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CS/10837

Le Secrétaire général adjoint, M. Hervé Ladsous, s’inquiète des lenteurs dans l’édification d’une société apaisée et démocratique au Soudan du Sud

28/11/2012
Conseil de sécuritéCS/10837
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Conseil de sécurité

6874e séance – matin


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT, M. HERVÉ LADSOUS, S’INQUIÈTE DES LENTEURS DANS

L’ÉDIFICATION D’UNE SOCIÉTÉ APAISÉE ET DÉMOCRATIQUE AU SOUDAN DU SUD


« Seuls le règlement du statut d’Abyei et la démarcation de la frontière

permettront une paix durable avec le Soudan », estime le représentant du Soudan du Sud


« Le Soudan du Sud doit faire face à d’importants défis, dont la résolution dépend de l’efficacité des stratégies employées pour poser les fondations d’une société démocratique et participative », a affirmé M. Hervé Ladsous, qui présentait, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le rapport* du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).


Abordant tout d’abord la situation sécuritaire au Soudan du Sud, M. Ladsous a assuré que, dans l’ensemble, elle était demeurée stable au cours de ces quatre derniers mois.  Il a indiqué que l’État de Jongleï continuait d’être l’épicentre de défis persistants, alors que la zone des trois frontières de l’Unité, du Warrap et de la région des Lacs connaissait une résurgence de l’instabilité.


« Les progrès réalisés dans la voie de la réconciliation intercommunautaire à Jongleï sont lents », a estimé M. Ladsous, qui a détaillé la stratégie adoptée par le Gouvernement du Soudan du Sud à cette fin, avec le lancement d’un processus de réconciliation, le désarmement de la population et la prévention d’éventuels recrutements de jeunes gens par les milices.


« Les abus de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) ont également été systématiquement rapportés au Gouvernement en vue de traduire leurs auteurs devant la justice, » a-t-il indiqué.


Dans un contexte marqué par l’abondance des armes et la faible influence des responsables communautaires sur les jeunes, le Secrétaire général adjoint a exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à initier un processus politique inclusif pour répondre aux griefs des différentes communautés.


« Les progrès ont également été lents dans l’établissement des institutions nationales sud-soudanaises », a fait observer M. Ladsous, en déplorant que les travaux sur le projet d’une constitution de transition n’aient pas encore commencé.  Il a également souligné la lenteur des progrès dans le développement des forces de police sud-soudanaises, qui est, selon lui, un élément clef de la stabilité à long terme du pays.


Passant ensuite à la situation des droits de l’homme dans le pays, le Secrétaire général adjoint s’est dit préoccupé par les cas d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires, de menaces et d’enlèvements ciblés de journalistes ou d’opposants politiques recensés au Soudan du Sud.


« Je regrette également la décision unilatérale du Gouvernement du Soudan du Sud d’expulser un spécialiste des droits de l’homme de la MINUSS et l’invite à la reconsidérer », a déclaré M. Ladsous.


Au chapitre des relations entre le Soudan du Sud et le Soudan, le Secrétaire général adjoint a indiqué que deux mois après la signature des accords de coopération du 27 septembre à Addis-Abeba, les tensions entre les deux pays avaient incontestablement diminué.


« La lenteur dans l’application desdits accords pourrait avoir un impact négatif sur la stabilité économique du Soudan du Sud, en particulier en cas de retard dans la reprise des exportations de pétrole », a expliqué M. Ladsous.


Il a également pointé un certain mécontentement dans le pays vis-à-vis de l’évolution des discussions avec le Soudan, en précisant que les fournitures pétrolières au Soudan à titre de compensation pour la sécession ainsi que l’accord sur la démilitarisation de la zone des 20km (14 miles) à la frontière entre le Bahr-el-Ghazal occidental et le Sud-Darfour avaient été perçues comme un compromis dangereux.


« Ce mécontentement a été renforcé par l’absence de concessions par le Gouvernement soudanais, en particulier sur le statut définitif de la région d’Abyei », a expliqué le Secrétaire général adjoint, en ajoutant que les tensions intercommunautaires, aggravées par leur militarisation, demeuraient vives dans les régions frontalières.


« Nos deux pays ne peuvent prospérer si le soupçon plane sur les relations qu’ils entretiennent », a affirmé le représentant du Soudan du Sud, M. Francis Mading Deng.  Si les négociations sont la seule approche acceptable, des négociations sans fin ne sont dans l’intérêt de personne, a-t-il poursuivi.


M. Deng a rappelé que son gouvernement avait signé les accords du 27 septembre car « il avait la conviction qu’il serait possible de résoudre rapidement les questions en suspens, telles que le statut d’Abyei et la démarcation des frontières ».


« Ce n’est que lorsque toutes ces questions seront réglées qu’une paix durable pourra régner dans la région », a estimé le représentant sud-soudanais, en se déclarant convaincu que la tenue d’un référendum afin de définir le statut d’Abyei serait bénéfique à toutes les communautés.


Préoccupé par la situation sécuritaire dans les États soudanais du Nil bleu et du Kordofan du Sud et ses répercussions sur le Soudan du Sud, il a vigoureusement plaidé pour le dialogue entre le Gouvernement du Soudan et le SPLA-Nord et proposé que son pays joue un rôle de facilitation.


« Sans un tel dialogue, il sera difficile de mettre en œuvre la zone frontalière démilitarisée de sécurité et le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud », a-t-il expliqué.


Concernant la situation dans l’État de Jongleï, M. Deng a affirmé que, malgré certaines allégations préoccupantes visant le SPLA, le processus de désarmement civil s’était déroulé de manière pacifique. 


Enfin, au sujet de l’expulsion d’un spécialiste des droits de l’homme de la MINUSS, le représentant du Soudan du Sud a indiqué que son pays avait agi de manière cohérente avec le statut des forces de la MINUSS et n’avait aucune intention de créer une entrave aux activités de la MINUSS concernant le suivi des violations des droits de l’homme.



RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN


Rapport du Secrétaire général sur le Soudan du Sud (S/2012/820)


Le présent rapport, soumis en application de la résolution 1996 (2011) du Conseil de sécurité, par laquelle le Conseil a créé la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), fait le point sur les progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la MINUSS depuis le 26 juin dernier.


Dans ce rapport, le Secrétaire général indique que le Soudan du Sud est en prise avec une situation économique difficile, résultant de l’arrêt de la production pétrolière, et une situation sécuritaire incertaine le long de la frontière avec le Soudan.  Les efforts de stabilisation de l’État de Jongleï semblent cependant progresser.


« Ces difficultés n’ont pas entièrement éclipsé les efforts déployés par le gouvernement pour franchir les différentes étapes qu’il s’est fixées pour la transition et d’importants textes législatifs ont été adoptés », se félicite M. Ban Ki-moon.  La période couverte par le présent rapport s’est terminée sur une note positive, qui justifie un optimisme prudent, avec la signature à Addis-Abeba le 27 septembre, d’une série d’accords entre le Soudan du Sud et le Soudan portant notamment sur le pétrole, la sécurité des frontières, le commerce et les droits des ressortissants de chaque pays sur le territoire de l’autre, poursuit M. Ban.


Le Secrétaire général indique que les relations entre le Soudan du Sud et le Soudan ont donné des signes d’amélioration.  Les vols commerciaux entre Khartoum et Juba ont repris et, après la signature des accords du 27 septembre, le Soudan a annoncé la réouverture de postes frontière terrestres et fluviaux et la reprise immédiate du commerce de denrées alimentaires avec les États frontaliers.  La situation sur le plan de la sécurité le long de la frontière avec le Soudan est restée relativement stable mais tendue, fait-t-il remarquer.


Dans ses observations, le Secrétaire général indique que si les accords d’Addis-Abeba du 27 septembre sont appliqués de bonne foi par les deux pays, ils devraient permettre d’établir des relations pacifiques et mutuellement bénéfiques.


« Je demande donc aux dirigeants des deux pays de les appliquer pleinement et de régler rapidement les questions encore en suspens », affirme M. Ban.  La reprise de la production de pétrole et la stabilisation des relations avec le Soudan contribueront à créer une économie stable.


Tout en notant une réduction sensible d’incidents armés par rapport à la même période en 2011, M. Ban estime que les risques d’une nouvelle escalade de la violence, dans l’État de Jongleï en particulier, sont encore très élevés.  « Je reste préoccupé par les activités des milices rebelles qui continuent d’entraver les efforts de stabilisation de la nouvelle nation, et en particulier dans l’État de Jongleï », précise-t-il. 


« La capacité de la MINUSS à transporter, déployer et appuyer des soldats dans des zones sensibles face à des menaces à l’égard de la population civile reste limitée par le manque persistant d’hélicoptères militaires de transport », déplore  M. Ban.  En outre, il regrette profondément la décision unilatérale du gouvernement d’expulser un spécialiste des droits de l’homme de la MINUSS, sans motif et en violation flagrante de la Charte des Nations Unies. « J’espère que cette expulsion n’est pas le signe d’une détérioration des bonnes relations actuelles entre le Gouvernement du Soudan du Sud et l’Organisation », s’inquiète M. Ban avant de conclure son rapport.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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