Le Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Jamal Benomar, estime qu’en dépit d’obstacles, le Yémen peut réaliser une transition démocratique pacifique
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Conseil de sécurité
6878e séance –après-midi
LE CONSEILLER SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. JAMAL BENOMAR, ESTIME QU’EN DÉPIT
D’OBSTACLES, LE YÉMEN PEUT RÉALISER UNE TRANSITION DÉMOCRATIQUE PACIFIQUE
Les membres du Conseil de sécurité reconnaissent les progrès enregistrés au Yémen
Le Conseil de sécurité a fait le point, cet après-midi, sur la situation au Yémen en entendant le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Jamal Benomar, qui a brossé un tableau encourageant de la transition politique en cours tout en avertissant que le pays était loin d’être stabilisé.
Les 15 membres du Conseil se sont félicités de l’amélioration de la situation, tandis que le représentant du Yémen soulignait la nécessité pour la communauté internationale de continuer à apporter son appui aux efforts entrepris dans le pays.
Le Conseiller spécial a rappelé que le pays venait tout juste de commémorer, le 23 novembre, le premier anniversaire d’un Accord de paix et de transition historique, alors qu’il y a un an, le Yémen était sur le point de sombrer dans une guerre civile. Sous l’autorité du Gouvernement de transition, on constate aujourd’hui un retour à la normale, même si le chemin reste semé d’embûches. M. Benomar a expliqué que la restructuration des forces de sécurité demeurait un défi, les forces armées étant divisées en deux camps opposés, tout comme le Gouvernement d’unité nationale.
L’autorité de l’État ne s’exerce pas dans tout le pays et le terrorisme demeure une menace, a alerté M. Benomar, en soulignant la présence d’Al-Qaida. Le peuple du Yémen attend des résultats concrets du nouveau pouvoir qui, a-t-il dit, ne peut plus se prévaloir d’un état de grâce indéfini. Le prochain dialogue national devrait offrir une possibilité de répondre aux aspirations de la majorité, a assuré M. Benomar, même s’il considère que la transition est menacée par ceux qui, selon lui, n’ont toujours pas compris que le changement devrait intervenir dès maintenant.
Pour sa part, le représentant du Yémen, M. Jamal Abdullah Al-Aallal, a attiré l’attention sur la menace terroriste face à laquelle le nouveau pouvoir ne montre aucune faiblesse en dépit de ressources limitées. Le Yémen assume aussi le très lourd fardeau de l’afflux de demandeurs d’asile en provenance de la corne de l’Afrique, a indiqué son représentant, qui a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer financièrement son pays pour l’aider à surmonter les difficultés.
Les 15 membres du Conseil de sécurité se sont tous exprimés lors de la réunion, en faisant preuve d’une remarquable unanimité. À l’instar de la Chine, ils ont tous salué l’évolution positive observée au Yémen.
L’Allemagne a affirmé que la réaction rapide du Conseil de sécurité l’an dernier avait permis de donner un coup d’arrêt à l’aggravation de la situation. « Pourtant, tous les membres du Conseil n’étaient pas convaincus de l’urgence à intervenir au Yémen », a-t-il rappelé, avant de souligner la paralysie actuelle du Conseil sur la crise en Syrie.
« Les défis qui demeurent pour le Yémen ne doivent pas occulter les progrès réalisés », a déclaré le représentant britannique qui a condamné les lâches attentats visant la population et qui visent à faire dérailler la transition. « Les auteurs de ces attaques doivent savoir que le Conseil ne restera pas inactif », a-t-il assuré.
Pour le représentant du Maroc, « ces attaques, les activités d’Al-Qaida ainsi que les tendances séparatistes constatées dans le pays sont les principaux défis que le Yémen doit relever ». Son représentant a exhorté la communauté internationale à apporter au Yémen un soutien sans faille.
Parmi les partenariats concrets évoqués cet après-midi, le représentant des États-Unis a précisé que son pays avait versé plus de 100 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire et que des rencontres entre des entrepreneurs yéménites et américains avaient été organisées dans le domaine des énergies renouvelables. Le représentant de la France a promis que son gouvernement apportera, le moment voulu, l’expertise juridique qui lui sera demandée.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
M. JAMAL BENOMAR, Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Yémen, a déclaré que ce pays avait commémoré le 23 novembre dernier le premier anniversaire de l’historique Accord de paix et de transition. Il a rappelé que, pendant longtemps, une telle entente aurait semblé impossible, car le pays était au bord de l’effondrement. « J’ai vu la capitale, Sanaa, divisée, pilonnée par l’artillerie, rendant la vie insupportable pour la population », a-t-il témoigné, en faisant remarquer qu’il se trouvait parmi les manifestants appelant au changement. Le pays était alors sur le point de sombrer dans la guerre civile, a-t-il dit, en rappelant que l’on voyait alors Al-Qaida étendre son influence. Décrivant dans le détail la suite des événements qui ont permis au pays de traverser une période de transition relativement sereine, M. Benomar a indiqué que les représentants de la population s’étaient engagés en faveur de réformes fondamentales dans la gouvernance et dans la rectification des erreurs du passé, qui ont été inscrites dans l’Accord de paix.
Aujourd’hui, sous l’autorité du Gouvernement de transition, on constate un retour à la normale, a-t-il assuré, tout en estimant que le chemin demeurait pourtant plein d’embûches. Il a rappelé que la restructuration de l’appareil demeurait en effet un défi, les forces armées étant divisées en deux camps, d’une part la puissante Garde républicaine dirigée par le fils du Président Hadi et, d’autre part, la première Division de l’armée avec à sa tête le général Ali Mohsen. Ce dernier, a-t-il précisé, a rompu avec le régime pendant le soulèvement de l’an dernier. En outre, la corruption mine toute l’institution. Le nouveau Chef de l’État a entrepris de réunifier l’appareil sécuritaire sous un seul commandement, ce qui exige une réforme institutionnelle de l’ensemble du système, a expliqué M. Benomar.
Par ailleurs, l’autorité de l’État ne s’exerce pas sur l’ensemble du territoire du Yémen. Dans le nord par exemple, des affrontements sanglants opposent Houthis, salafistes et groupes tribaux affiliés au parti Islah. Le terrorisme demeure, a-t-il dit, une menace dans le pays. Quant à l’état de grâce dont bénéficiait le nouveau pouvoir, il appartient désormais au passé, la population exigeant de voir des résultats. Le Gouvernement d’unité nationale est divisé en deux camps opposés. Dans le Sud, la population s’estime marginalisée et victime de discriminations depuis l’unification des deux Yémen. Enfin, la situation humanitaire demeure précaire, près de la moitié de la population étant menacée de disette, voire de famine dans certains cas. La moitié de la population n’a pas un accès sûr à l’eau, et un quart aux soins de santé. Le pays accueille par ailleurs 230 000 réfugiés tandis que près d’un demi-million de personnes sont déplacées internes. L’économie montre des signes de reprise, l’inflation étant en baisse et le déclin semblant ralenti.
Le Conseiller spécial a souligné que le prochain dialogue national offrirait une possibilité de répondre aux aspirations de la majorité. M. Benomar a évoqué les travaux du Comité préparatoire à ce dialogue avec lequel il a établi une collaboration étroite. Toutefois, ces derniers jours, le Comité s’est heurté à l’obstacle que constitue la question de la représentation et de la répartition des sièges à la conférence. M. Benomar a dit avoir plaidé auprès du Comité préparatoire auquel il a expliqué qu’il n’existait pas de formule magique susceptible de contenter tout le monde. Par ailleurs, la toute nouvelle commission électorale va devoir relever le défi d’élaborer les listes électorales, le chemin vers des élections pluralistes paraissant long et difficile. M. Benomar a constaté que la transition était menacée par ceux qui n’ont toujours pas compris que le changement devait avoir lieu maintenant et sans retard. Ils n’ont pas renoncé à bloquer ladite transition en profitant de l’instabilité. Ces derniers jours, l’électricité a été coupée, tandis que les attentats contre les oléoducs sont monnaie courante, ce qui coûte très cher au pays en matière de rentrées en devises. Les Yéménites attendent du Conseil de sécurité qu’il s’intéresse de près à ces fauteurs de trouble et qu’ils soient traduits en justice, a expliqué le Conseiller spécial. M. Benomar, qui a rappelé que la transition yéménite était unique dans la région, a assuré sa volonté d’œuvrer de concert avec le Conseil de sécurité, le Conseil de coopération du Golfe (CCG), l’Union européenne, ainsi qu’avec la communauté diplomatique à Sanaa.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a souligné les progrès réalisés depuis la signature de l’Accord pour la paix et la transition au Yémen le 23 novembre 2011. Il s’est félicité ensuite du principe de répartition des sièges retenu au sein de la conférence nationale de dialogue. Cette conférence doit commencer ses travaux et représenter les Yéménites de tous bords, a-t-il affirmé, avant de plaider pour la mise à jour des listes d’électeurs en vue du référendum à l’automne prochain et des élections de 2014. Il a ensuite condamné les attaques lâches visant la population yéménite et qui cherchent à faire dérailler la transition au Yémen. « Les auteurs de ces attaques doivent savoir que le Conseil ne restera pas inactif », a-t-il fait savoir. Enfin, il a souligné le rôle majeur qu’a joué le Conseil dans le passage au Yémen d’une situation de troubles au processus politique en cours. « Les défis qui demeurent pour le Yémen ne doivent pas occulter les progrès réalisés », a-t-il conclu.
M. WANG MIN (Chine) a salué l’évolution positive observée au Yémen, en se félicitant notamment de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des préparatifs en vue des futures élections et consultations référendaires. « Le Yémen doit être épaulé pour poursuivre sa transition », a-t-il affirmé, en plaidant notamment pour le lancement de la conférence nationale de dialogue et le renforcement du secteur de la sécurité yéménite. Face aux menaces sécuritaires qui pèsent sur le Yémen, en raison des activités terroristes dans le pays, le délégué de la Chine a plaidé pour une approche holistique et l’appui fort de la communauté internationale. Enfin, il a détaillé les modalités de l’aide apportée par son pays pour le développement économique du Yémen.
M. ZAHEER LAHER (Afrique du Sud) a salué la transition pacifique en cours au Yémen, en s’estimant cependant déçu que la conférence nationale de dialogue n’ait pas entamé ses travaux en raison des tendances sécessionnistes dans le sud du pays. La conférence doit avoir lieu le plus tôt possible, a-t-il souhaité, avant d’inviter tous les acteurs politiques du pays à veiller sur l’unité du Yémen. Les jeunes doivent en particulier faire partie intégrante de la transition en cours, laquelle doit être irréversible, a-t-il poursuivi. Le représentant a demandé que l’ancien Président Saleh et ses partisans soient tenus responsables pour le rôle destructeur qu’ils peuvent jouer, avant de s’inquiéter de la présence d’Al-Qaida dans le pays. Avant de conclure, le délégué de l’Afrique du Sud s’est félicité que le Conseil, « divisé sur d’autres dossiers », ait travaillé à l’unisson concernant la situation au Yémen.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déclaré que la communauté internationale devrait œuvrer pour concrétiser les engagements des « Amis du Yémen » et en s’opposant à ceux qui entendent bloquer le processus de transition actuel. Il s’est félicité des progrès accomplis récemment, en particulier ceux du Comité préparatoire, afin de faire en sorte que tous les secteurs de la société soient représentés au sein du futur dialogue national. Il a émis l’espoir que la nouvelle commission électorale serait en mesure d’actualiser les listes électorales. Le représentant a souligné l’importance de la justice de transition, en indiquant que sa délégation souhaitait disposer de plus d’éléments d’information à ce sujet.
Il s’est félicité des engagements des « Amis du Yémen », à hauteur de 7 milliards de dollars, les enjoignant à respecter leur parole. Les États-Unis ont versé plus de 117 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire, a précisé leur représentant. Des rencontres entre des entrepreneurs yéménites et américains ont été organisées, particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables. Les États-Unis reconnaissent par ailleurs les sacrifices personnels des membres des forces de sécurité qui ont réussi à inverser la vague montante des acteurs hostiles au changement. Les États-Unis sont disposés à envisager, à cet égard, des mesures supplémentaires à celles déjà prévues par la résolution 2051 (2012).
M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a souligné les nets progrès enregistrés au Yémen avant d’appeler de ses vœux l’entame des travaux de la conférence nationale de dialogue national. Il a ensuite condamné les attaques terroristes survenues dans le pays et appuyé les efforts du Yémen afin d’y mettre un terme. « La situation humanitaire appelle une réponse urgente », a-t-il également déclaré. Le délégué du Portugal a souligné qu’il était crucial de répondre aux griefs politiques exprimés au Yémen, afin de parvenir à une transition démocratique et pacifique et de préserver l’intégrité territoriale du pays. « Si le Yémen a réalisé beaucoup de progrès depuis un an, le chemin qui lui reste à parcourir est semé d’embûches », a-t-il prévenu. En conclusion, le délégué du Portugal a appuyé les efforts visant la réconciliation nationale, ainsi que les préparatifs pour les futures élections et consultations nationales.
M. HARDEEP SING PURI (Inde) a rappelé qu’un an après la conclusion de l’Accord de paix et de transition et, grâce aux efforts de la communauté internationale, notamment du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le Yémen avait effectué de grands pas vers une stabilisation allant dans le sens de la prospérité et de la démocratie. Il s’est félicité du processus politique sans exclusive en cours. En dépit de ces progrès, de nombreux problèmes persistent et la situation demeure fragile, a-t-il constaté. Le représentant de l’Inde a appelé toutes les parties favorables à la poursuite de la lutte armée à se joindre au processus politique en déposant les armes. Il s’est félicité ensuite de la participation active de toutes les grandes formations politiques. La délégation indienne, a-t-il dit, espère qu’un référendum constitutionnel pourrait être organisé l’an prochain et que des élections pluralistes se tiendraient en 2014, ainsi que le prévoit l’Accord de paix et de transition. Le représentant, qui a évoqué l’aide humanitaire de son pays, a indiqué que celui-ci était ouvert à l’idée de débloquer des prêts préférentiels au Yémen.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a affirmé que la réaction rapide du Conseil de sécurité l’an dernier avait permis d’éviter l’aggravation de la situation au Yémen. « Pourtant, tous les membres du Conseil n’étaient pas convaincus de l’urgence à intervenir au Yémen », a-t-il rappelé, avant d’assurer que « c’était la seule chose à faire » et de souligner, dans le même temps, la paralysie actuelle du Conseil sur la crise en Syrie. Appuyant fermement le processus de transition en cours, M. Wittig a souhaité que le Conseil reste saisi de la situation au Yémen.
« La lutte des jeunes pour un Yémen plus démocratique a été récompensée lorsque le prix Nobel de la paix a été octroyé à une femme yéménite », a-t-il poursuivi, avant d’exhorter la communauté internationale à fournir un appui systématique au Yémen. Il a en outre exhorté toutes les parties yéménites à faire avancer les travaux de la conférence nationale de dialogue. « La lutte contre le recrutement d’enfants soldats est une priorité de mon pays », a-t-il souligné. Il s’est félicité, à cet égard, de la promesse du Président Hadi de mettre un terme au recrutement d’enfants par les forces gouvernementales.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a tout d’abord souligné les efforts entrepris par les autorités du Yémen pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et appliquer pleinement l’Accord du 23 novembre 2011. « La Fédération de Russie est prête à appuyer le Yémen pour le bon déroulement de la transition », a-t-il poursuivi, en ajoutant que son pays « menait des contacts avec les diverses structures politiques du pays ». Le délégué a ensuite plaidé pour que soit trouvé un équilibre entre toutes les composantes du pays, et garantir, ainsi, l’irréversibilité de la transition en cours.
« Les Yéménites doivent se réunir autour de leur Président en vue d’organiser les élections et consultations nationales de 2013 et 2014 », a-t-il préconisé, tout en se félicitant de l’adoption récente d’un décret mettant en place une Commission suprême des élections et consultations nationales. Tout en condamnant fermement les attaques terroristes perpétrées au Yémen, le délégué de la Fédération de Russie a estimé que l’on ne pouvait pas faire de distinction entre les « bons et les mauvais terroristes », en mettant en garde contre le recours à la politique de « deux poids deux mesures » dans l’impérieuse lutte contre le terrorisme.
M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a félicité le Gouvernement et le peuple du Yémen pour les immenses progrès réalisés dans le pays. Il a souligné que l’organisation de la prochaine conférence nationale de dialogue était extrêmement importante. L’Azerbaïdjan salue également la réunion ministérielle du 27 septembre à New York qui a permis, a-t-il dit, d’obtenir des engagements de financement supplémentaire en faveur de la transition. Il a salué aussi les progrès accomplis pour assurer la répartition des sièges lors du dialogue national. La présence de groupes rebelles dans le Nord, et celle d’Al-Qaida dans le Sud constituent de graves menaces, a souligné le représentant. Les déplacements internes dans le Nord sont un phénomène sérieux qui semble cependant être en voie de se résorber, s’est-il réjoui. L’Azerbaïdjan appuie la souveraineté et l’intégrité territoriale du Yémen, a assuré son représentant.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a déclaré que le peuple et le Gouvernement yéménites avaient agi avec courage, empêchant ainsi le pays de sombrer dans la guerre civile. Comme l’a dit le Secrétaire général lors de sa récente visite dans le pays, le processus actuel est irréversible. Il mérite notre plein soutien afin de consolider la démocratie naissante, a estimé le représentant de la Colombie, qui se félicite que l’on soit parvenu à un accord permettant de résoudre la question de la répartition des sièges à la prochaine conférence nationale de dialogue. La délégation colombienne salue l’ouverture dont ont fait preuve les parties concernées. Elle se félicite du fait qu’un grand nombre de personnes déplacées aient pu regagner leurs foyers. C’est la première fois que leur nombre baisse depuis 2011, a noté le représentant. Il convient de ne ménager aucun effort, a-t-il ajouté, en se félicitant des promesses importantes faites par les bailleurs de fonds lors de la réunion de septembre à l’ONU sur le Yémen, le mois dernier. Le représentant de la Colombie a exhorté tous les groupes au Yémen à renoncer à la violence. La Colombie est consciente de la fragilité du processus actuel, a-t-il dit, en se déclarant convaincu que la tenue du dialogue national sera capitale pour renforcer la démocratisation.
M. KOKOU NAYO MBEOU (Togo) s’est félicité de la promulgation d’un récent décret du Président Abd Rabbuh Mansour Hadiqui met en place une Commission suprême des élections et des consultations nationales. La mise en place de cette Commission constitue une étape importante vers la tenue d’élections crédibles et apaisées, a-t-il assuré, avant de plaider pour la poursuite d’un dialogue national inclusif. Le représentant a ensuite exhorté tous les groupes politiques et militaires, notamment le Mouvement sudiste et tous les dirigeants sudistes, à répondre positivement à l’appel du Président Hadi pour prendre part à ce dialogue. Le Conseil de sécurité devrait aider les autorités yéménites à trouver une solution aux revendications du groupe sudiste, a-t-il par ailleurs plaidé, en ajoutant que le contact entre le Gouvernement du Yémen et ce groupe constituait une piste à explorer. Enfin, M. Mbeou a appelé tous les Yéménites à renoncer à la violence. Il s’est dit encouragé par la promesse du Président Hadi de mettre fin au recrutement d’enfants dans les forces gouvernementales.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a déclaré qu’une année après la signature de l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe, qui a mis fin au conflit au Yémen, les progrès accomplis durant un processus de transition plutôt complexe permettent de tirer des enseignements utiles pour des pays se trouvant dans la même situation. M. Rosenthal a souligné qu’il était essentiel pour le Yémen de poursuivre ce processus, d’achever la réforme constitutionnelle et électorale, et d’œuvrer à l’unité et à la démocratie dans le plein respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous. Il s’est félicité de la visite récente du Secrétaire général au Yémen, en espérant qu’elle servira à donner un nouvel élan au développement des politiques et au renforcement de capacités susceptibles de favoriser le succès de la transition, en particulier par la tenue, le plus tôt possible, d’une conférence nationale de dialogue. Il a salué, à cet égard, l’accord visant à régler, de manière inclusive, la question épineuse de l’allocation des sièges à cette conférence, qui est, a-t-il rappelé, un élément clef de la transition démocratique du pays.
M. Rosenthal a aussi estimé qu’il était vital que toutes les parties prenantes se respectent mutuellement, s’abstiennent de recourir à la force pour arriver à leurs fins, et « soient disposées à accepter un compromis sur un dénominateur commun permettant de préserver les intérêts de tous ». Il a ensuite préconisé une unification des forces armées afin de lutter contre tous les groupes qui tentent de déstabiliser le Yémen et d’entraver les efforts du nouveau Gouvernement tendant à l’instauration d’un État démocratique. Le représentant du Guatemala a enfin exhorté tous les groupes à faire preuve de retenue et à coopérer en vue de la mise en œuvre des résolutions 2014 (2011) et 2051 (2012) du Conseil, avant d’insister sur la nécessité de tenir responsables tous les auteurs de violations des droits de l’homme, y compris d’actes de violence.
M. MARTIN BRIENS (France) a réitéré le plein soutien de la France au Président Hadi et au Gouvernement yéménite dans les efforts qu’ils déploient pour mettre en œuvre une transition politique ordonnée qui réponde aux aspirations du peuple. Il a souligné qu’il était urgent de réaliser des progrès dans trois domaines. Tout d’abord, le dialogue national doit offrir l’opportunité à tous les acteurs du Yémen, en particulier la jeunesse et la société civile, d’établir collectivement un nouveau contrat social, et de parvenir à la réconciliation nationale. La France, a assuré le représentant, apportera l’expertise juridique qui lui sera demandée, le moment voulu. Ensuite, les autorités yéménites doivent accorder une attention particulière à la détérioration constante de la situation humanitaire. Premier investisseur au Yémen, la France souhaite maintenir son engagement à travers ses projets dans le secteur de l’électricité, avec une aide concessionnelle de plus de 80 millions de dollars. Toutefois, la bonne réalisation des projets reste tributaire d’un cadre sécuritaire adéquat, a averti M. Briens.
La restructuration des forces de sécurité et de défense est une autre priorité et la France condamne tous les actes de terrorisme, qu’elle qu’en soit la justification, a-t-il affirmé. Le Gouvernement yéménite doit notamment se doter des moyens adéquats pour protéger les installations industrielles et assurer la sécurité aéroportuaire et maritime. En conclusion, M. Briens a estimé que le Conseil de sécurité et les Nations Unies doivent rester pleinement engagés aux côtés des Yéménites. Or, « nous sommes particulièrement inquiets des actions et des déclarations de certains acteurs qui sont de nature à perturber, retarder ou déstabiliser la transition politique », a-t-il déclaré. Dans sa résolution 2051 du 12 juin dernier, le Conseil avait souligné sa détermination à appuyer la transition, « y compris en se disant prêt à envisager des mesures en vertu de l’Article 41 de la Charte des Nations Unies au cas où de telles ingérences persisteraient », a-t-il rappelé.
M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a déclaré qu’en évitant une guerre civile potentiellement dévastatrice, le Yémen a montré que le dialogue et la volonté politique pouvaient faciliter un règlement pacifique aux questions complexes. Soulignant le rôle important joué par le Secrétaire général, le représentant a fait observer que le Pakistan entretient des liens historiques, culturels et religieux avec le peuple yéménite. Il a également appelé la communauté internationale à soutenir l’initiative du Conseil de coopération du Golfe pour la transition politique et la tenue d’élections présidentielle et législatives au Yémen en 2014.
Le Gouvernement du Yémen reste engagé dans la lutte contre le terrorisme, a relevé M. Tarar. Le Pakistan, qui condamne les attentats, est prêt à apporter toute l’assistance nécessaire au Président Hadi, a-t-il assuré. De plus, le représentant a noté avec satisfaction que 80 000 personnes déplacées avaient pu regagner leur domicile ces derniers mois, ce qui, a-t-il dit, montre que le Gouvernement yéménite a rétabli son autorité sur la province du Sud, Abyan. Néanmoins, les chiffres faisant état de la crise humanitaire dans le pays restent préoccupants et l’absence de réponse pourrait fragiliser le processus de transition politique, de même que la paix et le développement à plus long terme, a fait remarquer le représentant. À cet égard, il a rappelé que l’appel de fonds des Nations Unies n’avait été couvert qu’à 50% et a demandé à la communauté internationale de se mobiliser.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a salué la récente visite du Secrétaire général à Sanaa. « Le Yémen a réussi à éviter la guerre et le chaos », a souligné le délégué du Maroc, qui a félicité à ce titre le Président Hadi. La répartition des sièges au sein de la conférence nationale de dialogue est un pas dans la bonne direction, a-t-il poursuivi, avant d’espérer que la conférence commence ses travaux le plus tôt possible et réponde ainsi aux réserves émises par certains acteurs.
M. Loulichki a ensuite invité les autorités du Yémen à promouvoir un esprit de justice et de réconciliation, qui est, a-t-il souligné, crucial pour la tenue de ce dialogue national. Il s’est ensuite dit préoccupé par les attaques récentes perpétrées contre des représentants de gouvernements, ainsi que celles qui ont visé des installations électriques. « Ces attaques, les activités d’Al-Qaida ainsi que les tendances séparatistes constatées dans le pays sont les principaux défis que le Yémen doit relever », a-t-il insisté, en exhortant la communauté internationale à apporter au Yémen un soutien sans faille.
M. JAMAL ABDULLAH AL-SALLAL (Yémen) a déclaré que malgré la complexité de la situation, le Gouvernement d’unité nationale du Yémen avait pu accomplir des progrès importants, en rétablissant des services qui avaient cessé de fonctionner l’an dernier. Il a notamment cité la fourniture d’électricité et de carburant. Le transfert pacifique du pouvoir et le succès de l’élection présidentielle, cette année, démontrent la volonté de la population de parvenir à une issue à la crise politique, a-t-il dit. Le succès de la transition politique implique que la communauté internationale appuie les efforts du nouveau pouvoir. En matière de sécurité, il faudrait parvenir à une normalisation de la situation, a-t-il dit, en évoquant l’action du Comité militaire et de sécurité. Une commission d’enquête indépendante a été créée afin de se pencher sur les violations des droits de l’homme en 2011. En outre, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a ouvert un bureau à Sanaa, a rappelé le représentant du Yémen.
La conférence nationale de dialogue, qui sera un évènement historique, devrait avoir lieu à la date prévue, a souhaité le représentant. L’accord récemment passé sur la répartition des sièges constitue sans nul doute un grand pas en avant, a souligné le représentant du Yémen. Le Président Hadi a réaffirmé son engagement en faveur de la rédaction d’une nouvelle Constitution et de l’organisation d’élections pluralistes dans la foulée, a-t-il assuré. Le représentant a attiré l’attention sur la menace terroriste face à laquelle le nouveau pouvoir ne fait preuve d’aucune faiblesse en dépit de ressources limitées, du fait notamment de la crise économique affectant le pays. Le Yémen assume aussi le très lourd fardeau de l’afflux de demandeurs d’asile en provenance de la corne de l’Afrique. C’est pourquoi, le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer matériellement son pays pour l’aider à surmonter les difficultés auxquelles il fait face. Il s’est félicité des résultats des conférences des « Amis du Yémen » en septembre dernier à New York et, auparavant, de celles des donateurs à Ryad. Il a assuré en conclusion que la jeunesse yéménite rêvait d’un pays stable et ouvert.
Reprenant la parole, le Conseil spécial du Secrétaire général sur le Yémen s’est félicité de l’appui de la communauté internationale à la transition en cours au Yémen. « Cette transition avance bien, même s’il reste de nombreuses difficultés », a-t-il résumé. « Tout a commencé lorsque la jeunesse yéménite a manifesté pacifiquement pour défendre les intérêts du peuple », a-t-il rappelé, en se félicitant que le Conseil ait rendu hommage aujourd’hui à la jeunesse yéménite.
« Les dirigeants du Yémen ont réussi à extraire le pays de l’abîme en parvenant à un accord de transition pacifique sans précédent », a-t-il poursuivi, avant de se féliciter du soutien unanime exprimé aujourd’hui par les membres du Conseil de sécurité. Il a estimé que le dialogue national était le début d’un nouveau Yémen, au sein duquel toutes les composantes du pays pourront s’exprimer. Enfin, il a souhaité que les pays partenaires du Yémen, notamment le Groupe des Amis du Yémen, honorent les engagements pris en faveur du dialogue national au Yémen.
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