AG/DSI/3460

Armes nucléaires: la Première Commission se penche sur l’équilibre à trouver entre non-prolifération et désarmement

17/10/2012
Assemblée généraleAG/DSI/3460
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

9e séance – après-midi


ARMES NUCLÉAIRES: LA PREMIÈRE COMMISSION SE PENCHE SUR L’ÉQUILIBRE À TROUVER

ENTRE NON-PROLIFÉRATION ET DÉSARMEMENT


La Première Commission, chargée du désarmement et de la sécurité internationale, entamait, cet après-midi, son débat thématique consacré aux armes nucléaires, au cours duquel des délégations ont présenté cinq projets de résolution.


De nombreuses délégations ont rappelé l’importante contribution aux efforts de non-prolifération que représentent les zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), en souhaitant que les efforts entrepris en faveur de la création de telles zones soient soutenus.  S’exprimant au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), le Pérou a présenté un projet de résolution parrainé par les États de l’organisation régionale intitulé « Zones exemptes d’armes nucléaires dans l’hémisphère Sud et ses régions adjacentes ».  Il a en outre appelé au renforcement de la coopération et de la coordination entre les ZEAN existantes, ainsi qu’à de nouveaux efforts des puissances nucléaires pour qu’elles adhèrent sans conditions, ni réserves aux protocoles aux traités instaurant ces ZEAN.  Rappelant le Plan d’action adopté à l’issue de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2010, il a plaidé pour la création d’une ZEAN au Moyen-Orient, à l’instar de l’Union européenne, de la Suède au nom des sept États Membres de la « Coalition pour un nouvel agenda » ou encore des États-Unis et de la France.


Les États-Unis et la France ont indiqué qu’ils travaillaient étroitement au sein du Groupe P5 à l’adhésion des puissances nucléaires aux traités instaurant des ZEAN.  La France s’est, en particulier, dite prête à signer le plus rapidement possible le Protocole au Traité de Bangkok, qui organise les garanties négatives de sécurité offertes aux pays de la ZEAN d’Asie du Sud-Est.  La représentante des États-Unis a, pour sa part, indiqué que la procédure de ratification était engagée pour les Protocoles aux Traités de Pelindaba et de Rarotonga instaurant respectivement les ZEAN d’Afrique et du Pacifique Sud.


De son côté, l’Égypte a, comme chaque année, présenté au nom du Groupe des États arabes un projet de résolution intitulé « Établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient »*.  Le texte appelle toutes les parties à prendre en urgence des mesures concrètes pour l’établissement d’une telle zone dénucléarisée au Moyen-Orient.  Il invite également les pays de la région à adhérer au TNP et à placer leurs installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).  


Contrepartie de la non-prolifération, le désarmement des puissances nucléaires a été jugé trop lent par beaucoup de délégations, à l’instar de la Suisse, s’exprimant au nom du Chili, de la Malaisie, de l’Algérie et de la Nouvelle-Zélande, qui a déploré que des milliers d’armes nucléaires soient encore déployées dans le monde, dont un nombre élevé en état d’alerte.  Le représentant s’est dit préoccupé par le développement de nouveaux systèmes d’armes qui laisse entrevoir le maintien de capacités nucléaires pour les décennies à venir.  Il a rappelé qu’il incombait, en particulier, aux États-Unis et à la Fédération de Russie d’ouvrir un nouveau cycle de négociations sur des réductions plus marquées de leurs arsenaux.  Dans son intervention, la représentante des États-Unis a précisé que le Traité START II de 2010 ramènerait les arsenaux nucléaires américain et russe à un niveau équivalent à celui des années 50.  Elle a catégoriquement rejeté l’idée selon laquelle son pays développe de nouvelles têtes nucléaires.  « Les investissements que nous faisons concernent les infrastructures et l’amélioration de la sécurité et ne doivent pas être confondus avec le développement d’armes », a-t-elle insisté.


S’exprimant au nom de l’Initiative de désarmement et de non-prolifération, la Turquie a regretté le manque de transparence des puissances nucléaires dans la mise en œuvre des clauses du Plan d’action de la Conférence d’examen du TNP de 2010 qui concernent leur désarmement.  Son représentant a également souligné que les pays de l’Initiative attendaient une réduction de la place des armes nucléaires dans les stratégies sécuritaires et les doctrines militaires.  De son côté, la Suisse a annoncé qu’elle allait présenter, avec le Chili, la Malaisie, le Nigéria et la Nouvelle-Zélande une version actualisée de la résolution 65/71 sur la réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des armes nucléaires. 


À cet égard, la représentante des États-Unis a réaffirmé l’attachement de son pays à l’objectif de réaliser un monde sans armes nucléaires, tout en reconnaissant que le désarmement était « un chemin difficile ».  « Il n’y a pas de raccourcis, pas d’alternatives pratiques à une approche par étape », a expliqué la représentante, avant de rejeter toutes les propositions qui vont dans le sens de la création de nouveaux mécanismes de désarmement au sein des Nations Unies.  Au nom de l’Initiative de désarmement et de non-prolifération, la Turquie s’est ralliée à la proposition du Canada, qui a proposé lors du débat général de lancer des négociations sur un traité interdisant les matières fissiles hors du cadre de la Conférence du désarmement, mais sans toutefois se substituer à elle.  Le Pérou, au nom des pays membres de l’UNASUR, a réclamé l’organisation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement pour contourner l’impasse qui paralyse les travaux de cette même Conférence.


En fin de séance, la République arabe syrienne, la République populaire démocratique de Corée et le Japon ont exercé leur droit de réponse.


La Première Commission poursuivra son débat thématique sur les armes nucléaires demain, jeudi 18 octobre à 15 heures, en salle de conférence 1.


* A/67/C.1/L.1


DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Déclarations


M. FIKRY CASSIDY (Indonésie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a insisté sur la nécessité d’entamer des négociations sans plus de délais sur un programme échelonné en vue de l’élimination complète des armes nucléaires, avec un calendrier spécifique, et prévoyant l’élaboration d’une convention sur les armes nucléaires.  À cet égard, le Mouvement des pays non alignés est préoccupé par la lenteur des progrès en direction du désarmement nucléaire, et le manque de progrès des États dotés de l’arme nucléaire pour accomplir l’élimination de leurs armes nucléaires sans délais, de manière transparente, irréversible et vérifiable sur le plan international.  Le Mouvement des pays non alignés réaffirme en outre que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue contre l’usage ou la menace de l’usage de telles armes.  Il réaffirme également que tous les États non dotés doivent recevoir des garanties efficaces contre l’utilisation ou la menace de l’utilisation de telles armes.  


Le représentant a ensuite indiqué que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires était une importante mesure pour atteindre le désarmement nucléaire mondial et les objectifs de non-prolifération.  Le Mouvement des pays non alignés estime que l’établissement de telles zones ne dispense pas pour autant les États de leur obligation d’éliminer totalement les armes nucléaires.   Le représentant a ensuite exhorté le Secrétaire général et les coauteurs de la résolution de 1995, en consultation avec les États de la région, de déployer leurs efforts pour assurer le succès de la Conférence qui se tiendra à Helsinki en 2012, à laquelle doivent participer tous les États du Moyen-Orient.  Le Mouvement des pays non alignés souligne l’importance de la pleine mise en œuvre de tous les aspects du Plan d’action et de l’engagement constructif et actif de toutes les parties concernées pour assurer le succès de cette conférence.


S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. OSAMA ABDEL-KHALEK (Égypte) a présenté, au nom de ses coauteurs, deux projets de résolution.  Le premier projet de résolution, intitulé « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient » (A/C.1/67/L.2), note avec satisfaction la mise en œuvre du Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2010 qui soulignait l’importance de mettre en œuvre la résolution de 1995 sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient et convoquait une conférence sur le sujet en 2012.  Le projet de résolution réaffirme également l’importance qu’Israël adhère au TNP comme État non doté et soumette ses installations nucléaires au contrôle de l’AIEA.


Le second projet de résolution, intitulé « Établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient » (A/C.1/67/L.1), appelle toutes les parties à prendre en urgence des mesures concrètes pour l’établissement d’une ZEAN au Moyen-Orient.  Le texte invite également les pays concernés à adhérer au TNP et appelle tous les pays de la région qui ne l’ont pas encore fait à placer leurs installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA.


S’exprimant au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), M. ENRIQUE ROMÁN-MOREY (Pérou) a appelé les puissances nucléaires à remplir leurs engagements dans le domaine du désarmement.  Tout en saluant les résultats encourageants de la première session, qui s’est tenue en mai dernier à Vienne, du Comité préparatoire à la Conférence d’examen du TNP de 2015, il a estimé que les interventions des puissances nucléaires avaient « manqué d’ambitions », alors que les pays de l’UNASUR attendent « des progrès concrets ».  « Le résultat de la Conférence d’examen de 2015 devrait inclure l’adoption d’un calendrier pour l’élimination totales des armes nucléaires », a-t-il ajouté.


Revenant ensuite sur l’impasse à la Conférence du désarmement, le représentant a appelé au nom de l’UNASUR à l’organisation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement.  Il a réaffirmé le soutien de l’UNASUR à une « formule consensuelle » permettant l’adoption d’un programme de travail, puis le lancement de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles.  Il a toutefois précisé que les pays de l’UNASUR exprimaient aussi leur intérêt à se pencher sur les autres points à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement, le désarmement nucléaire, la prévention d’une course aux armements dans l’espace et les garanties négatives de sécurité offertes par les puissances nucléaires.


Devant la Première Commission, M. Román-Morey a ensuite rappelé l’importante contribution aux efforts de non-prolifération que représentent les zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), en insistant sur le renforcement de la coopération et de la coordination entre elles, ainsi que sur la nécessité pour les puissances nucléaires d’adhérer sans conditions, ni réserves aux protocoles des traités instaurant ces ZEAN.  Rappelant ensuite le Plan d’action adopté à l’issue de la Conférence d’examen de 2010, il a réaffirmé le soutien de l’UNASUR à la création d’une ZEAN au Moyen-Orient, en appelant tous les États de cette région à participer à la Conférence organisée sur ce sujet, à Helsinki en décembre prochain.  En conclusion, il a présenté un projet de résolution coparrainé par les États de l’UNASUR intitulé « Zones exemptes d’armes nucléaires dans l’hémisphère Sud et ses régions adjacentes ». 


S’exprimant au nom des cinq États parties à la ZEAN en Asie centrale, Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a rappelé les différentes étapes qui ont mené à la création de cette zone, la première dans l’hémisphère nord, le 21 mars 2009.  Insistant sur la contribution de cette nouvelle ZEAN à la stabilité régionale et internationale, ainsi qu’au désarmement et à la non-prolifération, la représentante a souligné que tous les États parties avaient renoncé à accueillir sur leur sol ou à produire et développer des armes nucléaires.  Elle a ensuite exhorté les puissances nucléaires à rejoindre les protocoles du Traité de Semipalatinsk instaurant cette ZEAN et établissant les garanties négatives de sécurité offertes aux États d’Asie centrale.  « Forts de leur expérience, les pays d’Asie centrale appellent aussi à l’élaboration d’une ZEAN au Moyen-Orient », a-t-elle indiqué, en rappelant le Plan d’action adopté à l’issu de la Conférence d’examen du TNP de 2010.


M. BENNO LAGGNER (Suisse) a estimé que les mesures prises par les États dotés de l’arme nucléaire pour se conformer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) restaient insuffisantes.  Des milliers d’armes nucléaires sont encore déployées dans le monde, dont un nombre significatif en état d’alerte, a-t-il fait remarquer.  Le représentant s’est dit préoccupé par le développement de nouveaux systèmes d’armes qui laisse entrevoir le maintien de capacités nucléaires pour les décennies à venir.  Il a souligné qu’il incombait en particulier aux États-Unis et à la Fédération de Russie d’ouvrir un nouveau cycle de négociations sur des réductions plus marquées, portant sur tous les types d’armes nucléaires, qu’elles soient stratégiques ou non stratégiques, déployées ou non déployées.  M. Laggner a rappelé qu’il était primordial pour avancer sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires d’appliquer intégralement les engagements contractés dans le cadre du TNP, particulièrement les 13 mesures pratiques adoptées en 2000.  Il a précisé que la Suisse continuera de soutenir l’initiative de l’ONG « Reaching Critical Will » qui permet de suivre la mise en œuvre du Plan d’action.  M. Laggner a cité la publication en 2013 d’informations factuelles sur la mise en œuvre du Plan d’action qui sera disponible avant la deuxième session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du TNP de 2015, qui aura lieu à Genève en mai 2013. 


En sa qualité de coordonnateur du groupe « De-alerting » en 2012, la Suisse poursuivra ses efforts en vue de la réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des armes nucléaires, a indiqué M. Laggner.  Il a annoncé que la Suisse allait avec le Chili, la Malaisie, le Nigeria et la Nouvelle-Zélande présenter une version actualisée de la résolution 65/71 sur la question.  Le représentant de la Suisse a ajouté qu’un événement parallèle se tiendra le 17 octobre pour présenter une étude préparée par deux experts de la Federation of American Scientists et du Natural Resources Defense Council, qui aborde sous de nouveaux angles la question de la réduction du niveau d’alerte des armes nucléaires.  La Suisse poursuivra ses initiatives visant à délégitimer les armes nucléaires, a-t-il indiqué par ailleurs, avant de saluer l’attention croissante que les États et organisations internationales accordent à la dimension humanitaire du désarmement nucléaire.  Enfin, tout en saluant l’engagement d’améliorer la sécurité nucléaire pris en 2012 à Séoul, le représentant de la Suisse s’est dit convaincu qu’un tel processus devrait porter sur les matières fissiles aussi bien civiles que militaires.


M. ANDRAS KOS, délégué de l’Union européenne, a souligné que le TNP constituait la pierre angulaire du système de non-prolifération nucléaire et la fondation essentielle à la poursuite d’un désarmement nucléaire.  Il a exhorté les États parties au TNP à poursuivre la mise en œuvre équilibrée du Plan d’action assorti au Document final de la Conférence d’examen 2010 du TNP, avec l’objectif de renforcer les trois piliers du TNP.  Le représentant de l’Union européenne a annoncé que, les 5 et 6 novembre à Bruxelles, aura lieu un deuxième séminaire sur la création d’une zone exempte d’arme nucléaire au Moyen-Orient.  M. Kos s’est félicité de la nomination du Ministre finlandais Jaakko Laajava en tant que Facilitateur, et de la Finlande en tant que pays hôte de la Conférence de décembre prochain consacrée au Moyen-Orient sur la zone exempte d’armes nucléaires.  Par ailleurs, il a souligné le rôle de l’AIEA et de son système de vérification concernant l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a dit que l’Union européenne a contribué au renforcement des capacités du service d’analyse pour les garanties de l’AIEA en finançant le nouveau laboratoire de matières nucléaires.  Il s’est aussi félicité des travaux entrepris concernant les approches multilatérales du cycle du combustible nucléaire en précisant que l’Union européenne fournira un soutien financier à la future banque de combustibles nucléaires faiblement enrichis.


Le représentant de l’Union européenne a fustigé un programme nucléaire iranien qui est mis en oeuvre en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et du Conseil des gouverneurs de l’AIEA et s’est particulièrement inquiété des essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a exhorté l’Iran à respecter sans attendre toutes les résolutions du Conseil de sécurité et les requêtes de l’AIEA.  Il a précisé que le groupe E3+3 –Chine, France, Allemagne, Fédération de Russie, Royaume-Uni et États-Unis- conduit par la Haut-Représentante de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune, restait ferme, clair et uni dans sa recherche d’une résolution diplomatique rapide et une réponse face aux inquiétudes que pose le programme nucléaire iranien.  Par ailleurs, il a fermement condamné la tentative de la RPDC de procéder à un nouvel essai le 13 avril dernier et qui constitue une sérieuse violation des résolutions 1695, 1718 et 1874 du Conseil de sécurité.  Le représentant de l’Union européenne a exhorté la RPDC à abandonner, immédiatement et d’une manière irréversible et vérifiable, ses programmes nucléaires et balistiques, y compris ses activités d’enrichissement d’uranium. 


Par ailleurs, le représentant de l’Union européenne a estimé que des assurances crédibles étaient nécessaires sur les activités conduites en matière de non-prolifération.  Il a indiqué que l’Union européenne soutenait le Partenariat mondial du G-8, l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire, les Sommets sur la sécurité nucléaire, l’Initiative de sécurité contre la prolifération, l’Initiative mondiale de réduction des menaces et le Groupe d’action financière.  En outre, il a assuré que l’Union européenne attachait une grande importance à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et à l’avènement d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles.  Il est important de progresser dans l’établissement de zones exemptes d’arme nucléaire, a-t-il ajouté, en saluant tout particulièrement les progrès récents réalisés dans ce domaine par les États membres de l’ANASE.  Avant de conclure, il a salué l’entrée en vigueur du nouveau Traité START entre les États-Unis et le Fédération de Russie en encourageant ces deux pays à poursuivre leurs négociations dans le but de parvenir à de plus grandes réductions de leurs arsenaux nucléaires.


Intervenant au nom des sept États Membres de la « Coalition pour un nouvel agenda  », M. ULF LINDELL (Suède) a indiqué que cette coalition présenterait à nouveau cette année, un projet de résolution consacré à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Ce texte, a-t-il précisé, appelle les États dotés de l’arme nucléaire à prendre des mesures concrètes, transparentes, vérifiables et irréversibles pour éliminer tout type d’armes nucléaires.  Il les exhorte aussi à mettre en œuvre toutes les décisions adoptées lors des Conférences d’examen du TNP de 1995, 2000 et 2010, notamment les mesures les concernant contenues dans le Plan d’action de 2010.  Le projet de résolution, a-t-il ajouté, invite aussi les États dotés de l’arme nucléaire de diminuer le rôle et l’importance des armes nucléaires dans tous les concepts militaires et de sécurité, doctrines et politiques.  Il souligne aussi la nécessité de rendre irréversible le retrait de toute matière fissile qui n’est plus nécessaire à des fins d’armements.


Par ailleurs, le représentant a aussi mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre les trois recommandations du Plan d’action du TNP relatives à la Conférence du désarmement.  Ce texte, a-t-il précisé, invite les États-Unis et la Fédération de Russie à poursuivre les discussions sur le suivi des mesures du nouvel Accord START.  Ce texte appelle aussi à des efforts renouvelés pour créer une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient et invite l’Inde, le Pakistan et Israël à adhérer au TNP et la République populaire démocratique de Corée à renoncer au retrait de ce Traité.


M. WOOLCOTT, Président du Comité préparatoire à la Conférence du TNP, s’est félicité que le résultat le plus important de la première session était la réaffirmation par les États de leur engagement en faveur du projet de plan d’action qu’il ont consolidé en vue de poursuivre les négociations.  S’agissant de la Conférence de 2012 pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, il a indiqué que le dialogue entre le Facilitateur et l’État hôte se poursuivait.  Il a également rappelé que tous les États avaient la responsabilité de mettre en œuvre les engagements pris en vertu du TNP.  Les États parties se sont rendus au Comité préparatoire avec un niveau élevé de réalisme, a-t-il dit, en précisant que les travaux du Comité préparatoire de 2012 constituaient une base solide mais ne préjugeaient pas d’un succès


M. JEAN-HUGUES SIMON MICHEL (France) a salué les efforts du Facilitateur de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et de toutes autres armes de destruction massive, prévue à Helsinki, en Finlande, en décembre prochain.  Il a ensuite affirmé que la France n’entendait pas participer à une quelconque course aux armements, et qu’elle appliquait le principe de stricte suffisance, c’est-à-dire qu’elle maintient son arsenal au niveau le plus bas possible, qui est compatible avec le contexte stratégique.  Le représentant a ensuite dit que son pays soutenait de longue date la constitution d’une des voies importantes de promotion du désarmement et de non-prolifération.  Dans ce cadre, la France est prête, conjointement avec les États dotés de l’arme nucléaire, à signer le plus rapidement possible le protocole au Traité de Bangkok. 


Concernant le dossier iranien, le représentant a indiqué que son pays était déterminé, avec ses partenaires de l’E3+3, à trouver une solution diplomatique de long terme à cette crise fondée sur l’application des résolutions du Conseil de sécurité et du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.  « Nous attendons de l’Iran qu’il réponde de manière constructive à nos propositions et qu’il négocie sérieusement », a-t-il dit.  À défaut, nous continuerons de renforcer, avec nos proches partenaires, la pression diplomatique sur l’Iran, notamment avec de nouvelles sanctions, a assuré le représentant.  En outre, il a souligné que la République populaire démocratique de Corée devrait se conformer à l’ensemble de ses obligations internationales et s’abstenir de tout nouvel acte susceptible de porter atteinte à la sécurité régionale et internationale. 


S’agissant du régime de non-prolifération, la France appelle tous les États qui ne l’auraient pas fait à conclure un accord de garanties généralisées afin de satisfaire aux obligations posées par l’article 3 du TNP.  Évoquant enfin les négociations multilatérales en matière de désarmement nucléaire, le représentant a estimé que le temps des négociations sur l’ordre des priorités était passé, et que l’action 15 du Plan d’action du TNP appelait à commencer immédiatement la négociation d’un traité d’interdiction de la production des matières fissiles pour les armes nucléaires à la Conférence du désarmement.  La France rappelle que la Conférence du désarmement est le seul organe multilatéral chargé de négocier des traités à vocation universelle dans le domaine du désarmement, et la France y est attachée, comme de nombreux autres États.  L’expertise et les caractéristiques de la Conférence du désarmement, en particulier la règle du consensus et la participation de tous les États ayant des capacités clefs dans le domaine nucléaire, sont aussi la garantie que les conventions qu’elle négocie auront une vocation réellement universelle et apporteront une vraie contribution à la sécurité internationale, a conclu le représentant.


M. AMANO (Japon)  a indiqué que son pays accueillait favorablement les mesures multilatérales et bilatérales prises au cours des dernières années par les États dotés de l’arme nucléaire que sont la France, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, de procéder à une réduction de la taille de leurs arsenaux nucléaires.  Le représentant a en outre rappelé qu’en ce qui concerne la mise en œuvre des mesures de désarmement nucléaire, le principe de transparence était crucial.  Le Japon est convaincu qu’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles est la prochaine étape logique en direction du désarmement nucléaire, a dit son représentant.  À cet égard, il a regretté que la Conférence du désarmement n’ait pas débuté les négociations sur ce texte.  Appuyant la tenue d’une conférence en 2012 sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, le représentant du Japon a appelé toutes les parties à participer à cette conférence dans un esprit de coopération constructive et authentique. 


S’exprimant au nom de l’initiative multinationale pour la non-prolifération et le désarmement, M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a déploré le manque de transparence des puissances nucléaires dans la mise en œuvre des clauses du Plan d’action de la Conférence d’examen du TNP de 2010 les concernant.  Il a ensuite souligné l’importance de cette transparence pour renforcer la confiance entre États dotés et États non dotés de l’arme nucléaire et permettre des avancées plus rapides dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.  Les pays participant à cette initiative attendent également des réductions d’arsenaux plus significatives, a-t-il ajouté, avant de réclamer aussi une réduction de la place des armes nucléaires dans les stratégies sécuritaires et les doctrines militaires.


Le représentant a également réitéré le soutien des pays participant à l’initiative à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, ainsi qu’à l’organisation d’une Conférence sur ce thème en décembre prochain, à Helsinki, conformément au Plan d’action de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  Après avoir salué les ratifications récentes du TICEN par le Guatemala et l’Indonésie, le représentant a appelé tous les autres pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier aussi le texte afin de permettre son entrée en vigueur.  Enfin, le représentant a fait part de la profonde préoccupation des pays de l’initiative face à l’impasse qui caractérise la Conférence du désarmement depuis une décennie.  « Nous exhortons les États Membres à adopter et mettre en œuvre un programme de travail qui inclut le lancement immédiat de négociations sur un traité interdisant les matières fissiles », a-t-il insisté.  Sa délégation, a-t-il exprimé avant de conclure, appuie la proposition du Canada de démarrer des discussions sur ce sujet hors du cadre de la Conférence du désarmement, mais sans toutefois se substituer à elle.


Mme LAURA KENNEDY (États-Unis) a indiqué que son pays avait initié des discussions avec les puissances nucléaires (P5) et d’autres États Membres afin de dépasser les blocages au sein de la Conférence du désarmement qui ont empêché le lancement de négociations sur un traité interdisant les matières fissiles, en soulignant que c’était la meilleure manière d’aller de l’avant et de dépasser la paralysie de la Conférence du désarmement.  Les États-Unis soutiennent l’objectif d’un monde sans armes nucléaires, a-t-elle réaffirmé, tout en rappelant que le désarmement était « un chemin difficile ».  « Il n’y a pas de raccourcis, pas d’alternatives pratiques à une approche par étape », a-t-elle expliqué, avant de rejeter toutes les propositions qui vont dans le sens de la création de nouveaux mécanismes de désarmement au sein des Nations Unies.


La représentante a ensuite passé en revue les différentes actions et initiatives entreprises par les puissances nucléaires pour avancer dans la mise en œuvre du Plan d’action adopté à l’issue de la Conférence d’examen du TNP de 2010, en citant en particulier les Conférences du Groupe P5 à Paris et à Washington au cours de ces deux dernières années.  Elle a précisé que ces réunions avaient permis d’avancer sur des dossiers clefs comme la ratification du TICEN par les pays du P5 qui ne l’ont pas encore fait, ou le lancement de discussions sur un traité interdisant les matières fissiles.


Défendant également une réduction par étape des arsenaux nucléaires, Mme Kennedy a rappelé que le Traité américano-russe START II, signé en 2010 et aujourd’hui en vigueur, réduirait les arsenaux nucléaires américain et russe à un niveau équivalent à celui des années 50.  Elle a catégoriquement rejeté l’idée selon laquelle son pays développerait de nouvelles têtes nucléaires. « Les États-Unis ne sont pas en train de développer de nouvelles armes atomiques, ni en train de lancer de nouvelles missions », a-t-elle insisté, en précisant que « les investissements que nous faisons concernent les infrastructures et l’amélioration de la sécurité et ne doivent pas être confondus avec le développement d’armes ».


La représentante a également défendu l’établissement de ZEAN et leur contribution à la non-prolifération.  Passant en revue les avancées de ces derniers mois, elle a indiqué que la procédure de ratification avait été engagée concernant les protocoles aux Traités de Pelindaba et de Rarotonga instaurant respectivement les ZEAN d’Afrique et du Pacifique Sud, que les États-Unis travaillaient avec les Membres du Groupe P5 pour rejoindre le Traité de Bangkok instaurant la ZEAN d’Asie du Sud-Est, et que les discussions allaient bientôt démarrer à propos du Traité de Semipalatinsk créant la ZEAN d’Asie centrale.


Mme Kennedy a par ailleurs fait part des graves préoccupations de son pays face aux violations du TNP et des résolutions du Conseil de sécurité par l’Iran, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Syrie.  Soulignant que ces États menaçaient la sécurité mondiale, elle a appelé la communauté internationale « à exercer des pressions pour obtenir le respect du TNP, conformément au Plan d’action adopté en 2010 ».


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a reproché à l’Union européenne « de regarder la réalité d’un seul œil, en ignorant l’existence d’un arsenal nucléaire unique dans la région, celui d’Israël, que des pays européens ont aidé à constituer ».  Il a ensuite déploré que le représentant de l’Union européenne n’ait pas « évoqué Israël dans sa déclaration » et qu’il ne l’ait « pas encouragé à rejoindre le TNP ».  Rappelant ensuite qu’en 2007, « l’aviation israélienne avait bombardé un bâtiment civil qui n’avait rien à voir avec un programme nucléaire », le représentant syrien s’est étonné « que l’Union européenne n’ait pas exprimé de position sur cette violation flagrante du droit international ».  Le représentant a tenu à rappeler que son pays avait adhéré au TNP en 1968 « bien avant de nombreux pays de l’Union européenne ».  S’adressant ensuite à la France, il a souhaité que les prochaines séances de la Première Commission soient « l’occasion de parler des multiples essais nucléaires qu’elle a pratiqués dans de nombreux pays du monde, en provoquant des cataclysmes humains et environnementaux ».


À son tour, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rejeté les déclarations « provocatrices et erronées » du représentant du Japon sur la situation dans la péninsule coréenne.  « La dissuasion nucléaire de la RPDC est une réponse à la politique hostile des États-Unis », a-t-il précisé, en estimant que « si les États-Unis n’avaient pas disposé d’armes atomiques en Corée du Sud, la RPDC n’aurait pas eu à soulever la question des armes atomiques dans la péninsule coréenne ».  « Ce sont les États-Unis qui ont installé des armes nucléaires dans la péninsule, créant ainsi une menace à la survie de la RPDC et de son peuple et qui nous ont contraints à posséder une force de dissuasion nucléaire », a expliqué le représentant, avant de rejeter aussi les résolutions du Conseil de sécurité condamnant son pays car, a-t-il fait remarquer, ces résolutions n’ont jamais fait référence aux armes nucléaires américaines ».  Évoquant par ailleurs le programme d’enrichissement d’uranium de son pays, il a indiqué qu’il était « de nature pacifique » et « respectueux du droit international ».  Il a enfin accusé le Japon de « maîtriser la filière nucléaire », de disposer de « 40 tonnes de plutonium et des technologies nécessaires à la création d’armes nucléaires dans un délai très court ».


Réagissant à ces commentaires, le représentant du Japon a dénoncé « les allégations sans fondement de la RPDC sur trois points ».  Il a réaffirmé d’abord l’engagement de son pays « aux trois principes d’un État non doté de l’arme nucléaire: ne pas posséder, ne pas développer et ne pas accueillir d’armes nucléaires sur son territoire ».  Il a rappelé ensuite que les exercices auxquels se livre l’armée japonaise et les systèmes balistiques dont elle dispose servent « exclusivement à la défense et ne menacent aucun pays, ni aucune région ».  Enfin, il a souligné que le Japon avait toujours respecté le TNP et les contrôles de l’AIEA.


Reprenant la parole, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rejeté les remarques du Japon, en les qualifiant « d’informations erronées » et « relevant d’une distorsion de la réalité ».  Il a accusé le Japon d’être « sous le parapluie nucléaire des États-Unis, alors que c’est le pays qui a largué ses bombes nucléaires sur le territoire japonais ».  « Le Gouvernement du Japon a lui-même admis avoir conclu un accord nucléaire avec les États-Unis en 1960 prévoyant le déploiement de navires de guerre équipés d’armes nucléaires dans les eaux du Japon », a-t-il ajouté.


Le représentant du Japon a rétorqué qu’il n’existait « aucun fait avéré prouvant l’autorisation donnée par le Japon au déploiement d’armes nucléaires sur son territoire ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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