En cours au Siège de l'ONU

CS/10860

Le Représentant spécial pour l’Afrique centrale constate une amélioration de la situation malgré des défis persistants et appelle à une intégration sous-régionale

18/12/2012
Conseil de sécuritéCS/10860
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6891e séance – après-midi


LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’AFRIQUE CENTRALE CONSTATE UNE AMÉLIORATION DE LA SITUATION

MALGRÉ DES DÉFIS PERSISTANTS ET APPELLE À UNE INTÉGRATION SOUS-RÉGIONALE


Les membres du Conseil de sécurité saluent la coopération militaire

entre les pays touchés par les activités de l’Armée de résistance du Seigneur


Le Conseil de sécurité a débattu de la situation en Afrique centrale, cet après-midi, après avoir entendu M. Abou Moussa, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), instance régionale de l’ONU qui fêtera ses deux années d’existence au printemps prochain.


La paix et la situation en matière de sécurité demeurent globalement calmes, des progrès significatifs ayant été enregistrés dans la lutte contre les activités des groupes armés.  Toutefois, certains défis demeurent, en particulier dans les zones où sévit l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).  La bonne nouvelle réside, a-t-il estimé, dans la croissance économique significative que connaissent plusieurs pays de la région.


Le Représentant spécial a toutefois identifié un certain nombre de nouvelles menaces: piraterie maritime, groupes armés ou terroristes (M23 en République démocratique du Congo, Armée de résistance du Seigneur en Ouganda et dans les pays voisins, Boko Haram au Nigéria).  « Le maintien de la paix et de la sécurité dans la sous-région exige que nos efforts soient davantage coordonnés pour mieux faire face à ces défis », a-t-il souligné.  Pour M. Moussa, l’un des éléments critiques en faveur de l’émergence d’une paix et d’une sécurité durables en Afrique centrale est l’intégration sous-régionale.


Tous les acteurs locaux reconnaissent, a-t-il dit, que la création du BRENUAC a comblé un manque en matière de diplomatie préventive.


Lors du débat, les membres du Conseil de sécurité se sont félicités de l’action du BRENUAC.  Tout en accordant la priorité à l’éradication de la LRA, il faudrait veiller à réintégrer les combattants qui renoncent aux armes, ont-ils recommandé.


Le représentant de la France a souligné qu’il était important tout d’abord de mettre en œuvre toutes les mesures prévues par la « Stratégie régionale des Nations Unies pour la lutte contre la LRA », adoptée il y a six mois.


Dans son rapport* sur la question, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, estime que les Nations Unies doivent encourager les pays aux prises avec la LRA à fournir les contingents requis et pousser leurs gouvernements à adopter une approche unifiée du problème.  L’Afrique du Sud a salué la coopération militaire en cours entre les pays touchés par les activités de la LRA pour affronter ce problème.  Le représentant de la Fédération de Russie s’est dit, quant à lui, pleinement favorable à la formation d’un groupe d’intervention régionale de l’Union africaine.  « Il est urgent d’agir », a-t-il insisté.


Malgré les améliorations relevées par le Représentant spécial et Chef du BRENUAC, notamment sur le plan économique, le travail qui reste à accomplir pour relever le défi posé par l’Armée de résistance du Seigneur reste toutefois immense, a estimé le représentant du Togo.  « Il faudrait continuer à traquer les combattants et arrêter, en priorité, leur chef, Joseph Kony, en vue de le remettre à la Cour pénale internationale », a-t-il déclaré.  À l’instar d’autres délégations, le représentant du Togo a appelé tous les États à coopérer pour l’appréhender et le traduire en justice.  Son homologue du Royaume-Uni a estimé qu’il était possible de mettre un terme au fléau de la LRA, qu’il a jugé affaiblie, en dépit des attaques qu’elle continue de mener.


Par ailleurs, la délégation des États-Unis s’est inquiétée du fait que de nombreuses régions enclavées demeurent inaccessibles à toute assistance.


* S/2012/923



RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE


Rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale et les zones où sévit l’Armée de résistance du Seigneur (S/2012/923)


Ce rapport rend compte des activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), en particulier des progrès accomplis depuis juin dernier dans la mise en œuvre de la Stratégie régionale visant à contrer l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).


Le Secrétaire général constate que la LRA a continué de semer la terreur dans les zones frontalières reculées de la République démocratique du Congo et de la République centrafricaine et à faire obstacle à l’accès des organismes humanitaires aux groupes déplacés et aux populations d’accueil.


Il indique que depuis le début de 2012, les partenaires humanitaires ont fait état de 180 attaques imputées à la LRA, dont 42 en République centrafricaine et 138 en République démocratique du Congo, qui ont entraîné la mort de 39 civils.  Par ailleurs, 193 personnes ont été enlevées dont un tiers d’enfants.  Quelque 443 000 personnes ont été chassées de leur domicile dans les zones où sévit l’Armée de résistance du Seigneur.  Nombre d’entre elles dépendent de l’aide internationale pour se nourrir, trouver un hébergement, obtenir des soins de santé, ainsi que pour l’accès à l’eau et à des installations sanitaires, indique également le rapport.


Le BRENUAC a continué de coordonner l’action menée face à la menace que fait peser l’Armée de résistance du Seigneur, en particulier la mise en œuvre effective de la Stratégie régionale visant à contrer la LRA et à remédier aux effets de ses activités, approuvée par le Conseil de sécurité le 29 juin.  Une réunion a été organisée en juillet à Entebbe (Ouganda) par le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, qui assure la coordination des efforts des Nations Unies dans la lutte contre ce groupe armé, M. Abou Moussa.  Celle-ci a été l’occasion d’élaborer avec des partenaires nationaux, régionaux et internationaux une feuille de route commune pour la mise en œuvre de la Stratégie régionale, indique M. Ban.


L’ONU devrait encourager les pays aux prises avec la LRA à fournir les contingents requis et pousser leurs gouvernements à adopter une approche unifiée de la question de la LRA, rappelle le Secrétaire général.  La prochaine étape, sur la base d’une évaluation des besoins des troupes affectées à l’Initiative, consisterait pour l’ONU à aider l’Union africaine à obtenir l’appui de la communauté internationale et à prêter assistance aux pays de la sous-région au moyen des ressources existantes.


Les 30 officiers de l’Union africaine en place à Yambio, au Soudan du Sud, s’étant heurtés à des difficultés considérables pour communiquer, les participants à la réunion d’Entebbe sont convenus qu’il était nécessaire de donner corps à une stratégie de communication et de sensibilisation.  Celle-ci devra reposer sur l’échange régulier entre partenaires d’informations sur la progression des efforts visant à contrer la LRA et à remédier aux effets de ses activités.  Dans cette optique, l’ONU a créé un site Web qui sert de centre d’échanges de renseignements relatifs à la LRA, rapporte le Secrétaire général.


Le rapport évoque par ailleurs les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans le golfe de Guinée qui ont pris des « proportions alarmantes » et qui ont une incidence négative sur la sécurité humaine, économique, sociale et environnementale en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.  M. Ban rappelle que la complexité des enjeux qui y sont associés a poussé le Conseil de sécurité à adopter sa résolution 2039 (2012), le 29 février, dans le but d’encourager la recherche d’approches nationales, régionales et transrégionales pour lutter contre l’insécurité en mer.


En conclusion, le Secrétaire général note que les États d’Afrique centrale continuent d’œuvrer de concert à la recherche de solutions aux problèmes de nature transfrontière.  Il les encourage à poursuivre le renforcement de leurs partenariats et à adopter des mécanismes efficaces de gestion des mouvements transfrontières des individus et des marchandises.  Il les encourage aussi à promouvoir des initiatives de consolidation de la paix de chaque côté de leurs frontières.


Enfin, M. Ban juge encourageants les progrès de l’action menée contre la menace que représente l’Armée de résistance du Seigneur et pour remédier aux effets de ses activités depuis l’adoption de la Stratégie régionale des Nations Unies à cet égard.  Il félicite l’Union africaine, qui a rendu opérationnelle la Force d’intervention régionale et encourage les pays aux prises avec la LRA à fournir l’appui nécessaire au déploiement complet de la Force, avec l’assistance de la communauté internationale.


Déclarations


M. ABOU MOUSSA, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a rappelé que ce Bureau avait été inauguré en mars 2011, en précisant qu’il « jouait un rôle de plus en plus important pour accompagner les États de la sous-région dans leurs efforts visant à relever les défis auxquels ils sont confrontés ».  Le Bureau s’est concentré sur la gouvernance politique, le renforcement des capacités des institutions, la diplomatie préventive –en particulier la médiation et les bons offices-, ainsi que l’élaboration d’une stratégie sous-régionale pour lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes en Afrique centrale.  Il a aussi continué de collaborer étroitement avec divers acteurs et partenaires, notamment dans le cadre du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) afin de faire face aux nouvelles menaces.  M. Moussa a cité celles représentées par la piraterie maritime, les groupes armés ou terroristes tels que le M23, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Boko Haram.  « Le maintien de la paix et de la sécurité dans la sous-région exige que nous coordonnions davantage nos efforts pour mieux faire face à ces défis », a-t-il souligné.


Pour le Représentant spécial, un élément critique à l’émergence d’une paix et d’une sécurité durables en Afrique centrale est l’intégration sous-régionale.  Ceci explique pour quelle raison le BRENUAC a continué de collaborer étroitement avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et d’autres entités régionales telle que la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).  La situation en matière de sécurité demeure globalement calme, a-t-il assuré, en indiquant que des progrès significatifs avaient été enregistrés dans la lutte contre les activités des groupes armés et des forces négatives.  Toutefois, certains défis demeurent, en particulier dans les zones où sévit la LRA.  La bonne nouvelle réside, a estimé M. Moussa, dans la croissance économique significative que connaissent plusieurs pays de la sous-région.


Pour M. Moussa, les nombreuses demandes d’assistance adressées au BRENUAC montrent la reconnaissance de l’utilité de cette instance politique régionale.  Tous les acteurs locaux reconnaissent que la création du BRENUAC a comblé un manque en matière de diplomatie préventive.  Ces demandes portent sur la médiation et l’appui au dialogue entre formations politiques gouvernementales et d’opposition, le soutien au renforcement des capacités des organisations régionales, la mobilisation du soutien et des ressources de la part de la communauté internationale, ainsi que l’organisation d’actions de formation.  En outre, les dirigeants politiques d’Afrique centrale ont montré un engagement et une détermination sans failles dans le soutien aux activités du BRENUAC.  C’est notamment le cas dans le cadre des efforts visant à répondre à l’impact des activités de la LRA.  Le Bureau coordonne, à cet égard, la mise en œuvre de stratégies régionales.


Les défis sont nombreux, a averti M. Moussa, qui a fait remarquer qu’il était urgent de finaliser le programme relatif à la LRA et à mobiliser suffisamment de ressources pour sa mise en œuvre complète.  Une fois que ce document aura été élaboré, le BRENUAC, en étroite collaboration avec le bureau de l’émissaire spécial sur la LRA de l’Union africaine, prévoit d’organiser un sommet pour un appel de fonds en début d’année prochaine.  Un des exemples d’engagement politique est donné par la volonté des dirigeants d’organiser un sommet régional sur la piraterie et le vol main armée dans les eaux du golfe de Guinée.  M. Moussa s’est dit heureux de constater que cette mobilisation illustrait la réaffirmation de l’intérêt collectif et de l’engagement des dirigeants et des institutions de l’Afrique centrale.


Le Représentant spécial a néanmoins averti qu’il existait une disparité évidente entre les ressources dont bénéficie le BRENUAC et les tâches qu’il doit accomplir.  Il a dit ne pas douter que les membres du Conseil étaient conscients de cette situation pressante, ce qui n’est pas contradictoire avec le souci de « faire plus avec moins », comme l’a recommandé le Secrétaire général dans son rapport.


M.PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a indiqué qu’il était possible de mettre un terme au fléau de la LRA, qu’il a jugé affaiblie, en dépit des attaques qu’elle continue de mener.  Il a ensuite salué l’adoption de la Stratégie régionale visant à contrer la LRA, avant d’inviter les Nations Unies et les pays africains à accroître leurs efforts dans sa mise en œuvre.  L’adoption d’un plan de mise en œuvre serait la clef du succès de nos efforts, a-t-il poursuivi, en ajoutant que ce plan pourrait être utilement présenté devant la communauté des bailleurs de fonds.  Il a ensuite invité les pays africains concernés à organiser une réunion de haut niveau afin de mettre en œuvre l’initiative de coopération régionale de l’Union africaine concernant la LRA.  La communauté internationale doit continuer de fournir son appui aux pays touchés par la LRA, a-t-il poursuivi.  Le Royaume-Uni, a indiqué son représentant, a contribué à hauteur de 500 000 livres britanniques à des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) dans la région.  Le délégué du Royaume-Uni a ensuite invité le BRENUAC à intensifier ses efforts de coordination, tout en soulignant le rôle que pourrait jouer le Bureau dans le renforcement des capacités maritimes des pays de la région confrontés à une recrudescence des actes de piraterie dans le golfe de Guinée.


M. WANG MIN (Chine) a souligné les nombreux défis sécuritaires de l’Afrique centrale et espéré que la communauté internationale continue de fournir un appui robuste aux pays de la région, et ce, dans le respect de leur souveraineté.  Il a ensuite exigé que la LRA dépose les armes, avant de saluer les efforts des pays de la région pour lutter contre ce fléau.  La Stratégie régionale visant à contrer la LRA doit être dûment mise en œuvre, a-t-il affirmé.  Le délégué de la Chine a invité le BRENUAC à poursuivre ses efforts de communication, ainsi que sa recherche de synergies avec les organisations régionales et sous-régionales.  La Chine, a-t-il assuré, continuera de soutenir le BRENUAC.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a tout d’abord salué les efforts entrepris par le BRENUAC en Afrique centrale.  Il a noté que la région connaissait maintenant une relative stabilité.  La situation économique et sociale est en revanche plus mitigée, a-t-il déploré, avant de citer les nombreux défis de la région, tels que le terrorisme ou les actes de piraterie au large du golfe de Guinée, qui ont un impact sur le développement des pays concernés.  Il a ensuite félicité le BRENUAC pour ses efforts dans la mise en œuvre de la Stratégie régionale visant à contrer la LRA, notamment ses cinq objectifs stratégiques.  M. Puri a enfin plaidé pour le renforcement des capacités nationales des pays de la région et une adéquation entre les objectifs poursuivis par la communauté internationale en Afrique centrale et les ressources financières qu’elle y consacre.


M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déclaré que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) demeurant une menace permanente pour les populations locales, il convenait d’y mettre un terme et de faire cesser ses atrocités.  Sa délégation appuie les efforts régionaux en ce sens, ainsi que ceux qui ont permis de traduire en justice des responsables de ce groupe.  Il s’agit aussi d’encourager les désertions parmi ses rangs en offrant notamment un refuge pour les transfuges.  Il convient aussi de faire davantage pour aider les civils, les Nations Unies ayant, à cet égard, un rôle clef à jouer.  Il convient de voir maintenant comment la Stratégie des Nations Unies se traduira concrètement sur le terrain, a reconnu le représentant.  Les États-Unis, a-t-il indiqué, financent des programmes pour aider les communautés à se protéger des activités dévastatrices menées par l’Armée de résistance du Seigneur.  Le représentant a rappelé que des rapports crédibles faisaient état de la présence de la LRA en République démocratique du Congo (RDC).  Il a relevé que de nombreuses régions enclavées étaient inaccessibles, l’urgence étant aussi de les atteindre pour pouvoir leur fournir une assistance humanitaire.  Il faut éradiquer la LRA si l’on entend permettre aux régions affectées de se développer, a-t-il insisté, en rappelant que c’est un objectif noble et à portée de main.


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a salué l’excellent niveau de croissance économique qui dépasse maintenant la barre des 5%, enregistré par les pays de la région, en dépit des difficultés économiques et du climat financier d’aujourd’hui.  L’Afrique du Sud reste convaincue que le développement économique et la sécurité sont étroitement liés, a indiqué son représentant, en saluant à cet égard, le rôle du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale.  Celui-ci, a-t-il précisé, contribue ainsi à renforcer la prévention des conflits, la consolidation de la paix et la lutte contre les menaces transfrontalières.  Le représentant a ensuite indiqué que les activités de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) continuaient de représenter une grave menace à la paix, à la sécurité et à la stabilité de la région, qui engendre de sérieuses conséquences humanitaires.  Pour l’Afrique du Sud, les cinq domaines d’intervention de la Stratégie régionale visant à répondre à la menace et aux conséquences des activités de l’Armée de résistance du Seigneur restent déterminants dans la poursuite de la lutte contre le grave défi que représente la LRA.  Les États doivent mobiliser tous les efforts nécessaires pour mettre en œuvre la Stratégie régionale, a insisté le représentant.


L’Afrique du Sud salue la coopération militaire en cours entre les pays touchés par les activités de la LRA pour affronter ce problème, a indiqué son représentant.  À cet égard, l’Afrique du Sud salue les efforts du Représentant spécial pour organiser une rencontre entre partenaires nationaux, régionaux et internationaux à Entebbe, en Ouganda, en vue d’élaborer la feuille de route conjointe pour la mise en œuvre de la Stratégie régionale de lutte contre la LRA.  L’Afrique du Sud salue également les efforts de l’Ouganda et du Soudan du Sud qui ont contribué à l’effort de la force d’intervention régionale de l’Union africaine en envoyant un contingent de 2 500 hommes en septembre 2012.  Le représentant a ensuite rappelé que l’action militaire contre la LRA devrait être conduite de manière à limiter les blessés parmi la population civile, dans le respect du droit international en vigueur, y compris le droit international humanitaire, les instruments relatifs aux droits de l’homme, et le droit des réfugiés.


M. JOÄO CABRAL (Portugal) a souligné la brutalité des attaques perpétrées par la LRA.  Ces attaques, a-t-il fait remarquer, continuent d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations déplacées.  « La communauté internationale est à la croisée des chemins pour faire face aux défis que pose l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) », a déclaré le représentant, en appuyant la Stratégie régionale établie pour contrer la LRA.  Le délégué du Portugal a ensuite encouragé les pays africains concernés à renforcer leur coopération technique sous les auspices de l’Union africaine et à s’accorder notamment sur un concept d’opérations.  Concernant les activités du BRENUAC, le représentant du Portugal a condamné les attaques qui ont pu toucher certains fonctionnaires des Nations Unies dans la région.  Il a ensuite réaffirmé l’appui de sa délégation aux efforts du Bureau visant à empêcher l’émergence de nouveaux conflits et à promouvoir une bonne gouvernance dans la région.  Revenant sur le défi posé par la LRA, le délégué a souhaité que le Conseil continue de suivre de près la situation dans les pays touchés par ce fléau.


M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a souligné qu’il était important pour les pays de l’Afrique centrale de poursuivre leurs efforts communs pour faire face aux défis liés à la sécurité dans la région.  Les actes de piraterie dans le golfe de Guinée continuent d’avoir des conséquences négatives pour les pays concernés, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite estimé que le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) devrait renforcer sa coopération avec les organisations régionales et sous régionales.  « Il est essentiel que les Nations Unies, l’Union africaine et les États de la région accélèrent leurs efforts pour mettre en œuvre la Stratégie régionale visant à contrer l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) », a poursuivi M. Musayev, qui a en outre plaidé pour une amélioration des moyens de communication dans les zones reculées afin de mieux répondre à la menace posée par la LRA.  À cette même fin, le délégué a appelé de ses vœux un renforcement de la coopération entre le BRENUAC, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIÉRREZ (Guatemala) a déclaré que son pays condamnait dans les termes les plus énergiques les violations flagrantes du droit international et des normes des droits de l’homme commises par la LRA.  Celle-ci est capable d’entretenir une instabilité chronique en Afrique centrale, tout en faisant obstacle aux efforts entrepris par les pays de la région en faveur de la paix et de la sécurité.  Le Guatemala estime qu’il est essentiel d’éliminer la menace de la LRA afin de créer et de consolider un contexte sûr et stable dans les pays concernés, a indiqué son représentant.  Avant de conclure, il a exhorté tous les États à coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) afin que soient appréhendées les trois chefs de la LRA accusés d’être responsables d’atrocités.


M. PHILIPPE BERTOUX (France) a salué les efforts du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale visant à renforcer sa coordination avec la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Rappelant que l’Armée de résistance du Seigneur restait « un sujet de préoccupation majeure », il a défendu la mise en œuvre « prioritaire » de toutes les mesures prévues par la « Stratégie régionale des Nations Unies pour la lutte contre la LRA » adoptée il y a six mois.  « Pour relancer la dynamique, un plan d’action pourrait fixer des échéances et des objectifs concrets », a-t-il déclaré, en proposant aussi que le BRENUAC appuie la tenue d’une réunion de haut niveau des États concernés pour renforcer leur coopération.


Les mesures coercitives prévues par la Stratégie doivent être mises en œuvre, a estimé M. Bertoux, qui a appelé la « Force opérationnelle régionale de lutte contre la LRA de l’Union africaine » à se mettre en place et à finaliser un concept d’opérations définissant sa chaîne de commandement et son mode d’action pour pouvoir intervenir partout où la LRA est active.  À cet égard, il a salué les engagements de l’Ouganda, du Soudan du Sud et de la République centrafricaine à lui fournir des contingents, en appelant les autres États à en faire autant.


Abordant par ailleurs la question de la protection des civils, le représentant de la France a demandé un renforcement des mesures, en particulier dans les domaines du partage d’informations entre les différents acteurs et du renforcement des systèmes d’alerte afin que les groupes épars de la LRA puissent être localisés dans des délais rapides et les populations civiles prévenues et protégées.  Il a aussi défendu l’élargissement des programmes de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réintégration (DDRRR), en mettant l’accent sur la réintégration des déserteurs de la LRA, par le biais de procédures standardisées et des structures d’accueil adaptées.  En conclusion, le représentant a insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts déployés pour arrêter et traduire en justice les chefs de la LRA, dont Joseph Kony, en encourageant aussi les États à coopérer avec la Cour pénale internationale.  


M. FERNANDO ALZATE (Colombie) a souligné les progrès enregistrés dans l’instauration de la règle démocratique dans certains pays de la région.  Prenant pour exemple les élections en Angola, il s’est félicité qu’un nombre croissant de litiges postélectoraux soient réglés par des moyens pacifiques.  Le BRENUAC doit renforcer les capacités nationales des pays afin de consolider les progrès accomplis, a-t-il poursuivi.  Le représentant a également souhaité que les populations des pays de l’Afrique centrale bénéficient des fruits de la croissance économique que connaît aujourd’hui la région.


M. Alzate a ensuite salué le rapprochement entre le  BRENUAC et les organisations régionales et sous régionales.  Il faudrait poursuivre les activités visant à la mise en œuvre des accords cadre de coopération, notamment en ce qui concerne la lutte contre les actes de piraterie commis dans le golfe de Guinée ou la contrebande d’armes, a-t-il préconisé.  « La LRA continue de menacer la paix et la stabilité de la région », a-t-il regretté.  C’est pourquoi, il est important de mettre en œuvre la Stratégie régionale et de fournir les ressources suffisantes pour atteindre les cinq objectifs de cette Stratégie, a-t-il insisté.  En conclusion, M. Alzate a assuré que la Colombie était prête à adopter une déclaration présidentielle sur la question. 


M. KODJO MENAN (Togo) a déclaré que sa délégation se félicitait des progrès enregistrés ces derniers mois par la plupart des pays de la région en matière de gouvernance politique et économique.  Le représentant a exhorté les dirigeants, ainsi que tous les acteurs politiques des pays concernés à poursuivre leurs efforts.  Pour le Togo, la lutte contre l’extrême pauvreté, le chômage des jeunes, la faim et la précarité constituent un des maillons essentiels dans la consolidation de la paix et de la démocratie.  Le Togo est toutefois préoccupé par la situation dans l’est de la RDC, la fragilité et la volatilité de la situation au Nord-Kivu qui constituent, a-t-il souligné, une grave menace pour la stabilité de ce pays et pour la région tout entière.  L’Armée de résistance du Seigneur, tout en étant affaiblie du fait de l’action concertée et déterminée des pays concernés et de la communauté internationale, dispose toujours d’une grande capacité de nuisance, a estimé le représentant du Togo.  « Le travail qui reste à accomplir pour relever le défi posé par la LRA est immense », a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, il faudrait continuer à traquer les combattants de la LRA et arrêter son chef, Joseph Kony, a déclaré le représentant du Togo, en appelant tous les États à collaborer à contribuer à cet effort.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a appelé les pays de la région à renforcer leur coopération pour lutter contre l’Armée de résistance du Seigneur.  L’Union africaine devrait convaincre Khartoum à prendre toute sa part dans cette lutte, a-t-il poursuivi.  M. Wittig a ensuite espéré que les pays africains concernés et l’Union africaine s’accorderont, en ce qui concerne le déploiement d’une force d’intervention régionale pour lutter contre la LRA, sur un concept d’opération « réaliste ».  Le délégué de l’Allemagne a ensuite souligné que toute action militaire devrait en premier lieu veiller à protéger les populations civiles.  La mise en œuvre de la Stratégie régionale exige une implication sans faille de tous les acteurs concernés, et notamment des Nations Unies, a-t-il insisté.  M. Wittig a ensuite plaidé pour une intensification des efforts visant à protéger les populations civiles qui vivent dans des régions touchées par les activités de l’Armée de résistance du Seigneur.  Le délégué de l’Allemagne a salué les efforts de coordination du BRENUAC, notamment dans la mise en œuvre de la Stratégie régionale contre le terrorisme et l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité relatives à la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.  Une approche globale est nécessaire afin de lutter contre les actes de piraterie, a-t-il estimé, avant de conclure.


M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a noté les progrès politiques enregistrés dans un certain nombre de pays de la région, en particulier l’organisation d’élections.  Il a aussi noté le renforcement de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme.  S’agissant de la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée, il a souligné qu’il était essentiel d’appliquer pleinement la résolution 2018 (2001).  À cet égard, il s’est félicité de l’organisation d’un sommet sur cette question en juin prochain, à Yaoundé, au Cameroun.


L’Armée de résistance du Seigneur sape tous les efforts visant à assurer le relèvement des pays de la région, a regretté le représentant de la Fédération de Russie.  Son pays, a-t-il dit, appuie pleinement la formation d’un groupe d’intervention régionale de l’Union africaine.  La Fédération de Russie, a-t-il ajouté, estime à cet égard qu’il est urgent d’agir.  Avant de conclure, le représentant a souligné la nécessité d’envisager la réintégration des combattants de la LRA.  Le rôle du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale et les zones où sévit la LRA est essentiel pour contribuer à la prévention des conflits, a estimé le représentant de la Fédération de Russie.


M. SAHEBZADA AHMED KHAN (Pakistan) a déclaré que le BRENUAC jouait un rôle fondamental dans la région, en mettant l’accent sur ses efforts de médiation politique.  Abordant le défi posé par les actes de piraterie dans le golfe de Guinée, il a plaidé pour une Stratégie régionale qui aurait pour objectif de renforcer le cadre juridique en vigueur et la coopération entre les institutions de police et judiciaires des États concernés.  Le délégué du Pakistan a ensuite assuré du soutien de son pays à la Stratégie régionale visant à contrer la menace posée par la LRA.  Concernant la mise en œuvre intégrale de l’initiative de coopération régionale menée par l’Union africaine, le délégué a souhaité en savoir plus sur le concept d’opérations stratégique qui sera retenu.  Avant de conclure, il a souligné qu’il était fondamental de se concentrer sur le développement des activités de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réintégration en cours à toutes les zones où sévissait la LRA.


M. MOHAMED LOULICHKI (Maroc) a constaté que la situation en Afrique centrale avait tendance à s’améliorer, en se félicitant de l’action du BRENUAC.  Il a souhaité que celui-ci agisse en faveur de la coopération régionale afin de faire face à un certain nombre de défis.  Il a salué la coopération établie entre le BRENUAC et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest pour mieux répondre à des défis communs, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et à la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Le Maroc estime que la coordination régionale est essentielle entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Commission du golfe de Guinée et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, a indiqué le représentant.  Le Maroc, a-t-il ajouté, condamne de la manière la plus ferme les exactions de la LRA et salue les efforts de la Mission des Nations Unies en RDC pour contrer ses activités.  Le représentant a assuré que le Maroc fera sa part, notamment dans le cadre de sa participation à la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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