La Commission du développement durable appelle à une gestion rigoureuse, responsable et transparente » de l'industrie minière
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Commission du développement durable
Dix-neuvième session
Tables rondes ministérielles
matin & après-midi
LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE APPELLE À UNE GESTION RIGOUREUSE,
RESPONSABLE ET TRANSPARENTE » DE L’INDUSTRIE MINIÈRE
La nécessité de promouvoir une gestion rigoureuse, responsable et transparente de l’industrie minière a été soulignée, aujourd’hui, à la table ronde ministérielle organisée par la Commission du développement durable (CDD) sur le thème « Créer un environnement propice à l’exploitation minière viable ». D’autres tables rondes ont été organisées sur les modes de consommation et de production durables, le transport et la gestion des déchets.
Une industrie minière bien gérée est une source importante de bénéfices pour tous les pays miniers a, comme la majorité des débatteurs, soutenu le représentant de l’Australie, avant que celui de la Hongrie n’appelle les États miniers à accorder la priorité à l’émergence d’une gouvernance dite « responsable » de leur industrie minière. Celle-ci implique notamment l’adoption de codes miniers transparents et adaptés aux normes internationales.
Les ministres ont insisté sur l’importance de transférer aux pays, qui en ont besoin, le savoir-faire et de partager avec eux les pratiques exemplaires en matière de gestion. Si beaucoup d’intervenants ont appelé à la responsabilité sociale des entreprises, certains, notamment ceux des pays en développement, ont insisté sur le partage équitable des revenus tirés des ressources minières et de la réhabilitation des sites miniers après cessation des activités.
La table ronde tenue sur le thème « Développer des programmes et un cadre pour accélérer le passage à des modes de consommation et de production durables » a été l’occasion pour les intervenants d’appeler à l’adoption du « Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables » dès cette session de la CDD.
Les délégations ont jugé essentiel d’impliquer le secteur privé dans la mise en œuvre de ce Cadre. « Nous avons compris depuis longtemps l’importance de la coopération entre le public et le privé », a par exemple déclaré le représentant de l’Indonésie.
Deux autres tables rondes se sont tenues concomitamment à celles-ci sur les thèmes « Amélioration de l’accès au transport urbain et rural durable » et « Tendre vers l’élimination totale des déchets et la gestion rationnelle des produits chimiques ».
Avec une urbanisation galopante, il faut réfléchir à la manière d’optimiser l’usage des transports en commun, a-t-on constaté au cours des discussions sur le transport. L’investissement dans la mise en place de mode de transports rapides, abordables et soucieux de l’environnement contribuerait non seulement à une mobilité accrue des biens et des personnes mais favoriserait également l’élimination de la pauvreté et l’emploi, et au bout du compte, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ont affirmé plusieurs intervenants.
Ceux de la table ronde sur la gestion des déchets ont insisté sur la nécessité d’appliquer pleinement et en synergie les trois grandes conventions relatives aux produits chimiques, en l’occurrence celle de Bâle, de Rotterdam, et de Stockholm. Ils se sont en outre prononcés en faveur d’une convention sur le mercure.
La Commission reprendra ses travaux demain, vendredi 13 mai, à partir de 10 heures.
TABLE RONDE MINISTÉRIELLE 1: « DÉVELOPPER DES PROGRAMMES ET UN CADRE POUR ACCÉLÉRER LE PASSAGE À DES MODES DE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION DURABLES »
La table ronde était coprésidée par Mme Margarita Songco, Directrice générale adjointe et Coordonnatrice de l’Autorité nationale économique et de développement des Philippines et M. Paul Magnette, Ministre du climat et de l’énergie de la Belgique.
Quelles actions et politiques sont nécessaires pour accélérer le passage vers des modes de consommation et de production durables, a demandé d’emblée Mme Songco. Pourquoi est-il important pour tous les États d’embrasser l’idée du Cadre décennal de programmation concernant ces modes? Quels engagements doivent être pris par les parties prenantes pour faire avancer la mise en place de ce Cadre?
Déjà, le Cadre éclairerait la vision commune sur les capacités de plus en plus limitées de la planète, a commenté le représentant de la Commission européenne, en assurant de la détermination de l’Union européenne d’aller, avec l’ensemble des autres acteurs, vers la mise en place d’initiatives concrètes pour enrichir le Cadre décennal, tout en veillant à ce que soient apportées des réponses aux divers enjeux. Il a estimé important de prévoir un mécanisme périodique de la mise en œuvre du Cadre. Il a donc insisté sur la création d’un secrétariat dont les fonctions de coordination pourraient être remplies par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
La réussite de ce Cadre dépendra en grande partie du renforcement de la coopération entre le secteur public et le secteur privé qui devra apporter ses ressources financières et son expérience. La nécessité d’impliquer le secteur privé a également été défendue par la Vice-Ministre de l’environnement du Pérou, pour laquelle, les crises mondiales de l’énergie et de l’eau qui pénalisent les plus pauvres doivent interpeller tous les États.
Le Vice-Ministre de l’environnement du Kazakhstan a présenté l’initiative « pont vert » qui encourage les entreprises de son pays à adopter des stratégies vertes et à attirer l’attention du public sur son rôle dans la consolidation du développement durable. Le représentant de la Lettonie a également vanté les mérites de son pays en la matière. Plusieurs expériences existent déjà et pourraient s’insérer dans la stratégie décennale que l’on souhaite mettre en place, a constaté le représentant de la France.
Insistant, la Ministre péruvienne a estimé que la réussite de l’agenda du développement durable implique d’autre part un véritable transfert des technologies, notamment les technologies propres. Le Ministre de l’environnement et des ressources en eau de la Barbade, a partagé cette dernière assertion.
Leur homologue de l’environnement et des ressources en eau de l’Afrique du Sud s’est félicitée de l’action des entreprises sud-africaines. « Nous avons compris l’importance de la coopération entre le public et le privé », a renchéri le représentant de l’Indonésie. Il a présenté la promotion de l’agriculture verte comme un élément clef du succès du Cadre décennal.
De nombreuses délégations sont revenues sur l’importance du transfert de technologies. Ainsi, le représentant de l’Algérie a milité pour la création de centres régionaux de diffusion du savoir. L’information et la connaissance sont des éléments importants pour transformer le savoir-faire et en faire le fer de lance des modes de consommation et de production durables.
Il est très important de s’intéresser aux besoins des pays en développement, a insisté le représentant du Maroc. La question de la sensibilisation du public a été soulignée, à plusieurs reprises, notamment par les représentants de l’Irlande et du Japon.
Comme la représentante de la Suède, celle de l’Espagne a rappelé la responsabilité des gouvernements à œuvrer à la réussite de « Rio +20 »
Les délégations sont aussi revenues sur le rôle du PNUE. Le représentant du Portugal s’est opposé à la création de nouvelles plates-formes et s’est prononcé pour le transfert de toutes les compétences liées au Cadre décennal au PNUE. L’Ambassadeur de l’environnement de la Suisse a souligné l’importance d’un secrétariat « performant » pour le Cadre décennal. Les débats, a-t-il insisté, doivent se traduire en actions concrètes sur le terrain. La représentante de la Finlande a plaidé pour la préservation du le rôle premier de l’État. La Ministre de l’environnement du Canada a réclamé de nouveaux indicateurs du développement du progrès humain, autre que la croissance économique.
Le Cadre décennal doit servir de plate-forme de la coopération internationale, a estimé, à son tour, la Vice-Ministre de l’environnement de la Colombie. Alors le PNUE doit devenir le secrétariat du Cadre décennal, a commenté le représentant du Guatemala.
En prévision de Rio+20, le représentant de l’Allemagne a souhaité que cette session de la Commission du développement durable serve d’aiguillon vers le succès. Changeons les mentalités, a encouragé le représentant de la Turquie, et réalisons, a ajouté le représentant de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), que les crises alimentaire et énergétique continuent à faire basculer des millions de personnes dans la pauvreté, une urgence dont la Commission doit tenir compte.
Le Directeur de l’Organisation mondiale du tourisme en a profité pour souligner l’impact du tourisme sur la réduction de la pauvreté.
Les représentants des Grands groupes des jeunes et des ONG sont également intervenus. Ils ont voulu que le Cadre décennal ne soit pas un « programme de plus » aux Nations Unies.
Le débat a été précédé par les interventions de plusieurs experts.
Aussi Mohan Munasinghe, Vice-Président du Groupe d’experts intergouvernemental des Nations Unies sur l’évolution du climat (Genève) a rappelé que la persistance de la pauvreté, l’instabilité dans certains États et même la crise économique en cours ont un impact sur la crise du climat et que rien n’est fait pour y remédier.
Il a déploré le fait que des dépenses massives sont faites en matière d’infrastructures militaires et que très peu est consacrée à la crise de l’environnement. « La gouvernance mondiale doit être transformée », a-t-il dit en prônant la moralité et l’éthique. Les consommateurs doivent changer leur comportement, a-t-il dit.
M. Achim Steiner, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a souligné que plus qu’hier, le passage à des modes de consommation et de production durables est essentiel, au regard des prévisions économiques actuelles. Eneffet,dans 30 ans il faudra le triple de ce que nous consommons aujourd’hui pour faire face aux besoins de la planète. Il est évident que l’économie mondiale ne pourra faire face à cette situation.
La transition vers une consommation et une production durables est devenue cruciale pour l’économie mondiale et elle ne sera effective que si l’ensemble des États affichent la même volonté politique et acceptent les mêmes conditions, notamment la définition de l’« économie verte ».
M. Paul Anastas, de l’Agence américaine de protection environnementale des États-Unis, a averti que la consommation énergétique mondiale n’est pas viable. À l’allure où progresse la consommation mondiale, dans 50 ans, il faudra l’équivalent des ressources de trois planètes pour satisfaire nos besoins », a-t-il dit, à son tour, en rappelant la gravité d’une telle perspective. Il a insisté sur l’urgence de réduire cette « mauvaise consommation », en insistant sur les avantages économiques et environnementaux « évidents ».
TABLE RONDE MINISTÉRIELLE 2: « AMÉLIORER L’ACCÈS AU TRANSPORT URBAIN ET RURAL DURABLE »
Le développement durablepasse nécessairement par la mobilité et la fluidité des moyens de transport et le renforcement des capacités de gestion dans les pays en développement, en particulier, tant en milieu urbain que rural, ont convenu, aujourd’hui, les participants à la table ronde.
Le problème des transports dans les villes est généralisé et la planification urbaine est un défi constant, a affirmé d’emblée l’ancien Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), M. Joan Clos, un des panélistes. Parlant de défis colossaux pour les pays en développement dans ce domaine, il a jugé nécessaire de « réellement changer en profondeur les mentalités et la démarche vis-à-vis de la mobilité dans ces villes », et a rappelé que 50 à 60% des habitants des villes vivent dans les bidonvilles et qu’un grand nombre d’entre eux est au chômage.
« L’exode rural va accroître ce phénomène mais l’amélioration des revenus individuels entraîne un changement dans les moyens de transport », a renchéri la deuxième panéliste, Planificatrice principale en matière de transports de la firme Arup (New York), Mme Allison Davis.
Les études de Mme Davis ont favorisé la mise en place de systèmes de transport peu coûteux et efficaces dans plusieurs pays asiatiques, dans la ville de New York et à Silicon Valley en Californie, entre autres.
Il faut avoir une vision dans laquelle les rues, qui représentent 25 à 30% de la masse urbaine, soient utilisées à bon escient avec des voies cyclables et piétonnes, ainsi qu’un accès rapide et fluide à des transports en commun, a préconisé l’experte.
« L’ère du développement non durable est révolue », a scandé le Représentant permanent adjoint de la République islamique de l’Iran, tandis que celui de l’Inde s’est attardé sur les barrières technologiques et financières dans la transition vers l’usage de transports en commun plus écologiques.
Il a indiqué que l’Inde avait introduit l’équivalent du carburant Euro IV dans certaines villes et l’Euro III dans d’autres. Les raffineries de l’Inde ont investi environ 350 milliards de roupies pour assurer cette transition. « Comme de plus en plus de villes s’urbanisent, il faut réfléchir à la manière d’optimiser l’usage des transports en commun », a reconnu, à son tour, le Ministre de l’habitat, du logement, de l’urbanisme, de l’environnement et du développement durable du Gabon, M. Blaise Louembe, qui présidait les débats, aux côtés du Ministre de l’environnement, de la communauté et des collectivités locales de l’Irlande, M. Phil Hogan.
La mise en place systématique de mode de transports multimodaux et de systèmes de transports rapides et abordables a été citée parmi les priorités dans ce domaine.
L’investissement dans de tels services contribuerait non seulement à une mobilité accrue des biens et des personnes mais favoriserait également l’élimination de la pauvreté, l’emploi et l’accès des groupes vulnérables à la vie publique, au marché et aux loisirs, et au bout du compte, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ont affirmé plusieurs intervenants.
Mieux encore, les services de transport en commun écologiquement rationnels aideraient à la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Les transports comptent actuellement pour 25% de ces émissions à l’échelle mondiale.
« Chaque pays et tous ensemble, nous pouvons ainsi favoriser et améliorer toutes les technologies possibles vers un transport durable », a conclu M. Bouembe dans sa synthèse.
Plusieurs ministres ont fait le point des expériences de leur pays dans ce domaine, pour garantir entre autres des transports en commun urbains écologiques, plus conviviaux et sûrs. Il s’agit de « convaincre les consommateurs de descendre de leur voiture et de prendre le bus », a souligné Mme Davis.
La pollution et la congestion constituent des problèmes majeurs, a constaté, au nom de l’Union européenne (UE), le Ministre de l’environnement de la Hongrie. Il a fait la promotion du transport non motorisé et des véhicules publics opérant à l’énergie propre.
L’idée n’est pas facile dans un contexte de conflit prolongé où la plupart des infrastructures routières ont été détruites, a rétorqué le Ministre de l’économie de l’Afghanistan, qui a également mis l’accent sur l’insuffisance des financements, d’une part, et sur la priorité que constituent pour son gouvernement le rétablissement et l’entretien du réseau routier, indispensable à la connexion avec les pays avoisinants.
« Les meilleures pratiques et les technologies abordables constituent une préoccupation essentielle pour nos pays », a surenchéri le représentant de la Turquie, qui a prôné une planification intégrée dans ce domaine, tout en encourageant à une stratégie parallèle d’intégration des transports cyclables.
De son côté, le représentant de la Fédération de Russie s’est félicité de la Première conférence ministérielle sur la sécurité routière, qui a eu lieu en novembre 2009 à Moscou, et de la proclamation par l’Assemblée générale, de la Décennie 2011-2020 de la sécurité routière.
Enfin, d’autres intervenants ont mis en relief la corrélation entre exploitation des sols, aménagement du territoire et transport, en particulier les représentants des Grands groupes, comme les syndicats et travailleurs, la jeunesse et les femmes, dont la représentante a souligné le caractère multidimensionnel de la conversion des transports.
TABLE RONDE MINISTÉRIELLE 3:« CRÉER UN ENVIRONNEMENT PROPICE À L’EXPLOITATION MINIÈRE VIABLE »
La table ronde était coprésidée par M. Zoltán Illés, Ministre de l’environnement et du développement rural de la Hongrie, et M. Luis Alberto Ferraté Felice, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Guatemala.
Trois questions étaient posées aux participants: comment l’industrie minière peut-elle contribuer au développement durable? Quelles politiques peuvent permettre le lien entre l’industrie extractive minière et les autres secteurs économiques, dans un environnement social et environnemental responsable? Enfin, comment préserver et améliorer la participation des populations autochtones et des femmes dans la surveillance de l’industrie minière?
Premier intervenant, le Ministre de l’environnement et du développement rural de la Hongrie, a, au nom de l’Union européenne, souligné que la priorité doit être accordée à la bonne gouvernance dans l’industrie minière. Une gouvernance qui serait le gage d’une gestion saine et soucieuse de l’environnement et le moteur d’une meilleure répartition des bénéfices avec les populations locales. Toute gouvernance efficace doit aussi aller vers l’amélioration des conditions de travail et, de l’abolition du travail des enfants, a-t-il précisé, en insistant sur une répartition juste et équitable des revenus miniers entre les compagnies, les États et les collectivités locales.
Le potentiel de l’industrie minière pour le développement social et économique des États a été mis en relief par divers orateurs. Le préalable étant « une gestion transparente des pays miniers » a insisté la Ministre de l’environnement et des technologies du Ghana. Comme le représentant du Gabon, elle a mis en avant la nouvelle législation de son pays qui laisse une place de choix aux communautés locales.
À sa suite, le représentant du Sénégal a détaillé les nouvelles avancées nées du dernier Code minier national, rappelant l’attachement de son gouvernement à l’ensemble des textes internationaux qui sous tendent « l’exploitation transparente et équitable des ressources minières ».
Une industrie minière bien gérée est une source de profits importante pour tous les pays, a aussi dit le représentant de l’Australie qui a souligné l’attachement de son pays au transfert du savoir et de l’expérience, à une exploitation transparente, à la protection de l’environnement et à la responsabilité sociale des entreprises. À son tour, le représentant du Canada a encouragé à la promotion de la responsabilité sociale des entreprises.
Le Ministre de l’environnement de la Namibie a pourtant déploré le fait que plusieurs pays industrialisés préfèrent trop souvent rapatrier leurs bénéfices « sans faire d’investissement conséquents, à même de transformer la vie des populations locales ». Il a été appuyé par le représentant de l’Inde lorsqu’il a demandé que la Commission du développement durable se penche sur les sites miniers non réhabilités après cessation des activités. Il faut restaurer les terres, a dit le représentant de l’Inde, soutenu, à son tour, par son homologue de l’Estonie.
Le représentant du Cambodge a adhéré aux principes de transparence défendus aujourd’hui, avant que celle de la Chine ne fasse remarquer que l’économie mondiale, en pleine mutation, exigeait une nouvelle forme d’exploitation minière « plus verte ».
Le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a souligné l’importance qu’il y a à utiliser les technologies les plus innovantes et les plus propres.
Au-delà de la technologie, la représentante du Grand Groupe des peuples autochtones, a prôné la création de « zones d’exclusion » pour toute activité minière, comme les sites sacrés. Toute politique et toute législation doivent prendre en compte le point de vue des peuples autochtones « qui sont souvent les premiers à payer les conséquences d’une mauvaise industrialisation ». Les revenus des activités minières, a dit la représentante du Grand Groupe des femmes, doivent aussi servir à créer des emplois stables, tandis que celui des syndicats a défendu la diversification économique dans les zones minières.
Alors que le Groupe de la communauté technique et scientifique est revenu sur ces derniers aspects, la délégation de la Mongolie et le Ministre de l’économie de l’Afghanistan ont présenté le potentiel minier de leurs pays, en souhaitant bénéficier du soutien des autres nations à la modernisation de leur industrie.
Le débat a été précédé par les interventions de deux experts.
Mme Ann Maest, de Stratus Consulting (Boulder, Colorado) a indiqué que les industriels du secteur minier et les populations étaient confrontés à de nombreux défis, notamment la nécessité d’œuvrer à la protection de l’environnement et particulièrement la protection des nappes phréatiques. Toute résolution des difficultés environnementales exigent l’implication des populations locales concernées. S’il n’y pas encore de solution miracle, on peut au moins s’atteler à éviter les mines à ciel ouvert et les décharges à côtés des zones habitées, a expliqué l’experte.
M. Ben Peachey, du Conseil international des industries extractives et des métaux, s’est dit attaché à la transparence et à la multiplication des pratiques exemplaires. Il a déploré le fait que certains pays miniers ne bénéficient pas des activités extractives entreprises sur leur territoire. Pour M. Peachey, les communautés locales et les populations autochtones doivent pouvoir donner leur avis sur toute initiative extractive dans leur environnement immédiat.
TABLE RONDE MINISTÉRIELLE 4: « TENDRE VERS L’ÉLIMINATION TOTALE DES DÉCHETS ET LA GESTION RATIONNELLE DES PRODUITS CHIMIQUES »
L’examen des risques engendrés par les produits chimiques sur la base d’une approche qui tienne compte de leur cycle de vie et au-delà a été au centre de cette table ronde.
Avec le concours de trois panélistes, les ministres ont réfléchi aux mesures que les pouvoirs publics pourraient prendre pour améliorer la gestion des déchets et intégrer le souci de leur bonne gestion dans les politiques de développement, à tous les niveaux.
Sous la Présidence conjointe du Secrétaire d’État à l’environnement de la Croatie, M. Nikola Ružinski et du Ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement de l’Algérie, M. Chérif Rahman, 24 ministres et plusieurs représentants de la société civile ont cherché à définir les caractéristiques nécessaires pour créer un environnement propice à l’objectif « zéro déchets ». La question des déchets, a estimé le représentant du Cameroun s’inscrit dans le contexte du bien être des populations et de la survie de l’environnement.
Et pourtant, « le Nigériaest devenu une véritable décharge pour des produits provenant d’autres pays, en particulier des déchets électroniques », a dénoncé le Ministre de l’environnement du Nigéria dont le pays collabore à l’échelon régional et sous-régional pour prévenir la circulation transfrontière illégale des substances dangereuses. Cinq navires chargés de ces substances ont été interceptés au large des côtes nigérianes, a accusé le Ministre.
Son homologue du Sénégal a lancé un appel à l’appui aux initiatives africaines, comme la Convention de Bamako sur l’interdiction du transport transfrontalier des déchets chimiques.
Au-delà des simples interrogations sur les moyens de pallier à ce phénomène, d’améliorer le stockage, d’éliminer et de substituer les produits chimiques, tant les panélistes que les hauts responsables ont insisté sur la nécessité d’appliquer pleinement les trois grandes Conventions pertinentes et de favoriser une synergie entre elles. Le Ministre de l’environnement de l’Indonésie a considéré que la tenue simultanée à Bâle des réunions des trois Conventions était un modèle de synergie.
Il s’agit de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, de la Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides, et de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants.
Les participants à la table ronde ont toutefois relevé les difficultés particulières qu’on les pays en développement pour mettre en œuvre ces traités. Une assistance technique et des financements ont été sollicités par plusieurs de ces pays, notamment ceux de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
Le projet de convention sur le mercure a reçu, d’autre part, un vaste soutien, en particulier des États-Unis. Bien que les États-Unis ne soient parties ni à la Convention de Rotterdam ni à celle de Stockholm, ils sont néanmoins favorables à leur application. Le travail du Comité chargé de négocier un instrument juridiquement contraignant sur le mercure doit rester « prioritaire », a affirmé le Secrétaire d’État adjoint à l’environnement.
Les délégations ont fermement appuyé les efforts déployés pour parvenir à l’élimination totale des déchets par la stratégie des « 3 R » (réduction, réutilisation et recyclage), encourager une plus grande participation de la société civile et élargir le partenariat sur la gestion efficace des déchets.
L’un des trois panélistes,le Secrétaire exécutif de la Convention de Bâle et de la Convention de Stockholm et Secrétaire exécutif conjoint de la Convention de Rotterdam (PNUE), M. Jim Willis, a mis l’accent sur les coûts matériels et financiers élevés de la gestion de tels produits.
M. Willis, qui a présidé le Groupe de travail de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) sur les nanomatériaux et dirigé notamment le projet du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) portant sur le mercure, a illustré le coût élevé des produits, y compris les produits de remplacement, en indiquant que les nanotubes de carbone génèrent 90% de déchets qu’il faut ensuite traiter.
Le deuxième panéliste, le Directeur du programme de gestion des produits et des déchets chimiques à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et Directeur adjoint du Groupe de l’environnement de l’UNITAR, M. Craig Boljkovac, a axé son intervention sur la gestion du cycle de vie des produits chimiques et sur la complexité pour les États d’appliquer les multiples instruments dont ils sont signataires dans ce domaine.
Il a détaillé les différentes réalisations dans le cadre de l’Approche stratégique pour la gestion des produits chimiques (SAICM), adoptée en 2006 à Dubaï. Cette Approche réunie les parties prenantes dans un programme unique des Nations Unies pour travailler à la recherche de solutions viables, a expliqué l’expert. Il a appelé à une réflexion sur la période qui suivra la disparition du Fonds d’affectation spécial de la SAICM.
L’expert a présenté plusieurs partenariats réussis entre différentes organisations. Ainsi, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le PNUE ont œuvré de concert sur environ 12 projets pour aider les pays à mieux comprendre les processus de décisions en la matière. Il a demandé à la Commission du développement durable de sensibiliser Rio+20 à la nécessité de poursuivre la coopération internationale à cet égard.
Le troisième panéliste, le Président exécutif du Centre de gestion environnementale de Mumbaï, M. Prasad Modak, a proposé aux gouvernements de fixer des normes pour les produits ainsi que des seuils.
Enfin, geste fort au cours de cette session, la représentante de la Colombie, au nom de son Vice-Premier Ministre, a annoncé que « pour sauver des millions d’arbres », son pays ne produira aucun document imprimé à la dixième Conférence des États parties à la Convention de Bâle prévue à Cartagena. La réunion portera sur la prévention, la minimisation et la bonne utilisation des produits chimiques
Il nous faut prêcher par l’exemple, a-t-elle dit, en fustigeant le manque de volonté politique des gouvernements.
Résumant le sentiment général, lePrésident de la Fondation Déserts du monde, a souligné que « le meilleur des déchets est celui que l’on ne produit pas ».
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