En cours au Siège de l'ONU

AG/PKO/210

Le « Comité des 34 » conclut son débat sur les priorités des opérations de maintien de la paix

22/02/2012
Assemblée généraleAG/PKO/210
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations

de maintien de la paix

Session de fond de 2012                                    

224e & 225e séances – matin & après-midi


LE « COMITÉ DES 34 » CONCLUT SON DÉBAT SUR LES PRIORITÉS DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX


Les délégations insistent sur le respect du consentement des parties,

del’impartialité et du non-recours à la force avant le déploiement d’une opération


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix –ou Comité des 34- a conclu son débat général, entamé hier, sur les priorités des opérations de maintien de la paix, en entendant aujourd’hui une trentaine de délégations.  La plupart d’entre elles ont rappelé l’importance, au nom de la crédibilité et de l’efficacité des opérations de maintien de la paix, du respect de leurs trois principes de base: le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours, sauf en cas de légitime défense ou de protection du mandat.


Les délégations ont également abordé la question des taux de remboursement des contingents, qui sont restés inchangés depuis 1992; la formation des Casques bleus; la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents; la coopération entre l’ONU et les organisations régionales; les questions d’éthique et de discipline, ainsi que la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.


Face à la complexité croissante des opérations de maintien de la paix et leur caractère multidisciplinaire, de nombreux États ont souligné la nécessité de définir des mandats clairs, crédibles et réalisables pour les opérations de maintien de la paix, en particulier en ce qui concerne la protection des civils. 


S’agissant tout particulièrement de la crédibilité des mandats, le représentant de l’Afrique du Sud s’est dit préoccupé par le fait que des troupes de l’ONU aient combattu, l’an dernier, aux côtés de groupes rebelles et aient renversé un gouvernement, en contradiction totale avec les principes de neutralité et d’impartialité des opérations de maintien de la paix.  Notant que 52 Casques bleus auraient été pris en otage récemment, il a estimé que cette situation était le résultat de la mauvaise image que projetaient les Casques bleus de certaines missions en raison de la partialité dont elles ont fait preuve.  Les représentants de la Syrie, de l’Iran et du Soudan ont prévenu que le recours au principe de la protection des civils ne doit pas servir de prétexte pour encourager une ingérence dans les affaires intérieures des États. 


Sur le même ton, les représentants de la Chine et de l’Érythrée ont insisté que toute initiative de la communauté internationale en matière de protection des civils doit se limiter à assister les États et à la seule demande de ces derniers.  « Le maintien de la paix ne peut se substituer à un processus politique viable », a ajouté le représentant du Pakistan, dont le pays fournit 10% des Casques bleus de l’ONU, en rappelant que seules les autorités nationales sont de nature à garantir une protection à long terme.


« Les 120 000 Casques bleus déployés dans les 16 missions de maintien de la paix des Nations Unies méritent de disposer des moyens nécessaires pour réussir leurs missions et contribuer au bien être de l’humanité », a dit le représentant de la République-Unie de Tanzanie, en souhaitant à l’instar de l’ensemble des délégations intervenues aujourd’hui, que les travaux du Groupe consultatif de haut niveau, créé en janvier 2012, permettront de traiter de manière durable la question du remboursement des coûts des contingents.  La représentante du Brésil a, quant à elle, plaidé en faveur d’une hausse de 7% de ce taux de remboursement dans l’attente d’une décision à long terme.


Notant les progrès de l’initiative « Nouvel Horizon », le représentant du Népal a estimé que la notion de protection des civils commençait à prendre forme et s’est félicité, à cet égard, du cadre stratégique et des modules de formation du Département des opérations de maintien de la paix.  De son côté, le représentant de l’Argentine dont le pays dispose de 1 000 Casques bleus répartis dans sept opérations de maintien de la paix, a indiqué que son pays avait mis en place le Centre argentin d’entraînement conjoint pour le personnel militaire de maintien de la paix (CAECOPAZ) et le Centre de formation pour le personnel de police de maintien de la paix (CENCAOPAZ), qui dispensent des formations à l’intention de contingents nationaux et étrangers devant être déployés dans le cadre d’opérations de maintien de la paix.


Le représentant du Pérou s’est dit préoccupé par l’augmentation du budget des missions politiques spéciales qui représente maintenant 40% du budget ordinaire de l’ONU alors que celui des opérations de maintien de la paix est revu à la baisse en dépit du nombre sans précédent de demandes en faveur de déploiement de nouvelles missions.  Le budget de la défense des 15 plus grands pays au monde représente au total 1 600 milliards de dollars pour la seule année 2010, soit un montant 23 fois supérieur aux 69 milliards de dollars consacrés aux opérations de maintien de la paix depuis 1948. 


La prochaine séance publique du Comité spécial des opérations de maintien de la paix aura lieu le vendredi 16 mars, à 15 heures.  Demain, dans la matinée, le Groupe de travail plénier entendra un exposé sur les questions opérationnelles et un autre sur les capacités civiles, dans l’après-midi.    


Suite du débat général


M. PETER THOMPSON (Fidji) s’est félicité de l’adoption hier, par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, d’un projet de décision sur les méthodes de travail qui devrait permettre un processus plus efficace et mieux intégré en allégeant le fardeau des plus petites délégations.  Face à la complexité croissante des missions de maintien de la paix qui exige une action plus nuancée, il a salué les travaux réalisés dans le cadre de l’initiative « Nouvel Horizon ».  Il s’est dit convaincu que la mise en œuvre des domaines prioritaires identifiés afin de gagner en efficacité, tels que les systèmes d’appui aux missions, les liens entre le maintien et la consolidation de la paix, ou la protection des civils permettront aux missions de disposer des moyens nécessaires à leur succès.  Les pays contributeurs de troupes, a-t-il souligné, doivent être associés à la définition de tout mandat de mission.  Le représentant a exhorté les États Membres à tout mettre en œuvre afin que les fournisseurs potentiels de contingents ne soient pas découragés.  Il a souhaité que les élections prévues au Timor-Leste en 2012 soient un succès et permettent une bonne transition de la Mission des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT).     


M. ENRIQUE ROMAN-MOREY (Pérou) a mis l’accent sur trois domaines spécifiques: l’évaluation globale de la cause des conflits et la prévention, le financement approprié des opérations de maintien de la paix et le code de déontologie des contingents.  Il a noté que l’augmentation du nombre de conflits et la participation plus active de l’ONU en matière de maintien de la paix se sont traduites par une amélioration de la planification et la capacité d’anticipation.  Il est plus rentable d’investir des ressources dans la prévention des conflits et la création de mécanismes diplomatiques que de faire face à des conflits, a-t-il dit, en souhaitant que tous les instruments existants soient utilisés pour éviter que les conflits ne dégénèrent.  S’agissant du financement adéquat des opérations de maintien de la paix, M. Roman-Morey a insisté sur la nécessité d’utiliser les ressources de manière efficace et optimale. 


Le représentant a fait remarquer que l’absence de révision des taux de remboursement des contingents et matériel depuis 1992 était source d’une charge financière lourde qui met en péril la contribution des pays fournisseurs et le fonctionnement approprié des contingents.  Il s’est dit préoccupé par l’augmentation du budget des missions politiques spéciales qui représente maintenant 40% du budget ordinaire de l’ONU alors que celui des opérations de maintien de la paix est revu à la baisse en dépit du nombre sans précédent des demandes en faveur de déploiement de nouvelles missions.  Il a estimé que l’austérité budgétaire qui frappe tous les pays exige une utilisation efficace et transparente des ressources.  Il a jugé important de promouvoir la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix, en indiquant que le Pérou avait en 2011, pour la première fois, déployé des femmes dans le cadre d’opérations de maintien de la paix.    


M. FIKRY CASSIDY (Indonésie) s’est félicité de ce que la présente session du Comité spécial des opérations de maintien de la paix soit marquée par l’adoption d’un projet de décision sur les méthodes de travail.  « C’est la première décision jamais adoptée par le Comité », a-t-il souligné.  Il a tenu à remercier, à cet égard, les délégations du Maroc et du Canada pour avoir facilité les discussions officieuses sur cette importante question.  Il a ensuite réaffirmé qu’il était nécessaire pour les opérations de maintien de la paix de bénéficier d’un mandat clair et réalisable et de disposer de ressources adéquates.  M. Cassidy a préconisé la tenue de consultations plus fréquentes entre le Conseil et les pays fournisseurs de contingents à tous les stades des missions, en particulier lors de la phase d’élaboration des mandats de maintien de la paix. 


Prenant note des travaux menés par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions concernant les discussions entre les États Membres au sujet de la protection des civils, le représentant a toutefois estimé que ces travaux pouvaient être davantage approfondis et, notamment, clarifiés plus avant les stratégies de protection en identifiant, par exemple, les ressources nécessaires pour ce faire ou en détaillant également les aspects de formation, avec la coopération étroite des États Membres, a-t-il ajouté.  Rappelant que l’Indonésie fournissait 1 974 contingents militaires et de police à sept opérations de maintien de la paix, il a souhaité une représentation plus équitable dans le recrutement au sein du Département des opérations de maintien de la paix, du Département d’appui aux missions et des missions, qui prendrait notamment en compte la contribution des États Membres.


Mme DANIJELA CUBRILO (Serbie) a souligné que l’évolution des opérations de maintien de la paix vers des missions multidimensionnelles exigeait une démarche plus cohérente et une stratégie de planification globale afin d’assurer la meilleure efficacité.  Les opérations de maintien de la paix du XXIe siècle doivent être équipées pour faire face aux défis de ce siècle, a-t-elle estimé.  Dans ce contexte, une communication systématique et novatrice avec les pays fournisseurs de contingents sur les lacunes existantes est particulièrement importante, a-t-elle dit.  À cet égard, l’utilisation de technologies modernes, ainsi qu’une approche plus transparente et efficace dans l’élaboration de forces, sont nécessaires pour déterminer les besoins en ressources, a-t-elle considéré. 


La représentante a également estimé qu’une définition claire des mandats et l’élaboration des modèles de gestion et de planification pourraient contribuer, de manière significative, à faire face aux tâches multiples et de plus en plus complexes des opérations.  Elle a également insisté sur la formation du personnel militaire et civil, ainsi que sur la nécessité de l’adapter aux besoins particuliers des missions lorsque cela est possible.  Elle a ensuite insisté sur la nécessité de partenariat entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le pays hôte et les pays fournisseurs de contingents, en ajoutant que ce partenariat devrait être fondé sur une vision commune et des efforts coordonnés afin d’établir des priorités pour renforcer le maintien de la paix des Nations Unies.  Avant de conclure, la représentante a souligné la nécessité d’encourager une participation plus active des femmes aux opérations de maintien de la paix, en rappelant que le rôle des femmes était essentiel pour améliorer les performances sur le terrain.  Sa délégation s’est ensuite dite prête à accroître, de façon significative, sa participation aux missions de maintien de la paix au cours des années à venir. 


M. IHAB HAMED (Syrie) a mis l’accent sur la responsabilité des opérations de maintien de la paix de traiter les causes sous-jacentes d’un conflit en toute objectivité.  Il a insisté pour que les opérations de maintien de la paix respectent scrupuleusement les buts et principes de la Charte de l’ONU et le droit international, notamment les principes de respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.  Il a exhorté les opérations de maintien de la paix à mettre en œuvre leur mandat de manière cohérente, en respectant le consentement préalable des parties concernées et les principes d’impartialité et de neutralité.  Il a déclaré que les tentatives de contourner les principes fondamentaux régissant les opérations de maintien de la paix sont de nature à ébranler la confiance des États à l’égard de ces opérations, en risquant ainsi d’augmenter l’instabilité.


Si les opérations de maintien de la paix sont mandatées pour protéger les civils, il ne faut pas oublier qu’il incombe en premier lieu au pays hôte d’assurer la protection des civils, a rappelé le représentant de la Syrie.  Le recours au principe de protection des civils ne doit pas servir de prétexte pour encourager une ingérence dans les affaires intérieures des États, a-t-il tenu à préciser.  Soulignant la contribution de son pays aux efforts de maintien de la paix, il a estimé qu’il existait de très bonnes relations entre la Syrie et la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST).  Il a rappelé que le mandat d’une opération de maintien de la paix doit être limité dans le temps, en regrettant que la FNUOD et l’ONUST existent depuis des décennies à cause de l’occupation de territoires arabes par Israël.  


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a souhaité que le Comité spécial soit régulièrement informé des besoins identifiés sur le terrain.  Il s’est félicité de ce que le Groupe consultatif de haut niveau pour régler la question du remboursement des coûts des contingents ait démarré ses travaux en janvier 2012.  Il a souligné l’importance de mandats réalistes, réalisables et dotés de ressources adéquates.  Le représentant s’est dit très préoccupé par la pénurie de 44 hélicoptères, ainsi que par la proposition d’une réduction d’environ 700 millions de dollars du budget des opérations de maintien de la paix pour l’exercice 2012-2013, au moment où la demande en faveur de telles opérations ne cesse d’augmenter. 


Le représentant s’est dit également très préoccupé par le fait que des troupes de l’ONU aient combattu l’an dernier aux côtés de groupes rebelles et renversé un gouvernement, en contradiction totale avec les principes de neutralité et d’impartialité des opérations de maintien de la paix.  Notant que 52 Casques bleus auraient été pris en otage récemment, il a estimé que cette situation était le résultat de la mauvaise image des Casques bleus de certaines missions en raison de la partialité dont elles ont fait preuve.  Il a souhaité que l’on évite les doubles emplois et les dépenses inutiles.  Mettant l’accent sur l’importance des quatre piliers de la stratégie globale d’appui aux missions, il a demandé une évaluation par le Département d’appui aux missions des économies réalisées à la suite de la mise en place du Centre régional logistique d’Entebbe, en Ouganda.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a fait remarquer qu’en 2011, son pays avait fortement augmenté sa contribution en fournissant des contingents aux opérations de maintien de la paix et avait ainsi déployé plus de Casques bleus que tout autre pays développé, a-t-elle souligné.  Elle a ensuite expliqué que sa délégation avait toujours prôné au Conseil de sécurité un maintien de la paix durable en insistant, notamment, pour que les nouveaux concepts qui émergent à ce sujet émanent des initiatives et lignes de conduite proposées par le Comité spécial.  Elle a ajouté que son pays avait constamment soutenu au sein du Conseil de sécurité qu’une paix durable était indissociable du renforcement des institutions et du développement.  Dans ce contexte, elle a rappelé que la promotion de l’état de droit était un autre élément clef d’une paix durable. 


Pour sa délégation, les opérations de maintien de la paix devraient renforcer leur assistance dans ce domaine et également aller au-delà des domaines sécuritaire, judiciaire ou pénitentiaire, en axant leurs efforts sur le renforcement des droits sociaux et économiques ou la garantie des droits fonciers, par exemple.  Elle a également considéré que les contraintes économiques avaient eu un double impact.  Elles ont non seulement exacerbé les menaces sur la paix et la sécurité internationales mais aussi limité davantage les ressources financières.  Mme Dunlop a plaidé pour que des solutions novatrices soient explorées pour combler ces lacunes.  Rappelant que les discussions au sujet des coûts des contingents avaient été très difficiles l’an dernier, elle a plaidé en faveur d’une hausse de 7% dans l’attente d’une décision à long terme ou encore si aucune décision ne peut être prise.


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a noté que les opérations de maintien de la paix avaient constaté sur le terrain les nouveaux besoins en compétences humaines, ainsi qu’en capacités nationales pour assurer la transition de la situation de conflit vers la consolidation de la paix et le développement normal d’un État.  Il s’est félicité de l’initiative CivCap (« System wide civilian capacities initiative ») destinée à augmenter les modalités qui permettent de faire appel à des capacités d’expertise externe et à développer des capacités dans le domaine civil, y compris par le biais d’une coopération Sud-Sud ou triangulaire.  Il s’est dit convaincu que les experts du Sud apporteront leurs connaissances et expériences sur le terrain.  Le représentant a ensuite souligné que le maintien de la paix devrait rester la responsabilité de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, des pays fournisseurs de contingents, des organisations régionales et du Secrétariat. 


Le représentant a plaidé pour une consultation triangulaire -Conseil de sécurité, pays fournisseurs de troupes et Secrétariat- lors de la rédaction des mandats des opérations.  Il a ajouté qu’il incombait aux États Membres de contribuer au succès des opérations de maintien de la paix car, a-t-il dit, « il s’agit du mécanisme le plus légitime à cet effet ».  Notant les progrès de l’initiative « Nouvel Horizon », le représentant du Népal a estimé que la notion de protection des civils commençait à prendre forme et s’est félicité du cadre stratégique et des modules de formation préparés par le Département des opérations de maintien de la paix dans ce domaine.  Il a toutefois insisté sur le fait que des politiques doivent être élaborées dans ce domaine au niveau intergouvernemental.  Il s’est ensuite dit très préoccupé par la pénurie d’hélicoptères et les coupes budgétaires concernant la formation des Casques bleus. 


M. WILBERT IBUGE (République-Unie de Tanzanie) a souhaité des politiques plus ciblées afin de garantir une action efficace sur le terrain.  Il a estimé que l’adoption, hier, des nouvelles méthodes de travail constituait une étape capitale vers plus d’efficacité.  « Nous devons être déterminés à aider les êtres humains, victimes de conflits insolvables, et tout mettre en œuvre afin que notre volonté d’avancer soit plus forte que nos petites divergences et que les OMP demeurent le moyen le plus rentable de régler les situations de conflit », a-t-il souligné.  Les 120 000 Casques bleus déployés dans les 16 missions de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il dit, méritent de disposer des moyens nécessaires pour réussir leurs missions et contribuer ainsi au bien de l’humanité.  Le représentant a espéré que les travaux du Groupe consultatif de haut niveau créé en janvier 2012 permettront de traiter de manière durable la question du remboursement des coûts des contingents.  Il a jugé déterminant de renforcer les capacités nationales des pays hôtes d’opérations de maintien de la paix, pour qu’ils soient en mesure de protéger eux-mêmes les populations civiles. 


M. ANTOINE SOMDAH (Burkina Faso) a déclaré qu’il était important de renforcer la crédibilité, l’efficacité et l’efficience des opérations de maintien de la paix.  À cet effet, les rapports Brahimi et Prodi, l’initiative « Nouvel Horizon », ainsi que les délibérations annuelles du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, ont permis ces dernières années d’enregistrer des progrès substantiels dans l’adaptation aux situations nouvelles de plus en plus complexes et multidimensionnelles.  « Ma délégation réitère son soutien aux efforts des Nations Unies pour le maintien de la paix », a assuré le représentant, réaffirmant son attachement aux principes de la Charte des Nations Unies essentiellement basés sur le respect de la neutralité, du non-usage de la force sauf en cas de légitime défense, de la souveraineté et de l’intégrité territoriales.  S’agissant du recrutement et du déploiement de personnels, le Burkina Faso prône la prise en compte des deux langues de travail de l’ONU, à savoir l’anglais et le français, a-t-il dit.


M. Somdah a encouragé le renforcement de la relation tripartite entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes dans la gestion des missions et dans la prise en compte du genre.  Au plan opérationnel, il a estimé que la réussite d’une mission dépend de la clarté du mandat et des règles d’engagement, d’une bonne planification et de la disponibilité des forces bien formées et équipées.  En outre, les forces onusiennes doivent être dotées de ressources humaines et financières appropriées pour la protection des civils, a-t-il ajouté.  Le représentant a salué la mise en place de la stratégie mondiale d’appui aux missions.  Se félicitant également de l’implantation du Centre mondial de Brindisi, il a souhaité que les États Membres mènent des concertations approfondies pour envisager la création d’autres centres régionaux.  Le représentant a par ailleurs espéré qu’aboutiraient rapidement les travaux du Groupe consultatif de haut niveau chargé d’examiner les taux de remboursement des pays fournisseurs de contingents.  Enfin, M. Somdah a indiqué que son pays, avec un effectif de plus de 1 000 personnes, reste toujours disposé à renforcer davantage sa contribution aux opérations de maintien de la paix.


Mme ERIKA MARTINEZ LIEVANO (Mexique) a mis l’accent sur le respect du consentement préalable des pays destinataires avant le déploiement, en souhaitant que les mandats des opérations de maintien de la paix contiennent une description de la phase initiale et une stratégie claire pour le déploiement et le retrait d’une mission.  Elle a estimé qu’il était indispensable de renforcer la cohérence en matière de protection des civils, notamment pour prendre en compte la situation particulière des groupes les plus vulnérables comme les femmes, les enfants et les personnes déplacées.  Face à la complexité croissante des opérations de maintien de la paix et leur caractère multidisciplinaire, la représentante du Mexique a mis l’accent sur la contribution complémentaire des missions politiques spéciales.  En outre, elle s’est félicitée des progrès réalisés dans la mise en œuvre des nouvelles initiatives contenues dans le document « Nouvel Horizon ».   


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) s’est dit engagé à renforcer le Comité des 34 en tant que seul organe habilité à examiner les questions relatives aux opérations de maintien de la paix.  Sa délégation, a-t-il dit, se félicite de l’adoption hier, d’une décision concernant les méthodes de travail du Comité.  Il a ensuite constaté que la nouvelle approche dans le domaine du maintien de la paix avait suscité des attentes de la part des populations dans les États qui accueillent des opérations, et ce, à la fois en matière de sécurité physique et de renforcement des capacités, « ce qui, a-t-il fait remarquer, n’est pas sans susciter des défis majeurs ».  Face à ces attentes, il a estimé que la communauté internationale devrait développer une approche cohérente, qui prend en compte la complexité des opérations.  Il a réaffirmé que sa délégation considérait le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force comme les principes fondamentaux du maintien de la paix.  Le respect de ces principes permettra de maintenir la confiance dans les activités des Nations Unies, a-t-il souligné.  « Tout écart de ces principes saperait l’image de l’ONU et pourrait réduire l’appui universel aux opérations de maintien de la paix », a-t-il prévenu. 


Le représentant a également souligné que les principes, les directives et la terminologie invoqués dans les opérations devraient être en conformité avec les décisions prises par les organes intergouvernementaux.  Il a toutefois prévenu que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient se substituer au règlement des causes profondes des conflits.  Il a suggéré que des mesures sociales et de développement soient envisagées pour assurer une transition souple vers une paix durable.  S’agissant des ressources nécessaires, il a estimé que celles-ci pouvaient être mieux mobilisées grâce à une coopération triangulaire efficace entre le Secrétariat, les pays fournisseurs et le Conseil de sécurité.  Notant qu’au cœur de tout conflit il existe des privations, il a plaidé pour que les mandats des opérations de maintien de la paix prévoient aussi une stratégie en faveur du développement économique et social.  Il a également souhaité que le maintien de la paix ne se transforme pas en une imposition de la paix, en insistant ainsi sur le fait que l’utilisation de la force ne pouvait en aucune circonstance mettre en cause la relation stratégique entre l’opération et le pays hôte.


M. MIN WANG (Chine), rendant hommage aux 103 Casques bleus tués en 2011, a rappelé à quel point le maintien de la paix était devenu l’un des outils les plus importants de l’ONU, dont les mandats et les défis ne cessent de s’étendre.  Il a ensuite marqué son accord avec les améliorations nécessaires au niveau des doctrines mais il a rappelé que les trois principes clefs devaient être respectés strictement.  « Tout écart ne sera pas bénéfique au développement des opérations de maintien de la paix », a-t-il insisté.  S’agissant de la protection des civils, il a considéré que l’ONU devrait adopter une approche réaliste à cet égard, car, a-t-il rappelé, il incombe en premier lieu aux États souverains de protéger leurs civils.  Cette responsabilité, a-t-il précisé, s’exerce à mesure que des progrès sont accomplis dans le processus politique.  Il a ensuite plaidé pour une coordination et une harmonisation entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, en estimant qu’il faudrait envisager une stratégie de sortie tant pour le maintien que pour la consolidation de la paix.  En conclusion, il a souligné que la Chine avait toujours joué un rôle actif dans les opérations de maintien de la paix et que son personnel de police était très actif dans différentes missions de la paix des Nations Unies.


M. ARTHUR KAFEERO (Ouganda) a regretté que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) soit confrontée à une pénurie d’hélicoptères malgré les progrès réalisés par cette Mission.  Il a rappelé la responsabilité des opérations de maintien de la paix d’appuyer le règlement politique des conflits en respectant la souveraineté des États et les principes d’impartialité et de neutralité.  Il a jugé crucial de renforcer la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de troupes et le Secrétariat dans l’intérêt de la clarté et crédibilité des objectifs politiques et des mandats.  Il a souligné également qu’il était important de renforcer les partenariats stratégiques entre l’ONU et les organisations régionales pour promouvoir l’efficacité des opérations de maintien de la paix, en saluant l’appui des Nations Unies à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Il a particulièrement salué l’importance du rapport du Secrétaire général sur les progrès dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale d’appui aux missions qui met en évidence l’amélioration des services des opérations de maintien de la paix, les gains d’efficacité, les économies réalisées en matière de coûts pour la Base de soutien logistique des Nations Unies de Brindisi et le Centre de services régional à Entebbe (Ouganda).


M. MATEO ESTREME (Argentine) a mis l’accent sur les liens entre le maintien de la paix et la protection des droits de l’homme.  Il a précisé que l’Argentine participait actuellement à sept opérations de maintien de la paix avec 1 000 Casques bleus.  En ce qui concerne la formation, M. Estreme a indiqué que l’Argentine avait mis en place le Centre argentin d’entraînement conjoint pour le personnel militaire de maintien de la paix (CAECOPAZ) et le Centre de formation pour le personnel de police de maintien de la paix (CENCAOPAZ).  Il a indiqué que ces deux Centres dispensaient des formations et des cours à l’intention de contingents nationaux et étrangers devant être déployés dans le cadre d’opérations de maintien de la paix.  Dans le domaine militaire, Buenos Aires a accueilli en décembre 2010 la deuxième Conférence régionale consacrée aux questions relatives à la dissuasion, à l’utilisation de la force et la disponibilité opérationnelle des Nations Unies en matière de maintien de la paix.  Sur le plan politique, l’Argentine accueillera, au cours du deuxième semestre 2012, l’un des quatre ateliers régionaux qui devrait contribuer à une amélioration du rôle des forces de police des opérations de maintien de la paix, a-t-il annoncé.  Le représentant a ajouté que l’Argentine s’était engagée dans la rédaction d’un plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, qui permettra à son pays de respecter ses engagements en matière de parité entre les sexes et la promotion du rôle des femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Il a dit attendre avec impatience les propositions du Groupe consultatif de haut niveau sur le remboursement des pays fournisseurs de contingents conformément à la résolution 65/289.  Il a cité le Groupe des pays amis d’Haïti comme un exemple clair du rôle des mécanismes informels en appui aux efforts de maintien de la paix.   


M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a insisté sur le fait que l’Afrique est le continent qui compte le plus grand nombre d’opérations de maintien de la paix, avec un total de sept.  Rappelant que le Conseil de sécurité consacre 60% de ses activités aux questions de paix et de sécurité en Afrique, il a estimé indispensable que les opérations aient un mandat clair et réalisable, et puissent bénéficier de l’appui politique de tous les membres du Conseil.  Il s’est, dans ce contexte, félicité des succès enregistrés, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire où la coopération a été exemplaire entre l’ONUCI et le Gouvernement, a-t-il noté.  Il a déploré l’impossibilité pour la communauté internationale de fournir 44 hélicoptères aux Nations Unies, affectant ainsi de manière regrettable leur capacité à remplir efficacement le mandat de protection des populations civiles au Soudan, au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo.  Il a estimé que cette situation était inacceptable au regard des 1 600 milliards de dollars de dépenses militaires des 15 plus grands pays au monde. 


Il est ensuite revenu sur les violences postélectorales dans son pays, « qui ont été l’occasion pour l’ONU de tester sa capacité à remplir son mandat dans des circonstances extrêmement difficiles », a-t-il ajouté.  Saluant les réalisations de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), notamment dans le domaine de la protection des civils, de la stabilité ou du renforcement de l’état de droit, il a annoncé que sa délégation préparait une requête formelle d’assistance en vue d’appuyer l’organisation de futures élections municipales et régionales pour lesquelles l’ONUCI n’a pas reçu de mandat spécifique, a-t-il regretté.  « L’architecture politique complète de la Côte d’Ivoire ne sera pas entièrement réalisée qu’après la tenue de ces élections », a-t-il précisé.  Il a ensuite rappelé que la Côte d’Ivoire dirigerait la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 2012 et que son Président, M. Alassane Ouattara, avait appelé à une politique de défense commune face aux défis sécuritaires qui n’épargnent aucun État de la sous-région.  Avant de conclure, il a ensuite exprimé l’intérêt de son pays à accueillir le futur centre régional des services prévu pour la région d’Afrique de l’Ouest. 


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a précisé que les militaires pakistanais représentaient 10% des Casques bleus à travers le monde et que son pays accueille l’une des plus anciennes opérations de maintien de la paix, à savoir le Groupe d’observateurs militaires de l’ONU en Inde et au Pakistan (UNMOGIP).  En tant que principal pays fournisseur de contingents, il s’est dit convaincu que, pour assurer le succès du maintien de la paix de l’ONU, il faudrait axer les efforts sur le respect des principes fondamentaux comme le respect du consentement préalable des parties, le non-recours à la force et l’adhésion aux principes énoncés par la Charte de l’ONU; sur la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les pays fournisseurs de contingent; et ensuite sur le déploiement en temps voulu de ressources matérielles et humaines.  Dans ce domaine, il s’est dit préoccupé par la question du coût des contingents et a souhaité que celle-ci trouve rapidement une solution.  Il a émis l’espoir que le Groupe consultatif puisse terminer ses travaux afin que le Comité des 34 soit en mesure d’examiner la question au cours de cette session. 


Rappelant les succès réalisés, en particulier par des opérations intégrées complexes, le représentant a toutefois estimé que le maintien de la paix ne pouvait se substituer à un processus politique viable ou contourner les causes profondes des conflits.  À cet égard, il a estimé que les opérations devraient être accompagnées d’une consolidation efficace de la paix, qui est indispensable pour fonder une paix durable et promouvoir le développement.  Toujours dans cette optique, il a aussi souligné la nécessité de disposer de stratégies de sortie pour les opérations de maintien de la paix.  S’agissant de la protection des civils, le représentant a estimé qu’une opération disposant d’une bonne unité de police constituée était en meilleure position pour assurer ce mandat complexe.  Face à la difficulté de recruter du personnel qualifié, il a estimé que le Comité des 34 devrait également se pencher sur des directives claires au sujet des composantes de police et de leurs critères de sélection.  En ce qui concerne les cas d’inconduite, il a assuré que le Pakistan avait pris des mesures pour punir de tels comportements, allant du renvoi à des peines de prison, ce qui a eu pour effet, depuis leur adoption, a-t-il insisté, de dissuader efficacement les Casques bleus pakistanais de commettre de tels actes. 


M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a présenté plusieurs recommandations qui, de l’avis de sa délégation, contribueraient à améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Il a tout d’abord cité, dans les limites budgétaires actuelles, les défis posés en termes de coûts et a invité à plus d’efficacité, d’innovation et de créativité à cet égard.  Dans ce contexte, il a souligné que la coopération entre l’Opération de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI) et la Mission de l’ONU au Libéria (MINUL) avait considérablement contribué à une transition démocratique couronnée de succès dans la région.  Il a considéré qu’il s’agissait là d’une des meilleures manières d’aborder et de mobiliser les ressources lorsqu’il y a urgence de réaction face à certaines crises sur le terrain.  Il a par ailleurs estimé qu’il incombait en premier lieu aux États Membres de déployer des contingents de qualité sur le terrain.  Le Secrétariat devrait, pour sa part, les aider à développer des mécanismes de révision.  S’agissant des Centres de services, le représentant s’est réjoui des progrès enregistrés en 2011 grâce à celui d’Entebbe, en Ouganda, tout en estimant que la proposition de créer deux nouvelles entités devrait être examinée en fonction des coûts.  Il a invité le Département d’appui aux missions à présenter des données budgétaires qui permettraient d’identifier les épargnes réalisées l’an dernier au regard des années précédentes.  Il a ensuite plaidé pour une collaboration accrue entre les Nations Unies et les organisations régionales, en particulier lorsqu’une nouvelle opération est décidée ou prorogée.  Le mandat des opérations doit également répondre aux besoins sur le terrain et faire l’objet d’un accord clair sur le contenu de ce mandat, a-t-il conclu.    


M. MARTIN VIDAL (Uruguay) a rappelé que son pays a figuré parmi les 10 principaux contributeurs de troupes au cours de ces huit dernières années et consacre aujourd’hui 25% de leurs effectifs au maintien de la paix.  Il a souligné l’importance de la coopération triangulaire qui, a-t-il dit, est essentielle pour conclure des accords politiques sur des questions transversales et pour examiner des questions propres à certaines missions, comme la protection des civils.  Mettant l’accent sur la question de la déontologie et de la discipline, il a déclaré que la grande majorité des soldats de la paix avait un comportement exemplaire qui est malheureusement terni par les actes d’un petit nombre.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la prévention et d’améliorer la manière de répondre aux plaintes.  Soulignant la difficulté d’assurer des ressources adéquates aux mandats des opérations de maintien de la paix, le représentant de l’Uruguay a suggéré de réfléchir à des moyens novateurs.  Il a souhaité que ce débat sur les opérations de maintien de la paix ne se transforme pas en débat sur les ressources financières. 


M. ABUZIED MOHAMED (Soudan) a déclaré que son pays appliquait de manière complète la convention de paix globale, dont la dernière étape était le référendum sur l’indépendance du Soudan du Sud, en juillet 2011.  Il a assuré que le Soudan avait également collaboré de manière étroite avec l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Il est important, a-t-il souligné, de renforcer le rôle des Nations Unies en mettant l’action sur l’interdépendance entre paix, sécurité et développement économique et social.  Face à la complexité croissante des opérations de maintien de la paix, le représentant du Soudan a souhaité que l’on définisse clairement les mandats des missions et leurs stratégies d’achèvement.  Il a mis l’accent sur la nécessité de respecter les trois piliers des opérations de maintien de la paix que sont le respect du consentement, l’impartialité, le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de protection du mandat.  Il a indiqué que la protection des civils incombait en premier lieu à l’autorité nationale.  Il s’est félicité des progrès réalisés par le biais de la mise en œuvre de l’initiative « Nouvel Horizon » et de la stratégie globale d’appui aux missions.  La protection des civils ne doit pas servir de prétexte à une ingérence dans les affaires intérieures d’un État, a-t-il prévenu.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a préconisé de renforcer le partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  Rappelant que les militaires sont les garants de la mise en œuvre du mandat de la mission sur le terrain, il a estimé que leur avis pouvait aussi être requis.  Insistant sur le respect des trois principes fondamentaux, il a considéré que toute expansion injustifiée pour autoriser les opérations de maintien de la paix à recourir à la force mettrait en péril leur impartialité.  S’agissant de la coopération avec les organisations régionales, il a rappelé que celle-ci devrait être réalisée en conformité avec le Chapitre VIII de la Charte de l’ONU et ne pas se substituer au rôle des Nations Unies.  À cet égard, il a noté que l’Union africaine avait renouvelé à plusieurs reprises sa détermination et sa volonté de déployer des opérations d’appui au maintien de la paix mais que l’Union africaine faisait elle-même face à de sérieuses contraintes en termes de ressources, de logistiques, et de capacités.  Il a, dans ce contexte, exhorté les États Membres à appuyer les capacités de maintien de la paix de l’Afrique, notamment en leur assurant des fonds flexibles, durables et prévisibles. 


M. AUGUSTINE UGOCHUKWU NWOSA (Nigéria) a rappelé la nécessité d’un partenariat mondial dans le cadre du maintien de la paix.  Ce partenariat, a-t-il dit, devrait se refléter dans la planification des mandats, dans le déploiement, ainsi que dans la gestion des ressources.  Il a, par ailleurs, rappelé que ce n’est que par une synergie entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs, les donateurs, les organisations régionales et tout autre acteur non étatique que l’on pourra maximiser les dividendes des efforts de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 


Le représentant a ensuite rappelé que lorsqu’il assurait la présidence mensuelle tournante du Conseil de sécurité, en juillet dernier, son pays avait insisté sur le concept de « Diplomatie préventive » dans le maintien de la paix.  Un concept, a-t-il ajouté, qui prend du sens, compte tenu des 1 600 milliards de dépenses militaires des 15 plus grands pays au monde.  Il a estimé que les liens entre paix, sécurité et développement ne pouvaient être oubliés car la négation de l’un des trois n’entraînera que futilité à atteindre les deux autres.  Il a ensuite affirmé aux membres du Comité des 34 l’engagement de sa délégation en faveur d’une tolérance zéro et de normes d’éthique et d’un code de conduite rigoureux pour les troupes qui participent aux opérations.


M. LIBRAN N. CABACTULÁN (Philippines) a rappelé que les Philippines participaient depuis 50 ans à des opérations de maintien de la paix.  Face au caractère multidimensionnel des missions et à leur complexité croissante, on ne saura souligner suffisamment l’importance de mandats clairs, crédibles et réalisables surtout pour ce qui est de la protection des civils, a insisté M. Cabactulán.  Il a également mis l’accent sur l’importance des efforts visant à définir un cadre d’orientation stratégique pour la police des Nations Unies, en insistant sur la volonté de son pays de participer aux ateliers régionaux visant à définir des normes, objectifs et responsabilités de la police.  Il a appuyé l’application totale de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, en indiquant que les Philippines s’étaient engagées à ce qu’au moins 10% des policiers et militaires philippins déployés dans les missions de maintien de la paix soient des femmes.  Le Gouvernement des Philippines a créé un conseil national sur les opérations de maintien de la paix, coprésidé par les Ministres des affaires étrangères et de la défense nationale.  Il est chargé de définir le cadre de la participation des soldats philippins aux opérations de maintien de la paix.  


M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rappelé que son pays était actuellement le quatrième contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de renforcer la coopération triangulaire par le biais de réunions périodiques.  Les pays contributeurs de troupes doivent être consultés préalablement à toute rédaction ou amendement de mandat, a-t-il souhaité.  Le représentant a espéré que les travaux du Groupe consultatif de haut niveau aboutiront à des taux acceptables de remboursement des troupes de maintien de la paix et à une indemnisation en cas de décès ou d’invalidité physique. 


M. KAZUTOSHI AIKAWA (Japon) a estimé que les travaux du Comité des 34 devraient être davantage traduits sur le terrain.  Il a insisté sur l’importance de la coopération triangulaire, en se déclarant convaincu qu’une coopération plus étroite et une transparence accrue permettront de contribuer à définir des mandats clairs et réalisables, notamment par le biais d’un dialogue entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.  Il a également indiqué que sa délégation attendait du Secrétariat qu’il élabore et précise le concept de coopération entre les missions et que le Japon souhaitait aussi assurer la conduite du débat sur le renforcement du rôle des pays fournisseurs de troupes dans le futur. 


Le représentant du Japon a également souligné que son gouvernement avait appelé au retrait de la Mission intégrée de l’ONU au Timor-Leste (MINUT), d’ici à la fin de l’année, afin d’opérer une transition sans heurt vers d’autres institutions pour aider le Timor-Leste à consolider la paix et tirer des leçons de l’expérience de la MINUT.  Le Japon, a ensuite indiqué M. Aikawa, avait récemment renforcé sa contribution à la MINUSS, au Soudan du Sud, en dépêchant des unités de génie.  De telles unités sont également déployées en Haïti.  Il a toutefois déploré le fait qu’il n’y ait pas eu assez de débat à ce sujet au sein du Comité des 34.  Sa délégation est prête à explorer les moyens de renforcer la coopération entre les bataillons d’infanterie et les unités de génie civil. 


M. NEBIL SAID (Érythrée) a estimé qu’aucune opération ne devrait se voir confier un mandat qui ne pourrait respecter les principes fondamentaux que sont la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale, le consentement préalable des parties, l’indépendance politique et l’impartialité.  « Les tentatives visant à contrer ces sacro-saints principes affaibliraient les opérations en tant que principal outil du système de maintien de la paix », a-t-il poursuivi.  S’agissant de la protection des civils, il a considéré qu’il était alarmant que le monde ait été témoin, au cours de ces dernières années, de l’utilisation du mandat en vue de légitimer une intervention étrangère. 


À cet égard, il a réaffirmé que sa délégation considérait que tout effort de la communauté internationale au regard de la protection des civils devrait se limiter à assister les États en leur fournissant les capacités de mettre en œuvre cette tâche vitale.  Par ailleurs, cette assistance ne devrait intervenir que lorsque les États en font eux-mêmes la demande, a-t-il précisé.  En ce qui concerne les technologies, il a considéré que l’utilisation de drones à haute altitude dans les opérations de maintien de la paix, comme le préconisent certains États Membres, avait des implications politiques et juridiques allant bien au-delà du pays hôte.  « La question en jeu, ici, n’est pas de savoir si ces drones, ou toute technologie, aideront ou non les Casques bleus à s’acquitter de leur mandat mais plutôt de savoir si nous devons permettre ou pas à nos Casques bleus de mener des missions de renseignement », a-t-il déclaré.  Rappelant le rôle joué par les organisations régionales dans le maintien de la paix et la sécurité internationales, il a cependant insisté sur la responsabilité qui incombe en premier lieu au Conseil de sécurité.  En conclusion, il a encore invité à la prudence lors du déploiement de troupes, en particulier dans de nombreuses régions d’Afrique, lorsque celles-ci sont issues de pays voisins, et ce, afin d’éviter de potentiels conflits d’intérêt.


M. MOHAMMAD ABDO ABD ELKARIM TARAWNEH (Jordanie) a rappelé que la Jordanie disposait de 3 754 hommes dans les opérations de maintien de la paix à travers le monde.  Il a mis l’accent sur la nécessité de concentrer les efforts pour régler les causes profondes des conflits en renforçant la coopération avec le pays hôte.  Il a dit qu’il faudrait éviter de changer les mandats des opérations de maintien de la paix sans consultation préalable avec les pays contributeurs de troupes, en soulignant l’importance de la coopération triangulaire.  Il a appuyé les objectifs de tolérance zéro concernant certains comportements répréhensibles.  Il a dit attendre avec impatience les propositions du Groupe consultatif de haut niveau sur le remboursement des pays fournisseurs de contingents conformément à la résolution 65/289.


M. ROBERT L. SHAFER, Observateur permanent de l’Ordre souverain militaire de Malte, a déclaré que l’Ordre de Malte participait aux opérations de maintien de la paix depuis 1991.  Il a rappelé que l’Ordre disposait d’un réseau international d’hôpitaux et 100 000 bénévoles et employés.  Tout au long du XXe siècle, a précisé M. Shafer, l’Ordre de Malte a contribué à l’aide humanitaire sous forme d’aide médicale.  Depuis qu’il a créé son premier hôpital à Jérusalem en 1048, l’Ordre de Malte s’est caractérisé par sa neutralité et impartialité en accordant des soins à des personnes de toute religion et toute origine, a ajouté M. Shafer.


M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a souligné l’importance de réformes permettant d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Il a souligné les difficultés à fournir, dans les délais, les ressources matérielles et humaines dont les missions ont besoin.  La difficulté à obtenir les services d’hélicoptères dont les opérations de maintien de la paix ont besoin nous invite à recourir à des démarches innovantes pour trouver des solutions.  Il a indiqué que les États-Unis avaient consacré 23 millions de dollars, au cours de ces deux dernières années, à la formation des policiers des opérations de maintien de la paix.  Il s’est félicité du lancement du Groupe consultatif de haut niveau sur le remboursement des pays fournisseurs de contingents, conformément à la résolution 65/289.  Mettant l’accent sur la politique de tolérance zéro à l’égard des abus sexuels, le représentant des États-Unis a déclaré que les formations destinées à faire respecter les normes étaient très importantes.  M. DeLaurentis a, par ailleurs, jugé essentiel de former de bons dirigeants pour les missions.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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