Commémoration à l’Assemblée de la Journée des victimes de l’esclavage: les États d’Afrique soulèvent la question des réparations
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
103e séance plénière - après-midi
COMMÉMORATION À L’ASSEMBLÉE DE LA JOURNÉE DES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE:
LES ÉTATS D’AFRIQUE SOULÈVENT LA QUESTION DES RÉPARATIONS
L’Assemblée générale, a tenu, cet après-midi, une séance consacrée à la Journée internationale commémorative des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. La Journée, qui est commémorée tous les 25 mars, a pour thème, cette année, « Honorer les héros, les résistants et les survivants » de ce qui, pour certains, a été « une disgrâce de l’humanité » ou « le pire holocauste de l’humanité ». La séance de l’Assemblée a été couronnée par une performance du Ballet national du Cameroun.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant du Zimbabwe a jugé qu’« au-delà de la reconnaissance du rôle des héros, des résistants et des survivants de la traite, il faudrait également évoquer la question des réparations ». « La réflexion sur cette question n’a que trop tardé et les États d’Afrique veilleront à ce qu’elle soit débattue à l’Assemblée générale », a-t-il tranché.
Mais pour M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, Président de l’Assemblée générale, la Journée commémorative doit avoir pour but de sensibiliser les uns et les autres aux conséquences de l’esclavage et « de façon plus importante », de s’assurer que des abus aussi systématiques des droits de l’homme ne se répètent plus jamais.
M. Al-Nasser a parlé des formes contemporaines de l’esclavage comme la traite des êtres humains, l’exploitation sexuelle, le travail des enfants, le mariage forcé et l’enrôlement d’enfants dans des groupes armés. Face à des facteurs aggravants comme la pauvreté, l’illettrisme, les inégalités économique, sociale et sexuelle, M. Al-Nasser a prôné une approche alliant lois, sensibilisation, coopération et éducation.
Les préjugés s’aggravent, a renchéri Mme Asha-Rose Migiro, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies. Elle a dénoncé les pratiques discriminatoires « qui jouissent de plus en plus d’une reconnaissance politique, morale voire juridique » et la diffusion par Internet d’idées fondées sur la notion de supériorité raciale. Tout ceci après la tragédie de la traite transatlantique qui, selon Mme Migiro, a été une disgrâce pour l’humanité.
Cette « terrible tragédie humaine », a commenté la représentante de la Micronésie, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, exige des États Membres qu’ils prennent un engagement bien plus ferme à débarrasser le monde du racisme, de la haine et de l’intolérance.
« La bataille est loin d’être gagnée », a acquiescé son homologue de l’Albanie qui, au nom du Groupe des États d’Europe orientale, a appelé à utiliser tous les moyens disponibles pour mettre un terme définitif à ces fléaux.
La représentante de la Grenade, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a rendu hommage à ceux qui ont mené les révoltes antiesclavagistes historiques et conduit à la création des communautés établies dans sa région. « Nous nous inclinons devant leur bravoure qui nous a donné la liberté », a-t-elle déclaré.
Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, le représentant de Saint-Marin a insisté sur l’importance d’éduquer les jeunes à ce « crime inacceptable et injustifiable ».
Les contributions de Ralph Bunch et de Martin Luther King ont été soulignées par Mme Rosemary Dicarlo, représentante des États-Unis, pays hôte. Par leur lutte, a-t-elle dit, ces hommes ont permis de renforcer la nation américaine. « Nous avons fait des progrès, mais beaucoup reste à faire », a-t-elle cependant reconnu.
Au cours de cette séance, les États Membres ont également évoqué la construction prochaine, au Siège de l’ONU, d’un mémorial permanent à la mémoire des victimes de la traite transatlantique. Le représentant de la Nouvelle-Zélande a annoncé une contribution de 10 000 dollars, ajoutant que le personnel de son ambassade aux États-Unis allait également effectuer une contribution à titre personnel.
M. Rick Kittles, Directeur scientifique d’African Ancestry, Inc., une société américaine qui propose d’établir l’ascendance de la diaspora africaine par des tests ADN, a soulevé une question: l’étude du patrimoine génétique des Afro-Américains compte tenu de leur mauvaise santé physique.
« C’est une question de justice sociale, au même titre que la question des réparations », a-t-il affirmé, en parlant des millions de personnes d’ascendance africaine qui pensent aujourd’hui que leur histoire a commencé avec l’esclavage, « le pire holocauste de l’humanité ». « Une histoire inédite qui a vu des liens familiaux, une culture et des traditions irrémédiablement broyés. »
L’Assemblée a par ailleurs pris note du fait que le Cap-Vert, la Gambie et le Kirghizistan ont effectué les paiements nécessaires pour réduire leurs arriérés en deçà du montant spécifié dans l’Article 19 de la Charte relatif au droit de vote.
Le Président de l’Assemblée générale a annoncé l’organisation, le 3 avril, d’un dialogue interactif intitulé « Combattre la traite contre les êtres humains: Les partenariats et les mesures novatrices pour mettre un terme contre la violence faite aux femmes et aux fillettes ».
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