En cours au Siège de l'ONU

CS/10534

La Ligue des États arabes demande au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités pour l’aider à sortir la Syrie de la crise

31/01/2012
Conseil de sécuritéCS/10534
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6710e séance – après-midi


LA LIGUE DES ÉTATS ARABES DEMANDE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE PRENDRE

SES RESPONSABILITÉS POUR L’AIDER À SORTIR LA SYRIE DE LA CRISE


Le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Nabil Elaraby, et le Premier Ministre du Qatar, M. Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al Thani, ont demandé au Conseil de sécurité, réuni cet après-midi au niveau ministériel, d’adopter un projet de résolution, présenté par le Maroc, qui reprend les grandes lignes de la feuille de route de la Ligue visant le règlement de la crise syrienne.


« Ne laissez pas tomber le peuple syrien », a supplié M. Elaraby, après avoir présenté l’initiative arabe et le rapport de la mission effectuée par des observateurs de la Ligue en Syrie.  « La violence et les assassinats doivent cesser.  Nous avons besoin d’une résolution claire qui soutient les efforts de la Ligue. »


Ce plan d’action, a expliqué M. Al Thani, est une feuille de route qui « respecte les principes énoncés par la Charte de l’ONU » et dont le but est de trouver une solution politique et démocratique à la crise et de réaliser une transition pacifique du pouvoir. 


Il a indiqué que ce texte, avalisé par la Ligue le 22 janvier dernier, prévoyait la formation d’un gouvernement d’unité nationale dans les 15 jours et devait préparer la voie pour la tenue d’élections parlementaires et présidentielle « libres et pluralistes ».


Les deux hommes ont assuré que ce plan d’action n’appelait pas à une intervention militaire en Syrie.


De son côté, le représentant de la Syrie a regretté que la Ligue des États arabes se soit tournée vers le Conseil de sécurité pour lui demander de faire pression sur son pays et non sur Israël.  Les tentatives d’ingérence dans les affaires syriennes ne « datent pas d’hier », a-t-il déclaré, en soulignant que son gouvernement était seul responsable pour assurer la liberté et la sécurité du peuple syrien, en particulier contre toute intervention étrangère. 


Lors du débat, en présence de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Asha-Rose Migiro, plusieurs délégations, conduites par des ministres des affaires étrangères, ont exhorté le Conseil de sécurité à se prononcer en faveur du projet de résolution, lequel exige l’arrêt de la violence, un libre accès aux observateurs, aux travailleurs humanitaires et aux journalistes, et définit un processus de transition politique.


Le Ministre délégué aux affaires étrangères et de la coopération du Maroc, M. Youssef Amrani, a indiqué que l’objectif du projet de résolution présenté par son pays était d’assurer l’appui du Conseil de sécurité à la feuille de route, adoptée par la Ligue des États arabes, en vue de trouver une solution politique à la crise syrienne.


Selon la Secrétaire d’État américaine, Mme Hillary Clinton, « il n’y a qu’un choix à faire: se placer aux côtés du peuple syrien ou être les complices de la violence ».  « Il est temps pour la communauté internationale de mettre de côté ses propres divergences pour envoyer un message clair au peuple syrien », a-t-elle ajouté.


Pour son homologue français, M. Alain Juppé, « le silence du Conseil depuis des mois est scandaleux ».  « La France, a-t-il dit, appelle solennellement le Conseil à être à la hauteur de la mission que lui confie la Charte des Nations Unies, en se portant au secours d’un peuple et d’une région qui ne veulent que la paix et le respect de leur dignité. »


La Secrétaire d’État américaine et le Ministre français des affaires étrangères ont également assuré que la Syrie n’était pas la Libye.  Aucune disposition du projet de résolution ne peut être interprétée comme une autorisation au recours à la force, ont-ils estimé.  « Toute action militaire serait inappropriée, compte tenu de la complexité de la situation en Syrie », a considéré, comme eux, le chef de la diplomatie britannique, M. William Hague.


Le représentant du Pakistan a jugé que toute initiative internationale devrait se faire dans le cadre du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies.  « Nous ne demandons pas une intervention militaire, ni ne prônons un changement de régime car il revient au peuple syrien d’en décider », a-t-il dit.


Soulignant le travail diplomatique intense déployé par la Fédération de Russie avec les autorités syriennes à Damas, l’opposition syrienne et la Ligue des États arabes, son représentant, M. Vitaly Churkin, a rappelé l’invitation à des contacts informels entre les représentants du Gouvernement et l’opposition syrienne à Moscou, sans conditions préalables.  « Aujourd’hui, il est important de lancer ce dialogue pour aboutir à des accords plus précis », a-t-il fait observer.  « Le Conseil de sécurité ne peut imposer les paramètres d’un règlement politique ».  « Il n’a pas le mandat pour le faire », a-t-il ajouté.


Les actions du Conseil de sécurité doivent être conformes aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, a estimé son homologue de la Chine, qui a fait observer que l’imposition de sanctions complique souvent la situation.  Il a, lui aussi, exprimé la ferme opposition de son pays à toute intervention militaire ainsi qu’à l’imposition, depuis l’extérieur, de tout changement de régime. 



LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT


Lettre datée du 24 janvier 2012, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2012/71)


Déclarations


Cheick HAMAD BIN JASSIM BIN JABER BIN MUHAMMAD AL THANI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, intervenant en sa qualité de Président du Comité arabe ministériel sur la Syrie, a souligné que l’objectif ultime de la Ligue des États arabes était de subvenir aux intérêts de la Syrie et d’assurer la protection de la souveraineté syrienne, de son indépendance politique et de son intégrité territoriale.  Il a ensuite affirmé que la réalisation des espoirs du peuple syrien était entre les mains du Conseil de sécurité.  M. Al Thani a rappelé que le 2 novembre 2011, le Conseil de la Ligue des États arabes avait adopté une résolution qui contenait en annexe un plan d’action en vertu duquel le Gouvernement syrien s’était engagé à mettre un terme à la violence, à libérer les personnes détenues suite aux évènements actuels et à retirer la présence des militaires des villes et des quartiers résidentiels.  Le Gouvernement syrien n’a malheureusement pas respecté ses engagements et c’est pourquoi la Ligue des États arabes avait décidé de déployer une mission d’observation dans le pays dont les travaux avaient débouché sur l’adoption d’une résolution contenant un plan intégré en vue d’un règlement pacifique de la crise syrienne.  Ce plan, a-t-il assuré, est une feuille de route qui respecte les principes énoncés par la Charte de l’ONU et dont le but est de trouver une solution politique et démocratique à la crise et de réaliser une transition pacifique du pouvoir.  Il a expliqué que ce texte prévoyait la formation d’un gouvernement d’unité nationale dans les 15 jours et qu’il préparerait la voie pour la tenue d’élections parlementaires et présidentielle « libres et pluralistes ».


La Ligue des États arabes cherche à préserver l’unité et la stabilité de la Syrie, a assuré M. Al Thani, tout en accusant le Gouvernement syrien de n’avoir pas engagé les efforts nécessaires pour coopérer avec elle.  Il a regretté qu’il ait eu pour seule solution le recours à la force contre son propre peuple.  Les effusions de sang n’ont pas cessé, la machine à tuer est toujours à l’œuvre et la violence continue à s’étendre.  Quelle est la solution pour un peuple qu’on mène à l’abattoir? s’est-il interrogé.  Le Premier Ministre a ensuite fait savoir que l’idée véhiculée par le régime syrien selon laquelle certains États avaient des motivations ultérieures était sans fondement.


Le Secrétaire général de l’ONU, a poursuivi M. Al Thani, a engagé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à adopter une position unifiée vis-à-vis de cette crise.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait appuyé les initiatives arabes pour trouver des solutions aux problèmes du Darfour, du Liban, du conflit entre l’Érythrée et Djibouti ainsi qu’à Gaza.  « Nous espérons que dans ce même esprit, le Conseil de sécurité adoptera une position positive en appuyant la position arabe sur la crise syrienne », a-t-il dit.  M. Al Thani a exhorté le Conseil de sécurité à adopter une résolution « claire » qui appuie l’initiative arabe manifestée par l’adoption, le 22 janvier au Caire, de la résolution du Conseil ministériel de la Ligue des États arabes.  « Nous ne lançons pas un appel pour une intervention militaire », a-t-il souligné.  « Nous sommes partisans de l’application de pressions économiques concrètes afin que le régime syrien se rende compte qu’il est impératif de répondre aux exigences de son peuple.  Il a ajouté que la Ligue des États arabes ne cherchait pas non plus à provoquer un changement de régime car « cette décision incombe au peuple syrien ».  « Mais comme le Gouvernement syrien continue d’adopter une approche qui ignore la logique actuelle, nous ne pouvons qu’appuyer la solution rationnelle à la crise prévue dans le plan présenté au Conseil de sécurité », a souligné M. Al Thani.  C’est la seule manière, a-t-il dit, de répondre aux aspirations du peuple syrien pour la liberté et d’établir une bonne gouvernance.


M. NABIL ELARABY, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a mis l’accent sur la nécessité affirmée de concerter les efforts internationaux avec ceux déployés par les pays arabes.  Il faut, a-t-il dit, exiger la fin immédiate de la violence et mettre en œuvre la feuille de route de la Ligue des États arabes qui prévoit une solution pacifique à la crise.  La situation en matière de sécurité est de plus en plus grave et de plus en plus urgente, a-t-il déclaré.  Le Conseil de sécurité doit adopter une résolution qui exige de toutes les parties de cesser immédiatement les tirs, de protéger les Syriens et de prévoir une solution permettant de sortir de la crise.


Le Secrétaire général a rappelé que l’initiative de la Ligue des États arabes du 22 janvier insistait sur le refus de toute intervention étrangère militaire.  Toutes les résolutions de la Ligue des États arabes ont toujours souligné le plein respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité du peuple syrien.  Le plan arabe, a-t-il expliqué, est le mécanisme essentiel qui permet de régler la crise syrienne avec le soutien de la communauté internationale.  Il préconise une action immédiate en vue de la cessation des actes de violence et les assassinats commis contre le peuple syrien, tout en permettant au peuple de s’exprimer de façon pacifique.  Il représente, a-t-il ajouté, une feuille de route devant mener au règlement pacifique de la crise. 


Le Secrétaire général a rappelé que le Gouvernement syrien s’était, dans un premier temps, engagé à accepter le plan arabe.  La Ligue des États arabes avait ainsi mis sur pied un protocole constituant un contexte juridique dans lequel a évolué la mission d’observation.  M. Elaraby a ensuite présenté brièvement le rapport de cette mission d’observation.  Le Gouvernement syrien aurait dû s’acquitter de tous ses engagements avant l’arrivée des observateurs dont le rôle était de vérifier la mise en œuvre du plan, a-t-il poursuivi.  M. Elaraby a reconnu que la tâche de la mission était difficile.  Jamais par le passé, a-t-il dit, une équipe d’observateurs civils arabes n’avait été envoyée dans un État où se déroulent des manifestations demandant le renversement du régime et lesquelles sont réprimées. 


Le Secrétaire général a indiqué que la résolution du Conseil ministériel de la Ligue des États arabes adoptée le 22 janvier demandait notamment une cessation immédiate des violences, la libération des détenus, le retrait de tous les éléments armés des centres urbains, et le respect du droit à des manifestations pacifiques.  Elle invite les partis d’opposition à entamer un dialogue en vue de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et de la tenue d’élections libres et pluralistes.  Cette feuille de route ne peut nullement être interprétée comme demandant au Président syrien de renoncer au pouvoir, a-t-il insisté.


Le soutien de la communauté internationale au plan arabe est un aspect fondamental en vue d’en assurer le succès, a-t-il fait observer.  La Ligue attend avec intérêt une résolution du Conseil de sécurité qui exige la cessation immédiate des violences, demande à toutes les parties de participer à un dialogue sérieux sous l’égide de la Ligue des États arabes.  Il a souligné l’importance d’une coopération rapide des Nations Unies avec des organisations pertinentes,

telle la Ligue des États arabes.  « Ne laissez pas tomber le peuple syrien », a-t-il supplié les membres du Conseil de sécurité.  « La violence et les assassinats doivent cesser.  Nous avons besoin d’une résolution claire qui soutient les efforts de la Ligue », a conclu M. Elaraby.


M. BASHAR JA’AFARI  (République arabe syrienne) a indiqué que son pays connaissait une période de transition difficile et a estimé que le peuple syrien devrait suivre la voie de la sagesse et se laisser guider par sa fibre patriotique.  Damas connaît l’odeur du jasmin et non pas celui du sang, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, la Syrie rejette toute intervention étrangère, en assurant que le patriotisme syrien unifierait le peuple syrien contre les attaques.  Il a par ailleurs affirmé que la Syrie était en mesure de tenir un dialogue national pour accélérer l’adoption des réformes de manière à répondre aux aspirations légitimes du peuple.  Le représentant syrien a regretté que la Ligue des États arabes se soit tournée vers le Conseil de sécurité pour l’exhorter à faire pression sur la Syrie et non pas sur Israël.  Il a par ailleurs affirmé que la Syrie ne voulait dépendre de personne et qu’elle cherchait à garantir sa souveraineté tout en répondant aux intérêts de son peuple.  Le représentant s’est également interrogé sur l’objectif visant à obliger des dirigeants qui jouissent du plein soutien de leur peuple à céder le pouvoir.  La Syrie, a-t-il assuré, est pleinement engagée en faveur de la mise en œuvre du protocole des observateurs arabes. 


Le représentant a poursuivi son intervention en affirmant que le journaliste français Gilles Jacquier avait été tué à la suite d’un tir de mortier lancé par l’« opposition », tout en se demandant pourquoi cela n’avait pas suscité l’indignation du Gouvernement français.  Il a avancé que certains États, tout en prétendant appuyer le plan de la Ligue des États arabes, visent à défendre leurs propres intérêts.  Il a par ailleurs avancé que plusieurs États s’étaient interrogés sur le véritable sens de cette mission.  Il a rappelé que Damas avait accepté de proroger d’un mois la mission des observateurs de la Ligue des États arabes.  Les tentatives d’ingérence dans les affaires syriennes ne « datent pas d’hier », a-t-il fait observer, en soulignant que le Gouvernement syrien était seul responsable pour assurer la liberté et la sécurité du peuple syrien, en particulier contre toute intervention étrangère. 


Certains pays semblent être « tombés amoureux » du peuple syrien après une période « d’hibernation émotionnelle » et cherchent à induire en erreur l’opinion de la communauté internationale, s’est-il étonné.  La Syrie tire sa force de son peuple et sera ferme face à ses ennemis, a-t-il tenu à souligner, avant d’assurer qu’une réforme constitutionnelle était actuellement en cours dans le pays et que des élections seraient organisées au cours du premier semestre de cette année.  Le Conseil de sécurité doit, pour sa part, encourager la tenue d’un dialogue pour résoudre la crise, a-t-il estimé, en se félicitant à cet égard de l’initiative russe de parrainer un dialogue entre Syriens à Moscou.


Mme HILLARY CLINTON, Secrétaire d’État des États-Unis, a affirmé que la Ligue des États arabes avait joué un rôle moteur dans cette crise.  Personne en Syrie n’est en sécurité, pas même les membres du Croissant-Rouge arabe, a-t-elle dit, tout en faisant référence aux détentions arbitraires dans le pays.  La violence risque de plus en plus d’échapper à tout contrôle, a-t-elle prévenu.  La Secrétaire d’État a noté que le Président Al-Assad « et ses suppôts » faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour dresser les différentes communautés du pays les unes

contre les autres, en alertant contre les risques d’une guerre civile.  La Ligue des États arabes souhaite le soutien de la communauté internationale en vue de trouver une solution négociée et pacifique à cette crise et d’assurer une transition démocratique. 


Selon la Secrétaire d’État, il n’y a qu’un choix à faire: se placer aux côtés du peuple syrien ou être les complices de la violence.  Elle a invité le Conseil de sécurité à accepter les demandes de la Ligue des États arabes pour que cessent les violences.  La Syrie doit également libérer tous les citoyens arbitrairement détenus et permettre un accès sans entraves aux observateurs, aux travailleurs humanitaires et aux journalistes, a-t-elle poursuivi. 


Mme Clinton a assuré que toute analogie avec la Libye était fausse.  L’initiative de la Ligue des États arabes représente les efforts les meilleurs déployés par les voisins de la Syrie, a-t-elle considéré.  La responsable de la diplomatie américaine a également déclaré qu’il était erroné de sous-estimer l’ampleur des défis que doit relever la Syrie.  Cela sera extrêmement difficile, et les succès sont loin d’être garantis, a-t-elle fait remarquer.  Mais l’autre option, celle du pouvoir brutal qu’exerce le régime actuel, n’est absolument pas une solution, a-t-elle affirmé.  Il est temps pour la communauté internationale de mettre de côté ses propres divergences pour envoyer un message clair au peuple syrien, a-t-elle déclaré, en précisant que son pays était prêt à soutenir les recommandations de la Ligue des États arabes.


M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a affirmé que la réunion d’aujourd’hui visait à ce que le Conseil de sécurité prenne ses responsabilités face à un peuple qui souffre, dans une région où la paix est menacée par la dérive sanglante d’un régime à bout de souffle.  Le silence du Conseil depuis des mois est scandaleux, a-t-il déclaré.  La France, a-t-il ajouté, appelle solennellement le Conseil à être à la hauteur de la mission que lui confie la Charte des Nations Unies, en se portant au secours d’un peuple et d’une région qui ne veulent que la paix et le respect de leur dignité.  Le Ministre a, au cours de son intervention, justifié l’utilisation du terme « scandaleux ».  Il a ainsi rappelé avoir depuis longtemps qualifié certaines actions du régime de crimes contre l’humanité, en notant que la Commission d’enquête internationale du Conseil des droits de l’homme était venue confirmer cette qualification.  Chaque État a la responsabilité de protéger sa population civile, a-t-il dit, en ajoutant que le régime syrien massacrait la sienne sans retenue, de manière honteuse.  Ce comportement a, a-t-il estimé, des conséquences directes sur la paix et la sécurité internationales.


Pour M. Juppé, l’action de la France, quelque déterminée qu’elle soit, celle de l’Union européenne et celle de la Ligue des États arabes ne peuvent pas remplacer celle du Conseil de sécurité.  Il est du devoir du Conseil, clef de voûte de la paix et de la sécurité internationales, de se prononcer sur des cas aussi graves que la Syrie, a-t-il considéré.  Le Ministre français des affaires étrangères a regretté que le projet de résolution dont est saisi le Conseil de sécurité aujourd’hui n’aille pas  plus loin.  Mais, a-t-il dit, il faut une réponse rapide qui ouvre enfin une perspective de sortie de cette crise épouvantable.  La France, a-t-il précisé, est donc prête à voter dès maintenant le texte présenté par le Maroc, au nom de la Ligue des États arabes.


M. Juppé a également assuré que la Syrie n’était pas la Libye.  Aucune disposition du projet de résolution ne peut être interprétée comme une autorisation au recours à la force, a-t-il assuré.  Ce projet de résolution n’est pas placé sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et aucune opération militaire n’est préparée, a-t-il ajouté.  Il a, de même, rejeté toute intention d’imposer de l’extérieur un quelconque régime politique.  C’est aux Syriens qu’il appartiendra de le faire, a-t-il déclaré, en estimant que la Ligue des États arabes offrait la seule perspective viable de parvenir à cet objectif.  Il n’y a plus de temps à perdre, a-t-il insisté, en exhortant le Conseil de sécurité à mettre aux voix, sans attendre, le projet de résolution.  Par ailleurs, M. Juppé a demandé que les autorités syriennes fassent toute la lumière sur la mort du journaliste français Gilles Jacquier, tué dans l’exercice de ses fonctions.


M. WILLIAM HAGUE, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré que pour mettre fin à la « violence terrifiante » qui sévit actuellement en Syrie, il faudrait donner toutes les chances possibles à un règlement pacifique et durable de la crise.  Si le plan de la Ligue des États arabes est pleinement mis en œuvre, il permettra de mettre un terme à la violence, de lancer un processus politique inclusif qui permettrait au peuple syrien de déterminer son avenir dans la paix et de déboucher sur la création d’un gouvernement d’unité nationale et sur l’organisation d’élections sous observation internationale.  Le monde arabe demande à présent au Conseil de sécurité d’appuyer son plan, a-t-il rappelé, en tenant à préciser que l’Occident ne dicte pas à la Syrie la marche à suivre et que les membres permanents du Conseil de sécurité n’imposent pas non plus leur point de vue.  C’est le monde arabe qui appelle le Conseil de sécurité à l’aider à résoudre la crise en Syrie.  Le leadership arabe, a-t-il ajouté, devrait être respecté par tous les pays du monde.


Le projet de résolution dont est saisi le Conseil de sécurité, a fait remarquer M. Hague, ne cherche pas à imposer un changement politique en Syrie depuis l’extérieur mais à permettre au peuple syrien de faire son propre choix.  Ce n’est pas un appel pour une action militaire, a-t-il assuré, en précisant que le texte ne prévoit pas non plus de mesures coercitives.  Ces mesures seront cependant envisagées par le Conseil de sécurité si les autorités syriennes ne mettent pas immédiatement fin à la violence et si elles continuent d’ignorer le plan de la Ligue des États arabes, a-t-il averti.  Le Ministre britannique des affaires étrangères a ensuite dénoncé le fait qu’à ce jour, près de 6 000 Syriens, dont 384 enfants, aient trouvé la mort dans des circonstances atroces depuis le début de la crise.  Entre 30 et 100 personnes meurent au quotidien et des milliers d’autres sont victimes de tortures, de détentions arbitraires et de violences sexuelles.  Combien de personnes doivent encore mourir avant que les consciences des capitales du monde soient émues, s’est-il indigné.  Aucune réforme ni progrès politique n’est possible tant que se poursuivra la violence, a estimé M. Hague, qui a également averti que la crise actuelle risquait de donner lieu à une véritable guerre civile.


Le Royaume-Uni, a-t-il dit, est en faveur d’une solution politique pacifique qui garantisse la stabilité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.  Ce processus doit être dirigé par la population syrienne, a ajouté M. Hague pour qui toute action militaire serait inappropriée, compte tenu de la complexité de la situation en Syrie.  Alors que nous sommes réunis ici au sein du Conseil de sécurité, des crimes très graves sont commis en Syrie et dont les autorités syriennes devront en répondre.  Si le Conseil de sécurité ne parvient pas à adopter une résolution qui condamne ces violences et appuie la Ligue des États arabes, a-t-il prévenu, cet échec sera jugé par les peuples syrien et des pays de la région.  C’est pourquoi, il a exhorté le Conseil de sécurité à s’unir pour appuyer le plan de la Ligue des États arabes et à réexaminer la situation en Syrie d’ici 15 jours si les violences se poursuivent.


M. HAROLD CABALLEROS, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, s’est arrêté sur deux faits essentiels; le nombre de plus en plus élevé de victimes et la spirale de violence qui pointent vers un risque réel de guerre civile.  Le Ministre s’est déclaré prêt à accompagner la Ligue des États arabes, dont l’objectif premier est de nature humanitaire et l’objectif ultime, la recherche d’une solution politique.  L’initiative est-elle réaliste au regard de la position du Gouvernement syrien?  Le Ministre n’a pas répondu à cette question mais s’est dit prêt à donner sa chance à la Ligue des États arabes.


Si le Guatemala est attaché aux principes de non-ingérence et de respect de l’intégrité territoriale, il défend tout autant l’obligation faite à tous les États de respecter certaines normes de conduite face à leur propre population, a-t-il précisé.  À cette époque où la responsabilité de protéger est remise en question, le Guatemala n’a pas honte d’affirmer qu’il appuie ce principe, certes avec des nuances qu’il a déjà expliquées dans d’autres instances.  Ceci ne veut pas dire, s’est défendu le Ministre, que le Guatemala soutient une intervention. 


Ce que nous voulons, c’est le respect des normes de conduite face à la population.  Un gouvernement qui agit en violation flagrante de ces normes s’expose naturellement à des conséquences dont la forme et l’ampleur peuvent varier.  L’initiative de la Ligue des États arabes a le mérite d’offrir une voie de sortie et, si elle échoue, l’escalade de la violence, qui a pris des proportions tragiques ces derniers jours, ne laissera d’autres choix au Conseil que de prendre ses responsabilités conformément à la Charte des Nations Unies. 


M. PAULO PORTAS, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a jugé choquante l’inaction de la communauté internationale en Syrie, estimant qu’une solution arabe était urgente et qu’une décision des Nations Unies était essentielle.  La situation en Syrie est, selon lui, à la fois inacceptable et intenable.  En ignorant de façon persistante les nombreux appels en vue de mettre fin à ce bain de sang, les autorités syriennes ont alimenté l’escalade de la violence, a-t-il dit.  Le Ministre portugais a mis l’accent sur la nécessité de cesser immédiatement toutes les violences et d’encourager la mise en œuvre d’un processus politique sérieux qui puisse mener à un système démocratique et pluraliste où tous les citoyens, quelles que soient leur affiliation, leur appartenance ethnique ou leurs croyances, soient traités de façon équitable et voient leurs aspirations légitimes satisfaites.


M. Portas a assuré que son pays demeurait engagé en faveur du respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie.  Le Portugal, a-t-il dit, soutient les efforts de la Ligue des États arabes et exhorte les parties syriennes, les factions et les parties prenantes à répondre positivement aux propositions faites.  Il a appelé les membres du Conseil à ne pas voir la Syrie avec les yeux du passé, à travers le prisme de vieilles divisions.  L’inaction n’est pas seulement inacceptable, elle est irresponsable, a-t-il déclaré.


M. YOUSSEF AMRANI, Ministre délégué aux affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a indiqué que le Maroc comptait parmi les premiers pays à avoir contribué à la mission d’observation de la Ligue des États arabes, précisant que son pays avait maintenu ses observateurs dans le pays jusqu’à la fin de la semaine dernière malgré les difficultés et les obstacles.  Il a affirmé que la décision prise par la Ligue des États arabes de suspendre sa mission était pleinement justifiée face à la dangereuse dégradation de la situation.  Cette mission, a insisté le Ministre, aurait été une bonne occasion de créer les conditions propices au calme afin de commencer une nouvelle ère sans violence.  


À toutes les étapes des efforts de la Ligue, les États concernés n’avaient cessé de souligner certains principes cardinaux, dont le rejet de la violence, la promotion du dialogue politique et la nécessité de permettre au peuple syrien de réaliser ses aspirations légitimes.  Réaffirmant son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Syrie ainsi qu’à la cohésion de sa société pluraliste et à l’exclusion de toute intervention militaire étrangère, le Ministre a souligné que l’objectif du projet de résolution présenté par son pays est d’assurer l’appui du Conseil de sécurité à la feuille de route adoptée par la Ligue des États arabes visant à trouver une solution politique à la crise syrienne.


M. MICHAEL LINK, Secrétaire d’État au Ministère fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne, a affirmé que la violence en Syrie devait cesser immédiatement.  Le peuple syrien demande la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, ainsi que la possibilité de choisir librement leurs dirigeants, a-t-il expliqué, en ajoutant que le Président Assad leur avait répondu en envoyant ses chars.  L’Allemagne, a-t-il dit, soutient pleinement le plan de la Ligue des États arabes et tous les efforts entrepris auparavant.  Il faut saisir cette opportunité et il est temps pour le Conseil de sécurité d’agir, a-t-il insisté.  M. Link a précisé que le projet de résolution dont est saisi le Conseil de sécurité était le résultat d’une coopération fructueuse entre les membres du Conseil de sécurité et les pays arabes.  M. Link a mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer en faveur d’une solution politique qui sera réalisée par les pays de la région.


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON(Pakistan) a vu dans l’initiative de la Ligue des États arabes la preuve que de grandes avancées pouvaient être réalisées dans le règlement pacifique des différends, grâce à des initiatives régionales.  Il a engagé les autorités syriennes à s’engager sur la voie du dialogue et de la réconciliation nationale pour déboucher sur un processus politique concret et inclusif.  Les décisions prises auront des répercussions non seulement pour ce pays, mais aussi pour l’ensemble de la région du Moyen-Orient qui, a-t-il observé, ne peut se permettre d’autres points d’instabilité. 


Le représentant a souligné que toute initiative internationale devait se faire dans le cadre du Chapitre VI de la Charte.  Nous ne demandons pas une intervention militaire, ni ne prônons un changement de régime car il revient au peuple syrien d’en décider, a-t-il précisé.  Il a appelé l’ensemble des membres du Conseil de sécurité à appuyer l’initiative de la Ligue des États arabes, en prévenant que le succès ne sera assuré que si nous mettons un terme aux rhétoriques et essayons de rallier le consensus car, a-t-il ajouté, un message uni sera beaucoup plus efficace pour promouvoir la paix en Syrie.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a salué l’initiative de la Ligue arabe.  Il s’agit, a-t-il dit, de la dernière initiative visant à briser le cercle vicieux de la violence qui écrase la Syrie et son peuple.  Le représentant russe a évoqué les risques de déstabilisation que pourrait engendrer la crise syrienne dans les pays voisins et dans une région stratégiquement importante.  Une réponse à la question syrienne, à la fois complexe et simple, se trouve dans la Déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 3 août.  Il y est stipulé que la violence doit cesser de la part de toutes les parties et que la crise doit être résolue par les Syriens eux-mêmes.  La Fédération de Russie, a dit son représentant, a déployé un travail diplomatique intense avec Damas, l’opposition syrienne et la Ligue des États arabes qui a un grand rôle à jouer pour trouver une solution.


Le délégué a mis l’accent sur la nécessité de répondre à l’appel lancé le 22 janvier 2012 par la Ligue des États arabes au Gouvernement et à l’opposition pour qu’ils entament un dialogue réel sous l’égide de la Ligue.  Il a rappelé l’invitation à des contacts informels à Moscou, sans conditions préalables.  Aujourd’hui, il est important de lancer ce dialogue pour aboutir à des accords plus précis, a-t-il affirmé.  De même, a-t-il ajouté, la Fédération de Russie a distribué au Conseil une version actualisée du projet de résolution qu’elle avait distribué en décembre dernier.  Le Conseil de sécurité ne peut imposer les paramètres d’un règlement intra-politique, a-t-il insisté.  Il n’a pas le mandat pour le faire et ne doit pas faire obstacle au dialogue, a insisté le représentant. 


M. LI BAODONG (Chine) a estimé que la demande de réforme du peuple syrien devrait être respectée et qu’il faudrait impérativement mettre fin à la violence en Syrie.  Un processus politique inclusif doit être mis sur pied pour accélérer la réforme et rétablir la stabilité en Syrie, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite dit espérer que la crise syrienne serait réglée dans le cadre de la Ligue des États arabes et que les efforts de médiation de cette dernière seraient couronnés de succès.  Il a également appelé le Gouvernement syrien à coopérer pleinement avec la mission d’observation de la Ligue.


Les actions du Conseil de sécurité doivent être conformes aux principes énoncés dans la Charte de l’ONU, a rappelé le représentant de la Chine.  L’imposition de sanctions complique souvent la situation, a-t-il rappelé, en se déclarant fermement opposé à toute intervention militaire ainsi qu’à l’imposition, depuis l’extérieur, de tout changement de régime.  Le représentant a rappelé que la Chine avait appuyé le projet de résolution proposé par la Fédération de Russie et a indiqué que son pays se tenait prêt à participer à tout processus consultatif positif.


M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) s’est dit gravement préoccupé par la poursuite de la déstabilisation et de la violence en Syrie, regrettant que malgré toutes les initiatives et les multiples appels lancés par la communauté internationale, la situation continue de se détériorer.  Il a constaté que la mission de la Ligue des États arabes avait eu des effets positifs et a regretté que ses travaux aient dû être suspendus.  M. Musayev a souligné l’importance pour le Conseil de sécurité de faire preuve d’unité et s’est félicité de la perspective de prendre part à un dialogue constructif pour examiner les différentes propositions.


L’Azerbaïdjan, a-t-il ajouté, estime qu’il faut trouver un compromis qui permette de contribuer aux efforts en cours et de mettre un terme à la souffrance humaine.  Il a également estimé que la communauté internationale devait non seulement exiger certaines mesures du Gouvernement syrien mais également convaincre l’opposition de rendre la pareille.


M. KODJO MENAN (Togo) a regretté que les violences se poursuivent en Syrie, en observant que face à cette situation, il n’était pas étonnant que la mission de la Ligue des États arabes n’atteigne pas les résultats escomptés et qu’elle soit obligée d’annoncer sa suspension.  Il a appelé les autorités syriennes à faire cesser les violences, à arrêter le siège de certains quartiers ou villes et à faire rentrer les militaires dans leurs casernes « avec leurs chars ».  M. Menan a par ailleurs fait observer que la mise en œuvre de la feuille de route de la Ligue des États arabes suppose l’arrêt des violences et l’instauration d’un dialogue

« franc, ouvert et inclusif ».  Mais tout cela, a-t-il dit, dépend de la bonne volonté des autorités syriennes d’appliquer cette feuille de route.  Il a ensuite regretté que le Gouvernement syrien ne soit pas disposé à cesser ses fonctions et «encore moins » à s’inscrire dans le droit fil du processus de transition.


Le Conseil de sécurité doit pouvoir s’engager dans des discussions franches et sincères pour trouver la meilleure voie à suivre pour aider la Syrie à sortir de la situation actuelle, a estimé le représentant.  Le Conseil de sécurité, a-t-il souhaité, doit pouvoir parler d’une seule voix, au-delà des luttes d’intérêts, en lançant un appel pressant aux autorités syriennes de faire cesser la violence.  M. Menan a par ailleurs souligné qu’on ne saurait mettre sur une même balance les violences imputables aux forces du gouvernement et celles commises par les manifestants.  Pour donner toute chance de succès à la paix et au dialogue inclusif, a-t-il cependant ajouté, il conviendrait que l’opposition syrienne maintienne sa position initiale de parvenir à la démocratie sans violence.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a affirmé que le règlement de la crise syrienne ne pourra être trouvé ni dans la violence, ni dans la lutte armée.  De même, aucune solution ne peut être imposée de l’extérieur.  On assiste à une inquiétante escalade de la violence, marquée par de nombreuses victimes parmi la population civile et au sein des forces armées, ainsi que par des destructions, a-t-il dit, en condamnant ces violences.  Le représentant a estimé que toutes les parties avaient besoin de coopérer avec la Ligue des États arabes.  Un processus politique doit débuter sans délai et être conduit par les Syriens et respecter la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du pays, a-t-il estimé. 


La Ligue des États arabes, en tant qu’organisation régionale importante, devrait assumer son rôle historique en assurant la promotion du dialogue politique parmi les parties syriennes, a rappelé le représentant.  La communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, devrait jouer un rôle constructif dans le processus du dialogue politique entre les Syriens, a-t-il dit, en se félicitant de la soumission du projet de résolution par le Maroc au Conseil de sécurité.  Il a engagé les membres du Conseil à parler d’une seule voix pour soutenir l’initiative de la Ligue des États arabes visant à résoudre la crise syrienne.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé qu’il était dans le pouvoir du Conseil de sécurité de contribuer à mettre un terme à la violence que connaît la Syrie.  Il a condamné la répression dont sont victimes les manifestants syriens et a déploré le nombre de victimes provoquées par la crise.  La Colombie, qui privilégie les initiatives régionales de règlement de la crise, regrette que le Gouvernement ne se soit pas acquitté de ses engagements à l’égard de la Ligue des États arabes, a indiqué son représentant. 


Le projet de résolution, présenté au Conseil de sécurité par le Maroc, constitue une bonne base pour trouver une solution négociée à la situation qui prévaut en Syrie, a estimé le représentant.  Il a espéré que les membres du Conseil seront en mesure de parvenir à un consensus sur le texte.  Le Conseil de sécurité pourra ainsi prendre une décision qui lui permettra de s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix et la sécurité internationales.


Intervenant en sa qualité de représentant de l’Afrique du Sud, M. BASO SANGQU s’est dit gravement préoccupé par la détérioration de la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Syrie et a exprimé l’espoir que cette situation sera résolue par des moyens pacifiques, dans le respect de la volonté du peuple syrien.  Il a exhorté les autorités syriennes à initier un processus politique ouvert, transparent et inclusif afin de répondre aux griefs de la population et de garantir ses droits politiques et libertés fondamentaux.  Il a également engagé l’opposition à prendre part à ce processus afin d’assurer une paix durable en Syrie.  Il faut trouver une solution politique complète qui mène à une réforme politique qui sache respecter les principes démocratiques, le respect de l’état de droit, la justice et les droits de l’homme tout en répondant aux besoins de développement social et économique de la population, a souligné M. Sangqu.  De son avis, toute solution à la crise doit appuyer la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie tout en respectant les principes inscrits dans la Charte.  Il s’est ensuite interrogé sur quelle contribution positive la communauté internationale serait en mesure de faire pour aider les parties syriennes à résoudre le conflit.  Selon le représentant, il faut éviter toute action susceptible de polariser davantage les parties et de provoquer une escalade de la violence.  Les interventions militaires, comme en témoigne la situation en Libye, a-t-il fait observer, ont des conséquences inattendues non seulement pour le pays en question mais pour la région dans son ensemble.


Reprenant la parole, le Premier Ministre du Qatar a affirmé que l’initiative de la Ligue des États arabes ne visait nullement à demander au Conseil de sécurité une intervention militaire.  Par cette initiative, la Ligue n’envisage pas non plus une ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie, a-t-il ajouté.  Le Premier Ministre a émis l’espoir que la démocratie serait rétablie en Syrie afin que l’ensemble du peuple syrien puisse en bénéficier.  Par ailleurs, M. Al Thani, en s’adressant au représentant de la Fédération de Russie, a souligné que le Roi d’Arabie saoudite s’était toujours montré soucieux de préserver les intérêts de la nation arabe et avait fait le choix sincère de retirer les observateurs arabes de la Syrie.


S’exprimant à nouveau, le représentant de la Syrie a reconnu que son pays avait participé à la libération du Koweït, mais qu’il n’avait en revanche jamais participé à l’invasion de l’Iraq, ni de la Libye.  Le Qatar est-il un membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou de la Ligue des États arabes? a-t-il lancé à l’intention du Premier Ministre du Qatar, avant de s’interroger sur la garantie que l’intervention en Libye, en Iraq et au Kosovo, entre autres, ne se fera pas en Syrie.  Tout en reconnaissant qu’il était essentiel de mettre fin aux effusions de sang et qu’il faudrait garantir la souveraineté nationale pour le bien de tous, l’Ambassadeur Ja’afari a assuré que son gouvernement avait à sa disposition de nombreuses informations sur la contrebande d’armes.  Il faut mettre fin à cette activité, a-t-il souligné. 


Selon un journal britannique dont il n’a pas cité le nom, le Qatar aurait financé des livraisons d’armes en Syrie, a-t-il par ailleurs indiqué.  Il a également regretté que d’anciens pays amis abritent actuellement des groupes de l’opposition.  Il a également exhorté les chaînes de télévision Al-Jazzera et Al–Arabyia à cesser leurs campagnes médiatiques contre la Syrie.  « Voila comment on pourrait arrêter les effusions de sang », a-t-il lancé.  La Ligue des États arabes ne représente plus l’ensemble des États arabes, a poursuivi le représentant.  Sans la Syrie, il n’y a pas de Ligue des États arabes et nous ne permettrons pas que l’on adopte une résolution sans nous et sans notre participation.


Poursuivant son intervention, le représentant de la Syrie a reconnu que le meurtre de travailleurs humanitaires était un crime.  Il a cependant voulu savoir comment le représentant du Portugal avait déterminé que la Syrie était responsable de la mort d’un médecin du Croissant-Rouge.  « Devant vous, s’est-il emporté, je suis l’exemple d’Emile Zola et j’accuse certains d’œuvrer pour saper l’indépendance, l’unité, l’intégrité et la souveraineté nationale de la Syrie ».  Il a ensuite rappelé que la Syrie avait accueilli de nombreux réfugiés iraquiens, sans demander aucune aide pour les prendre en charge.  Il a également fait remarquer que la coopération économique entre la Syrie et la Turquie avait été catastrophique pour les petits artisans syriens.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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