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CS/10536

Le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution condamnant les violences en Syrie

04/02/2012
Conseil de sécuritéCS/10536
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6711e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ REJETTE UN PROJET DE RÉSOLUTION CONDAMNANT LES VIOLENCES EN SYRIE


La Fédération de Russie et la Chine ont exercé leur droit de veto


Le Conseil de sécurité a, ce matin, en raison d’un double veto de deux de ses membres permanents, la Fédération de Russie et la Chine, rejeté un projet de résolution* condamnant « toutes les violences » en Syrie et exigeant du Gouvernement syrien « qu’il mette fin immédiatement à toutes les violations des droits de l’homme ». 


Ce texte, qui avait recueilli 13 voix favorables, demandait également que soit « engagé un processus politique dirigé par les Syriens, sans aucune exclusive » et soutenait « sans réserve » la décision de la Ligue des États arabes du 22 janvier 2012 de « faciliter la transition politique syrienne à un régime politique démocratique et pluraliste ». 


Le projet de résolution appelait en outre les autorités syriennes à « coopérer pleinement avec la mission d’observation de la Ligue des États arabes ».


Le 4 octobre dernier, la Chine et la Fédération de Russie avaient déjà eu recours à leur droit de veto, empêchant ainsi l’adoption d’un projet de résolution qui exigeait des autorités syriennes qu’elles cessent de faire usage de la force contre la population civile et permettent le plein exercice des droits de l’homme et des libertés fondamentales par l’ensemble de la population.  L’Inde, le Liban, l’Afrique du Sud et le Brésil s’étaient alors abstenus.


Le délégué syrien s’est dit préoccupé et attristé devant la hâte avec laquelle certaines parties, « dont on connaît les objectifs concernant la question palestinienne », ont saisi la communauté internationale sur la situation en Syrie.  Il a en outre assuré que les actes commis ce matin à Homs étaient l’œuvre de groupes financés et équipés de l’extérieur et qu’ils visaient à influencer la décision des membres du Conseil.


Ce texte « ne reflète pas, de façon adéquate, la réalité de la situation en Syrie » et envoie un « message déséquilibré aux parties syriennes », a déclaré le représentant de la Fédération de Russie, qui a regretté que les propositions présentées par son pays, visant à mettre l’accent sur la cessation des activités des groupes armés de l’opposition, n’eussent pas été prises en compte. 


Le délégué a également annoncé que le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, se rendrait à Damas le 7 février afin d’y rencontrer le Président syrien Bashar Al-Assad.


Son homologue chinois, qui a estimé que la souveraineté et l’intégrité territoriales de la Syrie devaient être pleinement respectées, a, quant à lui, fait observer que des pressions exercées sur le pouvoir syrien ne seraient pas de nature à régler la crise, mais ne feraient, au contraire, que la compliquer.


Lors de la discussion, en présence du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe, plusieurs pays se sont dits « déçus », comme le Maroc; « attristés », comme la France; « scandalisés », comme les Etats-Unis; ou « consternés », comme le Royaume-Uni; par ce double veto de la Fédération de Russie et de la Chine.


Le délégué du Maroc, dont le pays avait présenté le texte aux autres membres du Conseil il y a trois jours, a émis l’espoir que ce rejet ne devienne pas un « prétexte pour un dérapage plus dangereux de la situation en Syrie » et ne contribue pas à augmenter le nombre des victimes civiles innocentes.  « La feuille de route de la Ligue des États arabes reste un outil unique et un cadre exemplaire qu’il convient d’activer », a-t-il ajouté.


« C’est un triste jour pour ce Conseil, c’est un triste jour pour les Syriens », a déploré le représentant de la France, en ajoutant qu’« aujourd’hui se trouve être le jour anniversaire du massacre de Hama et le lendemain d’un autre massacre ignoble commis à Homs ».  Il a jugé « accablant » le constat selon lequel « deux membres permanents du Conseil de sécurité font une obstruction systématique à toute action », et ce, « en pleine connaissance des conséquences tragiques qu’emportent leurs décisions sur le peuple syrien, se rendant par là complices de la politique de répression du régime de Damas ».


« Le peuple syrien courageux peut désormais savoir qui, au sein du Conseil, est favorable aux droits de l’homme et qui ne l’est pas », a fait remarquer la représentante des États-Unis.  « Toute nouvelle effusion de sang sera sur les mains de ces deux membres du Conseil de sécurité », a-t-elle poursuivi.   


L’Afrique du Sud a jugé indispensable que le peuple syrien décide de son propre sort et a appelé toutes les parties syriennes à trouver elles-mêmes une solution sans ingérence extérieure, en souhaitant, comme l’Inde, que soient préservées l’intégrité et la souveraineté nationales de la Syrie


Le Pakistan a posé, quant à lui, la question de l’utilisation du droit de veto.  « Soit tous les membres du Conseil de sécurité bénéficient du droit de veto, soit ceux qui en sont dotés doivent y renoncer », a-t-il estimé.


* S/2012/77



LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT


Déclarations


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a exprimé son grand regret et sa grande déception devant le fait que le Conseil de sécurité n’a pas pu adopter le projet de résolution, distribué il y a trois jours.  Le représentant a émis l’espoir que ce rejet ne devienne pas un prétexte pour un dérapage plus dangereux de la situation en Syrie et ne contribue pas à augmenter le nombre des victimes civiles innocentes.


Rappelant l’initiative de la Ligue des États arabes visant à parvenir à une solution pacifique, l’Ambassadeur Loulichki a affirmé que son pays avait déployé des efforts continus pour tenter d’obtenir un consensus devant permettre au Conseil de sécurité de parler d’une seule voix, après presqu’un an de crise en Syrie.  M. Loulichki a mis l’accent sur la nécessité de demander un arrêt immédiat de toutes les hostilités, d’encourager un dialogue politique pour permettre au peuple syrien d’établir ses institutions politiques nationales, de préserver l’intégrité territoriale et le tissu social syrien, et d’éloigner toute intervention militaire extérieure.  Malgré ce rejet, la feuille de route de la Ligue des États arabes reste un outil unique et un cadre exemplaire qu’il convient d’activer. 


M. GÉRARD ARAUD (France) s’est dit très attristé par ce nouveau double veto que « la Chine et la Fédération de Russie » ont exercé contre un projet de résolution soutenu par tous les autres membres du Conseil de sécurité.  Il a dit qu’il s’agissait d’un triste jour pour les Syriens, pour le Conseil et pour tous les amis de la démocratie, en rappelant que les membres du Conseil discutaient déjà de la Syrie depuis 10 mois.  L’histoire vient ajouter à notre honte, puisqu’aujourd’hui se trouve être le jour anniversaire du massacre de Hama et le lendemain d’un autre massacre ignoble commis à Homs.  Le père tuait allègrement, le fils en fait autant, a-t-il tenu à faire remarquer.  L’horreur est héréditaire à Damas, a jugé le représentant de la France.  Alors que plus de 6 000 Syriens sont déjà tombés et qu’il semble aujourd’hui impossible de dénombrer le nombre des victimes de la répression, le Secrétaire général des Nations Unies n’a cessé d’appeler le Conseil de sécurité à agir pour mettre fin aux crimes contre l’humanité commis en Syrie.  Le représentant de la France a rappelé que 133 États Membres de l’Assemblé générale ont solennellement condamné ces agissements criminels et ont appelé à y mettre fin sans délai, en regrettant cependant le silence du Conseil de sécurité. 


Alors que la Ligue des États arabes a, il y a trois jours seulement, appelé le Conseil de sécurité à soutenir son action face à la surdité du régime syrien et au risque que cette surdité fait courir à la région tout entière, l’Ambassadeur Araud a jugé « accablant » le constat selon lequel « deux membres permanents font une obstruction systématique à toute action du Conseil de sécurité, et ce, en pleine connaissance des conséquences tragiques qu’emportent leurs décisions sur le peuple syrien, se rendant, par là, complices de la politique de répression du régime de Damas ».  Ils ont pris le parti du régime de Damas contre le peuple syrien, quoiqu’ils disent, a insisté M. Araud.


« On nous accuse de chercher à renverser un régime, de préparer une intervention militaire, c’est évidemment faux », a précisé M. Araud, en ajoutant que les délégations avaient abondamment répondu à ces inquiétudes.  Il a fustigé des tergiversations et manœuvres qui ne sont pas à la hauteur du drame vécu par le peuple syrien.  Il a insisté que l’histoire jugera sévèrement ceux qui ont empêché le Conseil d’apporter un soutien aux efforts de la Ligue des États arabes, en s’alignant sans scrupule sur un régime qui massacre son peuple.  « Nous ne nous arrêterons pas là », a prévenu M. Araud en estimant que « nous n’avons pas le droit d’abandonner le peuple syrien à son sort tragique ».  Il a assuré que la France continuera à travailler pour faire cesser le cauchemar syrien.  « Nous continuerons à travailler avec la Ligue des États arabes dont le plan reste sur la table même s’il n’a pas été endossé par le Conseil, nous continuerons à appuyer l’opposition syrienne pacifique qui s’efforce de se rassembler autour du Conseil national syrien et nous continuerons à accroître la pression en imposant de nouvelles sanctions, par le biais de l’Union européenne », a insisté M. Araud.  « Mon dernier mot sera pour le peuple syrien », a conclu M. Araud avant d’adresser au peuple syrien tout le soutien de la France et sa détermination à poursuivre sans relâche son action. 


M. PETER WITTIG (Allemagne) a regretté que deux membres permanents aient opposé leur veto à un projet de résolution sur la Syrie, après près de 11 mois de répression brutale du régime syrien, alors que nous dénombrons plus de 5 500 morts, dont 400 enfants.  Le peuple syrien a été abandonné une fois encore et c’est une honte, a dit le représentant de l’Allemagne, en rappelant qu’hier un nouveau massacre était commis à Homs et qu’aujourd’hui marquait le trentième anniversaire du massacre de Hama.  Il a appelé tous les membres du Conseil de sécurité à entreprendre tous les efforts nécessaires pour mettre fin à une violation flagrante et systématique des droits de l’homme en Syrie.  Il a rappelé que le 19 décembre dernier, le Gouvernement syrien avait pourtant accepté les principes d’un retrait des forces armées et d’un accès sans entraves pour les observateurs et journalistes. 


L’Ambassadeur Wittig a fait sien l’appel remarquable, lancé par la Ligue des États arabes la semaine dernière, qui demandait au Conseil de sécurité de ne pas abandonner le peuple syrien.  Il a indiqué que le nouveau projet de résolution dont est saisi aujourd’hui le Conseil de sécurité n’envisageait ni embargo sur les armes, ni des sanctions, ni même la requête d’une commission d’enquête sur les crimes commis et encore moins un changement de régime.  Malgré toutes ces concessions, ce texte n’a pu être adopté alors qu’il invitait simplement le peuple syrien à décider lui-même de son avenir politique.  Il a souhaité qu’un dialogue politique sous les auspices de la Ligue des États arabes sera établi.  M. Wittig a assuré que l’Allemagne continuera à épauler les efforts de la Ligue des États arabes, mais aussi à contribuer à éliminer les divergences au sein du Conseil de sécurité.  


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a affirmé les États-Unis étaient « scandalisés de voir que quelques membres du Conseil continuent de nous empêcher de nous acquitter de notre rôle », celui d’empêcher une menace croissante à la paix et à la sécurité.  Depuis des mois, a-t-elle dit, le Conseil de sécurité est l’otage de deux membres qui défendent des intérêts individuels et une argumentation vide de sens pour s’opposer à tout texte qui obligerait le Président syrien Bashar Al-Assad à arrêter les violences.  « C’est tout à fait honteux », a-t-elle déclaré, en précisant que l’un des deux membres continuait de fournir des armes au régime d’Al-Assad.  Le texte appuyait simplement un plan de la Ligue des États arabes que Bashar Al-Assad avait lui-même accepté de soutenir, a-t-elle tenu à rappeler.


La représentante des États-Unis a jugé « impardonnable » la position exprimée par les deux membres du Conseil de sécurité.  Depuis hier, a-t-elle dit, le Gouvernement syrien intensifie une campagne épouvantable à Homs, tuant des femmes et des enfants en recourant à l’artillerie lourde.  La communauté internationale n’a pas protégé la population syrienne contre ces violences, car quelques membres du Conseil continuent de maintenir leur position.  Les États-Unis sont aux côtés du peuple syrien, a-t-elle assuré.  Le peuple syrien courageux peut désormais savoir qui, au sein du Conseil, est favorable aux droits de l’homme et qui ne l’est pas, a-t-elle fait remarquer.  Toute nouvelle effusion de sang sera sur les mains de ces deux membres du Conseil de sécurité, a également déclaré Mme Rice, en concluant: « Nous devons renverser le cours des choses ». 


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a demandé combien de temps le Conseil de sécurité permettra encore à la machine à tuer syrienne de fonctionner.  Il a souhaité l’avènement d’une transition politique qui permette au peuple syrien d’accéder à la démocratie.  « Un processus de transition démocratique porté par le peuple syrien, voilà ce qui n’a pas été accepté aujourd’hui », a regretté le représentant du Portugal, qui a jugé décevant et inacceptable le veto exercé aujourd’hui face à la situation intenable qui prévaut en Syrie.  Il ne s’agit pas de parvenir à un changement de régime, ni à imposer des sanctions, mais de mettre un terme immédiatement aux violences par le biais d’un processus de dialogue qui donne au peuple syrien les moyens de décider de son avenir, a insisté le représentant du Portugal  


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est déclaré « consterné » par le veto opposé par deux membres permanents du Conseil de sécurité.  Rappelant que les violences avaient déjà fait plus de 6 000 morts en Syrie, le représentant britannique a demandé: « Combien de morts doivent supporter ceux qui ont exercé leur droit de veto avant d’avoir une position modérée? »  Rien dans ce texte ne pouvait déclencher un veto, a-t-il estimé.  La Fédération de Russie et la Chine ont fait le choix aujourd’hui de tourner le dos au monde arabe et aux aspirations légitimes du peuple syrien, a-t-il ajouté.  Il s’agit, a-t-il estimé, d’un jour de honte face aux tueries en Syrie, et a assuré que son pays continuera de soutenir les efforts de la Ligue des États arabes et de se tenir aux côtés du peuple syrien. 


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a regretté que le Gouvernement syrien n’ait répondu aux attentes de la communauté internationale qu’en encourageant l’escalade de la violence et en bafouant tous les droits de ses citoyens.  La Colombie a appuyé ce projet de résolution pour réagir favorablement à la demande présentée par la Ligue des États arabes et aussi parce qu’elle est convaincue qu’il faut sauver le peuple syrien de la tragédie qu’il vit.  


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a rappelé que la position de son pays avait été expliquée au Conseil de sécurité, mardi dernier, par le Ministre des affaires étrangères du Guatemala.  « Notre objectif primordial est de mettre un terme à la spirale de la violence en trouvant une solution politique à la crise syrienne », a-t-il dit.  Le représentant a précisé que la délégation du Guatemala avait appuyé un projet de résolution parce qu’elle appuie les dispositions prises par la Ligue des États arabes.  Le représentant a regretté cependant que le vote d’aujourd’hui avait été inutile en raison du système de vote si particulier en vigueur au sein du Conseil de sécurité.  Il a regretté que les préoccupations des victimes des violations, mais aussi la capacité de Conseil de sécurité de se montrer à la hauteur des défis qu’il doit relever, soient mises à mal par ce système de vote et le double veto exercé aujourd’hui.  Il a également profondément regretté que le Conseil de sécurité ait déçu les attentes de la Ligue des États arabes, tout en encourageant cette organisation régionale à poursuivre ses efforts pour trouver une solution à la crise syrienne.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a affirmé que les troubles qui persistent en Syrie ont une incidence sur la paix et la sécurité dans la région.  Il a souligné que son pays avait appelé à un processus de paix permettant de répondre aux aspirations de toute la population syrienne.  L’Inde condamne, a-t-il dit, toutes les violences, quels qu’en soient leurs auteurs et toutes les violations des droits de l’homme.  C’est aux Syriens eux-mêmes de trouver une solution à la crise, le Conseil de sécurité devant favoriser le dialogue entre le Gouvernement syrien et la population, tout en respectant la souveraineté et l’intégrité territoriales du pays, a-t-il estimé.  Le représentant de l’Inde a également mis l’accent sur le rôle de la Ligue des États arabes en vue de trouver une solution pacifique à la crise.  C’est au peuple syrien de trancher, a-t-il insisté, en appelant à un dialogue constructif avec les autorités.  


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie), affirmant que son pays souhaitait la fin des violences en Syrie, a mis l’accent sur les efforts diplomatiques déployés par son pays dans ce sens.  Illustrant son propos, il a indiqué que le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, accompagné du Directeur du renseignement extérieur, se rendront à Damas le 7 février pour rencontrer le Président Bashar Al-Assad.  « Au sein du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, nous avons travaillé pour une solution objective qui conduirait à un processus politique.  Le représentant a estimé que certains membres influents du Conseil de sécurité ont dès le début de la crise sapé toutes les opportunités de résolution de ce conflit, en appelant à un changement de régime et en nourrissant le recours à des méthodes armées. 


L’Ambassadeur Churkin a indiqué que la Fédération de Russie s’était opposée à ce projet de résolution car il ne reflétait pas, de façon adéquate, la réalité de la situation en Syrie et parce qu’il envoie un message déséquilibré aux parties syriennes.  Il a regretté que ce texte n’appelle pas l’opposition syrienne à se dissocier des éléments extrémistes, qui sont auteurs de violences.  Il a regretté que les propositions présentées par la Fédération de Russie, visant à mettre l’accent sur la cessation des activités des groupes armés de l’opposition, n’aient pas été prises en compte.  C’est pourquoi la Fédération de Russie a voté contre ce projet de résolution.  M. Churkin a émis l’espoir que les efforts intensifs de la communauté internationale pour parvenir à un processus politique incluant tous les Syriens nous permettront de sortir de cette impasse.


M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que son pays, qui suit l’évolution de la situation en Syrie depuis le début de la crise, avait voté contre le projet de texte.  La Chine, a-t-il dit, soutient les efforts de la Ligue des États arabes en vue de régler la crise syrienne.  La communauté internationale devrait fournir une assistance constructive à la réalisation de ces objectifs, mais, en même temps, la souveraineté et l’intégrité territoriales de la Syrie doivent être pleinement respectées.  Le représentant de la Chine a estimé que des pressions exercées sur le pouvoir syrien ne seraient pas de nature à régler la crise, mais ne feraient, au contraire, que la compliquer.


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) s’est dit préoccupé par l’assassinat de civils innocents, tout en insistant sur le respect de la Charte des Nations Unies.  Le Pakistan salue l’initiative de la Ligue des États arabes pour son initiative, a-t-il dit.  Le représentant a mis l’accent sur la question de l’amnistie et a estimé que toutes les parties devraient s’employer à mettre fin aux massacres.  Il a souligné l’importance de continuer à rechercher une solution, en rappelant que la Ligue des États arabes était la mieux placée à cet égard.  Le représentant a également posé la question de l’utilisation du droit de veto. « Soit tous les membres du Conseil de sécurité bénéficient du droit de veto, soit ceux qui en sont dotés doivent y renoncer », a-t-il estimé.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) s’est inquiété de la détérioration de la situation humanitaire en Syrie, en appelant toutes les parties à cesser la violence et à s’engager en faveur du processus politique incluant toutes les parties.  C’est à travers la démocratie, les réformes politiques et le développement économique et social que nous parviendrons à la stabilité.  Il a regretté l’insuffisance des réformes promises par le Gouvernement syrien, avant d’appuyer les initiatives de la Ligue des États arabes.  Il a jugé indispensable que le peuple syrien décide de son propre sort.  Il a appelé toutes les parties syriennes à trouver elles-mêmes une solution sans ingérence extérieure, en souhaitant que soient préservées l’intégrité et la souveraineté nationales de la Syrie.  Il a prévenu que le Moyen-Orient ne pouvait pas se permettre de voir une Syrie affaiblie, tout en saluant le projet de résolution présenté aujourd’hui, lequel, a-t-il rappelé, avait pour objectif d’encourager un dialogue politique. 


M. AGSHIN MEHDIYEV  (Azerbaïdjan) s’est dit très préoccupé par la poursuite de la crise, malgré les appels répétés de la communauté internationale.  Il a soutenu les efforts de la Ligue des États arabes pour surmonter la crise par le biais de moyens pacifiques.  Le représentant de l’Azerbaïdjan s’est félicité d’un projet de résolution insistant que ce n’est qu’à travers un processus politique initié par les Syriens et associant toutes les parties syriennes qu’un dialogue sera possible sans ingérence extérieure.  Son pays, a-t-il assuré, souhaite continuer à encourager le dialogue pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien. 


M. KODJO MENAN (Togo) a indiqué que son pays avait appuyé ce projet de résolution, car il appelle à l’avènement d’un processus politique démocratique, inclusif et transparent.  Il a regretté que le Conseil de sécurité ait échoué une nouvelle fois à se prononcer sur un texte sur la Syrie.  Il a regretté que le peuple syrien continue à souffrir et à enterrer ses morts au moment où notre Conseil de sécurité se montre impassible. 


M. BASHAR JA’AFARI  (République arabe syrienne) a estimé que la hâte avec laquelle certaines parties, dont on connaît les objectifs concernant la question palestinienne, ont saisi la communauté internationale sur la situation en Syrie, était une source de préoccupation et de grande tristesse.  N’est-il pas étrange, s’est-il interrogé, que le Conseil de sécurité ait adopté, depuis 1945 et jusqu’en 1988, 690 résolutions et, au cours des 20 années suivantes, trois fois plus de textes?  Ceci indique, a-t-il expliqué, que le monde actuel est moins sûr, moins juste, moins équitable et que les dispositions de la Charte des Nations Unies sont gravement menacées.  Est-ce qu’une personne sensible peut véritablement croire que le Gouvernement commettrait des massacres le jour où le Conseil de sécurité se réunit pour examiner la situation dans son pays? a-t-il demandé.


Les actes perpétrés aujourd’hui en Syrie, qui ont fait des victimes et causé des destructions, étaient la preuve la plus convaincante de la nature criminelle de groupes financés et équipés de l’extérieur, a-t-il dit, en ajoutant qu’ils visaient à envoyer un message erroné destiné à exercer une influence sur le Conseil de sécurité et à faire basculer les positions des « décideurs ».  Il a souligné que, depuis le début de la crise, tous les pays arabes avaient indiqué leur refus de voir s’internationaliser la crise.


L’Ambassadeur Ja’afari a affirmé que, parmi les coauteurs du projet de résolution, qui demandent à la Syrie d’être démocratique, on trouvait des États qui ont empêché des femmes d’assister à un match.  Ce texte, qui n’a pas été adopté, souligne l’importance du dialogue, a-t-il noté.  Cependant, ceux qui veulent ce dialogue, que le Gouvernement syrien souhaite également, ont refusé une participation libre et transparente, a-t-il fait remarquer. 


Il faut aider la Syrie à se reconstruire, a-t-il déclaré.  La Syrie continuera d’être attachée à la stabilité et d’être la patrie de la tolérance de tous les Syriens, a assuré le délégué.  « Tout cela se fera avec les tous les Syriens.  Les Syriens n’ont pas besoin de leçons sur la démocratie venant de l’extérieur », a-t-il insisté.  M. Ja’afari s’est demandé si le « dégoût » exprimé par la représentante des États-Unis aurait été le même face aux « 60 veto exercés dans cette même salle du Conseil de sécurité pour prévenir l’instauration de la paix dans la région du ‘Moyen-Orient’ et pour régler la question de la Palestine ». 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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