Première Commission: désarmement et non-prolifération dominent la deuxième journée du débat général
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Première Commission
3e séance – matin
PREMIÈRE COMMISSION: DÉSARMEMENT ET NON-PROLIFÉRATION DOMINENT
LA DEUXIÈME JOURNÉE DU DÉBAT GÉNÉRAL
La Haut-Représentante pour le désarmement appelle
les États Membres à placer leurs intérêts communs avant leurs intérêts nationaux
La Première Commission, chargée du désarmement et de la sécurité internationale, a poursuivi aujourd’hui ses travaux en entendant la Haut-Représentante pour le désarmement, Mme Angela Kane, avant de reprendre son débat général, entamé hier.
Mme Kane s’est faite l’écho des préoccupations exprimées par de nombreuses délégations et un grand nombre d’observateurs de la société civile, après la clôture des travaux de la Première Commission l’année dernière. « On peut être tenté de conclure que tout le processus de coopération multilatéral pour faire avancer le désarmement et la non-prolifération est à l’arrêt », a dit Mme Kane. « Pourtant, aucune de ces préoccupations n’est une surprise, étant donné la complexité des questions inscrites à l’ordre du jour de la Première Commission, y compris celles qui nous préoccupent depuis des décennies », a-t-elle ajouté.
Pour la Haut-Représentante pour le désarmement, les difficultés pour atteindre les objectifs sont bien plus à mettre au compte des différences de politiques et de priorités entre États Membres que de quelconques défauts dans l’organisation ou le mandat de la Première Commission. Mme Angela Kane a ainsi plaidé pour une harmonisation des efforts internationaux, en rappelant que la poursuite des intérêts communs devrait primer sur la défense des intérêts de tel ou tel État Membre, comme c’est le cas dans d’autres forums.
Les délégations, qui sont intervenues à la suite de cette déclaration, sont notamment revenues sur les blocages au sein de la Conférence du désarmement, et l’absence de négociations sur un traité visant à interdire la production de matières fissiles. Le représentant du Japon a ainsi appelé la Première Commission à trouver des moyens permettant de contourner cette impasse, en appuyant les efforts du Canada et les propositions concrètes qu’il a présentées pour faire avancer les discussions sur un tel traité, indépendamment de la situation au sein de la Conférence du désarmement. De leur côté, Cuba et le Yémen ont réaffirmé le rôle de la Conférence du désarmement comme seule instance habilitée à négocier les traités de désarmement.
Autre thème central de cette séance du débat général: les questions de désarmement et de non-prolifération nucléaires. Les délégations ont réitéré leur soutien au TNP et salué les résultats positifs de la première session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2015, qui s’est tenue en mai dernier. Plusieurs États Membres ont rappelé l’importance de mettre en œuvre les plans d’action de 2010 et de 1995, en particulier pour ce qui a trait à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. La Turquie, le Yémen, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont, notamment, insisté pour que la conférence prévue sur cette question avant la fin de l’année 2012 soit organisée rapidement. Par ailleurs, après avoir rappelé le droit légitime des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, plusieurs délégations ont appelé Israël et l’Iran à soumettre leurs installations nucléaires aux contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le représentant du Japon a aussi lancé un appel à la transparence à l’attention de la République démocratique populaire de Corée, dont le programme nucléaire suscite aussi de vives inquiétudes.
La Première Commission poursuivra son débat général, demain mercredi 10 octobre, à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
Mme ANGELA KANE, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a évoqué les préoccupations partagées par de nombreuses délégations et de nombreux observateurs de la société civile après la clôture des travaux de la Première Commission, l’année dernière. Certaines de ces préoccupations reflètent des difficultés de longue date dans le mécanisme du désarmement, notamment l’impasse de la Conférence du désarmement, l’incapacité chronique de la Commission du désarmement à parvenir à un consensus, et la longue histoire de divisions apparues lors de votes sur certaines résolutions clefs au sein de la Première Commission. Mme Kane a également attiré l’attention sur d’autres préoccupations, notamment l’impatience résultant des faibles avancées en matière de désarmement nucléaire. Les dépenses militaires continuent de croître, nous continuons à nous armer plutôt que de développer les instruments de la paix, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) n’est toujours pas entré en vigueur, et il y a des résistances pour démarrer les négociations sur un projet de convention sur les armes nucléaires.
En passant en revue ces préoccupations, on peut être tenté de conclure que tout le processus de coopération multilatéral pour faire avancer le désarmement et la non-prolifération est à l’arrêt, a dit Mme Kane. Pourtant, aucune de ces préoccupations n’est une surprise, étant donné la complexité des questions inscrites à l’ordre du jour de la Première Commission, y compris celles qui nous préoccupent depuis des décennies. À cet égard, Mme Kane a rappelé aux délégations que cette année marquait le dixième anniversaire du premier rapport du Secrétaire général sur l’éducation en matière de désarmement et de non-prolifération. Selon ce rapport, l’objectif de l’éducation dans ces domaines est de permettre aux citoyens de contribuer aux mesures de désarmement et de non-prolifération.
Pour Mme Kane, les difficultés pour atteindre les objectifs sont bien plus à mettre au compte des différences de politiques et de priorités entre États Membres, que de quelconques défauts dans l’organisation ou le mandat de la Première Commission. Il faut harmoniser les efforts nationaux pour atteindre les objectifs communs, a-t-elle affirmé, en ajoutant que la Commission avait fait des efforts pour résoudre certains problèmes. Pour la Haut-Représentante, la poursuite des intérêts communs doit être le principe. La Première Commission ne doit pas être un forum pour la défense des intérêts de tel ou tel État Membre, comme c’est peut être le cas dans bien d’autres forums dans le monde, a-t-elle affirmé. Mme Kane a rappelé qu’en janvier 1946, le premier Président de l’Assemblée générale avait demandé aux États Membres de faire en sorte que leurs intérêts nationaux soient incorporés dans le cadre général de l’intérêt commun. Il faut trouver une harmonie entre intérêts particuliers et intérêts généraux, a-t-elle dit avant de conclure.
S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), M. U MAUNG WAI (Myanmar) a salué l’adhésion de l’Union européenne et du Royaume-Uni au Protocole du Traité instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est. Il a rappelé que le désarmement nucléaire restait la priorité de l’ANASE et qu’il reposait sur une approche multilatérale. Il a salué les résultats de la première session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du TNP qui s’est tenu, en mai dernier. Les pays de l’ANASE attendent toujours la mise en œuvre des plans d’actions adoptés à l’issue des Conférences d’examen du TNP de 1995 et 2010, notamment pour ce qui a trait à l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Le représentant a ensuite souligné que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) était l’un des outils incontournables du désarmement et de la non-prolifération. C’est pourquoi, il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait, à signer et ratifier le Traité afin qu’il puisse entrer en vigueur.
Abordant la question des armes conventionnelles, le représentant a exhorté les États à adhérer aux conventions interdisant les armes chimiques et biologiques. Il a salué les résultats encourageants obtenus lors de la onzième Conférence des États parties à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, qui s’est tenue l’année dernière. Il a déploré cependant l’échec de la Conférence pour un traité sur le commerce des armes, tout en reconnaissant que le document final prenait au moins en compte les armes légères et de petit calibre (ALPC), dont le trafic illicite reste un fléau pour de nombreuses régions du monde.
M. ENRIQUE ROMÁN-MOREY (Pérou) a souligné que la prolifération d’armes légères et de petit calibre avait des effets déstabilisateurs en Amérique latine, mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient. Il a ajouté que les pays développés étaient également touchés par l’usage de telles armes, comme l’ont montré certains évènements dramatiques récents. Le Pérou appuie l’organisation d’un nouveau cycle de négociations en 2013 en vue de parvenir à un accord sur l’adoption d’un traité vigoureux visant à réglementer le commerce des armes.
Le représentant a ensuite insisté sur la question des munitions: l’heure est venue pour que l’Assemblée générale aborde cette question incontournable, et il faut trouver les moyens et les mécanismes pour réaliser cet objectif. S’agissant de la question de la non-prolifération nucléaire, le Pérou appelle les pays qui sont en dehors du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à le rejoindre. Le représentant a par ailleurs ajouté que son pays attendait avec impatience la conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. S’agissant des mécanismes du désarmement et de la Commission du désarmement, il a insisté sur la nécessité de trouver un moyen de surmonter l’impasse absurde dans laquelle elle se trouve.
M. MARI AMANO (Japon) a souligné l’importance des initiatives des États dotés d’armes nucléaires pour faire avancer le désarmement et renforcer le régime international de non-prolifération. Dans ce contexte, il a appelé les puissances nucléaires qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Protocole du Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est. Il a également appelé à la tenue de la Conférence, prévue en principe cette année, en vue de l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, comme prévu par le Plan d’action adopté à l’issue de la Conférence d’examen du TNP de 2010.
Concernant la question des mécanismes du désarmement, le représentant du Japon a déploré l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement. Face à l’incapacité de cet organe de négociation multilatéral à adopter et mettre en œuvre un programme de travail substantiel permettant, en particulier, de lancer les négociations sur un traité sur la production de matières fissiles, le représentant a appelé la Première Commission à trouver des moyens permettant de contourner cette impasse. Sa délégation, a-t-il dit, appuie les efforts du Canada et les propositions concrètes qu’il a présentées pour faire avancer les discussions sur un tel traité, indépendamment de la situation au sein de la Conférence du désarmement.
Évoquant ensuite la question de non-prolifération, le représentant a souligné les inquiétudes suscitées par le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en appelant ses dirigeants à l’abandonner complètement et de manière totalement transparente vis-à-vis de la communauté internationale. Il a également appelé l’Iran à prendre des mesures fortes pour restaurer la confiance à l’égard de ses activités de recherche nucléaire. Soulignant enfin que le désarmement n’était pas limité aux armes nucléaires, le représentant a fait part de la déception de son pays après l’échec de la Conférence pour un traité sur le commerce des armes, en juillet dernier. Il a estimé qu’il était nécessaire de conclure ces négociations le plus tôt possible, sur la base du projet de traité existant à l’heure actuelle ».
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a rappelé l’adhésion de son pays au multilatéralisme, particulièrement dans le domaine du désarmement. Il a déploré les blocages persistants au sein de la Conférence du désarmement, en les qualifiant « d’intenables » et en soulignant que la revitalisation de « cet organe de négociation par excellence » nécessitait un large consensus des États Membres. Dans ce contexte, il a appelé les États Membres à parvenir à un consensus afin que la Conférence du désarmement puisse adopter un programme de travail équilibré, en y incluant des négociations sur le désarmement nucléaire, sur les assurances négatives de sécurité, sur la prévention de la course aux armements dans l’espace et sur un traité encadrant la production de matières fissiles.
Après avoir rappelé que le TNP était la pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération, le représentant a réaffirmé l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), à l’instar de celle qui avait été instaurée en Amérique latine par le Traité de Tlatelolco. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre les Plans d’action adoptés à l’issue des Conférences d’examen du TNP de 1995 et de 2010, en insistant en particulier, sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
Soulignant les différents aspects du désarmement nucléaire, le représentant a défendu une approche simultanée pour avancer tant sur l’élimination des armes nucléaires non stratégiques, que sur la réduction du rôle des armes nucléaires dans les doctrines stratégiques et les politiques de sécurité. Dans ce contexte, le représentant a également estimé que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) était une priorité et a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier au plus vite pour permettre son universalisation. Avant de conclure, il a regretté l’échec des négociations sur un projet de traité sur le commerce des armes, menées lors de la Conférence de juillet à New York, et rappelé que son pays défendait un traité robuste, juridiquement contraignant et établissant les plus hautes normes internationales pour la transparence des transferts d’armes conventionnelles.
M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a estimé qu’en dépit des développements positifs récents, un certain « malaise » était perceptible dans la sphère des institutions du désarmement. Soulignant l’impasse à la Conférence du désarmement et les problèmes d’universalisation des autres traités et conventions, il a regretté que soient présentés comme des « progrès » ou des « succès » les avancées qui, en réalité, sont bien en deçà des attentes. Après avoir rappelé que la politique sécuritaire de la Turquie excluait la production et l’utilisation d’armes de destruction massive, il a réaffirmé le soutien de son pays au TNP qu’il a qualifié de « principal instrument international » avec ses trois piliers: le désarmement, la non-prolifération et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il a toutefois estimé que la pérennité du TNP nécessitait le renforcement du système de contrôle et de garantie assuré par l’AIEA. Considérant également l’arrêt des essais nucléaires comme une mesure indispensable au désarmement et à la non-prolifération, il a appelé les États qui n’ont pas ratifié le TICEN à le faire pour permettre son entrée en vigueur. Il a également appuyé la tenue, cette année, en Finlande, d’une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément au plan d’action adopté à l’issue de la Conférence d’examen du TNP de 2010.
Attribuant ensuite les blocages de la Conférence du désarmement « aux paramètres de la négociation sur un traité interdisant la production de matières fissiles », M. Apakan a appelé à surmonter l’impasse existante afin que la Conférence du désarmement puisse avancer en parallèle sur les trois autres dossiers relevant de son mandat: établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, garanties négatives de sécurité pour les États non dotés de l’arme nucléaire et prévention d’une course aux armements dans l’espace. Soulignant par ailleurs les menaces constituées par les autres armes de destruction massive, en particulier si elles tombaient entre les mains de groupes terroristes, le représentant a aussi rappelé l’engagement de la Turquie dans les conventions d’interdiction des armes biologiques ou chimiques, et dans la mise en œuvre du Programme d’action pour combattre les armes légères et de petit calibre. Favorable au contrôle des transferts d’armes conventionnelles, la Turquie soutient également l’organisation d’une nouvelle conférence diplomatique début 2013 afin de dépasser l’échec de juillet dernier et de parvenir à un accord sur un traité sur le commerce des armes.
M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a souligné que de nombreux conflits étaient attisés par des transferts illégaux d’armes vers des acteurs non étatiques. Rappelant le contexte actuel de crise économique mondiale où sont appliqués des plans de sauvetage qui prévoient des coupes dans les dépenses publiques, le représentant a affirmé que les dépenses militaires, qui s’élèvent à 1 738 milliards de dollars par an dans le monde, étaient injustifiables. Il a ainsi réitéré la proposition de Cuba visant à consacrer au moins la moitié des dépenses militaires actuelles au développement économique et social. Le représentant a également rappelé que plus de 20 000 ogives nucléaires continuaient de menacer l’humanité. Pour Cuba, il est prioritaire de conclure un traité qui permette aux États non dotés de l’arme nucléaire d’obtenir des garanties contre l’utilisation de ces armes. Le représentant a insisté sur la nécessité d’établir sans retard une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a par ailleurs fait savoir que Cuba appuyait la position du Mouvement des pays non alignés, exprimée lors de son seizième Sommet, selon laquelle le désarmement nucléaire est la plus haute priorité dans le domaine du désarmement.
Le représentant a regretté que la Conférence du désarmement n’ait pu avancer dans ses travaux, tout en rappelant que cette instance avait un rôle à jouer comme seul organe de négociation des traités. Pour Cuba, les difficultés actuelles de la Conférence du désarmement ne sont aucunement liées à son règlement intérieur. C’est pourquoi, nous réitérons la nécessité de préserver et renforcer la Conférence du désarmement, a dit le représentant. S’agissant de la perspective d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles, Cuba souhaite l’adoption d’un texte non discriminatoire et équilibré. Le représentant a conclu son propos en insistant sur la nécessité d’une application stricte des Conventions des Nations Unies sur les armes chimiques et biologiques. S’agissant de la Convention sur les armes biologiques, Cuba estime qu’il faut adopter un protocole juridiquement contraignant pour pallier aux lacunes de cet instrument, a indiqué son représentant.
Mme FATOU ISIDORA MARA NIANG (Sénégal) a rappelé que plusieurs foyers de tensions à travers le monde continuaient de traverser de graves problèmes de sécurité et de stabilité résultant de la circulation illicite des armes conventionnelles. Dans ce contexte, elle a émis l’espoir que le délai supplémentaire demandé par les États-Unis et la Fédération de Russie à l’issue des négociations pour un traité sur le commerce des armes (TCA), tenues en juillet à New York, soit très court car « nous sommes déterminés à obtenir le plus rapidement possible ce traité », a-t-elle affirmé. Mme Niang a ensuite considéré que le document final de la Conférence chargée d’examiner les progrès accomplis dans l’exécution du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre était « peu ambitieux » car celui-ci ne prend pas en compte la question des munitions.
Mme Niang a ensuite déploré le fait que la Commission du désarmement des Nations Unies, alors qu’elle vient d’entamer un nouveau cycle de travail de trois ans, n’ait formulé, à ce jour, aucune recommandation. « L’arrêt des travaux de la Commission du désarmement a pour origine des antagonismes de nature politique que des améliorations de procédure ne suffiront pas à débloquer », a-t-elle dit. Avant de conclure, elle a appelé les États Membres à faire preuve de « souplesse et de volonté politique » afin de créer une atmosphère favorable et d’accélérer la question du désarmement et de la non-prolifération nucléaire.
M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a rappelé que la priorité de son pays était le désarmement nucléaire et qu’il considérait le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme la pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération. Il a appelé à l’universalisation du TNP, en soulignant que l’élimination totale des armes nucléaires était la seule garantie pour prévenir leur utilisation. Dans ce contexte, il a rappelé que son pays soutenait l’adoption d’une déclaration générale dans laquelle les États réaffirmeraient leur engagement en faveur d’un monde sans armes nucléaires. Dans l’immédiat, il a réclamé une entrée en vigueur rapide du TICEN et appelé tous les Etats qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le texte. Il a réitéré également la proposition faite par son pays d’accueillir une banque mondiale des matières fissiles qui permettrait de garantir un accès de tous les pays à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et s’inscrirait dans le cadre d’un traité sur les matières fissiles, qui soit négocié et élaboré au sein de la Conférence du désarmement.
Déplorant par ailleurs l’échec de la Conférence pour un traité sur le commerce des armes de juillet dernier, le représentant a appelé à une « entente mutuelle pour finaliser, dans un avenir proche, un texte juridiquement contraignant permettant de limiter la circulation illicite des armes conventionnelles ». À cet égard, il a salué les résultats positifs de la Conférence d’examen du Programme d’action pour combattre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre, qui s’est également tenue cette année.
M. ANTHONY ANDANJE (Kenya) a tenu à réaffirmer le ferme appui de sa délégation à la Conférence du désarmement en tant que principal organe multilatéral de négociation. Il s’est cependant inquiété de plusieurs facteurs qui « bien qu’extérieurs aux travaux de la Conférence continuent d’avoir un impact sur ses délibérations », a-t-il estimé. Le représentant a d’abord mis l’accent sur « la pierre d’achoppement » que constitue la doctrine de dissuasion nucléaire dans les stratégies de défense des États dotés d’armes nucléaires.
Le représentant s’est ensuite inquiété du fait que certains tentent de justifier et de rendre légitimes les armes nucléaires ou la doctrine de dissuasion nucléaire, et ce, contrairement aux engagements ou aux assurances précédemment énoncés. Notant que le risque de guerre nucléaire allait croissant, il a mis en garde contre une « perpétuelle modernisation de ces armements, de leurs installations ou de leurs systèmes au sein des États dotés de l’arme nucléaire ». « On ne peut pas négocier si le climat politique nécessaire et la bonne volonté font défaut », a-t-il souligné. Le représentant a ensuite engagé les États à aborder de front cette réalité: « Nous avons tous pris la mesure de ces questions. Nous pouvons être désabusés mais nous devons, à présent, nous montrer à la hauteur », a-t-il ajouté.
M. ABDULKHALEQ BIN-DHAAER AL-YAFEI (Émirats arabes unis) a réitéré l’importance, de la part des États, de faire preuve d’une volonté politique sérieuse et de souplesse dans les délibérations pour avancer sur le dossier du désarmement. Il a également réitéré l’importance de renforcer les traités de désarmement. Il faudrait que les États non Membres adhèrent à ces instruments, a-t-il souhaité. Les Émirats arabes unis estiment aussi qu’il faudrait relancer les négociations sur un traité interdisant les matières fissiles. Le représentant a indiqué que la réduction de toutes les menaces et de tous les dangers exige que les États dotés de l’arme nucléaire réduisent le volume de leurs arsenaux. Les Émirats arabes unis appellent, en outre, à l’adoption de politiques globales et équilibrées, ainsi qu’à la mise en place de mesures de confiance.
Le représentant a insisté par ailleurs à l’adoption d’un outil contraignant qui garantisse que nul État doté n’utilise les armes nucléaires contre des pays non dotés de l’arme nucléaire. « Nous souhaitons que soit trouvé un règlement pacifique concernant la République islamique d’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) », a-t-il ajouté. Il faut redoubler, a souligné le représentant, les efforts internationaux visant à soumettre toutes les installations nucléaires israéliennes aux inspections de l’AIEA. Israël doit adhérer au TNP comme tous les autres pays de la région, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite dit que les Émirats arabes unis espéraient que la conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, prévue en 2012, soit couronnée de succès. Il a réappelé que les États avaient un droit légitime à effectuer des recherches sur le nucléaire à des fins pacifiques, dans le cadre des critères définis par l’AIEA. Exprimant la déception de son pays face à l’échec des négociations sur un projet de traité sur le commerce des armes, en juillet dernier à New York, le représentant a souhaité que les négociations sur la question se poursuivent.
M. JAMAL ABDULLAH AL-SALLAL (Yémen) s’est associé aux déclarations faites au nom du Groupe des États arabes et du Mouvement des pays non alignés. Il a réitéré son soutien au multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale. Il a demandé de nouveaux efforts pour sortir de l’impasse au sein de la Conférence du désarmement, seul organe de négociation dans ce domaine, avec l’adoption de mesures pratiques et concrètes. Le représentant a réaffirmé la position de principe de son pays en faveur de l’élimination totale des armes de destruction massive, dont les armes nucléaires. Il a précisé que son pays s’était doté d’une législation nationale permettant de prohiber ses armes sur son territoire. Il a appelé à tous les États dotés à mettre en place des mécanismes de désarmement et tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) pour permettre son entrée en vigueur.
Défendant le TNP qualifié de pierre angulaire du désarmement, le représentant a déploré la poursuite du programme nucléaire israélien qui provoque, selon lui, une course à l’armement dans la région. « Le silence de la communauté internationale encourage Israël à poursuivre cette politique et à ne pas adhérer au TNP », a-t-il déclaré, avant d’appeler à la tenue de la Conférence prévue initialement cette année pour avancer dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément aux plans d’action adoptés à l’issue des Conférences d’examen du TNP de 1995 et 2010.
Après avoir rappelé les conséquences sur la paix et la stabilité de la circulation des armes légères et de petit calibre qui alimente la criminalité transnationale organisée et le terrorisme, le représentant a salué les résultats positifs de la Conférence d’examen sur la mise en œuvre du Programme d’action pour combattre le trafic illicite des ALPC qui s’est tenue cette année, en particulier pour ce qui a trait de l’Instrument de traçage. Revenant sur l’échec de la Conférence pour un traité sur le commerce des armes, qui s’est tenue en juillet dernier à New York, il a appelé à l’adoption rapide par consensus d’un texte équilibré et juridiquement contraignant imposant les plus hauts standards pour la transparence des transferts d’armes conventionnelles.
M. ABDALLAH YAHYA A. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a indiqué que le monde d’aujourd’hui connaissait diverses crises, notamment dans la région du Moyen-Orient. Les assurances de sécurité définies par le TNP sont inexistantes au Moyen-Orient tant qu’Israël refuse de se rallier au TNP et de placer ses installations sous le contrôle des inspections de l’AIEA, a affirmé le représentant. L’Arabie saoudite invite tous les États parties au TNP à mettre en œuvre de manière complète la résolution sur le Moyen-Orient de 1995 et à appuyer la Conférence d’examen de 2010 du TNP. L’Arabie saoudite invite également tous les États qui ont adopté la résolution de 1995 à coopérer pour la tenue de la Conférence de 2012, et souhaite que toutes les parties répondent à l’appel pour cette conférence. « Nous demandons également à la République islamique d’Iran de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Secrétaire général, de coopérer avec l’AIEA et de permettre à celle-ci de procéder à ses inspections », a indiqué le représentant. Il a ensuite rappelé le droit légitime des États de détenir l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté la déclaration faite par le représentant du Japon. La prolifération nucléaire sur la péninsule coréenne, a-t-il rappelé, était le produit d’une politique hostile des États-Unis. À propos de l’enrichissement d’uranium par son pays, il a indiqué que c’était uniquement à des fins pacifiques. Le représentant a également réaffirmé que son gouvernement rejetait les résolutions du Conseil de sécurité condamnant la RPDC, soulignant qu’elles étaient le résultat d’une politique de « deux poids deux mesures », menée par les États-Unis dans la région. Il a enfin accusé le Japon d’être la principale menace nucléaire dans la région en raison de sa collaboration avec les États-Unis et de la présence d’armes nucléaires américaines sur le territoire japonais.
Exerçant son droit de réponse, le représentant du Japon a rappelé que son pays adhérait aux trois principes non nucléaires et qu’il s’était exprimé en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires. La politique du Japon est exclusivement fondée sur la défense, aucun pays en particulier n’est visé, a assuré le représentant. Son pays, a-t-il soutenu, respecte strictement le TNP.
Exerçant à nouveau son droit de réponse, le représentant de la RPDC a qualifié le Japon de « cancer » en Asie du Sud, qui, a-t-il dit, fait peser un risque sur toute la région. « Ce pays, a-t-il ajouté, réalise son rêve de militarisation, dispose d’armes nucléaires et a des différends avec tous les pays voisins. »
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