rappelé. « Mon pays a décidé d’être partenaire de l’OTAN en vue d’apporter un appui aux forces de sécurité afghanes au-delà de 2014 », a assuré M. Musayev.
M. ZAHEER LAHER (Afrique du Sud) a déclaré que, comme tout scrutin est un facteur de division, particulièrement dans les sociétés sortant d’un conflit, il a appelé le Gouvernement afghan à combler les lacunes de l’architecture électorale, en particulier par la promulgation des textes de loi pertinents. Il doit cependant poursuivre le dialogue et les débats publics visant à assurer une transparence renforcée du vote à venir. L’Afrique du Sud est satisfaite de la réponse positive de l’ONU à la demande d’assistance de la Commission électorale indépendante. La stabilité et la sécurité à long terme de l’Afghanistan peuvent uniquement être atteintes à travers un processus de réconciliation et d’édification de l’État. S’agissant des sanctions, l’Afrique du Sud est d’avis qu’elles constituent un instrument souple à la disposition du Conseil de sécurité et qu’elles doivent être adaptées en fonction de l’évolution de la situation politique sur le terrain. L’Afrique du Sud est profondément préoccupée par le fait que l’on ait enregistré une hausse de 28% des victimes civiles par rapport à l’an dernier. Elle condamne le ciblage des civils par les insurgés en tant que moyen d’intimidation et de coercition. L’Afrique du Sud soutient pleinement l’assistance de la communauté internationale à l’Afghanistan.
M. MARTIN BRIENS (France) a rappelé que le processus de transition se poursuivait et concernait désormais 75% de la population afghane. Il a ajouté que la France ne pouvait que se réjouir de la baisse importante des incidents par rapport à 2011, comme le note le Secrétaire général dans son rapport. La France partage cependant l’inquiétude exprimée par le Secrétaire général face à l’augmentation du nombre des victimes civiles au cours du dernier trimestre, dont 84% sont le fait des insurgés, a-t-il dit. « Il est essentiel que la MANUA puisse continuer à mener son travail impartial de comptabilisation des victimes civiles, libre de toute menace ou interférence », a souligné M. Briens. Au-delà de sa présence militaire, la France continuera d’être présente aux côtés des Afghans, y compris après la période de transition, comme s’y est engagée la communauté internationale lors des Conférences de Bonn et Tokyo. Le représentant a rappelé qu’un traité d’amitié et de coopération avait été signé et ratifié entre les deux pays. Il s’est dit convaincu que les élections présidentielles de 2014 seront un moment important pour l’Afghanistan, qu’elles marqueront une transition politique après deux mandats du Président Hamid Karzaï et qu’elles seront donc un test de l’enracinement de la démocratie dans le pays.
« Il est essentiel, a estimé le représentant de la France, que les Afghans puissent organiser des élections crédibles, libres et transparentes qui puissent doter les dirigeants qu’éliront les Afghans d’une forte légitimité démocratique. » La France appelle les autorités de ce pays à se doter des outils nécessaires pour conduire le scrutin, comptabiliser les résultats et donner suite à d’éventuelles plaintes. Cela passe notamment par la révision et la modernisation des listes électorales, a précisé le représentant. Par ailleurs, la France estime que seule une véritable réconciliation interafghane permettra de garantir l’émergence d’un Afghanistan stable et pacifié après 2014. Le représentant a indiqué que ce processus de réconciliation devrait être soutenu par les États de la région. La France se réjouit des derniers contacts et déclaration des autorités afghanes et pakistanaises sur la relation bilatérale, en précisant que ce processus devait avant tout être conduit par les Afghans, en association avec toutes les composantes de la société afghane.
Avant de conclure, le représentant de la France a affirmé qu’il n’avait pas constaté de détérioration de la situation depuis le transfert de la responsabilité de la sécurité dans les zones où l’armée afghane a pris le relais du contingent français. Celle-ci « a démontré sa capacité au combat », s’est-il félicité.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé la fragilité de la situation globale en Afghanistan. Les élections de 2014 seront la pierre de touche de la transition politique, a-t-il affirmé, avant d’exprimer sa satisfaction devant la bonne avancée du transfert des responsabilités des forces internationales aux autorités afghanes. Celle-ci coïncide, a fait remarquer M. Loulichki, avec une diminution des incidents recensés en 2012. Le représentant du Maroc a ensuite salué le renforcement de la coopération régionale et les efforts entrepris par l’Afghanistan pour mettre en œuvre le cadre défini à Tokyo. « L’Afghanistan a face à lui de nombreux défis, qu’il relèvera avec l’appui de la communauté internationale », a déclaré M. Loulichki, avant de conclure en soulignant l’importance cruciale pour la sécurité régionale d’un Afghanistan stable.
M. KAZUO KODAMA (Japon) a salué les progrès réalisés dans le cadre du processus de paix et de réconciliation conduit par les Afghans eux-mêmes. Il a souligné l’importance de la visite au Pakistan, au mois de novembre, du Président du Haut Conseil pour la paix afghan, M. Rabbani. Il a salué le dialogue intervenu entre M. Rabbani et les membres du Conseil de sécurité, ainsi que de son Comité 1988. Le représentant du Japon a espéré qu’une ferme volonté politique du Gouvernement afghan combinée avec des engagements profonds des pays voisins et du reste de la communauté internationale donnera un nouvel élan au processus de paix. Il est encourageant de noter le nombre croissant d’anciens combattants qui ont rejoint le programme afghan de paix et de réintégration, a-t-il dit. Le représentant s’est aussi félicité des efforts de suivi réalisés par le Gouvernement afghan, au cours de ces quatre derniers mois, en vue de mettre en œuvre les engagements pris en vertu du Cadre de la responsabilité mutuelle de Tokyo, qui s’est traduit par la tenue de la première réunion du Comité de pilotage, le 5 décembre 2012.
Malgré tout ces progrès, le représentant du Japon s’est dit préoccupé par les incidents liés à la sécurité, qui ont coûté la vie à de très nombreux civils. Notant l’attaque récente contre le chef de la Direction nationale de la sécurité, le représentant du Japon a appelé le Gouvernement afghan à faire preuve d’une détermination renouvelée des Afghans et du personnel internationale qui œuvre pour assurer un meilleur avenir à la population afghane. Il a rappelé que l’on compte encore 450 000 personnes déplacées en Afghanistan. Il est important de renforcer la qualité et les capacités de l’armée nationale afghane et de tout mettre en œuvre pour garantir la tenue d’élections libres et transparentes en 2014. Avant de conclure, le représentant du Japon a espéré que l’année 2013 permettra de donner aux Afghans un sentiment de sécurité et de prospérité future.
M. IOANNIS VRAILAS, de la délégation de l’Union européenne, a rappelé l’importance fondamentale de la mise en œuvre du Cadre de travail adopté lors de la Conférence de Tokyo, pour assurer le succès de la transition en Afghanistan. « Sans la mise en œuvre consistante des engagements pris et l’exécution des réformes sur la bonne gouvernance, la transparence, l’état de droit ou les droits de l’homme, il sera de plus en plus difficile pour la communauté internationale de défendre ses engagements et de trouver des ressources financières », a-t-il déclaré.
Se concentrant ensuite sur les progrès réalisés dans le domaine de la réconciliation nationale, M. Vrailas a salué la récente visite du Haut Conseil pour la paix au Pakistan, ainsi que le renforcement du dialogue entre les Gouvernements afghan et pakistanais. Il a cependant rappelé que ces progrès ne seraient pas pérennes sans un processus de paix et de réconciliation réellement inclusif, qui ne se limiterait pas aux groupes armés, mais inclurait aussi l’ensemble de la société civile, en offrant à toutes ses composantes une représentation équitable, en particulier en faveur des femmes. Il a également souligné l’importance que l’Union européenne attache à la mise en œuvre progressive, mais complète, de la loi sur l’élimination des violences faites aux femmes.
Concernant l’organisation des prochaines élections en Afghanistan, le représentant de l’Union européenne a insisté sur la nécessité d’assurer des scrutins inclusifs et transparents, qui permettent d’obtenir des résultats largement reconnus comme légitimes. « Nous appelons les autorités afghanes à amener tous les partis politiques et la société civile à accepter la réforme du processus électoral », a-t-il déclaré. Il a ensuite passé en revue quelques actions à entreprendre pour les autorités afghanes, à savoir la mise en place d’un cadre juridique conforme à la Constitution, les mesures concrètes et crédibles pour empêcher les fraudes et la création d’une autorité de contrôle du scrutin indépendante. « Des décisions claires et définitives sur le système d’enregistrement et d’inscription des électeurs doivent aussi être prises par les autorités afghanes, en consultation avec le Parlement, les partis politiques et la société civile », a-t-il ajouté.
M. HUSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a rappelé que le processus de réconciliation nationale en Afghanistan devrait être dirigé par les Afghans eux-mêmes. Tout en soutenant ce processus, il a plaidé, à la lumière des résolutions 2082 et 2083 adoptées cette semaine par le Conseil, pour l’adoption d’une approche des plus prudentes. Les efforts en vue de cette réconciliation ne doivent pas apparaître comme récompensant ceux qui ont perpétré les pires atrocités contre le peuple afghan, a-t-il prévenu.
Notant l’augmentation de la culture de pavot de 18% en 2012, le représentant a indiqué qu’un engagement fort des autorités afghanes et de la communauté internationale était nécessaire pour combattre la production de la drogue, qui est une source essentielle de financement des activités terroristes, a-t-il expliqué. Puis, M. Dehghani a rappelé que plus d’un million de réfugiés afghans vivaient officiellement en Iran et a exhorté la communauté internationale à accélérer ses efforts pour le rapatriement de ces réfugiés. En conclusion, il a rappelé que son pays soutenait les efforts de la MANUA, pour autant qu’ils soient conformes avec son mandat et veillent à un engagement robuste des pays de la région dans les domaines tels que l’immigration, la sécurité des frontières ou la lutte contre le trafic de drogues.
M. GARY QUINLAN (Australie) a déclaré que l’année 2012 avait permis des progrès sérieux dans le renforcement du partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale et dans l’établissement d’un cadre international global en faveur du soutien à l’Afghanistan au-delà de 2014. Il a relevé deux éléments clefs figurant dans le rapport trimestriel du Secrétaire général qui seront cruciaux à la stabilité à long terme en Afghanistan: un règlement politique et la tenue d’élections nationales. Pour l’Australie, la revitalisation du Haut Conseil pour la paix et son action visant à trouver une issue politique sont les bienvenues. En outre, la récente adoption d’une résolution prorogeant le régime de sanctions à l’encontre des Taliban constitue un élément positif de l’appui du Conseil au processus de paix.
Le représentant de l’Australie a estimé que la MANUA a un rôle important à jouer pour faciliter le processus de paix et de réconciliation en Afghanistan. En outre, la communauté internationale doit aussi jouer un rôle d’assistance à la tenue des élections. Sur le plan sécuritaire, l’Australie constate que les Taliban demeurent actifs et qu’ils font preuve de détermination en prenant la population civile pour cible, stratégie qu’il a qualifiée de délibérée. La communauté internationale doit continuer à assister le Gouvernement afghan, a souligné le représentant. Alors que l’Australie se prépare à siéger au Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans à partir du 1er janvier 2013, l’Afghanistan continuera de représenter pour elle une priorité, a assuré son représentant.
M. YAŞAR HALIT ÇEVIK (Turquie) a affirmé que la tenue d’élections crédibles en 2014 sera un test de la viabilité du processus politique de transition en Afghanistan. Il a encouragé la participation « dans un esprit constructif » des partis politiques à ce processus électoral. Les efforts de réconciliation nationale, dirigés par les Afghans eux-mêmes, seront la clef du retour de la paix et de la stabilité dans ce pays, a-t-il expliqué.
La coopération régionale est d’une importance cruciale, a souligné le délégué de la Turquie, en citant le rôle joué à cet égard par les sommets tripartites organisés depuis 2007 entre l’Afghanistan, la Turquie et le Pakistan. Ces sommets fournissent une plateforme de coopération, axée notamment sur les défis sécuritaires, les efforts de paix et le développement économique, a-t-il expliqué. M. Çevik a précisé que le dernier sommet en date, qui s’est tenu à Ankara au début de ce mois, avait notamment visé à renforcer les réseaux de transports locaux et régionaux. En conclusion, le délégué de la Turquie s’est félicité des avancées rapides enregistrées dans la mise en œuvre du Processus d’Istanbul.
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