La Commission de la population et du développement ouvre sa quarante-quatrième session en soulignant le lien entre baisse de fécondité et croissance économique
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Commission de la population et du développement
Quarante-quatrième session
2e et 3e séances – matin et après-midi
LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT OUVRE SA QUARANTE-QUATRIÈME SESSION EN SOULIGNANT
LE LIEN ENTRE BAISSE DE FÉCONDITÉ ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
La Commission de la population et du développement a donné aujourd’hui le coup d’envoi de sa quarante-quatrième session, qui se tiendra jusqu’au 15 avril, sur le thème « Fécondité, santé procréative et développement ». Au premier jour des débats, l’accent a été placé sur le lien entre baisse de fécondité et croissance économique, même si la Fédération de Russie et le Japon, pays aux populations vieillissantes, et le Malawi, frappé par le VIH/sida, ont apporté un bémol à l’optimisme ambiant.
Depuis 1960, la fécondité a presque chuté dans tous les pays du monde, passant de 5 enfants par femme à 2,6 aujourd’hui, a déclaré Sha Zukang, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DESA). Face à ce « dividende démographique » qui a entraîné, l’augmentation de la population active, le Secrétaire général adjoint a invité la Commission à agir de façon plus déterminée pour s’assurer que tous les jeunes couples dans le monde aient accès à la planification familiale et permettre ainsi aux femmes de mieux conjuguer maternité et travail.
Les répercussions à moyen terme de la réduction de la fécondité sur la croissance économique ont représenté environ 20% de l’augmentation de la production par habitant, entre 1960 et 1995, a renchéri Mme Hania Zlotnik, Directrice de la Division de la population de DESA. Dans un des rapports qu’il présente à la Commission, le Secrétaire général note que l’abaissement rapide sans précédent dans l’histoire de l’humanité de la fécondité dans les pays en développement permet aux femmes d’améliorer leur éducation, d’entreprendre des activités génératrices de revenu et d’accorder plus d’attention à chacun de leurs enfants.
L’automaticité du lien entre nombre d’enfants et prospérité a été contestée par la Fédération de Russie. Comment expliquer, a-t-il demandé, le problème du vieillissement de la population avec ses corollaires que sont les personnes âgées à charge et les pressions sur les systèmes de pensions et de sécurité sociale. Les pays en développement ont-ils les structures appropriées pour faire face à ce phénomène? a-t-il mis en garde.
Une hausse du taux de fécondité permettrait à mon pays de baisser les dépenses de sécurité sociale et de donner un coup d’élan à sa « vitalité économique », a reconnu son homologue du Japon. Le Vice-Président du Conseil de la population, M. John Bongaarts, n’a pas nié ce fait et a cité l’exemple de la France qui a réussi à maintenir un taux de fécondité de plus de 2% grâce à de judicieuses incitations comme les subventions, les congés-maternité et congés-paternité.
Sa prescription de deux enfants par femme a été rejetée par le représentant du Malawi, car elle aurait des répercussions sur la productivité et le développement de son pays dont la population jeune, segment le plus reproductif de la population, est majoritairement touchée par le VIH/sida. La baisse du nombre d’enfants conduirait à un taux de fécondité en-deçà du seuil de remplacement, a souligné le représentant.
Outre le Vice-Président du Conseil de la population, la Commission a prévu d’entendre deux autres experts. Amy Tsui, Professeur à la « John Hopkins University’s Bloombert School of Public Health » et Eunice Brookman-Amissah, Directrice de « Africa Alliance for Women Reproductive Health and Rights » devraient venir parler de l’amélioration des services de planification familiale, de l’accès universel à la santé reproductive et des défis en la matière.
Aujourd’hui, une trentaine de délégations se sont exprimées sur le suivi des recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement, dite Conférence du Caire de 1994, et ont entamé le débat général sur l’expérience des pays dans le domaine de la fécondité, la santé procréative et le développement.
En début de journée, la Commission avait adopté son ordre du jour provisoire1 ainsi qu’une note du Secrétariat sur l’organisation des travaux2. Son Bureau est composé de Brian Bowler, du Malawi, à la Présidence et aux trois Vice-Présidences, Christophe de Bassompierre, de la Belgique; Suljuk Mustansar Tarar, du Pakistan; Attila Zimonyi (Hongrie) et Easton Williams, de la Jamaïque. Ce dernier est également Rapporteur.
La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain, mardi 12 avril, à partir de 10 heures.
(1) ( E/CN.9/2011/1 )
(2) ( E/CN.9/2011/L.1 )
SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT
Rapport du Secrétaire général sur la « Fécondité, santé procréative et développement » (E/CN.9/2011/3)
Dans ce rapport très exhaustif illustré de nombreux tableaux et courbes, le Secrétaire général montre que l’abaissement de la fécondité a des effets bénéfiques aux niveaux individuel, familial et national. La baisse du taux de fécondité, si elle s’accompagne des politiques économiques appropriées, peut contribuer à renforcer la croissance économique. Bon nombre des pays où le fléchissement de la fécondité a été sensible en ont bénéficié dans la mesure où la réduction du nombre d’enfants qui en résulte leur a permis de plus investir dans des activités productives et dans l’éducation et la santé des jeunes. En conséquence, ces pays ont obtenu des résultats significatifs pour beaucoup d’indicateurs de développement.
Conscient de ces faits, le Secrétaire général rappelle qu’il a lancé en 2010 la Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants afin de relancer l’action menée pour atteindre l’objectif 5 du Millénaire pour le développement d’ici à 2015. Les principales mesures à prendre pour atteindre cet objectif sont parfaitement connues et ont été éprouvées. Et pourtant, le financement de la planification familiale s’est laissé distancer par les besoins. Le financement des donateurs, en particulier, après avoir culminé pour la dernière fois en 2002 à 700 millions de dollars, est depuis tombé à environ 400 millions de dollars. Il est urgent de relever les niveaux de financement, en particulier si l’on veut trouver les 3,6 milliards de dollars des États-Unis supplémentaires qui seront nécessaires chaque année pour répondre à la demande non satisfaite de planification familiale.
Le Secrétaire général estime que l’inclusion d’indicateurs de la santé procréative dans les instruments nationaux de planification, par exemple dans les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, constituerait une reconnaissance tangible de leur importance pour le développement. Afin d’atteindre les groupes à faible revenu et d’autres collectivités marginalisées, il faudra éliminer les obstacles juridiques, financiers et culturels qui empêchent ou limitent leur accès aux services de santé procréative et sexuelle.
Le module de services essentiels fournis au titre des soins de santé primaire devrait notamment comprendre la consultation, les services et fournitures en matière de contraception; l’ensemble de soins recommandés pendant la grossesse et au moment de l’accouchement; la thérapie antirétrovirale pour les femmes vivant avec le VIH et l’orientation vers des centres de traitement; l’accès à un avortement médicalisé lorsque la loi l’autorise; la prévention, le dépistage et le traitement des infections sexuellement transmissibles et des cancers génitaux; enfin le dépistage de la violence sexiste et le soutien psychologique aux victimes de cette violence, et notamment des mesures actives de dissuasion de pratiques nocives.
Le régime de santé devra prévoir des mesures pour intéresser les hommes, les femmes qui ne sont pas enceintes et les adolescents, et les sensibiliser aux services de santé offerts et promouvoir un comportement sexuel et procréateur responsable. La disponibilité de produits contraceptifs peu coûteux et de haute qualité est indispensable pour garantir un accès universel à des services de santé procréative, souligne le Secrétaire général en précisant que l’aide des
donateurs affectée à l’achat de produits contraceptifs devra doubler d’ici à 2015 pour répondre à la demande projetée.
Une démarche axée sur les droits fondamentaux en matière de santé sexuelle et procréative suppose que les gouvernements défendront des droits de la procréation, sans discrimination et en interdisant les pratiques nocives, notamment toutes les formes de violence sexiste. Il faut aussi faire appliquer les lois, comme celle fixant un âge minimum pour le mariage. Les hommes doivent aussi être amenés à s’impliquer dans la promotion de la santé sexuelle et procréative en leur nom propre mais aussi en tant que partenaires responsables des femmes, dit encore le Secrétaire général.
Son rapport comporte huit chapitres de fond consacrés à la fécondité d’aujourd’hui; à l’âge du mariage; à l’âge de la procréation; à la fécondité des adolescentes; à l’usage des contraceptifs et à la demande non satisfaite en matière de planification familiale; à la santé maternelle; à l’avortement; et aux autres aspects de la santé procréative dont le VIH/sida et les infections et cancers de l’appareil génital.
Rapport du Secrétaire général sur le Suivi des programmes de population, centré sur la fécondité, la santé procréative et le développement (E/CN.9/2011/4)
Dans ce rapport, le Secrétaire général analyse les interrelations entre fécondité, santé procréative et sexuelle, développement et droits de l’homme. Il examine les travaux en cours, les avancées significatives dans les engagements à divers niveaux, les partenariats, ainsi que les expériences et enseignements tirés de divers programmes.
Le présent rapport met en lumière les travaux et actions qui demeurent nécessaires pour accélérer les progrès, traduire dans les faits la promesse d’un accès universel à la santé procréative et sexuelle et toucher les laissés pour compte.
Pour accélérer les progrès, le Secrétaire général estime qu’il faut ériger la santé procréative et sexuelle et les droits liés à la procréation au rang de priorité nationale et recourir à un cadre fondé sur les droits de l’homme.
Partisan d’une approche multisectorielle, il met aussi l’accent sur la nécessité d’identifier et de servir les groupes vulnérables, de répondre aux besoins et aux réalités des adolescents et de mettre en place des processus participatifs.
Il appelle aussi au renforcement des systèmes de santé, à la formation des prestataires de soins de santé et au maintien de l’approvisionnement en produits de santé procréative et sexuelle.
Le Secrétaire général estime également important d’intégrer la santé procréative et sexuelle et le VIH et, par ailleurs, d’accroître le financement tout en exploitant le rapport coûts/avantages de la santé procréative et sexuelle. Il conviendrait en outre d’améliorer la planification, le suivi et l’évaluation.
Rapport du Secrétaire général sur les Flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement ( E/CN.9/2011/5 )
Dans ce rapport, le Secrétaire général fait le point des ressources consacrées par les donateurs et les pays en développement concernés aux activités relatives à la population en 2009, et présente des estimations pour 2010 et des projections pour 2011.
Il y explique que l’aide des donateurs a été en constante augmentation ces dernières années, atteignant 10,4 milliards de dollars en 2008. C’était la première fois que l’assistance démographique dépassait 10 milliards de dollars. La forte tendance à la hausse que l’on a observée récemment s’est interrompue et le niveau de financement est resté pratiquement inchangé en 2009.
On s’attend à ce que le montant de l’aide n’augmente que légèrement pour atteindre un peu moins de 10,5 milliards de dollars en 2010 et 10,8 milliards de dollars en 2011. Selon une évaluation approximative, les ressources mobilisées par l’ensemble des pays en développement se seraient établies à 29,8 milliards de dollars en 2009. De même qu’en ce qui concerne l’aide des donateurs, ce montant ne devrait progresser que légèrement pour atteindre 31 milliards de dollars en 2010 et 34 milliards en 2011.
Le Secrétaire général constate que les financements actuels continuent à rester nettement inférieurs aux montants nécessaires pour réaliser pleinement les objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ceci est vrai pour les quatre composantes des éléments chiffrés énoncés dans le Programme d’action, à savoir les services de planification familiale; les services de santé de base en matière de procréation, de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le VIH/sida; et la recherche fondamentale et l’analyse des données sur les politiques en matière de population et de développement.
En outre, compte tenu de la crise financière mondiale actuelle, ils ne devraient pas atteindre le niveau nécessaire pour répondre aux besoins actuels avant longtemps.
Le Président de la Commission, M. BRIAN BOWLER, a présenté le Rapport du Bureau de la Commission de la population et du développement sur les travaux des réunions intersessions (E/CN.9/2011/2). Le Bureau, a-t-il dit, a noté la nécessité pour la Commission d’établir un programme pluriannuel et a examiné les thèmes qui pourraient être retenus à partir de 2013. Ce faisant, le Bureau a tenu compte des thèmes que la Commission a traités par le passé ainsi que du calendrier des manifestations et activités prévues par d’autres organes concernés des Nations Unies, notamment l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).
Déclarations liminaires
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DESA), a rappelé que depuis 1960 la fécondité a presque chuté dans tous les pays du monde, passant de 5 enfants par femme en 1960 à 2,6 aujourd’hui. Cette chute de fécondité amène à un « dividende démographique », c’est-a-dire à un pourcentage plus important de la population productive, ce qui va favoriser une croissance économique. C’est ce « dividende démographique » qui a contribué au développement des économies ayant connu les plus fortes croissances au cours des trois dernières décennies, a ajouté le chef du DESA. M. Zukang a, par ailleurs, rappelé que le lien très étroit entre fécondité élevé, taux de mortalité maternelle et infantile élevés et extrême pauvreté a été reconnu lors de la Réunion préparatoire de la Conférence sur le développement durable qui doit se tenir à Rio, l’année prochaine.
Il a rappelé qu’un des objectifs clefs des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) repose sur l’accès universel à la santé reproductive. Pourtant depuis une décennie, a-t-il regretté, l’accès à la planification familiale a diminué et les pays donateurs ont réduit de moitié leur soutien. Pour chaque dollar investi dans les contraceptifs modernes, 1,3 dollar est épargné en soins maternels et infantiles, a-t-il ajouté. Il est temps que la Commission agisse de façon plus déterminée pour s’assurer que les jeunes couples dans le monde entier aient accès à la planification familiale, pour que les femmes puissent mieux conjuguer maternité et activité professionnelle.
M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a affirmé que des millions de vies avaient pu être sauvées grâce aux services de santé reproductive, notamment dans les pays à revenu intermédiaire et à haut revenu. Les pays les moins avancés (PMA) sont toujours confrontés à des taux élevés de mortalité, de fécondité et de croissance démographique qui, a-t-il rappelé, menacent leurs perspectives de développement. Il a noté que dans de nombreux pays, il existait des lois et politiques pour protéger les droits reproductifs et les droits de la femme, mais que l’accès universel à la santé reproductive et au respect des droits reproductifs demeurait un défi urgent.
M. Osotimehin a précisé que 215 millions de femmes dans le monde n’avaient pas accès à des moyens de contraception, et que chaque année, la négligence de la santé sexuelle et reproductive provoquait 80 millions de grossesses non désirées, 22 millions d’avortements risqués, et 358 000 morts, dont 47 000 suite à un avortement risqué.
Le meilleur moyen de remédier à cette situation, a-t-il estimé, est de fournir une éducation sexuelle complète et faciliter l’accès à la planification familiale. Il a ajouté qu’au cours de la décennie écoulée, et dans la plupart des régions du monde, les progrès en matière de diminution du nombre des grossesses chez les adolescentes et d’accès à la planification familiale, se trouvaient à un point mort. Il a précisé que les adolescentes, les femmes vivant en milieu rural, les femmes peu éduquées, les femmes pauvres étaient particulièrement défavorisées.
M. Osotimehin a poursuivi en faisant savoir qu’il était particulièrement préoccupé par le sort des jeunes, relevant que plus d’un quart de la population mondiale, soit 1,8 milliard de personnes, avaient entre 10 et 24 ans. Un peu moins de 90% d’entre eux vivent dans des pays en développement, a-t-il noté. Il a ensuite expliqué que le FNUAP comptait réclamer un plus grand investissement dans les jeunes, les adolescentes en particulier. Il a notamment évoqué l’éducation, y compris l’éducation sexuelle et la santé reproductive, l’emploi et la participation sociale.
Relevant par ailleurs que 24 milliards de dollars manquaient à la réalisation des objectifs de la Commission, le Directeur du FNUAP a réclamé plus de volonté politique et d’engagement afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). « Investir dans la santé et les droits des femmes et des jeunes n’est pas une dépense, mais un investissement dans notre avenir », a-t-il notamment lancé. « Nous devons continuer de faire du droit à la santé sexuelle et reproductive et de l’accès à la santé reproductive une priorité ».
Mme HANIA ZLOTNIK, Directrice de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a indiqué que le taux de croissance de la population avait chuté de 1,2% par an, et se situait à présent à 40% en deçà de son niveau le plus élevé à la fin des années 60. Elle a expliqué que cette chute était principalement imputable à la baisse du taux de fécondité et que la baisse la plus importante avait été recensée dans les pays en développement, à l’exclusion des pays les moins avancés (PMA) où les femmes donnaient en moyenne naissance à 2,5 enfants aujourd’hui, comparé à 5,8 au début des années 60.
« Les démographes estiment que ce qui n’est pas durable ne pourra durer », a poursuivi Mme Zlotnik qui a rappelé qu’un taux de fécondité qui demeure au-dessus du niveau de remplacement n’était pas durable si on cherche à avoir une population en meilleure santé et avec une durée de vie allongée. Elle a expliqué que selon les différentes projections, si on enregistre une baisse continue de la fertilité parmi les populations dont le taux de fécondité se trouve au-dessus du niveau de remplacement, la population mondiale ne dépassera par les 10 milliards au cours de ce siècle. En revanche, si le taux de fécondité est d’un demi-enfant au dessus de ce niveau moyen, il y aura un milliard de personnes supplémentaires sur terre tout les 12 à 15 ans, soit 14 milliards de personnes d’ici à 2100.
Mme Zlotnik a affirmé qu’il avait été démontré que la réduction de la fécondité avait entraîné une accélération de la croissance économique et une réduction de la pauvreté. Elle a estimé que le fait que les taux les plus élevés de fécondité soient enregistrés dans les groupes à faible revenu était la preuve de leur marginalisation. Le manque de ressources et d’accès à l’information réduit les options, notamment en ce qui concerne l’exercice des droits reproductifs.
Réclamant la levée urgente de ces barrières, la Directrice a engagé les gouvernements des pays en développement à investir dans la santé reproductive, afin « d’améliorer les vies de millions de gens » mais aussi de « permettre un plus grand investissement dans le capital humain ». Mme Zlotnik a notamment expliqué que si, au cours des deux prochaines décennies, les pays en développement réussissent à assurer une baisse moyenne de leur taux de fécondité, le nombre de jeunes âgés de moins de 15 ans augmentera de seulement 30 millions, par rapport à 360 millions si la baisse du taux de fécondité est moins marquée. Dans ce cas de figure, il sera plus difficile de fournir les vaccins, l’éducation et les emplois dont ces enfants auront besoin, a-t-elle averti.
Si le bien-être des générations à venir est un objectif principal du développement durable, a poursuivi Mme Zlotnik, la poursuite de la réduction de la croissance de la population est essentielle à la durabilité. Beaucoup d’avancées ont été réalisées, mais la bataille n’a été gagnée qu’à moitié.
Débat général
Intervenant au nom des pays les moins avancés (PMA), M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a reconnu que les PMA, qui sont à la veille de la Conférence d’Istanbul sur leur situation en mai prochain, faisaient face à de nombreux défis liés à la croissance de la population, alors que la démographie a un impact très fort sur les efforts de développement. Si nous sommes heureux de constater une réduction du taux de fécondité dans le monde, il faut rappeler que les PMA continuent d’affronter des défis considérables en matière de santé en général et de lutte contre la mortalité infantile et maternelle en particulier.
Il a précisé que 40 PMA ont des taux de fécondité importants et 5 des taux intermédiaires. Nous devons rompre le lien entre fécondité élevée et insuffisance de services de santé, a-t-il dit. Dans cette seizième année de mise en œuvre du Plan d’action du Caire, il reste de grandes lacunes. C’est pourquoi, il a jugé indispensable que les PMA bénéficient de meilleures conditions commerciales et d’un allègement de la dette de façon à pouvoir mobiliser des ressources suffisantes nécessaires à la mise en œuvre du Plan d’action.
M. GRIGORI USTINOV (Fédération de Russie) a regretté que les informations contenues dans le rapport du Secrétaire général ne tiennent pas compte de la modification de la pyramide des âges. Ma délégation aurait souhaité un tableau plus nuancé de la situation, a fait savoir le représentant pour qui le rapport semble favoriser une seule thèse selon laquelle la baisse de la fécondité permettrait, à elle seule, d’assurer la prospérité économique des pays. Il a fait savoir que le Gouvernement de la Fédération de Russie cherchait non pas à baisser mais à rehausser le taux de fécondité et, a regretté que la politique familiale de la Fédération de Russie, entre autres, n’ait pas été prise en compte lors de l’élaboration de ce rapport.
Le représentant a également regretté que le rapport du Secrétaire général ne se penche pas sur d’autres facteurs comme le problème du vieillissement de la population, l’augmentation du nombre de personnes à charge, les pressions sur les systèmes des pensions, les dépenses sociales et l’influence de la migration, entre autres. Il a notamment observé que le nombre de personnes âgées à charge augmentera au cours des prochaines années et que les pays en développement ne disposent pas d’une structure appropriée pour faire face à ce phénomène. Il a insisté sur les effets négatifs du vieillissement de la population sur la croissance économique.
S’exprimant sur le thème « Les tendances en matière de fécondité et leurs implications pour le développement », M. JOHN BONGAARTS, Vice-Président du Conseil de la population, a présenté un tableau sur différentes situations s’agissant du lien entre croissance économique et croissance démographique forte, intermédiaire et faible.
Au Nigéria, au Pakistan, en Éthiopie et au Ghana, pays à forte fécondité où les moins de 25 ans représentent 60% de la population, le Vice-Président a mis en garde contre l’arrivée massive de jeunes sur le marché du travail et les risques de la baisse des salaires et de la hausse du chômage. Cette forte croissance démographique a aussi un impact sur les ressources naturelles et les coûts de santé, sans compter l’augmentation de la mortalité infantile et maternelle.
Le passage à un niveau de fécondité intermédiaire permet un « bonus démographique », c’est-à-dire une augmentation de la proportion de la population active. La croissance des « tigres asiatiques » est la meilleure illustration de ce bonus démographique, source de croissance économique, sans précédent. Parmi les autres bénéficiaires de cette fécondité intermédiaire, il a cité l’Inde, le Brésil, leur croissance rapide, l’augmentation des salaires et l’avènement d’une classe moyenne. La chute de la natalité permet l’augmentation des ressources, une scolarisation plus élevée et le développement des infrastructures.
En ce qui concerne les pays à faible taux de fécondité, comme la plupart des pays développés, il a estimé que l’objectif devrait être un taux de 2 enfants par femme. Il s’est inquiété du taux de fécondité de 1,1 en Italie et en Espagne, jugeant indispensable dans l’intérêt de la croissance future, d’augmenter l’âge de la retraite, d’encourager les naissances et l’immigration. Car le vieillissement de la population entraîne une productivité plus lente parce qu’il semble qu’une population plus âgée soit moins productive. Il a cité, en exemple, la politique de la France qui a permis de maintenir un taux de natalité de plus de 2% grâce à de judicieuses incitations comme les subventions, les congés-maternité et les congés-paternité.
Comment établir le bon équilibre pour ne pas se retrouver face à une « dépopulation », comme dans les pays développés, a demandé le représentant de la Gambie. Il a également commenté l’influence de la culture et des traditions et, a souligné l’importance de l’éducation.
Le représentant de la Norvège a voulu savoir pourquoi le taux de fécondité s’était arrêté dans certains pays et quelles étaient les perspectives pour l’avenir. Son homologue des États-Unis a demandé, quant à lui, des précisions sur l’impact que pourrait avoir un faible taux de fécondité sur les salaires.
Le Vice-Président du Conseil de la population a estimé que la perspective de voir une dépopulation du continent africain était très minime. Après l’irruption du VIH/sida, il avait été prévu que la population diminuerait mais, on a constaté au contraire une hausse démographique, au Niger notamment. Quant au poids de la culture et des traditions, l’expert a expliqué que les grossesses non désirées étaient très fréquentes parmi les couches les moins éduquées. Les femmes qui se trouvent au bas de l’échelle sociale ont moins de possibilité de faire valoir leurs préférences. Mais dans des pays, comme l’Indonésie, où on a mis l’accent sur les zones rurales, le taux de fécondité des femmes éduquées ou non éduquée est identique.
Pour ce qui est d’inverser la tendance à la baisse des taux de fécondité, il a indiqué que cet objectif est presque impossible même si des exceptions existent. Le Kenya et le Rwanda ont enregistré une baisse de leur taux de fécondité, en investissant dans des programmes de planification familiale, ce que les autres pays doivent faire, a dit l’expert.
Il a, par ailleurs, expliqué que les travailleurs les plus âgés avaient un meilleur rendement productif mais qu’ils touchaient un salaire beaucoup plus élevé que les jeunes, à tel point que leur productivité ne pouvait justifier leur revenu. Il faudrait avoir une force de travail beaucoup plus jeune, mais cela est sujet à controverse, a-t-il observé.
Pour inciter à un plus grand nombre de naissances, une petite prime à la naissance ne va pas vraiment faire de différence, a fait remarquer l’expert pour qui il conviendrait d’avoir une véritable politique nataliste.
La représentante de « Mujer de América Latina y el Caribe » a remarqué que dans le débat sur la fécondité, on met davantage l’accent sur le développement plutôt que sur les droits de l’homme. Nous devons donner à toutes les femmes la possibilité de pouvoir faire un choix, a reconnu l’experte.
M. CSABA KÖRÖSI (Hongrie), au nom de l’Union européenne, a indiqué qu’une mauvaise santé sexuelle et reproductive était la principale cause de mortalité chez les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans, dans le monde en développement. Chaque année, le manque d’investissement dans ce domaine critique donne lieu à 75 millions de grossesses non désirées, ce qui provoque 50 millions d’avortements, dont 20 millions sont effectués dans des conditions peu sûres, a-t-il dénoncé. Il a indiqué qu’afin d’assurer une maternité sûre et réaliser l’OMD 5 relatif à l’amélioration de la santé maternelle, chaque femme devrait avoir accès à la planification familiale, pouvoir accoucher avec un personnel formé et bénéficier de soins obstétriques en cas de complications.
La plus importante génération d’adolescents de l’histoire s’apprête à entamer sa vie sexuelle et reproductive. Il est donc essentiel de garantir son accès à des informations sur la santé sexuelle et reproductive, à l’éducation, aux préservatifs féminins et masculins, a estimé le représentant.
Venant à la situation en Europe, où moins de femmes deviennent mères et souvent à un âge plus avancé, M. Körösi a estimé que les progrès en matière d’égalité entre les sexes n’avaient pas été équilibrés par des politiques familiales qui auraient permis aux femmes d’avoir plus d’enfants sans compromettre leurs perspectives d’emploi. Il a conclu en assurant que l’Union européenne allait accélérer son action pour garantir l’accès universel à la santé reproductive et à la planification familiale. « Répondre aux besoins des 200 millions de femmes qui souhaitent espacer leurs naissances mais qui n’ont pas accès à des moyens de contraception est une stratégie de réduction de la pauvreté », a-t-il affirmé.
M. WANG PEI’AN, Vice-Ministre de la Commission nationale de la population et de la planification familiale de la Chine, a salué la qualité du rapport du Secrétaire général, mais a estimé que celui-ci aurait dû examiner l’impact des cultures et des coutumes traditionnelles sur la fécondité, les mesures capables de répondre à différentes situations nationales et la répartition des tâches entre les gouvernements et les ONG en matière de réduction de la fécondité et de promotion de la santé reproductive. M. Wang a estimé qu’il fallait accorder davantage d’attention à l’importance de la planification familiale en matière de développement socioéconomique. Il a en effet relevé que l’assistance internationale accordait trop peu d’attention à cette planification et que les besoins du monde en développement en la matière n’étaient pas satisfaits.
Il a réclamé davantage de financement et a appelé au renforcement des capacités. Il importe également, a-t-il ajouté, d’améliorer l’éducation des adolescents à la santé reproductive afin de les aider à prendre des décisions responsables en ce qui concerne leur comportement sexuel. M. Wang a estimé que les gouvernements devaient intégrer la santé reproductive dans leurs plans de développement et prôner, en la matière, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.
M. JAIRO RODRÍGUEZ HERNÁNDEZ (Cuba) a présenté les progrès réalisés grâce aux politiques nationales de Cuba dans le domaine de la fécondité, de la santé procréative et du développement. Il a félicité la Division de la population du DESA pour avoir su obtenir des financements supplémentaires des pays donateurs. Il a salué la contribution des pays développés en 2010 en espérant que ce niveau augmentera en 2011.
M. SAVIOUR F. BORG (Malte) a déclaré que son pays souhaitait que les objectifs de santé maternelle et de santé reproductive ne soient pas un moyen d’imposer aux pays l’avortement comme moyen de planification familiale. Il a mis l’accent sur le droit à la vie. La santé reproductive, a-t-il poursuivi, est essentielle pour réaliser les OMD. Il a mis l’accent sur l’importance de la prévention et de la sensibilisation. La santé des hommes est une donnée fondamentale de l’équation de la santé familiale, notamment dans le contexte de la prévalence du VIH/sida, a-t-il ajouté. Il faut aider les pères et les mères à concilier activités professionnelles et responsabilités familiales et surtout permettre aux femmes de choisir.
M. ANDREW GOLEDZINOWSKI (Australie) a mis l’accent sur le financement nécessaire à la mise en œuvre des objectifs de la Conférence du Caire. Il faut, a-t-il insisté, appliquer de manière prioritaire les objectifs arrêtés en 2010 en matière de lutte contre la santé maternelle et infantile, en mettant l’accent sur les groupes les plus marginalisés. En la matière, a insisté le représentant, l’autonomisation des femmes et des filles est essentielle. L’Australie, a-t-il rappelé, s’est engagée à consacrer une somme très importante à la promotion de la santé maternelle et infantile.
Mme KARIN KAUP (Estonie) a indiqué que les dynamiques de la population étaient directement liées au développement durable. Elle a insisté sur l’importance d’éduquer les jeunes et de leur ouvrir l’accès à des informations sur leur santé sexuelle et reproductive.
M. ESHAGH AL HABIB (Iran) a constaté que les pays du monde se trouvaient à des stades différents en matière de transition démographique et a estimé que les rapports du Secrétaire général devaient refléter cette diversité, de même que les politiques adoptées. Il a plaidé pour des politiques appropriés et la création d’un environnement économique qui favorise l’emploi et la pleine participation des pays en développement à l’économie mondiale. Une approche basée sur le développement est plus efficace et plus viable, a dit le représentant qui a également souligné l’importance de l’éducation des hommes et des femmes et de l’accès à l’information. Il s’est attardé sur le problème de la stérilité qui « entraîne de graves répercussions psychologiques » et qui a des conséquences sur l’ensemble de la société. Il a appelé les délégations à accorder toute leur attention au traitement de la stérilité.
Débat général consacré à l’expérience des pays dans le domaine de la population: fécondité, santé procréative et développement (E/CN.9/2011/NGO/1, E/CN.9/2011/NGO/2, E/CN.9/2011/NGO/4, E/CN.9/2011/NGO/5, E/CN.9/2011/NGO/7, E/CN.9/2011/NGO/8, E/CN.9/2011/NGO/9 et E/CN.9/2011/NGO/10)
Mme NOORUL AINUR MOHD NUR (Malaisie) a relevé que la fécondité des femmes a décliné plus vite que prévu dans son pays. Nous espérons préserver le taux de fécondité actuel pour éviter un vieillissement de la population, a-t-elle confié, en rappelant les politiques mises en place dans les années 90. Elle a dit les efforts de la Malaisie pour lutter contre la mortalité infantile et pour faciliter l’accès à la planification familiale. Elle a également cité la mise en place de programmes de sensibilisation à la santé reproductive à l’école, en dehors de l’école, et en faveur des populations à risque. En 2010, le Ministère de l’éducation a intégré les cours d’éducation sexuelle à l’école, a-t-elle affirmé.
Mme STRAKHOVA (Fédération de Russie) a, compte tenu du faible taux de natalité, souligné que son pays a mis en place fin 2010 des mesures pour la période allant jusqu’à 2025 dans le souci d’accroître la fécondité et d’améliorer la santé reproductive. Nous mettons en place un service de santé gratuit pour les femmes enceintes, grâce à un réseau de centres prénataux et renforçons la formation du personnel de santé qui s’occupe des femmes, a-t-elle dit. Elle a également souligné les efforts de sensibilisation de la Fédération de Russie pour inverser la tendance à une hausse du nombre des avortements. Les femmes qui ont deux enfants ou plus peuvent désormais prétendre à des allocations, a-t-elle souligné, en précisant que la fécondité avait augmenté de 20% depuis 2005.
Mme MARGARET POLLACK (États-Unis) a relevé que la planète comptait 200 millions de jeunes de plus que lors de la Conférence du Caire, et que cette tranche d’âge représentait maintenant un tiers de la population mondiale. Elle a estimé que des progrès étaient nécessaires pour leur fournir les outils avec lesquels forger leur avenir, en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment. La représentante a expliqué que l’Initiative pour la santé mondiale qui a été lancée par son pays, mettait l’accent sur l’autosuffisance nationale et accordait une attention particulière à la situation des femmes et des fillettes, ainsi qu’à l’égalité entre les sexes.
Elle a également précisé que l’accès aux soins de santé reproductive était un élément central des politiques de développement des États-Unis. Investir dans la santé des femmes est un élément essentiel du développement social et économique, a-t-elle insisté, ajoutant que la planification familiale est un des programmes les plus rentables en matière de santé publique. Si on parvenait à répondre aux besoins de toutes les femmes en matière de planification familiale, il serait possible d’éviter 25 millions d’avortements et de prévenir 640 000 morts chez les nourrissons.
Mme HILBER (Suisse) a engagé les gouvernements à prendre l’initiative pour assurer le respect et la protection des droits reproductifs et sexuels. Les soins de santé sexuelle et reproductive doivent faire partie des soins de base, de même que la prévention, le traitement et le soin des personnes atteintes du VIH/sida. Elle a appelé à des investissements ciblés et à la baisse de prix parfois prohibitifs. L’accès universel aux soins de santé de base est une priorité urgente. Afin de réaliser les OMD, a-t-elle conclu, il faut accorder une plus grande attention non seulement à la santé sexuelle et reproductive, mais également à l’autonomisation des femmes et à l’égalité entre les sexes.
M. WANG PEI’AN, Vice-Ministre de la Commission nationale de la population et de la planification familiale de la Chine, a rappelé que les progrès de la Chine en matière de développement économique et social reposaient beaucoup sur la politique de planification familiale initiée dans les années 70. Il a rappelé qu’en Chine, le taux de fécondité est passé de 5,8 à 1,8 enfant par femme entre 1970 et 2010. Nous avons pris des mesures pour sensibiliser l’opinion aux questions de démographie et de santé reproductive. Le taux de contraception est de 85%, a-t-il dit, en attirant l’attention sur le fait que le Gouvernement a augmenté les contributions à l’accès à la planification familiale. En 2009, nous avons promulgué une réglementation relative à la planification familiale des populations migrantes, a-t-il également précisé.
M. SUGIRI SYARIEF (Indonésie) a rappelé que la santé reproductive et la planification familiale étaient au cœur des programmes de développement de l’Indonésie depuis 1967. La chute de la fécondité a changé la structure et la pyramide démographique ainsi que le rapport de dépendance. L’Indonésie engrangera le « dividende démographique » entre 2020 et 2025. L’Indonésie qui vient d’atteindre le dix-huitième rang de l’économie mondiale en termes de PIB, continue de faire face à de nombreux défis liés à la mortalité maternelle et au VIH/sida, a-t-il dit. Il a précisé que l’objectif de l’Indonésie était d’atteindre le chiffre maximum de 102 morts pour 100 000 naissances d’ici à 2015. Elle vise aussi à garantir un accès à la planification familiale à 23 500 familles parmi les plus défavorisées, a-t-il encore dit.
M. SHIGESATO TAKAHASHI (Japon) a estimé qu’il ne fallait pas se contenter de veiller à une baisse du taux de fécondité. Il faut aussi parler du vieillissement de la population, a-t-il estimé, en faisant observer qu’une hausse de la fécondité permettrait à son pays de soulager les charges de la sécurité sociale et de donner un coup d’élan à sa « vitalité économique ». Il a expliqué que le Japon avait pu répondre à un important taux de mortalité infantile et d’avortements grâce au contrôle des réseaux médicaux et de santé publique, entre autres.
Le représentant a indiqué que son pays contribuait activement à la santé dans le monde, grâce au principe de la sécurité humaine, lequel vise l’avènement d’une société dans laquelle chaque individu pourra réaliser son potentiel dans la dignité et à l’abri du besoin et de la peur. Il a fait savoir qu’en 2010, le Japon avait octroyé 26 millions de dollars au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et 10 millions à la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF). Il a rappelé que lors de la Réunion de haut niveau sur les OMD, son pays s’était engagé à verser une grosse somme, au cours des cinq prochaines années, au secteur de la santé.
Après avoir estimé que toute référence aux droits et services de santé reproductive ne saurait être un encouragement à l’avortement, M. ADAM FRONCZAK (Pologne) a passé en revue la situation démographique de la Pologne qui connaît un faible taux de fécondité et une augmentation de l’espérance de vie. Il a indiqué que la protection des femmes enceintes et des parturientes était prévue par la législation nationale et qu’un décret sur les normes de conduite et les procédures médicales au moment et après l’accouchement avait été publié. Il a affirmé que leur application entraînerait une réduction de la médicalisation des accouchements.
Le représentant a précisé que la politique du pays sur le VIH/sida repose sur le principe de l’inviolabilité de la dignité humaine et assure l’accès à des traitements antirétroviraux. Il a indiqué que la mortalité infantile était passée de 12,4% à 7%. Le Gouvernement polonais entend également améliorer la qualité des soins aux enfants, a aussi fait savoir M. Fronczak.
M. JUAN PABLO DE LA IGLESIA (Espagne) a déclaré que son pays disposait d’un cadre législatif qui vient d’être amendé en matière de planification familiale et de santé reproductive. Il a cité une loi de 2006 sur les techniques de reproduction assistée et une loi de 2010 sur l’interruption volontaire de grossesse qui a pour but de renforcer les droits de la femme. Il a dit le souci de l’Espagne d’informer et de sensibiliser la population sur les enjeux de la planification familiale. Il a précisé qu’un million de pères ont profité de la loi sur le congé-paternité depuis 2007. Il a souligné la collaboration de l’Espagne avec le FNUAP et la prévisibilité de l’aide pluriannuelle espagnole. Il a insisté sur le fait que la fécondité et la santé reproductive sont étroitement liées aux questions de développement et aux droits de l’homme.
M. JANNE TAALAS (Finlande) a indiqué que l’éducation sexuelle est redevenue obligatoire à l’école en 2006 dans son pays. Il a estimé qu’une bonne éducation sexuelle n’encourage pas les relations sexuelles précoces. Alors que la population mondiale atteindra les 7 milliards d’habitants en 2011, 1,8 milliard de jeunes entreront dans leur vie sexuelle et reproductive. Cette réalité nous met face à un défi sans précédent concernant les questions de santé reproductive, de fécondité et de développement. Chaque dollar investi dans la planification familiale permet de sauver 31 dollars dans d’autres secteurs, a-t-il encore insisté.
Mme MARIJA TASLER (Croatie) a indiqué que même si son pays était passé du statut de pays récipiendaire à celui de pays donateur, le risque de rester à la traine dans certains domaines de développement comme la santé et l’éducation était réel, particulièrement en raison de l’impact des crises financière et économique. Elle a expliqué que le taux de fertilité croate était d’environ 1,5 naissance par femme et que les projections ne prévoyaient malheureusement pas une augmentation. Elle a imputé cette situation en premier lieu au contexte de crise économique et aux mariages à un âge plus avancé. Mme Tasler a indiqué que les politiques familiales de la Croatie accordaient aux femmes un congé-maternité de six mois, ainsi que des horaires de travail plus courts et des pauses pour l’allaitement des enfants pendant la première année de leur vie. Elle a également parlé du programme de détection précoce du cancer du sein.
M. DAMBULA (Malawi) a indiqué que l’âge moyen de la population de son pays était de 17 ans et que si le taux de fécondité baissait, c’était à un rythme plus lent que la moyenne mondiale. Il a ajouté que la population de son pays devait doubler d’ici à 2023, et a indiqué que son gouvernement n’avait pas l’intention d’imposer une limite du nombre d’enfants. Le Malawi compte au contraire mettre l’accent sur la sensibilisation, l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive, l’amélioration de la planification familiale et l’éducation des fillettes, entre autres. Le représentant a argué que le Malawi ne pouvait pas adopter une politique de 2,5 enfants par femme car cela aurait des répercussions sur sa productivité et son développement.
Il a en effet signalé que la population des jeunes, le segment le plus reproductif de la population, était majoritairement touchée par le VIH/sida et que réduire le nombre d’enfants pousserait le Malawi à atteindre un taux de fécondité en deçà du seuil de remplacement. Cela réduirait également la productivité du secteur agricole, ainsi que la taille de la population et l’augmentation du nombre de personnes âgées. M. Dambula a fait savoir que les avortements étaient illégaux au Malawi, et que 5% de la mortalité maternelle y était imputable.
M. EDUARDO RIOS NETO (Brésil) a jugé urgent d’examiner les liens d’interdépendance entre fécondité et croissance économique, alors que nous atteindrons en 2011 une population mondiale de 7 milliards d’habitants. Il a précisé que le taux de fécondité du Brésil est passé de 4,4 enfants par femme en 1980 à 1,9 en 2009. L’accès au contraceptif est garanti à tous les femmes et hommes en âge de procréer quel que soit leur statut. Il a précisé que 4 millions de femmes en âge de procréer avaient accès au contraceptif hormonal, à la pilule, au stérilet et autres moyens de contraception. Il a souligné le renforcement du programme national de contrôle du cancer du sein et de l’utérus. Il a également cité la mise en place d’une loi fédérale de lutte contre la violence domestique et les efforts de promotion de l’autonomisation des femmes.
Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a estimé que le Programme d’action de la Commission était central pour tous les efforts des États Membres en matière de population et de développement. L’avortement ne doit jamais être utilisé comme méthode de planification familiale, a-t-elle dit. Nous devons reconnaître clairement qu’il appartient à chaque pays de décider si l’avortement fera partie des services de santé sexuelle. En l’absence de toute définition arrêtée au niveau international en matière de soin de santé sexuelle ou reproductive, les États sont libres de définir ces questions, a-t-elle dit. Elle a promis que l’engagement financier de l’Irlande en faveur du FNUAP sera maintenu en 2011.
Mme DIANA AL-HADID (Jordanie) a indiqué que son pays accordait une attention particulière au développement et à l’amélioration de ses ressources humaines, notamment lorsque se présente l’occasion de tirer parti d’une « fenêtre d’opportunité démographique », laquelle est souvent accompagnée de différents changements économiques et sociaux. Elle a expliqué que cette « opportunité démographique » proposait des politiques destinées à améliorer l’efficacité des programmes de santé reproductive et de planification familiale, à sensibiliser et à promouvoir un comportement sain des jeunes et des adolescents, tout en tenant compte des enseignements religieux, et à améliorer la situation sociale et économique des femmes en facilitant leur participation au marché du travail.
M. SAMUEL K. SINEI (Kenya) a indiqué que le taux de fécondité dans son pays avait baissé au cours des deux dernières décennies, étant passé de 6,7 en 1989 à 4,6 aujourd’hui. Il a précisé que si les femmes éduquées avaient en moyenne 3,1 enfants, les femmes sans éducation en avaient deux fois plus. M. Sinei a ensuite fait savoir que la fécondité chez les adolescents avait atteint un niveau inquiétant, 18% des jeunes filles âgées entre 15 et 18 ans ayant déjà procréées, 15% étant déjà mères et 3% étant enceintes de leur premier enfant. Il a expliqué qu’afin de répondre à cette situation, le Gouvernement kenyan fournissait des informations adéquates aussi bien aux jeunes qu’à leurs parents.
M. Sinei a ensuite fait savoir que la connaissance de la population en matière de planification familiale était pratiquement universelle, 95% des femmes âgées entre 15 et 49 ans connaissant au moins une méthode de planification familiale. Il a néanmoins fait savoir que des problèmes dus aux ruptures de stocks étaient préjudiciables à une tranche importante de la population. Le représentant a également évoqué la persistance de certains défis, notamment la faiblesse du secteur de la santé, la faible demande en matière de soins de santé reproductive, ainsi que les barrières culturelles qui empêchent les soins appropriés pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale.
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