Conseil de sécurité: exposés des Chefs du maintien de la paix et de l’appui aux missions sur l’amélioration des stratégies pour l’instauration d’une paix durable
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Conseil de sécurité
6740e séance – matin
Conseil de sÉcuritÉ: EXPOSÉS DES chefS du maintien de la paix ET DE L’APPUI AUX MISSIONS
SUR L’AMÉLIORATION DES STRATÉGIES POUR L’INSTAURATION D’UNE PAIX DURABLE
Le chemin qui mène vers la paix durable après un conflit passe par « une révision et un ajustement périodique » de l’engagement de l’ONU afin de l’adapter aux évolutions des réalités prévalant sur le terrain, a expliqué, ce matin, aux membres du Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous.
M. Ladsous et Mme Susana Malcorra, la Secrétaire générale adjointe chargée du Département de l’appui aux missions étaient invités à prendre une part active aux travaux du Conseil en faisant chacun un exposé à ses membres dans le cadre d’une réunion d’information sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Mme Malcorra et M. Ladsous ont chacun détaillé les défis auxquels demeurent confrontées la direction politique et exécutive des opérations de maintien de la paix, ainsi que la structure chargée de fournir un appui aux missions une fois déployées sur le terrain.
« Lorsque le Conseil de sécurité donne un mandat à une opération de maintien de la paix, ce n’est pas seulement pour aider à la restauration de la stabilité du pays et parvenir à la paix, c’est aussi pour y contribuer à la construction et l’instauration d’une paix durable », a rappelé M. Ladsous.
Parler du rôle des Casques bleus ne signifie donc pas forcément élargir le concept même du maintien de la paix ou ajouter de nouvelles tâches aux mandats qui sont initialement donnés aux missions, a-t-il indiqué, en notant qu’il s’agit plutôt de « tirer le meilleur parti des tâches qui leur sont déjà assignées ».
Il a rappelé qu’au fil du temps, ces tâches étaient devenues de plus en plus complexes, mais qu’elles demeuraient axées sur deux priorités: le soutien à la sécurité de base, d’une part, et d’autre part, le soutien au processus politique.
De son côté, Mme Malcorra a mis dans son intervention l’accent sur la flexibilité et la souplesse dont devait faire preuve le Département qu’elle dirige dans l’exécution des tâches d’appui aux opérations déployées sur le terrain. Elle a souligné l’impact socioéconomique qu’ont sur les pays et zones où elles sont déployées les opérations de maintien de la paix qui, selon leur taille ou leur ampleur, peuvent être créatrices d’emploi et aider le redressement de l’économie locale.
Au cours de leurs exposés, les deux officiels onusiens ont plaidé en faveur de la mise en œuvre de politiques promouvant la cohérence et la coordination entre les actions des différents acteurs du maintien de la paix au sein du système des Nations Unies, ainsi que pour l’établissement et le renforcement de partenariats avec les acteurs non onusiens intervenant eux aussi sur le terrain.
OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES
Exposés
M. HervÉ Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a présenté, ce matin, un exposé au Conseil de sécurité sur certains aspects du maintien de la paix, notamment le rétablissement et les périodes de transition entre la fin des conflits, la construction de la paix, sa consolidation et la reconstruction. M. Ladsous a rappelé aux membres du Conseil que les Casques bleus étaient perçus comme les garants du bon déroulement de la transition qui a lieu durant la période fragile allant de la fin du conflit à l’établissement de la paix. Lorsque le Conseil de sécurité donne un mandat à une opération de maintien de la paix, ce n’est pas seulement pour aider à la restauration de la stabilité du pays et parvenir à la paix, c’est aussi pour contribuer à la construction d’une paix durable, a dit le Secrétaire général adjoint. Dès lors, a-t-il ajouté, parler du rôle des Casques bleus dans la construction de la paix ne signifie donc pas forcément élargir le concept même du maintien de la paix ou ajouter de nouvelles tâches aux mandats qui sont initialement donnés aux missions. Il s’agit plutôt de tirer le meilleur parti des tâches qui leur sont déjà assignées, a précisé M. Ladsous. Au fil du temps, les tâches à accomplir sont devenues de plus en plus complexes, mais elles demeurent axées sur deux priorités: le soutien à la sécurité de base, d’une part, et d’autre part, le soutien au processus politique.
M. Ladsous a ensuite expliqué que, dans leurs efforts en vue de clarifier le rôle des Casques bleus dans la construction de la paix vis-à-vis d’autres acteurs, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Département de l’appui aux missions (DAM) avaient élaboré un document conjoint qui explique que les opérations de maintien de la paix ont trois fonctions dans la construction de la paix. Elles aident tout d’abord les gouvernements à articuler des priorités, en soutenant l’atteinte d’un consensus entre les différentes parties nationales et la communauté internationale. Les opérations de maintien de la paix rendent ensuite capables d’autres acteurs nationaux et internationaux de conduire des activités de renforcement de la paix en leur fournissant un « parapluie » de sécurité, ainsi qu’un espace de soutien logistique et politique leur permettant de développer des efforts de réconciliation et de reconstruction économique. Enfin, concernant la troisième fonction des opérations de maintien de la paix, M. Ladsous a expliqué qu’elles mettaient parfois rapidement elles-mêmes en œuvre des activités visant à rétablir la paix en apportant un soutien aux processus politiques, à la réforme du secteur de la sécurité ou à des tâches de renforcement des capacités dans certains domaines, ceci avec l’aide d’autres partenaires.
« Bien que nous ayons développé une meilleure compréhension de ce qu’implique la construction de la paix et du rôle qui nous incombe à cet égard, le vrai défi à relever est celui de trouver des réponses à la question que pose la construction de la paix. Comment faut-il s’y prendre? ». Le Secrétaire général adjoint a noté qu’après des années d’engagement dans des pays comme le Libéria, la Sierra Leone, la République démocratique du Congo, le Timor-Leste ou Haïti -et malgré des progrès « considérables et indéniables réalisés » sur le terrain-, les institutions nationales de ces pays demeurent fragiles.
M. Ladsous a ensuite estimé que, pour maximiser la contribution des Nations Unies à la construction de la paix, et en particulier celle des Casques bleus, trois éléments demeuraient critiques. Il a tout d’abord mis l’accent sur la nécessité d’identifier les priorités spécifiques de chaque pays accueillant une opération de maintien de la paix et celles de sa population et, ensuite, d’y répondre. Il a aussi insisté sur la nécessité de clarifier les rôles et les responsabilités des différents acteurs onusiens, et il a souligné la nécessité d’accroître les partenariats avec les acteurs non onusiens intervenant eux aussi sur le terrain. Enfin, il a estimé qu’une révision et un ajustement périodique de l’engagement de l’ONU devaient être réalisés afin d’adapter au mieux les efforts de l’Organisation à l’évolution de la situation sur le terrain.
Mettant également l’accent sur la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de parvenir à l’instauration d’une paix durable, Mme SusanA Malcorra, Secrétaire générale adjointe chargée du Département de l’appui aux missions, a expliqué que fournir une réponse efficace aux besoins de construction et de consolidation de la paix dans des pays qui sortent d’un conflit exige du système d’appui et de soutien aux missions la même flexibilité et la même souplesse que celles dont il fait preuve pour aider et appuyer l’exécution des autres tâches relevant des mandats donnés aux missions de maintien de la paix opérant sur le terrain. Mme Malcorra a notamment insisté sur l’impact socioéconomique que peuvent avoir les missions de maintien de la paix opérant dans un pays hôte, selon l’ampleur et l’étendue spatiale et temporelle de leurs déploiements. À cet égard, elle a notamment cité les créations d’emplois ou l’attribution de marchés que génèrent les activités menées par les missions. Mme Malcorra a aussi expliqué que cet impact pouvait être négatif en créant, par exemple, des distorsions au sein du marché local de l’emploi ou en causant des dégradations à l’environnement du pays d’accueil de la mission.
La Secrétaire générale adjointe a ensuite détaillé l’impact macroéconomique positif qu’ont les missions multidimensionnelles dans les pays où elles sont déployées. Étant donné que l’acquisition de denrées locales s’avère parfois difficile, le DAM s’efforce malgré tout de mettre en place des mécanismes qui favorisent les acquisitions aux niveaux local et régional, qui peuvent être une source d’activités et de développement pour le secteur privé local, a indiqué Mme Malcorra. Elle a également souligné les efforts qui ont aussi été déployés en matière de résorption du chômage dans le pays d’accueil, en citant à titre d’exemple ce qui a été fait en la matière par la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).
Dans ce pays, un niveau élevé de sous-emploi et une croissance économique trop faible rendaient difficile pour la jeunesse et la population affectées par la guerre de trouver des opportunités de travail et d’avoir des revenus légaux, a-t-elle expliqué. Pour y faire face, la MINUL et ses partenaires –dont la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ainsi que le Ministère libérien des travaux publics- ont conçu des projets de construction d’infrastructures et de routes à haute intensité de main-d’œuvre. Ces projets ont été concentrés dans des communautés vulnérables et proches des gisements de ressources naturelles, a-t-elle précisé. La mise en œuvre de ces projets a permis de créer 75 000 emplois. Six cents kilomètres de routes principales ont été réhabilités, ainsi que 300 kilomètres de routes secondaires, et cela a permis de générer près de 6 millions de dollars de revenus pour les communautés locales. En outre, Mme Malcorra a souligné qu’une évaluation d’impact indépendante de ces projets avait établi que la situation sécuritaire s’était améliorée dans les zones situées le long des routes réhabilitées. Par ailleurs, les revenus dégagés par les communautés avoisinantes ont été réinvestis dans des projets à long terme comme l’éducation et le logement, « c’est-à-dire des projets pour bâtir la paix », a ajouté la Secrétaire générale adjointe.
Mme Malcorra a ensuite rappelé que la fin d’une mission de maintien de la paix pouvait coïncider avec le déploiement d’une autre, comme ce fut le cas au Burundi et en Sierra Leone. Dans ces cas, elle a souligné qu’il convenait de préparer des plans de contingence pour jeter les bases d’un soutien et d’un suivi adéquats et permettant de maintenir les acquis atteints par les activités menées par une mission qui arrive à la fin de son mandat, de manière à assurer la durabilité de la paix qui a été établie grâce à elle. « Les transitions ne peuvent réussir que si elles sont bien préparées et bien exécutées », a-t-elle rappelé. Il s’agit de travailler avec le pays hôte sur deux aspects essentiels: le retrait de la mission et la préparation des ressources nationales, des capacités et des budgets, qui doivent prendre la relève. Ceci permet d’atténuer les impacts négatifs au plan de la logistique et des infrastructures, et cela permet aussi de mener à bien le renforcement des capacités nationales et de rationnaliser les coûts au niveau de l’ONU, a souligné Susana Malcorra.
Mme Malcorra a aussi mis l’accent sur la nécessité d’impliquer les personnels nationaux afin qu’ils puissent eux-mêmes prendre en charge le développement de leur pays, la consolidation de la paix et le renforcement des institutions ou y contribuer. Elle a rappelé que l’appropriation nationale était à la base de tout ce processus et que l’appui international devait être orienté dans ce sens. En guise de conclusion, elle a souligné que le Département de l’appui aux missions comptait sur le Conseil de sécurité pour assurer une réponse cohérente, coordonnée et durable aux défis complexes auxquels il doit faire face dans la construction de la paix avant, pendant et après le départ des missions.
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