Conférence de presse sur le lancement du Rapport 2012 sur l’aide humanitaire mondiale (GHA)
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CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE LANCEMENT DU RAPPORT 2012
SUR L’AIDE HUMANITAIRE MONDIALE (GHA)
« En 2011, on notait une tendance mondiale à une augmentation des financements de l’aide humanitaire, qui masquait cependant les modifications dans la répartition traditionnelle des ressources, a déclaré Mme Lydia Poole, Chef de programme à l’organisation non gouvernementale « Initiatives de développement », en présentant le Rapport 2012 sur l’aide humanitaire mondiale (GHA).
« L’année 2010 avait été marquée par deux catastrophes naturelles majeures, le tremblement de terre en Haïti et les inondations au Pakistan, qui ont eu un effet direct sur le financement et la répartition de l’aide internationale », a-t-elle d’abord rappelé. Si ces deux « mégas crises » ont en effet entraîné une hausse de l’aide internationale de 23% par rapport à 2009, elles ont aussi absorbé la plus grande part de ces fonds disponibles, Haïti en recevant 25% et le Pakistan 17%.
Principale conséquence de cette concentration de l’aide humanitaire pour l’ONG, l’apparition de « pays perdants » qui ont vu leur part d’aide internationale réduite, en dépit de la gravité de leur situation. C’est par exemple le cas du Népal et du Tchad, dont la couverture des besoins a chuté de 33% et 31% entre 2009 et 2010.
Mme Poole a ajouté que sur les 15 pays qui ont subi les plus importantes réductions de financement en 2010, 5 seulement ont connu l’année dernière des améliorations de leur situation humanitaire, les 10 autres faisant l’expérience de nouvelles difficultés pour lever des fonds et financer leur développement. C’est une tendance alarmante, a-t-elle estimé. Les États qui ont le plus besoin de l’assistance internationale, indique le Rapport, « sont caractérisés par des crises complexes, souvent des conflits armés, et n’ont que des capacités très limitées pour faire face aux désastres ou catastrophes naturelles ».
Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’après l’année 2010, marquée par une hausse sans précédent des financements, l’année 2011 a été caractérisée par une baisse des fonds disponibles de l’ordre de 9%. En étant toutefois inférieure à l’augmentation connue en 2010, cette baisse ne contredit pas une tendance générale à la poursuite de la hausse de l’aide internationale, a indiqué Mme Poole.
Dans son rapport, l’ONG « Initiatives de développement » montre toutefois que cette tendance masque une autre réalité: les besoins non couverts ont atteint le record de la décennie, même s’ils se sont réduits entre 2010 et 2011. Le total des appels de fonds consolidés des Nations Unies est ainsi passé de 11,3 milliards de dollars en 2010, pour couvrir les besoins de près de 74 millions de personnes à travers le monde, à 8,9 milliards de dollars en 2011, pour venir en aide à 62 millions de personnes. En 2011, le fossé entre les besoins et les contributions s’est davantage creusé. Ainsi, 38% des fonds demandés aux donateurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et 63% des fonds devant être versés par les donateurs hors OCDE n’ont pas été couverts.
Pour l’ONG, c’est l’une des conséquences de la crise économique internationale dont les effets commencent à se faire sentir sur les fonds publics disponibles. L’aide au développement des pays de l’OCDE a ainsi baissé de 3% en 2011 et l’aide humanitaire de 2%. Une baisse assez faible cependant pour que « Initiatives de développement » y voit « une résilience partielle des financements humanitaires » de l’OCDE, tout en soulignant que les effets des dernières coupes budgétaires dans l’aide au développement ne sont pas encore connus.
La représentante de l’ONG s’est dite également préoccupée par la persistance des faiblesses structurelles de l’économie mondiale qui ont débouché sur la crise alimentaire de 2008 et une nouvelle flambée en 2011, avec une hausse des prix des énergies de 143% et de ceux des denrées alimentaires de l’ordre de 56% par rapport à 2009. Ce sont autant de facteurs qui affectent directement les pays les plus vulnérables pour qui l’aide internationale est une ressource clef.
Pointant les conséquences du manque de financement et le retard qu’il génère dans les réponses humanitaires, Mme Poole a rappelé que cela « entraînait des coûts humains et financiers importants » et mettait en lumière le besoin d’élargir la notion de besoin humanitaire pour y inclure la préparation et la gestion des risques.
« Nous échouons à investir dans des actions en amont, dans la préparation et la sensibilisation », a-t-elle insisté, en soulignant notamment que seulement 4% de l’aide humanitaire internationale et 1% de l’aide au développement sont consacrés à la prévention des catastrophes. La Chef de programme de « Initiatives de développement » a conclu sa présentation, en appelant la communauté internationale à élargir le champ des ressources humanitaires, en fournissant des ressources « permettant de s’attaquer aux causes profondes des crises récurrentes » et de « construire une véritable résilience pendant ce lapse de temps ».
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