L’Assemblée proclame le 5 septembre, Journée internationale de la charité et 2013-2022, Décennie internationale du rapprochement des cultures
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Assemblée générale
Soixante-septième session
57e et 58e séances plénières
matin et après-midi
L’ASSEMBLÉE PROCLAME LE 5 SEPTEMBRE, JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA CHARITÉ
ET 2013-2022, DÉCENNIE INTERNATIONALE DU RAPPROCHEMENT DES CULTURES
L’Assemblée générale a proclamé, aujourd’hui, le 5 septembre, Journée internationale de la charité et la période 2013-2022, Décennie internationale du rapprochement des cultures.
Ces décisions ont été prises au cours d’une réunion consacrée à un large éventail de questions allant de la culture de paix à l’autonomisation des peuples en passant par la coopération entre l’ONU et les entités régionales et les moyens civils à mobiliser pour les situations postconflictuelles. Huit résolutions ont été adoptées sans vote, dont une sur la construction du mémorial permanent à la mémoire des victimes de l’esclavage et la traite transatlantique.
Par un de ces textes1, l’Assemblée décide doncde proclamer le 5 septembre Journée internationale de la charité et invitetous les États Membres, les organismes des Nations Unies et les autres organisations internationales et régionales, ainsi que la société civile, à célébrer comme il convient la Journée internationale, en encourageant la charité, notamment par des activités pédagogiques et de sensibilisation. Le 5 septembre est la date à laquelle Mère Teresa est morte, il y a 15 ans.
Après l’Année internationale en 2010, l’Assemblée a proclamé aujourd’hui la Décennie internationale du rapprochement des cultures2 et demande aux États Membres de profiter de cette occasion pour accroître leurs activités liées au dialogue interreligieux et interculturel, en promouvant le respect et l’entente. Elle invite l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à coordonner l’action du système des Nations Unies dans ce domaine.
En adoptant une résolution sur la « suite donnée à la Déclaration et au Programme d’action en faveur d’une culture de paix »3, l’Assemblée prie son Président d’envisager d’organiser un forum de haut niveau sur la mise en œuvre dudit Programme d’action, qui se tiendrait à l’occasion de l’anniversaire de son adoption, « le ou vers le 13 septembre ». L’Assemblée salue aussi la décision que la Conférence générale de l’UNESCO a prise de proclamer le 30 avril Journée internationale du jazz.
Par un autre texte sur l’autonomisation des populations et le développement4, l’Assemblée prend note de la proposition de la Première Ministre du Bangladesh concernant la prise en compte des éléments « interdépendants et synergiques » que sont cette autonomisation et ce développement, à savoir l’élimination de la pauvreté et de la faim, la réduction des inégalités, l’atténuation du dénuement, la création d’emplois pour tous, l’intégration des exclus, l’accélération du développement humain et la lutte contre le terrorisme « sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, conformément au droit international ».
Elle prie aussi le Secrétaire général de porter la présente résolution à l’intention du groupe de haut niveau chargé d’étudier le thème « Promouvoir l’autonomisation des populations en éliminant la pauvreté et parvenant à l’intégration sociale, au plein emploi et au travail décent pour tous », qui se réunira au cours de la cinquante et unième session de la Commission du développement social en 2013.
Par la résolution sur le « Mémorial permanent et la commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves »5, l’Assemblée encourage les États Membres et les autres parties intéressées à verser des contributions supplémentaires au Fonds d’affectation spéciale. À ce jour, le Fonds n’a reçu que 1,3 million de dollars sur les 4,5 millions nécessaires, ont rappelé les délégations. Leur homologue de la Jamaïque a précisé qu’à ce stade, l’UNESCO a identifié les 16 demi-finalistes sur les 300 personnes qui se sont portées candidates pour dessiner le mémorial. Un jury doit encore sélectionner les sept finalistes qui viendront à New York passer un entretien à l’issue duquel le lauréat sera choisi.
L’Assemblée a également adopté une résolution sur la coopération entre l’ONU et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est6 par laquelle elle encourage les deux organisations à coopérer à la mise en œuvre opérationnelle du « Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’Association pour la gestion des catastrophes et à l’application de l’Accord de l’Association sur le programme de travail 2010-2015 de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence ».
Par une autre résolution sur la coopération entre l’ONU et l’Organisation pour la démocratie et le développement économique-GUAM7, l’Assemblée générale souligne qu’il importe de renforcer le dialogue, la coopération et la coordination entre les deux organisations et, pour ce faire, invite le Secrétaire général de l’ONU à tenir régulièrement des consultations avec la GUAM en tirant parti des instances et dispositifs interinstitutions appropriés, y compris des consultations qu’il tient chaque année avec les dirigeants des organisations régionales.
Les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont exercé leur droit de réponse.
L’Assemblée a commencé sa réunion par un débat sur les moyens civils à mobiliser pour les situations postconflictuelles. Nombre de délégations se sont félicitées du lancement de la plate-forme en ligne CAPMATCH, qui, explique le Secrétaire général dans son rapport, offre un dispositif simple pour mettre en relation « ceux qui recherchent expérience et capacités et ceux qui peuvent éventuellement les fournir ».
Selon le Secrétaire général cette initiative ouvre la perspective d’une innovation réelle en matière de coopération technique en donnant la priorité aux expériences concrètes de transformation institutionnelle, en particulier en provenance du Sud. Elle offre aussi la possibilité de renforcer les partenariats mondiaux dans lesquels la coopération Sud-Sud complète le soutien technique et financier Nord-Sud, mais ne s’y substitue pas. Le Président de l’Assemblée a précisé que l’examen de ce rapport ne signifie pas son approbation.
En tout début de séance, sur recommandation de sa Commission de vérification des pouvoirs, l’Assemblée a approuvé le rapport sur les pouvoirs des représentants à sa soixante-septième session8. Le représentant de l’Iran a fait savoir que son adhésion au rapport ne pouvait être considérée comme une reconnaissance du régime israélien.
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, mardi 18 décembre, à partir de 19 heures avec l’examen des rapports de sa Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.
1 A/67/L.45
2 A/67/L.44
3 A/67/L.46
4 A/67/L.47
5 A/67/L.41
6 A/67/L.40
7 A/67/L.27
8 A/67/611
RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES
Rapport du Secrétaire général sur les moyens civils à mobiliser dans les situations postconflictuelles (A/67/312–S/2012/645)
Le présent rapport décrit les progrès réalisés dans le cadre de l’Initiative de renforcement des capacités civiles depuis le précédent rapport (A/66/311-S/2011/527) du Secrétaire général en la matière.
Le Secrétaire général y indique notamment que les événements de l’année écoulée l’ont conforté dans son opinion qu’il est essentiel de développer les capacités civiles pour sortir des conflits. Si les pays ne prennent pas en main la transformation des institutions qui assurent aux citoyens représentation politique, sécurité, justice et perspectives économiques, il ne peut y avoir de redressement durable après un conflit, avertit-il.
Le rapport explique qu’au niveau des pays, les organismes du système des Nations Unies ont collaboré pour soutenir la prise en main par les pays de leurs priorités dans les situations de transition après un conflit ou une crise. Ainsi, en Afrique du Nord, ils ont appuyé la planification nationale et l’échange d’expériences pertinentes avec d’autres pays sur des questions aussi essentielles que le dialogue politique au sens large et les processus électoraux. Au Libéria et en Côte d’Ivoire, les missions des Nations Unies et équipes de pays ont collaboré pour soutenir l’élaboration de programmes nationaux de renforcement des institutions dans les domaines de la sécurité et de la justice.
Ce travail au niveau des pays, estime le Secrétaire général, fait ressortir que les capacités civiles et les modes de renforcement des institutions ne peuvent être imposés de l’extérieur et que les meilleurs résultats sont obtenus lorsque les programmes sont conçus pour soutenir un processus national solide de prise de décisions. Ces exemples, souligne le Secrétaire général, indiquent clairement que la planification de l’appui du système des Nations Unies au renforcement des capacités nationales doit aussi s’adapter de manière plus systématique aux cycles de décision nationaux.
Le Secrétaire général indique aussi que l’ONU a collaboré étroitement avec les États Membres et des organismes de la société civile pour la mise en place d’une nouvelle plate-forme en ligne (CAPMATCH), qui offre un dispositif simple pour mettre en relation ceux qui recherchent expérience et capacités et ceux qui peuvent éventuellement les fournir.
Il fait observer que les pénuries de moyens identifiées par le Groupe consultatif de haut niveau perdurent dans les domaines de la sûreté et de la sécurité, de la justice, des processus politiques ouverts, des fonctions essentielles de l’État et de la remise sur pied de l’économie. Selon lui, l’utilisation de compétences plus solides ne fonctionnera que si elle s’accompagne d’un financement suffisant et durable, notamment grâce à des modalités novatrices de financement volontaire, capables de soutenir de manière plus systématique la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire au lendemain d’un conflit ou d’une crise.
Il préconise également qu’en complément d’une meilleure définition des priorités nationales en ce qui concerne les besoins et de l’élargissement des réseaux de compétences, les dispositifs internes du système des Nations Unies doivent être cohérents et suffisamment souples pour permettre les interventions dans les situations instables d’après crise. En Libye, par exemple, pour mieux tenir compte de l’évolution des besoins nationaux, l’ONU a procédé par étapes pour la planification de la mission et l’élaboration de son budget, tandis qu’au Timor-Leste, elle a fait appel aux moyens des fonds et programmes pour contribuer à la mise en œuvre des activités prescrites en matière de renforcement des capacités dans la période de transition en cours.
Les activités menées au cours de l’année écoulée ont fait ressortir combien il est important de s’adapter à l’évolution des besoins nationaux et opérationnels et d’accroître encore la rapidité d’action dans le cadre réglementaire en vigueur.
Le Secrétaire général indique par ailleurs que depuis son précédent rapport, l’Initiative de renforcement des capacités civiles a bénéficié des consultations étroites menées avec les États Membres dans le cadre de réunions régionales, d’échanges thématiques et de discussions au sein de la Commission de consolidation de la paix. Une collaboration étroite de ce type restera déterminante dans la poursuite de notre objectif commun, qui est de fournir un soutien plus solide et plus efficace aux pays sortant d’un conflit.
Déclarations
Mme NOUR ZARROUK BOUMIZA (Tunisie), intervenant au nom du Mouvement des non-alignés, a insisté sur l’importance d’établir des partenariats, notamment avec les organisations régionales et sous-régionales. Des efforts sont encore nécessaires pour éviter les chevauchements entre le Siège et les activités sur le terrain, a-t-elle ajouté. La représentante a également estimé que l’évaluation de la demande devait se faire conjointement avec les parties prenantes nationales et s’aligner sur les priorités nationales. L’ONU, a-t-elle ajouté, doit utiliser pleinement les arrangements issus de la coopération Sud-Sud en ce qui concerne le développement des capacités civiles des pays en situation postconflictuelle. Des efforts sont également nécessaires pour identifier les « capacités civiles spécialisées » du Sud mondial.
La représentante a également parlé de la mobilisation des ressources avant de souligner l’importance de doter les activités de consolidation et de maintien de la paix de suffisamment de ressources financières et humaines. Les ressources allouées aux opérations de consolidation de la paix ne doivent cependant pas avoir un impact négatif sur les ressources accordées aux opérations de maintien de la paix.
La représentante a ensuite souligné que le renforcement des capacités nationales devait demeurer au centre des efforts déployés par l’ONU. L’intégration des capacités fragmentées des pays en situation postconflictuelle doit demeurer une question prioritaire, a-t-elle précisé. Elle a aussi parlé de l’importance de l’appropriation nationale qui doit être inclusive de façon à ce que tous les citoyens, notamment les personnes vulnérables, puissent prendre part au processus de rétablissent de la paix. À cet égard, la Commission de consolidation de la paix a un rôle crucial à jouer, a-t-elle estimé, précisant qu’au vu des implications budgétaires, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix et la Commission chargée des questions administratives et budgétaires doivent être impliqués.
M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a salué le lancement du mécanisme CAPMATCH et a rappelé que les capacités civiles du Sud étaient parmi les sources d’expertise les plus importantes compte tenu de la similitude des situations dans lesquelles elles vivent, de leurs capacités et des défis qu’elles rencontrent. Dans ce contexte, il a préconisé les partenariats bilatéraux entre pays du Sud où les mécanismes de coopération triangulaire demeuraient significatifs dans la mesure où ils favorisaient des plans de travail qui répondent à la demande réelle.
En outre, les moyens civils du Sud sont plus rentables. Il a encouragé une réflexion sur la manière d’assurer la pérennité des financements, en estimant qu’il faut se fonder sur les expériences acquises du financement des opérations de maintien de la paix. Il a rappelé que l’Égypte a, au sein de l’Union africaine, plaidé pour la création d’un centre de développement et de reconstruction postconflit, avant de se féliciter des suites de la visite que la Conseillère spéciale pour les moyens civils a effectuée au Caire, en octobre 2012. La coopération à la première phase de CAPMATCH est donc sur la bonne voie.
M. IOANNIS VRAILAS, délégation de l’Union européenne, a indiqué que la communauté internationale doit faire mieux pour fournir rapidement et efficacement des moyens civils aux pays affectés par les conflits. L’Union européenne est en train de voir comment elle peut contribuer à l’élargissement du pool d’expertise civile et, ce faisant, met l’accent sur une bonne compréhension des contextes locaux. L’Union européenne note avec satisfaction le lancement de CAPMATCH et estime que des modèles novateurs doivent être trouvés pour permettre la coopération triangulaire. Elle salue l’accent mis sur la redevabilité et appuie la création d’un point focal sur l’état de droit. Les synergies qui peuvent découler d’une telle approche sont importantes et des arrangements similaires pourraient bénéficier à d’autres secteurs. Les Nations Unies, a relevé le représentant, ont attiré l’attention sur un certain nombre de domaines dans lesquels l’expérience de l’Union européenne dans le développement des capacités civiles pour la gestion des crises pourrait représenter un appui direct aux opérations de l’ONU sur le terrain.
M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a déclaré que la route de la reconstruction doit être pavée d’institutions et de capacités, « organiques et durables » qui reflètent l’appui de la communauté internationale aux transitions vers la paix et le développement durables. Dans ce cadre, il faut, a-t-il dit, souligner l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire ainsi que celle de la Commission de consolidation de la paix. Le partage d’expériences entre des pays qui ont connu les mêmes situations est capital, a insisté le représentant. Même si la coopération Sud-Sud et triangulaire ne doit pas remplacer la coopération Nord-Sud, le rôle du Sud mondial doit être exploré plus avant. La participation de la Thaïlande à CAPMATCH reflète son engagement envers la coopération Sud-Sud, a souligné le représentant.
M. ERIK LAURSEN (Danemark) a insisté sur le rôle des capacités civiles pour aider un pays à passer du conflit au développement durable, estimant que dans ce contexte, il importe de privilégier l’appropriation nationale et d’éviter les solutions « à taille unique ». Il a annoncé que le Danemark mobilisera prochainement un financement d’un million de couronnes pour appuyer le renforcement des capacités civiles. Il s’est félicité du lancement de CAPMATCH et a engagé les États Membres à trouver des financements supplémentaires. Il a souligné l’importance d’un « interlocuteur privilégié » sur l’état de droit et la justice transitionnelle dans les pays en situation de conflit ou de postconflit. Il a insisté sur l’appropriation nationale, en jugeant qu’une transition inclusive est essentielle pour que les pays sortent de la fragilité et du conflit.
M. FIKRY CASSIDY (Indonésie) a souligné qu’il n’y avait « pas de reconstruction pérenne sans une transformation des institutions », afin qu’elles offrent « représentation politique, sécurité, justice et opportunités économiques » aux populations. Dans ce contexte, il a estimé que « des efforts constants » de la communauté internationale étaient nécessaires pour que les institutions soient fortes et les gouvernants responsables vis-à-vis de leur peuple. Rappelant toutefois l’importance d’offrir aux pays sortant de conflits « l’espace politique et l’environnement propice à ce processus », il a estimé que tout soutien international au renforcement des capacités des États devait « s’aligner pleinement sur les priorités définies au plan national ».
Saluant ensuite la mise en place de la plate-forme « CAPMATCH » et d’autres outils destinés à mieux répondre aux besoins des pays en matière de construction des capacités civiles, le représentant a appelé à de nouveaux efforts au sein des Nations Unies pour trouver des moyens de financement adaptés et pérennes. Il a aussi défendu un dialogue actif et transparent entre les États Membres et les acteurs onusiens ou non onusiens, sur les moyens de faciliter le financement de la reconstruction des capacités civiles, soulignant en particulier le rôle que peut jouer le Fonds pour la consolidation de la paix.
Enfin, le représentant a pleinement soutenu le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix et des formations spécifiques dans le développement des capacités nationales, appelant à des discussions plus approfondies et plus régulières sur la manière dont la Commission pourrait mieux identifier les besoins des États, dans le respect du principe de l’appropriation nationale.
Mme ELIZABETH COUSENS (États-Unis) a salué le Secrétaire général et les institutions du système des Nations Unies pour leurs efforts visant à répondre rapidement et efficacement aux besoins des pays en situation postconflictuelle, notamment en Libye. Elle a recommandé de constituer un vivier d’experts pour améliorer la capacité des Nations Unies à épauler les pays après un conflit. Elle a salué l’amélioration accrue de la coordination dans ce domaine critique entre les pays concernés et le PNUD notamment, et a espéré qu’à l’avenir, son pays pourra contribuer au renforcement des capacités collectives pour venir en aide, d’une manière durable, aux pays sortant d’un conflit.
M. JUN YAMAZAKI (Japon) s’est, à son tour, félicité du lancement de CAPMATCH, précisant que le Japon songe à sa participation. Il a estimé que l’appropriation nationale est l’élément clef du succès de l’Initiative sur les capacités civiles. Il aussi reconnu l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. Il a demandé à l’équipe des capacités civiles de diffuser largement les leçons apprises de la phase pilote de CAPMATCH. L’Initiative de renforcement des capacités civiles, le New Deal (Nouvelle donne pour l’engagement international dans les États fragiles) et l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU sont une partie intégrante des discussions générales sur la consolidation de la paix que tient en ce moment la communauté internationale. Il est important qu’en poursuivant l’Initiative de renforcement des capacités civiles que cette communauté internationale ne perde pas de vue le cadre plus large de la consolidation de la paix.
Mme QUIZA GARCIA (Mexique) a encouragé les États Membres à échanger leurs connaissances, bonnes pratiques et expériences acquises dans le renforcement des capacités civiles. La région d’Amérique latine et des Caraïbes, par exemple, a acquis de nombreuses expériences au cours des processus de transition politique dans des domaines comme l’assistance électorale, la justice transitionnelle, l’inclusion politique, les programmes d’élimination de la pauvreté et le redressement économique. Le Mexique a partagé son expérience en matière électorale avec des pays amis, a-t-elle dit. Elle a appelé à poursuivre les efforts en vue de trouver des schémas triangulaires de coopération qui bénéficient de l’appui des Nations Unies et d’autres institutions financières internationales. La représentante a salué en l’occurrence le Fonds pour la consolidation de la paix qui permet d’appuyer des projets spécifiques dans ce domaine, en coordination avec les institutions financières internationales. Observant que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales, ainsi que la Commission de consolidation de la paix et les équipes de pays se voient confrontées à des objectifs de plus en plus divers, elle a expliqué que cela nécessite un personnel expérimenté et capable de s’adapter à l’évolution de la situation sur le terrain. Favorable à l’Initiative de renforcement des capacités civiles, elle a souhaité que soient définies avec plus de clarté les attentes et les entités responsables de chaque étape.
M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a estimé que la communauté internationale pouvait mieux aider les états sortant de conflits ou gérant des transitions politiques, en améliorant son soutien aux efforts de consolidation de la paix. Tout en insistant ensuite sur l’importance du déploiement rapide et efficace de spécialistes civils sur ces terrains, il a rappelé le rôle central de l’appropriation nationale, saluant sur ce point le rapport du Secrétaire général qui met l’accent sur le renforcement des capacités nationales. Soulignant que c’est « à l’aune des résultats obtenus sur le terrain que se mesure la réussite de la communauté internationale », le représentant a également estimé que les efforts déployés jusqu’à présent avaient « permis de jeter les bases nécessaires à des avancées concrètes ». « Le manque de moyens civils a de réelles répercussions sur les États qui luttent pour se relever d’un conflit violent ou sont confrontés au risque de conflits violents », a-t-il rappelé.
Il est temps, a jugé M. MANJEEV SINGH PURI (Inde), que le processus lié aux capacités civiles passe du conceptuel au pragmatique. Il importe d’éviter les doubles emplois et l’ajout d’une autre couche bureaucratique qui ne saurait garantir le succès des programmes sur le terrain. L’identification des entités responsables pour la mise en œuvre de l’Initiative répondra aux exigences cruciales en matière de redevabilité et de contrôle. La nomination des acteurs et des organisations qui doivent prendre part à l’Initiative doit participer d’un processus transparent et rigoureux, a dit le représentant, qui s’est félicité de ce que le Secrétaire général ait reconnu les capacités du Sud mondial.
Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a vu dans la plate-forme CAPMATCH, un outil pratique dont le succès exige que l’on donne aux pays l’appui nécessaire pour les aider à identifier et à dresser une liste des capacités disponibles, que l’on assure ainsi la nature inclusive du processus et que l’on évite que les pays qui ont déjà une expérience dans le déploiement d’experts soient privilégiés. Le processus de renforcement des capacités civiles doit être axé sur la demande, a-t-elle insisté, en appelant la Cinquième Commission à étudier rapidement le rapport du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB).
M. HUSSEIN HANIF (Malaisie) a attiré l’attention sur le fait que son pays a apporté sa contribution civile dans le règlement du conflit dans le sud des Philippines. La Malaisie a aussi donné une formation à 300 étudiants guinéens et financé la participation de quelque 25 000 personnes aux cours du renforcement des capacités depuis 2008.
S’agissant du thème de la Culture de paix, le représentant a rappelé que son pays a lancé le Mouvement mondial des modérés, guidé par le principe de la modération qui est une importante valeur dans un pays où cohabitent en harmonie et dans la paix des ethnies, des croyances et des cultures différentes. La modération appelle la tolérance, la confiance et la compréhension mutuelle, et fait du dialogue un outil pour résoudre les conflits. Le représentant a rappelé que son pays prône la modération dans le conflit qui secoue la région de Rakhine, au Myanmar. Il a souligné que de nombreux documents internationaux comme ceux du Mouvement des pays non alignés ou encore de l’l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est font mention du Mouvement mondial des modérés.
M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a souligné la nécessité croissante d’une approche globale pour renforcer les institutions et les capacités locales sur la base d’un contrôle et d’une définition des priorités au plan national, notamment dans les situations postconflictuelles. Le dernier rapport CivCap (« System wide civilian capacities initiative ») souligne d’importants progrès, mais également un fossé persistant s’agissant de l’objectif d’une structure de soutien cohérente et rapide. Les Pays-Bas invitent le Secrétaire général et l’équipe chargée des capacités civiles à poursuivre leur travail, avec des ambitions élevées, pour mettre en place un système des Nations Unies plus flexible et plus élaboré en matière d’utilisation de l’expertise civile. Cela permettra d’améliorer les capacités de réaction des Nations Unies dans les situations fragiles, et de répondre de manière plus efficace aux défis auxquels nous sommes confrontés au lendemain des conflits, a-t-il ajouté.
Les Pays-Bas continueront de soutenir les efforts à même de renforcer la coordination entre les différentes institutions des Nations Unies, ainsi que les initiatives bilatérales et multilatérales centrées sur le renforcement du rôle des experts civils au lendemain des conflits. Pour conclure, le représentant a évoqué la nécessité d’une approche cohérente de la part des Membres des Nations Unies, en ce qui concerne le rôle important des capacités civiles pour sortir des conflits et emprunter le chemin du développement. Il a regretté que les discussions sur le lien entre consolidation de la paix et développement, dans le contexte de l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement, aient été laborieuses et difficiles. Il a également regretté les résistances dès qu’il s’agit de soutenir les dirigeants de pays fragiles et sortant d’un conflit.
M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a prévenu qu’au sein des Nations Unies, les composantes maintien de la paix, consolidation de la paix et développement ne sont pas suffisamment harmonisées. Plutôt que de privilégier une approche fragmentée, les efforts doivent être synchronisés pour optimiser l’efficacité. Les moyens civils doivent être promus au stade du maintien de la paix et même avant pour ne pas rater les occasions et perdre du temps et des ressources. Les demandes de ressources et d’expertise doivent être évaluées avec précision. En outre, la division de travail et la création des partenariats entre les parties prenantes doivent être planifiées à l’avance pour éviter les doubles emplois et les redondances. Le représentant s’est félicité du lancement de CAPMATCH et a indiqué que s’agissant de son pays, 13 organisations gouvernementales et non gouvernementales se sont enregistrées. Il a invité l’ONU à offrir une stratégie spécifique pour faire le meilleur usage de CAPMATCH.
M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a pleinement soutenu les efforts visant à élargir et à approfondir le pool d’experts prêts à soutenir la reconstruction et la transformation des institutions nationales dans les pays au sortir d’un conflit. Cette transformation institutionnelle, guidée par les autorités nationales et embrassant toutes les composantes du tissu national figure parmi les conditions préalables à un redressement permanent et à une paix durable dans toutes les pays touchés par les conflits. Après avoir salué le lancement de CAPMATCH, il a estimé que cette plate-forme devrait provenir d’un nouveau partenariat entre toutes les parties prenantes, y compris les organisations non gouvernementales.
La Croatie a pleinement appuyé ce projet depuis ses premières étapes et continuera à offrir sa vaste expérience en matière de reconstruction et de renforcement des capacités publiques après un conflit. Il a rappelé que les ministres croates de la justice, des finances et des anciens combattants avaient offert des intrants pour CAPMATCH et qu’ils continueront à le faire dans le futur. Il a précisé que son pays préparait un registre de moyens civils qui, une fois prêt, améliorera considérablement la rapidité et la diversité des apports de la Croatie. Le représentant a réclamé des fonds prévisibles et durables pour le développement des moyens civils.
M. RAZA BASHIRTARAR (Pakistan) a déclaré que le rapport examiné aujourd’hui est le résultat d’un long processus, et que l’Initiative de renforcement des capacités civiles a été mise au point grâce à un dialogue entre les États Membres et les groupes régionaux. Renforcer l’appropriation nationale dans le déploiement des moyens civils devrait à juste titre être souligné, a dit le représentant. Il était également important de comprendre la pertinence de l’expertise civile dans le cadre des situations d’après-conflit. « Nous devons utiliser le système comme un pare-feu contre les sureffectifs et le chevauchement des rôles et des capacités », a-t-il indiqué.
En effet, les moyens civils devraient compléter les structures existantes, et non créer des structures parallèles. Ils devraient également exister à l’intérieur des structures existantes et du système des Nations Unies, a-t-il souligné. Les observations et recommandations formulées dans le rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) méritent une attention sérieuse. Enfin, le représentant a déclaré que l’Initiative de renforcement des capacités civiles devrait aller vers un processus d’adhésion. Le débat d’aujourd’hui pourrait fournir des indications utiles à cet égard, a-t-il dit avant de conclure.
M. ALISON HELENA CHARTRES (Australie) a salué la mise sur pied d’un point focal sur l’état de droit et la contribution de l’Initiative sur les moyens civils aux besoins de l’ONU en Libye. L’Australie appuie pleinement toutes mesures visant à intensifier le recours à l’expertise du Sud et comprend aussi que cette coopération complète mais ne remplace pas la coopération Nord-Sud. C’est pourquoi, l’Australie appelle les Nations Unies à trouver des moyens rapides et efficaces de faire appel aux experts d’où qu’ils soient. L’Australie fournit d’ailleurs des experts juridiques au Soudan du Sud.
Elle consacre plus de la moitié de son aide bilatérale et régionale aux pays fragiles ou en situations d’après conflit et comprend donc bien ce que veut dire un appui efficace. L’Australie sait qu’il faut une approche inclusive qui reflète les priorités des gouvernements nationaux ainsi qu’une analyse complète du contexte local pour guider l’appui aux gouvernements. Elle demande donc à l’ONU de suivre ces mêmes principes et de prendre des mesures pour renforcer la coordination dans tout le système des Nations Unies et entre ce dernier, la Banque mondiale et les autres institutions financières.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déclaré que le renforcement des moyens civils nationaux représentait l’un des volets les plus importants de l’aide de l’ONU au pays émergeant d’un conflit. Le rapport dont l’Assemblée est saisie doit être examiné par le Comité spécial des opérations de la paix et la Cinquième Commission en particulier. Sans préjuger des résultats des débats au sein de ces organes, il a souligné que certaines initiatives recommandées par le Secrétaire général n’avaient pas été suffisamment étudiées. Il est fondamental de respecter scrupuleusement les normes strictes du personnel sur le terrain, a-t-il affirmé, en se déclarant perplexe du fait qu’un site Internet soit déjà affiché. Il a appelé à le supprimer en attendant la définition précise de tous les paramètres de ce projet.
Mme YESSIKA COMESAÑA PERDOMO (Cuba) s’est dite préoccupée par l’utilisation de concepts comme « États fragiles » qui n’ont pas été définis par l’Assemblée générale, ce qui confirme, selon lui, la tendance du Secrétariat à utiliser des concepts et des termes malgré l’opposition des États Membres. Elle a rappelé que toute proposition doit être examinée et approuvée par ces mêmes États Membres. Elle a aussi jugé que la participation des gouvernements doit être la base de CAPMATCH dont le lancement aurait dû se faire avec l’approbation de l’Assemblée générale. Il conviendrait aussi que les propositions relatives à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire reposent sur des directives approuvées par l’Assemblée qui ne viennent pas rogner sur les ressources de la coopération internationale aux fins du développement. Enfin, il est impératif que les ONG participant à CAPMATCH aient d’abord un statut consultatif auprès du Conseil économique et social.
M. THOMAS GUERBER (Suisse) a estimé que l’adoption d’une approche coordonnée systémique demeurait essentielle au déploiement des capacités civiles. Les partenariats sont essentiels pour identifier les autres acteurs et puis combler les lacunes, a-t-il ajouté. Le représentant a estimé que la collaboration entre l’ONU et la Banque mondiale était particulièrement exemplaire à cet égard, notamment de part la complémentarité de leur mandat. Il a aussi souligné l’importance d’intégrer un approche sexospécifique et a qualifié de particulièrement judicieuse l’idée d’intégrer des experts en la matière dans les principaux secteurs chargés de la consolidation de la paix. Il a cité en exemple l’expérience au Timor-Leste et en Libye.
Le représentant a commenté le lancement de l’Initiative CAPMATCH qui, a-t-il fait observer, est capable de donner une meilleure visibilité aux initiatives des pays du Sud. Pour exploiter ce potentiel, a-t-il ajouté, CAPMATCH doit cependant faire l’objet d’un consensus et jouir d’un appui durable sur le plan financier. Le représentant s’est en outre prononcé en faveur de la création d’un pôle de coordination pour la police, la justice et les systèmes pénitentiaires internationaux. La question des capacités civiles doit s’inscrire sur le long terme et se fonder sur une approche incluant les intérêts de tous les pays, a-t-il par ailleurs commenté.
M. KNUT LANGELAND (Norvège) a constaté qu’au cours des dernières décennies, la communauté internationale avait énormément appris en termes de reconstruction postconflit, notamment après les échecs qu’elle a connus. Les conclusions tirées montrent à quel point il importe de mieux utiliser les moyens civils au sortir des conflits, ainsi que la nécessité de se concentrer sur l’amélioration des capacités nationales. L’Initiative sur les moyens civils a constitué l’une des réponses de l’ONU aux enseignements tirés, a-t-il commenté. Il a mis en relief les exemples contenus dans le rapport du Secrétaire général et insisté sur une approche pragmatique sur le terrain, axée sur les résultats et tendant vers un appui efficace aux priorités et processus nationaux.
Il a salué les consultations nationales qui ont confirmé l’importance de l’échange d’informations et d’expériences. C’est tout à fait pour cela que l’ONU existe, pour apprendre les uns des autres et progresser ensemble, a-t-il déclaré. Il a également souligné la nécessité, relevée par le Secrétaire général, d’une approche au niveau de l’ensemble du système onusien, qui identifie les moyens sexospécifiques nécessaires au sortir d’un conflit. Affirmant que son pays collaborait avec des pays du Sud pour la mise au point de moyens civils locaux, il a cité comme exemple le Programme de formation pour la paix. Il a également signalé l’appui aux partenaires africains en vue du développement de capacités durables pour les opérations de maintien de la paix à l’ONU.
CULTURE DE LA PAIX
Rapport du Secrétaire général sur le dialogue entre les cultures et les religions (A/67/283)
Le présent rapport dresse un aperçu général des activités menées par les principaux organismes des Nations Unies œuvrant dans le domaine du dialogue entre les cultures, les religions et les civilisations.
Il couvre un large éventail de sujets, dont le nouveau Programme d’action adopté par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Forum de l’Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies, les activités de communication, de sensibilisation et d’éducation visant à promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux, la reconnaissance accrue des cultures autochtones et une approche de la question fondée sur le respect des droits de l’homme.
Le nouveau Programme d’action de l’UNESCO a pour objectif, entre autres, de promouvoir le dialogue interculturel, ainsi que le dialogue interreligieux. Il met notamment à profit les enseignements tirés de la mise en œuvre de la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010), de l’Année internationale du rapprochement des cultures (2010) et de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle (2001).
Dans ce rapport, le Secrétaire général affirme par ailleurs qu’il est largement reconnu que le développement devrait être considéré du point de vue culturel pour que l’on comprenne mieux comment toucher des groupes traditionnellement exclus et obtenir de meilleurs résultats.
Il établit également que la promotion du dialogue interculturel et interreligieux est interdépendante d’autres aspects importants de l’action des Nations Unies, tels que la promotion d’une culture de paix, de tolérance et de non-discrimination et la consolidation de la paix. En outre, les activités menées dans ces domaines recoupent nécessairement les programmes en faveur des jeunes et des populations autochtones. Le dialogue interculturel et interreligieux n’est donc qu’un aspect d’une problématique plus vaste au cœur de l’action des Nations Unies.
Il suggère en outre à l’Assemblée générale, qu’étant donné la proximité entre le dialogue interculturel et interreligieux et le programme en faveur de la culture de paix, d’établir un seul rapport qui refléterait pleinement l’interdépendance entre ces questions et porterait sur leurs multiples aspects.
Rapport de la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action en faveur d’une culture de la paix ( A/67/284)
Le présent rapport fait la synthèse des activités menées pour promouvoir une culture de la paix, l’UNESCO jouant le rôle de chef de file dans ce domaine au sein du système des Nations Unies. Le rapport met en lumière de nouvelles approches mises en œuvre dans le contexte du Programme d’action interdisciplinaire et intersectoriel pour une culture de la paix et de la non-violence adopté par la Conférence générale de l’UNESCO en novembre 2011.
Ce nouveau programme a pour objectif de créer une prise de conscience mondiale permettant à toutes les sociétés d’offrir, de partager et d’intégrer les principes fondamentaux d’une coexistence pacifique grâce à un dialogue véritable; d’intégrer ces principes fondamentaux dans les politiques publiques en atténuant les tensions entre les identités culturelles, les religions et les nationalités dans un monde globalisé; et de concevoir une « paix au quotidien » et d’en faire une expérience de tous les jours, non seulement durant les périodes de conflit mais aussi en temps ordinaires, afin d’instaurer des mentalités et des comportements permanents et positifs.
L’UNESCO a commencé à mettre en œuvre certains projets et activités spécifiques dans le cadre du nouveau programme d’action. Sur le plan opérationnel, l’UNESCO a mis en place une plate-forme intersectorielle en vue de développer et de piloter un vaste ensemble de projets dans diverses régions, financés à la fois à partir du budget ordinaire et de ressources extrabudgétaires, dont neufs projets complets, dotés d’une enveloppe budgétaire de 1 610 500 dollars, pour développer des activités dans tous les domaines de compétence de l’UNESCO et un projet pilote conçu dans le cadre de l’Initiative d’assistance intégrée pour la lutte antiterroriste, à mettre en œuvre au Nigéria afin de soutenir la prévention des conflits, promouvoir l’éducation pour la paix et contribuer à la déradicalisation des jeunes et des adultes dans le pays.
Il faut aussi citer 10 projets, mis en œuvre avec le soutien de ressources extrabudgétaires de 5 millions de dollars, venant appuyer les travaux de l’UNESCO en matière d’élaboration de boîtes à outils et de matériels destinés à autonomiser les jeunes dans les domaines du dialogue interculturel et de la compréhension mutuelle et de l’éducation aux médias et à l’information; et un projet de 426 500 dollars, pour aider au renforcement des compétences dans le développement de politiques et de programmes en faveur d’un dialogue interculturel respectueux des droits de l’homme.
S’agissant de la voie à suivre, l’UNESCO a lancé un inventaire à l’échelle de l’Organisation et un exercice prospectif pour contribuer à l’élaboration des programmes multilatéraux au-delà de 2015. L’UNESCO mettra tout en œuvre pour combler les écarts entre les différentes communautés et mentalités. Elle a renouvelé son engagement en faveur d’un élargissement des espaces de dialogue grâce à la fourniture des connaissances, compétences et outils appropriés dans le domaine de l’éducation, des sciences, de la culture et de la communication.
Déclarations
M. SEA KOSAL (Cambodge), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a indiqué qu’avec près d’un demi-milliard d’habitants, les États membres de l’ASEAN ne peuvent que souligner l’importance de créer et de maintenir une culture de la paix dans la région et au-delà. Depuis, 1967, ces États ont été capables de coexister dans une paix relative. Notre diversité est la source de notre force, de notre stabilité politique et de notre prospérité économique. La pratique de la modération est aussi une clef de notre réussite. L’ASEAN a en outre lancé le Mouvement mondial des modérés, en avril 2012 qui vise à écouter la voix de la majorité silencieuse et à faire cesser les voix de l’extrémisme sous toutes ses formes.
L’ASEAN croit que la vraie division actuelle n’est pas entre l’Est et l’Ouest, ou entre les pays développés et les pays en développement ou entre les musulmans et les non-musulmans. La ligne de fracture se trouve entre les modérés et les extrémistes de tous bords. L’ASEAN se réjouit qu’un paragraphe sur la modération ait été intégré dans la résolution pertinente. De nombreuses initiatives ont été lancées à ce sujet dans la région dont l’objectif est d’inclure et d’impliquer tous les secteurs et tous les acteurs y compris les femmes, la jeunesse, la société civile, les médias et les universités.
M. STELIOS MAKRIYIANNIS(Chypre), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a remercié les délégations du Pakistan et des Philippines pour l’esprit ouvert avec lequel elles ont conduit les consultations. Il s’est félicité de l’ajout d’un nouveau paragraphe du préambule sur la diversité des identités mais regretté, en revanche, qu’il ne soit pas fait mention du dialogue intrareligieux. Il a insisté sur l’inclusion de la mention de la religion et de la conviction, sans séparer ces deux notions. L’Union européenne attache une grande importance aux prérogatives des chefs de file religieux, a-t-il déclaré, en appelant au plein respect des dirigeants des communautés religieuses. Pour promouvoir le dialogue interculturel, l’UNESCO est la principale organisation, a-t-il rappelé en l’invitant à être la principale entité à intervenir dans ce contexte. Il a également relevé le rôle de l’Alliance pour le dialogue entre les civilisations et d’autres entités. Tout en invitant au financement des activités de la décennie pour le rapprochement des cultures, proposée dans le projet de résolution, il a préconisé que d’autres ressources soient recueillies pour assurer la mise en œuvre du Plan d’action.
M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande) a défendu l’idée d’une culture au service du développement, mettant l’accent sur les liens entre diversité culturelle, dialogue et développement. Le quatrième Forum annuel mondial de l’Alliance des civilisations, et le Document final de Rio+20, intitulé « L’avenir que nous voulons », réaffirment le rôle positif de la diversité culturelle dans le développement économique et la cohésion sociale, a indiqué le représentant. La Thaïlande estime d’autre part que la paix ne peut prévaloir que lorsque les droits de l’homme, la justice et l’égalité sont défendus. Le représentant a en outre indiqué que son pays soutenait, en matière de dialogue interculturel et religieux, une approche fondée sur les droits. La Thaïlande salue à cet égard les travaux du Conseil des droits de l’homme et de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. La Thaïlande rejoint les vues des États de l’ASEAN pour qui la violence et l’extrémisme doivent être combattus en encourageant les voix de la modération et de la raison à exercer leur liberté d’expression. Enfin, la Thaïlande estime qu’une approche holistique est nécessaire à la promotion de la culture de paix. En matière de participation, il s’agit d’incorporer les États Membres, les agences des Nations Unies, la société civile et tous les acteurs concernés pour obtenir l’impact le plus large et le plus profond possible.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a fait observer que les différentes régions, cultures et civilisations avaient différentes définitions de la charité. Il a constaté qu’outre les dons monétaires, les actes caritatifs se font également par l’énergie, le réconfort et l’amour aux personnes qui se trouvent dans le besoin. Il s’est félicité que le 5 septembre, jour de la mort de Mère Teresa, ait été choisi comme Journée internationale de la charité, y voyant un hommage bien mérité pour « une petite femme au cœur grand ». La citant, il a déclaré: je suis Albanaise par mon sang, Indienne par ma nationalité, sœur catholique par ma foi et citoyenne du monde par mon engagement.
M. CHRISTOPHE LOBRY-BOULANGER, Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a rappelé que la promotion d’une culture de paix était l’une des priorités de sa Fédération pour la décennie à venir. Il a précisé qu’elle avait donc articulé la promotion d’une culture de non-violence autour de trois piliers: la non-discrimination et le respect des lois, la prévention de la violence, et le dialogue interreligieux et interculturel.
Rappelant ensuite que la violence n’était pas inévitable, le représentant a appelé la communauté internationale en général et la communauté humanitaire en particulier, à mener des « actions précoces et proactives », en adoptant « une approche de santé publique, incluant la différence de genre et intégrant les enfants et les jeunes ».
M. Lobry-Boulanger a souligné l’importance de l’éducation, outil clef pour accompagner la transformation des individus, des familles et des communautés et développer chez eux le respect de la diversité, de la non-violence et de la cohésion sociale. Il a appelé les responsables politiques et les décisionnaires à accorder autant d’importance à l’accès à l’éducation qu’à sa qualité. Il faut se concentrer sur le contenu des programmes scolaires mais aussi sur la manière dont ils sont dispensés, a-t-il insisté. « En terme de contenu, les programmes doivent encourager les valeurs humaines, forger le respect de la diversité et de la non-violence », a-t-il estimé.
« Il nous appartient de rassembler toutes les ressources financières et humaines et de les engager dans la prévention de la violence en tout genre », a-t-il déclaré, estimant que « la violence obsède et consume notre monde » et que « la promotion d’une culture de non-violence et de paix est nécessaire au regard de son coût humain ».
MgrFRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est félicité de ce que le quinzième anniversaire de la mort de Mère Teresa soit l’occasion pour la communauté internationale de réfléchir à l’importance du travail des œuvres caritatives. Loin de se limiter à une simple collecte et distribution de fonds, la charité est ce qui pousse les gens et les sociétés à se tendre la main dans un véritable élan de solidarité. À moins de garder à l’esprit cette motivation plus profonde, la charité risque d’être réduite à du sentimentalisme et l’émotion et de se priver ainsi de son contenu relationnel et social ainsi que de sa capacité à diffuser les valeurs du partage, du respect et de l’amour. Le représentant du Saint-Siège a appelé les organisations caritatives à s’engager en faveur de solutions « véritablement humanitaires aux problèmes sociaux et politiques actuels ».
Explications de position
S’exprimant sur la résolution relative à la Journée internationale de la charité, le représentant de l’Arabie saoudite a affirmé que les actions caritatives ne pouvaient remplacer l’aide au développement qui demeure primordiale pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a fait savoir que son gouvernement avait versé une somme de 100 millions de dollars à l’aide au développement et annulé l’équivalent de 7 milliards de dollars de dettes.
La représentante des États-Unis a commenté le même texte mais aussi les textes relatifs à la promotion du dialogue, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures au service de la paix et sur la suite donnée à la Déclaration et au Programme d’action, en faveur d’une culture de paix. Elle s’est félicitée du consensus et a insisté sur la nécessité de protéger la liberté d’expression. Elle a souligné que ce sera à l’UNESCO d’assumer les incidences financières liées à la Décennie internationale du rapprochement des cultures.
SUIVI DE LA COMMÉMORATION DU BICENTENAIRE DE L’ABOLITION DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES
Rapport du Secrétaire général sur le Mémorial permanent et commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves: état du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour les partenariats – Mémorial permanent (A/67/161)
Dans ce rapport, le Secrétaire général indique qu’au 30 juin 2012, un montant total de 1 312 304 dollars avait été enregistré au titre des fonds versés au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour les partenariats – Mémorial permanent, dont 1 143 389 dollars au titre de contributions volontaires des États Membres et 108 562 dollars au titre de dons publics et privés.
La ventilation des contributions reçues figure dans l’annexe du rapport.
Rapport du Secrétaire général sur le Programme d’action éducative sur la traite transatlantique des esclaves et l’esclavage (A/67/255)
Ce rapport rend compte des dispositions prises pour poursuivre l’exécution du programme d’action éducative sur la traite transatlantique des esclaves et l’esclavage, ainsi que des efforts entrepris pour mieux faire connaître au public du monde entier les activités commémoratives et l’initiative visant à ériger un mémorial permanent.
Il y est notamment indiqué que le Département de l’information a organisé, la dernière semaine de mars 2012, plusieurs activités pour marquer la cinquième Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. Le 15 mai 2012, un concert a été donné dans la salle de l’Assemblée générale. Le thème des activités commémoratives de 2012, « Honorer les héros, les résistants et les survivants », rend hommage à ceux qui, hier, se sont battus contre l’esclavage et à ceux qui ont lutté contre les conséquences du racisme et des préjugés et qui continuent de le faire aujourd’hui.
Le Département de l’information s’est en outre appuyé sur son réseau de centres d’information répartis dans le monde entier pour diffuser le message de la commémoration à l’échelle internationale et pour promouvoir les activités qu’il mène en partenariat avec des organisations de la société civile résolues à faire mieux connaître les dangers du racisme et de la discrimination raciale, ainsi que les conséquences de l’esclavage et de la traite des esclaves.
Déclarations
M. CHARLES-ARMEL DOUBANE (République centrafricaine) au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que cette année, les Nations Unies célèbrent pour la cinquième fois la Journée internationale de commémoration des victimes de la traite transatlantique avec pour thème « Le Patrimoine vital de 30 millions de récits non dits ». C’est donc le lieu de reconnaître la pénurie d’enquêtes sur les expériences des Africains réduits en esclavage, ainsi qu’un déficit persistant dans les manuels scolaires concernant leurs perspectives individuelles et collectives.
La pertinence de ce thème indique ce déficit de littératures scientifiques sur la traite transatlantique et de l’esclavage et devrait fournir un précieux éclairage sur l’ampleur du traitement brutal et la condition des esclaves. Or de nos jours, seulement un nombre limité de récits ont abordé la véritable question sur l’identité des Africains réduits en esclavage, leurs croyances, leurs systèmes de valeurs, ainsi que leur expertise.
Ainsi, la diversité des compétences et des savoir-faire technologiques qu’ils ont apportés aux Amériques, sans perdre de vue que leur inestimable contribution à la construction des nations n’a pas été suffisamment reconnue. À cet égard, le Groupe des États d’Afrique estime que davantage d’efforts seraient nécessaires pour promouvoir les programmes d’éduction et de sensibilisation afin de combler cette lacune.
Il apprécie les actions de sensibilisation menées par l’UNESCO, le Département de l’information et le Comité des représentants permanents. Le représentant a aussi adressé ses vives gratitudes au Département de l’information pour le programme d’éducation et de sensibilisation sur la traite transatlantique et l’esclavage organisé en 2011.
L’un des moyens de soutenir durablement les efforts de sensibilisation sur l’esclavage et la traite transatlantique est l’érection d’un mémorial permanent en souvenir des victimes. Il servira à rappeler les actions héroïques des esclaves et autres abolitionnistes qui, face au grave danger du moment et l’adversité se sont levés pour agir.
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) et Président du Comité établi en vertu de la résolution 62/122, s’est tout d’abord félicité du fait qu’El Salvador, l’Espagne, la Grèce, la Jordanie, le Kenya, le Qatar, le Sénégal, le Togo ainsi que son propre pays aient lancé des programmes éducatifs relatifs à l’esclavage. Il a annoncé que la première étape du concours international pour la conception du mémorial permanent est achevée. Trois cents propositions ont été soumises à l’UNESCO et 16 demi-finalistes ont été sélectionnés, a-t-il précisé. Le Comité s’apprête à achever la deuxième étape du processus en nommant un panel de juges internationaux et indépendants qui seront chargés de passer en revue ces 16 propositions et de nommer sept finalistes. Ces derniers seront ensuite invités à New York pour une série d’entretiens, à l’issue de laquelle un lauréat sera sélectionné. Pour ce faire, a précisé M. Wolfe, huit juges ont été nommés.
Le représentant de la Jamaïque a ensuite indiqué que son Comité appuyait la décision d’organiser, le 22 mars 2013, dans la salle de l’Assemblée générale, un concert et un gala pour marquer le cent-cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis. M. Wolfe a aussi fait le point sur les contributions versées à ce jour pour financer la construction du mémorial. Il a précisé que 1,3 million de dollars avaient été reçu de la part de 61 États Membres et de 71 personnes à titre privé. Il a salué la contribution de 260 000 dollars de l’Inde. Le Comité a par ailleurs établi un partenariat avec le « Humpty Dumpty Institute » pour exempter d’impôt les contributions des ressortissants américains.
Mme ELIZABETH COUSENS(États-Unis) a rappelé que le commerce transatlantique des esclaves avait profondément marqué son pays, insistant sur les efforts permanents déployés par le Gouvernement américain pour éduquer les futures générations. « À l’heure où nous luttons contre le racisme et défendons l’égalité, notre devoir est de sensibiliser sur les conséquences de la traite des esclaves et sur le sort de ses victimes », a poursuivit la représentante, avant de souligner que les États-Unis avaient appuyé le programme de l’UNESCO baptisé « Rompre le silence », ainsi que toutes les initiatives de sensibilisation sur la traite transatlantique menées par l’Organisation. « Nous sommes attachés au travail de l’UNESCO sur ce point », a-t-elle insisté.
Citant ensuite le Président Barack Obama qui a qualifié la traite transatlantique des esclaves de « mal barbare qui n’a pas sa place dans l’histoire de l’humanité », la représentante s’est dite honorée que son pays soit coauteur de cette résolution « sur un chapitre aussi tragique de l’histoire ». En conclusion, elle a défendu la mise en place de nouvelles actions et de nouveaux partenariats « pour lutter contre les formes modernes de l’esclavage et de la traite des êtres humains ».
M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a indiqué que les traces de la traite des esclaves étaient manifestes dans la culture de son pays et a parlé de l’enrichissement culturel qu’ont apporté les peuples d’ascendance africaine. Il a prévenu que tant que l’ordre économique et social actuel perdurera, l’Afrique sera marginalisée et l’héritage colonial perdurera. Les métropoles coloniales, a-t-il affirmé, doivent rembourser leur dette historique. Si on continue sur la voie actuelle, a-t-il enchaîné, l’Afrique continuera de financer l’opulence des pays riches qui récoltent 100 fois plus que les aides promises. Le représentant a indiqué qu’en 2009, le tout premier Musée de la route des esclaves avait ouvert ses portes à Cuba.
M. AMIRAM MAGID (Israël) a rendu hommage à M. Raymond Wolfe, Président du Comité du mémorial permanent, pour son immense contribution et son dévouement. Rappelant l’ombre sinistre que la traite transatlantique représente dans l’histoire humaine, il a souligné que 30 millions de personnes avaient été arrachées à leurs foyers, déracinées de leurs villages et forcées à vivre en esclavage. Il a souligné que le peuple juif ne connaît que trop les démons de l’oppression, de la persécution et de l’esclavage, mais également les joies de la liberté. Nous avons construit et reconstruit notre propre patrie nationale en Israël en tant qu’êtres libres, a-t-il déclaré, en soulignant que son pays continuait d’être chef de file dans les efforts mondiaux visant à faire avancer les valeurs de la tolérance, de la liberté et de la compréhension.
Il a rappelé que pour cette raison, Israël est coauteur de la résolution dont l’Assemblée est saisie et s’enorgueillit de sa contribution financière au Mémorial qui devrait aussi servir d’appel à l’action, un appel à chaque nation, chaque dirigeant et chaque citoyen pour faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’aucun être humain ne soit plus assujetti à l’esclavage. Nous devons nous souvenir, nous devons garder cela en mémoire et, par-dessus tout, nous devons éduquer, a-t-il exhorté, après avoir noté que partout dans le monde « on enseigne à trop d’enfants à haïr ».
Après avoir souligné l’importance du Mémorial, la contribution de l’Afrique du Sud à ce projet et le programme du Département de l’information, Mme KAREN HOSKING (Afrique du Sud) a dit voir un lien inextricable entre la lutte de son pays pour la liberté politique et l’émancipation contre le joug du colonialisme et de l’apartheid ainsi que le combat contre l’esclavage. Par son ampleur et l’héritage dévastateur qui se vit aujourd’hui en Afrique et dans les Caraïbes, la traite transatlantique des esclaves est sans précédent dans l’histoire. Aussi, l’Afrique du Sud appelle-t-elle les États Membres à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban.
M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a déploré le fait qu’à ce jour, le Fonds d’affectation spéciale n’ait reçu que 1,3 million des 4,5 millions de dollars requis. Il a fait observer qu’avec sa contribution de 260 000 dollars, l’Inde était le plus important contributeur. Il a estimé que la communauté internationale, « notamment ceux qui ont profité de la traite transatlantique », devaient contribuer avec générosité à cette « noble cause ». La communauté internationale, a-t-il insisté, ne peut laisser l’idée de ce mémorial demeurer sur la table de dessin.
Le représentant de l’Inde s’est ensuite félicité des efforts pédagogiques et de sensibilisation déployés par le Département de l’information, ainsi que des différentes initiatives lancées par les États Membres en vertu de la Déclaration de Durban contre le racisme. Il a par ailleurs fait observer que l’esclavage et la traite esclavagiste sont des maux symptomatiques qui se manifestent encore sous forme de racisme et de xénophobie. Notre travail à l’ONU ne sera pas achevé tant que nous ne réussirons pas à abolir toutes les formes et manifestations actuelles de l’esclavage.
Mme DESSIMA M. WILLIAMS (Grenade), au nom de Trinité-et-Tobago, s’est dite très attachée à la lutte contre l’ignorance et le déni de la traite transatlantique des esclaves. Aussi, a-t-elle salué l’idée du mémorial et encouragé l’UNESCO dans son travail. Comme l’année 2013 coïncide avec le cent-cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage aux États Unis, il a émis le vœu que cette célébration fasse rejaillir les lumières de l’abolition sur le mémorial. Elle a salué l’Ambassadeur de la Jamaïque qui part à la retraite après 39 ans au service de la diplomatie de son pays et qui est le principal initiateur du mémorial.
COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANSIATIONS RÉGIONALES OU AUTRES
Explication de position
S’exprimant sur la résolution relative à la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation pour la démocratie et le développement économique-GUAM, le représentant de l’Arménie a regretté le manque d’ouverture de certains États lors des négociations sur ce texte. La délégation qui préside le GUAM aurait dû mettre de côté ses convictions personnelles, a-t-il dit en accusant l’Azerbaïdjan. Il a aussi accusé ce pays d’utiliser des projets économiques pour imposer des mesures coercitives unilatérales qui ne contribuent pas à la promotion des buts et principes de l’ONU. La coopération régionale dans le sud du Caucase doit être ouverte à tous les États intéressés, a-t-il rappelé.
Droits de réponse
Le représentant de l’Azerbaïdjan a rappelé que le projet de résolution adopté par consensus avait été proposé le 10 décembre et que les représentants de l’Arménie n’avaient pas fait de remarques sur le texte, ni de propositions d’amendements lors des consultations informelles. Il a souligné que faute d’ajout de l’Arménie dans les délais prévus, l’Azerbaïdjan, comme coauteur de cette résolution, avait respecté pleinement les procédures d’approbations tacites en vigueur ainsi que le principe de consultations informelles transparentes. Dans ce contexte, il a jugé les remarques du représentant de l’Arménie « caduques ».
À propos du blocus économique que son pays imposerait à l’Arménie, le représentant de l’Azerbaïdjan a souligné que son pays « n’occupe pas le moindre centimètre du territoire arménien, qu’il ne procède à aucune épuration ethnique et n’a aucune prétention sur le territoire arménien ». Il a déploré en revanche que l’Arménie « occupe 20% de notre territoire et poursuit son épuration ethnique et sa politique d’agression ». Il a conclu en estimant qu’il y avait « deux options »; soit le représentant de l’Arménie cherche à désorienter l’Assemblée générale, soit il n’a pas eu connaissance du travail de ses collaborateurs lors de la préparation du texte ».
Son homologue de l’Arménie a répondu que son pays n’avait pas eu assez de temps lors des consultations informelles pour examiner le projet de résolution et suggérer des amendements du texte. Il a souhaité « attirer l’attention des coauteurs de la résolution sur le fait que l’Azerbaïdjan mène une politique d’isolement total de l’Arménie, comme son Président l’a reconnu ». « L’Azerbaïdjan ne manque aucune occasion de nous isoler et de nous exclure des projets favorables au développement économique de la région », a-t-il ajouté.
Reprenant la parole, le représentant de l’Azerbaïdjan a invoqué son « devoir moral » de réagir lorsque des mensonges sont proférés sur son pays. Il a réaffirmé que l’Azerbaïdjan n’occupe aucun territoire nulle part dans le monde mais qu’une guerre est au contraire menée contre son territoire et sa population.
Le représentant de l’Arménie s’est insurgé contre des « remarques inacceptables ». Le moment est venu pour l’Azerbaïdjan d’abandonner sa propagande traditionnelle et de reconnaître l’importance de débattre avec sérieux des thèmes dont est saisie l’Assemblée générale. La première mesure que l’Azerbaïdjan devrait prendre, a-t-il ajouté, serait de participer à des négociations constructives avec les représentants du Haut-Karabach et de renoncer à sa « rhétorique de haine et de provocation ».
COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET L’ASSOCIATION DES NATIONS DE L’ASIE DU SUD-EST
Explications de position
S’exprimant sur la résolution pertinente, la représentante des États-Unis a estimé que la Déclaration des droits de l’homme de l’ASEAN doit être mise en œuvre, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme.
La représentante du Canada s’est félicitée de la perspective de renforcer le partenariat avec l’ASEAN.
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